Références au Périgord dans les
bulletins de
la
Bibliothèque de l’Ecole des Chartes.
Extrait de la Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, t. III, 1841-1842
10 mars 1195. Donation faite par Mercadier,
chef de routiers, à l’abbaye de Cadouin(1).
Notum si tam presentibus quam
futuris, quod ego Merchaderius, domini Richardi illustris et gloriosi regis
Anglie, ducis Normannie et Aquitanie, comitis Andegavorum et Pictavensium,
famulus, cum in castris ejusdem domini regis tam fideliter quam strenue
militarem, et a voluntate illius non discordarer, et que precipiebat implendo properarem,
et ob hoc tanto regi acceptus eram et carus, et eram dux exercitus ejus; nobili
viro Ademaro de Bainaco, sine fructu ventris qui succederet de medio facto(2),
totm terram et omnia quecumque illius jurisdictionis sive potestatis erant,
quando diem clausit extremum, mihi et meis perpetuo et hereditario jure
possidendum regali munificientia dedit, et heredem illius auctoritat regia
constituit. Cujus donationis adepta plenitudine potestatis, apud castrum de
Begaroca in flumine Dordonie, exceptis adjulariis(3)
rusticorumcircummanentium, [et] propriis sumptibus aliunde congregatis ad
capiendos pisces, regulam que vulgo paisseria vocatur fieri precipi. Qua per
diuturnos labores et maximis expensis deducta ad calcem, inpirante Deo,
complacuit mihi et approbavi quod esset justum et utile, tam pro salute mea et
meorum, quam pro ejusdem venerabilis viri Ademari de Bainaco suorumque
animabus, [et] continuo facienda memoria, quo mihi
divinitus bonus finis daretur, ut venerabilibus in Christo fratribus domus Cadunensis
tota decima ejusdem paisserie irrevocabili largitione donaretur et sine
tarditatis et cupiditatis obstaculo reddatur. Itaque inimicus meus et Dei
omnipotentis sit, ac indignus celo et terra judicetur quisquis, in posterum
existens, hoc eisdem fratribus auferre temtaverit, vel qui fraudem de ipsa
decima fecerit, vel qui aliquam difficultatem attulerit quominus eorum que sue
sortis fuerint compotes fiant. Sed omnes pisces, quandocumque vel quoquo modo
in eadem paischeria capientur, ad numerum transeant, et decima piscium eisdem
predictis fratribus, vel eorum procuratori quem ipsi fratres hujus rei gratia
fidelem sibi fore decreverint, gratis et sine aliquo sumptu et gravamine
ipsorum fratrum, ad suam [piscium predict]orum(4)
voluntatem faciendam, reddantur. Placu[it igitur nobis
ut qu]icquid idem dominus Ademarus de Bainac, eidem predicte domui [Cadunensi],
in qua tumulatus esse cum sua progenie dignoscitur, pro sua suorumque salute,
de terris vel redditibus, sive de aquis vel de nemoribus suis dederat sive
concesserat, ratum habeatur et firmum, et pacifice absque ulla contradictione,
perpetuo ea domus ipsa possideat et inconvulsa conservet. Ut igitur hujus
donationis, concessionis simul et protectionis mee pagina majorem obtineat
firmitatem, omnibus fidelibus et amicis et servientibus meis hec observanda
precipio, et omnis qui eam infringet, et domum vel fratres Cadunenses in aliquo
molestare vel gravare et minuere presumpserit, inter inimicos meos noverit se
computandum, et potius penam poterit a me sperare quam premium. Quapropter hoc,
teste me ipso, apud sanctum Macharium, sigilli proprii auctoritate muniri feci
et roborari. Testibus G. predicto(5) abbate, et Petro de Magnanico,
Pontio Amenei, fratre uxoris mee, Arnaldo Guascone, Ugone Bertrandi, Raimundo
W. burgense, VI idus martii, lunae XVII, anno MCXCIV incarnati Verbi.
(1)
Une copie de cette pièce, prise par l’abbé de Lespine d’après l’original qu’il
avait vu aux archives de Cadouin, est conservée à la Bibliothèque royale, dans
les papiers mss. laissés par ce savant. D. Brial en a
imprimé un fragment dans le dix-huitième volume du Recueil des historiens de
France (p. 710, n.e.). En reproduisant la pièce tout entière, nous faisons
disparaître quelques fautes qui s’étaient glissées dans la partie déjà
imprimée.
(2)
Forte sublato.
(3)
F. acceptis adjutoris.
(4) Ce passage et deux autres dont nous
proposons ci-dessous la restitution entre crochets, étaient illisibles dans
l'original.
(5) Il n'en a pas été question dans l'acte.
Extrait de la Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, t. III, 1841-1842
Quittance donnée par Arnaud d’Anglars et
plusieurs autres au trésorier du roi, dans la sénéchaussée du Périgord et
Quercy, des frais d’un voyage fait par eux à Paris pour témoigner en justice.
10 octobre 1344.
(note justificative dans une notice sur
Guillaume du Brueil)
Noverint universi quod nos
Arnaldus d’Anglars et Raymundus de Raymundo recognoscimus confitemur pro nobis,
Bertrando Audebert alias Fabri, magistro Petro de Falgueriis, Geraldo de
Cabrols, Petro de Crosols et Johanne Castel equitibus, Petrus Ebrardi et
Johanne Fabri peditibus, nos habuisse et integre recepisse a prudenti viro
Marcho de Proboleno, thesaurio domini nostri Franciae regis, in senescalia
Petragorisiensis sibi facto, pro expensis per nos faciendis eundo Parisius et
deinde reddeundo pro comparendo coram procuratore regio in ecclesia perhibituri
testimonium veritatis super facto magistri Guillermi de Brolio, jurisperiti,
per manum ejusdem, septuaginta libras turon. de quibus
LXX libr. tur. pro nobis et
aliis hic contentis nos tenemus pro bene paccatis totaliter et contentis ;
in cujus rei testimonium sigilla nostra litteris presentibus duximus apponenda.
Datum Caturci die Xa octobris, anno Domini M° CCC° XL° quarto.
Bibliot. roy., cabinet des titres, orig. en
parchemin.
Extrait de la Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, t. VIII, 1846-1847
Lettre
sur la bataille de Castillon
en Périgord,
19 juillet 1453.
La journée de Castillon fut une petite bataille suivie d'un
grand effet. Les troupes de Charles VII s'y mesurèrent pour la dernière fois
avec les Anglais; et la Guienne, redevenue française par la victoire, fut
réunie pour toujours au domaine de la couronne. Il existe de bonnes relations,
de cette action décisive. Jean Chartier, le hérault Berri, et surtout Mathieu
de Coussy, en ont dit tout ce qu'il importait à l'histoire de connaître.
Toutefois l'intérêt légitime qui s'attache aux témoignages contemporains des
événements, fera accueillir avec faveur, nous n'en doutons, pas, le document
nouveau que nous publions sur le même sujet.
C'est une lettre qui se trouve copiée d'une manière assez
peu correcte à la suite de la relation de la conquête de Normandie par le
hérault Berri, relation qui termine le second volume de Monstrelet dans le manuscrit
français de la Bibliothèque royale, n° 8346. Une seule et même main a transcrit
le Monstrelet, la relation de Berri et la lettre. Celle-ci est annoncée par une
rubrique disant qu'elle « fut envoyée par ung, honnourable homme, qui fut à la
dicte journée, au conte d'Angoulesme; » mais c'est une erreur du copiste;
l'épître, quoique sans adresse, est destinée à plusieurs personnes qui sont
traitées de chers amis; et
celui qui écrit, loin de se donner comme ayant pris part au combat, ne parle
que d'après les nouvelles, arrivées à Angoulême le surlendemain de la bataille.
Puisque nous en trouvons ici l'occasion naturelle, nous
ferons connaître à nos lecteurs un court passage d'une chronique inédite qui prouve
que les Bretons se distinguèrent d'une manière particulière à la journée de
Castillon. Le manuscrit de cette chronique, exécuté du vivant de Charles VII,
est à la bibliothèque Sainte-Geneviève (n° 1155). Voici ce qu'on y lit au folio
131, relativement à la bataille : « Talebot y print mort, et son filz, et le
bastart d'Angleterre, et pluseurs autres Anglois jusques au nombre de deux mille
et plus. Et y eurent les Seigneurs de Hunaudaye et Montauban, et ceulx de leur
compagnie, très grant honneur et plus que nulz autres des trois batailles. Et y
gaigna messire Olivier Giffart la banière de Talebot; et en général les Bretons
y gaignèrent cinq bannières qu'ilz emportèrent en Bretaigne. »
Chiers amis, etc.(1).
Je vous laisse sçavoir des grandes et bonnes nouvelles que Dieu nous adonnées,
qui sont tellez, que mardi derrenier, qui fu xvije jour de juillet l'an mil
iiije et liij, Thabelot à tout vijm combatans angloix se parti de Libourne et
ariva devant et près de Chastillon où noz gens tenoient leur siège, pour yceulz
combatre; et à tout leur armée estoient partie hors dung parcq en champ, que
noz gens avoient fait devant ladicte place de Chastillon pour eulx fortifier.
Le Grand-maistre(2) et Joachin
Rohault [montèrent] à cheval à tout ije lanches pour che qu'ilz se doubtoient
bien de la venue dudit Thalebot et se eslongièrent du champ bien une demi
lieue. Les Angloix vinrent fors et à puissance; et lors se retrayrent ledit
Grand-maistre et Joachin Rohault. Toutefois furent fort apressés, et fu
Monseigneur le Grand-maistre prins et puis rescoux; lequel estoit demouré
derrière pour faire rentrer ses gens ou dit parcq, lequel parcq nos gens
avoient fortifié.
Ledit Thalebot avoecq grand quantité d'Angloix drecha la
bannière Saint George et celle d'Angleterre, et les vindrent mettre sur le bort
du fossé dudit parcq, et puis eombatirent les Anglois main à main à noz gens;
et dura chelle baterieung peu de temps et y furent faites des vaillances d'un
costé et d'aultre. Girault le canonnier(3)
et ses assistens et compaignons drechèrent l'artillerie contre eulx, dont il
les greva moult ; car à chacun cop en ruoit cincq ou six par terre, tous mors;
et tellement les greva que par forche furent
constrains d'eulx retraire; et de fait se retrayrent.
Noz gens ne furent point contens; ains firent lever les barrières
du dit parcq et saillirent dehors à cheval et à pied et ferirent viguereusement
sur sire Jehan Thalebot, tellement que, à l'aborter, en ruèrent jus de V a VIc,
tous mors, car nul n'estoit retenu prisonnier. Et en cheste saillie furent les
armes dudit Thalebot ruées jus par terre et ledit Thalebot mis à mort par ung
archier, lequel luy bailla d'une épée par mi le fondement, tellement qu'elle
wida par mi la gorge. Et che fait, noz gens vinrent par grand
corage sur les Angloix, lesquelx se mirent tantost en fuite. Et ne sariés
ymaginer ne penser la grande desconfiture et le crit qui lors fut entre les diz
Angloix.
Et après la mort dudit Thalebot, noz gens leur donnèrent la
cache jusques à Saint-Milion(4)
où il y a deux lieues, et y furent les champs tous couvers d'Englès. Et des vij
mil desusditz, s'en, sont ij mil retrais dedans Chastillon, et requirent de
rendre la plache et estre recheus en la merchi du Roy. Le demourant s'en est fuy par la manière devant dicte.
Tous messeigneurs qui sont par dechà l'ont fait si
vaillamment que merveilles. Monseigneur l'admiral(5)
y a esté blechié en deux lieus; mais Dieu merchi, il n'a point de dangier de
mort. Les nouvelles en sont venues au roy environ à X heures, et à XI heures l'avons sceu en Angoulesme. Che jour meysmes
le roy a recheu lettres contenans che que dit est. J'ay veu homme qui y a esté
et veu lectres de Gui de la Roche, seneschal d'Angoulesme, con tenans che que
dict est.
Le roy a fait chanter Tedeum laudarnus à la Rochefoucault..
Escript le xixe jour
de jullet, l'an mil iiijc et liij.
Le fils de Thalebot et chelui du Captal(6)
sont mors; et finablement tout a esté prins ou mort.
(1) Sic.
(2) Jacques de Chabannes.
(3) Artilleur très-renommé qui s'illustra
encore sous Louis XI. Ayant été pris par les Bourguignons à la bataille de
Montlhéry, il resta avec eux jusqu'au moment de la paix de Conflans (1465).
Voy. Comines, 1. 4, c. 6.
(4) Saint-Èmilion.
(5) Jean de Bueil.
(6) Jean de Foix, seigneur de Candale, fils du captal de Buch. I1
ne mourut pas, comme le dit notre auteur; au contraire il fut de ceux qui
purent se retirer dans Castillon; mais
dans le premier moment on avait pu le croire mort.
Extrait de la Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, t. XXII, 1861.
Bail à cens par Guillaume et Elie Lagut de
la moitié du mas de Lavit,
paroisse de Saint-Géraud-de-Corps, en Périgord.
19 mars 1290.
Notum sit quod en W. Lagutz, en Eli Lagutz, donzel, cuisi
amassa cumunalmen, [an d]onat a feus i a ses durable per lor e per totz lors
hereters e sucsessors per ara e per tos temps la meitat de tot lo mas de Lavit
e la meitat de tot lo mas Guari, cum apar, no devis, ab totz lors apartenemens
i ab totz lors intrars i ab totz lors ichirs, a Eli i a Esteve, lheo deutz
fraires, i a lors hers e sucsessors, a far d'aichi en avant atota lors proprias
volumptatz, i a far sobrefeus si far n'i volen; li qual mas se tenen ambedui e
sun en la honor de Guorson(1), en la parofia S. G. lo corp(2)
e tenen se d'una part ab lo rau de Llandestaut, e d'autra part ab la terra del
priorat de S. Cerii, e d'autra part ab la honor de Monpao(3), e d'autra
part ab lo maine de la Gaumaria, e d'autra part ab lo maine de la Faia i ab lo
maine de la Elebertaria, e d'autra part ab lo meihs maine de la Lheodelia; e
per LX. s. d'ublias cadan, la meitat a las Tot Sens e l'autra meitat al dijeus de la Sena, e per .XXX. sol.
d'achapte a senhor mudant; e manderen lor ne et lor ne promezen li avandihs
donzel als avandihs fraires dels avandihs mas, de la meitat, cum apar, no
devis, portar bona et ferma guarentia de la proprietat e de part senhoria de
totas personas per drehs e per las condumas de la honor de Guorson, salvada als
avandihs donzels tota lor senhoria, so es a saber que quis vendes deguna re de
totas las avandichas causas, que tuhs li vendatge venguessan a lor cum a maiors
senhors, e tota ora los premers achaptes que quis en prezes deguna re; e maihs
fo parlat i acordat que li dihs donzel no lor o pusquan tolre ni li dihs fraire
aitan pauc a lor laichar. E totas aquestas avandichas causas e chascuna d'elas
las avandichas partidas de sà e de là an mandat e promes e jurat sus sans
avangelis de Deu, corporalment lo libre tocat de lors mas nudas, a guardar i a
tener durablament e ses tot enfranhement, e que d'encontra no vendran ni venir
no i faran la una partida a l'autra, ab gehn ni ses gehn, a rebost(1)
ni a present, ni per lor ni per autras personas en degun luc ni en degun temps.
E renoncieren a tot drehs i a totas excepcios per que encontra poguessan venir
la una partida a l'autra en tot o en partida. E d'aiso foren fachas tres cartas
d'una tenor, que lo dihs W. Lagutz aia la una, e lo dihs Eli. Lagutz aia l’autra,
e li dihs fraire aian l'autra. Actum fuit .XIII. dias
a l'exitu Martii, anno Domini .M°. CC°. LXXX°. nono.
Testes sunt N Eli d'Artensa, Ar. Vigers, Eli Joves, G. de Meia, G. Senhers, G.
Faures, G. de Fontbulhissa, et ego Guillelmus de la Poiada, communis notarius
de Benavent qui hanc cartam scripsi utriusque consensu, et signum meum apposui.
Regnante domino Archambaldo, comite Petragorense et… (4).
(1). Gurçon, hameau du département de la
Dordogne, arrondissement de Bergerac, canton de Villefranche de Lonchapt,
commune de Saint-Médard de Gurçon.
(2). Saint-Géraud de Corps,
canton de Villefranche de Lonchapt, arrondissement de Bergerac. - Parofia; cette forme est constante
dans les chartes du Périgord. Monpon (?), chef-lieu de canton de
l'arrondissement de Ribérac.
(3) A rebost, pour repost, en
secret; de même, dans une ordonnance de saint Louis rapportée par Joinville : «
Nous deffendons que le baillif, ou le mere, ou le prevost, ne contraignent pas
par menaces, ou par poour, [ne] aucune cavellacion nos subjects à paier amende en repost ou appert." (Éd. Fr.
Michel, 1858, p. 225). lci appert équivaut au present de notre charte. Rebost se trouve aussi dans la Passion du ms. de Clermont-Ferrand,
str. 21 (voy. la note de Diez, Zwei
altromanische Gedichte, p. 25), Raynouard a bien relevé repost (Lex. rom., IV, 615), mais non
point
en ce sens.
(4) La dernière ligne est illisible, parce
qu'elle est engagée dans la reliure du registre d'où j'ai tiré cette pièce. Ce
registre appartient à la Bibl. Imp., où il est coté : Suppl. franc., 41/3 bis. — La date ci-dessus exprimée
répond au 19 mars 1290. Au dos de l'acte, on lit les mots suivants, de l'écriture
de l'abbé de Lépine : « Bail à cens fait par Guillaume et Hélie Lagut, donzels,
cousins, de la moitié du mas de Lavit, etc., paroisse de Saint-Géraud de Corp,
châtellenie de Gurson; écrit en patois de Montravel. » Le seul Montravel que je
trouve dans ces parages est la
Mothe-Monravel, arrondissement de Bergerac, canton de Véline.
Extrait de la Bibliothèque de l’Ecole des Chartes ; t. XXVI, 1865.
Texte présenté à un examen de l’école des chartes en 1865.
Lettres de Philippe le long rétablissant le
comte de Périgueux
dans le droit de percevoir sur ses gens l’impôt de la chevauchée.
20 février 1317
Philippus, Dei gratia Francorum et Navarre rex, senescallo
Petragoricensi et Caturcenci aut ejus locum tenenti, salutem. Dilectus et
fidelis noster Archambaudus, comes Petragoricensis, nobis fecit exponi graviter
conquerendo quod, cum carissimus dominus et genitor noster dudum eidem comiti
seu genitori suo castrum et castellaniam de Calciata cum omnibus pertinenciis,
juribus, redditibus, redibenciis, justicia alta et bassa et omnibus aliis
juribus que dicto domino et genitori nostro pertinere poterant quomodolibet in
premissis, superioritate et ressorto duntaxat exceptis, tradiderit in
recompe[n]sationem vicecomitatuum Leomannie et Alti Villaris, et licet genitor
noster in dictis Castro et castellania cavalcatam haberet et eam interdum
receperit, nichilominus habitatores dictorum castri et castellanie dictam
cavalcatam prefato comiti solvere contradicunt indebite et injuste et contra
predicte tradicionis tenorem. Unde mandamus vobis quatinus si, visis litteris
super dicta assignatione confectis, vocatis dictis habitatoribus, procuratore
nostro et aliis evocandis, constiterit ita esse, dictam cavalcatam faciatis
predicto comiti liberari et sine difficultate persolvi, prout fuerit rationis,
ad hoc illos quos ad hoc teneri noveritis debite compellendo - Datum Parisius,
die lune post brandones, anno Domini M° CCC° XVI°.
Extrait de la Bibliothèque de l’Ecole des Chartes ; t. XLVIII, 1887.
DES ABRÉVIATIONS
ET DES LIAISONS
DANS LES LETTRES
DES PAPES
AU XIIIe SIÈCLE.
Il est maintenant reconnu que les lettres expédiées au XIIIe
siècle par la chancellerie pontificale se divisent en deux grandes catégories:
d'une part, les lettres scellées sur soie; d'autre part, les lettres scellées
sur chanvre. Les premières constituaient des titres absolus et perpétuels; les
autres étaient de simples mandements, dont la valeur était essentiellement
temporaire. Suivant qu'une pièce appartenait à l'une ou à l'autre catégorie,
des précautions particulières étaient prises pour qu'on pût en distinguer le
caractère à la simple vue de l'écriture, sans avoir besoin d'examiner les
attaches du sceau.
Ainsi, comme nous en avertit un article de formulaire que
j'ai publié en 1857(1), dans les lettres scellées sur soie les traits
abréviatifs sont en forme de 8 ouvert par le bas, et les groupes st et ct sont figurés par deux lettres écartées l'une de l'autre et
réunies par une grande ligature s'élevant au-dessus des lignes, tandis que, dans
les lettres scellées sur chanvre, les abréviations sont indiquées par de
simples traits et les groupes st et
ct sont figurés sans ligature
supérieure.
On a constaté sur un grand nombre de lettres pontificales
du XIIIe siècle que la règle relative aux traits abréviatifs et à l'écriture
des groupes st et ct était fidèlement observée à la
chancellerie romaine. L'importance qu'on y attachait nous est surabondamment
démontrée par une lettre de Clément IV, du 10 juin 1267, dont l'original m'a
été fort obligeamment communiqué par M. l'abbé Audierne. C'est un mandement par
lequel le pape charge l'èvêque d'Agen, maître Etienne de Béziers, chanoine
d'Agen, et l'abbé de Saint-Maurin en Agenais de faire droit à une requête des
habitants de Sarlat.
Au dire des consuls et de la communauté, la population de
Sarlat, montant à cinq ou six mille personnes, avait, de temps immémorial, une
église paroissiale dédiée à Notre-Dame, où résidaient quatre prêtres, avec un
curé institué par l'èvêque diocésain. Les religieux de Sarlat, au grand
détriment des habitants, avaient transformé cette église en un prieuré, où
demeurait un seul prêtre, dépourvu d'instruction et incapable de donner des
secours spirituels aux paroissiens.
Voici, ligne pour ligne(2),
le texte de la lettre qui donnait aux commissaires pontificaux les pouvoirs
nécessaires pour réformer les abus dont se plaignaient les consuls et la
communauté de Sarlat:
Clemens,
episcopus, servus servorum Dei, venerabili fratri.. episcopo, et dilectis filiis magistro Stephano de Biterris,
canonico, Agen ||2 nensibus, ac .. abbati Sancti Maurini, Agennensis
diocesis, salutem et apostolicam benedictionem. Sua nobis consules et communitas
ville Sarlatensis ||3 petitione monstrarunt quod, cum in parrochiali
ecclesia Sancte Marie predicte ville, Petragoricensis diocesis, in cujus
parrochia sunt ||4 fere quinque vel sex milia personarum, quatuor
sacerdotes residere ac in ea per diocesanum rector institui consue ||5
verit a tempore cujus memoria non existit, tamen ..
abbas et conventus monasterii predicte ville, patro ||6 ni ejusdem
ecclesie, ipsam auctoritate propria statuentes prioratum, pro sue libito voluntatis,
in ea unum ||7 dumtaxat presbiterum, quasi ydiotam, faciunt
commorari, propter quod ecclesia ipsa debitis obsequiis defraudatur, ||8
ac iidem consules et communitas patiuntur defectum non modicum in divinis.
Quocirca discretioni vestre ||9 per apostolica scripta mandamus
quatinus, vocatis qui fuerint evocandi, et auditis hinc inde propositis, quod
ca ||10 nonicum fuerit, appellatione postposita, statuatis,
facientes quod decreveritis per censuram ecclesiasticam firmiter ||11
observari. Testes autem qui fuerint nominati, si se gratia, odio vel timore
subtraxerint, censura simili, appel ||12 latione cessante,
compellatis veritati testimonium perhibere. Quod si non omnes hiis exequendis
potueritis interesse, ||13 tu, frater episcope, cum eorum altero ea
nichilominus exequaris. Dat. Viterbii, IIII idus junii, ||14 pontificatus
nostri anno tertio.
La bulle dont cette lettre avait été scellée était attachée
sur une cordelette de chanvre, comme l'atteste la forme des incisions qu'on
voit au bas de la pièce. Le repli était disposé de façon à recouvrir la
dernière ligne de la lettre: pontificatus
nostri anno tertio. Sous le repli, du côté gauche, ont été tracées les
initiales J. G., et sur le repli, du côté droit, les initiales P. R.
Au dos de la lettre se lit le mot PORTUEN., qui désigne
sans doute le procureur chargé de défendre les intérêts des habitants de Sarlat
à la cour de Rome.
Le texte de la lettre porte la trace d'un assez grand
nombre de grattages(3), notamment
aux lignes 4, 5, 6 et 8, au-dessus des groupes de lettres ct et st. A la suite d'un examen attentif, j'ai reconnu que ces
grattages avaient été opérés pour supprimer les grandes ligatures supérieures
qui réunissaient les lettres ct et
st. Ailleurs, notamment à la
ligne 3, des grattages et des surcharges ont été pratiqués pour effacer des
traits abréviatifs en forme de 8 ouverts par le bas et pour y substituer des
traits beaucoup plus simples.
L'explication des grattages et des surcharges que je viens
de proposer ne peut laisser aucune espèce de doute. On lit en effet, à
l'extrémité supérieure du parchemin, une note ainsi conçue : CORRIGE TITVLOS
QVIA NON EST CVM SERICO; Corrigez les
signes d'abréviation ou de liaison, l'acte n'étant pas scellé sur soie, c'est-à-dire:
Effacez les signes d'abréviation ou de
liaison qui supposeraient un acte scellé en soie; remplacez-les par les signes
qui conviennent à un acte scellé en chanvre. Cette
note a été écrite par un officier de la chancellerie chargé de surveiller
l'expédition des actes. On la biffa après
que les fautes signalées eurent été plus ou moins adroitement réparées.
Des observations qui précèdent nous pouvons tirer une
double conclusion : au XIIIe siècle, les règles posées dans les anciens formulaires
sur la forme des abréviations étaient strictement suivies à la chancellerie
romaine. Il peut y avoir des grattages et des surcharges dans des lettres
pontificales dont l'authenticité est au-dessus de tout soupçon.
L. Delisle.
(1) Mémoire sur les actes
d'Innocent III, dans la.Bibl. de l'École des chartes, 4e série, t. IV, p. 23 et 25.
(2) Le commencement de chaque ligne sera indiqué par le signe ||
suivi d'un chiffre.
(3) Les grattages sont surtout visibles au-dessus des mots
suivants: Ligne 3. diocesis. Ligne 4. rector, institut. Ligne 5. monasterii,
predicte. Ligne 6. auctoritate,
statuentes. Ligne 8. defectum.
Extrait de la Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, t. XLI, 1880.
CAMPAGNES
EN GUIENNE SOUS PHILIPPE LE BEL.
Nous reproduisons le mandement suivant, en date du 24 mai
1290(?), d'après un fac-similé photographique qui a été adressé, le mois de mai
dernier, à la Bibliothèque nationale par Mme la comtesse Marie de Raymond.
« Guido Caprarii, miles domini nostri Francorum regis
illustris ejusdemque senescallus Petragoricensis et Caturcensis, dilecto nostro
consanguineo Mayolio Rebutini, domicello, salutem et sinceram dilectionem. Cum
intellexerimus quod vos apposuistis seizinam seu apponi fecistis in Castro
Montis Ferandi, ex eo quia nobilis vir Aymericus de Bironnio, dominus dicti
loci, vobiscum non venerat versus partes de Aquistris, et dictus nobilis sit
Parisius, et tenuerit per totum annum domicellos suos in armis in
garnision[ibus] Burdegal[ensibus], qui modo sunt cum domino comite Atrebatensi,
ut dicitur, vobis mandamus quatinus dictam saizinam de dicto castro amoveatis
seu amoveri faciatis, non molestantes dictum nobilem pro premissis. Datum
Caturci, die mercurii ante festum beati Urbani episcopi, anno Domini M° CC° XC° nonagesimo. »
Nous avons imprimé la date telle qu'elle est figurée très
nettement sur l'original: M° CC° XC°
nonageio, avec un signe d'abréviation surmontant les deux dernières
lettres du mot.
Extrait de la Bibiliothèque de l’Ecole des Chartes, t. XLVII, 1886
JUSQU'A L'AN 1442
La courte chronique en dialecte gascon qui fait l'objet de
cette publication ne paraît pas encore avoir été méthodiquement utilisée comme
source historique(1).
En dépit de l'inégale répartition et de la sécheresse des mentions qu'elle
renferme, elle fournit néanmoins, pour quelques années du XIVe et du XVe
siècle, un certain nombre de renseignements originaux dont on chercherait
vainement ailleurs la trace. Tels sont les détails relatifs aux événements
survenus en Périgord pendant les années 1345, 1348, 1377(2), et à ceux dont la Guyenne, la
Sénéchaussée des Landes, l'Agenais et la Saintonge furent le théâtre(3), depuis la reprise de la guerre de Cent
ans en 1404, jusqu'à la
campagne de Charles VII en Gascogne, dans le cours de l'année 1442.
I.
Le manuscrit de la Petite
chronique porte à la Bibliothèque nationale le numéro 5364 du fonds
français (numéro 9850 de l'ancien fonds et 1481 de la collection Colbert).
C'est un recueil factice, figurant déjà dans son état actuel parmi les
manuscrits de Colbert(4),
et aujourd'hui recouvert d'une reliure moderne de format petit in-quarto
portant au dos le titre suivant: Coutumes
de Bordeaux, Bergerac et Bazadois. Les divers cahiers dont il se
compose, comprenant au total 126 feuillets numérotés, le dernier en blanc, tous
à peu de chose près du même format, sont de nature et d'origine différentes.
Le premier cahier, le seul qu'il soit à propos de décrire
ici, se compose actuellement d'un assemblage de 44 feuillets de papier, ne portant
pas trace d'un numérotage ancien et couverts d'une écriture assez régulière,
qui offre les caractères de celle en usage vers le milieu du XVe siècle.
Les folios 5 verso à 44 recto de
ce cahier sont occupés par une copie de la rédaction en gascon des Coutumes de Bordeaux, sur laquelle il
n'y aurait pas lieu d'insister, sans l'addition finale qu'y a jointe l'écrivain
et dont voici le texte :
Finito libro sit laus et gloria Christo.
Qui escripsit escribat semper, cum domino
vivat.
Deo gratias.
L'an M. CCCC. e
.XXXVIII. furent festas aquestas costumas.
Consuetudo legitima aprobata de jure est tenenda(5).
Suit, au verso du fol. 44, une sorte de table des
ordonnances municipales de Bordeaux remplissant toute cette page, qui n'était
vraisemblablement pas la dernière du cahier.
II.
Le texte même de la Petite
chronique est compris entre les folios 1 à 5 recto. Le fol. 1 s'étant
trouvé retourné avant l'assemblage par suite d'une méprise quelconque, le fol. 1 recto réel se trouve au fol. 1 verso actuel(6).
En tête du fol. 1 verso,
le texte commence ainsi, sans titre aucun :
« Asso son las canonicas et las datas deu comensamen deu
mon, segon la memoria que se troba en escriut lo prumey jorn de setembre l'an
.M. CCCC. e .XVIII. »
Une simple comparaison permet de remarquer l'analogie
existante, au moins pour le fonds, entre un certain nombre des 33 premiers
paragraphes de la Petite chronique venant
à la suite et s'étendant jusqu'à l'année 1333, et les passages de date
correspondante que présente la Chronique
romane faisant partie du recueil célèbre connu sous le nom de Petit Thalamus de Montpellier(7). Le paragraphe d'introduction qui
vient d'être cité et les paragraphes 2 et 3, qui donnent à la Petite chronique de Guyenne un
certain semblant de composition, ne se retrouvent cependant pas dans le texte
de la Chronique romane de
Montpellier. Il en est de même de plusieurs autres, qui traitent tous
d'événements d'ordre général, et que l'auteur de la Petite chronique de Guyenne n'avait pas, semble-t-il, un intérêt
particulier à insérer dans son œuvre(8).
Ces considérations peuvent faire supposer que l’auteur de
la Petite chronique de Guyenne a
eu entre les mains un texte de la Chronique
romane plus complet que celui renfermé dans le Petit Thalamus, et dont ce dernier serait dérivé lui même. Si
l'on remarque eu outre que cette similitude de
fonds entre les deux chroniques cesse à partir de l'année 1333(9),
date que les éditeurs de la Chronique
romane assignent sinon à la composition, au moins à la transcription de
toute la première partie de ce dernier texte sur les registres de Montpellier(10), on pourra également reconnaître que tout
le fragment de la Chronique romane, antérieur
à 1333, a dû être composé d'un
seul jet vers cette même date. C'est alors qu'une version en aurait été
transcrite sur le registre du Petit
Thalamus, tandis qu'une autre, après des transformations ignorées,
aurait été utilisée par l'auteur de la Petite
chronique de Guyenne.
A partir de l'an 1333 (par. 34), la Petite chronique de Guyenne, jusqu'en 1404 (par. 77), prend et
conserve un caractère local plus prononcé. Elle traite surtout, depuis cette
sorte de démarcation, des circonstances et des faits intéressant plus
particulièrement l'histoire des provinces anglaises du sud-ouest de la France.
Au milieu des erreurs et des lacunes, le récit des deux années 1345 et 1377 se
distingue par l'extrême précision de certains détails. Telles sont les dates
de la prise de Bergerac et de la bataille d'Auberoche en 1345 (par. 37 et 38),
et celles de la bataille d'Eymet et de la prise de Bergerac en 1377 (par. 72 et
73). Il y a une corrélation évidente entre les premières et un certain texte
qui se rencontre dans un des registres municipaux de la ville de Libourne, connu
sous le nom de Livre velu(11). La date incertaine qu'assignent à ce
dernier manuscrit les érudits qui l'ont eu sous les yeux(12) permet toutefois de signaler seulement
cette analogie, sans en tirer de conséquence relativement à l'antériorité d'un
des deux textes. Quant aux secondes, le seul texte connu qui en fasse mention,
outre la Petite chronique de Guyenne, est
un passage des registres municipaux de Périgueux(13). Sans admettre que l'auteur soit allé
puiser ses renseignements à une source aussi lointaine, cette concordance est
néanmoins à noter comme preuve d'exactitude. Il faut enfin signaler les deux
mentions ayant trait aux années 1348 (par. 44) et 1370 (par. 61), comme relatant des événements dont les
sources imprimées ne présentent pas trace(14).
Avec l'année 1405 (par. 78), les proportions du récit
changent subitement: il semble qu'il ne soit plus l'œuvre d'un compilateur
sans initiative, mais d'un témoin qui raconte, sommairement il est vrai, les
événements dont il a gardé le souvenir. La chronique des seules années 1405 et
1406 (par. 78-88) remplit ainsi tout le fol. 3 verso.
La narration saute ensuite, brusquement et sans transition, à l'année 1417, en
tête du fol. 4 recto. Mais il est possible qu'un ou
plusieurs feuillets intermédiaires soient tombés(15), supposition que viendrait appuyer
l'indication initiale du chroniqueur, annonçant que le récit se poursuit
régulièrement jusqu'à l'an 1418(16).
A la suite de la mention relative à 1417, sur le même folio
(fol. 4 r°) et de la même main, viennent quelques notes (par. 89-96) sur la
fondation de divers ordres religieux, notes placées hors de leur ordre chronologique
et semblant destinées à combler une lacune. En effet, le récit, toujours sur la
même page et de la même exécution, ne reprend qu'avec l'année 1435(17). La même écriture le continue pour les
années 1435 et 1437, jusqu'à l’avant-dernier paragraphe du fol. 4 r°
exclusivement (par. 95-97). Depuis le dernier alinéa de ce fol. jusqu'à la fin de la Petite
chronique, au bas du fol. 5 recto, l'écriture
change à plusieurs reprises et perd le caractère d'une copie régulière et
suivie (par. 98-107).
Le fol. 4 verso, séparant les deux tronçons du récit de
l'année 1438, est occupé par une copie d'un privilège octroyé par Edouard,
prince de Galles, à la ville de Libourne(18),
à la suite de laquelle est transcrite une note sur la population de
l'Angleterre, sans indication de date(19).
III.
L'écriture des Coutumes
de Bordeaux, celle de la Petite
chronique, jusqu'à l'avant-dernier paragraphe du fol. 4 recto, daté de 1438,
celle de la copie de la charte de Libourne sont
incontestablement de la même main. La copie qui remplit ces pages dénote en
outre la suite continue d'un même travail. Si l'on rapproche de ce fait la date
de 1438, indiquée par le copiste des Coutumes
comme celle de la fin de sa tâche, on pourra raisonnablement admettre
qu'au moment de transcrire cet important texte juridique, l'auteur de ce
travail jugea intéressant de tracer sur les premiers feuillets des indications
historiques s'étendant jusqu'à cette époque. Il possédait, par suite d'une
circonstance quelconque, ou avait composé lui-même, en 1418, un récit sommaire
des événements survenus jusqu'à cette dernière date(20), récit qu'il reproduisit, en 1438, sans
rien y changer, et en y ajoutant simplement la mention de faits survenus dans
les années immédiatement précédentes. Puis, la copie de cette sorte de préface
et la copie même des Coutumes une
fois terminée, il inscrivit à mesure, sur l'espace en blanc resté libre(21), les événements qui se présentaient.
L'auteur, ou tout au moins le personnage qui a transcrit la
Petite chronique en tête de la
copie des Coutumes de Bordeaux, peut
être, sans grande chance d'erreur, considéré comme un habitant de Libourne(22).
Le silence qu'il garde sur tous les événements survenus à Bordeaux rend
difficile à admettre la supposition qu'il fût citoyen de cette ville. Le soin
qu'il a pris de copier, en tête des Coutumes
de Bordeaux, la charte de fondation de la commune de Libourne(23), la notation du prix de certaines denrées(24), la mention d'un magistrat local(25), enfin l'analogie signalée entre un
passage de la Petite chronique et
un texte du Livre velu conservé aux archives de Libourne même(26), tendraient
plutôt à lui assigner cette dernière cité comme lieu d'origine et de
résidence. Il appartenait évidemment à la bourgeoisie et devait, d'après la
nature de son travail, s'intéresser aux questions de jurisprudence. La présence
répétée des mots : « Jhesus Marie Filius », qui se rencontrent en tête des
pages, tant dans la Petite chronique que
dans les Coutumes, et qui
coïncide chaque fois avec une reprise de la copie(27), n'implique pas qu'il fit partie du
clergé. Cette formule se rencontre sur un certain nombre de registres de
délibérations communales, et notamment, à la même époque, sur ceux de la
maison consulaire de Béziers(28).
En résumé, la Petite
chronique de Guyenne, antérieurement à l'année 1404, n'est qu'un abrégé chronologique emprunté en grande partie,
jusqu'en 1333, au texte utilisé
par la Chronique romane du Petit Thalamus, puis fournissant à
l'histoire, pour certains événements du milieu du XIVe siècle,
quelques renseignements précis qui ne sont pas à dédaigner. Depuis 1405, et malgré ses interruptions
trop fréquentes, elle porte les caractères d'une œuvre personnelle. On
chercherait vainement ailleurs les détails qu'elle présente sur les campagnes
de 14 05 et de 1406 en Périgord
et en Agenais, sur la descente des Anglais en Saintonge en 1412 et en 1439, sur les bruits dont la terreur
populaire faisait précéder l'approche de Rodrigue de Villandrando et de ses
bandes, ainsi que sur quelques points de la vie du célèbre chef de routiers et
de son passage dans le midi de la France.
(1) D. Vaissette a utilisé la Petite chronique, mais seulement aux
dates de 1345 et de 1377, pour rectifier l'époque de la bataille d'Auberoche,
de la bataille d'Eymet et des deux sièges de Bergerac. (Voir livre XXXII, ad ann.
1345; livre XXXIII, ad ann. 1377, et surtout la note XXI du t. IV, intitulée: Époque et circonstances de l'expédition de
Henri de Lancastre, comte de Derbi, en Guienne et en Gascogne.) Bien que
les auteurs de l'histoire générale de la province de Languedoc aient vu le ms.
original et qu'ils indiquent la date extrême de la Chronique (1442), ils n'en ont pas fait usage pour la partie qui
traite du XVe siècle. M. Siméon Luce a signalé le parti tiré de cette source par
D. Vaissette, et proposé une interprétation nouvelle relative à la date du
combat d'Auberoche. (Froissart, éd. Luce, t. III, p. XIII, n. 3, et p. XVI, n.
3.) Un signalement erroné de ce même texte est enfin donné par les éditeurs des
Archives historiques du département de la Gironde, dans une des notes de la Coutume de Bazas, publiée par M. Octave
Beylot d'après le ms. dont les premiers feuillets contiennent la Petite chronique. Celle-ci est désignée
comme partant de l’année 1253. [Arch.
hist. du dép. de la Gironde, t. XV, 1874, p. 67, n. 1.)
(2) Voir par. 37, 38, 44, 72, 73.
(3) Voir
par. 78 à 107.
(4) En effet, le numéro 1481 en chiffres arabes,
indice du numérotage des manuscrits de Colbert, est inscrit sur le fol. 1 recto
actuel, lequel est en réalité le fol. 1 verso, le feuillet ayant été retourné par
suite d'une méprise de l'assembleur, comme on verra plus loin. En outre, sur
le recto du premier feuillet du cahier de parchemin contenant la Coutume de Bazas (fol. 92 actuel), on
lit le chiffre barré 148, comme si l'on eût voulu un instant placer ce cahier
en tête du recueil et inscrire le numéro de classement sur sa première page.
(5) Cette
mention ne se rencontre pas dans le texte imprimé des Anciennes coutumes de Bordeaux, dressé au dernier siècle d'après
deux manuscrits des dépôts publics de Bordeaux. (Coutumes du ressort du Parlement de Guienne, avec un commentaire, par
deux avocats au même Parlement. Bordeaux, 1768, 2 vol. in-8°. T. I, pp.
1-167.)
(6) Cette particularité explique l'erreur des
éditeurs des Archives historiques du
département de la Gironde, qui ont décrit la Petite chronique sans l'avoir lue. (Arch. hist. du dép. de la Gironde, t. XV, 1874, p. 67, n. 1.)
L'année 1253 assignée par eux comme point de départ au récit, semble en effet
commencer le premier alinéa, en tête du fol. 1 recto actuel, qui doit être
comme on l'a vu considéré comme le fol. 1 verso.
(7) Le Petit Thalamus de Montpellier, publié pour la
première fois d'après les manuscrits originaux (Publication de la Société archéologique de Montpellier,
1.1, 1836-40, in-4°. Quatrième partie, la
Chronique romane, p. 315-483).
(8) Les
paragraphes de la Petite chronique semblant
plus spécialement empruntés à la Chronique
romane du Petit Thalamus sont
les suivants : 4 à 10; 14; 15; 17; 18; 19 (?); 20; 24; 25; 27 à 31; 33 (?).
Voir aussi par 92 et 93.
(9) A partir du par. 34 de la Petite chronique. Le par. 33, relatif
également à des faits de l'année 1333, est encore inspiré par la Chronique romane du Petit Thalamus.
(10) Le Petit Thalamus de Montpellier, introd. pp. XLV-XLVI.
(11) Publié par Guinodie dans l’Histoire de Libourne et des autres villes
et bourgs de son arrondissement. (Bordeaux, 1845, 3 vol. in-8°, t. 1, p. 38, n. 3, et p. 39. n. 4.)
(12) 1392, selon Guinodie (l. c, t. II, p. 173, n. 2), ou 1479,
selon les auteurs du Rapport au préfet de la Gironde, publié dans la Commission des monuments et documents
historiques de la Gironde (Bordeaux, in-8°), t. II, 1841, pp. 89-90.
(13)
Publié dans le Bulletin polymathique
du Muséum d'instruction publique de Bordeaux, t. X, 1812, p. 259-260.
(14) La prise de Sainte-Foy, le 22 décembre 1348,
et la prise de Bazas par le sire d'Albret, en 1370. Ce dernier événement a été
récemment mis en lumière par M. Luce, d'après une lettre de rémission.
(Froissart, éd. Luce, t. VII, p. XCIX, n. 1.)
(15) Le fol. 3 verso
se terminant sur un alinéa, et le fol. 4 recto
commençant sur un autre, la preuve matérielle de cette disparition, ancienne à
coup sûr, fait défaut.
(16) Voir le par. 1.
(17) L'inspection du ms. montre qu'il n'a pas
dû y avoir d'interruption dans la copie de tout le fol. 4 recto.
(18) La charte de fondation de la commune de Libourne
(1270) publiée en entier par Guinodie, Histoire
de Libourne, t. II, p. 349, pièces justificatives, n° 1.
(19)
Voir ci-dessous.
(20)
Voir le par. 1.
(21) La fin du fol. 4 recto et le fol. 5 recto.
(22) Sa qualité de Gascon est nettement indiquée
par les caractères philologiques du dialecte dont il fait usage, ainsi que par
les expressions qu'il emploie (Cf. par. 75, 94).
(23) Voir ci-dessus.
(24) Voir par. 78.
(25) Voir par. 77.
(26)
Voir ci-dessus, p. 56, n. 3.
(27) En tête du fol. 1 verso actuel (1 recto en
réalité); du fol. 2 verso; du fol. 4 verso ; des fol. 21, 22 verso, 27 verso, 33 verso.
(28)
Publiés dans le Bulletin de la Société
archéologique de Béziers, t. I, 1836, pp. 223-321.
PETITE CHRONIQUE
DE GUYENNE
jusqu'à l'an 1442.
1. Asso son las canonicas e las datas deu comensamen deu
mon segon la memoria que se troba en escriut lo premey jorn de setembre l'an
mil.CCCC.e .XVIII.
2. Deu comensamen deu mon entro a la nativitat de Diu Jhesu
Crist ha .V. milia .C. IIIIXX. e .XIX. ans(1).
3. Adam estet en infern .V. milia .CCC. XXII. ans e .VI. jorns e metz(2).
4. De(3)
la nativitat de Nostre Senhor entro a la mort de Carle Magne a .VIII. cens .IX. ans(4) e ala donc sen Gili de Proensa regnaba(5).
5. L'an myu .C. e .I. prengoren premeyrament crestians Jeru[salem](6).
6. L'an .Ml. C. e .I. morit sent Gili de Proensa(7).
7. L'an .M1. C. e .XIIII. fo
pressa Mahargas(8).
8. L'an .M1 .C.
XLVII. fo presa Almaria(9).
9. L'an .M. C. e .XL. e .VIII. fo presa Tartasa(10).
10. L'an M1 .C. e .XL. e
.IX. fo presa Forzae Fragelia(11).
11. L'an .Ml .C. LXX. tornet
lo jorn nuyt(12).
12. L'an .Ml .C. IIIIXX. VIII. fo
presa la siutat de Jehrusalem(13) e la crotz fo portada a Damas e la sancta
courona deu cap e los claus foren portatz a Paris la major partida(14).
13. L'an .Ml. C. IIIIXX. e .X. lo rey Phelipe de Fransa e lo rey Richars d'Anglatera
pasieren la grant mar(15).
14. L'an .Ml. C. [IIIIXX.] e .XVIII. lo rey desus deit Richart morit(16).
15. L'an .Ml. CC. e .IIII.
morit Galhardun senhor de Mon[peley](17).
16. L'an Ml. CC. e .V.
fo pres Costantin Nobble(18).
17. L'an .M1. CC. XIII. fo
lo rey Phelip dabant Tholosa et lo conte de Durfort(19) m[orit] de una peyrat(20).
18. L'an .Ml. CC. [XXXVIII.]fo
presa Balensa(21).
19. L'an .Ml. CC. e .[X]XXIX.
tornet lo jorn nuyt(22).
20. L'an
.Ml. CC. e .XLVIII. morit
lo conte de Tholosa(23).
21. L'an .Ml. .CC. XLIX.
prengo lo rey de Fransa Tolosa(24).
22. L'an .Ml. CC. LIII. fo lo rey de Fransa rey
de Nabarra(25).
23. L'an .Ml. CCC fo la perdon a Roma e es per .C.
[ans](26).
24. L'an .Ml. CCC. e .VI.
foren destruitz los judius en mantas partz(27).
25. L'an .Ml. [CCC] e .VII. foren
destruit[z] los temples(28).
26. L'an .Ml.
CCC. e .XV. torneren los
judius crestians(29).
27. L'an .Ml. CCC. e .XVIII.
fo escorgat l'abesque de Chaors(30).
28. L'an .Ml. [CCC] e .XVII. fes
papa Johan de l'abesquat archivesquat de Tholosa, e de Peyregus Sarlat, e de
Peytius Luson e Majassens(31).
29. En l'an .Ml. CCC. e
.XXXIII. fo e bengo l'esqurtat apelat esclipse e bingo
a .II. horas
e meja aprop med jorn(32).
30. L'an .Ml. CCC. XXI. ausigoren lo pastoreu
los judius et asso en manta part(33).
31. L'an .Ml. XXVIII. foren
ars los digetz e gafetz(34).
32. L'an .M. CCC. e .XXVI. fo pres Chales per lo rey Audoart d'Anglatera(35).
33. Item l'an .M. CCC. e .XXXIII. fo grant desconeysensa de blat en Gasquonha e fo aperat la
grant fame(36).
34. L'an .Ml. CCC. e XXXIII.
foren esquofitz los esquotz per los angles e moriren .XL.
Mlia. escotz et plus d'autres(37).
35. L'an aprop tremblet la tera lo jorn de sent Thomas
aprop Nadau(38).
36. L'an .Ml. CCC. XL. III. fet
lo Rey de Fransa mudar las monedas(39)
e descapita[r] lo senhor de Clison a Paris(40).
37. Item l'an .Ml. CCC. XL. V. fo pres Bragueyrac
en Peyregorc per lo conte Darvi(41) lo jorn(42)
de Sent Bertomyu(43).
38. L'an .Ml. CCC. XL. V. fo la batalha dabant Albarocha(44)
en Peyregorc lo jorn de Sent Seurin(45)
per lo conte Darvi qui gasanhet lo camp(46).
39. L'an .Ml. CCC. XL. VI. fo
pres sent Johan d'Angeli per lo conte Darvi(47)
e l'an apres fo la batalha de Cresi hon lo prince descofit lo rey Philip de
Baloys(48).
40. Item l'an .Ml. CCC. XL. VI. fo pres Peytius e raubat per lo conte Darvi(49).
41. L'an .Ml. CCC. XL. VI. bingo
lo rey Audoart angles metre lo ceti a Chales et mynjaban los ratz(50).
42. L'an . Ml. CCC. XL. VII. fo
gran carestia e grant fame en Bordeu de blat e moriren grant gent de fame(51) e fo lo ceti Agulhon per lo duc de
Lormandia(52) e fo la batalha de Cresi.
43. L'an .Ml. CCC. XL. VIII. fo
la grant mort per tot lo mon e fo a Bordeu(53)
a tant grant que argo la Rosela, lo pont Sent Johan et rua Peytavina(54).
44. L'an .Ml. CCC. XL. VIII. fo
presa Sancta Fe per los angles lo digmenge aban Nadau(55).
45. L'an .Ml, CCC. L. fo lo perdon a Roma(56).
46. L'an .Ml. CCC. L. [V.] fo lo conte Darvi
dabant Tholosa e daban Beses e a Nabona e a Par[is](57).
47. L'an .M. CCC. L. morit Phelip de Baloys rey de Fransa e
Johan son filh fo r[ey](58).
48. L'an .M. CCC. L. VI. fo pris
lo Roi de Fransa daban Peytis au mys de setembre aparat Johan por mon senhor lo
prince filh deu roy Audoart e lo menat a Lyborna e a Bordeu(60).
49. L'an .M. CCC. L. IX. salhit
fora de preyson d'Anglatera Johan Roy de Fransa e finet(61).
50. L'an .M. CCC. L. IX. prengo la
possecion deu dugat per mossenhor lo rey d'Anglatera mossen[hor] Johan Candos(62).
51. L'an .M. CCC .LX .III.(63)
foren los grans freitz que la mar gelet en Gasquonha e aqui medis en l'an
seguen fo la petita mortalha(64) e aquet an fo apres lo conte d'Armanhac e
lo senhor de Labrit per lo conte de Foys(65).
52. L'an .M. CCC. LX. IIII. fo la
batalha en Bretanha de Carie de Bloys e deu conte de Monfort qui agut lo camp(66).
53. L'an .M. CCC. LXV. fo lo parlament a Peiregus deu
prince e deus barons de Guiayna(67).
54. L'an .M. CCC. LX. V. foren las justas en Anglosie(68).
55. L'an .M. CCC. LX. VI. en
hahost bengo lo rey Dempetro d'Espanha(69)
de Nabara(70) e lo rey de Malhorguas(71) e lo duc de Bretanha(72) a parlamena Bordeu(73).
56. L'an .M. CCC.LXVII. fo confermat
lo rey Anric en Castela(74).
57. Item l'an .M. CCC .LXVII. a .III.
d'abryu fo desconfit en Espanha lo rey Anric per lo
prince de Gualas duc de Guyaina(75).
58. L'an .M. CCC. LXVII. partit papa Urban de Vinhon et
anet en Roma an los cardinaus(76).
59. L'an .M. CCC. LXVIII. morit lo rey Donpetro que lo rey Hanric
lo fit trenqua lo cap son fray.bastart(77).
60. L'an
.M. CCC. LXIX. fo lo cety en Peyregorc dabant Bordelha(78) e aquet an comenset la guerra en
Guasquonha e per tot Guiayna.
61. L'an .M. CCC. LXX. fo Basac pres per la man deu senhor
de Labrit(79).
62. L'an .M. CCC. LXX. en jun fo destruita la siutat de Lemodges
per mon senhor lo prince de Anglatera(80).
63. Item l'an .M. CCC. LXXI. fo lo ceti de Monpahon(81)
per mossenhor lo duc de Lancastre e son fray de Cadabruya(82). Et ala donc s'en anet mossenhor lo prince(83).
64. L'an .M. [CCC] LXXIII. tremblet
la tera. E ala hora de meja nuyt e .Ia. autra
betz a hora nona(84) et en
aquet an fo pres La Reula [e] Castelhon per lo duc d'Ango(85).
65. L'an .M. CCC. LXXIIII. fo grant carestia de blat en
Guasquonha que bale lo bochet deu fromen(86) .X. e foren mes fora de Bordeu lo senhor
de Lagoyran e mossenhor Johan Colo(87).
66. L'an .M. CCC. L[XXV. fo la
petita mortalha e grant mortaudat de gens menuda e en aquet an anet mossenhor
Thomas de Felenton, senescauc, a la guera contra Armanhac an lo conte de Fois(88).
67. L'an .M. CCC. LXXVI. lo jorn de la Trinitat morit lo
prince de Gualas(89).
E lo Captau a Paris en preyson(90).
68. E aquet an no bale tonet de bin a Bordeu mas .VI. e fo la grant binada.
69. L'an .M. CCC. LXXVII. (91)
morit lo rey Audoart d'Anglatera(92).
70. L'an .M. CCC. LXXVII. (93)
au mes de jun fo coronat lo filh deu prince, Richart d'Anglatera, aperat de Bordeu(94).
71. L'an M. CCC. LXXVII. foren las gualeyas d'Espanha au
mes d'ahost e lo navily de Lormandia e de Bretanha en Anglatera per lo rey de Fransa(95)
et firen guera los esquotz contra los angles(96).
72. Item l'an .M. CCC. LXXVII. lo prumey jorn de setembre
foren desconfitz e pres mossenhor Thomas de Felaton, senescaut de Guyaina e
mossenhor Gualhart de Durfort senhor de Duras. E lo senhor de Rausan e mossenhor
de Musidan e aqui foren menat au duc d'Anyo. E aqui foren de la obediensa deu
rey de Fransa(97).
73. L'an
.M. CCC. LXXVII. a .III. de setembre lo duc d'Ango e mossenhor
Bertran de Claquin, conestable de Fransa prengoren Bragueyrac, Sancta Fe e Castelhon
de Peyregorc e aprop anet a Basax(98).
74. L'an M. CCC. LXXXVIII. fo eclipse lo premey jorn de
jeney cap d'an et de senmana, sobre la hora de prima, cum si fos nuyt que nulh
no pode bede l'un l'autre(99).
75. L'an .M. CCC .LXX[XX]IX. fo destruit e yssibat lo rey Richart Guascon que ane la
filha de Fransa de Anglatera(100).
76. Item l'an .M. CCCC. prengo lo Captau
la possecion deu contat de Fois e de Bearn per sa molher(101).
77. L'an .M. CCCC. II. foren tans gra[n]s tonedres e
tempestas e fogres e arguoren dus homes a Liborna sul portau de Guistres(102), Johan Bidau maio(103).
78. L'an .M. CCCC. e .IIII. fo grant carestia de sau que bale a Bordeu et a Liborna lo
carton .XXX. s. e romporen las trebas de mossenhor de Lancastre en Guiayna(104). Item l'an .M. CCC. XXXVII. comenset l'ordre de Calonges de
sent Agustin regulars e secgulars(105).
79. L'an .M. CCCC. V. fo grant guera en Lemosin et en
Guiayna, que lo senhor de Labrit, conestable de Fransa conquistet per argen e
per gens(106), so es assaber Corbafin(107), Beses(108), Sent Johan d'Escola(109), e se biret la Forsa(110) e Manduran(111).
80. Item l'an .M. CCCC. V. fo pres Mauretanha e fo fundut(112), e lo senhor de Castelhon de Medoc ne fo gitat(113).
81. Item en aquet an fo pres Chales en Sentonge(114) e Peyroat capitayne ne fo gitat, e fo
fundut(115).
82. Item en l'an dessus lo conte de Clarmon(l16) prengo lo castet de Lorda en Biguora e
autres lox(117).
83. Item en l'an dessus deit en Agenes fo[ren]
pres Munsagel(118) e Badafol(119) e foren fundutz.
84. Item en l'an medis fo pres per lo conte d'Armanhac(120) Langon(121) e lo medis conte anet dabant Bordeu, e se rendut Lo Port Sancta
Maria(122),
Agulhon(123), la
tera de Caumon(124).
85. Item
l'an .M. CCCC. VI. fo lo ceti de Bore(125) per lo duc de Horlhens(126) e lo grant mestre de Fransa(127). E i eran lo conte de Fois(128), Armanhac(129), lo senhor de Labrit(130), lo senhor de Pons(131), mossenhor Johan Arpadayne(132) e plusors capitaynes de la part de
Fransa(133) justa .XV. milia
combatens o plus(134). E
duret de la bespro de Totz Sans entro a .XII. senmanas
prop Sent Alary de Jeney(135) e s'en leberen an grant dessonor, e foren combatutz en la
mar per mossenhor de la Barda(136), per la gen de Bordeu, per lo navily d'Anglatera e de Bayona,
e foren arsas duas naus dabant Bore(137).
86. Item en l'an medis fo petit bin que bale .VI. est. e .VIII., e bale tonet de bin
.XXX. ffr. e .XL. contat per XXV. s.
87. Item l'an .M. CCCC. XVII. passet la mar lo rey Anric d'Anglatera(138) filh qui fo deu filh(139) de mossenhor de Lancastre en Normandia, e an lui son fray lo
duc de Clarensa(140)
e mossenhor Dorset(141) filh de mossenhor de Lancastre, e conquisteren Hayraflor, [Ia]
ciutat aperat Camp en Normandia e autres pays(142).
88. Item l'an .M. CCCC. XV.(143) foren en Guiayna mossenhor de Horc(144), mossenhor de Clarensa, mossenhor
Dorset, e prengoren Berbesio(145) e Sotbisa(146) e Lobiron(147).
89. L'an M. CC. LXXIIII. comenset l'ordre deus monges negres(148).
90. L'an .M. CC. VIII. comenset l'ordre de cisteus so es
assaber l'ordre deus monges blans.
91. L'an .M. CC. of .II. comenset
l'ordre deus chartrons.
92. L'an .M. CC. comenset l'ordre
deus predicadors Sent Domenge(149).
93. L'an .M. CC. comenseren los
menors Sent Franses.
94. L'an .M. CCC. e .V. fo papa
Clemens qui se aperaba dabant mossenhor Bertran deu Gotz arsibesque de Bordeu:
fo papa(150) e es sebelit a Usesta(151) en tera guasqua(152), e fo aprop lui arsibesque mossenhor
Arnaut de Cantalop(153).
95. Item l'an .M. CCCC. XXXV. bingo Rodigo en Guiayna(154) e fase guera a franses e ad Angles(155), e que disen que tostaba enfans e tole
popas a fempnas prenchs e fade grant cop d'autres maus.
96. Item l'an mil .CCCC. e .XXXVII.
bingo Rodigo en Guasconha(156) e conquistet Femel(157), La Saubetat(158) e grant cop d'autras plasas.
97. Item en aquet an medis fo carestia de bin que se bende
lo tonet a Bordeu .XL. ffr. e
plus e lo carton era aquet an a Bordeu a .X. e .XII. arditz(159) e lo blat deu fromen .II. ffr. e .III.
98. Item l'an .M. CCCC. e .XXXVIII.
fo pres Cleyrac(160) per mossenhor de Labrit(161) que l'abat de dedins(162) li livret la plassa e que y era Rodigo(163).
99. L'an .M. CCCC. XXXVIII. bingo lo senhor de Labryt, Rodygo,
Poton de Sant Analha(164), lo bastart de Labrit(165), dabant Bordeu e per tot Medoc entro Assolac(166) e destruiren lo pays(167).
100. Item en l'an medis ballo bosset de frement à Bordeu .IIII.
ff. e tonet de bin .XL. ff. e .L. ff.
101. Item
en l'an mil .CCCC. e .XXXIX., lo segont jorn deu mes d'ahost,
lo jorn de Sent Estefe, aribet a Bordeu mossenhor de Hontintona(168) an grant poysansa, e sas gens prengoren
terra en Sentonge e firen grant cop de mau, e eren and et gran cop de honorables
senhors(169).
102. L'an mil .CCCC. e .XXXIX. fo pres Basatz per mossenhor de Hontintona que las gens
s'arenduren a lui e la vila(170).
103. Item l'an .Ml, CCCC. .XL. bale lo boyset de forment .I. ffr. e
tonet de bin bale .XII. ffr. e
lo quarton deu bin baie .XII. d.
104. L'an mil .CCCC. e .XLII. en
lo temps d'estyu enbiron Sent Johan Baptista bingut lo rey de Fransa en lo pays
de las Lanas an grant poyssansa(171) e era an luy lo daufin son filh(172), lo conte de Foys(173), lo conte de Pardiac(174), lo senhor de Labrit(175), lo filh deu conte d'Armanhac(176), La Ira(177), Poton de Sentalharo e grant ment an grant multitut d'autres
grans senhors e an grant poyssa, e cororen lo pays e prengoren la vila de Sent
Sebe(178) ont era dedens lo senescaut de Bordeu(179) e grant cop d'autra gent, e la prengoren
d'assaut.
105. Item d'aqui en foro ban s'en anar dabant Ax e
prengoren lo d'assaut(180), e dedens era mossenhor d'Usa senescaut de las Lanas(181),
e fo pres e son filh e grant cop d'autras gens.
106. Item en aquet an medis lo rey de Fransa prengut la
Reula enpero lonc temps estenet dabant abant que l'agus(182), ont i era dedens lo castet lo Baron(183), mossenhor d'Angladas(184), lo capitayne de La Reula(185) e grand cop d'autras gens e d'armas, e
s'enssalhiren per so que no aben punt de busqua que argussan, e argoren la sala
deu castel per fauta de busqua(186),
e aquet an fase grant freyt.
107. Item
en aquet an medis fit grantz freytz(187), e asso abant la festa de Nadiu de pres
de .XV. jorns que lo jorn de Sent Thomas abant Nadau,
dabant Liborna la mar galet e per tot lo pays, que guabarra no pode maregar(188).
NOTES.
(1). Ce calcul de l'ère
du monde (5199 avant l'ère chrétienne) est celui d'Eusèbe de Césarée. (Art de vérifier les dates, dans la Dissertation sur les dates, etc.)
(2). Cette
incohérence entre la date présumée de la naissance du premier homme et l'âge du
monde est à signaler. Elle semble avoir pour cause un autre mode de calcul de
l'ère mondaine inconsciemment appliqué ici par le compilateur.
(3). On a vu plus haut
que depuis cet alinéa jusqu'au n° 33 inclusivement, plusieurs paragraphes
provenaient de la même origine que les parties correspondantes de la Chronique romane du Petit Thalamus. Entre autres, celui-ci
et les suivants jusqu'au n° 10 inclusivement. (Voir ci-dessus, p. 55, n. 3.)
(4). Il n'est pas
besoin d'insister sur la grossièreté de l'erreur qui fixe à 809 au lieu de 814
la mort de Charlemagne. Elle est d'ailleurs commune à la Petite chronique et à la Chronique romane du Petit Thalamus. (Voir la note 1 des
éditeurs.)
(5). La Vita sancti Egidii (Acta Sanctorum,
Sept., I, pp. 299 et ss.), écrite au Xe siècle et suivie par l'auteur de la Vie de saint Gile, composée vers
1170, fait de saint Gilles un contemporain de Charlemagne. (Gaston Paris, la Vie de saint Gilles, introd., pp.
xxv, xxxvm.)
(6). Le texte de la Chronique romane du Petit Thalamus établi d'après le ms. de
la Faculté de médecine, porte: « En l'an .M. e .C. mens .I. », etc. Ce qui expliquerait par une lecture erronée l'erreur
de date de la Petite chronique: Jérusalem
fut prise le vendredi 15 juillet 1099.
(7). Ce passage
pourrait faire croire à quelque tradition fabuleuse relative à saint Gilles.
Mais ce n'est évidemment pas de l'abbé du VIIe siècle dont il est ici question;
il s'agit de Raymond IV de Saint-Gilles, comte de Provence, l'un des chefs de
la première croisade, mort en réalité en 1105 et non en 1101. Le texte de la Chronique romane du Petit Thalamus porte: « En l'an .M. C.
I. mori en R. lo compte de San Gili. »
(8). Allusions à
l'expédition dirigée contre les Sarrazins des îles Baléares, par Raymond
Bérenger III, comte de Barcelone, et Guillaume V, seigneur de Montpellier. La
ville de Palma, alors appelée Majorque, comme l'île même, fut prise le 6
février 1116 (n. st., comme toutes les
dates ci-dessous citées). C'est le commencement du siège qui se place
en 1114 (D. Vaissete, 1. XVI, ad ann. 1114).
(9). Allusion à la
prise d'Almeria (17 oct. 1147), par Alfonse VIII, roi de Castille. (D.
Vaissete, 1. XVII, ad ann. 1147.)
(10). Allusion à la
prise de Tortose par Raymond-Bérenger IV, comte de Barcelone, à la fin de
1148. (D. Vaissete, id.)
(11). Allusion à la
prise de la Forsa et de Fraga (24 oct. 1149), par Raymond Bérenger IV, comte de
Barcelone. (D. Vaissete, id.)
(12). Pour l'identification de ce phénomène et des suivants
(par. 19, 29, 74), on peut consulter la Chronologie des éclipses, placée en
tête de l'Art de vérifier les dates.
(13). La reddition de Jérusalem à Saladin eut lieu le 3 octobre
1187.
(14). La partie de la
vraie croix demeurée à Jérusalem et que l'armée chrétienne portait avec elle
fut en réalité perdue dans la déroute de Tibériade, avant la prise de la ville
sainte. Ce n'est qu'en 1238 que saint Louis acquit la sainte couronne,
auparavant conservée à Constantinople et pour laquelle il fit bâtir la
Sainte-Chapelle. Les clous de la Passion retrouvés par sainte Hélène étaient
tous demeurés à Byzance jusqu'en 550. Le seul qui ait
jamais été transporté à Paris est celui qui fut donné par l'empereur
Constantin V à Charlemagne et que Charles le Chauve transporta
d'Aix-la-Chapelle à Saint-Denis. (Rohaut de Fleury, Mémoire sur les instruments de la Passion de N.-S. J.-C, Paris,
Lesort, 1870, in-4° de 414 pp. Voir pp. 161, 203-4, 170, 177-8.) La tradition
assignée par la Petite chronique à
la réunion des reliques françaises de la Passion n'en est pas moins curieuse à
signaler.
(15). Date exacte.
(16). En réalité le 6
avril 1199. Ce paragraphe est emprunté à la Chronique romane du Petit
Thalamus.
(17). La Chronique romane du Petit Thalamus porte: « En l'an de .M.
e .CC. e .VII. el mes de
setembre, mori en G. de Montpellier. » C'est de la mort de Guillaume VIII,
seigneur de Montpellier, qu'il s'agit: le nom que lui attribue la Petite chronique est fautif, comme la
date qu'elle assigne à sa mort. L'année 1204 est la date du mariage de Marie,
sa fille, avec Pierre II, roi d'Aragon.
(18). On sait que les
deux prises successives de Constantinople par les croisés eurent lieu le 18
juillet 1203 et le 12 avril 1204.
(19). Sic.
(20). Ce paragraphe est
évidemment inspiré de l'alinéa correspondant de la Chronique romane du Petit
Thalamus. Le texte imprimé a été corrigé et la mort de Simon de Montfort
placée sous la rubrique de 1217 (voir la note 19 des éditeurs). On sait
d'ailleurs que Philippe-Auguste ne parut jamais devant Toulouse, qui en 1213
était encore aux mains de Raymond VII, et que Simon de Montfort fut tué lors du
second siège, le 25 juillet 1218.
(21). Cette date est
restituée d'après la Chronique romane du
Petit Thalamus. Il s'agit de la
prise de Valence par Jayme Ier, roi d'Aragon, le 28 septembre 1238.
(22). Le ms. porte : «
L'an .M. CC. e. XXIX ». La place du paragraphe impose la restitution de la date
de 1239. La Chronique romane du
Petit Thalamus mentionne une
éclipse à la date de 1238. (Voir ci-dessus, par. 11.)
(23). Erreur inspirée de
la Chronique romane du Petit Thalamus; la date véritable est
le 27 septembre 1249.
(24). Date de
l'avènement d'Alphonse de Poitiers, époux de Jeanne, fille de Raymond VII,
comme comte de Toulouse, époque réelle de la disparition de la nationalité
méridionale. Le comté de Toulouse ne fut réuni à la couronne qu'à sa mort, en
1271.
(25). Date de
l'avènement de Thibaud II (Thibaud V, comte de Champagne), second roi français
de Navarre. Ce fut seulement sa nièce Jeanne qui apporta en 1284 la couronne de
Navarre à Philippe le Bel.
(26). Boniface VIII
institua le premier, en 1300, le Jubilé centenaire.
(27). Allusion à
l'expulsion des Juifs du royaume, opérée le 22 juillet 1306. Ce paragraphe et
le suivant sont empruntés à la Chronique
romane du Petit Thalamus.
(28). Allusion à l'arrestation des Templiers, le 2 octobre 1307.
(29). Allusion au rappel
des Juifs pour douze années, prononcé par l'ordonnance du 28 juillet 1315.
(30). La Chronique romane du Petit Thalamus mentionne ce fait sous
la rubrique de 1317. C'est effectivement en cette dernière année que le pape Jean
XXII fit mettre à mort Hugues Géraud, évêque de Cahors (juillet 1317). (Voir
Baluze, Vitae paparum Avenionensium, t.
I, col. 153-4, dans la Secunda vita Joannis XXII.)
(31). Même observation
pour la date et la provenance. En outre, le ms. porte: « fut papa Johan de
l'abesquat, » etc., ce qui n'offre aucun sens. Jean XXII, élu pape l'année
précédente (8 septembre 1316), érigea l'évêché de Toulouse en archevêché (26
mai 1317), créa les évêchés de Luçon et de Maillezais (13 août), distraits de
celui de Poitiers, et l'évêché de Sarlat (9 janvier 1318), distrait de celui de
Périgueux. (Baluze, ibid., col. 135-6.)
(32). Ce phénomène est
mentionné, sous cette date et à cette heure, par la Chronique romane du Petit
Thalamus. (Voir ci-dessus, par. 11.)
(33). Allusion au second
soulèvement des Pastoureaux, dont plusieurs bandes envahirent
en 1320 le midi de la France. La Chronique
romane du Petit Thalamus rapporte
cet événement à sa date exacte.
(34). C'est en 1321
qu'eut lieu la persécution dirigée contre les lépreux, rapportée à cette date
par la Chronique romane du Petit Thalamus. Sur les « gahets » de
Bordeaux, voir Baurein, Variétés
bordelaises (1784, 6 vol. in-12), t. I, art. XVIII.
(35). Chalais.
(Charente, arr. de Barbezieux, ch.-l. de cant.) Allusion à la prise de cette
ville par Edouard II, pendant la guerre dite des Bâtards (1326). Cf. par. 81.
(36). Allusions à la
famine de 1333, que la Chronique
romane du Petit Thalamus signale
également à cette date. A ce passage cessent définitivement les emprunts faits
à cette source historique par la Petite
chronique de Guyenne.
(37). La célèbre
bataille de Halidon Hill, gagnée par Edouard Baliol, prétendant au trône
d'Ecosse, allié d'Edouard III, contre David II Bruce (1333).
(38). Le 21 décembre: La
Chronique bordelaise de G. de
Lurbe (Bordeaux, 1594, in-4°) ne mentionne pas ce phénomène (voir ci-dessous,
par. 64).
(39). Allusion à
l'altération des monnaies opérée par Philippe de Valois en 1343.
(40). Olivier III, sire
de Clisson, décapité à Paris le 2 août
1343.
(41). Henri de Lancastre,
comte de Derby, arrière-petit-fils de Henri III.
(42). Le 24 août. M.
Siméon Luce a adopté l'exactitude de cette information. (Froissart, éd. Luce,
t. III, p. xm, n. 3.)
(43). Voici le texte du
passage du Livre velu, dont il a été parlé plus haut: « En l'an mil .CCC. quaranta et sincq, lo jorn de sent Berthomiu, fo presa la villa
de Bragueyrac par mossen Henric de Lancastre, compte Derbi. » (Cité dans Guinodie,
Histoire de Libourne, t. I, p.
38, n. 3.)
(44). Auberoche, au
N.-E. de Périgueux, non loin de la route de Périgueux
à Limoges. (Dordogne, arr. de Périgueux, cant. de Savignac-les-Églises, comm. du
Change.)
(45). Le 21 octobre
1346, selon l'interprétation proposée par M. Siméon Luce. (Froissart, éd. Luce,
t. III, p. XVI, n. 3.)
(46). Le passage du livre velu, auquel il a été fait allusion
plus haut, porte : « En l'an mil .CCC. quaranta et. sincq, Henri de Lancastre, compte Derbi, se combata en
batalha restada am l'agent deu rey deffransa lo jorn de sent Seurin, devant lo
loc d'Aubarrocha que los ditz franses tinen assitiat. » (Cité dans Guinodie, Histoire de Libourne, t. I, p. 39, n.
4.) D. Vaissete a le premier signalé, comme il a été dit ci-dessus,
l'importance de la Petite chronique au
point de vue des événements de 1345. (Voir ci-dessus p. 53, n. 1.)
(47). Le 21 septembre
1346. (Froissart, éd. Luce, t. IV, p. VI, n. 11.)
(48). La bataille de
Crécy fut livrée comme on sait le 26 août 1346. L'erreur de la Petite chronique qui la place en 1347
semble bien intentionnelle. (Cf. ci-dessous, par. 42.)
(49). Le 4 octobre 1346.
(Froissart, éd. Luce, t. IV, p. vu, n. 3.)
(50). Allusion au
célèbre siège de Calais. (3 septembre 1346-3 août 1347.)
(51). La Chronique bordelaise de G. de Lurbe
ne mentionne pas cette famine.
(52). Aiguillon, à
l'embouchure du Lot (Lot-et-Garonne, arr. d'Agen, cant. de Port-Sainte-Marie).
C'est en 1346, et non en 1347, qu'eut lieu le siège de cette place. Un autre
passage du Livre velu, ne se rencontrant pas cette fois dans la Petite chronique, permet de fixer la
date de cet événement : « En l'an mil .CCC. quaranta
et seys, el mes d'abriu, en la sempmana saincta, assetiet Agulhon moussen Johan
d'Effransa am doze milia homes d'armes… » (Cité dans Guinodie, Histoire de Libourne, t. I, p. 40, n.
5.) Cette indication permet de placer l'ouverture du siège entre le 10 et le 15
avril (Pâques tombant cette année le 16). La date du départ de Jean, duc de
Normandie, fils aîné de Philippe de Valois, avait déjà été fixée au 20 août par
M. Siméon Luce. (Froissart, éd. Luce, t. II, p. XXII, n. 1.) La fin du passage
cité ci-dessus confirme cette ingénieuse déduction.
(53). Allusion à la
célèbre peste dite de Florence, en 1348.
(54). La porte de la
Rousselle, à l'extrémité de la rue de ce nom, encore existante; le pont
Saint-Jean, autrefois situé près des deux tours du Peugue, non loin du quai de
la Garonne; la rue Poitevine, dont le tracé est à peu près suivi aujourd'hui
par le cours d'Alsace-Lorraine (Archives
municipales de Bordeaux, Bordeaux vers 1450, par Léo Drouyn, pp. 237, 392,
270). Ce désastre ne paraît pas mentionné dans la Chronique bordelaise de G. de Lurbe.
(55). Cette prise de
Sainte-Foy-la-Grande (Gironde, arr. de Libourne, ch.-l. de cant.) par les
Anglais, le 21 décembre 1348, ne paraît mentionnée dans aucune chronique (voir
l'histoire de Sainte-Foy, dans Guinodie, Histoire
de Libourne, t. III, p. 8).
(56). Clément VI
réduisit à cinquante ans le jubilé séculaire institué par Boniface VIII en
1300.
(57). C'est en 1355
qu'eut lieu la chevauchée du comte de Derby dans le midi de la France
(Froissart, éd. Luce, t. IV, pp. LIX-LXIII). Il passa la Garonne près de
Toulouse et parut devant Béziers et Narbonne avant le 1er novembre.
La Chronique romane du Petit Thalamus donne plusieurs
détails sur cette expédition, ainsi que la Chronique de Jacques Mascaro, écuyer
des consuls de Béziers. (Lo Libre de
Memorias, publié dans le Bulletin
de la Société archéo logique de Béziers, t. I, 1836, p. 81.)
L'apparition des Anglais devant Paris (?) à cette date est purement imaginaire.
(58). Le 22 août 1350.
(59). La bataille de
Maupertuis, du 19 septembre 1356.
(60). Ce séjour de Jean le Bon à Libourne pendant sa captivité ne
paraît pas avoir été connu.
(61). Ce n'est en
réalité qu'après le traité de Boulogne, du 26 octobre 1360, que Jean le Bon
rentra en France. On sait qu'il retourna mourir en Angleterre (8 avril 1364).
(62). C'est en 1361 (20
janvier) que Chandos fut créé connétable d'Aquitaine. (Jean Chandos, connétable d'Aquitaine et sénéchal du Poitou, par
Benjamin Fillon, Fontenay et Londres, 1856, in-8° de 35 p., p. 8.)
(63). Le ms. porte : « L'an .M. CCC. XL. III. », mais il ne faut voir dans cette erreur qu'une interversion
matérielle.
(64). Ces particularités
ne sont pas relevées dans la Chronique
bordelaise de G. de Lurbe.
(65). Il s'agit de la
bataille de Launac, gagnée le 5 décembre 1362 par Gaston Phebus, comte de Foix,
sur Jean Ier comte d'Armagnac et Arnaud Amanieu sire d'Albret. (Voir
D. Vaissete, 1. XXXII, ad ann. 1362.)
(66). La bataille
d'Auray (29 septembre 1364).
(67). La Chronique bordelaise de G. de Lurbe
place à Bordeaux la tenue des états en 1365.
(68). Aucune allusion à
ces joutes n'est faite dans Froissart.
(69). Pierre le Cruel,
roi de Castille.
(70). Charles II le
Mauvais, roi de Navarre.
(71). Jayme III, roi
détrôné de Majorque.
(72). Jean IV de
Montfort, duc de Bretagne.
(73). La Chronique bordelaise de G. de Lurbe
mentionne seulement à Bordeaux en cette année la présence du roi de Majorque,
sans préciser l'époque.
(74). Allusion à la
proclamation d'Henri II de Transtamare comme roi de Castille, le 16 mars 1366.
(75). La bataille de
Najéra ou de Navarette, perdue le 3 avril 1367 par Du Guesclin et Henri de
Transtamare contre le Prince Noir.
(76). Urbain V retourna trois
années à Rome, de 1367 à 1370, et dut revenir à Avignon après cette inutile
tentative d'affranchissement.
(77). Allusion à la
scène fameuse dont la tente du breton Yvon de Lacouët fut le théâtre, et où
Pierre le Cruel trouva la mort, la nuit qui suivit la bataille de Montiel (14
mars 1369).
(78). Le célèbre château
de Bourdeille, sur la Dronne (Dordogne, arr. de Périgueux, cant. de Brantôme).
Le siège fut mis devant la place vers la fin d'avril 1369, par le comte de
Pembroke, Jean de Hastings. (Froissart, éd. Luce, t. VII, p. LII, n. 2, et p. LIII,
n. 1.)
(79). Cette mention de
la prise de Bazas par Arnaud Amanieu, sire d'Albret, en 1370, n'a encore été
signalée que par une lettre de rémission citée par M. Siméon Luce (Froissart,
éd. Luce, t. VII, p. xcix, n. 1). La compilation et les notes publiées sous le
titre de Chronique de Bazas dans les Archives
historiques de la Gironde (t. XV, pp. 1-67) ne signalent aucun
événement sous cette date, non plus qu'en 1377 et en 1439. Cf. par. 73 et 102.
(80). Le sac de Limoges
par le Prince Noir eut lieu le 19 septembre 1370 : la Chronique romane du Petit
Thalamus donne seule la date de cet événement.
(81). Montpaon, en
Bouergue, près de la Sorgues (Aveyron, arr. de Saint-Affrique, cant. de
Cornus). La Chronique romane du
Petit Thalamus place le siège de
cette place en février 1371.
(82). Jean, dit de Gand, duc de Lancastre, et Edmond, dit de
Langley, comte de Cambridge, puis duc d'York, tous deux fils d'Edouard III.
(83). La Chronique bordelaise de G. de Lurbe
place en 1373 le départ du Prince Noir pour l'Angleterre.
(84). La Chronique bordelaise de G. de Lurbe
ne mentionne pas ce phénomène, que la Petite
chronique de Guyenne note ici avec précision, mais en oubliant d'en
signaler le jour. (Voir ci-dessus, par. 35.)
(85). La prise de la
Réole et de Castillon de Périgord, par Louis, duc d'Anjou, n'eut lieu qu'en
1374, après l'échec de la grande expédition conduite par Jean de Gand, duc de
Lancastre.
(86). La Chronique bordelaise de G. de Lurbe
mentionne en 1373 une famine en Gascogne.
(87). Le récit de
Froissart mentionne, à la date de 1375, l'exécution de Jean de Plassac, de
Guillaume, seigneur de Pamiers, et de Jean Coulon, son clerc, ainsi que
l'emprisonnement de Pierre de Landuras et de Bertrand du Franc, accusés d'avoir
voulu livrer au roi de France le château de Fronsac (Froissart, ad ann. 1375, éd. Kervyn de Lettenhove, t. IX, pp.
2-4). La Petite chronique présente,
comme on voit, une version différente, selon laquelle Jean Coulon et le seigneur
de Langoyran auraient été bannis. Ce dernier était, au moins en 1345, Amanieu
d'Albret. (Cf. sur ce point Guinodie, Histoire
de Libourne, t. I, p. 45, n. 5.)
(88). D. Vaissete (1.
XXXII, ad ann. 1375) signale, à la date du 5 sept. 1375, la conclusion d'une
trêve entre Jean Ier, comte d'Armagnac, et Gaston Phœbus, comte de
Foix. L'intervention de Thomas Felton, sénéchal anglais de Guyenne, mentionnée
par la Petite chronique, est
intéressante à noter.
(89). Date exacte. Le
Prince Noir mourut en effet le jour de la Trinité, 8 juin 1376.
(90). Jean III de Grailly,
captal de Buch et connu sous ce dernier nom, fait prisonnier devant Sonbise en
1372, mort au Temple, à Paris, en 1377.
(91). Le ms. porte : «
L'an .M. CCC. LXXVIII. »; mais, ainsi encadrée, cette date doit évidemment être
lue comme si le texte contenait celle de 1377.
(92). Edouard III, mort
le 21 juin 1377.
(93). Même observation
que ci-dessus pour l'erreur de date.
(94). Les fils des rois
d'Angleterre étaient à cette époque désignés par le nom du lieu de leur
naissance (comp. par. 75). Froissart désigne continuellement Richard II sous le
nom de Richard de Bourdeaulx.
(95). Date exacte,
l'apparition des flottes espagnole et française sous Fernand Sanche de Tomar et
Jean de Vienne devant Rye et sur la côte anglaise ayant duré plus de deux mois,
à partir de la fin de juin 1377.
(96). Allusion à
l'invasion dirigée contre l'Angleterre par Robert II Stuart, roi d'Ecosse, en
1377. L'amiral de France, Jean de Vienne, avait amené aux Écossais un secours
de mille chevaliers français.
(97). Aymet, sur le Dropt (Dordogne, arr. de Bergerac, ch.-l. de
cant.). Cette date du 1er septembre, assignée à la bataille livrée en ce lieu,
concorde avec celle des registres de Périgueux, dont il a été parlé plus haut. (Bulletin polymathique du Muséum
d'instruction publique de Bordeaux, t. X, 1812, pp. 159-160.) Les quatre
personnages signalés par la Petite
chronique comme ayant été faits prisonniers sont : Thomas Felton,
sénéchal anglais de Guyenne; Galhard de Durfort, sire de Duras,
Guillaume-Arramon de Madaillan, sire de Rausan; Raymond de Montaut, seigneur de
Mucidan. Ces deux derniers violèrent en réalité leur serment. Le récit de
Cuvelier présente sur ce point une certaine confusion. (Chronique de Du Guesclin, éd. Charrière, pp. 315-317, et var.,
p. 315, n. 3.)
(98). La Petite chronique est la seule source
qui mentionne cette date de la prise de Bergerac par Louis, duc d'Anjou, et Du
Guesclin. Les registres de Périgueux signalent le commencement du siège, le 22
août (Bulletin polymathique, 1.
c), mais non sa levée. Sainte-Foy-la-Grande et Castillon-sur-Dordogne furent enlevées
peu après, mais non le même jour. Bazas semble cette année être demeuré aux
Anglais. Cf. par. 61.
(99). Voir ci-dessus,
par. 11.
(100). Richard II, que le
chroniqueur appelle « lo rey Richart Guascon » (cf. par. 94), fut déposé le 30
septembre 1399 et mourut le 14 février 1400. (Cf. par. 70.) Isabelle de Valois,
sa veuve, revint ensuite en France à la cour de son père Charles VI.
(101). Les lettres de
rémission de Charles VI, reconnaissant à Archarabaud de Grailly la possession
du comté de Foix, sont datées du 10 mars 1401 (Flourac, Jean Ier, comte de Foix. Paris, Picard, 1884, in-8° de VII-314
pp., pièce just. VI).
(102). La porte de
Guîtres, une des portes de Libourne, ainsi nommée à cause du voisinage de la
célèbre abbaye bénédictine de ce nom. (Guinodie, Hist. de Libourne, 1. I, p. 50.)
(103). « Jehan de Vidau
», maire de Libourne, de 1401 à 1403. (Guinodie, Hist. de Libourne, liste des maires, t. II, p. 257.)
(104). Les trêves
conclues par l'entremise de Jean de Gand, duc de Lancastre, en 1389, et
renouvelées depuis à divers intervalles entre la France et l'Angleterre.
(105). Il ne s'agit
évidemment ici que d'une fondation particulière à Bordeaux. Cf. par. 89 et ss.
(106). Ces détails se
réfèrent à la campagne du connétable (Charles Ier sire d'Albret) et dn comte de
Clermont (Jean plus tard Jean Ier duc de Bourbon) en Limousin et en Guyenne
(1404-1405). Juvénal des Ursins (dans Godefroy, Historiens de Charles VI, ad ann. 1404), et le Religieux de
Saint-Denis (1. XXV, ch. XVII, éd. Bellaguet, t. III, pp. 202-6), disent que le
premier prit treize places et le second trente-quatre: «les unes prit par
force, les autres par accord» (Juvénal des Ursins, 1. c.) ; mais l'un et
l'autre n'en citent qu'une: Courbefy. Le récit de Monstrelet sur ces événements
est très confus (1. I, ch. XX, éd. Douët d'Arcq, t. I, pp. 93-5).
(107). Courbefy, sur un
des hauts affluents de l'Isle, près de Châlus (Haute-Vienne, arr. de
Saint-Yrieix, cant. de Chàlus, comm. de Saint-Nicolas). Juvénal des Ursins et
le Religieux de Saint-Denis (II. ce.) donnent
de nombreux détails sur ce fait de guerre.
(108). L'identification
de ce lieu présente quelques difficultés. Il ne peut être question de Béziers,
quoique plus haut (par. 46) la forme analogue « Beses » s'applique à cette
ville. Bessé, dans la région montagneuse entre la Dordogne et le Lot, près de
la route de Sarlat à Villeneuve-sur-Lot (Dordogne, arr. de Sarlat, cant. de
Villefranche-de-Belvès), semble situé trop au sud.
(109). Saint-Jean-de-Colle, dans la haute vallée du cours d'eau de
ce nom, affluent de la Dronne (Dordogne, arr. de Nontron, cant. de Thiviers).
(110). La Force, sur la
rive droite de la Dordogne, un peu au-dessous de Bergerac (Dordogne, arr. de
Bergerac, ch.-l. de cant.).
(111). Madurant, lieu
fort situé un peu au-dessous de La Force (Dordogne, arr. de Bergerac, cant. de
La Force, comm. de Saint-Pierre-d'Eyraud).
(112). Mortagne-sur-Mer,
sur la rive droite de la Gironde (Charente-Inférieure, arr. de Saintes, cant.
de Cozes), d'où une compagnie de routiers anglais dévastait toute la région.
(Cf. Juvénal des Ursins, dans Godefroy, Historiens
de Charles VI, ad ann. 1405, et le Religieux de Saint-Denis, 1. XXV, ch.
xvm, éd. Bellaguet, t. III, pp. 274-8.)
(113). Pons III, vicomte
de Castillon (Castillon-sur-Gironde, à mi-chemin de Pauillac à la pointe de
Grave (Gironde, cant. de Lesparre, comm. de Saint-Christoly).
(114). Chalais, à
mi-chemin d'Angoulême à Libourne, est plutôt en Périgord qu'en Saintonge (Charente,
arr. de Barbezieux, ch.-l. de cant.). La Petite
chronique mentionne seule cet événement. Cf.
par. 32.
(115). Peyroat de Puchs,
plus tard capitaine de Bourg pendant le siège qu'y tint le duc d'Orléans
(Archives municipales de Bordeaux, Registres
de la Jurade à la date du 9 octobre 1406).
(116). Jean, comte de
Clermont, duc de Bourbon en 1410 sous le nom de Jean Ier.
(117). Le siège de
Lourdes fut commencé tout au plus dans les premiers mois de 1406 et ne se
termina qu'en novembre 1407 (Flourac, Jean
Ier, comte de Foix, p. 38, n. 1). Le comte de Clermont ne semble pas y
avoir jamais pris part.
(118). Monsaguel, entre
le Dropt et la Dordogne (Dordogne, arr. de Bergerac, cant. d'Issigeac).
(119). Badefols, sur la
rive droite de la Dordogne, au-dessous du confluent de la Vézère (Dordogne,
arr. de Bergerac, cant. de Cadouin).
(120). Bernard VII, comte
d'Armagnac, connétable de France en 1415. Ces détails, ainsi que ceux du
paragraphe précédent, sont intéressants à noter. Juvénal des Ursins {Historiens de Charles VI, ad ann. 1405)
dit seulement que le comte d'Armagnac prit soixante places en Guyenne et bloqua
un instant Bordeaux. Monstrelet a confondu ces événements avec ceux de 1404 (1.
I, ch. XX, éd. Douët d'Arcq, t. I, pp. 93-5).
(121). Langon, sur la
rive gauche de la Garonne, au-dessous de La Réole (Gironde, arr. de Bazas,
ch.-l. de cant.). Un curieux document, extrait des archives municipales de
Saint-Macaire, et publié par M. Vérac dans les Archives historiques du département de la Gironde (t. X, pp.
71-73), fait allusion à cet événement. C'est un procès-verbal de la déclaration
par laquelle Guiraud de Bergunhan, chevalier, capitaine du lieu pour le comte
d'Armagnac, refuse de prêter serment au roi de France (11 janvier 1407) : « que
lo comte d'Armanhac ave gasanhet et conquistet lodeit loc de Lengon, en nome
deudeit nostre senhor lo Rey. »
(122). Port-Sainte-Marie,
sur la rive droite de la Garonne, en amont du confluent du Lot
(Lot-et-Garonne, arr. d'Agen, ch.-l. de cant.).
(123). Aiguillon, sur la
rive gauche du Lot, à peu de distance de son embouchure (Lot-et-Garonne, arr.
d'Agen, cant. de Port-Sainte-Marie).
(124). Caumont, sur la rive gauche de la Garonne, entre Tonneins
et Marmande (Lot-et-Garonne, arr. de Marmande, cant. du Mas-d'Agenais).
(125). Boorg, sur
la rive droite de la Dordogne, un peu au-dessous du Bec-d'Ambez (Gironde, arr.
de Blaye, ch.-l. de cant.). Une relation contemporaine de ces événements,
écrite sur les feuillets d'un terrier du xve siècle, provenant
d'un fonds d'archives de l'ordre de Rhodes, a été publiée par MM. Gras et Jules
Delpit sous le titre : « Chronique ou Journal du siège de Blaye et de Bourg. » [Arch. hist. du dép. de la Gironde, t.
III, pp. 179-81.) Il est étrange
que la Petite chronique de Guyenne ne
contienne aucun détail sur le siège de Blaye qui venait de précéder celui de
Bourg.
(126). Louis, duc
d'Orléans, frère de Charles VI.
(127). Jean de Montagu,
vidame de Laon, grand maître de France, décapité le 17 octobre 1409. Bien qu'il
ne soit désigné ici que par le nom de sa charge, et qu'il disputât alors cette
fonction au duc de Bavière, frère de la reine, il ne peut exister de doute sur
son identité. (Cf. Monstrelet, 1.1, ch. XXVIII, éd. Douët d'Arcq, t. I, p.
133.)
(128). Archambaud de
Grailly, comte de Foix depuis 1398.
(129). Bernard VII, comte
d'Armagnac.
(130). Charles Ier, sire
d'Albrel, alors connétable de France.
(131). Regnault IV, sire
de Pons. (Voir Massiou, Histoire de la
Saintonge et de l'Aunis, Saintes, 1846, 4 vol. in-8°, t. III, p. 518.)
(132). Jean de
Harpedanne, seigneur de Belleville, vicomte d'Aunay, sénéchal de Saintonges. I1
vivait encore en 1430. (Voir son testament, daté du 22 juin, dans Massiou, Histoire de la Saintonge et de l'Aunis, t.
III, p. 268.)
(133). Dans la liste
contemporaine des seigneurs de France présents au siège de Bourg ne figure pas
Archambaud de Grailly, comte de Foix, ici mentionné (Arch. mun. de Bordeaux, reg. de la Jurade, 12 février 1407).
(134). Ce chiffre
correspond assez bien à celui de six mille hommes d'armes donné par les
chroniqueurs. (Voir Flourac, Jean Ier,
comte de Foix, p. 35.)
(135). La Petite chronique de Guyenne est la
seule qui donne aussi exactement les dates extrêmes de cette opération. Le
Religieux de Saint-Denis fixe l'ouverture du siège au 31 octobre 1406: «... a
vigilia omnium sanctorum... » (t.
XXVII, ch. XV, éd. Bellaguet, t. III, p. 450). La Chronique ou Journal du siège
de Blaye et de Bourg en place la levée au 14 janvier 1407: «... entro que à
divenres après sent Ylari... » (Arch.
hist. du dép. de la Gironde, t. III, p. 180.) La fête de saint Hilaire, évêque
de Poitiers, est portée au 13 janvier dans les Acta Sanctorum.
(136). Bernard de
Lesparre, seigneur de la Barde, sénéchal anglais d'Agenais (Rymer, 23 avril
1401), chargé de la défense de Blaye lors de l'approche du duc d'Orléans. (Arch. mun, de Bordeaux, registre de
la Jurade, 10 août 1406.)
(137). Ce combat naval,
selon le Religieux de Saint-Denis (l. c),
fut livré le 23 décembre, et, selon la Chronique ou Journal (l. c), à la hauteur de Saint-Julien
de Médoc (en amont de Pauillac). La Petite
chronique, comme on voit, ajoute au récit quelques détails.
(138). Henri V, roi
d'Angleterre depuis 1413, fils de Henri IV.
(139). Henri IV, roi
d'Angleterre, iils de Jean de
Gand, duc de Lancastre.
(140). Thomas, duc de
Clarence, fils de Henri IV, tué à la bataille de Baugé
en 1421.
(141). John, dit de Beaufort, comte de Dorset, fils de Jean de
Gand, duc de Lancastre.
(142). La Petite chronique confond ici, comme il
est facile de voir, les deux descentes de Henri V en Normandie, celle de 1415,
marquée par le siège et la prise de Harfleur (22 septembre) et celle de 1417,
signalée par la conquête de Caen (4 septembre) et de toute la Normandie.
(143). Cet événement ne
peut se rapporter qu'à l'année 1412. C'est en effet à cette époque que
Walsingham place l'expédition du duc d'York, du duc de Clarence et du comte de
Dorset, en Guyenne, après leur infructueuse attente en Normandie, où ils
avaient débarqué à la suite du traité secret conclu avec le parti d'Armagnac :
« recesserunt duces nostri in Aquitanniam, illic hyematuri,.. » (Historia anglicana, éd. Riley, t. II, pp. 288-9, dans la collection des Chronicles and Memorials of
(144). Edouard, duc
d'York, fils d'Edmond, dit de Langley, duc d'York et fils d'Edouard III.
(145). Barbezieux était
ville française en octobre 1406 (Champollion, Lettres de rois, de reines, t. Il, pp. 320-4: c'est 1406, et non
1407, qu'il faut lire à la date de la pièce).
(146). Sonbise, à
l'embouchure et sur la rive gauche de la Charente (Charente-Inférieure, arr. de
Maronnes, cant. de Saint-Agnant). Cette place avait été enlevée en 1371 aux
Anglais. (Voir le récit de Froissart, ad ann. 1371, éd. Kervyn de Lettenhove,
t. VIII, p. 148.) En 1413, elle est encore reprise sur eux par Jean, duc de
Bourbon (Juvénal des Ursins, dans Godefroy, Historiens de Charles VI, ad ann. 1413). Ces faits s'accordent
donc bien avec l'hypothèse de la prise de la ville par le duc de Clarence, en
1412, relatée ici par la Petite
chronique.
(147). Faut-il identifier
cette localité avec Biron, entre la Charente et la Seudre? (Charente-Inférieure,
arr. de Saintes, cant. de Pons.)
(148). Il ne peut s'agir
ici, dans ce paragraphe et les deux suivants (cf. par. 78), que de fondations
particulières à Bordeaux.
(149). On sait que l'institution des Dominicains remonte à 1216,
et celle des Franciscains à 1208. Il est curieux de remarquer que la Chronique romane du Petit Thalamus place la fondation de
ces deux ordres, de même que la Petite
chronique, sous la rubrique d'une même année, fautive d'ailleurs comme
exactitude (1206). Cette même nature d'erreur est à noter et à joindre à ce
qui a été dit plus haut sur la similitude des deux ouvrages. (Voir ci-dessus p.
55, n. 3.)
(150). Bertrand de Got,
archevêque de Bordeaux (1300), pape sous le nom de Clément V (5 juin 1305),
mort le 20 avril 1314.
(151). Uzeste, sur le
Ciron (Gironde, arr. de Bazas, cant. de Villandraut). Le tombeau de Clément
V.s'y voit encore.
(152). Cette expression,
qui indique nettement la nationalité du chroniqueur, est à rapprocher de celle
par laquelle il désigne Richard II : « lo rey Richart Guascon » (par. 75).
(153). Arnaud III de
Canteloup, remplacé dans le cours de la même année 1305 par Arnaud IV, de la
même maison.
(154). Cette mention de
la Petite chronique, relative à
la descente des routiers en Guyenne en 1435, explique leur apparition en Limousin
dans le cours de cette même année. L'historien de cette province, le P. de
Saint-Amable, avait affirmé leur venue devant Bordeaux, probablement d'après les
registres perdus de l'hôtel de ville de Limoges, mais avec un anachronisme, en
plaçant ce fait en 1436 (Hist. de
saint Martial, apôtre des Gaules, et notamment de l'Aquitaine et du Limousin, citée
par Quicherat, Rodrigue de
Villandrando, p. 116, n. 1). M. Quicherat (pp. 113-7) fait rester
Rodrigue dans le Limousin et signale sa présence à Meymac, Ussel,
Saint-Exupéry, sur le plateau situé entre la Corrèze et la Dordogne (Corrèze,
arr. d'Ussel); mais il reconnaît que le projet de porter la guerre en Guyenne «
cadrerait très bien avec la situation de 1435 s (p. 117). Le passage de la Petite chronique permet désormais de
combler cette lacune et d'affirmer que le plan fut exécuté. Quant à la date de
la descente des routiers en Guyenne, elle doit se placer entre les mois de juin,
où Rodrigue était déjà en Limousin (p. 114), et le milieu de septembre, où il
campait devant Tours (p. 119, et pièce just. XXXIX).
(155). Cette réflexion
d'un contemporain, ainsi que les bruits populaires relatés par lui, sont
intéressants à noter.
(156). M. Quicherat a
placé au commencement de 1438, après le séjour de Rodrigue en Bourgogne (pp.
147-150), la prise de Fumel, d'Eymet, d'Issigeac et de Tonneins, c'est-à-dire
l'occupation du pays entre le Dropt, la Garonne et le Lot (pp. 150-1). Il ne
mentionne nulle part La Sauvetat. D'après la Petite chronique, il faudrait plutôt faire remonter ces faits au
commencement de 1437, à la fin de l'expédition conduite par Rodrigue devant
Albi en 1436, pour ramener l'archevêque Robert Dauphin dépossédé de son siège.
Les routiers étaient encore en Albigeois en déc. 1436 (Quicherat, p. 131, n.
3), devant Béziers à Noël (Registres de la maison consulaire de Béziers,
publiés dans le Bulletin de la Société
archéologique de Béziers, t.1er, 1836, pp. 317-21), et devant Cordes, au
milieu du Rouergue (Tarn, arr. de Gaillac, ch.-l. de cant.), en janvier 1437 (Quicherat,
pp. 133-5 et pièce just. XLVII).
(157). Fumel, sur le Lot
(Lot-et-Garonne, arr. de Villeneuve-sur-Lot, ch.-l. de cant.).
(158). Dans la région
alors occupée par les bandes de Rodrigue, entre le Dropt, la Garonne et le Lot,
se trouvent deux localités de ce nom. La Sauvetat-sur-Lède (Lot-et-Garonne, arr.
de Villeneuve-sur-Lot, cant. de Monflanquin) est plus rapprochée de Fumel. La
Sauvetat-du-Dropt (Lot-et-Garonne, arr. de Marmande, cant. de Duras), est
située immédiatement au-dessous d'Eymet.
(159). Liards.
(160). Clairac, sur le
Lot, à peu de distance de son confluent (Lot-et-Garonne, arr. de Marmande,
ch.-l. de cant.).
(161). Charles II, sire
d'Albret.
(162). L'abbaye dont il
s'agit est celle de Saint-Pierre de Clairac. Les auteurs de la Gallia christiana ne citent malheureusement
aucun nom d'abbé entre Jean II, mentionné en 1373, et Pons de Salignac, signalé
en 1462 (Gall. christ.,
t. II, col. 943).
(163). Ce passage doit
être évidemment entendu en ce sens que le sire d'Albret et Rodrigue avaient mis le siège devant la place, qui leur fut livrée
par l'abbé. Ce fait de la vie du célèbre routier ne parait mentionné par aucune
autre chronique.
(164). Jean, seigneur de
Saintrailles, le célèbre Poton de Saintrailles.
(165). Gilles, bâtard
d'Albret, fils naturel de Charles II, sire d'Albret.
(166). Soulac, à
l'extrémité de la presqu'île de Médoc (Gironde, arr. de Lesparre, cant. de
Saint-Vivien).
(167). Cette grande
opération militaire était combinée depuis longtemps entre la Castille,
Saintrailles et Rodrigue. Ces deux capitaines devaient se joindre sous les murs
de Bordeaux (voir Quicherat, Rodrigue
de Villandrando, pp. 147, 151-60). La Petite chronique n'ajoute, comme détails, que la présence du
bâtard d'Albret et le pillage de Soulac.
(168). John Holland,
comte de Huntingdon, plus tard duc d'Exeter.
(169). La précision de la
date assignée à ce débarquement est à noter. D. Vaissete (t. XXXIII, ad ann.
1439) dit que le dauphin, parti de Toulouse, apprit à Lavaur, le 29 juillet, la
descente du comte de Huntingdon à Bordeaux.
(170). Cf. par. 61 et 73.
(171). Cette expédition
est connue de tous les historiens de l'époque sous le nom de journée de Tartas.
(Voir Vallet de Viriville, Histoire de
Charles VII, t. II, pp. 438-40.)
(172). Le dauphin Louis,
Louis XI.
(173). Jean II, comte
de Foix.
(174). Bernard, comte de
Pardiac, second fils de Bernard VII, comte d'Armagnac.
(175). Charles II, sire
d'Albret.
(176). Jean, comte de
Lomagne, plus tard Jean V, comte d'Armagnac, fils de Jean IV. Sa présence à
cette chevauchée est à signaler.
(177). Etienne de
Vignolles, le célèbre La Hire.
(178). Après la journée
tenue sous les murs de Tartas, le 24 juin, Saint-Sever fut pris
le 29 (D. Vaissete, t. XXIII, ad ann. 1442).
(179). Thomas Rampston,
sénéchal anglais de Bordeaux.
(180). La ville de Dax
fut prise le 3 août. Voir sur cette date, qui tranche la discussion soulevée
par D. Vaissete (l. c), le
journal de Thomas Bekynton (Official
correspondance of Thomas Bekynton, secretary to king Henry VI and bishop of
Bath and Wells, éd. George Williams, t. II, p. 196 et 236-7, dans la
collection des Chronicles and
Mémorials.... 1872).
(181). Thomas Bekynton (l. c.) cite parmi les défenseurs de
Dax Augerot de Saint-Pierre et le seigneur d'Uza, dont il est difficile de
déterminer l'identité. (Uza, Landes, arr. de Dax, cant. de Castels, comm. de
Lévignac.)
(182). La ville de la Réole était prise avant le 6 août 1442,
ainsi qu'il résulte d'une lettre de Jean, comte de Lomagne, datée de ce jour,
et demandant des secours contre un retour offensif des Anglais. (Publiée par M.
Tamizey de Larroque dans les Archives
historiques du département de la Gironde, t. VII, pp. 347-8.) Le château
de la Réole ne tomba au pouvoir des Français que le 8 décembre. (Vallet de
VirivMe, Histoire de Charles VII, t.
II, p. 440.)
(183). Le personnage que
la Petite chronique dis
sous ce nom était un routier anglais célèbre. C'était lui qui occupait
Fumel, avec la connivence de Jean IV, comte d'Armagnac, quand cette place fut
enlevée par Rodrigue de Villandrando, à la fin de 1437 ou en 1438. (Quicherat, Rodrigue de Villandrando, p. 150.
Voir la discussion ci-dessus.)
(184). Jean, seigneur
d'Anglade. (Cf. Arch. hist. du dép. de
la Gironde, t. VII, p. 349.)
(185). Ce personnage n'a
pu être identifié.
(186). Ces détails sur la
prise du château de la Réole semblent particuliers à la Petite chronique.
(187). Ces détails
climatériques ne figurent pas dans la Chronique
bordelaise de G. de Lurbe.
(188). Il est curieux
d'ajouter au texte de la Petite
chronique la note sur la population de l'Angleterre, dont il a été parlé
plus haut. En voici le texte :
So es assaber que en Anglatera son e y a per
conte gleisas paropyanaus .XLV. milia e .XI.
Item y a per conte bilatges de caminas .LII. milia e .IIIIXX.
Item y a de contatz .XXXVI. e
med contat.
Item y a maysons de cabaleys e de barons
fasens au rey omenatge que monta .LXta.
Mlia.
Item y a mayssons de relegios coma de
caparans, de monges, de calonges blanx, de frayres, de tota autra condision de gent
de gleysa y a de que monta .XXXVIII. milia e .XV.
Germain
Lefèvre-Pontalis.