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Le
document manuscrit d'Ernest Gaullieur
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Transcription du texte d' Ernest Gaullieur :
Bibliothèque impériale de St Pétersbourg
Lettres du marquis de Villars (suite)
N° 13 – Honorat de Savoie au roi, d’Agen à ( ?), 15 octobre 1572. Ceux (les huguenots) de
Montauban et autres villes du Rouergue « prennent viles et chasteaulx, saccagent,
pillent et tuent les catholiques, et pour se renforcer recoivent a Montauban
tous ceux qui s’y veulent retirer. Villars rassemble 50 compagnies, Camberac,
Saint-project, Saint-Orens, Loys Jordon et aultres. Ce qui lui manque
ce sont « les deniers et l’artillerie ». Il se loue extrémement des bons services de
M. de Masparraulte, maitre des requêtes de l’hôtel du roi, « pour le faict
des finances », et pour les vivres dont il a la superintendance. Par un
post-scriptum il annonce au roi que ce dernier vient de lui procurer 25,000 livres
pour la solde des troupes. Suscription : « Au Roy » et cachet aux armes de villars
surmonté de la couronne comtale
N° 14– Importante lettre de Villars à catherine de Médicis, d’Agen le
15 octobre, c.à.d. à la même date que la précédente. Honorat de Savoie,
qui n’a pas soufflé mot à Charles IX des massacres récemment accomplis dans le
Midi, parle à la reine-mère à cœur ouvert.
« Madame, Je vous ay adverty par le Sr de Cornusson bien
« amplement de ce qui se passoit par decà [la Garonne] ; depuis, ceulx de Millau
« Montauban, Sainct Anthonin ont continué a courre le pays, prins
« des places qu’ilz font fortiffier, prisonniers et aultres demonstrations de guerre
« encores qu’ilz eussent commencé avant mon arrivée en deça. Si est-ce
« qu’ils se couvrent (qu’ils s’excusent) sur ce qui a esté faict à Thoulouze,
« Bourdeaulx, Sct Sever, Dacqs et Bazas, ce qui me semble avoir
« esté executé mal à propoz ( les massacres des 3 et 4 octobre) Puisqu’ils
« avoient à le faire, Madame, ils ne devoient attendre ma venue à jouer
« le dict jeu dez lendemain que le fus arrivé, et ne veulx celler à vostre
« Majesté que je croy fermement qu’on l’a faict déliberement pour
« m’empescher de mectre ce pays en repoz (de pacifier la Guyenne) vous asseu-
« rant, Madame, que je ne plains poinct ceulx qui ont esté thués. Je ne suys
« que marry (faché) qu’il n’y en a davantaige ! mais il le falloit
« faire plus à propoz. Que pleust à Dieu qu’il n’y eust homme
« vivant en ce Royaume, qui ne fust bon, fidelle, serviteur de vostre
« Majestez ! » ( Ainsi la St-Barthelemy et les massacres du midi ne suffisaient pas à Villars)
« Madame, voyant que je suis contrainct prendre les armes ou leur laisser
« faire tout ce qu’ilz veulent, s’il vous plaist Vostre Majesté ne trouvera
[verso]
« mauvais que j’aye desjà commencé à bonnescient, espérant
« en peu de jours avoir plus de cinquante enseignes levées, desquelles
« aucunes seront mises en Rouergue et Quercy pour leur empescher
« leurs dampnées volontez. Les autres je les prendray avec le peu de
« gendarmerye que j’ay et la noblesse qui n’est petite, que j’estime plus
« que toutes mes autres forces, qui est si courageuse et pleine de bonne
« volonté, que je m’estime heureux de combattre avec eulx, ce que
« je puis vous asseurer , Madame, que je feray, si je les trouve en campa-
« gne sans estrangers. Aussi se retirant dans les places qu’ils tiennent,
« comme je crois qu’ils feront, mon entreprise sera vaine, s’il ne vous
« plaist, Madame, commander à Monsieur de Biron de me pourveoir
« d’artillerye, poudres, boulets, commissaire et cannoniers, n’ayant
« rien de tout cela, Vostre Maiesté scait qu’on ne peut forcer le moindre
« fort qu’il soit. M’en faisant pourveoir, comme je mande à Monsei-
« gneur, j’espère que bientôst je vous defferay de cette vermine.
« Madame, aux articles que je presentay au Roy, l’un m’a respondu
« prendre de l’argent sur le païs, qui seroit remboursé aussi sur
« ceulx de cette fâcheuse opinion, qui continueraient à estre
« rebelles. Suivant ceste permission, j’en fais lever :