Actes
de l’académie royale des sciences, belles lettres et arts de Bordeaux, 3eme
année, 1841
INSTALLATION DE
GABRIEL DUMAS,
Evêque de Périgueux en Guienne
le 20 janvier 1498
Par M. Ferdinand Leroy, Membre
résidant, correspondant du ministère de l'instruction publique pour les travaux historiques, etc.
L'Académie
a pensé que la publication d'un ancien titre relatif à l'histoire de la contrée
serait utilement placée dans le recueil de ses Actes et lue avec plaisir.
Périgueux est, en effet, situé dans les limites de l'ancienne province de Guienne et relevait du parlement de Bordeaux.
Nous
ne dissimulons pas le regret que nous éprouvons que ce document n'ait pu être
transcrit sur la pièce originale, ce qui eût permis de conserver l'ancienne ortographe et aurait ajouté un intérêt de plus; mais ce
document lui-même est la reproduction exacte d'une très ancienne copie qui a
été entre les mains d'un savant archéologue, et qui présente toutes les garanties désirables d'authenticité. Nous pensons donc
faire une chose agréable au public en mettant sous ses yeux ce document
historique tel que nous le possédons.
« Au nom du Seigneur, ainsi soit-il.
Sachent tous présens et à venir que l'an de
l'incarnation de Notre Seigneur 1498, à un jour de dimanche, le 20 de janvier
et fête de Saint-Fabien et Saint-Sébastien, régnant le sérénissime,
illustrissime et très-chrétien prince Louis, par la grâce de Dieu roi de
France, par-devant nous notaires royaux et en présence des témoins bas nommés;
a été présent, en sa personne, dans la salle peinte du palais épiscopal de St-Front
et ville de Périgueux, joignant l'église collégiale dudit St-Front, le révérend
père en J.-C. messire Gabriel Dumas, par la grâce de Dieu et l'autorité du
saint siège apostolique, évêque de Périgueux, pour vouloir faire sa nouvelle
entrée dans l'église cathédrale de la cité de Périgueux, d'une part; et noble
homme Jean d'Abzac, seigneur de Ladouze
de Reillac et de Ver et de l'ancienne et noble maison
de Barrière, sise et située dans l'enceinte de la cité de Périgueux, fesant tant pour lui que pour ses successeurs à l'avenir,
d'autre. Lequel messire Jean d'Abzac adressant ces
paroles audit seigneur Gabriel Dumas, évêque de Périgueux, lui a dit en langue
vulgaire: « Révérend père en Dieu et mon très-honoré seigneur, j'ai été informé
et averti que aujourd'hui êtes délibéré faire votre nouvelle entrée en votre
église cathédrale de Périgueux, et à cette cause me suis venu exhiber à votre
présence et pour vous remontrer, Monsieur, que, à cause de ma maison noble de
Barrière, située en la cité de Périgueux, et de mes prédécesseurs, comme vous
montant sur votre mule et saillant de la présente maison pour aller faire votre
nouvelle entrée, je vous dois adextrer et conduire tenant votre dite mule par
son frein jusqu'à l'église de Saint-Pierre-Lanès (1), où vous devez descendre pour entrer dans
votre église, et après votre dite mule est à moi et je la puis et dois prendre
comme la mienne à cause de ma dite maison et après votre dite entrée comme vous
voudrez vous mettre à table je vous dois servir de maître d'hôtel et vous dois
donner à laver avec vos bassins d'argent, lesquels après sont à moi. Aussi vous
dois servir à table durant votre dîner et mettre sur votre dile
table tous les services, lesquels doivent être faits tous en vaisselle d'argent,
tant du manger que du boire, et après toute ladite vaisselle, ensemble nappes, longères et tous autres ustensiles qui seront mis sur votre
table et sur votre buffet pour le service de votre personne est à moi. Je la
puis et dois prendre et emporter comme mien et en faire ma volonté. Et de ce
faire je suis possesseur et en ai bon droit et cause, et mes prédécesseurs
l'ont aussi fait à cause de ma dite maison de Barrière, à tous vos antécesseurs
faisant semblable nouvelle entrée en votre dite église. Lesquels droits et titres,
Monsieur, je vous ai duement certifiés et fait
apercevoir par instruments et enseignements anciens, et crois, Monsieur, que
vous ne les ignorez pas. Par ainsi, s'il vous plaît, je vous ferai lesdits
services et grandeurs, mes droits et prérogatives ci-dessus déclarés, et vous
aussi, Monsieur, les garderez et permettrez icelles
être faites comme je vous ai exposé. Toutes fois, comme vous pouvez voir, suis
homme assez ancien et suis goutteux tellement, que bonnement je ne pourrais vous
faire lesdits services et devoirs, ni aller à pied, vu les distances des lieux
aussi la qualité de ma personne:
mais j'ai ici mon fils noble Jean de Ladouze, lequel
est jeune et adextre personnage, pour vous faire les devoirs et choses susdites
en mon lieu et place, lequel, Monsieur, s'il vous plaît, vous aurez à ce pour,
et au nom de moi et vous suppliant qu'il vous plaise le recevoir et me garder
mes droits et prérogatives dessus déclarés. » Ce qu'ayant entendu le révérend
père évêque de Périgueux, il a répondu audit seigneur de Ladouze
être bien et duement informé par de bons titres
anciens à lui exhibés par ledit seigneur de Ladouze
et autres qu'il a vus dans le trésor de son église cathédrale, aussi bien que
le témoignage des anciens que tout ce que ledit Ladouze
vient d'exposer est véritable et qu'il ne veut nullement le troubler dans ses
droits et prérogatives; mais plutôt les conserver et entretenir pour le bien de
la paix, et qu'au nom du Seigneur il fera ce que ses prédécesseurs ont fait, et
qu'il agrée pour cet effet la personne de son fils le seigneur Jean de Ladouze. Toutes fois le révérend père prie ledit seigneur de Ladouze, ici présent, de lui accorder pendant tout son dîner
l'usage de ses plats, assiettes, tasses, flacons et autres ustensiles d'argent,
ce que ledit Jean d'Abzac, seigneur de Ladouze, lui a permis volontiers; mais a ajouté que le
dîner une fois fini, il emportera tout comme bien lui appartenant. De quoi ledit
révérend père l'ayant remercié, a consenti qu'il use de ses droits. Tout étant
ainsi réglé, ledit seigneur Gabriel, évêque, ayant à sa suite le révérend père
en J.-C. et seigneur messire Pierre de Ladouze,
archevêque et primat de Narbonne, les abbés de Branthome
et de Castres, les chanoines de l'église collégiale Saint-Front, les nobles et
puissants seigneurs et barons Gui de Marneuil,
François de Biron, Jean de Taleyrand, prince de
Chalais et seigneur de Grignols; Audet Dédié, seigneur de Ribérac; Antoine de Salagnac, seigneur de Gourdon; Michel de Peyrenève, seigneur de Monréal;
Etienne de La Marthonie, conseiller du roi au
parlement de Bordeaux; les officiers militaires Jacques Flamin,
seigueur de Brassac; Bertrand de Puy, seigneur de
Freycinet, et de Longas, les docteurs maître Jean
Tricard, premier juge royal, François de Ver, docteur en l'un et l'autre droit
et avocat, Jean de Pelisser, procureur du roi; Jean Arnaud,
conseiller en l'élection; Jean Paillet, Pierre Dalby; Elie Durand, Jean de Leymarie, docteur de l'un et l'autre droit; Jean de Chassarel, maire de la ville de Périgueux, avec les sept
consuls; les nobles Raymond de Jay, sieur de Meymi; Jean
de Saint-Astier, sieur de Ligne; Jean Artet, sieur de Puch; Fortuné de Laurière, seigneur de Launnary,
et plusieurs autres, tant ecclésiastiques que séculiers du diocèse de
Périgueux, comme avocats, notaires, procureurs, bourgeois et autres en grand
nombre. Est sorti de ladite salle peinte du palais épiscopal pour aller faire
sa nouvelle entrée dans ladite église cathédrale de Périgueux, et étant dans la
place appelée la Clautre (2),
devant la porte de ladite maison épiscopale et devant celle de l'église
collégiale, ledit seigneur Jean d'Abzac, officier
militaire, comme agissant pour et au nom du noble Jean d'Abzac
de Ladouze, son père, qui était aussi présent et à
cheval, est venu se présenter à lui pour lui aider, comme il l'a fait, à monter
sur sa mule qui est de poil bais obscur, et puis la prenant par les rênes du
côté droit et marchant à pied il a conduit le révérend père évêque vers la cité
de Périgueux par la rue de Taillefer et l'a fait
sortir par la porte appelée de Taillefer. Et partant
de cette porte on est allé tout droit et en passant au devant du couvent des Frères
Mineurs à l'église paroissiale Saint-Pierre-Laneys,
au-delà des murs de la cité de Périgueux. Etant arrivés dans le cimetière et
devant la porte de ladite église, ledit seigneur d'Abzac
a aidé audit seigneur évêque à descendre de sa mule. Lequel évêque est entré
processionnellement et avec les autres solemnités et
cérémonies accoutumées dans ladite église de Saint-Pierre-Laneys
et tout de suite ledit seigneur de Ladouze agissant pour et au nom
du noble Jean de L.... son père, et usant de son
droit et prérogatives à lui dues pour raison de nouvelle entrée faite par ledit
seigneur évêque, a monté la mule, sans trouble ni empêchement. Après quoi ledit
seigneur évêque, revêtu des ornements pontificaux, a fait dans ladite église de
Saint-Pierre-Laneys les prières et cérémonies
accoutumées en pareil cas; puis et toujours revêtu des habits et ornements
pontificaux il est sorti au devant de la porte de ladite église. Là, son
vicaire ayant appelé les quatre barons de la présente sénéchaussée de Périgueux
pour porter ledit seigneur évêque assis dans son siège épiscopal, depuis ladite
église de Saint-Pierre-Laneys jusqu'à l'église
cathédrale, selon l'ancien usage, ont comparu deux barons Guy de Mareuil et
François de Biron, et pour les autres deux barons de Beynac
et de Bourdeilles, d'ici absents, ont comparu maître
Jean de Trinard, premier juge royal, procureur
constitué pour ledit de Beynac, et noble Jean de Bourdeilles, parent et député dudit baron de Bourdeilles, lesquels étant tous assemblés, il s'est élevé
une contestation et dispute entre eux sur le pas et la préséance, chacun prétendant
tenir le premier rang. Sur quoi, ledit seigneur évêque, déjà assis sur son
siège, craignant les suites fâcheuses que de semblables disputes pourraient
avoir, leur a à tous imposé silence tant aux deux barons présents qu'aux
députés et procureurs constitués des autres deux barons absents et sans tirer à
conséquence pour l'avenir, a fait appeler quatre gentilshommes pour et à la place des quatre barons porter le brancart ou siège épiscopal depuis ladite église de
Saint-Pierre-Laneys jusqu'à ladite église cathédrale
de Périgueux, savoir: noble Jean Cotet, sieur Delpuch, résidant près de Plazac;
Raymond de Jay, sieur de Meynie; Fortuné Laurière, sieur de Launnary, et
Jean de Saint-Astier, sieur de Ligne, ici présents, aux clauses et conditions
que partant un mois à compter du présent jour, lesdits seigneurs barons divisés
sur le pas et la prééminence produiront et exposeront par-devant ledit seigneur
évêque les actes et papiers concernant leurs droits à cet égard. Cet
appointement rendu par ledit seigneur évêque, lesdits Jean Collet, Raymond de
Jay, Fortuné Laurière et Jean de Saint-Astier, ont
pris le brancart ou siège épiscopal et ont porté
ledit seigneur évêque, revêtu de ses habits pontificaux, en se faisant aider
par quelques autres, depuis ladite église de Saint-Pierre-Laneys
jusqu'à l'église cathédrale dudit Périgueux, en entrant par une des portes de
la cité appelée la porte Romane, laquelle à l'arrivée dudit seigneur évêque
s'étant trouvée fermée, les maire et consuls dudit Périgueux accompagnés d'un
grand nombre de personnes, comme docteurs, bacheliers, notaires, bourgeois et
autres habitants de la ville de Périgueux, étant présents ledit seigneur évêque
a prêté serment selon l'ancien usage sur le Missel et sur la croix que ledit
maire lui a présentés: ce qui étant fait, on a ouvert ladite porte et lesdits
quatre gentilshommes ont continué de porter ledit seigneur évêque jusqu'à la
cathédrale. Là et au devant de la porte de
ladite église se sont présentés les chanoines et archidiacre de ladite église,
revêtus de leurs ornements ecclésiastiques et solemnels,
qui ont lu et présenté audit seigneur évêque le livre et registre des serments
à prêter en pareil cas. Lequel ledit seigneur évêque a prêté volontiers et de
bon cœur. Dans le temps que ledit seigneur Jean de Ladouze,
officier, a remis à un de ses domestiques la mule dont ledit seigneur évêque
s'était servi, laquelle on a amené sans trouble ni empêchement. Dont et de tout
ce que dessus ledit seigneur de Ladouze a requis acte
que nous notaires publics et soussignés lui avons accordé audit an, mois, lieu
et règne que dessus. En présence de noble François de Biron, baron; Jean de Talleran, prince de Châlais; Jean
de Grignols; Audet Dédie, seigneur de Ribérac; Jacques Flamin,
seigneur de Bruzac; les vénérables docteurs frère
Jean Roquelle, prieur de Tremblat;
Archambaud de Montozon, Jean Robert, chanoines de
Saint-Front et plusieurs autres qui ont accompagné ledit seigneur évêque, en
présence desquels ledit seigneur évêque ayant prêté serment est descendu de son
siège et de sa crosse a frappé contre la porte de ladite église disant Attolitte portas, etc., et le chœur qui était dans l'église ayant répondu Qui
est iste,
etc., ledit seigneur évêque est entré avec toute sa suite dans ladite
église cathédrale pour en prendre possession, et de là a été porté comme
ci-devant par les quatre gentilshommes jusqu'au grand autel, en passant dans le
chœur. Etant arrivé au bas de l'autel, il est descendu de son siège, est monté
baiser l'autel et a fait les prières et cérémonies requises
en signe de prise de possession, d'où ensuite il a été s'asseoir hors et à côté
de l'autel sur son siège appelé de la saincte, qu'on avait paré d'ornements riches et convenables, où sont
venus l'un après l'autre les chanoines de ladite église recevoir le baiser
pastoral et lui témoigner, par là, qu'ils le reçoivent pour leur évêque;
lesquels chanoines sont: Pierre Fabre, grand archidiacre; Jacques Dupré,
archidiacre de La Double; Jean Thibaud, archidiacre de Bergerac; Pierre Deveaud; Elie Vigier; Géral Sirventien, et Pierre Robert dit Michy.
Cette cérémonie finie en signe de prise de
possession, ledit seigneur évêque a commencé la messe, étant encore en son
siège; et lorsqu'on on a eu dit le Gloria in excelsis etc., il est revenu à l'autel et a continué la messe qui a été
chantée et célébrée au son de l'orgue et avec grande solemnité,
l'église étant superbement ornée et enluminée de cierges à la quantité de plus
de trois quintaux de cire et les ornements servant à l'autel étant de riches et
magnifiques étoffes. La messe étant finie, ledit seigneur évêque étant sorti de
l'église en bon ordre et accompagné de toute la suite que dessus, s'est
présenté ledit seigneur Jean de Ladouze, officier,
avec sadite mule; que ledit seigneur évêque l'ayant
prié de lui prêter pour aller en sa maison épiscopale et ville de Saint-Front,
ledit seigneur
de L... la lui offerte et prêtée et l'a aidé à
monter, protestant toutefois de la reprendre au moment que ledit seigneur
évêque sera arrivé à sa maison. Ce à quoi ledit seigneur évêque a consenti et
accompagné de toute la suite que dessus, s'en est allé en son palais épiscopal
de Périgueux et de Saint-Front, résidence ordinaire de ses prédécesseurs. Étant
entré dans la salle peinte pour y dîner avec l'archevêque de Narbonne, les
barons, les principaux officiers tant militaires que autres, les nobles, les
chanoines desdites deux églises, les abbés, les prieurs, les maire et consuls
et principaux bourgeois et plusieurs autres de divers états qu'il a priés et
retenus avec Guy de Mareil, François de Biron et autres
seigneurs ci-dessus énoncés. Le couvert étant mis, un des domestiques dudit
seigneur évêque ayant porté de l'eau pour laver les mains avec deux grands
bassins d'argent, ledit seigneur de Ladouze, comme
usant de ses droits et prérogatives et agissant au nom de sondit
père a pris l'eau et les bassins du domestique et a donné à laver audit
seigneur évêque, et ensuite a donné à garder comme lui appartenant lesdits deux
bassins d'argent à un de ses domestiques. Ledit seigneur évêque ayant lavé
s'est assis et a fait asseoir les convives selon le rang et la dignité d'un
chacun. Alors les domestiques dudit seigneur évêque ayant porté le premier service
avec plats et assiettes d'argent, lequel consistait en rôties ou pain grillé
dans un plat d'argent et couvert d'un autre de même et hypocras blanc dans un
vase doré appelé cop (3). Ledit seigneur Jean de
Ladouze pour faire l'épreuve dudit hypocras en a
versé dans une tasse dorée, en a goûté, et, en
ayant versé d'autre du même vase appelé cop garni de son couvercle, en a
présenté audit seigneur évêque, lequel ayant mangé desdites rôties et dudit
hypocras, ledit seigneur Jean de Ladouze, comme usant
de son droit, a voulu prendre et faire emporter lesdits plats
assiettes, le vase appelé cop et la tasse comme lui appartenant. Ledit seigneur
évêque l'a prié de souffrir que tous les ustensiles de table restassent pendant
tout le dîner, disant que le seigneur de Ladouze son
père lui en avait accordé l'usage pendant tout le temps que durerait son dîner, ce que ledit seigneur de L... père présent à table a dit à son fils être véritable, et
qu'il ne pourrait les prendre et les faire emporter qu'à la fin du dîner. En
conséquence de quoi ledit seigneur, officier, a remis la tasse, les plats et le
cop, puis a servi audit seigneur évêque d'un foie de veau qui était dans une
assiette d'argent couverte d'une autre de même; plus il lui a servi des
saucisses dont on avait fourni des plats qui étaient d'argent; plus il a servi
audit seigneur évêque de deux espèces de soupes dont l'une était de chicorée,
l'une et l'autre présentées dans des plats d'argent couverts d'autres plats de
même; plus et en cinquième lieu d'une éclanche de mouton aux câpres dont on
avait fourni deux plats d'argent couverts d'autres plats de même, aussi bien
que d'un chapon rôti et qu'on avait lardé avec des morceaux de petites lamproies
et dont on avait servi deux plats d'argent couverts d'autres de même. En
sixième lieu lieu il a servi d'un râle d'eau préparé
avec une sauce noire présenté dans un plat
d'argent couvert d'un autre de même; ensuite il lui a servi d'une pièce de veau
dont on avait fourni deux plats tous deux d'argent aussi bien que d'une
sarcelle qu'on avait présentée dans un plat d'argent couvert d'un autre de
même, et d'une pièce de gibier présentée dans un plat d'argent couvert d'un
autre de même; 9° il lui a servi d'un rognon présenté dans un plat d'argent
couvert d'un autre de même. En dixième lieu, il lui a servi d'un lapin à la fumelette (4) dont
on avait fourni deux plats; 11° il lui a servi d'un pâté de chapon; 12° il lui
a servi d'une perdrix; en treizième lieu il lui a servi d'un plat de jambons
dont on avait fourni deux plats l'un d'un jambon argenté et l'autre comestible,
l'un et l'autre plats étant d'argent; 14° il a servi audit seigneur évêque
d'une pièce de sanglier flanquée de châtaignes dont on avait fourni deux plats
qui étaient d'argent couverts d'autres deux plats de même. En quinzième lieu il
lui a servi de plusieurs pièces de pâtisserie dont on avait fourni quatre plats;
16° il lui a servi du laitage et des prunes à la crème; plus et en dix-septième
lieu, il lui a servi des poires confites au vin et au sucre; ensuite il lui a
servi des tartelettes. Enfin 19° et en dernier lieu, ledit seigneur officier a
servi audit seigneur évêque des oublies faites au sucre présentées dans un plat
d'argent couvert d'un autre de même. Après quoi il lui a présenté une tasse
d'hypocras clairet. Ensuite de quoi ledit seigneur officier n'ayant plus rien à servir et le dîner étant fini, a levé la nappe
et autres nappes longères et les a remises comme bien
lui appartenant à un de ses domestiques, et tout de suite prenant les deux
grands plats bassins dont on a parlé ci-dessus, il a donné à laver audit
seigneur évêque. Cela fait et tous ayant dit grâces, ledit seigneur Jean de Ladouze, officier, agissant aux noms et droits dudit
seigneur de Ladouze, son père, s'est emparé et a fait
emporter en présence et du consentement dudit seigneur évèque
les deux grands plats bassins qui avaient servi à laver, deux autres grands
plats, plusieurs autres au nombre de 18, deux tasses, le cop, trois flacons,
une aiguière, vingt-neuf assiettes, un pot à l'eau et une salière, le tout
d'argent, avec deux grandes nappes et une douzaine de nappes longères. Dont et de tout ce que dessus ledit seigneur Jean
de Ladouze nous a requis acte et tous autres à lui
nécessaires que lui avons accordé de la manière que dessus, en l'an, mois, lieu
et règne et en présence des témoins nommés ci-dessus.
(Ici est la place du sceau.)
Signé Foulcaud.
Et moi Germain Foulcaud,
clerc, habitant de la ville de Périgueux, notaire royal et juré de la cour
sénéchaussée et en l'officialité dudit Périgueux, déclare avoir été présent à
la nouvelle entrée et prise de possession ci-dessus et avoir permis d'en
dresser acte
par le ministère de Jean Materne, aussi notaire, en présence des témoins
ci-dessus nommés, lequel acte j'ai reçu et retiré et signé, et j'y ai apposé
mon scel ordinaire en foi et témoignage de tout ce
que dessus. Ainsi signé Jean Materne, conjointement
avec le susnommé Me Germain Foulcaud.
Collation, extrait et vidimus a été fait
par nous notaires royaux soussignés des susdits titres, trouvés de même
transcrit dans une peau de pargemin a nous exhibé et représenté par dame
Madelaine de Chaumont, dame marquise de Ladouze, sans y avoir diminué aucune chose, lequel titre
ladite dame a à l'instant retiré et a signé. Fait au château de Ladouze, le vingt-neuvième jour du mois d'août mil six cent
soixante-six, et signé de Chaumont, pour avoir exhibé
ledit titre à l'instant retiré.
Signés Demaison, notaire
royal, et Deglane, notaire royal.
(1)
Saint-Pierre ès Liens, anès ou aney
signifie anneau.
(2) Clautre, autrement du Cloître.
(3)
Copula, coupe.
(4) Tumelette ou fumelette, le mot
étant presqu'indéchiffrable.
FB: on reconnaitra Mareuil au lieu de Marneuil ou Mareil, Trémolat au lieu de Tremblat,
Odet d’Aydie au lieu de Audet
Dédié, Flamenc au lieu de Flamin,
etc.