(1)
Le
document manuscrit d'Ernest Gaullieur
(2)
Transcription du texte d' Ernest Gaullieur :
Bibliothèque impériale de St Pétersbourg
Lettres inédites du marquis de Villars (suite)
Dans la marge gauche, écrit verticalement (en rouge) :
Philippe Strozzi, né à Venise en 1541, mort à la bataille navale des Açores en 1582.
N° 16 – Lettre de Villars à la reine-mère d’Agen, 17 octobre 1572.
Relatives aux opérations de la guerre en Quercy
N° 17 – Lettre du même au duc d’Anjou, même date, idem
N° 18– Lettre du même au duc d’Anjou, 18 octobre 1572.
« Sire, par votre lettre du quatriesme de ce moys Vostres Majesté
« trouve bon que je me soys acheminé en ce pays d’Agenais où aussi est venu
« Monsieur de Montpelat cognaissant le lieu le plus propice pour votre service
« qu’à Bourdeaulx où toutes choses sont en sécurité. Par icelle, Sire, j’ai
« cogneu le contentement qu’avès Monsr de La Valette qui est avec
« grande occazion. Certenement il vous a faict de très grands services
« mesmement en ce temps d’avoir asseuré Letoure (Lectoure) ??? le service de
« Vtre Mté, estant la place de toute la Gascogne de plus grande consequence
« aux affaires qui se presentent ; et mérite bien qu’il vous plaira avoir
« ce de luy fere plus de bien plus qu’il n’a
« Quant aux désordres qui se sont faictz en Saintonge, je m’assure, Sire,
« que le seigneur Strossy y saura si bien pourvoir (sic) que je croy Vtre
« Mté en aura contentement.
« Sire, il n’y a rien plus certain que grande quantité de ceulx de la
« nouvelle oppinion font demonstration de ce (se) repentir de ce qu’ilz ont
« faict pour (par) le passé : despuys que je suys en ces quartiers, ceulx de
« Brageyrac, sainte-Foy, Thonens et Clayrac, où il n’y avoit poinct de
« catoliques, si peu que rien, la plupart vont à la messe et se contiennent
« en leurs maisons, sans vouloir adhérer aux feux de Montoban ; au
« contrere, aulcuns d’eux m’advertissent de ce qu’ilz peuvent aprandre
« qui soict contre le service de vostre Majesté.
« Une partie de ceulx de Nerac et du Mas d’Agenoys et plusieurs
« autres places du Roy de Navarre en font de mesmes : et ne tient
« à persuader toutz les autres de prandre exemple sur eulx. Baillant
« pour cet effect ordinerement des sauvegardes suyvant ce qu’il a pleu
« à votre Majesté me commander, desquelles j’ay baillé si grande quantité
« que je n’en say le nombre. Toutefoys j’en tiens le registre pour chattier
« ceulx qui en abusent, tumbent entre mes mains
« Sire, par les deux dernieres despesches que j’ay faictes à Votre Majesté
« je vous ay amplement faict entendre la mauvaise volonté de ceulx de ces
« villes de Montauban, sainct-anthonin et Milhau, comme ilz continuent
« à coure, pilher et surprendre voz places ; que le Sr de Serinhac, com-
[verso]
« mande audit Montauban, le baronde Panat à Milhau, le vicomte
« de Gourdon [à St Anthonin] ; de leurs grands cappitaines, le dict Serinhac
« qui est dict Sr de Terride, ces gens par son commandement font des
« mandements à vos bons subjects et faict toute demonstration de guerre
« Sire, pour empescher leurs desseings, je me diligente d’assembler des
« forces suyvant qu’il apleu à votre Majesté me commander et bailler par instruc-
« tion pour leur courre sus et tailler en pièces, ce que je feray au plus tost
« quand j’en auray le moyen … et ne faut poinct que j’espère avoir rien d’eux
« par douceur.
« Ilz se font acroyre que j’ay faict jouer le jeu à Thoulouze,
« Bourdeaulx et aultres lieux ; que sans cela ils avoient deliberé envoyer
« vers moy, pour hobeyr aux commandemens de Vtre Majesté
« au moment où leur arriva la nouvelle du massacre des protestants à Toulouse
« Bordeaux, Dax, St Sever, Blaye etc.). Toutefoys, Sire, j’ai sceu tout le
« contrere : leur deliberation a toujours esté de se conduire comme ceulx
« de La Rochelle. Ils sont bien foulx de prandre exemple à ceulx-là
« Ilz n’ont point de poste derriere et sont enclavez de touts coustés, de
« sorte que s’il plaict à Vtre Majesté me faire pourveoir d’artilherie avec
« ce que je vous ay demandé par mes precedentes despesches, j’espère d’en
« avoir bien tost la raison et les chastier avec leur cappitaine qu’on
« savé (ou peut être seur pour assurance) que Vtre Majesté en aura contentement
« quelque choze qu’ilz facent. Il en revient toutz les jours quantité (déserteurs).
« Il me semble, Sire, pour le repoz de Vtre Majesté et soulaigement de voz subjectz
« que ne pouviés prandre meilleure resolution que celle qu’il vous a pleu me mander
« et ne souffrir plus à l’advenir qu’une religion en voz reaulmes. Ce faisant
« Sire, en peu de temps vostre Justice et ministres seront reverés, hobéis et honorés :
« de façon que par ce moyen Dieu nous randra le bon temps qui s’est si longuement
« perdu, à l’occasion de ces malheureux heretiques …
« Sire, j’ai veu par vostre lettre la deliberation qu’il vous plaict prendre d’hoster
« les abuz qu’on a faict entendre à Votre Majesté que le feu dernier admyral
« (Coligny) permettoit estre faicts tant de luy que des officiers (Villars venait
d’être nommé à cette charge) …………..
« Sire, je n’eusse failly, suyvant le commandement que j’ay receu presentement
« de Votre Majesté, de comuniquer avecques Monsr de Lagarde pour le faict de
« Brouage et ce qu’il me mande, il est party de Bourdeaulx pour se
« rendre à Votre Majesté ».
Melchior des Prez, seigneur de Montpezat et du Fou en Poitou, gendre du marquis de Villars et suppléant de son beau-père dans le gouvernement de la Guyenne. Il meurt à Agen le 17 décembre 1572.