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LES JURADES DE LA VILLE DE BERGERAC
tirées des Registres de l'Hôtel de Ville
Par G. Charrier

1895

 

TOME IV 1578-1598

 

 

TABLE DES MATIÈRES

 

 

Année 1576-1577                              1

Notes extraites d'un manuscrit intitulé: Cahier contenant l'ordre observé pendant les troubles par les consuls. - Préparatifs de défense. - Ordre de fermer les boutiques au jour de prêche, sous peine de cent livres d'amende. - De Lacoste envoyé par le roi de Navarre pour réparer les fortifications. - Ruines des couvents. - Garnison. - Clocher Saint-Jacques. - On fond des pièces de canon. - Lapalanque. - Peyrarède. - Ordre de porter en ville tous les vivres qui sont dans les maisons des forains. - Don du roi de Navrare pour activer le travail des fortifications. - Taille. - Moulins à bras. - Eyma. - De Saint-Geniès. - Le duc d'Alençon, gouverneur. - Conférences de Bergerac. - Leur date exacte. - Extraits de l'ouvrage du docteur Rennes. - Histoire du protestantisme à Bergerac.- Paix conclue à Bergerac.

 

Année 1577                                         24

Dépenses diverses. - Lettre de M. de Saint-Geniès. - Lettre de J. Duché. - De Bourdeille, sénéchal. - Lettre de Mme Saint-Geniès.

 

Année 1578                                         35

Lettre de de Vivant. - Lettre de Malaprade. - Lettre de M. de Longa. - Lettres de Lussas. - Lettre de Catherine de Médicis. - Budget.

 

Année 1581                                         44

Lettre du roi de Navarre. - Lettres adressées par divers aux consuls de Bergerac, après la prise de Périgueux. - Maréchal de Matignon. - Lettre de madame de Salignac à madame des Bories. - Lettre de de Fayard. - Lettre du roi de Navarre. - Lettre des consuls de Sainte-Foy. - Avertissements divers. - Lettres des consuls d'Issigeac. - Lettre du roi de Navarre.

 

Année 1582                                         62

Dépenses faites par M. de la Rivière et le ministre Bordat, pour aller à Coutras, voir le roi de Navarre et le prince de Condé. - Lettre de Henri de Bourbon. - Lettre des consuls de Sainte-Foy, affaire de Monségur. - Lettre du roi de Navarre au capitaine Guy.

 

Année 1584                                         70

Garde de la ville. - Entrée des vins à Libourne. - Pont de Dordogne. - François Planteau, receveur de l'hôpital. - Bourreau. - Affermes diverses. - Ordonnances diverses. - Inventaire des meubles et immeubles de la Maladrerie. - Inventaire des meubles de l'hôpital.- Lettre des consuls au duc d'Epernon.

 

Année 1585.                                        84

Inventaire des meubles appartenant à la communauté, qui sont chez le principal du collège. - Jean Eyma, syndic des marchands. - Consuls exempts des divers droits. - Bourreau. - Belrieu, bailli, ses usurpations. - Gentilshommes présents à la jurade. - Lettre de M. d'Aubeterre, sénéchal. - Ordonnances diverses. - Planteau achète des poudres. - Maitre arquebusier d'Eymet. - Inventaire des munitions. - De Favars député par le roi de Navarre, assiste à la jurade. - Fortifications. - Lacoste, maréchal-des-logis du roi de Navarre. - Gages du maître des hautes oeuvres. - Avertissement donné par le roi de Navarre. - Ordre aux habitants qui sortent de la ville, d'y rentrer le soir. - Taxe du vin. - Pont de Dordogne. - Garde des clefs de la ville. - Fortifications. - Capitaine Jaure. - Emprunt de mille livres. - Achats de poudres. - Allen, gouverneur. - Jurade tenue dans la maison d'un des consuls. - Travail aux fortifications. - Jurade tenue dans la maison de Peyrarède. - Jurade tenue dans le temple. - Budget de l'année 1583-1584. - Jurade tenue dans la maison du consul Fonmartin.

 

Année 1586                                         128

Lettre de bourgeoisie du bourreau. - Cent hommes de garnison au Faubourg de la Madelaine. - Achat de la maison et du jardin du bourreau. - Ordre aux habitants de se munir de blé pour quatre mois. - Imposition sur le vin. - Affermes. - Demande de M. de Turenne. - Les consuls se partagent la surveillance des fortifications. - Planteau chargé de faire porter les fascines aux fortifications. - Castillon assiégé par le duc de Mayenne. - Baduel, minisire. - Lambert, ministre. - La ville de Bergerac et celle de Sainte-Foy promettent de s'aider en cas de siège. - La peste à Limoges. - Défense de trafiquer avec Bordeaux et Libourne. - Berthol, ingénieur, fait le tracé des fortifications. - Juges de police. - Du Plessy. - Siège présidial. - Précautions prises contre la peste.

 

Année 1587                                         145

Pestiférés. - Couvents. - Gages des pasteurs. - Fontaines. - Le roi de Navarre ordonne de continuer les fortifications. - Taille ordonnée par le roi de Navarre. - Turenne. - Reitres. - Affermes diverses. - Contrat passé entre les consuls, le barbier et l'apothicaire, pour le pensement des pestiférés. - Gages payés au barbier et à l'apothicaire. - Compagnies envoyées à Montflanquin. - De Puissade. - Château de Naillac et de la Beaume. - Panissaut. - Assemblée des réformés à Lalinde. - Conservateurs de la santé. - Dispute avec un lépreux. - Baduel ministre. - Voyage à Montauban. - Turenne devant Sarlat. - Demande de poudre. - Gages des ministres. - Lettre de Feydeau. - Lettres des consuls de Montflanquin annonçant que M. de Matignon passe la Garonne avec son armée à Port-Sainte-Marie. - Lettre de Montflanquin annonçant que le maréchal de Matignon vient coucher à Cancon, et qu'il a avec lui 120 échelles. - Lettre de Turenne. - Lettre de Caumont La Force.

 

Année 1588                                         172

Subvention des reitres. - Sourzac. - Peste à la métairie Eyma. - Pierre Potier, fond des pièces de canon. - De Caumont gouverneur de la ville. - De Charron. - Les consuls de Sainte-Foy imposent les marchandises passant devant leur ville. - Réclamation des consuls. - Prieuré Saint-Martin. - Rentes consenties par divers seigneurs en faveur du collège. - Pêcheries. - Ponts de Caville et de Pombonne.- De Pierrefite envoyé par le roi de Navarre. - Assemblée des églises à Bergerac. - Nouvelle demande, subvention des reitres. - Chauveton, ministre. - Quatre cents livres de liards. - Bourgeoisie. - Dépenses diverses. - Budget. - Lettre adressée au roi de Navarre. - Lettre du roi de Navarre ordonnant qu'une chambre de justice souveraine, sera établie à Bergerac. - Lettres de Cacaud. - Lettre de Feydeau. - Lettre du roi de Navarre. - Sommes payées par les diverses communes pour les frais faits par les députés aux Etats tenus à la Rochelle. - Lettre de Turenne. - Lettre de G. Loyseau. - Lettre écrite par les consuls de Bergerac et de Sainte-Foy à M. de Turenne. - Démolition des églises de Lembras et de Queyssac. - Lettre de Turenne. - Lettre du roi de Navarre. - Mémoires dressés par les habitants de Bergerac, pour les présenter aux Etats tenus à la Rochelle. - Mémoires particuliers devant être présentés au roi de Navarre. - Recettes et dépenses diverses.

 

Année 1590                                         246

Prière faite avant la jurade. - Construction du clocher Saint-Jacques. - Collège. - Cènes. - Affermes diverses. - Lambert, ministre de Sainte-Foy, député vers la cour. - Monbaron ministre. - Pêcherie. - Chauveton principal du collège. - Refus d'assister au colloque de Sainte-Foy. - Bourgeoisie. - Afferme des pêcheries. - Vivres et munitions fournis pour le siège de Mussidan. - Reçu donné par les diacres de l'église de Bergerac, au prieur de Saint-Martin.

 

Année 1591                                         261

Régents. - Horloge. - Demande de ministres au synode du Béarn. - Fort de Minard. - Charité. - Le maréchal de Matignon à Bergerac. - Recettes et dépenses diverses. - Aventuriers. - Budget. - Lettre du maréchal de Matignon. - Lettre de Ch. de Biron. - Nouvelles de France. - 1592. - Recettes et dépenses diverses. - Budget. - Lettre de Catherine soeur du roi. - Siège de Castillonnès. - Lettres patentes de Henri IV.- Lettres diverses concernant le siège de Castillonnès. - Lettre de Turenne. - Lettres de Caumont de La Force. - Lettres du maréchal de Matignon. - Lettres de Biron. - Siège de Domme. - Prise da Villefranche-de-Belvès par les ligueurs. - Lettres des consuls de Montpazier. - Lettre de M. de Boisse. - Lettre du pasteur Antoine Mermet. - Lettre de Dupeyrou. - Lettre de M. de Rignac. - Sommes dues par le duc de Bouillon au collège. - Lettre de M. de Beynac (collège). - Lettre du pasteur Bessotie. - Lettre écrite de Montflanquin. - Lettre de M. de Caumont annonçant la tentative d'assassinat faite par Jean Chatel. - Lettres de M. de Bourdeilles. - Lettre du consul de la Rivière. - Lettre de Madame de La Force.

 

Année 1596                                         349

Vers trouvés dans ce livre de jurades. - Jurats. - Gages des ministres. - Revenus divers. - Synode de Pau. - Pasteur Dyserotte. - Pont de Dordogne. - Ordres aux bourgeois retirés à la campagne de rentrer en ville. - Cotisation imposée pour les gages des pasteurs. - Promesse faite au secrétaire du seigneur de La Force. - Lettre du pasteur Magendier. - Assemblée de Tonneins. - J. Eyma délégué au synode de Pau. - Pierre Boisson, architecte. - Première pierre du château de La Force. - Entrée des vins. - De Saint-Houyn. - Les consuls de Sarlat demandent communication de nos privilèges. - M. de Cazes. - Demande du ministre Majendier. - Armoiries de la ville (prix fait.)

 

Année 1597                                         363

Prétention de M. Eyma. - Réparation au pont de Dordogne. - Cotisation. - Pasteurs. - Jean Rolhas, prieur de Saint-Martin. - Cimetière. - Tours de la ville. - Afferme de l'herbe des fossés de la ville. - Charité. - Gages des régents du collège. - Demande du duc de Bouillon. - Escodéca de Boisse. - De Cazes. - Demande d'un pasteur. - Noms de divers jurats. - Etienne Trélier. - Antoine Vernoy, imprimeur. - Editions diverses des coutumes de Bergerac. - Lettre d'Etienne Trélier. - Intrigue pour la nomination du maire. - Pineau pasteur. - Bordiers et mendiants.

 

Année 1598                                         382

Mesures prises contre les mendiants étrangers. - Définiteurs des pauvres. - Pineau, pasteur. - Impôt levé sur les marchandises passant devant Sainte-Foy. - Demande d'un étudiant et d'un imprimeur. - Reçus divers. - Collation offerte à M. de Caumont. - Délibération du Consistoire. - Menu du repas, que s'offrirent les consuls.

 

Fin de la Table du quatrième volume.

 

 

 

 

 

 

 

p. v

Nous n'avons pas vu l'utilité de donner une Préface à ce quatrième volume. Toutefois, nous avons cru devoir mettre sous les yeux des lecteurs de notre collection, quelques observations sur les trois volumes déjà parus, faites par M. Dujarric-Descombes, vice-président de la Société historique et archéologique du Périgord et publiées dans le dernier numéro du Bulletin de cette Société:

 

Notre laborieux collègue M. Gustave Charrier, le digne successeur de M. Michel Dupuy à la conservation des archives municipales de Bergerac, poursuit avec succès le cours de la publication qu'il a commencée depuis deux ans, des extraits des livres mémoriaux de cette ville. C'est le troisième volume de cette inappréciable collection qu'il vient d'offrir à la Société historique et archéologique du Périgord.

 

p. vi

A l'occasion du premier recueil relatif aux événements accomplis à Bergerac depuis le XIVe siècle jusqu'à la fin du siècle suivant (1), nous nous sommes livré à quelques critiques de détail que la difficulté de lire les textes romans pouvait justifier. Mais aujourd'hui, en présence de documents français, choisis avec un discernement qui lui fait le plus grand honneur, nous n'avons que des compliments à adresser au sympathique éditeur. Le seul tort qu'il ait eu à nos yeux, ça été de consacrer la moitié de sa Préface à une nouvelle discussion au sujet de la lettre écrite devant Mouleydier par Du Guesclin aux consuls de Bergerac, dont, grâce à M. Durand, nous avons pu donner le texte complet (2).

 

(1) Bulletin, tome XIX, p. 441.

(2) Bulletin, tome XX, p. 459.

Nous savons gré à M. Charrier de ses corrections. Pour que le texte donné par nous soit définitif, il y a donc lieu d'y rétablir certaines lettres: r à la place de l dans coussols; a dans la première syllabe de sehurenent; l au lieu de b dans vibvres; m au lieu de n dans prions; d'ajouter un x à Dieu et de supprimer l'r dans mercredi,

 

p. vij

Le nouveau recueil contient les extraits des jurades comprises entre les années 1533 et 1577.

Avant cette période, les consuls de Bergerac n'avaient eu d'autres soucis, comme le fait remarquer M. Charrier, que de conserver dans leur intégrité les privilèges, les franchises et les libertés de la ville.

De graves événements viennent maintenant agiter Bergerac. C'est une véritable révolution qui se produit sous l'influence de la Réforme dans cette riche contrée du Périgord. A travers les délibérations consulaires de ces temps orageux, l'on peut suivre le progrès des idées nouvelles, qui se trahissent d'abord par les plus regrettables excès et font bientôt de si nombreux prosélytes dans

 

Ces quelques mots mal orthographiés ne sauraient altérer le sens de cette lettre historique, qui est rendue inintelligible dans Bergerac sous les Anglais par la suppression de ces mots importants: pour ce que ceux du dedans avoient rompu les trêves. Cette rupture des trêves explique seule la présence du connétable devant Mouleydier. M. Charrier a cru devoir remplacer par des points ce membre de phrase, que la maculation du papier ne lui avait pas permis de lire.

 

p. viij

la bourgeoisie locale, que l'administration de la ville finit par passer dans les mains des protestants.

Dans ces pages mouvementées des annales de Bergerac se presse une foule de détails des plus curieux. Ici, il est question de la réparation des édifices publics, de l'organisation des écoles, de l'établissement de nouvelles charges, des cérémonies religieuses, des procès de la ville, du premier livre sorti de la première presse.

Là, des dépenses occasionnées par le passage du roi de Navarre, la réception de Charles IX, auquel Bergerac doit la création de son collège; l'envoi de députés vers de hauts personnages, comme pour rentrée à Périgueux de l'évêque Jean de Lustrac (et non de Lestrac); plus loin, les conférences de la paix dite de Bergerac qui devait arrêter pour un temps une guerre fratricide, etc.

M. Charrier a été bien inspiré en joignant aux jurades qui se rapportent à ces événements de la fin du XVIe siècle, la copie de lettres des principaux personnages amenés par les circonstances à

 

p. ix

jouer un rôle, comme François 1er, Charles IX, Catherine de Médicis, Henri de Navarre et le maréchal de Bouillon.

Il est inutile de redire ici l'intérêt qui s'attache à de pareils documents, qu'on peut appeler humains. Il n'en est pas qui donnent plus d'animation à la chronique du passé; elle leur doit de pouvoir emprunter, pour ainsi dire, aux choses même la couleur et la vie. Ce sont les actes de la vie publique, les institutions sociales et les diverses manifestations de l'esprit qui montrent l'homme et, par conséquent, le peuple, bien mieux que les faits de guerre et les incidents de la diplomatie. On reprend heureusement cette méthode d'écrire l'histoire qui est la bonne, parce qu'elle est la vraie.

Aussi quelle reconnaissance ne doit-on pas aux archivistes qui, comme M. Charrier, mettent aux mains des travailleurs des instruments aussi précieux. Que de temps et de labeur il leur épargne en consacrant ses loisirs à nous révéler un passé qui, sans lui, serait encore enfoui dans les poudreuses armoires

 

p. x

de l'Hôtel-de-Ville de Bergerac! Il est rare de rencontrer des hommes aussi sincèrement pénétrés de l'importance qu'il y a à faire connaître le trésor des archives provinciales qui sont, en définitive, la base la plus sûre d'une histoire nationale complète. La Société historique du Périgord ne peut qu'encourager M. Charrier à persévérer dans sa louable entreprise.

 

A. Dujarric Descombes.

 

p. xi

Ce quatrième volume est, comme ses précédents, illlustré de quatre dessins dûs au crayon de M. L. Bordes.

1° Une vue du Pont de Bergerac et du Faubourg de la Madeleine;

2° Vue de la place Pélissière telle qu'elle est actuellement;

3° Une partie de la rue de la Myrpe, telle que de nos jours, et telle aussi qu'elle devait être très probablement il y a de nombreux siècles.

A droite de la gravure on voit la porte, aujourd'hui murée, par laquelle le duc d'Épernon fut introduit en grande pompe dans la maison qu'il devait habiter pendant son séjour à Bergerac en 1649.

Notre quatrième gravure représente le perron intérieur de la maison où logea

le même duc d'Epernon, Ce perron s'est conservé jusqu'ici sans aucun changement. C'est dans cette maison que fut fondé à Bergerac, en 1845, le premier établissement des Frères des Ecoles chrétiennes, placé sous la direction du Frère Joennice, décédé pendant la deuxième quinzaine de décembre 1894.

 

F.B. La qualité de la copie des images que nous avons reçues ne nous permet pas de les reproduire ici.

 

G. CHARRIER.

Bergerac, le 10 Janvier 1895.

 

 

 

p. 1

LES JURADES DE BERGERAC

Extrait des Registres de l'hôtel-de-Ville de Bergerac

1352-1789

TOME    QUATRIÈME

1576-1577

 

Notes extraites d'un livre manuscrit, qui porte à la première page l'inscription suivante:

(Bte 8. Lse 35. N° 24.)

 

« Premier aoust 1576, Cahier contenant l'ordre observé pendant les troubles, par les consuls de l'année mil cinq cens septante six. »

Ce cahier se compose de 21 pages écrites au recto et au verso; la première note porte la date du 1er août 1576, et la dernière celle du 2 juin 1577.

 

p. 2

Du premier août 1576

Arresté que tous les mercredis matins, après le presche, les consuls s'assembleront pour adviser des affaires de la communaulté de la ville, et qu'il sera faict registre de leurs délibérations; le greffier de la ville y se trouvera.

La porte de Bourbarraud ouvrira ung jour, toute seule, et les portes de la Logadoire et Malbec ensembles ung aultre jour; la porte du pont tous les jours.

Tous les soirs le sergent de la ville sera tenu aller par devers M. de Fonmartin, prendre, par roolle, ceulx qui seront, le lendemain, de garde, et les advertira, dès le soir auparavant, et seront tenus de sy trouver à peine de vingt cinq sols.

Fault faire recouvrir les tours de la Logadoire et Cleyrac.

 

8 Août

Pour l'advenir se ouvrira deux portes de la ville seulement, scavoir: la porte du pont et une des aultres portes par rang.

A chacune porte sera mys, tous les jours, quatre hommes de garde, et ung homme, à la cloche, en sentinelle.

Qu'on fera garde la nuict, de deux escoades, toutes les nuictz, qui seront mises en corps de

 

p. 3

garde, scavoir: l'une à Minard et les aultres à Malbec, et, oultre ce, fairont rondes, toute la nuict, de deux à deux.

Que les quatre, qui garderont les portes, auront charge d'ouvrir et fermer la porte qu'ilz garderont, et rendront les clefs aux consuls.

MM. Grahault et Captal iront devers M. de Gastebois, pour le prier bailler du bois pour la repparation du pont, que son homme promit.

 

21 Août

Le XIme d'aoust 1576, nous sommes assemblés pour déterminer des affaires de la ville, et avons arresté que l'on paieroit les deux chaines de fer, des deux ponts levis de la porte Logadoire, lesquelles ont pezées XXVI livres et ont costées 2 sols 6 deniers la livre, III livres V sols.

 

26 Octobre

A esté arresté, que les consuls ouvriront eux mesmes les portes, et les fermeront, comme, Malbec, le consul Fonmartin, le consul Eymier, la Logadoire, M. Grahault, Monbarraud, et, pour le pont, B. Liton.

Les piques, qui sont ches Jehan de Languier, le consul Cacaud les faira porter au parquet.

 

p. 4

L'artilharie sera menée à l'hospital par M. Eymier.

 

24 Octobre

Les consuls s'assembleront suivant la précédente délibération, les mercredis, yssue du presche, à peyne de dix sols contre le défailhant, sauf abcence ou malladie, qui seront payés aux paouvres.

 

24 Novembre

A esté remonstré pour le faict des arbres de M. de Gastebois; a esté advisé de ne les prendre poinct pour ce qu'il n'en bailloict que trois.

Pour le regard de la maison tenue par M. Brossot, régent, a esté advizé de bailher sept livres pour six mois; accordé par les consuls Fonmartin et Brugière.

 

9 Janvier 1577

Que l'on se trouvera tous les matins, heure de huict, ou après les presches, et aussy après les prières, pour adviser aux affaires.

Que description d'hommes et armes se face par les consuls de chasque quartier.

Pour le regard des poudres, seront visitées par Maleprade et Robert.

 

p. 5

La rompure de la murailhe de Nugon sera faicte et bastie, à la dilligence de Lentilhac et Fornet.

Pour le regard des marchés, se tiendront à la place des Carmes et Jacoppins, et ne laisseront entrer.

Sera faict deffence à tous habitans de ne partir de ceste ville, et aux absens de retourner dans trois jours, à peyne de cinquante livres.

 

10 Janvier

A esté arresté que cent livres seront bailhées au receuveur Eyma, pour les faire tenir â M. de Chouppes.

 

12 Janvier

Sera faict commandement, à tous habitans, de ne serrer, ne retirer personne en leurs maisons, sans le révéler aux consuls.

Sera publié que commandements soient faicts, de fermer les bouticques, au jour de presche, à peine de cent livres, mercredis et vendredis.

 

21 Janvier

A esté arresté que les tours seront planchées, le plus dilligemment que faire se pourra.

 

p. 6

24 Janvier

Sera envoié au roy de Navarre, pour l'advertir de nostre estat, et ensemble a MM. de Sainct Genies et Ségur, personne à pied, envoyée par la ville, et défrayée par le consul Liton, boursier.

A esté arresté qu'il sera publié ne dessendre aucun bled par la rivière, ni par terre, à cheval ni aultrement, geme, rousine, souffre, plomb, ni poudre, fer assier, lard ni suif, à peine de confiscation de la marchandise, et de l'amande arbitraire.

 

31 Janvier

Sur la remonstrance faicte de la venue de l'homme de M. de Turenne, touchant l'ellection du gouverneur, et la commission pour saisir les deniers des éclesiastiques, devers le roy de Navarre, a esté advisé escrire à M. Sainct Genies, par homme exprès, pour le remercier de la charge qu'il luy a pleu accepter, touchant le gouvernement de ceste ville.

A esté arresté que, pour mettre à effet la commission expédiée par le roy de Navarre, pour la saisie des biens ecclésiastiques, ont été depputés MM. Jehan Peyrarède, advocat au siège, et Ramond Robert, lesquels ont receu la dicte commission.

 

p. 7

26 Février

Le dict sieur de Lacoste (1) a dict et déclaré, que, pour le bien de ceste place, il y fault, oultre ceulx qui sont desja faictz, scavoir est, quatre esperons, l'un à Cleyrac, sur la rivière de Dordoigne, le second à Malbec, et le troiziesme à Bourbarraud, et le quatriesme à la Logadoire.

Après, est besoing travailler à l'esperons de la porte des Carmes, et de la porte Logadoire, et réaulser les vieilles tenailhes qui sont du costé de Minard, racoustrer les défences et les mettre en bon estat et en revestir les fondemens, et eslargir et proffondir les fossés.

Comme aussi, avec le temps, il faudra faire une esplanade autour des murailhes, afin de pouvoir manier la picque. Sera advisé aussi, recouvrer des poudres, faire faire quantité de picques, pales et hostes et aultres utilz pour travailher. Faudra advisé de recouvrer des arquebuzes.

 

27 Février

Arresté que, pour adviser et mettre ordre aux affaires, MM. du conseil s'assembleront tous les jours à l'heure de la prière du soir.

 

(1) Lacoste avait été envoyé par le roy de Navarre, pour tracer et conduire les fortifications.

 

p. 8

Qu'il sera arresté, pour avoir en garnison en la présent ville, quarante soldats à pied et six arquebuziers à cheval, soubz la charge du cappitaine Jaure, ausquels sera bailhé, à chascung arquebuzier à pied, pour deux moys, cent sols, et à chascung de ceulx de cheval, sept livres dix sols, que le dict cappitaine Jaure a promis leur advancer, en ce que, dans huict jours, il sera rambourssé.

Sera heu quatre trasseurs, pour rompre les ruynes des couvants, à VIII sols chascung pour jour.

Sera faict deffense, à peine de la vie, de ne prandre querelle dans la ville, et mesmes au corps de garde, à peine de la vie.

Bernard Loubet sera emploié pour aller à la Rochelle, quérir de la poudre.

 

6 Mars

Sur ce qui a esté remonstré par les consuls de la présant ville, que les consuls de Saincte Foy, ceulx d'Issigeac et de la garnison de Grignols, s'enprénent et usurpent grandes sommes de deniers, sur les aydes que le roy de Navarre a bailhé à ceste ville de Bergerac, pour l'entretenement de la garnison et pour les munitions de guerre de la dicte ville de Bergerac. A esté arresté que, M. Jehan Pétasson, sera envoié devers le roy de Navarre, avec mémoires amples,

 

p. 9

pour supplier sa majesté de pourvoir à ce que telles confusions n'adviennent, et que aucuns n'entreprenent, et imposer ne lever, sur les aides de la dicte ville de Bergerac, aucune somme de deniers.

 

7 Mars

Par ordre de la présant ville, a esté arresté qu'il sera dressé troys compagnies des habitans de la présant ville, soubz la charge de M. Dupont, sindic de la dicte ville, à chascune desquelles il y sera estably ung lieutenant.

 

18 Mars

Pour le regard des armes des habitants de la ville, M. Dupont sera exorté d'y pourvoir, et prendre, pour aydes, Doat, Giron Poumeau et Lacombe.

 

31 Mars

Sur ce qui a esté remonstré que, à faulte de paier aux soldatz estrangiers qui estoient en garnison en la présant ville, leur solde, les dicts soldatz s'en sont allés et ont abandonné la ville, en sorte qu'elle est sans garde, aultre que celle des habitans; a esté advisé, qu'il sera pris cinquante soldatz, non suspectz, qui seront soubz la charge de cappitaine.

 

p. 10

4 Avril

A esté arresté, qu'il sera dressé une compaignie soubz la charge de cappitaine (1) formée de vingt cinq soldatz estrangiers, à la paie de X livres par mois, et de cinquante soldatz pionniers, qui n'ont de quoy s'entretenir, habitans de la présant ville, à la paie de cent solz chascung pour mois.

 

25 Avril

Que l'ardoize et la charpente qui est à présent sur le coing du temple Sainct Jacques sera abatu.

 

6 Mai

Fault advertir les bouchiers de faire provision de beufs, mouthons et veaux.

 

25 Juin

Sur ce que a esté remonstré qu'il estoit urgent et nécessaire, avoir ung fondeur, pour reffaire les pièces de campagne, et mosquetz de la présant ville, que se sont esclatées, faire des

 

(1) Lapalanque fut nommé capitaine de cette compagnie.

 

p. 11

grenades et aultres instrumens artificiels, pour la défense de la présent ville, et qu'il a esté rapporté, par Hugues Pauly, bourgeois de la présant ville, qu'il estoit arrivé, en la présant ville, ung bon fondeur, nommé Bernard Cautilhac, natif de Marmande, a esté icelluy Cautilhac mandé venir, et, lui aiant faict remonstrance de ce que dessus, il a promis de fidellemeut vacquer à fondre les dictes pièces, et faire aultres instrumens, estant de son art et sience, en luy fournissant la matière et aultres choses nécessaires, et luy a esté promis, par provision, pour son entretenement, quinze livres pour mois.

 

29 Juin

Il est dit que M. de Longa parlera aux capitaines Jaure, Lapalanque, Pinet, Davoys, Champs, Guichard et Chaussaigne, et qu'on écrira au capitaine Lagarenne.

M. le baily escrira au faiseur de piques de venir. Aussi, le dict sieur baily faira venir Pigeon, faiseur de mosquetairie.

Le consul Liton faira roolle de la poudre, tant de celle qui est au maguesin, que de celle que les paroisses pourront avoir.

Et aussi, faire estat des picques qui sont en ceste ville.

Les consuls Eymier et Cacaud, pourvoiront

 

p. 12

à parler à Frescarode, pour faire des gabions, et de faire porter des branches et paux (pieux) pour en faire.

Pour le regard du sel, on assemblera les marchans à une heure après midi, avec les consuls; se fault informer de la poix, de la rousine, suif.

Fault parler au fondeur, pour faire des grenades et reffondre les petites pièces, qui sont esclattées, et s'adresser au consul Brugière, qui le pourvoirra des choses nécessaires, pour faire des grenades.

M. Peyraréde a charge d'avoir cent cinquante homme pour travailler à la fortiffication.

Ont esté mandé venir les sieurs Jehan Maleprade, Jehan Marteilhe, Helies Pigeon, Estienne Escot, Ramond Bonnefond, Jacques Ugian, marchans de la présant ville, ausquels présentement a esté faict commandement, et à aultres marchans de la dicte ville, de s'assembler et faire estat certain, du nombre du sel qu'ils tiendront en maguezin, et le rapporteront demain.

 

4 Juillet

Sur ce que a esté remonstré que, aucungs habitans de la présant ville, qui avoient accoustume porter et mettre leurs vivres dans la présant ville, c'esforcent transporter leurs vivres

 

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hors la dicte ville, a esté arresté qu'il sera faict commandement à tous les dicts habitans, d'apporter tous leurs vivres dans la dicte ville, et que sy desja en avoient transporté ailheurs, de les y remettre incontinant, à peine de confiscation des dicts vivres, et de punition exemplaire; est enjoint à tous fermiers des domaines des aultres, qui sont habitans ailheurs que en la dicte ville, de porter dans icelle tous les vivres qu'ilz reculliront es dicts domaines; aussi est faict inhibition et défense, à tous les dicts habitans, d'abandonner la dicte ville, sans congé de M. de Sainct Genyes, lieutenant général du roy de Navarre, en la présant ville et païs de Périgort, à peine de punition corporelle, et confiscation de leurs biens, que leurs maisons seront razées en mémoire de leur desloyautée.

Sera bailhé à Lapalanque, pour l'entretenement de sa compaignie, la contribution de certaines paroisses, jusques à la concurance du paiement de sa dicte compaignie pour ung mois; laquelle somme, sera remise entre les mains du receveur, pour, après, la délivrer au dict Lapalanque.

Fault se pourvoir de quelques terres pour faire du salpettre.

 

5 Juillet

Jehan Deslanes et Junien Dupuy sont esté

 

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commis, pour faire les dilligences de faire tirer et charrier de la terre, où il en sera trouvé pour faire du salpêtre; leur a esté ordonné à chacun quinze sols pour jour.

 

8 Juillet

Sur ce qu'a esté remonstré, que le roy de Navarre pour continuer la fortiffication de la présant ville, a faict don de cinquante pipes de bled, prises sur le maguezin, ordonné estre faict en la présant ville, pour pourvoir de maneuvres à travailler à la dicte fortiffication, et de bailher une charge de froment à chascun pour ung mois; sont commis les sieurs Mathurin Peyrarède, et Jehan Guy, le jeune.

M. le baily a trouvé homme, pour faire coupper et charrier les arbres pour faire les picques.

 

12 Juillet

MM. le baily et Grahault, avec le controlleur Eyma, sont commis pour faire la poursuite et dilligance, et faire lever trois miles livres ordonnées par le roy de Navarre, pour estre emploiées à l'achapt des poudres et aultres munitions nécessaires pour la défense de la présant ville.

 

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19 Juillet

Sur ce qui a esté remonstré, qu'il est nécessaire faire des molins à bras en la présant ville, a esté ordonné qu'il en sera faict deux, et que le consul Licton, en faira les dilligences et frays, desquels il sera remboursé.

A esté ordonné qu'il sera paié à quatorze molliers, qui sont esté envoyés quérir, pour démolir les ruynes des couvents, à chascung, pour jour, XII sols.

 

22 Décembre

Sera faict porte rigoureuse, ai y aura six hommes de garde avec halebarde, que ne laisseront entrer personne sans vérifier.

La dicte garde ne laissera entrer plus de deux chevaux à la fois, sans la présance de l'ung des consuls.

Dresser les dizaines et leur ordonner lieux certains pour s'y rendre, advenant une alarme.

Scavoir qui a armes et contraindre ceulx qui n'en ont pas, d'en achapter.

Les pièces, avec poudres et munitions, seront mises au château, à la dilligence de M. Eyma et de M. Pinet. Fault achapter cent brasses corde d'arquebuses.

 

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C'est ce que le seigneur de Sainct Genies, de Longa et les consuls de Bergerac, remonstrent au roy de Navarre:

Premièrement. Que avec la plus grande difficulté que peult estre, ils ont trouvé moien, avec deux gentilshommes, de faire quelque levée de soldatz, pour mettre dans ceste ville de Bergerac, dans laquelle, pour le présent, ne y a que soixante douze soldatz, et leur ont promis les dicts gentilshommes, de faire la dite levée, pourveu qu'on leur donnast charge de quelques enseignes, ce que, pour la nécessité, le seigneur de Sainct Genyes leur a promis, en ayant, par deux fois, supplié très humblement sa majesté.

Aussi, que avant les sus dicts commencent à faire leur levée, ils pressent le dict sieur de Sainct Genyes de leurs commissions, disant que à faulte de les avoir, ils se retireront.

Chose de très grande conséquence, et pour mettre en toute nécessité ceste dicte place, estant le camp mené par monsgr frère du roy (1) desja à Sainct Léonard (2), s'en venant à bien grandes journées, avec résolution d'attaquer

 

(1) Le duc d'Alençon.

(2) Nous ne connaissons que St-Léonard, chef-lieu de canton dans la Haute-Vienne et à 22 kilomètres de Limoges.

 

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ceste place, comme portent tous les advertissemens que les dicts sieurs ont receu, et reçoivent tous les jours.

Joinct que puis troys jours en ça, les sieurs de Lauzun, de Limeilh et aultres, qu'ils ont peu assemblé, sont entre cy, Eymet et Villeréal, en gros de cent bons chevaux, et trois cens arquebuziers, et en ont tiré de quelqu'un deux, que c'est pour se gelter dans le bourg de la Magdalene, à mesure que le camp aprochera, etc., etc.

 

Réception de M. de Longua de Larmandie gouverneur.

 

Premièrement. Que les sieurs consulz et habitans de Bergerac promettent toute fidellité au seigneur de Longua, et la requèrent de luy.

Que le dict seigneur de Longua, maintiendra les habitants de la dicte ville en leurs franchises, privillèges et libertés.

Que quelque occasion que se puisse présenter, il n'abandonnera les dicts habitans.

Qu'il conduira toutes choses concernant le règlement et police de ceste ville, par l'advis des scindic et consulz.

Et la garnison de la ville, que sera une fois establie, ne s'augmentera poinct sans estre requis et demandé, par l'advis des consulz, au roy de Navarre.

Que le sieur gouverneur ne souffrira poinct

 

p. 18

que aucunes gens de guerre, ny aultres estrangiers passant, ne logent en ceste ville, sans païer.

Que en son absence, le sindic et consuls de la dicte ville tiendront lieu de gouverneur.

Quant aux portes et garde des clefs d'icelles, les unes seront entre les mains du dict sieur gouverneur, et les aultres entre les mains des dicts scindic et consulz.

Que le mot donné par le dict sieur gouverneur sera porté au scindic ou consulz.

Ainsin signé : Larmandie, Poyné, R. Dupont, Belriou, Grahault et Licton consulz.

 

Ici s'arrêtent les renseignements contenus dans ce livre et que nous avons cru devoir publier, pour suppléer autant que possible à la perte des jurades de cette année.

 

Dans un article sur les Conférences de Bergerac, publié par M. Dupuy, dans le journal le Progrès, à la date du samedi 15 mai 1880, on lit:

 

Le 15 mai 1577, la ville de Bergerac présentait un aspect inaccoutumé d'agitation et de fête. Depuis le matin, la grande couleuvrine de

 

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Turenne (1) faisait entendre du haut de la tour de Malbec sa voix puissante, à laquelle venaient se mêler les notes joyeuses des cloches des églises et des couvents lancées à toute volée.

La porte Lougadoire décorée en arc de triomphe, étalait au dessus de la grande entrée, les écussons aux armes de France, accolées à celles de Navarre. La foule endimanchée des manants, bourgeois et habitants (2) de la bonne ville, se pressaient sur les remparts de Bellegarde et de Bourbarraud, pour assister à l'entrée solennelle du roy de Navarre, du prince de Montpensier, des seigneurs et gentilshommes de leur suite, ainsi qu'à celle des députés qui devaient ouvrir ce jour là, les Conférences dites de Bergerac.

C'est pendant ces conférences que devaient être débattus les préliminaires d'un traité de paix entre les deux partis, qui, depuis si longtemps déchiraient la France par une guerre

 

(1) Nom donné à une des pièces d'artillerie de la ville.

(2) On désignait sous le nom de manans celui qui était originaire du lieu; sous le nom d'habitant, celui qui étant venu y demeurer s'y était fait naturaliser; sous celui de bourgeois, celui qui jouissait des privilèges dont le peuple ne jouissait pas; sous celui peu usité de aubain, l'individu qui, habitant un pays, n'y était pas naturalisé.

 

p. 20

fratricide, et qui, maintenant, par nécessité, cherchaient, l'un et l'autre, un moyen honorable d'y mettre fin, et d'assurer une paix durable.

Les historiens sont loin d'être d'accord sur la date de ces conférences. Les uns les font tenir au mois d'avril, d'autres au mois de septembre, d'autres enfin au mois d'octobre.

Pour nous, nous pouvons leur en assigner une irréfutable, et pour cela, nous n'avons qu'à donner un extrait du livre de comptes de l'an 1577, tenu par M. Liton Bernard, alors boursier de la communauté. D'après lui, ces conférences commencées le 15 mai, prirent fin le 21 du même mois, et là, furent élaborées, convenues et acceptées par les partis, les conditions qui servirent de base au cinquième édit de pacification, auquel prirent une part active, outre le roi et le duc de Montpensier, l'archevêque de Vienne, Biron, Villeroy, Merville, Richelieu, Lamothe-Fénélon, Turenne et plusieurs autres seigneurs de marque.

Le roi de Navarre ne quitta Bergerac que le 3 juin, après l'arrivée de M. de La Noue. Toujours défiant, ne croyant pas plus à la parole des autres, que lui ne tenait la sienne (1), il prit

 

(1) « ...Si la volonté que le roy a montré est suivie, mais je ne vous y puis encore promettre rien de certain, par ce que sa Majesté est coustumière d'accorder ce que après il faict volontier refuser par M. le Chancelier ou par M. de Rosnie. »

Extrait d'une lettre de M. de Belriou maire, (Archives de Bergerac.)

 

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pendant son séjour dans cette ville, toutes les mesures nécessaires en prévision d'un siège, il entretint des rapports journaliers avec les seigneurs ses voisins, activa les travaux des fortifications que dirigeait M. de Lacoste son maréchal-de-logis, et fit mettre en magasin une quantité considérable de poudre d'arquebuse que lui avait procuré M. de Saint Genies de Badefol, à raison de 18 sols la livre.

 

Suit le détail des frais faits par les consuls pour ces conférences que nous avons donné dans le 3e vol.

 

M. le docteur Rennes, dans son « Histoire du Protestantisme à Bergerac » publiée à Bergerac en 1868, s'exprime ainsi à propos des mêmes conférences:

 

Le même esprit lui (le roi de Navarre) fit poursuivre la réalisation des Conférences, qui le ramenèrent à Bergerac en mai 1577: Réunions mémorables qui font époque dans l'histoire du

 

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protestantisme. Une de ses lettres adressée le 17 avril au maréchal de Damville, a pour but de les préparer. Il lui annonce qu'il a convoqué ses députés (1) pour se rendre à Bergerac auprès de son oncle de Montpensier, et y négocier la paix, le 25 de ce mois. Armand de Gontaud, seigneur de St-Géniès, et Michel de Lur, seigneur de Longa, vicomte de Roussille, y exerçaient le commandement au nom du roi de Navarre (2).

On ne put s'y accorder d'abord, d'après une lettre de Henri, aux maire et échevins de La Rochelle, et la conférence dut être remise au 15 juillet suivant.

L'histoire de d'Aubigné retrace en détail les assemblées qui se succédèrent pendant plusieurs jours.

La convention qui s'en suivit, d'abord signée à Bergerac par les plénipotentiaires du roi et des princes protestants, ne fut ratifiée, par

 

(1) Jean d'Afis, premier président au Parlement de Toulouse, était du nombre. Les sieurs Bossulas et de Chausonne sont recommandés par le prince comme gens dignes d'être élus par les églises, afin de ne pas rester au dessous des sieurs de Biron, de Foix, de Pibrac, de Lamothe-Fénélon, personnages désignés par le parti opposé. Sully s'y était rendu pour recevoir les députés du roi venant des Etats de Blois.

(2) Lettre de Henri de Navarre à M. de St-Géniès, 5 juillet 1577.

 

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Henri III, que le 17 septembre. L'édit de pacification qui la consacra fut publié, à Poitiers, quelques jours après. Le roi de Navarre était présent à la lecture, qui en fut faite à Bergerac le 17 octobre suivant.

 

M. Georges Bussière dans ses Etudes historiques sur la révolution en Périgord, dit à la page 70 en parlant de la paix de Bergerac:

 

La paix conclue à Bergerac en 1577, comprit cette dernière ville parmi les places de sûreté concédées aux protestants. Ce fut pour Bergerac le point de départ d'une fortune rapide, où l'on vit sa population monter jusqu'à cinquante mille habitants.

 

D'après les documents que nous avons entre les nains, nous trouvons ce chiffre bien exagéré.

 

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1577-1578

D'après les comptes de cette année, nous voyons que le travail des fortifications fut activement mené. Le dernier compte des journées payées aux gazoneurs, métiviers et trassayres, porte la date du 11 octobre, le travail ne s'arrêtât que le lendemain, c'est-à-dire le jour même de la publication de la paix.

 

Dépenses diverses

 

Juillet

24. A achepté le dict de Supco, d'ung homme de Cours, ung couteau de bouchier pour pozer le gazon, qui a cousté X sols.

Item. - A esté payé, tant pour la journée de Jehan Lavigne, que de deux hommes qu'il avoit avec luy, pour faire les molins à bras, que pour leur despence, XXV sols.

25. Pour la journée d'ung homme qu'il a loué pour tyrer les quartiers hors du clocher de Sainct Jacques, VIII sols.

 

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27. Baillé à M. François Cacaud, ayant charge de faire faire les gabions, X livres.

A baillé au Galérien, messager, pour porter de nuict, une lettre à M. de Panissault, que M. de Sainct Geniès luy envoyoit, VIII sols.

Pour ung cent de taches, pour la porte de la cazemathe de Cleyrac, VII sols.

Pour ung messager, que M. de Sainct Genies avoit envoyé à Saucignac, pour advertyr M. le gouverneur, VIII sols.

Aulx faiseurs de piques, pour commencement de paye, X livres.

28. A ung messager nommé Niauthon, de Peyrefiche de Monfaucon, paroisse de Villamblard, pour aller à Périgueux, pour porter une lettre à M. de Chouppes, XXXIV sols.

A payé à ung messager que MM. les consuls avoient envoyé à Faux et Monsac, pour veoir où estoient les compagnies de M. de Limeil, XV sols.

30. A payé à Moricaud, pour avoir porté une gabarade de fassines, X sols.

A payé au consul Peyraréde, pour deux comportes qu'il a achepté de Gagne-Petit, qui ont servy aux fortifications, XX sols.

31. A payé à Moricaud, pour une gabarade de fassines, X sols.

Pour quatre melons, envoyés à M. de Sainct Geniès, IV sols.

 

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Pour autres trois melons, au dict seigr, V sols. Pour ung melon au dict de Sainct Geniès, III sols.

 

Août

1er. A Bontemps pour trèze livres de fer ouvré en crampons, pour les cazemates de Cleyrac, à raison de quatre sols la livre, LII sols.

3. A payé à Anthoyne Veyrine, pour avoir acoustrer la coulouvrine de M. de Turenne, XXXVII sols.

A payé à M. Jehan Souffron, masson, pour la façon de l'une des piles, la somme de IIC livres.

Plus douze poignéres froment, et vingt poignéres seigle.

23. Le dict jour, pour envoyer ung messager à Montflanquin, par commandement de M. de Chastilhon, XXXV sols.

Au sire Giron Pomeau, pour du fer et du bois, XIII livres X sols.

Aux soldats qui sont allés faire couper les fassines, à la Nauve (1) XII sols.

Au sire Pierre Pomeau, pour le louage de ses boeufs, le XXXme du dict mois, XX sols.

 

(1) Métairie sur la rive droite de la Dordogne, près de Tiregan.

 

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A payé à Guilhaume Frescarrode, Parot Maloubié, Léonard Pineau et Jehan Fort, pour leurs gaiges du mois, à faire la salpêtre, à raison de douze livres chascun, XLVIII livres.

Pour quinze barriques pour faire les doulhs (cuves), à raison de dix sols, VII livres X sols.

A baillé à Jehan Delbost, qui travailloit à la fortiffication de ceste ville, pour ce que la terre luy estoit tumbée dessus; pour le nourrir ches Lhumaude, fust baillé à sa femme, VI livres.

A M. Francoys Gouveille, apotiquère, pour les médicamens qui luy furent ordonnés, III livres IX sols.

Au chirurgien que le saigna, XV sols.

 

Septembre

A payé au sire Pomeau, le second du dict mois, pour LII livres 1/2 de fer, à raison de II sols, pour les crampons de la pille du pont, V livres V sols.

Aux gabariers, pour avoir porté deux barils de poudre, de Saincte Foy, III sols.

Pour abatre l'ardoize de Sainct Jacques, XXI sols.

A ung messager pour porter une lettre du roy de Navarre, à Beaumont, IX sols.

A payé le VIIme du dict mois, pour IV grandz sercles pour garnir le bapteau, que le roy de Navarre emmenoit en bas, XVI sols.

 

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Pour le messager que le roy de Navarre envoya à Saincte Foy, XV sols.

A Jehan de Mège, pour avoir acoustré l'attalage de deux coulouvrines, le Xme du dict moys L sols.

Plus, pour tirer l'eau du fondement du fossé du Mercadil, a esté employé, en cordes, VIII sols.

Le vingt troisiesme du dict mois, ay baillé au vallet de Pézul, pour nettoyer la rue et la clouaque, de devant le logis du roy, V sols.

A payé à la seur de la Roze, du bourg, pour la despence des boyers (bouviers), qui avoient porté le bois du Séran (1), pour acoustrer le pont de Dordogne, XX sols.

A ung messager, qui est allé conduyre, de nuict, les forriers du roy de Navarre, à Issigeac, XV sols.

 

Octobre

1er. Au roy de Navarre, qu'il me commanda luy bailher (un escu), et, lequel, il bailha, incontenant, aux maneuvres qui travailloient à Cleyrac, et lequel il promist de faire rendre à son trésorier, V livres.

Le douzièsme du dict moys, feust publiée la

 

(1) Le Séran, propriété située à côté de la Conne.

 

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paix en la présant ville, et fust achapté ung flambeau, qui cousta, XXX sols (1).

A troys trompetes, scavoir: celle du roi de Navarre, de M. de Montpancier et M. de Turenne, à chascun, deux escuz, valant XXX livres (2).

Aulx canoniers qui chargèrent les pièces, V livres.

Le treziesme du dict moys, les consulz convièrent M. de Longa, gouverneur en la présant ville, madamoyselle sa femme, et aultres de sa suitte, avec MM. les lieutenans, bailly et apparans de la ville, où fust despandu XXXI livres VIII sols.

Le vingt sixiesme du dict mois, M. de

 

(1) M. Rennes se trompe donc en disant que la paix fut publiée à Bergerac le 17 octobre.

(2) Aux termes de l'édit de paix publié à la date ci-dessus, les réformés pouvaient avoir un temple dans le chef-lieu de chaque baillage, et dans chaque juridiction royale, excepté dans Paris, à dix lieues de la cour. Le roi les rétablit dans tous leurs privilèges de citoyens, dans le droit aux charges, aux magistratures et autres dignités; il leur accorda des juges spéciaux dans chaque parlement, neuf places du sûreté et des troupes, à condition qu'ils paieront les dimes, chômeront les fêtes extérieures et ne choqueront en rien les catholiques dans leur culte. (Histoire de France, d'Anquetil.)

 

p. 30

Turenne envoya ung sien laquay, avec une lettre, à MM. les consuls de ceste ville, lequel fust desfrayé, a la Teste Noire, XV sols.

Et, pour ce que, par sa lettre, il mandoit que on luy envoyast quelques ungs, pour le aller trouver à Campaignac (1), le consul Alba et de Supco, le furent trouver, et despandirent, au dict voyage que fust de troys jours, VI livres.

 

Novembre

Le treizièsme du dict mois, M. de Turenne envoya, par ung homme à cheval, une lettre à MM. les consulz, pour les advertir de la prinse de Brive, et qu'ils eussent à en advertir MM. de Saincte Foy et Castilhon, lequel fust desfrayé à Sainct Jacques, XXX sols.

Le dix septiesme du dict mois, monsgr de Sainct Geniès envoya une lettre à MM. les consulz, pour les advertir de la prinse de Beaumont, pour les despens duquel, fust payé, IV sols.

 

Ci-après la copie de cette lettre: (Bte 7. Lse 32.)

 

(1) Campagnac, petit château près de Belvès, appartenant à M. de Savy.

 

p. 31

« Lundy XVIIme novembre 1577.

 

Messieurs,

Je n'ay vollu faillir de vous advertir qu'à nuict, à l'heure de dix heures, la ville de Belmon a esté prinze, de quoy je vous en ay bien vollu advertir, et j'en ay heu l'advertissement tout hasteure qu'est à la pointe du jour, afin que vous preniès garde et à ce qui vous touche, me recommandant bien humblement à vos bonnes graces, pryant le créateur, que vous donne messieurs, en bonne sancté, heureuze et longue vye.

Vostre entièrement bon voyzin à vous faire service.

Sainct Génies (1).

De Badeffou, ce lundy matin, XVIIme novembre 1577. »

 

Le quinziesme du dict moys, fust despéché ung messager, par devers monsgr de Turenne, pour l'advertir de ce qui se passoit, auquel fust payé, pour cinq journées, III livres XV sols.

Le seizièsme du dict moys, arriva le seigr de

 

(1) Bernard de Gontaut de Saint Geniez, seigneur de Campagnac de Ruffen, chevalier de l'ordre du roi, mari de Charlotte de Saint-Ours. (Chron. de Tarde)

 

p. 32

La Roussie, venant de la part de M. de Turenne, lequel par advis de MM. le lieutenant et bailly et certains consulz, fust desfrayé à Sainct Jacques, et fust payé VI livres.

Le vingtième du dict mois, ung nommé Jehan Duché, disant avoir charge de retirer la poudre, salpêtre et piques que le roy de Navarre avoit laissé en ceste ville, envoya ung messager avec une lettre du dict Duché, et une aultre de Fébure, leur mandant d'envoyer les dictes municions à Saincte Foy; auquel messager fust baillé à soupper ches la Bouyssoune, et payé VI sols.

 

Cy dessous coppie de cette lettre. (Bte 7. Lse 32.)

 

« Messieurs les consuls de Bergerac,

Estant envoier de par le roy de Navarre, pour le recouvrement des pouldres et sallepestres, qu'il a faict distribuer par les villes de son gouvernement, et qui ont tenu le partis qu'il a tenu en ses guerres dernières, je suis cargé par mes mémoires, de retiré de vous, quatre cens cinquante et quatre livres de pouldre à canon, et ung milier de sallepestre; et, parce que je suis retardé en ce lieu, de Castillion, pour les affaires de sa majesté, qui ne peuvent estre faicte que dedant deux ou trois jours, je vous suplies commestre quelqun qui conduira

 

p. 33

le tout jusques à Sainte Foy, où je ne feray faulte me trouver vandredy au soir, ou samedy matin, pour recevoir le tout, et lui en ballier décharge ou aquit, suivant la commission que je luy montreré, qui sera l'androit où me recommandant à vos bonnes graces je pries Dieu vous donner la sienne.

De Castillion ce 20 novembre 1577.

Vostre serviable amy,

J. Duché. »

 

Le dixseptièsme jour du dict mois, fust envoyé ung messager par devers M. de Bourdeilhe, séneschal de Périgord, pour l'advertyr que les sieurs de Chabanes et des Boryes, pilloient la marchandize de ceux de ceste ville, et que à Blaignac en faisoient de même aulx bapteaux; lequel messagier, ne le trouvant à Bourdeilhe, l'alla trouver à Blaniac, où il expoza cinq journées, ausquel fust payé III livres XV sols.

Le vingthuictièsme du dict mois, ay payé à M. Jehan Souffron, pour la façon de l'autre pile, la somme de trois cens livres, et douze poignères froment, et vingt poignères seigle.

 

Décembre

Le quatrièsme du dict moys, fust advizé, que le consul de Supco iroict trouver M. de Sainct Genies, à Badefou, pour luy communiquer de ce

 

p. 34

qui c'estoit passé à Saincte-Foy, où il exposa deux journées, où il despendit, tant pour luy, que pour ung homme de pied, III livres.

Le vingt neufiesme du dict mois, arriva en ceste ville M. de Chassincourt, envoyé exprès, en ceste ville, par le roy de Navarre, accompagné d'ung aultre gentilhomme, de la part de M. de Byron; fust, advisé par MM. les lieutenant, bailly et aultres qu'ils seroient desfrayés, où fust payé, à Sainct-Jacques, X livres.

Le dict jour M. de Sainct Genies envoya ung sien homme à cheval, nommé Biroun, à MM. les consulz, avec une lettre de M. de Turenne, et une que le dict seigr leur escripvoit, et une coppie d'une aultre qu'il avoict receu; lequel fust desfrayé ches la Manoune, et despendit XXX sols.

 

Copie de la lettre envoyée par M. de Sainct Genies. (Bte 7. Lse 32.)

« Messieurs,

Je n'ay vollu fallir de vous faire tenir une lettre que M. de Turenne vous escript, et aussy ung double d'une, qui m'en a esté escripte d'une lieue de Périgueulx, narant l'entreprinze qui a esté faicte, et le succès d'icelle. Je croy que vous l'aures desjà entendu, que me gardera de vous en faire plus long discours, vous suppliant en faire vostre proffict,

 

p. 35

et en vouloir advertir ceulx d'Eyssigac (Issigeac) et autres. Je me recommanderay bien humblement à vos bonnes prières, priant le créateur que vous donne,

Messieurs, en bonne sancté, heureuze et longue vye.

Vostre meilleur voisin à vous faire service,

Saint-Genies.

De Badeffou ce 29 décembre 1577. »

 

A esté payé à Venture Planteau, géolier, pour la despence que ung espion et porteur de lettres avoict faict, durant trois ou quatre mois, XII livres.

 

Janvier 1578

Le quinzièsme du dict mois, le sieur de Bourdeilhe envoya ung sien laquay, avec une lettre à MM. les consulz, et coppie des lettres patantes du roy, lequel séjourna jusques au dixseptièsme, et fust desfrayé, ches la Bouyssoune, et despendit XXX sols.

 

Février

Durant tous ce mois, il se fait un échange continuel de lettres, entre les consuls et MM. du Puch, Turenne, Bourdeille, Lambertie, Saint Geniès etc.

 

p. 36

Lettre de M. La Lambertie au consul Malaprade. (Bte 7. Lse 32.)

 

« Monsieur le consul

J'ay receu la lettre que m'avez envoyé, de M. de Turenne, et aye receu, avec grand plaisir, car je estoys en peine d'avoir de ses nouvelles, d'aultant qu'il m'avoit asseuré, à son parlement de Saincte Foy, qu'il m'en feroit savoir bientost, et en récompense de ceste courtoysie, sy avez à faire de moy, en ferez d'aulcy bon ceur, que je me recomande afectueusement, à vos bonnes graces, priant Dieu

Monsieur le consul, qu'il vous tienne en sa saincte garde.

De La Lambertie ce vingt quatriesme febvrier 1578.

Vostre bon amy à vous servir,

La Lambertie. »

 

Mars

Le quatriesme du dict mois, fust envoyé ung messager de Périgueux, par M. de Vivant, auquel fust payé, pour sa despence, ou pour son salaire XXX sols.

 

Lettre de M. de Vivant aux consuls de Bergerac:

 

p. 37

« Messieurs,

Je vous avise qu'il y a une grande entreprinse sur vous, laquelle se doibt exécuter seste seupmaine ou au commencement de l'autre; croyez que ce ne sont point nouvelles de parloirs, car je le sé de fort bon lieu. Prenés y garde. Si je savoys et cognoisoys les auteurs, je vous le manderays.

Je me recommande à vos bonnes graces, priant Dieu, Messieurs, vous conserver sous sa saincte et digne garde.

De Périgueux ce IVme de mars.

Signé : Vivant. »

 

Aussitôt cet avertissement reçu les consuls en adressent la copie à monsgr de Longa, avec la lettre suivante:

 

« Monseigneur,

Présentement nous avons resu ung advertissement de la part de M. de Vivans, duquel vous envoyons une coppie, vous suppliant très humblement que, sy vous en saves quelque chose, ou que quelque assemblée se face en ces quartiers de par de là, de nous en advertir, et nous vous demeureront de plus en plus tenus et oubliger, de vous faire perpétuel service, et, en cet endroit, priant Dieu etc. De Bergerac ce V mars 1578.

Signé : Malaprade. »

 

p. 38

En marge de cette lettre, le seigr de Longua écrivit:

 

« Messieurs

Je suis celuy qui suis annemy mortel de ceulx qui mesprisent les advertissemens; mais de ce que je puis scavoir, il n'y a rien d'aprochant à ce que mande M. de Vivans. Toutes foys, Limeuil a souvent messagers et gens allant et venant vers ceulx de la noblesse de par de cà, les plus ligués. Nous prandrons garde qu'il ne s'asanblera rien à Montréal, ne à Mussidan, ne à Soursac que n'en ayes advis; vous supplie m'excuser de plus long escript.

Vostre affectionné et assuré voisin à vous servir.

Signé : Longua. »

 

Le onzièsme du dict mois, fust baillé à ung soldat du cappitaine Jaure, de Griniolz, pour luy porter, L livres.

 

Lettre de M. Lussas au consul Maleprade. (Bte 7. Lse 32.)

 

« Monsieur

Je vous prie, bien fort, vous souvenir de ce que me promistes, par vostre dernière lettre, qui est que vous ferrez toute diligence, à recouvrer les cinquante livres que vous nous aves promis, et nous les envoyer; le besoing

 

p. 39

nous presse grandement, qui nous fait vous en supplier de reschef de nous les envoyer.

Je croy que vous aves entendu, que le capitaine Jaure a randu Grignolz, contre la promesse qu'il vous fist dernièrement en ma présence, par Lacombe qu'il envoya vers vous; cela vous emporte à ce que vous advisiez au remède; il nous semble qu'il sera bon que nous tous ensembles, envoyons à M. de La Lambertie de nostre part, des personnes pour le prier d'aller à Grignolz, d'où il est gendre, pour y mectre ordre, et s'en fayre le maistre, si est possible, affin que ceste place ne tombe entre les mains de nos ennemys; et, à tant, je salueray vos bonnes graces de mes très humbles recommandations, priant Dieu monsieur qu'il vous donne, en santé, très longue et heureuse vie.

De Périgueux ce 25 mars 1578.

Signé: Lussas. »

 

Lettre du même, au même consul.

 

« Monsieur

Je vous escripvit avant hier, comme il nous sembloit qu'il seroit bon d'envoyer à M. de La Lambertie, pour le prier d'aller vers M. de Chales, son beau père, luy remonstrer qu'il se garde de tomber en pareil inconvénient, qu'il s'est trouvé d'autrefois, de se laisser déposséder,

 

p. 40

par les papistes, de sa maison de Grignolz, et d'autant qu'elle importe et à vous et à nous, je vous supplye luy envoyer avec nos lettres, quelcuns des vostres, qui le luy seache bien fayre entendre, et aussi nous envoyer les cinquante livres que scavez. En cet endroyt, je salue vos bonnes graces de mes très humbles recommandations, priant Dieu qu'il vous tienne en sa saincte garde.

De Périgueux ce 27 mars 1578.

Signé : Lussas. »

 

Lettre de M. de Saint Geniès à M. de Supco.

 

« Monsieur de Supco

J'ay receu la lettre que m'avez escripte, et vous mercie de la bonne part que m'avez faict, de ce qui a esté négotié en vostre voyage de Sainct Astié. Je vous asseure qu'il est bon besoing de remédier à la foullé que le pauvre peuple reçoit de ces tailhes; car autrement je crains que cela sera cause de leur destruction. Je croys que vous entendres l'advis que j'ay donné à celluy qui a la charge du plat pays en là bas, par la lettre qu'il vous en a escript, qui me gardera de vous en fayre plus long escript, si ce n'est pour vous dire que touchant ce que me mandez, comme du scindit qui fauldra eslire, que je m'accorderay tousjours à celuy que vous aultres nommeres,

 

p. 41

car vous cognoisses mieulx ceulx qui doibvent estre capables de ceste charge que moy, me recommandant bien fort à vos bonnes graces, pryant le créateur que vous donne M. de Supco ce que désires.

De Badeffou ce 2 avril 1578,

Signé : Sainct Geniès. »

 

Avril

Le vingtièsme du dict mois, fust envoyé par le roy de Navarre ung laquay à MM. les consulz, avec une lectre, pour les advertyr de se tenir sur leurs gardes, lequel fust desfrayé en ceste ville, de XV sols.

A esté payé au maistre des haultes oeuvres pour ses gaiges XL sols.

 

Mai

Le douzièsme du dict moys, fust envoyé ung messager au roy de Navarre, pour l'advertir d'une entreprinze qui se faisoit sur la ville, auquel fust payé IV livres.

 

Juin

Le vingtième du dict mois M. le mareschal de Byron envoya ung sien gentilhomme, porter une lettre que le roy de Navarre envoyoit de

 

p. 42

Nérac, et une, qu'il en escripvoit aussy à MM. les officiers et consulz, lequel fust desfrayé à Sainct Jacques, de XLIX sols.

Et, pour ce que, par sa lettre, il mandoit de l'aller trouver à Byron, fust advizé que M. Grahault et le consul de Supco, l'iroient trouver et partiroient le XXIIIme du dict mois, où despendit au dict voyage qu'il fist, quatre jours, XXIV livres.

Et, pour ce que, les consulz de Libourne, Castilhon et Sainct Milion estoient allés et retournés avec les dicts sieurs de Grahault et consul de Supco, fust advizé, à leur retour, de leur bailler à soupper, ches le dict de Supco et au dict sieur Grahault et aultres consulz de ceste ville, et fust despendu, III livres.

 

Lettre de Catherine de Médicis.

 

« 22 mars 1579.

A Messieurs les officiers de la justice, consuls, manans et habitans de la ville de Bragerac.

Messieurs,

Dieu m'a faict la grace que j'ai conclud et arresté, conformément à l'édit de pacification, les responses aux remonstrances et requestes que m'ont faictes les députés de ceulx de la religion prétendue réformée, et comme mon fils, le roy de Navarre et moy, et eulx aussi, résolus de toutes choses au bien de la paix,

 

p. 43

ainsi que vous entendrez des seigneurs de Bourdeilhe, et de Lamothe-Fénélon, qui s'en vont pour faire exécuter le tout, suivant l'instruction particulière que j'en ay signée, vous priant ne faillir d'obéyr de vostre part au contenu d'icelles, et le tout bien garder et observer curieusement et soigneusement, tenant la main à ce qu'ung chascun puisse vivre en paix, repos et union, les ungs avec les autres, suivant le dict édit de pacification, et la dite résolution de nos conférences, comme il est porté par la dicte instruction, priant Dieu,

Messieurs vous avoir en sa sainte et digne garde.

Escript à Agen le XXIIme jour de mars 1579.

Catherine.

Contre-signée : Eymart. »

 

Budget

Recettes: Trois mille sept cent douze livres, huit sols et un denier.

Dépenses: Deux mille deux cent quatre-vingt-dix livres, neuf sols et deux deniers.

 

p. 44

1581

 

Copie de quelques lettres écrites aux consuls.

 

Lettre du roi de Navarre

 

« Henry par la grace de Dieu roy de Navarre, gouverneur et lieutenant-général pour le roy Monseigneur, en Guienne.

A nos chers et bien amez, les scyndics et consuls de la ville de Bragerac, salut.

Ayant esté advertys comme plusieurs des habitans de la dite ville font difficulté s'employer, bien et diligement, à la garde de la dite ville, laquelle, par les éditz de pacification du roy monseigneur, et articles de conférance, faictz et arrestés pour l'observation d'iceux, et accordés à tous habitans de villes, pour oster et rompre tous les mauvais desseingts, et plusieurs perturbations du repos publicq, au préjudice de la paix; Nous, pour ces causes et suyvant la dite permission et octroy, faict par le roy mon dict seigneur, vous mandons, et très expressément enjoignons, veiller et prendre garde à la conservation de la dite ville de Bragerac, et, pour ce

 

p. 45

faire, constraindre, ou faire constraindre, par toutes voyes de droict raisonnables, mesmes par emprisonnement de personnes et amandes, tous les habitans de la dite ville, refusans ou délayans, à faire la dite garde, selon leur tour et rang. De ce faire vous avons donné et donnons plain pouvoir, autorité, commission et mandemens, par ces présentes, car tel est le plaisir du roy, mon dict seigneur et maistre, en tesmoing de quoy avons signé ces présentes de nostre main.

Donné, à Bragerac, le IVme jour de may 1581.

Henry.

Par le roy de Navarre gouverneur et lieutenant général sus dit.

Depedeschaux. »

 

26 Juillet 1581

Lettres adressées, par divers, aux syndic et consuls de Bergerac, après la prise de Périgueux, par les catholiques.

Lse M. N° 82.

 

« Messieurs les syndic et consuls de la ville de Bergerac,

Messieurs, je vous remercie très humblement de ce qu'il vous a pleu nous escripre, et

 

p. 46

du soin qu'aves de nous. En melheure occasion, ne pourriez vous faire paroistre vostre amitié, bonté et piété, envers personnes mieux qu'envers une infinité de fugitifs, lesquels ont quasi miraculeusement eschapé le tranchant du couteau? De vous descrire la fasson, ce seroit chose trop longue, et qui ne se pourroit despeindre avec une rame de papier. Nous espérons, aussi, vous envoyer, bientost, un de nos concitoyens, qui vous instruira de tout. Vous cognoistres, alhors, clairement, dont provient la faute; car, quoi que l'on veuille desguiser la vérité, se trouvera que nous sommes perdus par la négligence de nos chefs, lesquels ont méprisés les advertissemens, et, par ce moyen, réduit la pauvre esglise de Périgueux, en un très lamentable estat, car la plus part sont aujourd'hui prisonniers, et fort mal traités, les autres sont massacrés, comme M. Vigoureux, advocat du roy, les autres, tous an chemise, blessés et fugitifs par les chemins, où les païsans les poursuivent à la batue. Dieu soit loué de tout! Je ne saurai vous en représenter davantage, sans les larmes, ni sans vous supplier de nous estre aydants, d'avertir le roy de Navarre, tant des innocens, que des misérables traittemens que nous recevons, principalement ceux qui sont entre leurs mains, afin qu'il plaise à Sa Majesté d'envoyer un gentilhomme d'honneur et de respect, vers M. le séneschal de Montardit, qui est celui, qui commande

 

p. 47

aujourd'hui à Périgueux, affin de faire taire la voix lamentable des femmes, tant pour la considération des personnes que des biens. Cela sera bien fait, si vaut-il myeux, Messieurs, l'entreprendre tôt que pas. L'excuse des exécuteurs nés autre, si non que de dire, que ce ne sont les habitans, qui sont rentrés dedans leurs maisons, là où ils ont libre accès, et que, pour cella, nous ne sommes point à la guerre, et que les remontrances, qui leur seront faittes, serviront de quelque chose pour le soulagement des pauvres affligés; lesquels, Messieurs, ont recours à vous, et vous supplions très humblement nous entretenir vos graces; Dieu vous restribuera ce bienfait et je le supplie de vous tenir,

Messieurs, en parfaite santé, très longue et très heureuse.

Vostre très humble serviteur,

Jean.

Messieurs, nous vous supplions que nostre exemple vous fasse peur.

Juillet 1581. »

 

Lettre adressée aux consuls par les réfugiés.

 

« 1er août 1581.

Nous vous avons, ses jours passés, escript et supplier, très humblement, que si l'occasion se presentoit, d'advertyr le roy de Navarre, des

 

p. 48

extrêmes calamités où sont réduitz les pauvres habitans de Périgueux, estant de la religion, qu'il vous plaise de le faire; car, après leur plus grand malheur, qui est la dissipation entière de leur esglise, ceux qui sont demeurés enfermés dans les murailhes, sont prisonniers, mal traittés, pour en extorquer ransson, après avoir souffert parelhe condition de ravage et pillage de tous leurs biens, que ceux qui ont reschapé leurs biens, les uns ont esté thués aux champs, les autres y sont aussi blessés, détenus, prisonniers en divers endroits, ne plus ne moins qu'au temps de cruele guerre. Brief, Messieurs, ceux de la religion, en ce quartier, y sont si mal traittés, et en leur personne et en leurs biens, qu'ils ne savent plus que faire, ne que dire; et, sans la faveur de trois maisons de gentilshommes de la religion, ils seroient tous exposés à la rage de nos ennemis, mesmes des païsans qui sont assemblés de toutes parts. Nous vous supplions que cela vous touche le cueur, pour nous ayder de vos remonstrances et sollicitations; d'en demander justice, veu la contrevantion manifeste de l'édict de pacification. Nous vous envoyons aussi la coppie de l'exécution de la reprinse de Périgueux, laquelle, ung gentilhomme de ce païs, nous a promis d'envoyer au roy de Navarre, affin que vous cognoissies avec luy, et tous ceux des esglises de France, avec vous, combien nous sommes innocents d'une si détestable

 

p. 49

entreprise et exécution, qui ne doit être imputée que sur l'insuffisance de ceux qui avait la ville en garde, lesquels tant qu'ils ont fait l'office de cappitaines, s'en sont bien acquittés; mais, deslhors qu'ils ont voulu faire le gouverneur, ils ont tout perdu. Dieu, par sa miséricorde, veuilhe réparer leurs fautes, et vous veuilhe prandre,

Messieurs, en sa très sainte et digne garde, et nous maintenir vos bonnes graces.

De La Faill... ce premier d'aoust 1581.

Vos très humbles et affectionnés serviteurs,

Les reffugiés. »

Messieurs, nous vous supplions de croire ce qui est porté par escrit. »

 

Lettre du roi de Navarre

 

« 2 août 1581.

Messieurs les consuls,

Voyant que les cappitaines et soldats, qui estoient establis par le roy, mon seigneur, et suivant l'édict de paciffication en la ville de Périgueux, à la surprinse de laquelle ils ont esté contrainctz de se sauver, sont maintenant privés de leur demeure, et les fault faire tenir en certain lieu, en attendant leur restablissement, ou qu'aultrement en ayt esté ordonné, par le roy mon seigneur; je leur ay, pour ceste occasion, permis de s'aller loger à l'entour et aux

 

p. 50

environs de Périgueux. A ceste cause, je vous ay bien voullu escripre la présente, pour vous prier d'adviser le lieu où ils se pourront commodément loger, et y vivre, avec la moindre foullée, et au plus grand soulagement que faire se pourra, comme je leur ay ordonné de ce faire, et m'asseurant que vous y employerez, et ferez, en cella, toute la faveur dont ils auront besoing, ne vous la feray plus longue, pour prier Dieu,

Messieurs les consuls, vous avoir en sa saincte garde.

Nérac ce IIme jour d'aoust 1581.

Vostre bien bon amy,

Henry. »

 

Au bas de cette lettre, il est dit que la ville a fourni à ces soldats, cinquante livres de poudre, pour leur permettre de tenir les champs.

 

Lettre adressée par M. de Mérins, à M. Bordat ministre de la parole de Dieu.

 

« Monsieur,

Ce soir, j'ay esté adverti que l'on a entendu, à Périgueux, qu'on menasse fort vostre ville. Mesmes l'on disoit que la première entreprise a esté descouverte; mays il y en a une aultre, qui s'exécutera bientost. Je prie Dieu vouloir rompre leurs mauvais desseins, et vous assister;

 

p. 51

je désirerais bien estre si heureux, que, par mon advertissement, leurs mauvais desseins soyent rompus. Je suys au service de Messieurs de Bergerac, et vous particulièrement; par ce, vous feres tout estat de moy, saluant vos bonnes graces de tous mes plus humbles recommandations, priant Dieu

Messieurs, vous donner, en sancté, heureuse et longue vie.

De La Fouilhade ce 6 aoust 1581.

Vostre obéissant a vous faire service,

De Mérins. »

 

Lettre du roi de Navarre

 

« 10 août 1531.

Messieurs les consuls,

J'ay esté bien aise d'entendre vostre bonne volonté et affection, à la conservation de vostre ville, et que vous ayez l'oeilh ouvert, à vous garder des trahisons qui sont aujourd'hui par trop fréquentes parmi les notres. Celle qui a esté commise à Périgueux, est fort réprouvée et condempnée, par le roy mon seigneur, duquel j'ay, aujourd'huy, receu lettre, du premier de ce mois, par laquelle il m'asseure, qu'il en faira fère justice rigoureuse, pour montrer combien il désire fère exactement observer son édict de pacification, pour lequel il me mande qu'il

 

p. 52

envoyera, de par de ça, les sieurs de Matignon et de Bellievre, et les faira partir le douziesme de ce mois, dont je suis bien ayse, tant je désire voir la paix bien establye, estant délibéré d'attendre ce bien en toute patience, à laquelle je vous prie aussy de vous disposer, sans souffrir et consentir qu'il se remeue rien, de delà, au préjudice d'icelle, espérant que Dieu vous en donnera une heureuse yssue, comme je le supplye de vous avoir,

Messieurs les consuls, en sa saincte garde,

De Nérac ce Xme jour d'aoust 1581.

Vostre bien affectionné amy,

Henry. »

 

Lettre de Madame de Salignac à Madame des Bories. Bte Q. Lse 31.

 

« Madame ma cousine,

L'aise que je voy que recevez, de la prospérité de mes enfans, m'augmente, merveilleusement, les obligations, que je vous ay, et le désir qu'ay, de vous fère humble service de quoy, eux et moy, ne nous espargnerons jamais, avec l'aide de Dieu. Les particularités qu'avons entendu, par M. de Bourzolles, ne sont autres que ce qu'il nous a escrit, ne sachant les prisonniers, fors qu'il dit qu'un valet de chambre du roy dit, que Monsieur et les Estats de Flandres, faisoient

 

p. 53

estat de payer la rançon des prisonniers, et que la royne, mère du Roy, se délibéroit d'employer tout son crédit, pour, bientost, fère sortir M. de Turenne. Mais, pour vous dire chose plus certaine, nous receusmes, hier, lettres de mon fils aisné, qui nous mande que M. de Turenne, estant commandé de Monsieur, d'aller donner dans Cambray, print 70 gentilshommes avec luy, qui rencontrèrent 200 lanciers, qu'ilz ouvrirent et escartèrent, et passant outre, et à 500 pas de Cambray, en trouvèrent 400 qu'ilz combatirent merveilleusement, et, sans le cheval de M. de Turenne, qui fut tué, ils faisoient la plus belle chose qu'il est possible; lors il fut pris et MM. de Neufvic, de Chouppes, de La Villatte et de Lussas sans qu'il fut blessé grace à Dieu. Le jeune Tursac fut blessé, et, depuis, mort, en la ville de Cambray; Chaussenegeon y est blessé; mais, hors de danger; pour les autres qui estoient allés avec M. de Turenne, reschappez. Mon dit filz se remet au capitaine Maison-Blanche, à nous particulariser plus amplement. Il mande que M. de Turenne, et ceux qui sont prisonniers avec luy, sont entre les mains du prince de Parme, qui a asseuré à M. de Bellieure qu'il feroit, à M. de Turenne, toutes les courtoisies qu'il seroit possible, et le traiteroit comme son frère, et les mettroit tous à rançon. Sans ce malheur, l'expédition de son altesse avoit esté avec un tel heur, que ses ennemis

 

p. 54

s'estoient retirés à sa veue, de sorte qu'il est entré dans Cambray, sans coup férir, avec la plus grand joye du peuple, qu'il se peut penser. Nous n'avons point veu Maison-Blanche, à cause qu'il est malade, mais il a asseuré M. de Salaignac, que des lors qu'il pourra monter à cheval, il le viendra voir. Je vous escriray, un jour de ceste sepmaine, tout ce que j'auray apris, par un de nos gens qu'envoyons à ma fille de Barbezières, craignant qu'elle aye receu les premières nouvelles, pour la resjouyr de ce qu'il a pleu à Dieu nous préserver ces trois; c'est bien miraculeusement à ce qu'il fait entendre. Je supplie le seigneur qu'il nous face la grace, et à eux, de le scavoir recognoistre à son honneur et gloire. M. de la Voûte et de La Feuillade, et quatre autres gentilshommes de sa troupe, sont prisonniers, mais il ne me mande point entre les mains de qui ilz sont.

Madame ma cousine, vous me commanderez,

Escript de Salaignac ce 4 septembre 1581.

V. P. de Salaignac. »

 

Lettre de M. de Fayard, 15 septembre 1581. (Bte Q. Lse 31.)

 

« Messieurs, suyvant la charge qu'il vous a pleu me bailler, je présente, au roy de Navarre, vos lettres, lesquelles ayant esté leues

 

p. 55

par sa Majesté, fust dict qu'il falloit fère bonne garde attandant l'arrivée de nosseigneurs de Matignon et de Bellieure, qu'on spére estre sur l'assurence, que le roy en baille par ses lettres, dans le vingtiesme du présent moys, pour estre faict justice de la prinse de Périgueux, au contentement du dit seigneur roy de Navarre. Les nouvelles de deçà sont que les affaires de Flandres succèdent au souhait de monseigneur, lequel on tache de marier avec la fille du roy d'Espaigne, ou avec la fille du duc de Lorraine, et ce, pour le désarmer, à quoy toutesfoys il ne veult entendre. L'armée de M. le duc du Mayne s'achemine du cousté de Languedoc, soubz couleur de vouloir attaquer, par ces quartiers là, l'Espaignol; mais l'on craint que soit à aultres fins; l'on dit que les sieurs de Lesdiguières et de Blaccon auroient esté gaignés par le dit sieur du Mayne. Le roy de Navarre despêcha, dés hier, ung courrier, pour faire advancer MM. de Matignon et de Bellieure, lesquelz, si tiennent une moitié de leurs promesses, comme j'ay entendu, réparation sera faicte du faict de Périgueux à future mémoire, pour lequel faict et poursuyte d'icelluy, je demeureré, par deçà, à mon possible: et, de ce que j'aprendré, vous en escriré, par les premiers que trouveré, allant par delà; et, tout ce qu'il vous plaira me commander, vous serviré d'aussi bon coeur que prie Dieu,

 

p. 56

Messieurs, en santé, vous donner longue et heureuse vie.

Vostre très humble et affectionné serviteur,

Fayard.

Le dernier courrier qui est arrivé en ceste cour, assure la délivrance de M. de Turenne, et que pour luy et autres deux, monseigneur en a baillé quatorze, et les autres de sa troupe ont esté aussi délivrés ung pour l'ung.

De Nérac ce XV septembre 1581. »

 

Lettre du roi de Navarre.

 

« Messieurs les consuls, s'en retournant de par delà, Fayard présent porteur, il vous dira les instantes poursuites que j'ay faict, par plusieurs despêches, au roy mon seigneur, pour Périgueux, et les asseurances que sa Majesté me donne, d'y pourvoir, par l'ordre de Matignon et de Bellieure; et, pour ce qu'ils se doibvent rendre, au vingtiesme de ce mois, à Bourdeaulx, il est de besoing de patienter, jusques à leur venue. Cependant je suis d'advis, tant pour les apparentes actions, et les desportemens que nos adversaires tesmoignent en plusieurs et divers endroicts, contre nous, qu'avec les doubtes et deffiances que vous avez des circonvoysins, et d'aulcuns perfides qu'ils ont parmy vous, vous preniez soigneusement garde à vostre conservation,

 

p. 57

pour éviter le malheur et inconvéniant dont vous estes menacés, sans toutesfoys attanter aulcune choses qui vous puisse estre imputée, à contrevention de l'édict, ainsi que j'ay donné charge au dict Fayard, de vous faire plus emplement entendre; sur lequel me remettant, prieray Dieu MM. les consuls, vous avoir en sa saincte garde.

Nérac le 16me jour de septembre 1581.

Vostre bien affectionné amy,

Henry. »

 

Les consuls de Sainte-Foy, aux consuls de Bergerac.

 

« Messieurs,

Nous avons receu la vostre, et, veu ce qui est contenu au billet, Nous avons envoyé ce matin vos lettres à Castilhon, et Qusat. Nous nous employerons, pour vous, en tout ce qui sera de nostre pouvoir, et pour les advertissements que nous avons, si fréquents, tous les jours, nous sommes délibérés de mestre, dans nostre ville, cinquante arquebuziers, de nos amys et voisins, en attendant qu'il plaize à Dieu nous soulager de ces malheurs, qui tant nous travailhent, où nous prions Dieu,

Messieurs, vous avoir en sa saincte garde.

De Ste Foy ce 21 septembre 1581.

 

p. 58

Vos voysins et très affectionnés, à vous servir,

Les consuls de Ste Foy. »

 

Outre les lettres ci-dessus, les consuls reçurent encore les avertissements dont nous donnons ci-dessous copie. On y voit une promesse de secours des habitants d'Issigeac.

 

« Messieurs, il est tout asuré qu'il hi a plus de sinc sens chevaus d'assemblés, pour exécuter, avec, une entreprinse; e, se doit fere, sete nuit. Lon se doute que se est Bragerac. Je vous suplie les avertir, e crénies que sela et trop sertein, car toutes les forses du cors y sont; vous i penseres, sil vous plet, e prie Dieu vous tenir en sa garde

Croies quil se doit exécuter sete nuit.

(sans date et sans signature.)

 

« Messieurs, nous avons veu celle que nous avez escripte par ce porteur, et, pour vous assurer de ce que vous pouvez faire estat de nous, c'est que M. de Beuvron a promis quil se rendra, devers vous, au besoin, Dieu aydant, avec huit cuyrasses et quarante arquebuzes.

Messieurs, que nous prions le Seigneur Dieu, qu'il vous veuille maintenir en sa garde,

D'Issigeac ce 20 septembre.

Vos bons, fidèles et amys, pour vous servir,

Lafon (et deux signatures illisibles). »

 

p. 59

« Messieurs, je vous envoie des avertissemens, que lon ma envoyé; je vous fuse allé trouver, ne esté que nos voysins de Castilhonès hont leur ville toute plene destrangés, et nous nous craignons. Je né volu falir à vous avertir. Je suis tout prest, quant orez à fère de moy. Prenez vous bien garde, car jé peur que le coup est sur vous.

« Vostre bon et fidelle amy à vous servir,

A. Sainct-Martin.

Jé promis ung teston au porteur, contentés le. »

 

« Messieurs,

« J'envoie ce porteur expressement vers vous, pour vous advertir, que, pour certain, il y a deulx hommes, dans Bergerac, qui sortent, de deux jours l'ung, et vont à Montréal; par ainsin, il est besoing de prendre garde à ceulx qui vont et viennent, et sera bon, aussi, de les cognoistre, l'on me la aseuré, pour certain. Oultre, j'ay esté adverti, à jour failli... l'on pence emporter la ville, à nuict. Par ainsin vous aviserez, si les pourrés advertir; surtout, il faut prendre garde à la Maladrerie (1) et, quant

 

(1) La Maladrerie près la route de Pombonne, au lieu dit le Pont de Lapeyre.

 

p. 60

vous sortires pour vendanger; et, que l'on ne sorte, tant de gens, qu'on ne sache bien qui demeure. Dieu soit avec vous, et vous ait tous en sa garde; de vous aussi, je vouldroit scavoir ung mot, pour mettre au bout de mes craintes. »

 

Dans les Chroniques de Tarde, p. 280, on lit: « La ville de Périgueux, qui estoit encore possédée par les religionnaires, à cause que par l'édict de paix, de l'an 1576, elle leur avoit esté réservée, est reprinse par les habitans catholiques, lesquelz en chassent la garnison religionnaire, se remettent dans leur bien et y restablissent la religion catholique et le siège présidial. »

 

A son tour le père Dupuy, dans son Estat de l'église du Périgord, parlant de la prise de Périgueux par les catholiques, s'exprime ainsi: « Enfin Dieu voulut se servir de ce personnage (1) Pour promettre aux catholiques la remise de leur ville, après six ans de bannissement

 

(1) F. Bord; avait étudié sous Maldonat; fut chanoine de St-Front en 1576, entra ensuite dans la compagnie de Jésus et revint prêcher cette année à Périgueux. - P. Dupuy.

 

p. 61

et esclavage tyrannique, car desja les sieurs de Montardy et des Fieux rallient, dans le chasteau l'Evesque et ailleurs, les habitans dispersez par les campagne, desseignent la reprinse de leur ville le vingt sixiesme juillet, l'an 1581, espiant l'occasion de l'absence du sieur de Vivans; et que, suivant l'ordonnance du roy de Navarre, le fort n'estoit gardé que par les habitans de la prétendue religion etc.

Ainsi le jour assigné, les catholiques s'estant blottis dans les ruines d'une grange appartenant à l'hostelerie Saincte Catherine, près des murailles, se saisissent heureusement de la porte du fort, baillent l'espouvante et la chasse à l'huguenot; et, forçant la résistance des ennemis, demeurent maistres de la ville, etc., etc. »

 

Lettre du roi de Navarre, 5 Février 1582

« Messieurs les consulz, dautant qu'à l'occasion des mauvais chemins, je ne puys, en allant à Coutras, passer par voz quartiers, comme je pensoys, j'ay advisé de prendre ung aultre meilleur chemin, et vous ay bien voulu escrire la présente, affin que vous advisiez bien à vostre seureté et conservation sans entreprendre chose qui puisse altérer le repos publicq, gardant inviolablement la paix et m'advertissant, à toutes occasions, de ce qui surviendra, en

 

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quoy m'asseureroit que ferez tout devoir. Je ne vous feray plus longue lettre, sinon pour prier Dieu,

Messieurs les consulz, vous tenir en sa garde.

De Nérac ce Ve février 1581.

Vostre bien bon amy.

Henry. »

 

1582

Dépenses faites par le ministre Bordat et M. de La Rivière, pour aller à Coutras voir le roi de Navarre et le prince de Condé:

Le septièsme jour de febvrier 1582, M. de Bordat et moy, sommes partys de ceste ville, pour aller devers le roy de Navarre et Monsieur le prince de Condé, et nous avons despendu ce qui sensuit:

Et premièrement, le mercredy au soir, allasmes

 

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coucher au Bourg de Brey (1) et despendimes pour le soupper XL sols.

Et baillasmes, au vallet de table, ou à la chambarière, II sols.

Et le lendemain jeudy, VIIIme du dict moys, au passaige de Lartigue, avons payé XII deniers.

Plus, le dict jour mesmes, allames trouver M. de Guogoulsaud desputé de La Rochelle, à Saincte Foy; là, où nous déjeunames, et baillé deux mesures d'avoyne, en attendant les desputés de Saincte Foy; ay payé XII sols.

Plus, ay payé au passaige du pont de Saincte Foy, XII deniers.

Plus, serions allé à Castillon, et aurions demeuré tout le dict jour, en attendant nouvelles du roy de Navarre, et auroyent payé, tant pour la disnée, que souppée, au dict Castillon, III livres X sols.

Et au vallet de table, XII deniers.

Et le vendredy matin, neuf du dict moys, partismes du dict lieu et allames à Coutras; pour passer l'eau, ay payé XII deniers.

Et, pour la disnée du vendredy, nous payasmes

 

(1) Bourg d'Abren, village situé sur la route de Bergerac au Fleix à 9 kil. de Bergerac. Trois des établissements John Bost, destinés aux enfants idiots ou épileptiques, se trouvent dans ce village, ce sont: Siloé, Béthel et la Compassion.

 

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rien, pour ce que les députés de la Rochelle nous invitairent à disner, et nous ont logés, et nous avons rien despendu, nous, ni nos chevaulx.

Plus, pour la souppée du vendredy, aurions payé, à Coutras XXII sols.

Plus, pour le passage de Leyte, aurions payé, XII deniers.

Plus, pour la souppée du dict jour, ay payé, à Castillon, XLIV sols.

Plus, au vallet et chambarière, II sols.

Et le dimanche, onze du dict moys, allasmes disner à Saincte Foy, et despendimes, XXIV sols.

Et, au garson de table, XII deniers.

Et au passaige de Saincte Foy ou Lartigue, ay payé II sols.

Somme tout, XIII livres VI sols.

J'ay receu la dicte somme du consul Guy, pour faire ce voyage, et, par ce quest vray ay signé la présente, à Bergerac les jour, mois et an que dessus.

A la suite de cette visite, la lettre suivante fut adressée à Messieurs les officiers et consuls de la ville de Bergerac :

 

« Messieurs, je ne peulx assez à mon gré vous remercyer de vostre bonne affection envers moy, mais je suis résolu d'y rendre tousjours la mienne, en vostre endroit, si conforme, qu'elle servira pour acquicter l'obligation que je vous

 

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en ay très grande, et de l'honneur que j'ai receu par la Visitation de MM. vos députés, à la créance desquels je ne veulx faire ce tort, que de rendre responce aultrement que de bouche, à ce qu'ils m'ont dict de vostre part; seullement je vous priray de croire, que je ne mantqueray jamais, espérant que Dieu m'en fera la grace, ne au service, en général, de ses esglises, ne, particulièrement, au soing de vostre bien et repos, ainsi que vos dicts dépputés pourront le vous asseurer, en mon nom, sur lesquels m'en remettant, je n'adjouxteray plus à ma lettre, sinon une prière à Dieu, après mestre affectionnément recommandé à vos bonnes graces, et sainctes prières, qu'il vous tienne continuellement,

Messieurs, en sa très saincte et très digne

Escript à Coutras ce XIme jour de febvrier 1582.

Vostre plus affectionné amy,

Henri de Bourbon. »

 

(Lettre du même, 18 mars 1582) Bte Q. Lse 31.

« Messieurs les consuls; m'estant acheminé en ceste ville de Sainct Méxan, pour avoir ce bien, de conférer avec la royne, mère du roy mon seigneur, je vous ay voulu advertir, de la

 

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ferme résolution que j'ay prinse, de ne passer plus oultre, bien qu'elle eust désiré, à ce qu'elle m'a escrit, que j'eusse donné jusques à Champigny, en la maison de mon oncle M. de Montpancier. J'ay envoyé vers elle, le seigr de Lésignan, pour luy fère mes excuses, de ce que je ne puis aller sy avant, ayant une si belle et grande troupe de noblesse près de moy, avec mon oncle M. de Rohan, et mon cousin M. le comte de Laroche-Foucault. J'espère que sa majesté me fera ceste faveur, si sa santé le peult permectre, de venir jusques icy, et que notre entretien, apportera beaucoup de fruict, à l'entier establissement de la paix, au préjudice de laquelle je vous prie tenir la main, qu'il ne soit rien atanté, aux envyrons de vous, avoir soing de vostre conservation, me donner advis de ce qui pourroit survenir, important le service du roy, mon seigneur, le bien de ses subjectz, et vostre particulière seurté, et fère toujours estat de la bonne volonté de celuy qui prye le créateur,

Messieurs les consuls, vous avoir en sa garde.

De Sainct Méxan ce XVIIIme mars 1582.

Vostre bien asseuré amy,

Henry. »

« Fetes tenyr la lettre que j'écry au Sr Le Campanyac. »

 

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A la suite du refus du roi de Navarre, d'aller trouver la reine Mère, les consuls reçurent le billet ci-dessous:

 

« Messieurs,

De tant qu'il court bruit soupsoneux, à cause que le roy de Navarre s'est retiré de Senmesan (St-Maixent), sans vouloir aller parler à la Royne mère, et plusieurs présupozent, à cause de ce, qu'il i aura quelque remuement, ce que je ne puis croyre; toutesfois, s'il i avoit quelque chose de mauvés, vous prie m'en advizer, le plus diligemment que pourrés, affin que je puisse pourvoir aux afferes; et, si j'entens quelque autre chose, je vous le feré entendre. Je ne puis croire, de ce prévoyant, que les choses ne tendent à ce point. »

(Sans date et sans signature.)

 

(Réponse du roi de Navarre aux consuls)

« A Messieurs de la ville de Bergerac,

Messieurs, j'ay receu vos lettres et advis que me donnez, suyvant lesquels je prendray soigneusement garde que nos ennemys n'exécutent aulcuns entreprince sur nous, comme il leur seroyt malaysé, sans grand hazard, estant en lieu et en sy bonne compaignie, que, moyennant la grace de Dieu, ils y recouvreroyen de la

 

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honte. Je ne méprise aucun advertissement, et me ferez plaisir de continuer ceux que vous trouverez certains; et, quand à vos articles, je me remettray à la responce que j'ay faicte sur chacun d'iceulx; pour prier Dieu,

Messieurs vous avoir en sa garde.

De St-Méxan le XXIVme jour de mars 1582.

Vostre bien bon amy,

Henry. »

 

Lettre des consuls de Sainte-Foy. - Affaire de Monségur (1).

« Messieurs, nous avons receu la votre, et suivant icelle, à nous faire à vos volontés, d'envoyer M. Bordas à Sainct Jehan, pour ce que M. de Campaignac, à cause de sa maladie, n'a voulu accepter la charge, nous vous ferons, demain, réponse du dict affaire. Quant à Montségur, il y avoit un traitre, qui avoit promys de rendre les tours, entre les mains des papistes, qui se promenoient dedans la ville, et, comme il le pouvoit faire assurément, il y fut temps; c'est que ceulx de la ville, sachant l'entreprinse, secrètement se myrent dans la tour, après en avoir fait sortir ceulx qui estoient dedans, hormys ung, qui y lessarent, pour garder la porte, et comme ils

 

(1) Chef-lieu de canton de la Gironde.

 

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estaient au presche, pour ce que c'estoit l'heure assignée, le traitre les invita à desjuner, ches ung nommé Carrière, et comme ils desjeunoyent, le traitre di: « Je m'en vais voir à porter à desjeuner, à celuy qui garde; et, en ce faisant, il en emmène trois ou quatre papistes, avec luy; et lors, ceulx qui estoient dedans, de ceulx de la ville, les prindrent et leur firent promettre de faire tout ce qu'ils voudroyent, ce qu'ils promyrent fere, pensant estre tués sur le champ. Ils commencèrent allors, faisant semblant que c'estoyent les papistes, qui estoyent les mestres dedans, et tirant arquebuzades contre ceulx de la ville; et, ceulx qui pensoient que c'estoit contre eux, sans toutefoys qu'il y eust de... (papistes) dedans, pensant, parce moyen, altyrer l'embusquade qui estoit un peu loyng de là; mais il n'y vint que dix ou douze soldats, ou païsans, qui fusrent tués par ceulx qui si trouvoient.

Priant Dieu Messieurs qu'yl vous ayt en sancté, longue et heureuse vie.

De Saincte Foy ce 8 juing 1582.

Vos bons affectionnés amys et voisins,

F. Bernard,

consul, au nom de tous. »

 

Lettre du roi de Navarre au capitaine Guy,

 

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possesseur du fief de Lamouline (1) retrouvée par M. Monteil père, et que nous donnons à titre de curiosité. {Bergerac et son arrondissement. J. du Lac.)

 

« Mon cher capitaine,

« J'irai coucher chez vous vendredi soir, et a vous me ferez manger un ragoût de pois.

Votre ami,

Henry. »

 

 

1584-1585

La première jurade portant la date du 26 juillet est relative à la nomination du syndic et du boursier ou receveur.

Pareilhement ont remonstré, qu'à raison des

 

(1) La Mouline est une propriété située à environ 3 kilomètres de Bergerac, tout près du château de la Beaume.

 

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guerres et dangiers, desquels les habitants de ceste ville ont esté et sont encore menassés, on a estably une garde, en la dicte ville, soubz l'autorité du roy, qui a esté continuée jusques à présant; et, pour ce, les chefs ont, aussy, requis leur estre faict déclaration, s'ilz feront continuer la dicte garde, et qu'elles peynes payeront ceulx qui défaudront à icelle. Tous ensemble ont esté d'advis, que les gardes des portes de la ville se continuent, et qu'on exécute, jusques à vingt sols, ceulx qui défailleront.

Aussi, ont remonstré, que nos anciens prédécesseurs ont acquis, aux habitans de ceste ville, droict de pouvoir mectre leurs vins dans la ville de Libourne, duquel droict les dicts habitans, ont jouy jusques à quelques années, qu'on a cessé, à raison des guerres, et que les juratz de la ville de Libourne ont prins à tels advantages, qu'ayant le sire Pierre de Supco, lors scindic des marchans, puys, troys ans en ça, voulant faire mectre du vin dans la dicte ville, il en fust empesché; et, pour ce que, par ung tel acte, iceulx habitans de Libourne pourroient intervertir nostre possession, et la prescripre, ont aussy requis, leur estre donné advis, s'ils doibvent poursuyvre les dicts habitans de Libourne, et par devant qui, et les moyens pour ce faire. Que ceulx de Libourne soyent poursuyvis au grand conseil, touchant les sus dict-droitz de la ville, et non ailleurs, et que pour

 

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subvenir aux grandz fraitz, qu'il y fauldra faire, il soyt faict ung tail, du premier jour, sur les habitans de la dicte ville, jusques à mile livres, payables à deux pactes.

Ont aussy remonstré, que le grand pont de Dordoigne de ceste ville, est de grand ruyne, de manière que les passans, qui ont contribué à icelluy, se plaignent de ce que l'argent, qui se lève du pontonnage, qui debvroit estre employé à la reffection d'icelluy, est employé aux aultres affaires de la dicte ville; et, sur ce, ont aussi requis MM. de la jurade, d'adviser, s'il seroit bon, que l'afferme d'icelluy pont, fust faicte, moys pour moys, ou par quartiers, et si l'argent, qui en proviendra, sera mis entre les mains d'ung des consuls, aultre que le bourssier, pour estre employé à la réffection d'icelluy pont. Arrêté: que le pont de Dordoigne soit affermé pour ung an, icelle afferme payable à quatre pactes, chascun quartier avancé, et que l'argent d'icelle afferme, soys mis entre les mains de Anthoyne Pinet, consul, pour estre employé à la réparation du dict pont, et non à d'aultres affaires.

Aussy a esté arresté, que pour lever les légatz faitz aux pauvres de l'hospital et de la maladerye de ceste ville, le sire Francoys Planteau, consul, prendra la peyne de les recepvoir, et en fera registre, ce qu'il a promis faire.

Aussy, que les dicts sieurs consuls, manderont

 

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venir en ceste ville ung exécuteur de la haulte justice, pour exécuter ce que luy sera commandé, et empescher que les pourceaulx ne vaguent par la ville, comme ils font, et luy bailleront tels gages qu'ils aviseront.

Le droit de boucle, ou attache des bateaux étrangers, fut affermé pour la somme de 32 livres 10 sols.

Le pont, affermé à Pierre de Supco, pour la somme de cent quinze écus sol.

Le même Pierre de Supco afferma la pêche des poissons des fossés du tour de la ville, pour trois années, pour la somme de dix sept livres.

Le droit prélevé sur tous ceux qui roulent, sur le pont, toutes espèces de denrées et marchandises, délivré à Volpillac, pour la somme de quarante sept sols.

L'herbe des fossés, affermée à Pierre de Supco, pour cent sols.

Le droit de crier le vin par la ville, affermé trois livres, à la condition que le fermier aura trois personnes capables, pour faire les dites criées, et qu'il ne prélèvera qu'un liard, pour chacune.

 

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Ordonnances diverses

On faict inhibitions et défence, à toute manière de gens, qu'ils n'ayent à jurer, ne blasphémer le nom de Dieu, sur peyne de la prison et de dix livres d'amende.

On faict aussi inhibition et défense, à tous les manans et habitans de la présant ville, et aultres, d'entrer, ne donner dommage, avecques personne, ne bestail, dans les vignes, jardins et aultres possessions des dicts habitans, à peyne de dix livres, moytié au roy et moytié à la ville.

On faict commandement aux sus dicts habitans de la dicte ville, et chascung en droict devant ses possessions, de réparer les chemyns, de les curer et tenir de largeur selon la forme antiene, sur peyne de l'esmande, aplicable au roy et à la ville.

On faict aussi commandement aux susdicts habitans de la dicte ville, qu'ils ayent à gecter et fère vuider les pourceaulx, estans dans la ville; aultrement, à faulte de ce faire, suyvant le privilège, est permis à chascun des habitans, iceulx thuer, les trouvant en la rhue, ou ez-maisons des dicts habitans; et quant aulx pourceaulx, et aultre bestail des dicts habitans,

 

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estans en leur mestayries, est inhibé aux propriétaires de les fere mener paistre dans les foussés, arrières foussés et ravelins de la dicte ville, à peyne de cinq sols pour chascune beste, qui y sera trouvée, et seront tenus, les maistres, de payer pour leurs mestayers, serviteurs et vachers, s'ils non de quoy payer.

On faict, aussi, commandement aux dicts habitans de la dicte ville, que, chascun, à l'endroit de sa maison ayent à tenir la rue nette, et oster promptement les femiers et aultres immondicités d'icelle, et de ne laver, de nuyt ne de jour, aulx fontaines publicques de la dicte ville, ny du bourg de la Magdalene, aulcunes trypes, drappeaux et aultres immondicités, sur peyne de dix livres applicables moytié au roy et moytié à la ville.

Il est aussy inhibé et défendu, de ne mectre, ne gecter, les pourceaulx morts de dangiers, ne aultres bestes, dans les ruisseaulx d'autour de la présant ville; mais, les enterrer, à mesmes peynes que dessus.

Aussy, l'on faict inhibition et défense aus dicts habitans, de ne gecter aulcunes eaux salles, sang de bestail, ne aultres ordures et immondicités, par les fenestres, ne autrement ez rues publicques de la dicte ville et bourg de la Magdalène, à mesmes peynes que dessus.

 

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On faict, aussy, inhibition et défense aus dicts habitants, qu'ils n'ayent à combler les foussés de la dicte ville, ne faulx bourgs d'icelle, ny en prandre la terre, ne iceulx rompre et déformer; aussy, est enjoinct à iceulx habitans, de hoster, incontinant, et sans délay, les lins et chanvres qui sont dans les ruisseaulx du Caudaou, le ruisseau de la Pissesaulme, à peyne de dix livres, et de ny en mectre pour l'avenir, à peyne de confiscation et perdition des dicts lins et chanvres, et d'amande arbitraire.

On faict aussy commandement aus dicts habitans de la dicte ville, d'aller en personne à la garde des portes de la dicte ville, quand ils seront mandez, ou y envoyer personnes sufizantes, pour ce faire, sur peyne de vingt sols contre chascun qui défauldra.

Aussy est inhibé aulx femmes de la dicte ville, de ne bréger aulcuns chanvres ou lins dans la dicte ville, ny venter aulcuns bledz, ez rhues et portes d'icelle, à pene de cent sols d'amande.

Est, aussy, inhibé et défendu, à tous hosteliers et cabaretiers, de ne retirer en leurs maisons, aulcuns vagabons, bandoliers, ne gens dissolus et incognuez, sur pene de dix livres d'amande.

Est, aussy, faict inhibition et défense, aux

 

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bouchiers de la dicte ville, et bourg de la Magdalène, de ne thuer et vendre aulcune chair, qu'ils n'ayent prester le serment, comme il apartient, à MM. les consuls, et de vendre bestes, morbeuses, ne viscieuzes, ne mothons que soyent bien sains, et qu'ils n'ayent à souffler ne enfler les mothons de vent, avecques la bouche, pour les escorcher, sur peyne d'amande arbitraire, au roy et à la ville.

On faict aussy commandement à toutes les pastouresses et pangossières, de la présent ville, qu'elles ayent à entretenir la ville fournye de pain, et le faire grand, selon le pris du bled, et qu'elles en facent d'un liard, sur pene de cinquante solz d'amande, et de couper le pain pour le donner aux pauvres.

Est, aussy, faict commandement à tous les habitans de la dicte ville et bourg de la Magdalène, tenir bon et loyal poix, et mesures de pognère, demy pognère, picotins, cartières, chopines et aultres mesures; et, icelles mesures et poix, faire régler et marquer, de la marque de la ville, de jour en jour, sur peyne de dix livres d'amande, aplicables, moytié au roy, et moytié à la ville.

Est faict inhibition et défense, ausdicts habitans de la présant ville, de ne vendre vin en taverne, qu'ils n'ayent passé bourgeois d'icelle,

 

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sur peyne de confiscation du dict vin, et de l'amande, et de la prison.

Est aussy inhibé à toutes personnes, que nul ne soyt si hardi de faire troter les chevalx, et jumens, ne passer charrette chargée, sur le pont de Dordoigne, à peyne de dix livres d'amande, applicables moytié au roy et moytié à la ville.

On faict commandement, à tous ceulx qui portent vendre bled en ceste ville, qu'ils l'ayent à porter au lieu de Cartière, pour estre, là, vendu, afin que le droit du roy soyt gardé, à peyne de dix livres d'amande.

Est, aussy, faict inhibition et défense, à toutes manière de gens, d'achapter oeufs, fromages, pommes, poires, chastaignes, bledz, advoine et aultres vitualhes, pour les revendre, jusques à ce que les habitans en soyent pourveuz, à tout le moings que dix heures du matin ne soyent passées, à pene d'amande arbitraire.

On faict inhibition et défense aus dicts habitans et aultres, de n'aller, de nuyt, par la ville, sans feu, sur peyne de l'amande aplicable moytié au roy, et moytié à la ville.

Les sus dicts commandemens et inhibitions, ont esté publiés, à son de trompe, par Charles

 

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Vignal, sergent et trompete de la présant ville, le premier jour d'aoust mil VC quatre vingt quatre.

« Valeton, notaire royal et clerc de la dicte ville. »

 

Inventaire des meubles et immeubles et la maladerye de ceste ville

 

Le sixièsme du moys d'aoust, l'an mil cinq cens quatre vingtz quatre, Francoys Planteau, consul de ceste ville de Bergerac, s'est transporté dans la maladrerye de la dicte ville, où estant, a faict mectre, par inventaire, à moy, notaire royal, et clerc de la dicte ville, soubsigné, les meubles y estans, et immeubles apartenans à icelle maladerye, exibés et espéciffiez par Thony Dascruptz, malade, y présant comme cy-après:

Premièrement, la grand maison, ont y a cinq chambres, dans lesquelles a esté trouvé une table à prandre les repas, ung banc tournys, plus ung aultre banc, plus deux chalitz en menuserye; plus, deux aultres chalitz faitz de tables; plus, quatres coytes fort usées et quatre cuissins; plus, deux couvertes fort usées; plus,

 

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huict linceulx, cinq thoalles, six serviettes demy usées, une broche de fer, deux landiers de fer, une pale de fer fort usée, une bassine tenant cinq seliaux d'eau; plus, deux platz d'estaing, quatre escuelles d'estaing; plus, deux potz de fer, deux culières de fer, une culière de leton, une grilhe de petite valeur; cinq coffres de boys tors de menusery, et, les aultres, faitz de tables, fermant à clef; et, au bas de la dicte maison, a esté trouvé dix barricques vuydes; plus, ung thonneau escollant cinq barricques; plus, doulh escollant une barricque; plus, ung jardin joignant la dicte maison, dans lequel y a une fontaine; plus, une pièce de terre, et pré, joignant ensemble, situés près la dicte maladerye, confrontant au grand chemyn tyrant de ceste ville à Pontbonon (1), et à la terre de Pierre Poumeau et à la terre de Giron Poumeau, et au pré de Jehan Labarde, et à la terre de Jehan Brugière l'aisné, et avec ses aultres confrontans. Plus, une aultre pièce de terre, contenant deux pognerées, confrontant avec le sus dict jardin, et avec le chemyn tyrant, de ceste ville, au dict lieu de Ponbonon, et à ung aultre chemyn, tirant du temple de la dicte Maladerye, au binage de damoyselle Marguerite de Doublet, et à la terre de sieur Jehan de Belriou.

 

(1) Pombonne, village situé au Nord de Bergerac et à 3 kilomètres environ.

 

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Plus, une pièce de vigne contenant troys meilhades, size au tènement de Rouzetes, laquelle se confronte au chemyn public, tyrant du dict lieu de Rouzete, à la maison d'Anfern, et avec la vigne de Johannot de Passier, et à la vigne des hoirs du sieur Jehan Malhetard.

Plus, troys journaulx de vigne, situés au ténement de la Cosne, lesquelz se confrontent aux vignes de Regard et de Pojols; et, a dit le dict Thony Dascruptz, qu'il ne scait aultres meubles, ne immeubles, que pussent apartenir à la dicte Maladerye, par serment qu'il a fait,

Signé: Valeton.

 

Inventaire des meubles de l'hospital de ceste ville

 

Le douzièsme jour du moys d'août, l'an mil VC quatre vingt quatre, Francoys Planteau consul de ceste ville de Bergerac, s'est transporté en la maison de l'hospital de la dicte ville, où estant, a faict mectre, par inventaire, à moy, notaire royal et clerc, de la dicte ville, soubs signé, les meubles estans au dict hospital, apartenans aux pauvres, lesquels ont esté monstrés et exibés, par Jean Fargot hospitalier.

Premièrement, troys chalitz de tables, garnys chascun d'une coyte de plume, de petite valeur, et ung cuissin seullement; plus, ung chalit en façon de couchete, sans coyte et cuissin; plus,

 

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une cube de piarre, pour faire la buhée; plus, deux pyrolz, l'un, tenant douze sceaulx d'eau, et l'aultre, quatre sceaulx d'eau, gastés et rompus, et de petite valeur; plus, deux potz de fer, l'un tenant environ ung seau d'eau, et l'aultre, tenant envyron dix saliers; plus, ung banc tournys; plus, une padelle; plus, trois saliers d'estaing; une pinte et deux platz d'estaing; une table, pour tenir les couches; ung poilon de cuyvre; deux culières, ung chandelier, dix barriquotz, à faire pouldre, restans de dix sept, et le restant fust bruslé; plus, ung aultre chalit fait de tables; plus, une couverte moyenne de Tholoin; plus, une aultre couverte de retailhons; plus, ung coffre, fermant à clef, dans lequel a esté trouvé dix sept linceulx, fort rompus, usés et de petite valeur; plus, sept linceulx demy usés; plus, sept thoailles (1) fort usées et de petite valeur; plus sept serviètes fort usées; deux yssuemains de petite valeur; ung aultre yssuemains, asses bon; une cramalière de fer; ung vinagrier de terre; deux biarres de boys pour ensepvelir les mortz, l'une avecques piedz et branqualz, et l'aultre sans piedz; plus deux doladoyres; plus, une olyvière tenant une livre d'huile; plus, une chaire de menuiserie; plus, ung molin à fere pouldre, garny de toutes ses

 

(1) Nappes.

 

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platynes et pilotins ferrés; et, en la haulte chambre, a esté trouvé troys chalitz, faitz de tables, avec une coyte seullement, et ung cuissing, chascun ayant sa couverte, de petite valeur. En la grande chambre, a esté trouvé quatre litz garnys de coytes et cuissains, et de couvertes, de petite valeur, deux d'iceulx, garnis de cordela, de cadis bigarré, et deux oreilhiers; plus, deux tables, pour prandre les repas, avec leurs trateaux; plus, une fenestre. Et s'est purgé le dict Fargot, ne en y avoir d'aultres, lesquelz sus dicts meubles, ont esté bailhés au dict Fargot, qui a promis les bien garder.

Signé : Valeton.

 

Le 16 août 1584, les consuls désireux de faire confirmer les privilèges de la ville, écrivent au duc d'Epernon la lettre suivante:

(Bte 7. Lse 32.)

 

« Monseigneur,

Nous vous supplions très humblement, nous excuser, si nous avons prins la hardiesse de vous escripre, et faire très humble requeste, à ce qu'il vous plaise, de vostre grace nous vouloir estre aydant, à la confirmation de noz privillèges et aultres affaires, que nous avons, de pardela, suyvant la prière que le roy de Navarre vous en a faite, et desmontracion de votre bonne volunté, que nous avons cogneue, lors de vostre passage en ceste ville, vous demeurant, nous et

 

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les nostres, très humbles et perpétuelz serviteurs, et priant Dieu,

Monseigneur, pour vostre prospérité, santé, avecques heureuse et longue vie.

De Bergerac ce XVIme d'aoust 1584.

Vos très humbles et très hobéissans subgetz et serviteurs.

Les scindic et consulz de la ville de Bergerac,

Signé : Valeton, clerc des consulz. »

 

1er Janvier 1585

Et advenant le premier jour de janvier, an sus dict, mil VC quatre vingt cinq, Jehanne Castanet, femme de Jehan Fargot, hospitaliers, a receu vingt quatre aulnes de toile d'estouppes, de sire François Planteau, consul de la dicte ville, pour faire du linge de main et linceulx, pour les pauvres, et a dit la dicte Fargot, qu'elle avoit bailhé à MM. Jehan Lange et Jehan Albre, diacres de l'esglise réformée de ceste ville, scavoir: au dict Albre, deux linceulx, et au dict Lange, troys, comme a dit aparoir par quitance signée de leurs mains, qu'elle a dit avoir devers elle.

Et advenant aussy le XXIme de février, an sus dict, mil VC quatre vingt quatre, Jehan Baysselance et Jehan Cros, diacres, ont baillé au dict Jehan Fargot, et à la dicte Jehanne Castanet,

 

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hospitalièrs, huict aulnes de drap blanc, pour faire deux couvertes; plus, sept linceulx, neufs, d'estouppes, plus troys napes, une neufve, et les aultres usées; plus, une couverte, de layne bigarrée, de laynes jaulnes, vertes, noir et vert qu'ils ont prins et receu; ensemble leur ont rendu ung linceul, pour ung, qu'ils prindrent d'eulx, pour ensepvelir ung nommé Petiton, mary de la Toilhe, qui mourust à l'hospital; lesquels sus dicts meubles, ils ont prins et receu, et iceulx ont promis bien garder pour les employer à la nécessité des pauvres.

Et advenant le dix septiesme de septembre, an sus dict, mil VC quatre vingt cinq, a esté bailhé au dict Fargot et à la dicte Jehanne Castanet, hospitaliers, par le dict Planteau, consul, huict serviettes demy usées, une aultre serviette neufve, et troys yssuie main, demy usés, qu'ils ont prins et receu, et oultre ce, ont dit avoir receu de Philippe Martin, habitant de ceste ville, diacre, ung linceul de toiles d'estoupes, neuf, lequel Martin l'avoit auparavant receu de Jehanne Captal, qui avoit charge de faire la collette des pauvres.

Signé : Valeton.

 

Inventaire des meubles appartenans à la communaulté de ceste ville de Bergerac,

estans dans la maison de M. Jehan D'Assas,

jadis principal du collège de la dicte ville.

 

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Ce jourdhuy, second du moys de septembre, l'an mil VC quatre vingt quatre, après midy, maistre Jehan de Mathieu et Françoys Planteau, consulz de ceste ville de Bergerac, sont allés au logis de M. Jehan Dassas, ségnieur du Queylon, jadis principal du collège de ceste ville, pour faire inventaire des meubles appartenans à la communaulté de la dicte ville, cy-devant baillés au dict du Queylon, lesquels meubles icelluy du Queylon, présant, a exibez, et lesquelz sont esté descriptz, comme cy-apres:

Premièrement, un dressoir faict de menuyserie, ayant des armoires et une tyrète, le tout fermant en clef.

Plus, une couchete, faite de menuiserie;

Plus, ung paire de Landiers, faitz de fonte;

Plus, une table longue, à prandre les repas, de la longueur de six piedz et demy, de la largeur de deux grands piedz, avec ses deux tréteaux;

Plus, deux taboretz, faictz de menuiserye;

Plus, une chaire de boys de petite valeur;

Plus, ung banc tournys, ayant ung armoire fermant en clef;

Plus, ung chalit, faict de tables, garny d'une coyte et d'ung cuissin.

Et s'est, le dict du Queylon, purgé par serment, n'avoir aultres meubles appartenans à la communaulté de la dicte ville, et a consenty que les consulz de la dicte ville, prénent iceulx

 

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meubles, en luy payant dix huict livres que la ville luy doibt comme il dit; et sur ce, a esté faict acte et procès-verbal, par moy notaire royal et clerc de la dicte ville soubz signé, pour servir comme il appartiendra.

Signé : Valeton.

 

17 Octobre

A esté remonstré, que par advis de la dernière jurade, il fust arresté et bailler charge au sire Jehan Eyma, syndic des merchans fréquentans la rivière de Dordoigne, de faire confirmer nos privilèges, et pour ce faire, le dict Eyma a fourny cent escuz, lesquels il demande; et, pour n'estre payé, souffre grandz domages et intérêtz. Il fut arrété, les consuls n'ayant pas d'argent, que, pour rembourser le dit Eyma, ils emprunteraient pareille somme.

Aussy, ne sera aulcun des dicts habitans, exempt de faire la garde, chascung à leur rang, soit catholique, ou de la religion, mais seront contraintz faire la garde, en personne le jour, et envoyé, la nuyt, homme capable, soubz les peynes mentionnées aulx précédantes jurades.

A esté délibéré, par les dicts juratz, que ceulx qui sont consuls à présant et seront pour l'advenir, ne seront exemptz de payer le droit des pogèses et aultres subcides de la ville, si ce n'est pendant l'année de leur consulat seullement,

 

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qu'est depuis le jour de la Magdalène, jusques à l'aultre suyvant.

 

8 Novembre

A esté remonstré, que à cause de la grand mortalité des beufz, qui a esté ceste année en la jurisdiction, de ceste ville, comme est encores en plusieurs lieulx, plusieurs habitans de la dicte ville, n'ont peu faire porter leurs vins en ceste ville; à raison de quoy, les dicts habitans demandent permission de les faire entrer après la feste de Sainct Martin, surquoy ont demandé conseil, s'il leur sera permis. Il fut accordé aux dits réclamants un sursis de dix jours, moyennant une redevance de douze deniers par barrique.

 

31 Janvier 1585

Remonstrent que le maistre des haultes oeuvres est en ceste ville, auquel a esté promis pour ses gaiges, cent solz, ung jurgot rouge, ung bonnet rouge, unes chausses rouges, et ung paire de soliers tous les ans; si la jurade ratifie le dict marché. Accepté par la jurade.

Aujourdhuy, premier du moys de février, mil cinq cens quatre vingt cinq, envyron l'heure de troys heures après midy, nous Bertrand Pépin, Jehan Merlan, Ramond Eymier, Jehan de Mathieu, Anthoine Pinet et Francoys Planteau,

 

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scindic et consuls de la présant ville de Bergerac, suyvant l'advis de la jurade, tenue le jour de yer, et pour empescher que maistre Jehan de Belriou, bailly de ceste ville, n'usurpe sur nostre autorité et privilège, comme il sesforce faire, puys quelques jours en ça, ayant les clef d'icelle porte Malbec, que luy avoient esté prestées par l'ung de nous, pour faire sortir quelque terre, qu'il tyroit de sa maison, lesquelles il ne nous a voulu rendre, et les retient devers soy, contre toute la cousturne ancienne; sommes allés devant la dicte porte de Malbec, accompagnés de Pierre Merlyn, et Charles Vignal, nos serviteurs et sergents, et illec estans, avons faict mectre et attacher à la dicte porte, qui estoit fermée en clef, deux grandes bandes de fer; l'une, sur l'une des serrures de la petite porte et guischet, et l'aultre, sur les barraux du grand portail, afin d'empescher que les dictes portes ne soyent ouvertes, si ce n'est par nostre commandement, ou permission, en attendant que nous ayons fait faire d'aultres serrures et clefs, pour conserver la possession que nos prédécesseurs consuls ont observé par temps immémorial, suyvant les privilèges et louables coustumes de la dicte ville; lesquelles bandes, ont été mises et clouées par nostre commandement, et en nostre présance, par Guillaume Durand, maistre serrurier, habitant de la dicte ville, en présance de Jehan Cros et Pierre Nulharpon, aussy habitans de la

 

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dicte ville; et affin que nos successeurs soyent, à l'avenir, informés de ce que dessus, nous avons dressé le présent procès verbail, pour servir à la postérité, lequel nous avons signé de nos mains.

 

25 Mars

Outre les consuls et les jurats, les gentilshommes dont les noms suivent assistaient à la jurade: Armand de Clermont, seigneur de Pilles, Jean d'Escodéca et son frère Godefroy, Sauliat le Comte, seigneur de Tiregan, et Bertrand de Bérail seigneur de La Roque. En présance desquels, les dicts sieurs consuls ont remonstré que, yer, ils reçurent une lettre de M. d'Aubeterre, séneschal de Périgort, qui leur fust portée par M. des Combes, avec une créance, pour nous tenir sur nos gardes, et conserver ceste ville en l'obéyssance du roy; et par la dicte créance, entendre que M. le mareschal de Matignon (1) avoit escript au dict sieur d'Aubeterre,

 

(1) (Jacques, Goyon de) né en 1525, mort en 1597. Se distingua aux sièges de Montmédy et d'Ivoy; fut fait prisonnier à la bataille de Saint-Quentin, battit les Anglais devant Falaise, se distingua aux combats de Jarnac et de Moncontour. Ne fit pas exécuter, dans Alençon et dans Saint-Lô, dont il était gouverneur, les ordres barbare de Charles IX, lors de la Saint-Barthélémy. Fut nommé, en 1584, lieutenant général de la Guyenne. Battit à Nérac, en 1588, le roi de Navarre, qu'il reconnut l'année suivante pour roi de France, à la mort de Henri III.

 

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que le roy l'avoit adverty qu'il se faisoyt une levée de Malcontans, qui le mectoit en doubte de sa vye et de son estat, et qu'on dressoyt des compagnies, en ce pays, mesmes le capitaine Puyférat dressoyt ung régiment, et quelques circonvoisins en faisoyent de mesmes, et qu'on faisoyt courir ung bruit, que les habitans de la ville d'Angolesme ne vouloyent poinct recepvoir M. de Bellegarde, et que les dicts Malcontans debvoient prandre les armes le dernier jour de ce moys; et sur ce, ont requis leur estre donné conseil pour pourvoir à cest affaire.

Sur quoy, après lecture faicte de la lettre du dict sieur d'Aubeterre, dattée du XXIIIme de mars dernier, cy-après incérée, tous les sus nommés, d'une mesme voix, ont arresté que pour garder et conserves ceste ville, soubz l'obeissance du roy, comme elle a tousjours esté, il seroit faict cinq corps de garde dans icelle, et qu'il sera enjoinct aux habitans d'icelle, qui seront commandés la faire (la garde), de se trouver aux lieulx qui leur seront ordonnés, ou y envoyer homme capable, qui soyt cogneu et non estrangier, garnys de leurs armes, pour faire la garde la nuyt, à peine de vingt sols,

 

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contre celluy qui défaudra, et que ceulx qui seront de garde, la nuyt, se trouveront le matin en personne à l'ouverture des portes, garnys de leurs armes, sans y envoyer leurs serviteurs, sinon en cas de maladie ou absance; et que ceulx qui ont boutiques sur la rhue, tiendront leurs armes dans icelles, durant le jour, afin d'estre pretz au besoin qui se pourroit présenter, pour la conservation de la ville, et que ceulx qui seront commandés de faire la ronde, la feront en personne, ou y enverront homme capable et assuré, à peine d'ung escu, contre celluy qui défaudra, et qu'il sera commandé aux estrangiers, et gens sans adveu, qui sont en ceste ville, vuyder icelle ville, dans troys jours, à peine du foyt. Pareilhement, qu'il sera faict visite des armes et pouldres qui sont en ceste ville, afin d'en faire prandre et achapter à ceulx qui n'en ont poinct; et suyvant la lettre du dict sieur Séneschal, pour éviter les dangiers qui pourroient avenir, afin d'ordonner quelque police, consernant la conservation de la dicte ville, a esté ordonné qu'il sera esleu des personnages de la dicte ville qui ont esté présentement nommés, scavoir: Symon de Villepontoux, Armand Vayres, Jehan Lacombe le jeune, Giron Poumeau, Pierre Poumeau, B. de La Rivière et Mathurin Peyrarède; lesquels avec le conseil des consuls, délibéreront et arresteront tout ce qu'ils verront estre nécessaire, pour l'effet de la

 

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garde de la dicte ville, soyt pour faire achapter armes aux habitans, pouldres, alebardes et autres armes, ensemble de ce quils verront estre nécessaire de édifier ou bastir, à lentour, et ez-environs de la dicte ville, ausquels, avec les dicts consuls, est donné toute puissance de contraindre les refuzans, par exécution et vente de leurs biens, meubles, et par prison.

Sensuyt la lettre du sieur Séneschal.

 

Messieurs les consuls,

J'ay bien voulu vous fère cest escript, pour vous donner advis, que vous ayez à prandre soigneusement garde à la conservation de vostre ville, afin quil n'en advienne inconvéniant, et que vostre repos ne soit troublé, et le service du roy altéré; monsieur des Combes, présant porteur, que j'envoye devers vous, exprès, vous fera plus particulièrement entendre l'ocasion de son voyage, sur ce subject, auquel me remétant, je ne vous feray plus long discours, synon pour me recommander affectueusement à vos bonnes graces, et prier Dieu,

Messieurs les consuls, qu'il vous donne sa garde.

D'Aubeterre ce XXIIIme mars 1585.

Signé: Aubeterre.

 

Ordonnances faites suyvant la précédante jurade:

 

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De par le roy,

Il est faict commandement aux habitans de ceste ville, qui seront commandés pour estre de garde, de se trouver au lieu qui leur sera ordonné, incontinant après la retraite sonnée, chascun avec leurs armes, ou y envoyer homme capable qui soit cogneu et non estrangier, garny de leurs armes, pour faire la garde la nuyt, à peyne de vingt solz contre celluy qui défaudra.

Aussy est enjoint aux dicts habitans, qui seront de garde la nuyt, de se trouver en personne à l'ouverture des portes, chascun en l'endroit où ils doibvent estre de garde, garny de leurs armes, sans y envoyer facteurs, serviteurs ni aultres, sinon en cas de maladie ou absance, et n'abandonner la garde sans estre congédiés de leur caporal, ou surintendant, commis sur les dictes gardes, et ce à mesmes peynes que dessus.

Aussy, est faict commandement à tous les dicts habitants, lorsqu'ils seront commandés de faire la ronde, d'y aller en personne, ou y envoyer homme capable et assuré, à peyne d'ung escu, contre celluy qui défauldra.

Est enjoinct à tous habitans de la dicte ville, qui ont bouticque sur rue, de tenir leurs armes dans leur boutique, durant le jour, afin d'estre plus près, au besoing qui se pourront présenter, pour la conservation de la ville.

 

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Est, aussy, inhibé à toute manière de gens, de monter ne passer par les ravelins et bastions, estans autour de ceste ville, à peine de cinq solz contre celluy qui contreviendra à ceste inhibition, laquelle somme sera employée pour la réparation des dicts ravelins.

Aussy, est inhibé à toute manière de gens, de mener ou faire mener aulcun bestail, gros ne menu, sur les dicts ravelins ne autour d'iceulx; aultrement, est permis, à ceulx de la garde, de thuer le dict bestail.

Il est enjoinct à tous estrangiers et gens sans adveu, et desquels les consuls de ceste ville n'auront bon tesmoignage et atestation, de vuyder la dicte ville dans troys jours, à peine du foit.

Faict à Bergerac le XXVIIme de mars, an sus dict.

 

Délibérations faites par MM. les consuls de la présant ville, Symon de Villepontoux, Pierre Poumeau, Giron Poumeau, B. de La Rivière, Mathurin de la Peyrarède, Jehan Lacombe le jeune, Arnault Vayres, esleuz et commis avec les dits consuls, par la jurade tenue le XXVme de mars, pour metre ordre aux gardes de ceste ville, estans assemblés au parquet royal de la dicte ville, le XXVIIme mars mil VC quatre vingt cinq.

 

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Premièrement, qu'il sera fait cinq corps de garde en la dicte ville, et pour s'attendre à icelles, Fortou Queilhe sera mandé, pour scavoir qu'on luy donnera.

Qu'il sera faict visite des pouldres et armes, qui sont en ceste ville, pour en achapter et fere prandre à ceulx qui n'en ont poinct.

Que les pièces d'artilherie, qui sont sur les ravelins, seront mises dans la ville pour les fere acoustré, si besoing est.

Que les endroitz des ravelins, où l'on passe aysément, seront escarpés, afin qu'on ne passe plus; et, sera inhibé aulx habitans de ceste ville, de ny mener le bestail, à peyne d'estre thué.

Quil sera cryé, demain, à son de trompe, que ceulx qui seront mandés estre de garde sy trouveront en personne, le jour, sans y envoyer leurs serviteurs ou aultres, synon en cas de maladie ou absance, ains estre assiduellement à la dicte garde, et y prandre leurs repas, durant le dict jour, à peine d'ung escu contre chascun qui défauldra.

Qu'il sera achapté des mothes de tant, pour tenir le feu, aux corps de garde, lesquels corps de garde, les dicts consuls et les aultres commis, sus nommez, visiteront par ranc.

Qu'il sera advisé s'il y a des troux aux murailhes de la ville, pour les faire fermer.

Que tous les matins, doresnavant, à l'heure de sept heures, les dicts sieurs consuls et les

 

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aultres sus nommés, s'assembleront au présant lieu, pour pourvoir à la garde et conservation de la dicte ville.

Que le portal du ravelin de Malbec, sera fermé d'une porte de boys simple, et qu'au près de la grand porte de Malbec, sera faict ung pont levys, semblable à celuy de la porte de Cleyrat.

Que la bonde de Cleyrac sera acoustrée, en toute diligence, pour faire retenir l'eau dans icelle.

Que le bathouard de Malbec, sera haussé de murailhe, pour couvrir seulement les arcabuziers, et les quatre canonyères, basses et haultes, seront fermées.

Que la murailhe du pont de Ferreboyssou, du cousté de la porte, sera haussée, et dans icelle se fera troys canonières; laquelle murailhe Jehan Dijios, masson, présent, à prins à faire, à pris fait, de la largeur de celle qui est commencée, à la raison de vingt cinq sols pour brasses.

Que le conduit de l'eau des prés, qui entre dans le foussé de la bonde de Cleyrat, sera couvert de pierres, ou de gros boys; et, par dessus, aussy, couvert de terre et gazon, de la haulteur et expesseur des aultres ravelins, et le tout en diligence.

Fortou Queilhe s'engage, le même jour, moyennant serment, prêté aux consuls, à surveiller les corps de garde et les rondes ordonnées,

 

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et à signaler, à qui de droit, ceux qui n'exécuteront pas les ordres donnés.

 

3 Avril

A esté arresté, que le dict Planteau, consul, pour la conservation de la ville sous l'obéyssance du roy, partira, pour Lymeuil, achapter des pouldres, à la charge que, si, pour ce faire, luy vient domage ou inconvéniant, que la ville le rellevera, et s'il avance aulcunes sommes d'argent, la ville le rembourssera, et quil sera faict une liste pour distribuer les dictes pouldres aux habitans de ceste ville qui n'en auront, lesquels seront contraints de les prandre, par exécution et emprisonnement et détention de leurs personnes.

Que le maistre arcabousier de la ville d'Aymet, sera mandé venir en ceste ville, pour forger des arcabouzes, et mosqueteroux, en le salarisant, et quil sera avisé, si, par le moyen de quelques vins, on pourra recouvrer des armes de la ville de Libourne, ou de Bourdeaux, par le moyen de M. de Magneurs, ou de M. de Boysse, en les payant.

Et pour payer les sus dictes pouldres, et aultres munition de guerre qui seront achaptées, sera emprompté mile escus à l'intérêt, payables dans ung an, à la charge que, vingt ou trente des habitans de la dicte ville, s'obligeront de les

 

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payer, à celluy ou ceulx, qui les presteront, et la ville les en rellevera.

Que le pont levys, qui se faict à présant, de nouveau, près de la grand porte de Malbec, sera de la largeur du petit pont levys de la porte Logadoyre, et que, sur les murs de la ville, près du reloge, sera faict et basty une garite couverte, pour mectre, dans icelle, la sentinelle et une cloche, pour descuvrir ceulx qui peulvent venir, tan du costé de Creysse, que du bourg de la Magdalene.

Et quant aulx habitans de la dicte ville, qui vont dehors, à leurs mestayries, ou alheurs, portant leurs armes, il leur sera permis de les porter, en les raportant en ville, les soirs, quant se retyreront; autrement, à faulte de ce faire, seront exécutés, promptement, ung chascun d'eux, jusques à la valleur des armes.

 

3 Avril

Sensuyt le dénombrement des pouldres, souffre, salpêtre et aultres munitions de guerre, apartenans à la communaulté de la présant ville, icelluy dénombrement fait par maistres Ramond Eymier, Jehan de Mathieu, Anthoyne Pynet et Françoys Planteau, consuls de la dicte ville, suyvant l'advis de la jurade tenue en la dicte ville le XXVme de mars dernier, à Bergerac

 

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le tiers jour d'apvril., l'an mil VC quatre vingt cinq:

Premièrement, ches le consul Pinet, a esté trouvé onze grenades, trente neuf fertz de pique, dix balles de mosquet, et environ deux livres de souffre, qui sont demeurez en la maison du dict Pinet.

Ches Arnauld Pinet, deux piques.

De la maison du dict Planteau, consul, a esté porté, au poix de Maleprade (1), la pouldre comme sensuyt:

Premièrement, ung baril de pouldre, pezant quatre vingt sept livres, boys et tout, qui a esté envoyé chez Jehan Brugière, l'aisné, lequel il a prins et reçu.

Plus, ung aultre barriquot de pouldre, pesant ung quintal, vingt cinq livres, boys et tout, qui a esté envoyé ches Mathurin Peyrarède, lequel il a prins et reçu.

Plus, ung aultre barriquot de pouldre pesant, boys et tout, ung quintal six livres et demye, qui a esté envoyé ches Johanot Gros, qui la prins et reçu.

Plus, ung aultre barriquot pesant, boys et tout, ung quintal, qui a esté envoyé ches Prépazès, qui la prins et reçu.

 

(1) Maleprade était le fermier du poids public de la ville.

 

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Plus, ung aultre barriquot de pouldre, pesant, boys et tout, ung quintal cinq livres, qui a esté envoyé ches Jehan Gros, qui l'a prins et reçu.

Plus, ung aultre barril de pouldre, pesant boys et tout, ung quintal qui a esté envoyé ches B. de La Rivière.

Plus, ung aultre barriquot de pouldre, pesant, boys et tout, quatre vingt neuf livres, qui a esté envoyé ches P. Martin.

Plus, ung aultre barril de pouldre, pesant, boys et tout, quatre vingt dix neuf livres et demye, qui a esté envoyé à Pierre Poumeau.

Plus, ung aultre barril de pouldre, pesant, boys et tout, quatre vingt huict livres, qui a esté envoyé à M. le bailly le vieulx.

Plus, ung aultre barriquot, dans lequel y a de la pouldre, pesant, boys et tout, trente livres, qui a esté envoyé à Jehan Lacombe, le jeune.

Plus, Jehan Guy, le jeune, parlant aux dicts sieurs consuls, a dit avoir devers luy et dans sa maison, six barrils de salpêtre, pesant huict quintalz, huict livres, boys et tout, et quatre vingt livres de pouldre, dans ung barril, appartenant à la communaulté de la dicte ville, qui sont demeurés entre les mains du dict Jehan Guy.

 

3 Mai

M. de Favars, député par le roy de Navarre, assiste à la jurade.

 

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Le dict sieur de Favars a remonstré, que le dict sieur roy de Navarre, veult et entend, qu'en toute dilligence, les habitans de la dicte ville recouvrent et facent porter, dans la ville, les cent quintaulx de pouldre, cinquante quintaulx de salpêtre, vingt quatre quintaulx de souffre, cinquante quintaulx de plomb, et aultres munitions de guerre, qui sont desja esté cothisées et esgalées, sur les dicts habitans, par son commandement, le plustost que fere se pourra; et que, à ces fins, iceulx habitans commectent six hommes, notables, de la dicte ville, qui les achaptent et facent porter, à icelle fin, que les dictes pouldres et aultres munitions, qui sont en ceste ville, servent, advenant ung siège, pour garder la ville soubz l'obéyssance du roy, et que iceulx habitans, pour ocasion quelconque, n'en puissent vendre, sans permission publicque de la dicte ville. Et, a, le dict sieur de Favars, interpellé les dicts sieurs consuls et aultres sus nommés, luy fere déclaration s'ils approuvent le département qui en a esté fait, et s'ils payeront ce à quoy ils sont cothisés, et s'ils entendent, entièrement satisfaire à l'intention du dict sieur roy de Navarre. Sur lesquelles remonstrances, la plus grand partye des sus nommés ont oppiné et arresté, que, attendu l'extrême dangier de guerre, où nous sommes à présant, plus que jamais, les sus dicts cent quintaulx de pouldre et aultres munitions de guerre seront achaptés,

 

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et recouvrés, le plustost que fère se pourra, par les habitans de la dicte ville pour la conservation d'icelle sous l'obéyssance du roy nostre sire, pour estre distribuées aux dicts habitans de la dicte ville, et bourg de la Magdalène, suyvant le rolle qui en a esté fait, soubdain qu'elles seront portées en la dicte ville, sans que les habitans les puissent vendre, ny s'en desfaire, sans permission publicque de la ville; et pour fère les dilligences et achapt des pouldres, ont nommés et commis, le dict sieur de Cessac, lieutenant criminel, Jehan Marteilhe et Francoys Planteau, consuls, Jehan Brugière l'aisné, Jehan Eyma et Bertrand Bousquet; et touchant le département de cent manoeuvres, qui a esté commancé de fère sur les dicts habitants, par le commandement du dict sieur roy de Navarre, et lesquels, iceulx habitans doibvent nourrir, pour travailler aux fortifications de la ville, a esté arresté que le dict despartement sera reveu et reffect, par tout le jour, par Pierre Poumeau, B. Gillet, et Françoys Gillet, Pierre Vignal, P. Pages.

 

27 Mai

A esté remonstré, que suyvant le commandement du roy de Navarre, ceulx qui avoient charge de recouvrer cent quintaulx de poudre, et aultres munitions de guerre, pour la conservation de la ville soubz l'obéyssance du roy, en

 

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ont achapté une grand partye, et sont, après, à fère porter le reste, pour estre esgalé et distribuer aux habitans de la dicte ville, mais la pluspart des dicts habitans n'en veullent poinct prandre, pour ce, disent ils, qu'ils n'ont poinct d'argent. Aussy le roy de Navarre, à son partement de ceste ville, commanda, par exprès, aux dicts sieurs consuls, qu'ils heussent l'oeil aux gardes, et à fère travailler aux fortifications, à quoy ils s'employent le mieulx qu'ils peuvent; mais, aussi, la pluspart desdicts habitans, mesmes ceulx qui doibvent fournir cent manoeuvres pour les dictes fortifications, et les nourrir, comme ont promis, ne tiennent compte de les y envoyer, et ceulx qui sont mandés venir, pour porter le gazon et la facine, à la dicte fortification n'obéyssent poinct, et plusieurs des dicts habitants, se plagnent de ce qu'on prent le gazon de leurs prés, sans toucher aulx autres, et ont défendu de n'en prandre plus; pareillement, qu'il a esté faict ung tail sur les habitans de la dicte ville, jusques à la somme de quatorze cens cinquante et quelques livres, pour payer certaines debtes de la ville, laquelle somme, s'employe, par le commandement du dict sieur roy de Navarre, en achapts de chaulx, payement de manoeuvres, et aultres choses pour la fortification de la dicte ville, et ont requis, pour leur descharge, les dicts fraix leur estre alloués, ensemble ceulx qu'il fauldra fere d'icelle somme

 

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cothisée, et leur estre donne conseil pour pourvoir sur le reste.

Sur lesquelles remonstrances, la plus grande et sayne partye des dicts juratz, sus nommés, ont oppiné et arresté que les pouldres et aultres munitions de guerre, achaptées, et qui sont en ceste ville, seront distribuées et bailhées aux habitans de la dicte ville, par ceulx qui en ont la charge, suyvant la cothisation qui en a esté faite, et, à faulte de les vouloir prandre, seront contraints par toutes rigueurs de justice; et que les ordonnances, faites cy-devant, touchant les gardes de la ville, soyent entièrement gardées et observées, et les contrevenant exécutés, pour les amandes portées par les ordonnances; et, ceulx qui doibvent fornir cent hommes, pour travailher à la dicte fortification, envoyeront le dict nombre d'hommes à la fortification, avec leurs vivres, pour n'en bouger jusques au soir, à peine de vingt sols contre ung chascun, qui défaudra; et quand au gazon, MM. les consuls et les six cy-devant nommés, pour assister avecques eulx, s'assembleront ce jourdhuy, après disner, au présant lieu, et, doresnavant, tous les lundys, mercredys et vendredys de chasque sepmaine, pour aviser en quelz lieulz on prandra le dict gazon, et pourvoir aulx aultres affaires, concernant la dicte fortification.

Et sur la remonstrance faite par le sieur Jehan Peyrarède, procureur du roy, qu'il y a

 

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plusieurs habitans de ceste ville et aultres, ez-paroisses de Sainct Martin, Prigonrieu, Creysse, Bourg de la Magdalene, Sainct Cristophe et Sainct Serny de Gabanelle, qui sont exemps de fournir charrettes et boeufz pour la dicte fortification, soubz prétexte qu'ils n'en ont poinct, quoique la pluspart d'iceulx ayent en possession la labeur d'ung paire de boeufz, et, par ce moyen, les enrollés qui sont en petit nombre, et qui ont travailhé jusques à présant, demeurent grandement foulés et pressés. A esté arresté que, doresnavant, sera faict rolle de tous ceulx qui ont moyen d'envoyer charrettes et boeufs, tant des habitans de ceste ville, que des sus dictes paroisses, pour venir, par ranc, avecques charrette et boeufz, à la dicte fortification, lors qu'ils seront mandés, à peine de vingt sols contre celluy qui défauldra; et pour le regard de ceulx qui sont delà l'eau, et du cousté du bourg, qui ne pourront, leurs charrettes payeront dix solz chascung, au payement desquelles sommes seront contraintz; et quant au tail, qui estoit faict, pour payer les debtes de la ville, a esté aussy arresté que le dict tail sera achevé de lever, et que tout ce qui aura esté employé d'icelluy, ou qui s'employera à l'avenir, aux dictes fortifications, par l'advis des dicts sieurs consuls et de ceulx qui leur sont adjoinctz, pour ayder et conseiller, sera alouhé aux sus dicts sieurs consuls.

 

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Même date 27 mai

Les consuls, et ceux qui leur avaient été adjoint, pour activer le travail des fortifications, se réunissent pour prendre et arrêter les mesures nécessaires. A cette séance assistait Lacoste maréchal-de-logis du roi de Navarre.

Considérant la fort petite garde, qui se faict en ceste ville, et le peu de dilligence au travail des fortifications, ont arresté qu'il sera enjoinct aux dizeniers, qui commandent aux fortifications de la dicte ville, de mener au travail, les jours qu'ils seront commandés, les nommés en leurs rolles, à l'heure de cinq heures du mactin pour travailler, jusques à neuf heures, et despuis l'heure de onze heures, jusques à une heure après midy, et despuis l'heure de deux heures jusques à quatre, à peine de vingt sols; et, à ceulx qui seront nommez aux rolles, d'obéyr à leurs dizeniers, à mesme peyne de vingt sols, contre cellui qui défauldra; et qu'il sera aussi enjoinct et commandé à tous les sus dicts habitans, qu'incontinant après soupper, ferment leurs boutiques, pour aller travailler aus dictes fortifications, à peyne d'ung escu contre ceulx qui défauldront; et, pour ce qu'à l'endroit du corps de garde de Bellegarde, la murailhe de la ville est tombée, et y a une bresche fort dangereuse, est arresté qu'il y sera faict ung bastion,

 

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entouré de murailhes, et que les fraictz d'icelluy seront faitz par le bourssier de la ville; et cepandant, pour la sûreté de la dicte ville, sera faict de long à long de la dicte broche, une traversse de boys, cousue de tables, telle que le dict sieur de Lacoste avisera, et le tout, aux despens de la ville, et le plustost que fère se pourra; et, pour le regard du corps de garde de la ville, que les rolles d'icelle garde, qui sont faitz de présant, seront veu et mis devers le capitaine Jaure, et Giron Poumeau, et le dit de La Rivière, dans demain, pour estre resfaitz si besoing est. Et, ce faict, sera faict commandement à tous les habitans de ceste ville, le jour qu'ils seront de garde, de sy trouver en personne, s'ils n'ont excuse de maladye ou absance, et, où ils seront excuzables, y envoyer homme capable avecques armes; et leur est inhibé de partyr de leur corps de garde, pendant tout le dict jour, ains y prandront leur repas, le tout à peine d'ung escu, contre celluy qui défauldra; et, aussy, qu'il sera faict inhibition et défense, à toute manière de gens, de sortir, ne fère sortir, hors de la présant ville, directement ou indirectement, aulcunes armes, pouldres, souffres, plomb, métal, rouzine (résine), ne mitrailhe et aultres munitions de guerre, à peyne de confiscation de la marchandise, et de dix escuz d'amande; et, pareilhement, sera enjoinct aux habitans de ceste ville, qui sont sortys d'icelle, de

 

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se retirer dans icelle, et y coucher tous les soirs, à peyne de dix escutz d'amande, et donc a esté faict acte, par moy, notaire royal de la dicte ville, soubz signé, pour servyr comme il apartiendra.

Valeton.

 

29 Mai

 

Gaiges du maistre des haultes oeuvres

 

A Bergerac le vingt neufiesme du moys de may, l'an mil cinq cens quatre vingtz cinq, après midy, régnant Henry, devant moy notaire royal, ont esté présents: Jehan Merlan, consul et bourssier, M. Jehan Mathieu et Anthoine Pinet, consuls de la dicte ville, lesquels, tant pour eulx que pour les aultres consuls de la dicte ville, absans, et au dict nom, ont promis payer, à Jacques Arnauld, maistre des haultes oeuvres, natif de la ville de Lymoges, à présant habitant de ceste ville, présant, pour ses gaiges de maistre des haultes oeuvres, la somme de vingt livres, ung bonet rouge avec une plume, et ung surgot rouge, avecque une chambre et ung lit pour se retirer payable la susdicte somme par demys carterons, jusques à fin, et payé, le bonnet rouge, du premier jour, et surgot rouge, après la première exécution, qu'il fera en ceste ville, et ce, pour ung an prochain venant, à la charge que le dict maistre sera tenu faire vuyder

 

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les pourceaulx de la ville, et servir les habitans d'icelle, à nétoyer leurs cloaques, en le salarisant, ce qu'il a promis faire; en desduction de laquelle, a esté payé et avancé, présentement, au dict Arnauld, par le dict Merlan, consul, la somme de cinquante sols tournois, qu'il a prins et receue; et, ce que dessus, les partyes ont promis tenir et garder, sans venir au contraire, soubz obligations, scavoir: les dicts consuls, des biens de la ville, et le dict Arnauld, les siens propres, qu'ils ont soubmis aux exécutions de touts arretz, par serment qu'ils ont faict en présence de M. Jéhan Cholyn, et Jéhan Augière, habitans de ceste ville, tesmoings signés à l'original avec les dicts sieurs consulz, et le dict Arnauld a dict ne scavoir signé.

Signé: Valeton, notaire royal et clerc de la ville.

 

2 Juin

Les sieurs consuls ont remonstré qu'ils ont receu une letre du roy du Navarre, dattée du premier jour du moys de juing, par laquelle il nous escript, qu'il y a plusieurs compaignies de pied et de cheval, près de la ville de Périgueux, qui taschent à nous surprandre, et nous advertist de fère bonne garde, et de fère travailler aux fortifications, en plus grande dilligence que nous n'avons fait; et pour fère response à la

 

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dicte letre, ont requis leur estre donné advis. Sur quoy, après lecture présentement faite de la dicte lectre, a esté oppiné et arresté, qu'il sera faict response au dict sieur roy de Navarre, par laquelle sera contenu, que les habitans de la ville le remercyent, très humblement, des advertissemens qu'il leur fait, et que celuy qui a porté la letre, et qui raportera la response, soit desfrayé de ce qu'il a despendu en ceste ville, et que, oultre ce, luy soit donné quelque chose pour son vin, et qu'il sera envoyé troys ou quatre personnages, vers Mussidan, Montflanquin, Mauriac (1) et ailheurs, pour scavoir et entendre des advertissements, et que M. de la Coste sera gratifié, du premier jour, de la somme de vingt escuz, pour la peyne qu'il prent à conduyre les fortifications de la dicte ville.

 

8 Juin

A esté oppiné et arresté, que des pouldres et aultres munitions de guerre, qui sont esté achaptées, par le commandement du roy de Navarre, pour garder la ville soubz l'obéissance du roy, et sera, pour ce, à présant, bailhé et distribué aux dicts habitans, à chescun, une quarte partye de ce qu'ils sont cothisez, suivant

 

(1) Hameau commune de Douzillac; anc. rep noble.

 

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le rolle qui en a esté fait; et, à faulte de les prandre, ceulx qui ont charge de les distribuer, contraindront les refuzans par toutes rigueurs de justice.

Et d'aultant, qu'en la ville de Bordeaux, meurent de peste, a esté arresté que, personne, quel qu'il soyt, venant de la dicte ville, n'entrera en ceste ville, à cause du dangier, sans congé et provision des dicts sieurs consuls.

 

19 Juin

A esté arresté que ceulx qui s'en sont allés à leurs boriages et mestayries, hors de ceste ville, pour commancer d'amasser leurs bledz, foins et aultres choses, se retyreront tous les jours dans icelle, et coucheront en leurs maisons, à seule fin d'estre pretz, en cas d'alarme ou aultre nécessité, pour soustenir la ville et la garder soubz l'obéissance du roy, à peyne de vingt solz pour chascune foys, contre celuy qui défauldront; et, pour continuer les fortifications de ceste ville, seront levés les restes de la tailhe dernièrement cothisée; et, pour ce faire, deux de messieurs les consuls, assisteront, par tour, au bourssier, pour faire la dicte levée.

 

12 Juillet

Veu le présent dangier, où nous sommes, à raison du dégast des bledz, que M. le mareschal

 

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de Mastignon veult faire en ce pays, a esté arresté que le capitaine Jaure, yra et partira, dez anuyt, pour aller en la ville de Saincte Foy, pour se trouver à l'assemblée, qui sy doibt faire, qu'il entendra d'eulx, ce qu'il sera nécessaire de faire pour la conservation de la ville, et de la récolte; et, qu'à ces fins, luy sera bailhé deux escus sol, pour faire le dict voyage.

 

14 Juillet

A esté arresté, qu'il sera donné quelque récompense à Perroty, oultre ses gaiges de sonneur de cloche aux retraites, presches et prières, parce qu'il sonne la dicte cloche troys foys le jour pour les rampars.

Quant à Arnauld Gros, qui faict travailler aux fortifications de ceste ville, a esté, aussi, arresté que, oultre sa tailhe, luy sera bailhé deux escuz sol, suyvant l'advis de M. le bailly.

 

17 Juillet

Ont remonstré, qu'il a esté plusieurs foys enjoinct, et commandé, aulx habitans de ceste ville, d'aller faire la garde, lorsqu'ils seront commandés, de se trouver à l'ouverture des portes, avecques leurs armes, ou y envoyer personnes capables, en cas de maladye ou de absance; toutesfoys, et plusieurs des dicts habitans

 

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n'en tiennent compte, ny d'aller travailler aux fortifications, les soirs et matins, comme a esté ordonné, et cryé à son de trompe, se fondant qu'ils sont ocuppés aux moissons où nous sommes. A esté oppiné et aresté, par la plus grande et sayne partie, que, pour le regard des gardes et fortifications de la présant ville, l'ordre quen a esté desja fait, sera gardé et observé, et que, veu l'extrême dangier ou nous sommes, tous les habitans de la dicte ville et du bourg de la Magdalene, yront travailler aux fortifications de la dicte ville, puys l'heure de six heures du matin, jusques à huict heures; et tous les soirs, après soupper, jusques à la retraite; et, pendant le dict travail, fermeront leurs boutiques, et ceulx qui défaillyront seront exécutés.

Dans la même jurade, le vin rouge fut taxé à « sept livres la barricque, fustes et ligues. »

 

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1585-1586

 

26 Juillet

Ont remonstré que le grand pont de Dordoigne, de ceste ville, est prest à tomber, et s'en va en ruyne, s'il n'est acoustré de bonne heure; par quoy, ausy, ont demandé, sy le revenu du dict pont sera employé pour le faire rabilher. Il fut arrêté, « que l'argent de l'afferme du dict pont de Dordoigne, sera mis entre les mains de François de Nugon, consul, pour estre employé à la réparation du dict pont, et non à d'aultres affaires ».

Cette année, l'herbe poussant dans les fossés entourant la ville, ne fut pas affermée comme on en avait l'habitude, à cause des travaux et réparations qu'on faisait aux fortifications.

Le même jour, les consuls, réunis chez Mathurin Peyrarède, scindic et premier consul, arrêtent que « les clefs de la porte du pont, et du port de Cadouin, en ceste ville, seront gardées, à ranc, et par moys, par les dicts sieurs Peyrarède, Gros et Cacaud; et que le dict Gros,

 

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commencera son moy, dès demain, le dict Peyrarède, après, et, après le dict Peyrarède, le dict Cacaud; et que les clefs de la porte Logadoyre, pont levis et tappecu, seront, aussy, gardées, à ranc, et par moys, par les dicts Fonmartin, Nugon, La Rivière et Berth. Gillet, et, le dict Fonmartin commencera son moys, aussy, dès demain, et chascun des aultres, l'ung après aultre; et que, pour le regard des corps de garde de la dicte ville, le dict Peyrarède visitera, tous les jours, et les soirs, le corps de garde du pont; le dict Gros, celluy de la tour de Cleyrac; le dict Nugon, celluy de Malbec; le dict Fonmartin, celluy de Bourgbarraud; La Rivière, celluy de Bellegarde; et, Gillet, celluy de Mynard; et que chascung des dits consuls feront exécuter ceulx qui seront défailhans, en leur corps de garde; et, pour le regard de la fortification, faire porter piarres et gazon, et faire venir les maneuvres des paroisses, le dict Gillet y aura l'oeil, et s'en prandra garde, à la charge que, s'il fault exécuter des défailhans, les autres consuls luy assisteront. Pour le regard de charrettes et chevaux, le dict de La Rivière sert tenu de les advertyr. Et afin que, ce que dessus soyt entretenu, les dicts sieurs consuls s'assembleront les lundy et jeudy de chasque sepmaine, pour voir si aulcung d'iceulz consuls manqueront en leurs charges; et, pour les commissions de faire venir charrettes, chevaulx, et faire couper

 

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la facine, a esté bailhé à M. Francoys Cacaud.

 

1er Août

Lesquelz consuls, pour pourvoir au travail qu'il fault faire aux fortifications de ceste ville, suyvant le commandement du roy de Navarre, voyant qu'eulx seuls n'y peultvent satisfaire, sans quelques adjoints, ont arresté que, quatre personaiges seront comis, chasque sepmaine, pour faire travailher les maneuvres entrangières, depuis le fort de Bellegarde, jusques au fort de Mynard (1), scavoir: Hugues Tavers, Anthoine Queyrol, maistre Estienne Bouygue, et Giron Poumeau, à la charge qu'ils seront exemptz de ramparts, des rondes, de patrouilhes et de garde, le jour seulement, et durant leur sepmaine; et, pour faire travailler à la manoeuvre, ceulx qui travaillent au fort de Bellegarde, est commis Jehan Aufern; à la charge aussy qu'il sera exempt de garde et de rampart; et, oultre ce, luy sera donné ung escu pour moys; et d'aultant que M. le gouverneur veult qu'il y aye, en ceste ville, ung sergent majeur, suyvant la

 

(1) Le fort Minard se trouvait placé tout à fait sur le bord de la rivière, et derrière la maison Roland; c'est-à-dire à l'endroit, où, aujourd'hui se trouve situé l'acqueduc dit le trou du Lutin.

 

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volonté du roy de Navarre, et que le dict sieur roy de Navarre veult que le capitaine Jaure soyt esleu tel, sur ce, a esté oppiné, par les dicts sieurs consulz, qu'ils veullent et consentent que le dict capitaine Jaure aye le dict estat de sergent majeur, à la charge qu'il sera pryé se contenter de cinquante livres de gaiges pour moys, ou de vingt escus pour le plus, à telle fin, que le surplus de la somme de cent livres, à luy ordonnée, pour moys, soit employé à payer les gaiges de Arnauld Gros, serviteur de la ville, et de Forton Guilhem, auquel Guilhem a esté promit, cy-devant, douze livres pour moys, et à la charge, aussy, que le dict sergent majeur n'entreprandra de faire aulcune chose, contre aulcun des habitans de la ville, sans la permission des dicts sieurs consuls; et, pour faire tirer la piarre aux trasseurs, icelle faire charrier et porter au fort de Bellegarde, et faire porter le gazon, et aultres choses nécessaires, aulx fortifications de la ville, a été commis Pierre Maphaud, à la charge qu'il sera aussi exempt de rampart et de garde, et oultre ce, luy sera donné de gaiges, pour ses peynes, quatre livres pour moys.

 

5 Août

A cette jurade assistaient, outre les consuls, les divers officiers de la ville et les plus notables des habitants.

 

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Lesquels, sur la remonstrance présentement faite, par les dicts sieurs consuls, a esté oppiné et arresté, que le dict Peyrarède, scendic, et le capitaine Jaure, emprompteront, s'il est possible, mile livres à l'intérest, à la charge que vingt habitans de la dicte ville s'obligeront, envers eulx, de les en aquiter; et, après, la communaulté de la ville s'obligera, par jurade, qui sera, à ces fins, assemblée, et les en rellevera; laquelle somme sera employée à l'achapt des pouldres, sans l'employer à aultre usage; et, sera, la dicte somme, bailhée à tel personnage qui sera avisé; et. que les habitans de la dicte ville auront cent maneuvres ordinaires, pour travailher assiduelment à la dicte fortification; et, qu'il sera enjoint à tous les habitans, qui se sont retirés en leurs boriages, de retourner en la dicte ville pour envoyer à la dicte fortification, à peine de sept sols et demy, contre ung chascung, qui défauldra, pour chascung défault.

 

12 Août

A esté arresté que, Bertrand Aubier, clerc de ceste ville, yra, du premier jour, à Badefol, Trymolat, Lymeil et aultres lieux, où se font des pouldres, pour, encorre, en achapter, au meilheur compte qu'il pourra, ce que le dict Aubier a promis faire.

 

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15 Août

Sur la remonstrance, à eulx présentement faite, par le sieur D'Allen, gouverneur pour le roy, en ceste ville, ont arresté que les corps de garde de ceste ville seront, aulgmentés, et que les habitans d'icelle, feront la garde, en personne, la nuyt, si la peulvent faire, sauf de MM. les magistras de la ville, et de ceulx qui sont malades, ou y envoyeront personnes capables, et bien armées, et que, pour le présant, ne sera poinct mis de soldatz estrangiers en ceste ville, pour la garde d'icelle, que ne soit en plus grande nécessité, et que les caporals des corps de garde, ne seront poinct changés, de moys en moys, comme ils avoient acoustume, mais qu'ils seront choisis et esleues en chasque corps de garde, pour commander sans estre changés.

 

25 Août

Jurade tenue dans la maison de François de Nugon, l'un des consuls.

Lesquels (consuls), ont arresté, entre eulx, que pour le regard de l'estat de sergent majeur du capitaine Jaure, la nomination d'icelluy sursoira, jusques à la venue du roy de Navarre, ou de monseigr de Turenne (1); que, attendu le

 

(1) Henri de la Tour-D'auvergne, vicomte de Turenne, duc de Bouillon, né en 1555, mort en 1623. Père du fameux maréchal de Turenne.

 

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dangier et infection des beufs, qui est fort grand, ceulx qui sont chargés envoyer charrettes et beufs, ne les envoyant poinct, chascung d'eulx en seront quites pour quinze sols, et ceulx qui doibvent fornir chevaux, ne les envoyant poinct, payeront dix sols; et qu'il sera payé, comme a esté faict marché par les consuls, pour cent de gazon, rendu au fort de Mynard, prins du Pont de Lapeyre, la somme de sept sols pour cent; que le consul La Rivière, continuera jusques à la fin de septembre prochain, de mectre, par rolle, le nombre des charrettes et chevaux, qui seront mandés, pour le service des fortifications, et se fera payer à ceulx qui défauldront; et aussy fera estat des massons et maneuvres, qui seront loués pour servir les dicts massons, trasseurs et gazonneurs qui sont gaigés de la ville, afin de les bailler, par rolle, tous les soirs, aux scindic et bourssier, pour les faire payer de leur salaire; que le consul Fonmartin sera tenu de faire assembler, tous les jours, les dizeniers, avecques leurs dizaines, pour aller au rampart; et, à chasque quartier de la ville avant sortir d'icelle, sera bailhé une enseigne, et fera exécuter ceulx qui défalliront, scavoir: ceulx qui commandent, pour dix sols, et les aultres, pour cinq sols chascung; que les consuls Cacaud et

 

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de Nugon, feront distribuer les pouldres aux habitans de la ville.

 

12 Septembre

A esté remonstré, que M. le gouverneur se plainct de l'ordre, qui a esté estably, cy-devant, pour travailler aux fortifications de la présant ville, qu'elle n'est pas entièrement gardée, et protexte d'aultant que, s'il y a quelques ungs, qui obeyssent, et envoyent leurs maneuvres, aus dictes fortifications, les aultres ne fornissent rien, et ne veullent poinct obéyr; et que, le dict sieur gouverneur demande que, oultre les cent maneuvres, qui travaillent aus dictes fortifications, les dicts habitans en fournissent aultres deux cens, veu les dangiers extrèmes où nous sommes. Sur laquelle remonstrance, a esté arresté, que, encore, durant quinze jours prochains, les habitans de ceste ville continueront de faire travailler leurs maneuvres aux fortifications de ceste ville.

 

14 Septembre

Jurade tenue dans la maison de Mathurin Peyrarède.

Suyvant la remontrance, à eulx faite, ce jourd'huy, par le sieur D'Allen, gouverneur de la dicte ville, de s'attandre à faire travailler aux

 

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fortifications, ont arresté, entre eulx, qu'un chascung d'iceulx consuls, assistera, par jour, les dictes fortifications, et par ranc, pour faire travailler les maneuvres, et le dict Peyrarède sendic commancera lundy prochain.

 

23 Septembre (1)

En présence desquels, le seigr D'Allen, gouverneur pour le roy en ceste ville, a remonstré à quoy il a tenu que la promesse, qui fust faite dernièrement, ne soit esté exécuttée; car, à son retour, il a trouvé qu'il n'a esté rien fait. Sur quoy, a esté respondu que tous les habitans de ceste ville, qui ont estés advertis d'aller travailler aux fortifications, ont obéy, et que les défailhants, qui sont par escript, doibvent estre exécutés, et pour faire les dictes exécutions, le consul Gillet, qui a commencé de les faire, les continuera; et, de ce qu'il recepvra, en rendra compte, tous les sabmedis, devant J. Poumeau,

 

(1) Il est à remarquer que, dans toutes les jurades de cette année, nous trouvons, parmi les jurats, J. de Belrieu, Pauly, François Planteau, Eyma, J. Alba, G. Loyseau, M. Dupuy, J. de La Peyrarède dit Dangounet, P. Pineau, Giron Poumeau, H. de La Rivière, J. D'Aujeard, J. Marteilhe etc. etc., tous protestants, et qui, presque tous, ont joué un rôle actif dans notre ville pendant les guerres de religion,

 

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J. Eyma et J. Lacombe le jeune, et que les sommes, qui proviendront des exécutions, seront employées à louer des maneuvrea pour faire travailler, ou payer les massons de la dicte fortification, si faire se peult.

 

25 Septembre

Sur la remonstrance à eulx faite, présentement, par le sieur D'Allen, gouverneur en ceste ville, touchant certains advertissements, à luy envoyés, par monseigneur le vicomte de Turenne, qui ont esté présentement leus, et sur aultres remonstrances faites par les dicts sieurs consuls, a esté oppiné et arresté, que les habitans de ceste ville continueront de travailler aux fortifications d'icelle, plus qu'ilz n'ont fait cy devant, et qu'à ces fins, la moytié des habitans de chascune maison, tant de la présant ville que du bourg, yront tous les jours, au dict travail, depuis l'aprédisné, jusques au soir; et, pour ce faire, sera fait un règlement par les consuls Fonmartin et de Nugon.

 

10 Octobre

La jurade de ce jour commence ainsi: En la ville de Bergerac, le dixiesme jour de octobre, l'an mil cinq cens quatre vingt cinq, dans le temple de Sainct Jacquet, yssue du presche, etc. etc.

 

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Dans cette jurade, il fut nommé des auditeurs pour entendre et approuver les comptes de l'année 1583-1584; d'après la vérification qui en fut faite, il se trouva que les dépenses s'étaient élevées à la somme de 1770 livres, 13 sols, et les recettes à la somme de 1727 livres 18 sols et 5 deniers.

 

14 Octobre

Sur la remonstrance, à eulx faite, par le sieur D'Allen, gouverneur, pour le roy, en ceste ville, touchant la continuation du travail de deux cens hommes, aux fortifications de la présant tille, pour ung moys; a esté oppiné et arresté, par la plus grande et saine partye des sus nommés, que le tiers de la tailhe, faite du temps de Jehan Merlan, consul et boursier de ceste ville, l'année passée, sera levée sur les habitants de la dicte ville, pour estre employé a louher cent maneuvres, pour travailher aus dictes fortifications, durant ung moys.

 

28 Octobre

Sur la remonstrance, à eulx faite, par le sieur D'Allen, gouverneur pour le roy, en ceste ville, touchant le continuel travail qu'il fault faire aux fortifications de ceste ville; a esté oppiné et arresté, par la plus grande et saine partye des sus

 

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nommés, que oultre les cent maneuvres du moys passé, qui travaillent aux fortifications, en sera louhé aultre cent, pour travailher à y celles fortifications, durant ung moys, veu les grands dangiers de guerre où nous sommes.

 

1er Novembre

Sur la remonstrance, à eulx faite, par M. de Sainct Genies, sur la letre, à lui envoyée, par monseigr de Turenne, léue présentement à l'assemblée, a esté oppiné et arresté, que pour satisfaire à la letre du dict sieur de Turenne, que vingt quatre habitans de la dicte ville, entreront cautions envers le capitaine Laborderie, pour le payement des balles qu'il doibt fornir, jusques à la somme de douze ou treize cens escuz, et que le corps de la ville les rellèvera indempnes, au cas qu'ils en soyent molestés, à la charge que les dicts vingt quatre seront soigneulx de recouvrer argent, pour payer la dicte somme, le plustost qu'ils pourront; aussi a esté arresté, que, doresnavent, et tant que la guerre durera, les circonvoysins pourront porter en ceste ville, leurs bledz et vins, et aultres meubles, sans payer aulcune chose pour l'entrée; toutesfoys, le vin, qui ne sera de l'entrée, sera marqué.

 

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15 Décembre

Cette jurade fut tenue dans la maison du consul Fonmartin.

Pour pourvoir aulx affaires de la dicte ville, ont arresté, que le consul Fonmartin logera, dans son estable, deux chevalx, que monsgr de Turenne a prestés, pour charrier le gazon, et que ycelluy Fonmartin fraryera pour les nourir, demy quintal de foen tous les jours, montant six sols, et six mesures d'advoine aussy, tous les jours, pour les nourir, et qu'il sera loué deux hommes, pour les toucher et gouverner, et que le tout sera payé par le boursier. Que le consul, de Nugon, continuera de distribuer les pouldres aux habitans de la dicte ville, suyvant le rolle qui en a esté fait, le plus dilligement qu'il pourra. Que chascung des dicts consuls yront, par jour, s'attandre à faire travailler les maneuvres, aux fortifications de Malbec et Mynard, scavoir: que le consul Gillet sera assiduel à Malbec, et les aultres par rang à Mynard, et oultre ce, le dict consul Gillet continuera de fère coupper la facyne, et que La Rivière continuera de s'attandre à distribuer et fère aller les charrettes, à charrier la piarre, gazon et facine, où besoing sera.

 

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15 Janvier 1586

Il est dit dans cette jurade, que le pont a grandement besoin de réparer, et que les deniers qu'on y levé ne suffiraient pas à payer les dites réparations. Le consul de Nugon, est autorisé à prélever l'argent qu'il a avancé, et dont il peut encore avoir besoin, pour les réparations, les plus urgentes, sur les sommes provenant de la vente de poudre qui se fait actuellement.

 

17 Février

Parmi les lettres de bourgeoisie, nous trouvons la réception de Miquel Barranbon, comme bourreau; nous en donnons ci-dessous la copie:

« Nous, Mathurin Peyrarède, scindic et premier consul de ceste ville de Bragerat, maistre François Cacaud, Jehan Gros, boursier, Bertrand de la Rivière, Berthoumieu Gillet, Berthoumieu Fonmartin, Francoys de Nugon et Jehan Bourdier, aussi consuls de la dicte ville, assemblés dans la maison commune d'icelle, scavoir faisons, que sur la remonstrance, à nous faicte, par Micquel Barranbon, natif de la jurisdiction de Lymeuil, tandant aux fins qu'il nous pleust le recepvoir en ceste ville, pour exercer l'estat de maistre des haultes oeuvres. Après qu'il a heu juré et promis d'exercer, bien et deuement,

 

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le dict estat, de n'aller, hors de ceste ville, faire aulcunes exécutions, sans ung congé, ou de MM. de la justice, nous avons icelluy Barranbon receu habitant de ceste ville, pour exercer le dict estat de maistre des haultes oeuvres, aux gaiges de dix livres, ung jurgot rouge et ung bonnet rouge, payable, tous les ans, oultre les aultres droictz accoustumés, dont il s'est contenté, et auquel, ce requérant, avons octroyé ces présentes letres, pour luy servir, comme il appartiendra. A Brageral le XVIIme jour de février 1586. »

 

25 Avril

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, que le roy de Navarre a commandé à M. D'Allen, gouverneur de ceste ville, de mectre cent hommes au bourg de la Magdalène, aulx fins de résister aulx coursses, que l'ennemy pourra faire, pendant que icelluy roy de Navarre sera absant de nous; sur quoy, ont requis leur estre donné conseil, et advis, et moyens, pour entretenir iceulx soldats. Sur laquelle remonstrance, tous les sus nommés ont oppiné et arresté, que la volonté du sieur roy de Navarre sera faicte, lesquels soldatz seront mis dans le dict bourg de la Magdalène, pour empescher que l'ennemy ne s'en empare, et ne vienne faire des courses près de nous; et que, pour les nourrir et entretenir,

 

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ce qui reste à lever de la cothisation, dernièrement faicte, sur les habitans de ceste ville, sera achevée de lever, sans que, pour l'avenir, soit plus faict et lever cothisation, pour iceulx nourrir, d'aultant qu'ils pilhent et desrobent, encorres qu'ils soient nourris, et emportent, des mestayries des habitans ce qu'ils peuvent.

 

6 Mai

(Bte 8. Grand livre en parchemin côté UN.)

 

« Achat de la maison et jardin du maistre des haultes oeuvres de la ville de Bergerac.

 

Sachent tous qu'il appartiendra, que ce jourd'huy sixiesme de mai, mil cinq cens quatre vingt six, après midy, régnant Henry, par la grace de Dieu roy de France, en la ville de Bergerac, en Périgort, devant moy notaire royal soubz signé, et tesmoingtz bas nommés, a esté présent, Jehan Gros, bourgeois et marchant de la dicte ville, lequel a vandu et vend par ces présentes, à perpétuité, à Mathurin Peyrarède et François de Nugon, marchans, habitans de la dicte ville, présens et acceptans, scavoir est: une petite maison de la grandeur qu'elle est, couverte de thuile plat, avec ung petit jardin joignant à icelle, siz et situé en la dite ville et au quartier de Queyla, confronté avec le jardin de Bertrand d'Alba, seigneur de Lespinassat, et

 

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au jardin de Bernard Recluz, et au mur de la ville, joignant la rivière de Dordoigne, et à une petite ruhe, tirant de la dicte maison à celle du cappitaine Jaure, et avec ses confrontations, entrées, yssues et appartenances quelconques, mouvante du seigneur qu'il appartiendra, qu'il c'est purgé ignorer, d'autant qu'il n'en a jamais payé de rente.

La vendition a esté faicte moyennant la somme de quinze escuz sol, laquelle somme ils ont promis paier au dict Cros, dans le quatorziesme jour de febvrier prochain, soubz obligation de leurs biens, qu'ilz ont soubzmis aux cohercitions de toutes cours, l'un pour l'aultre, et ung seul pour le tout, sans faire division ne discution, par sérement, qu'ils ont faict, et moienant ce, le dict vendeur c'est dévestu de la dicte maison et jardin sus confrontés, et en a investu les dicts achapteurs, par le bailh de ce contract, prométant la leur garantir et desfendre, et tenir quicte de toutes hipotecques, jusques à présent, aussy soubz obligation de ses biens, par sérement qu'il a faict en présence de Arnauld Pinet et Guillem Dupont, habitans de ceste ville, tesmoingtz signés à l'origine des présentes avec les dictes parties et moy.

 

12 Mai

Sur les remonstrances faites présentement

 

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par les dicts sieurs consuls, a esté oppiné et arresté que les troys quartiers de la ville envoyeront travailher aux fortifications de la dicte ville, les jours accoustumés, scavoir, chasque quartier deux foys la sepmaine. Sera faict ung tail sur les habitans de la dicte ville, jusques à la somme de cinq cens livres, et que les habitans qui n'ont de bledz en prandront pour quatre moys, oultre leur provision, pour leur nourriture et de leur familhe; aussi, qu'il sera bailhé l'aulmosne aux estrangiers, aux portes de la ville, sans les laisser entrer, à cause des dangiers de peste.

 

28 Mai

Sur les remonstrances, faictes par les dicts sieurs consuls, ont oppiné et arresté, qu'il sera bailhé à monsgr de Turenne, pour entretenir ses gensdarmes, la somme de deux cens escus sol, sans tirer à conséquence, et sans tirer plus oultre, lesquels seront cothisés sur les habitans de la ville.

 

24 Juin

Jurade tenue dans « le temple du presche ». A esté remonstré, que M. de Turenne, veult et entend mectre, dans le bourg de la Magdalene, quatre cens arcabouziers, pour y demeurer

 

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quelque temps, aulx fins d'empescher les courses que l'ennemy pourroit faire dans icelluy bourg; sur quoy, ont demandé leur estre bailhé conseilh, et advis, et moyen de les entretenir. Sur laquelle remonstrance, a esté oppiné et arresté, qu'il sera remonstré au dict sieur de Turenne, de modérer le nombre des soldatz, qu'il demande pour garder le dict bourg, et encorre ne les y mectre qu'à la nécessité, et pour huict jours seulement; et en tout cas, que l'offre présentement faite par le capitaine Malbernard, présant, soyt suyvye, qui a offert mectre cent soldatz, dans le dict bourg, et les payer luy mesme, en luy bailhant assignation de quelques contributions, pour se rembouraser de ce qu'il frayera, et que la dicte offre sera remonstrée au sieur de Turenne.

 

 

1586-1587

 

24 Juillet

II est arrêté « que l'imposition de dix sols, mise sur chascune barricque de vin, qui se vandra en détailh, en ceste ville, et bourg de la

 

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Magdalene, et aultres dix sols, imposés sur chascune barricque de vin, qui sortira hors d'icelle, sera continuée de lever, suyvant la volonté de M. de Turenne, et, le tout, mis par afferme, pour, des sommes qui en proviendront, ramboursser les habitans de la ville et aultres, qui ont avansé bledz, vins, ou aultres choses, pour les affaires de la cause; et quant aulx deniers, imposés sur la chair, par commandement du dict seigneur de Turenne, les dicts sieurs consuls les fairont lever, et celluy qui les lèvera, en faira registre, pour leur en rendre compte tous les sabmedys. »

 

26 juillet

Dans les affermes des revenus, faites à la date ci-dessus, on trouve: L'attache et boucle des bapteaulx estrangiers, passans et repassans soubz le pont de Dordoigne, a esté délivré à Bertrand Aubier, pour la somme de six livres tournoises. Le droit de pontonage a esté délivré à J. Salmon, pour la somme de quarante sept escutz sol. La peychière, de soubz le pont de Dordoigne, a esté délivrée au dict Jehan Guy, scindic, pour la somme de cinquante sept sols etc., etc.

 

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26 juillet

Doresnavant, chascun des dicts consuls visiteront, soir et matin, les corps de garde de ceste ville.

 

7 Août

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, que M. de Turenne leur a escript une letre, dattée du sixiesme de ce moys, par laquelle il leur mande de luy envoyer dix quintaulx de pouldre, pour les employer à une grande ocasion et nécessité; sur laquelle remonstrance, après lecture faite de la susdicte letre, par la plus grand voix dessus-nommés, a esté oppiné et arresté, qu'il sera envoyé au dict seigr de Turenne, cinq quintaulx de pouldre; que si M. de Beauchamps qui a charge de les recepvoir, ne s'en contente, sera envoyé, au dit seigr de Turenne, le surplus de la pouldre qu'il mande, par sa letre, s'il s'en trouve, à la charge que les dicts sieurs consuls prandront, de luy, sy fère se peult, l'assiète et assignation sur ce qu'il sera avisé, pour nous remborsser d'icelle. Pendant la guerre, ne seront aulcuns des habitans exemptz de faire la garde, chascun à leur ranc, soyt catholiques ou de la religion, ains contrainctz à la fère, soubz les peynes contenues par les précédantes jurades.

 

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10 Août

Lesquels consuls ont arresté entre eulx, que, suyvant le règlement, cy devant fait, pour le regard des boeufz et charrettes, qui sont mandées d'aller aux fortifications, et ne les y envoyant poinct, chascun en sera quite pour quinze sols, et pour chascun cheval, dix sols. Que le consul Xans, sera scindic des pauvres, et, comme tel, poursuyvra le payement des légatz des dicts pauvres, et les recepvra, et d'iceulx bailhera quitance, ensemble, poursuyvra ceulx qui doibvent rente à la charité. Que le scindic Jehan Guy, assistera, tous les lundy et jeudy de chasque sepmaine, à voir travailher aux fortifications, ceulx du dict quartier du Terrier; le consul Eyma fera de mesme travailher le quartier de la Grand Rue; et Barriac, celluy de Monbarraud; le consul Planteau fera porter la facyne aux fortifications, et le consul Martin fera mectre gardes tous les jours aux advenues du bourg de la Magdalene, pour empescher d'entrer, au dict bourg, ceulx qui viennent de Saincte Foy, ou d'aultres lieux infectés, et fera aller tous les jeudys de chascune sepmaine trente maneuvres du dict bourg, travailher aux fortifications de la dicte ville.

 

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12 Août

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, que M. de Turenne leur a envoyé une letre de créance, par M. Gruel, son secrétaire, datée du unziesme de ce moys, pour leur faire entendre ung affaire d'importance, auquel estoit besoin pourvoir promptement; et, a ce que hont peu entendre, c'est pour prandre certain nombre de vin de ceste ville.

Surquoy, après avoir mandé venir le dict sieur de Gruel, en la maison de la dicte ville, pour entendre, de luy, sa charge, et qu'il a heu récité, en présence de la jurade, que le dict sieur de Turenne l'a envoyé, en ceste ville, advertir les dicts sieurs consuls, que, pour secourir ceulx de Castilhon (1) qui sont assiégés, le dict sieur de Turenne a mandé tous les gentilshommes et les troupes des envyrons, pour se trouver, à Saincte Foy, dans peu de jours, ce qu'ils doivent faire, et pour les entretenir, il prie les dicts sieurs consuls, ensamble les habitans de la ville, luy envoyer cent barriques de vin. Ce faict, le dict sieur de Gruel s'est retiré, et en son absance, la plus grand voix dessus nommés ont opiné et arresté, qu'il sera envoyé

 

(1) Castillon était assiégé par le duc de Mayenne qui réussit à s'en emparer.

 

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au dict sieur de Turenne, quinze thouneaux de vin seulement, veu le peu de vin qui sont en la ville, et l'extrémité de l'année où nous sommes, à la charge que le dict sieur de Turenne sera pryé de nous bailher une charge de froment, par barrique de vin, ou nous faire l'assiéte du payement, sur les bledz des dixmes, les plus clers et liquides, et que les dicts sieurs consuls, achapteront les dicts quinze thouneaux de vin, le plustost qu'ils pourront; et, du payement d'iceulx, la présante jurade et aultres habitans de la ville les en relleveront.

Pareilhement, à la présente jurade, ratifié la promesse de quarante escuz, faicte par MM. les consuls, pour aller quérir la femme et familhe de M. Baduel (1), ensemble le payement de vingt escuz, auparavant payés, en desduction de l'entretenement de la dicte femme et familhe du dict sieur de Baduel, à la raison de vingt livres, pour moys, durant la guerre.

Que les habitants de la ville, qui vouldront bailher argent, pour n'envoyer poinct leurs serviteurs travailler aulx fortifications, le pourront faire, moyennant deux sols, pour chascun jour qu'ils seront de rampart, qui sont seize sols par moys, ou bien, envoyeront travailher aux fortifications, comme ils avoient acoustume, le tout au choix des habitans.

 

(1) Baduel était un ministre protestant.

 

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27 Août

A esté oppiné et arresté, que les habitans de la ville, par quartier, envoyeront travailher aux fortifications, les jours qu'ils seront mandés, sur peyne d'estre exécutez; que les chevaulx des soldatz, qui sont à Castilhon, seront distribués et nourris, à ranc, par ceulx qui les ont cy-devant nourris. Qu'il sera faict visite des bledz et pouldres, qui sont en ceste ville, pour en faire prandre à ceulx qui n'en auront, afin de munyr les dicts habitans, suyvant les rolles cy-devant faictz; et, que, iceulx habitans, feront provision de farines, chascun en son endroict, veu les dangiers du siège où nous sommes; et, à ces fins, les musniers prefferreront iceulx habitans aux estrangiers.

Et sur les remonstrances, faites par M. de Gruel et M. Lambert, ministre de la parole de Dieu, monsgr de Turenne, et des habitans de la ville de Saincte Foy, a esté aussy oppiné et arresté, que sy la dicte ville de Saincte Foy est assiégée, que les habitans de ceste ville leur assisteront de tout ce qu'ils pourront, en considération de la promesse que les habitans de la dicte ville de Saincte Foy nous font, de sortir, mesme, au cas que nous le soyons; et que les chevaulx du dict sieur de Turenne, et de ses gens, seront retirés et nourris des foins et advoynes imposés sur les jurisdictions, comme il mande.

 

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Et quant aux marchandises, que les marchans de ceste ville et du bourg font porté de Lymoges, en ceste ville, la dicte marchandise sera saysye, et bailhée en garde, à quelque marchan, qui en respondra, et ceulx qui sont allés quérir la dicte marchandise, en la dite ville de Lymoges, seront jectés hors de la ville, avec leurs marchandises, d'aultant qu'en la dite ville de Lymoges, meurent de peste; et, doresnavant, seront mis aux deux portes de la ville, scavoir, celle du pont et de la Logadoyre, à chascune porte, ung surintendant, homme d'honneur et de qualité, pour empescher l'entrée des personnes, venans de lieulx infectés, afin de préserver la dite ville de telle contagion.

 

10 Septembre

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, qu'ils n'ont, devers eulx, aulcuns deniers communs de la ville, pour payer ceulx qui travailhent aux fortifications, et qu'il y a fort peu de pouldre dans la ville. Sur quoy demandent advis, d'où ils pourront recouvrer argent, tant pour continuer les dictes fortifications, que pour achapter des pouldres, et s'ils pourront contraindre les habitans de la ville, de prandre les pouldres qui leur sont esté cy-devant esgalées; qu'il est aussy besoing, et nécessité, de faire des piques, et achapter des fers pour les ferures; aussi, ont

 

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demandé s'il sera bon de mectre, dans la ville, une compaignie de soldatz, pour soulager des gardes les habitans. A esté oppiné et arresté que, pour continuer les dictes fortifications, achapter pouldres et fère fère des piques, il soict fait une tailhe, sur les habitans de la ville, jusques à deux cens cinquante escuz, qui sera levée le plustost que fère se pourra; et que les habitans de la ville, qui n'ont encores ploms et pouldres, ceulx qui n'en ont, seront contrainctz prandre celle qui leur a esté cy-devant ordonnée; et qu'envyron vendanges, sera avisé s'il sera besoing de mectre des soldatz en ville, pour soulager de garde les dicts habitans, et que, jusques alors, n'en sera poinct mis, veu les dangiers de peste où nous sommes; et pour fère des piques, seront prins des arbres propres pour les fère, où il s'en trouvera, et les frais, qui seront faictz, pour ce faire, seront alloués au bourssier,

 

23 Octobre

Arresté, que attandu les troubles qui sont à présant, et les dangies de peste qui sont en plusieurs villes, et lieux circonvoisins, de ceste ville, il ne se fera aulcun commerce, ne trafisque, d'aulcunes marchandises, par eau ne par terre, avecques les marchans de Bordeaux, Libourne, ne aultres, tant que les dicts troubles

 

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et dangiers de peste dureront. Que la despense faite par Jehan Bonnamy, sergent, pour aller quérir la femme et familhe de M. Baduel, sera payée au dict Bonnamy.

Sera payé au seigr Berthol, ingénieur, la somme de cinquante escutz, à luy promis, pour avoir marqué les fortifications de ceste ville; et si MM. les consuls n'ont d'argent de la ville, qu'il sera fait une cothisation de la somme de mille francs bourdalais, comme la précédante, pour, icelle somme, estre employée tant au dict payement, qu'aux fortifications, et aultres affaires de la ville.

 

10 Novembre

Sont nommés pour exercer la police dans la ville « MM. Jehan Peyraréde, P. Le Roy, Jehan de Barriac, Jehan Eyma, consuls, et Ramond Robert, Girou Poumeau et Francoys de Nugon. »

Et sur la remonstrance faite par le dict Planteau, consul, qu'un pas du pont de Dordoigne, du costé du bourg, s'en va par terre, s'il n'est acoustré de bonne heure; a esté arresté, que les dicts sieurs consuls, le plustost qu'ils le pourront, adviseront d'y pourvoir,

 

22 Novembre

A esté remonstré, que les principaulx affaires, que les consuls précédans leur ont laissé, ce

 

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sont les privilèges de la ville non confirmés, à raison de quoy, les habitans de ceste ville sont randuz cotisables à la tailhe ordinaire du roy, chose qui préjudicye grandement aux habitans; aussy que les dicts sieurs consuls précédants ont tasché d'obtenir ung siège présidial en ceste ville, ce qu'ils n'ont peu fère, ayant fait infinis fraix à la poursuyte; pareilhement, que l'estat de bailly, en ceste ville, et des bastilhes en Périgort, est à présant vaquant, par le décès de feu M. Pierre de Belriou, le jeune; aussy, ont remonstré, que M. de Turenne, à son despart de ceste ville, se offrist grandement aus dicts sieurs consuls, et promist d'estre aydant aulx habitants, en tous les sus dicts affaires, à ceste conférance de paix, qui se doibt fère: et qu'ils sont advertis que M. Du Plessy (1) passera dans peu de jours en ceste ville pour aller devers le roy de Navarre, avecques passeport du roy; parquoy, ont requis la présante jurade, leur donner conseil et advis de ce qu'ils doibvent fère la dessus. Sur lesquelles remonstrances, a esté oppiné et arresté, que attandu la comodité

 

(1) Philippe de Mornay, seigr du Plessis-Marly, né en 1549, mort en 1623; rédigea le fameux mémoire que Coligny fit remettre à Catherine de Médicis et à Charles IX en faveur des calvinistes; sa grande instruction dans les matières religieuses faisait de lui l'oracle de ses coreligionnaires. On le surnommait le Pape des Huguenots. (Bouillet.)

 

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qui se présente, les dicts sieurs consuls feront dresser, en toute dilligence, bonnes et amples mémoires, tant pour le regard du restablissement du dict siège présidial, en ceste ville, que pour la confirmation des privilèges d'icelle, lesquelles mémoires seront bailhées au consul Xans, pour partir et s'en aller, du premier jour, devers le roy de Navarre, et le dict sieur de Turenne, pour soliciter et obtenir, tant l'establiswment du dict siège présidial, en ceste ville, que la confirmation des dicts privilèges; et que, si l'estat du dict bailly, en ceste ville, et bastilbes du Périgort, se peult vendre en tiltre d'office perpétuel, en faveur de la ville, que la dicte ville l'achaptera.

 

22 Décembre

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, que la contagion de la peste acroyt et aulgmente, tous les jours, en ceste ville, et aux environs; qu'il y a une infinité de pauvres, en la ville, qui mendient par les portes; que M. Baduel, ministre de la parole de Dieu, en ceste ville, demande luy estre payé, pour ses gaiges, quatre cens livres tournoises, tous les ans; si la ville fera poser ung reloge sur la murailhe du temple de Sainct Jacques. Sur lesquelles remonstrances, a esté oppiné et arresté, que, quant aulx pauvres de ceste ville, et du bourg, iceulx pauvres

 

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seront laissés aux maisons de leurs parens, pour estre, là, nourris, par ceulx auxquels ils seront distribués, sans aller mendier; aux aultres pauvres estrangiers, qui sont en la ville, leur sera donné la passade, et, après, seront renvoyés en leurs paroisses. Quant à M. Baduel, ses gaiges seront payés suyvant le règlement des Estatz, tenus à Nymes; et, à ces fins, sera fait une cothisation sur les habitans de la ville, bourg de la Magdalene, paroisse de Sainct Martin et aultres paroisses circonvoisines, qui se servent de ceste esglise, et, que le reloge sera mis et posé sur le dict temple de Sainct Jacques, et le prix fait d'icelluy, fait par MM. les consuls, tenu pour bien faict et ratiffié. Quant au pas du pont de Dordoigne, a esté oppiné et arresté, que le dict pas sera descouvert et refaict, le plustost que faire se pourra; et à ces fins, sera advisé de trouver dix hommes de ceste ville, ou plus grand nombre, pour avancer l'argent qui fera besoing pour ce faire; lesquelz seront remboursés, des sommes qu'ilz advanceront, ou des intérêts d'icelles, sur l'afferme du dict pont; et, pour avoir l'oeil à la dicte réparation, et fère la liste des personnes, ont commis le consul Planteau et Mathurin Peyrarède.

 

10 Janvier 1587

Remonstrent, qu'il y a plusieurs pestiférez en

 

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ceste ville et à l'entour d'icelle, qui n'ont moyen de vivres, si on les nourrira, et les moyens, tant pour ce faire, que pour payer M. Jehan Thobye, barbier, qui les pence. Que Mathurin Peyrarède a, cy-devant, obtenu ung don de M. de Turenne, du revenu des troys couvens de la présent ville, pour nous rembourser de la sommes de six cens livres de pouldres, envoyées à Castilhon, et M. le gouverneur dit qu'il a obtenu don du couvent des Jacopins, plustost que le dit Peyrarède, et ne veult poinct permettre qu'il soyt mis par afferme comme les aultres. Que M. Baduel, ministre de la parole de Dieu, en ceste ville, demande quatre cens livres de gaiges, tous les ans, et s'il y aura asses de deux cens vingt escuz, cotisez pour les gaiges de MM. les ministres. A esté arresté et oppiné, que tous les fruictz et revenus des troys couvents, seront affermés, et délivrés aux plus offrans et derniers enchérisseurs, pour, l'argent qui en sortira, estre employé à bastir, de nouveau, le pas du pont de Dordoigne, qui s'en va par terre; toutesfoys, sera suprocédé, de lever et employer l'argent de l'afferme du dict couvent des Jacopins, jusques au retour de M. de Turenne, ou jusques qu'il en sera adverty. Qu'il sera payé à M. Baduel, ministre, pour ses gaiges, annuellement, la somme de quatre cens livres; qu'il y aura aussy asses de deux cens vingt escuz, cothisés pour les gaiges de M. les ministres, et

 

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laquelle cothisation sera adjoustée, et ung tiers d'icelle somme, pour nourrir les infectz, et pestiférez, qui sont de ceste ville, et aux envyrons d'icelle, pour payer les gaiges de Jehan Thobye, barbier, qui les pence, et pour subvenir aux nécessités des pauvres de la ville de Castilhon, et aultres estrangiers, qui se sont retirés en ceste ville.

Jean Eyma remonstre qu'il y a seulement deux fontaines publicques en la présant ville, appellées, l'une, la font Balquine, et l'aultre la font Peyre, esquelles fontaines, mesme en celle de la font Balquine, on y lave ordinairement, et à toutes heures, buées, draptz salles, et infectes tripes, et une infinité d'aultres choses salles, et ordurières; et, qu'il a aussi requis, qu'il soyt inhibé et défendu à toutes personnes, de quelque estat et qualité quelle soyt, de ne laver, ne fère laver, es dictes fontaines, les dictes buées, draps salles, tripes, ny aultres immondicités, mais y prandre seullement de l'eau pour leur commodité, et service, à peyne de l'amande d'ung escu, pour chascune contravention, et de confiscation des draptz, tripes et toutes aultres choses qui se trouveront, pour estre distribuées aux pauvres, la moytié, et l'aultre moytié, au maistre des haultes oeuvres, et pour ce, qu'il soye tenu faire le guet, et prinse des dicts draps, tripes et aultres choses, qu'on lavera es dictes fontaynes, et que, à ceste fin, cela soye cryé à

 

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son de trompe, par les cantons de la ville, afin que, aulcun n'en puisse prétendre cause d'ignorance.

 

24 Février

Le seigneur d'Alain, gouverneur en ceste ville, a remonstré letres du roy de Navarre et de monsgr de Turenne, dattées du quatorziesme jour de ce moys, par lesquelles ils luy mandent, d'advertir les habitans de la ville, de continuer leurs fortifications, et d'y travailler en toute dilligence, plus qu'ils n'ont fait, de quoy il advertist les dicts habitants, pour y pourvoir, et les a priés d'obéyr aux commandements du dict sieur roy de Navarre; et, pour y satisfaire, imposer sur eulx une somme, jusques à quinze cens livres, et qu'ils n'y faillent poinct, afin qu'il en advertisse le dict sieur roy de Navarre; auquel sieur gouverneur, a esté répondu, par les dicts sieurs consuls, que les habitans de la ville sont obéissans au dict sieur roy de Navarre, et que sa remonstrance sera communiquée à la présente assemblée, et aultres apparens de la ville, qui sont absens, pour luy fère responce. Ce faict, le dict sieur, gouverneur, estant sorty de la dicte maison commune, les sus nommés (1) sur la remonstrance sus dicte, ont oppiné et

 

(1) Les consuls et les jurats.

 

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arresté, que les habitans de la ville envoyeront travailher aux fortifications de ceste ville, chascun quartier, deux foys la sepmaine, comme on faisoit l'année passée; et, à ces fins, pour faire payement, par jour, ce qu'ils seront cothisés, par MM. les consuls. De ce faire a été donné toute charge, et que les sommes cothisées seront levées par les dizeniers de chascun quartier, qui les bailheront, puys après, au consul Lanes, pour les employer aux dictes fortifications, et que le dict travail sera continué jusques au retour de monsgr de Turenne, pour le prier qu'il nous donne des moyens plus grandz pour faire travailher.

 

1er Avril

Ont remonstré (les consuls), que le roy de Navarre leur a escript, pour la seconde foys, de cothiser sur les habitans de la ville, et jurisdiction d'icelle, la somme de mile escuz, pour le payement des estrangiers, qui vienent au secours de ceulx de la religion; à ceste cause, ont requis l'assemblée, d'aviser si la dicte somme sera cothisée, qui lèvera la recepte d'icelle, et nommer présentement les cothisateurs. Sur lesquelles remonstrances, a esté oppyné et arresté, que la dicte somme de mile escus sera cothisée, par six apparens personages de la ville, deux de chascun quartier, qui sont esté présentement

 

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nommés, scavoir: pour le Terrier, B. Captal et Jehan Lacombe le vieulx, pour Monbarraud P. Poumeau et B. de La Rivière, et pour la Grand Rue et Queylar, M. Anthoine Dupuy et Jehan Eyma recepveur.

 

22 Avril

A esté remonstré, que M. de Turenne à son partement, leur a commandé lever la tailhe des reistres, ce qu'ils ne peulvent faire, d'autant que les cothisateurs n'ont encores clos, ne signer le rolle de la cothisation; qu'ils sont advertis, de plusieurs lieulx, qu'il se fait des entreprises contre ceste ville. A esté arresté, que les cothisateurs, qui ont commencé de cothiser la tailhe des dicts reistres, se rassembleront, ce jourd'huy, ou demain, au présent lieu, pour achever la dite cothisation, sans fouller personne, et pour signer et clore icelle cothisation; que MM. les consuls, avecques le conseil du capitaine Jaure, Mathurin Peyrarède, Giron Poumeau, Arnaud Vayres, Bertrand de Lentilhac, Jehan Lacombe le jeune, et Jehan de la Peyraréde, dict Dangounet, feront ung règlement, touschant la garde de la ville, lequel sera gardé et observé, et qu'il sera faict visite des armes et des pouldres qui sont en la ville; que le bled de la charité des pauvres habitans de la ville, et aultres, et l'argent des pauvres, que M.

 

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Baduel a, devers luy, sera employé pour la nourriture des pauvres qui meusrent de faim, et que l'aulmosne leur sera faite à la porte de la ville, suyvant le règlement qui en sera faict par les sus nommés.

Cette jurade fut la dernière de l'année consulaire; sept habitants furent reçus bourgeois de la ville, à la date du 1er juillet.

 

 

1587-1588

 

24 Juillet

Dans cette jurade, il est dit, que le boursier pourra dépenser, pour les affaires de la ville, jusqu'à vingt écus, sans assembler la jurade.

Le pontonage fut affermé à P. de Supco, pour la somme de 217 livres tournoises; la pêche des fossés affermé, pour une durée de trois ans, par Giron Poumeau, moyennant la somme de 31 livres; l'herbe des fossés, entourant la ville, fut allouée à P. Barriat, pour la somme de 10 livres et demie, à la condition de ne mettre aucun bétail dans les dits fossés; le

 

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droit de crier le vin, par la ville, fut cédé à Bertrand Gillot, pour la somme de 45 sols, à la condition qu'il aurait trois personnes suffisantes, pour faire les dites criées; et que, de plus, il ne prendrait qu'un liard, pour chaque criée; le droit des pougèzes et l'imposition de dix sols, mis sur chaque barrique de vin, se vendant au détail, tant en la ville qu'au bourg de la Madelaine, furent délivrés à Arnault Suguila, pour la somme de 53 livres par mois.

 

27 Juillet

Contract pour le scindic et consuls de ceste ville, touchant le barbier et appoticaire, qui pensent les pestifférez:

Sur les refoussés du bourg de la Magdalène de la ville de Bergerac, le XXVIIme jour de juillet, mil VC quatre vingt sept, avant midy, régnant Henry, et par devant moy, notaire royal, et aultres, ont esté présens Thony Darniges, appoticaire, habitant de ceste ville, et Gaston Former, barbier, natif du bourg de Lograte, jurisdiction de Castilhonés, lesquelz ont promis penser, et visiter les infectz et pestiférés, tant pauvres que riches, qui sont et seront en ceste ville, bourg de la Magdalène, et aux dicts envyrons, tant de nuyt que de jour, et tant que la contagion durera, moyenant la somme de vingt escuz sol, à chascung, pour chascun moys;

 

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laquelle somme, honorables hommes Francoys Valeton, scindic et consul, Jehan Brugière, bourssier, Bertrand Aubier et Jehan Castanet, aussy consuls de la dicte ville présens, tant pour eulx que pour les aultres consuls de la dicte ville, leur ont promis payer, au premier jour de chascun moys; et, le premier moys commencera le premier jour d'aoust prochain; lequel premier moys, montant quarante escuz sol., le dict Brugière, consul et bourssier, leur a payé, présentement, en réalles de vingt sols, testons et monaye, qu'ils ont bien comptés et réallement recuez, quoique soyt; Arnault Pinet, merchan de ceste ville, présent, a prins les vingt escuz du dict Gaston, par son commandement, pour les luy randre, quant les demandera, dont se sont contentés; ont aussy promis les dicts sieurs consuls, fornir aus dicts Darniges et Former, tous onguans et médicamens nécessaires, pour penser les dicts infectz et pestiférez, vrayement pauvres, sans que d'iceulx, les dicts Darniges et Former prégnent aulcun payement; bien, se pourront faire payer aux aultres, qu'ils penseront, ayans moyens, à l'ordonnance des dicts sieurs consuls, et conservateur (1), ou l'ung

 

(1) Durant les diverses pestes subies par la ville de Bergerac, les consuls, pour mieux assurer les soins à donner aux pestiférés, s'adjoignaient toujours un certain nombre de notables qu'ils désignaient sous le nom de « conservateur de la santé. »

 

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d'iceulx, s'ils ne se peuvent accorder; et la contagion fynye, les dicts Darniges et Former, seront payés de leurs gaiges, jusques qu'ilz seront désinfectez; seront tenus aussy, d'avoir avecques eulx, le jeune Person, barbier, qui servira maistre Jehan Thoby, (autre barbier), et le nourrir en leur compaignie, à leurs despens, ce que les parties ressortantes ont promis garder et observer, soubz obligation de leurs biens, par serment qu'ils ont faict. Présens: Jehan de Sainct Clary et Jehan Dussier. Signé à l'original: Valeton scindic, Darniges, Sainct Clary et moy.

Valeton, notaire royal et clerc de la dicte ville.

 

15 Août

En la ville de Bergerac, et dans la grande place de devant le chasteau du roy (1), le quinziesme jour d'aoust, mil cinq cens quatre vingt sept, ayant midy, pour traiter et délibérer des affaires de la dicte ville, se sont assemblés, au son de la cloche, à la manière accoustumée, honorables hommes (suivent les noms des consuls et les noms des divers conseillers assistant à la jurade), en présance desquels, les dicts sieurs

 

(1) Ce château était situé là où se trouvent les quais actuels.

 

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consuls ont remonstré, que Monsieur de Turenne leur a escript et mandé, entre aultre chose, de lever, en dilligence, les mil escuz cothisés sur les habitans de la présant ville et jurisdiction d'icelle, pour le payement des reistres (1); aussy ont remonstré, qu'il y a ung grand nombre des pestiférez, blessés de peste, tant en ceste ville que à l'entour, tant pauvres que meusrent de faim; parquoy, ont requis la jurade, d'aviser qui lèvera la dicte somme, et qui la gardera, et comme on procédera contre ceulx qui refuzeront de payer, et d'où sera prins argent pour nourrir les dicts pestiférez. Sur lesquelles remonstrances, a esté oppiné et arresté, sans desroger aulx jurades précédentes, que le scindic de la ville, lèvera la dicte cothisation de mile escuz, assisté des aultres consuls et de MM, les officiers du roy; laquelle somme tailhée, le dict scindic gardera, loyalement, et seurement, sans la bailher à personne, que ce ne soyt par autorité de jurade; et que, pour nourrir les pauvres pestiférez qui meusrent de fain, sera prins de l'argent du vingtiesme, ordonné pour les ministres réfugiés en ceste ville; duquel argent, la ville rellevera et tiendra quites les recepveurs d'iceuls deniers, au cas que l'argent leur fust demandé à l'avenir.

 

(1) Anciens cavaliers allemands que le roi de Navarre avait à sa solde.

 

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5 Septembre

Le cinquiesme jour de septembre, mil cinq cens quatre vingt sept, avant midy, régnant Henry, et par devant moy, notaire royal, ont esté présens, Gaston Former, natif de la jurisdiction de Castilhonnès, et Anthoine d'Arniges, appoticaire de ceste ville, lesquels et chascung d'eulx, ont receu, présentement, de sire Jehan Brugière, consul et bourssier de la dicte ville, présant, la somme de vingt escuz sol., le tout montant quarante escuz, en réalles de vingt sols, testons et monoye, pour leurs gaiges du présent moys de septembre, à eulx promis, pour penser et visiter les pestiférez, par contract receu par moy, notaire royal, daté du XXVIIme juilhet dernier, desquelles sommes, ont quité le dict Brugière, promectant ne les luy plus demander, par serment qu'ils ont fait, en présence de Francoys et Bernard de Nugon, tesmoingtz. Signé à l'original: de Nugon, et les dicts Former et Darniges n'ont signé pour ce qu'ilz sont infectz et moy.

Valeton, notaire royal.

 

18 Septembre

Ont remonstré, qu'il fust besoing, ces jours passés, envoyer les compagnies du régiment de

 

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M. de Salignac, à Monflanquin, et falut, pour ce prendre M. de Puissade, pour les conduire; lequel demanda ung quintal du pouldre, et deux cens pains, qui luy furent baillés, et fust emprompté une cavale, de Jehan Gauffre, hoste du bourg de la Magdalene, laquelle fust prinse par les papistes, au retour du dict Monflanquin, et ont requis la jurade de ratifier ce qu'ilz ont fait, et d'aviser si la dicte cavale, sera payée au dict Gauffre; qu'il y a plusieurs habitans de la dicte ville, qui ont retiré leurs bledz, au chasteau de la Baulme, à Nailhac et ailheurs, pour faire perdre le droict du roy et de la mise; s'il sera bon, fere bailher aux dicts habitants, les bledz par dénombrement, qu'ils ont esdicts lieulx. Sur lesquelles remonstrances, a esté oppiné et arresté, que la présante jurade, alloue et ratifie le bail du quintal de la pouldre et pains, faict par les dicts sieurs consuls, pour conduyre les dictes troupes, au dict Monflanquin, et que la cavale du dict Gauffre, qui portait la dicte pouldre, sera payée au dict Gauffre, à la charge de poursuyvre le rembourssement du tout, par les dicts sieurs consuls, par devers le roy de Navarre ou M. de Turenne; d'aultant, que le tout a esté employé, pour les aultres généraulx, et quant aulx dicts bledz, qu'il sera faict commandement, à ceulx qui les ont dehors, de les fère porter en ceste ville, dans huict jours, sur peyne de confiscation, sauf de ceulx qui en font sortir

 

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hors de la ville pour leur provision, s'il advenait qu'ilz fussent frappez de peste; ausquels habitans de la dicte ville, et aultres, sera inhibé de n'en vendre, sans payer le droict de la cause, et sera cryé à son de trompe. Touchant certains advertissemens receuz, des entreprises des ennemys, M. de Panissault sera pryé d'assembler ses amys, pour se tenir en ceste ville, ou pour batre la campagne, comme il avisera; aussy, sera cryé à son de trompe, de ne vendanger de toute la sepmaine, sur peyne de confiscation de la vendange.

 

28 Octobre

Assistaient à cette jurade, outre les consuls: Baduel, ministre de la parole de Dieu, de Belriou, B. de La Rivière, J. Lacombe, B. de Lentilhac, H. Planteau, J. Eyma, recepveur, autre J. Eyma, marchand, F. Planteau, J. Marteilhe, J. de la Peyrarède, A. Pinet, B. Tarnaud, G. Duqueyla, J. de Volpilhac, J. Alba, J. Cheyssac, P. Poumeau, etc., etc.

En présence desquels, les dicts sieurs consuls ont remonstré, que le roy de Navarre escript à Messieurs, de la noblesse, consistoires et communaultés, du party de la religion réformée, qu'il se présente des ocasions pour les affaires, qui méritent de conférer ensemble; et pour ceste cause, leur mande de se trouver, sans

 

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fallir, dans la ville de la Linde, lundy prochain, par tout le jour, et d'y aller, ou envoyer personnes bien informées de l'estat et choses et mouvement, de tout ce qui peult concerner la paix ou la guerre, tant pour le présant que pour l'avenir; parquoy, ont requis advis et conseil leur estre donné là dessus. Sur laquelle remonstrance, après lecture faite de la letre du dict sieur roy de Navarre, a esté oppiné et arresté, que M. Baduel, ministre de la parole de Dieu, ung des consuls, et M. de Lussas, feront le dict voyage, en la dicte ville de la Linde.

Sur ce, c'est levé le dict maistre François Cacaud, qui a remonstré, qu'il est requis et nécessaire, de fère cesser l'imposition de dix sols, mise sur chascune barrique de vin, qui se vent en ceste ville, et bourg de la Magdalene, ensemble l'imposition d'aultres dix sols, mise sur chascune barrique de vin sortant de la présant ville, d'aultant que icelle imposition a esté faite pour remborsser les habitans de la présant ville, qui avoient forny bledz et vins, pour nourrir les gentilshommes suyvans le roy de Navarre et M. de Turenne, et que, iceulx habitans ont esté remborssés. Arresté et oppiné, que l'imposition de dix sols mise sur le dict vin, se lèvera seullement jusques à sabmedy prochain, dernier jour du moys d'octobre, et de là, en avant, ne se lèvera plus; que les pogèses du vin qui se vend en détail, seront affermées jusques au premier

 

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jour d'aoust prochain, aux plus offrans et derniers enchérisseurs.

Pareilhement, le dict Lafontaine a remonstré, que, par jurade, il a esté esleu ung des conservateurs depputés pour la santé; que, comme tel, ces jours passés, cuydent voulant remonstré à Hugues Pauly, qui estoit infect, qu'il trouva en la rue, à cheval, sans gaulle en sa main, qu'il feusoyt mal, d'ainsi se promener, par la ville, sans gaulle, ne clochette (1), comme luy avoit esté commandé par tous les conservateurs. Icelluy Pauly se print à luy dire, malicieusement, que s'il descendoyt de cheval, il le feroit aller commander en son pays, vers Bordeaux, et non point à luy, si ayant ung pistolet à feu en sa main; luy dist plusieurs injures dont il a fait fère information, desquelles façons de fère, a requis la jurade luy en fère fère justice. Arresté, que le dict Lafontaine, informera amplement de ce que luy a esté faict, par le dict Pauly, et le poursuyvra par justice, auquel procès, le scindic de la ville prendra la cause,

 

(1) Les gens atteints de peste, étaient, comme les lépreux, obligés d'avoir une sonnette, ou cliquette à la main, pour annoncer leur passage; ils étaient aussi tenus de porter une grande gaule, pour écarter les imprudents, qui ne tenaient aucun compte de l'avertissement donné par leur sonnette.

 

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pour le dict Lafontaine, et se joindra avecques luy.

Aussy arresté, que Jehan Guy, jadis scindic de ceste ville, payera ce que coustera d'acoustrer la maison des hoirs de feu Francoys Rebeyrol, qui fust rompue, en montant la cloche sur le temple de Sainct Jacques, sauf de luy en fère raison en randant ses comptes.

Aussy, a esté arresté, qu'un pas du pont de Dordogne de ceste ville, qui s'en va par terre, sera acoustré, le plustost que fère se pourra, selon qu'il sera avisé par MM. les consuls P. Poumeau, J. Eyma, J. Martheille et J. Tavers, et selon le proget qu'ilz aviseront, la besogne sera criée à son de trompe, aux moyns disans, ausquelz sera payé la somme qu'ilz offriront; et, s'il n'y a asses d'argent, sera fait ung tail, jusques au payement de la somme offerte.

 

9 Novembre

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, si le vin doibt entrer dans la ville, après la feste de Sainct Martin prochaine, veu le temps de guerre où nous sommes; si l'imposition mise par M. de Turenne sur les chairs qui se vendent en ceste ville, et bourg de la Magdalene, se continueront de lever; que M. Baduel (ministre), veult envoyer quérir sa femme, si elle sera envoyée quérir; que plusieurs habitans de ceste ville

 

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veullent recouvrer leurs meubles fornys à feu M. d'Alain gouverneur, si les dicts meubles leur seront renduz, et si le logis et estables, baillez au dict sieur gouverneur, seront aussy renduz aux propriétaires; que les habitans de ceste ville, ont esté cothisés à la somme de vingt cinq escus sol, pour leur part des frays d'envoyer aux Estatz, à Montauban; si la ville bailhera les dicts vingt cinq escus sol; aussy, Jehan Brugière, consul et bourssier, demande qu'il luy soyt donné quelque chose, pour avoir avancer, pour la ville, cinq mile francz, pour recouvrer le molin de la ville. Sur lesquelles remonstrances, a esté arresté, que les bourgeois de la présant ville, seullement, pourront fère entrer leurs vins, qu'ilz auront cully en leurs possessions, dans ceste ville, jusques à la feste de Noël prochaine, sans payer aulcun tribut à la dicte ville; toutesfoys, s'ils en achaptent qui ne soyt de leur creu, ilz en payeront cinq sols par barrique, comme pareilhement feront les estrangiers, jusques à la feste de Noël; que l'imposition mise sur les chairs, par M. de Turenne, se continueront de lever, pour le regard des boeufs, vaches, veaux, pourseaulx, truyes, brebys, boucs et chèvres, et mesme les moutons; qu'il sera envoyé ung messagier à pied, en la ville d'Argentat, pour entendre, par les habitans d'icelle, si l'esglise où estoit ministre M. Baduel, vouldra permetre de laisser venir en

 

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ceste ville, la femme de M. Baduel, et selon les responces, si les chemyns sont assurés et libres, elle sera envoyée quérir; que les meubles bailhés à feu M. le gouverneur, par les habitans de la ville, seront rendus aux particuliers d'icelle, qui les ont fornys, et cest article sera cryé à son de trompe, et les dicts meubles rendus, les dicts sieurs consuls rendront, pareilhement, les clefs du logis du dict feu gouverneur; que les dicts sieurs consuls frayeront et payeront la somme de vingt cinq escus sol, à laquelle ils sont esté cothisés, pour aller à Montauban (1), et qu'il sera donné à Jehan Brugière, consul et bourssier, deux pipes de bled, pour avoir forny la sus dicte somme, de cinq mile francs, pour recovrer le molin de la ville.

 

30 Novembre

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, que

 

(1) Je soussigné, confesse avoir receu de sire Jehan Brugière, à présent consul et boursier de la présent ville, ceste présente année, la somme de vingt et cinq escuz, en quoy l'esglise de ceste ville a esté cottisée, pour sa part des frais qu'il fault faire pour le voyage de Montauban, auquel voyage, estant un des députés, ay receu la dicte somme, dont en quitte la dicte esglise. Fait à Bergerac ce 9 de janvier 1588. Signé: Baduel. A. Poumeau tesmoingt. (Lse 32. N° 1. Bte Q.)

 

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M. de Turenne, qui est devant Sarlat, a mandé luy envoyer de la pouldre et des balles; par quoy, ont pryé la jurade d'aviser si la ville luy en envoyera. Arresté, qu'il sera envoyé à M. de Turenne, six quintaulx de pouldre, et les balles qu'il demande aussy, le plustost que fère se pourra, en les faisant conduyre, par la rivière, pour le dict sieur de Turenne. Aussy, a esté arresté, que le collège de ceste ville sera fermé de murailhe, à la diligence du consul Poumeau, Pierre Poumeau, son frère, et de M. Baptiste Tarneau, présents, qui ont promis le fère, et acepté la charge, ausquelz est promis que les fraiz, qu'ilz feront, leur seront alloués.

 

19 Décembre

Ont remonstré, que, cy-devant, pour continuer les fortifications, les chevaulx et charrettes des habitans, et aultres de la jurisdiction, estoyent mandés, et à faulte de les envoyer, les reffuzans estoyent contrainctz payer, pour charrette, quinze sols, et, pour cheval, dix sols; et ont demandé si le dict règlement sera suyvi, veu que M. de Turenne escript de haster les fortifications; aussy, plusieurs habitans de la ville se plagnent qu'ilz sont par trop cothisez, au rolle de la cothisation des gaiges de MM. les ministres, et ne veullent payer leur tailhe qu'à leurs ministres, comment on procédera contre eulx;

 

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pareilhement, plusieurs se plagnent de faire les gardes de la ville, et s'excusent sur leur pauvreté et minorité; et, la pluspart, envoyent à la garde, des garsons sans armes; et les habitans du bourg de la Magdalène, ne veullent, aussy, payer leur part des gaiges de MM. les ministres, sur quoy ont pryé la jurade, leur bailher advis et conseil.

Sur lesquelles remonstrances, a esté oppiné et arresté, pour le regard des fortifications, que l'ordre ancien fait, touchant les charrettes et chevaulx, sera gardé et suyvy, et que ceulx, qui ne envoyeront, seront exécutiez; que les habitans de la dicte ville, qui sont cothisés au rolle de MM. les ministres, payeront les sommes qu'ilz seront cothisez, aultrement seront aussy exécuttez et doresnavant, les habitans de la dicte ville, mais aussy ceulx du bourg de la Magdalène, paroisse de Sainct Martin, Lembrat (1) et aultres de la présant jurisdiction, qui viennent en ceste ville, aux presches, et participent aux divers services, seront aussy cothisés au rolle des gaiges des dicts ministres; que les pauvres, vrayement pauvres, seront excusés de faire la garde, comme il sera avisé par MM. les consuls, et le capitaine Jaure, sergent majeur; et que, doresnavant, les dicts habitans de la dicte ville, feront la garde, nuyt

 

(1) Commune du canton de Bergerac.

 

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et jour, en personne, ou y envoyeront personnes capables, aultrement seront exécutez.

 

Quelques lettres écrites aux consuls durant l'année 1587 (Bte Q. Lse 20.)

 

« Messieurs,

Monsieur de Turenne est arrivé ycy, puis deux heures; nous attendons sa maiesté à ce soir, et croy qu'il sera tard, et semble à Monsieur de Tustal (1) et à moy, que feres très bien de venir ycy, demain, saluer sa dicte majesté. Je vous prie doncq y venir, et sur ceste prière, je salueray bien humblement vos bonnes graces, et prie Dieu,

Messieurs vous tenir en sa saincte garde.

Vostre affectionné serviteur.

Feydeau. »

 

« Monsieur de Tustal salue bien affectueusement vos bonnes graces.

A Saincte Foy ce sabmedy sur les trois heures (22 août 1537).

 

(1) Il y avait à Sarlat, au quinzième siècle, une vieille famille bourgeoise de ce nom.

 

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De Mont f (Montflanquin probablement) ce mercredy XXVI aoust 1587.

Monsieur,

Suyvant ce que Monsieur de St-... nostre gouverneur, à son partir d'ycy, nous donna charge de vous tenir adverty, à toute heure et occasion, de ce que nous pourrions aprandre, du déseain des enemys, affin que de en advertir Monseigneur de Theurène, nous n'avons volleu fallir à vous escripre, que, despuys deux jours en ça, nous avons plusieurs advys très certains, et de bonne part; et, que sont partys de l'armée de Monsieur le mareschal de Mathinion, que est apprès à passer la rivière de Garonne, au Port-Sainte-Marie (1) avecques son armée, et à ses fins, a faict assembler et descendre des bapteaux d'Agen, et de là, se vien randre à Ville-neufve (2); nous ne scavons, plus avant, son déseain; bien est vray, que, comme estans les plus proches, nous avons à craindre ses entreprises. A ceste cause, vous supplions de en advertir mon dict seigneur; et sy, cependant, nous entendons que le dict sieur mareschal, aye déseain d'atenter quelque chose sur nous, nous

 

(1) Chef-lieu de canton, département du Lot-et-Garonne, à 20 kilomètres d'Agen.

(2) Sous-préfecture du Lot-et-Garonne.

 

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aurons nostre recordz à vous, pour nous fornyr, s'il vous plait, des hommes, que nous pourrons avoir faulte, à cause de l'absence de nostre gouverneur, que nous faict supplier, très humblement, d'escripre à Messieurs de Boyesse (1), ou à ceulz qui comandent, en leurs absence, à leurs compagnies de gens de pied, de s'approcher de nous, affin de supplir à la nécessité que nous pourroit advenir; nostre cause est la vostre, et, de tous, en commung; et sy, nous asseurons que vous estes sy affectionné au service du roy de Navarre, que vous ne nous expouzeres venir en tel besoing. Ce matin, on nous a envoyé ung paquet de Montauban, pour fère tenir à Bragerac, inpourtant les affères du roy de Navarre, lequel nous avons bailhé à ce porteur; on nous a aussy escript de Quercy, que Monsieur de Sainct Supplyce assemble toute la noblesse de Quercy, pour s'en aler au della Dourdouye (Dordogne). Sy nous pouvons entandre aultre chose de plus certain, nous ne fauldrons de vous en advertir, à toute heure; qu'est fin, après avoir sallué vos bones graces, priant Dieu

Monsieur, en sancté, vous donner ce que désirés.

Vos très humbles et obéyssans serviteurs. »

Suivent les signaturcs illisibles de trois contuls

 

(1) Probablement Arnaud d'Escodéca de Boisse.

 

p. 169

Au dos: « A Monsieur d'Allen, gouverneur, ou, en son absence, à Messieurs les consuls de Bragerac. »

 

« Montflanquin (1) ce sabmedy IX octobre 1587

Messieurs,

Nous venons, présentement, d'estre advertys que Monsieur le mareschal de Matignon, vient, à nuit, coucher à Cancon (2), où l'on luy apreste logis, et fait-on les cartiers pour les troupes qu'il mène. Nous savons qu'il a six vingtz eschelles, il se fault prandre garde, que faisant semblant de nous attaquer, il ne passa plus oultre, vers vous, par quoy, je vous suplye adviser à nos affères, et s'il vous plet advenir les compaignies qui sont en vos cartiers, de se serrer vers vous, ou vers Saincte-Foy, à ce qu'ilz ne se perdent; et m'asurant de vostre bonne volonté et prudence, je vous baiseray humblement les mains, et prieray Dieu,

Messieurs, vous tenir en sa saincte garde et protection.

Vostre humble et plus affectionné voysin et serviteur.

Lagarde. »

 

(1) Chef-lieu de canton du Lot-et-Garonne.

(2) Id.

 

p. 170

« De Montflanquin, ce sapmedy dixièsme octobre 1587.

Messieurs les consuls,

Présentement, venons d'estre advertys, d'asseurance, que Monsieur le mareschal de Matignon a passé la rivière du Lot, et a son rencez-vous, ceste nuit, en ceste terre, et terre de Cancun, et que le sieur mareschal, doilt coucher au dict Cancon. Yer, passa troys compagnies de gens de pié, et une de cheval, amenant une charette chargée d'eschelles, estant couvertes d'un grand linceul, s'en allant ver Cadoing; ils prétendent surprendre quelque ville. Il est nécessaire que faciez bonne garde, afin que ne soyez surprins. Il seroit bon que vous advertissiès messieurs de La Linde; d'asseuranre, c'est sur nous, ou sur La Linde, ou sur vous. Il est requis, que, tous, vélions, afin que l'ennemy ne nous puisse surprandre. En tous les endroictz, que nous aurons moyens vous servyr, le ferons de très bon ceur, vous demeurant,

Messieurs, vos très humbles et obéissans serviteurs. »

(Suivent les signatures de trois Contuls.)

 

p. 171

« A Barrière (1) ce II novembre au soir 1587.

Messieurs les consulz,

Je vous veulx bien advertir, comme Grignols est en la puissance du roy de Navarre, et espère, aydant Dieu, eslargir si bien vos limites, que vous pourrez, doresnavant, dormir en sureté. Je m'en vais à Sourzac (2), et mande à M. de Sainct Pater, d'amener les pièces; je vous prie luy donner des pionniers, des pics et pelles, et l'accomoder de tout ce que pourrez, et aussi, s'il y a quelques montagnes malaysées, luy faire donner des beufs, pour ayder au dict canon; j'écris aussi à M. de la Roque, au capitaine Panisault et au capitaine Verrouil, de venir avec leurs compagnyes, droit aux Lesches (3); je vous prie avoir soing de tout cela, et je prie Dieu vous avoir,

Messieurs les consulz, en sa saincte garde.

Votre affectionné et meilheur amy,

Turenne. »

 

(1) Ancien fief dans le bourg de Grignols.

(2) Commune du canton de Mussidan.

(3) Les Lèches, commune du canton de Laforce.

 

p. 172

« De Bénac ce XXVII novembre 1587.

Messieurs les syndic et consuls,

Pour ce que, partant de vostre ville, j'oubliay les balles de metal, que je avoye faict fondre, je vous prie me les envoyer, le plustost qu'il vous sera possible, et ayder de vostre faveur, en tout ce que vous pourrez, à ce que celluy qui me les portera, face diligence; l'assurance que j'ay de vostre affection, en l'avancement de nos affaires, m'empeschera vous en dire davantage, sinon, pour prier Dieu, qu'il vous maintienne en sa garde, et vous, de croire que je suis,

Vostre fidelle amy, à vous servir.

Caumont. »

 

8 janvier 1588

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, que le roy de Navarre a escript de lui envoyer les deniers, imposés sur les habitans de ceste ville et de la jurisdiction, pour la subvention des Reistres, lesquels ne sont encores tous levés, d'aultant que la pluspart du peupple ne veult payer, disant que les Reistres s'en sont retournés; et ont demandé si les dicts deniers seront achevez de lever, et de qu'elle contrainte on

 

p. 173

usera contre les refuzans. Aussy, qu'ilz ont fait dresser des mémoires, pour envoyer aux Estatz à Montauban, pour les demander au roy en faisant la paix, si les dicts mémoires seront asses amples, et s'il fault adjouster ou dyminuer. Que les dicts sieurs consuls ont, suyvant l'advis des jurades précédentes, payé six vingtz escus, pour les cloches de Sourzac, et toutesfoys, M. de Meilhe ne veult permectre qu'on descende les dictes cloches, pour les porter en ceste ville; sur quoy ont aussy pryé la jurade, leur donner advis et conseil là dessus.

Sur lesquelles remonstrances, après lecture faicte de la letre du dict sieur roy de Navarre, a esté oppiné et arresté, que le reste de la cothisation des deniers des dicts reistres, sera achevée de lever, le plustost que fère se pourra, pour estre gardée par le scindic de la ville, sans les bailher à personne, que par advis donné en jurade, et, les refuzens à payer iceulx deniers, seront contrainctz ce fère, par emprisonnement de leurs personnes; quant aux sus dictes mémoires, après aussy lecture faicte d'icelles, la jurade les a trouvées bonnes et bien faictes, auxquelles a esté oppiné qu'il y sera adjousté deux articles, l'ung, que le roy de Navarre sera supplyé ne nous bailher point de gouverneur, sans le consentement et nomination des habitans, et pour le regard de la nomination, il luy plaise suyvre les règlements par luy faitz, et

 

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l'autre qu'il luy playse aussy ordonner lestat du payement de la garnison de ceste ville, sur des paroisses proches de la dicte ville, afin que les contributions se puissent aysément lever. Quant aux cloches de Sourzac, il sera escript à M. le comte de Meilhe, de nous délivrer les dictes cloches, bailhées aux habitans de la dicte ville par M. de Turenne, ou randre à la dicte ville les dicts six vingtz escuz, ensemble, les fraictz; aultrement, à faulte de ce faire, il sera escript à M. de Turenne.

Et, sur la remonstrance faite par Jéhan Eyma, qui a requis luy permectre fère entrer dans la ville deux thonneaux de vin, qu'il a à son boriage, près la dicte ville, daultant qu'il n'a peu les fère entrer, à cause de la peste qui estoit à son boriage, à ceste considération de la misère du temps et de la contagion, qui a durée longtemps dans ceste ville, sans tyrer à conséquence, et sans rompre ou desroger aux privilléges de la dicte ville. Oppiné qu'il est permis au dict Eyma, et aultres habitans, de la dicte ville, et bourg de la Magdalene, fère entrer dans la dicte ville et bourg, durant ung moys, tel nombre de vin que bon leur semblera, en payant dix sols à la ville, pour barrique, soyt vin ou demy vin.

 

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19 Janvier

Les sieurs consulz ont remonstré, que M. de Turenne, dernièrement qu'il fust en ceste ville, leur commanda de fère fondre ung canon, et une colouvryne, et leur bailha, par Pierre de Libran, recepveur de la recepte particulière, establye par le roy de Navarre en ceste ville, la somme de troys cens escuz sol., que, suyvant le dict commandement, iceulz sieurs consulz ont bailhé à fondre, les dictes pièces, à M. Pierre Potier, fondeur; ce qu'il a promis faire, moyenant la somme portée par le contract, receu par le clerc de la ville, le dix-huictiesme jour de ce moys; et, ont demandé que la ville ratifie le dict contract; aussy, ont remonstré que le roy de Navarre a escript une letre aux dicts sieurs consulz, touchant le gouverneur de ceste ville par laquelle il mande entre aultres choses, qu'il n'a jamais heu intention de mectre aultre gouverneur en ceste ville, que le seigneur de la Force, et qu'il est très ayse, que les habitans de ceste ville le tiennent agréable; et, sur ce, ont demandé advis à la jurade, qu'ilz doibvent fère là dessus; aussy, ont remonstré, qu'il est besoing cothiser les gaiges de Messieurs les ministres, sur les habitans de ceste ville, bourg de la Magdalène, et jurisdiction; et que la jurade nomme les cothisateurs; pareilhement, ont remonstré

 

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que Hugues Tavers, et Héliés Marphaud, commis aulx fortifications de ceste ville, délibèrent d'abatre et ruyner, par l'eau du ruisseau du Caudou, le vieulx ravelin de Cleyrac, cy-devant faict par M. de Lacoste, chose qui pourrait nuyre et préjudicier à la ville, par quoy ont aussy demander advis à la dicte jurade, si cela se doibt fère.

Sur lesquelles remonstrances, après que le dict Pierre Polier, fondeur, présant, sur ce interpellé, par les dicts sieurs consuls, en présance de la jurade, a heu promis, par serment, fondre à ses despens, les dicts canon et coleuvryne, pour la somme contenue au dict contract; et, sur chascune pièce, mectre et engraver les armoiries de la ville; et, icelles deux pièces rendre parfaites et prestes à tyrer, en luy fournissant, par les dicts sieurs consuls, ce qui est porté par le dict contract, la jurade a ratiffié et a promis, tenir le dict contract, et icelluy entretenir de point en point; et, quant au gouverneur de ceste ville, après lecture faite de la letre du dict sieur roy de Navarre, rassemblée ayant très agréable pour gouverneur le seigneur de la Force, a oppiné et arresté, que les dicts sieurs consuls, acompagnez de M. Charon, lieutenant général, et de M. le bailly, vieulx, iront, ce jourd'huy, ou demain matin, trouver le dict sieur de la Force, à son chasteau, pour luy fère entendre la volonté du dict sieur roy de Navarre;

 

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et, que les gaiges de Messieurs les ministres, seront cotisés sur les habitans de ceste ville, bourg de la Magdalène et jurisdiction, estans de la religion, suyvant les édictz du roy et précédantes jurades, par les cothisateurs qui seront nommez par les dicts sieurs consuls; et quant au revelin de Cleyrac, a esté aussy arresté, que les dicts sieurs Tavers et Marphaud n'entreprendront aulcune chose sur la ruyne d'icelluy ravelin, sans l'advis des dicts sieurs consulz Symon de Villepontoux, Arnault Vayres, Jehan Lacombe le jeune, Pierre Poumeau, Berthoumieu de la Rivière et Mathurin Peyrarède, à ces fins nommez et depputez, par jurade du vingt troysiesme jour de mars, mil VC quatre vingt cinq; et que B. Gillet, qui a heu cy-devant charge de lever les gaiges des dicts sieurs ministres, se trouvera, vendredy prochain, au consistoire, pour rendre compte de ce qu'il aura prins et receu.

 

(Du 19 janvier, date de la jurade ci-dessus, transcrite en entier, les consuls et les jurats ne se réunirent plus que à la date ci-dessous.)

 

11 Avril

Les sieurs consuls ont remonstré, que pour fondre le canon et la coulouvryne, apartenant à la communaulté de la ville, desquelz le prix faict

 

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est bailhé à Pierre Polier, fondeur, par commandement de M. de Turenne, il est besoing recouvrer de la mitralye, pour les parachever, d'aultant que le dict fondeur les somme, tous les jours, de satisfaire au contract, fait avecques luy, et veult protester contre la ville, de tous despens, dommaiges et intéretz; et d'aultant qu'ils ne peulvent recouvrer, des recepveurs de la cause, le reste de l'argent, donné par le dict sieur de Turenne, pour fondre les dictes pièces, montant cinq cens livres; ont demandé leur estre donné advis et conseil là dessus. Pareilhement, ont remonstré que pour continuer les fortifications de la ville, il a esté fait une petite tailhe et cothisation, sur les habitans d'icelle, laquelle iceulx habitans ne veullent payer, comme disent les colecteurs, qui ont charge de la lever; sur quoy, ont aussy demandé leur estre donné advis là dessus.

Sur lesquelles remonstrances, a esté, par la plus grand voix, oppiné et arresté, que, pour ne laisser la coulouvryne imparfaite, veu le temps de guerre où nous sommes, sera, par les dicts sieurs consuls, achapté ou emprompté la mitralye qui sera nécessaire, pour fondre la dicte coulouvryne, de laquelle mitralye, iceulx consulz s'obligeront, en leurs noms propres, et la ville les en relevera; et que, cependant, les dicts consuls poursuyvront le payement d'icelle

 

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mitralye, sur les prisoniers de Sainct Chastier qui sont détenus aux prisons de ceste ville, ou aultres du dict lieu, si fère se peult, suyvent le mandement du dict sieur de Turenne, qui est devers les dicts recepveurs, lesquels prisoniers seront, à ces fins, reserrés extroitement, par le consierge; et que la tailhe, imposée pour les fortifications, sera levée, et les habitans de la ville contraintz à la payer, laquelle tailhe, les collecteurs, à ce, députés, lèveront en toute dilligence; autrement, seront exécutez en leurs noms propres, pour le payement d'icelle,

 

23 Avril

Les dicts sieurs consulz, et le dict Eyma, scindic des marchans, ont remonstré, que, puys naguères, les gouverneurs et consuls de la ville de Saincte Foy, ont imposé, sur toutes les marchandises, montant et descendant, par la rivière de Dordogne, passans au devant leur ville, certaines sommes de deniers, indiférement, soyt sur ceulx de la religion, ou aultres résidans; par ce moyen, les marchans qui trafiquent sur la dicte rivière, contribuent comme ilz feroient leurs enemys; que, sur ce diférant, le conseil du roy de Navarre, passant dernièrement par la ville de Saincte Foy, ayant ouy seullement le scindic de ceste ville, et les dicts consulz de

 

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Saincte Foy, auroient renvoyé les parties, par devers le dict sieur roy de Navarre, pour, les dictes parties, oyr, et mesmes le scindic des dicts marchans, y estre pourveu comme de raison; que, puys le dict appointement, les dicts consulz et habitans de Saincte Foy, en toute dilligence, et par surprinse toute apparente, et sans oyr les habitans de ceste ville et le scindic des dicts marchans, troys ou quatre jours après, auroient obtenu, comme ilz disent, certaine ordonnance du dict sieur roy de Navarre, à leur avantage; et, en vertu, d'icelle, contragnent les dicts marchans, par prinse et saisye de leurs personnes, et bapteaulx, au payement de la dicte imposition, chose du tout indigne et inique; à ceste cause, ont requis la jurade, d'adviser s'il sera bon envoyer homme exprès, devers le dict sieur roy de Navarre, pour luy présenter requeste narratisve de ce que dessus, pour faire cesser la dicte imposition, et sy Jehan Bordas de ceste ville, qui entreprend de faire le voyage, est prins prisonnier de guerre en chemin, sy rençon sera payée, et par qui, et d'où sera prins argent pour faire le dict voyage.

Sur lesquelles remonstrances, la plus grand voix des sus nommés, ont oppiné et arresté, que le dict Bordas sera despéché, pour aller en dilligence, présenter au roy de Navarre, la requeste qui lui sera bailhée, tant pour cest affère, que

 

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pour aultre affère concernant le bien public; et, que, à ces fins, sera payé et avancé, par les dicts sieurs consuls, la somme de trente escuz sol., pour faire le dict voyage, à la charge que les dicts sieurs consuls seront remborssés d'icelle somme, par le scindic des dicts marchans, ausquels ceste affère touche particulièrement, sur les premiers deniers que le dict scindic prandra et levera, appartenans à la boursse commune des dicts marchans; et que, s'il advenoit que le dict Bordas soyt prins prisonnier de guerre, en chemin, faisant le dict voyage, sa rençon sera payée par le scindic des dicts marchans, et par les habitans de ceste ville, chascun par moytié, et qu'il sera escript, par les dicts sieurs consuls, et par le consistoire de ceste ville, à Monsieur de More, ministre de la parolle de Dieu, de nous envoyer ung ministre, suyvant ses letres escriptes aulx habitans de la dicte ville.

 

4 Mai

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, qu'il se faict annuellement une cothisation sur les habitans de ceste ville, pour payer les gaiges de Messieurs les ministres; que, à présant, il se présante ung expédiant, pour fère cesser les dictes cothisations, c'est que M. de Sainct

 

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Julien, veult vendre le prieuré de Sainct Martin de ceste ville, et le veult laisser pour mile escuz, et prandre en payement les reyrages des dons faitz au collège, deubz par plusieurs gentilshommes (1), qui montent à grands sommes de deniers, ainsi qu'il a mandé à Hugues Tavers par une letre, qu'il luy a escripte; à ceste cause, ont pryé la

 

(1) Le roi de Navarre, nous l'avons déjà vu, par ses lettres patentes du 31 juillet 1576, donna 200 livres de rentes au collège de notre ville; plusieurs seigneurs, désireux, eux aussi, de contribuer à sa prospérité, suivirent l'exemple du roi. Parmi ces derniers nous trouvons:

Jean Foucaud, sr de Lardymalye, gouverneur, pour le roi de Navarre aux pays de Périgord et Limousin, qui le 30 juillet 1576 fit don et fondation perpétuelle de dix livres de rente, à prendre, tous les ans, sur les revenus de sa métairie noble, appelée de St-Pierre.

Le 30 juillet 1576, Geoffroy de Beynac, sr et baron du dict lieu, donne 20 livres de rentes annuelles, à prendre sur les revenus de la paroisse de Beynac.

Le même jour, Foucaud de St-Astier, écuyer, sr de La Barde, donne cinq livres de rente, à prendre sur les revenus de Rastille, paroisse de l'Isle.

Le 15 août 1576, messire Armand de Gontaud, sr de St-Geniès, baron de Badefol, de Daudens en Béarn, et de Daulmanescher, en Normandie, constitue une rente de 100 livres, à prendre sur les revenus de la chatellenie de Badefol, à la charge que, la seconde classe du collège sera appelée classe de Sainct Geniès.

Le 21 du même mois, Jacques de Caumont, écuyer, sr de la Force, de Masduran, de Montboyer, de Mangésie, d'Aunay et de la prévoté de Bergerac, consent une rente de 50 livres, à prendre sur la recette et revenus de sa maison de la Force, à la charge qu'au dit collège, une fois pour le moins, chaque année, « il serait faict déclamation à la louange et honneur de sa maison. »

Quatre jours après, c'est-à-dire le 25 août, Haut et puissant seigneur, messire Henri de Latour, chevalier de l'ordre du roi, capitaine de ciquante hommes d'armes, vicomte de Turenne et comte de Montfort, donne 100 livres de rentes annuelles, à prendre sur les revenus de la dite comté de Montfort, à la charge que la première classe sera appelée « classe de Turenne ».

Le 28 août de la même année, Bertrand de Larmandie, écuyer, sr de Longa, de Grand Castang et de Gardonne, consent, lui aussi, pour le même objet, une rente de 25 livres, à prendre sur les revenus de sa métairie du Monteil, appelée de Buffeven.

Il est bon de rappeller aussi que le 4 mai 1582, maître Hélie Dupuy, régent du collège, fit deux testaments, portant légat de la somme de 150 écus, pour être mise en fonds à perpétuité; et, du revenu, être acheté un chapeau et un Nouveau Testament grec et latin, pour être donné, en prix, à celui des écoliers de la première classe, dite de Turenne, qui composera le mieux un argument, qui sera donné par quelcun de MM, les magistrats, chaque année, le dernier jour d'avril, ainsi que des écritoires, pour prix, à ceux qui le seconderont. (Voir les notes publiées par M. Michel Dupuy sur notre collège.)

 

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jurade d'adviser, s'il sera bon d'achapter le prieuré, et leur donner conseil là dessus; aupsi, ont remonstré que certaines personnes de ceste ville, entreprenent de bastir, à ung des pas du pont, une pescherie, à leurs despens, sans empescher la navigation, et veulent bailher certain revenu à la ville; ont aussi demandé si les dictes

 

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pescheries se feront, en bailhant du profit à la ville; aussi, ont remonstré que, cy devant, M. de Turenne a donné aulx habitans de ceste ville, la somme de cinq cens escuz sol., prins sur les affermes des biens des catholiques, pour estre employés aux fortifications de ceste ville, laquelle somme, ou partie d'icelle, Mathurin Peyrarède et Jehan Guy, jadis scindics et consuls de ceste ville, ont prinse et receue des fermiers d'iceulx biens, sans prandre quitance de M. d'Aliés, recepveur général, ou de P. de Belriou, recepveur de la recepte particulière en ceste ville, comme ilz debvoyent faire; qu'est la cause que, à l'avenir, les dicts catholiques pourront demander aux habitans de la présant ville, les sommes receues des affermes de leurs biens, ne monstrant de quitance des dicts recepveurs; et, par ce moyen, la ville tombera en des grandz

 

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fraitz, par la faulte des dicts Peyrarède et Jéhan Guy; et, sur ce, aussy, ont demandé leur estre bailhé advis et conseil.

Sur lesquelles remonstrances, a esté oppiné et arresté, par la plus grand partye, qu'attandu qu'on ne voit aulcune suretté en l'aquisition du dict Prieuré, ains au contraire ung aparen dangier de prendre la somme principale, synon que ce fust par manière d'afferme, qui ne peult estre faite que pour troys ans, il sera escript au dict seigneur de Sainct Julien, qu'il luy plaise donner, aux habitans de la présent ville, la suretté de leurs deniers, s'ilz achaptent ou afferment le dict prieuré; et, ce faict, luy sera faict plus ample response.

Quant aux pescheries, a esté aussy arresté, que MM. les consuls, Pierre Poumeau et B. Gillet, parleront à ceulx qui veullent entreprandre de les bastyr, et arresteront, avec eulx, les conditions et conventions qu'ils aviseront estre au profit de la ville, ausquelz est donné toute charge de ce fère; et, ce fait, icelles pescheries seront délivrées, à l'estaing de la chandelle, au présent lieu, à ceulx qui feront la condition meilheure de la dicte ville.

Que les dicts Peyrarède et Jéhan Guy, jadis scindicz de ceste ville, retyreront quitances des dicts cinq cens escuz des recepveurs de la cause, le plustôst que fère se pourra, afin que la ville

 

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ne soyt poinct reserchée à l'avenir, d'icelle somme, sur peyne de frayer, à la dicte ville, tous despens, dommages et intérêtz, qu'elle pourroit souffrir, par faulte de monstrer les dictes quitances.

Que M. Jéhan Lotrac, régent au collège de ceste ville, sera osté de son estat, à cause qu'il a sa voix cassée, et personne ne l'entend; et, en son lieu, sera mys le régent Saubeterre, qui est réfugyé en ceste ville.

Aussy, que les ponts de Caville et Pontbonon, seront acoustrés; et, pour le présent, ne sera imposé aulcun tribut sur le poisson fraictz, qui se vend aux Mazeaulz de la dicte ville.

 

16 Mai

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, que le roy de Navarre leur a escript une letre de créance, par le seigneur de Pierrefite, dattée du cinquiesme de ce moys, pour fère entendre aux habitans de ceste ville, et aux esglises du pays de Poytou et Languedoc, certains affères importans, ausquels il est besoing pourvoir promptement; et, à ce qu'ils ont peu entendre, c'est que le dict sieur roy de Navarre mande, que chascune esglise envoye, devers sa majesté, ung depputé, pour luy porter les sommes cothisées

 

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pour la subvention des reistres, et s'esforcer encore, de cothiser le double d'icelles sommes, si fère se peult, pour la dicte subvention. Sur quoy, après avoir mandé venir le dict sieur de Pierrefite, en la maison de la dicte ville, et qu'il a heu récité, et fait lyre, en présance de la jurade, toutes ses mémoires et instructions, a requis l'assemblée y pourvoir promptement; et, après lecture faite, de la letre du dict sieur roy de Navarre, a esté respondu au dict sieur de Pierrefite, que les habitans de ceste ville remercient grandement le dict sieur roy de Navarre, de la souvenance qu'il a des dictes esglises, et que ses instructions et mémoires seront communiqués à l'assemblée des esglises, qui se doibt faire, demain, en ceste ville, pour, tous ensemble, luy fère responce. Ce faict, le dict sieur de Pierrefite s'estant retyré, la plus grand partye des sus nommés (consuls et jurats), ont oppiné et arresté, que, oultre les mille escuz sol., cothisés sur les habitans de ceste ville bourg de la Magdalène et jurisdiction, il sera encores cothisé et levé, sur le corps de la ville et bourg de la Magdalène, la somme de cinq cens escuz sol., le plustost que fère se pourra, pour estre employée à la dicte subvention des reistres, et que, toutes les dictes sommes seront portées et bailhées au dict sieur roy de Navarre, en tel lieu qu'il sera avisé, en l'assemblée des depputés des dictes esglises, qui se fera, comme

 

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dict est, demain, en ceste ville, à laquelle assisteront troys des dicts sieurs consuls, les dicts sieurs Charon, Jehan Eyma, B. de Fonmartin, maistre Estienne Delpeuch et le dict Jehan Peyrarède, dit Dangounet. Pareilhement, qu'il sera escript à M. de Nort, de fère venir M. Chaulveton, ministre de la parole de Dieu; auquel Chaulveton, à ces fins, sera envoyé, à la première commodité, vingt escuz sol., pour les fraix de sa conduite.

Aussy, que les dicts sieurs consuls, envoyeront signifier aux consuls de Saincte Foy, l'ordonnance du roy de Navarre, touschant l'imposition, par eulx mise, sur les marchandises, montans et descendans par la rivière de Dordogne, passans devant leur ville, le plustost que fère se pourra, afin que la dicte imposition cesse au regard des habitans de ceste ville.

 

17 Mai

 

Assemblée des églises

 

En la ville de Bergerac, et dans la maison commune d'icelle, le dix septiesme jour de may, mil cinq cens quatre vingtz huict, se sont assemblés, Messieurs de Sainct Geniès et de Foydevau, conseliers du roy en la court de parlement de Bourdeaux, Francoys Valeton, scindic

 

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et premier consul de la dicte ville, M. maistre Bernard Charon, lieutenant général en la sénéchaulcé de Périgort, au siège de ceste ville, M. de Lagrange, juge de Saincte Foy, M. Gismont procureur du roy en la dicte ville de Saincte Foy, Messieurs de Mazet et Pol Baduel, ministre de la parolle de Dieu en ceste ville, M. Fynet, ministre, de la dicte ville de Saincte Foy, M. Dupuy, ministre, de la Force, et M. Cazals, ministre, de (en blanc), Pierre Poumeau, Jéhan Brugière le jeune, et Jéhan Frude, anciens de l'esglise de ceste ville; pareilhement, Estienne Boissault, pour l'esglise de Saulcihac, maistre Guillaume du Cluzel, et Estienne Martin, pour l'esglise de Lalinde, Jehan Eschaudemaison, pour les esglises d'Issigeac et Boysse, maistre Bernard Boyer, pour l'esglise de Gensac, M. Barraud, pour l'esglise de Duras, Symon Trapaud, pour l'esglise de Castilhon, Jéhan Rivière, pour les esglises d'Eymet, Myramont et la Saulvetat, et le sire Paulin, pour l'esglise de Montflanquin, en présance desquels, le dict sieur de Saint Geniès, surintendant des finances du roy de Navarre, a remonstré que le dict sieur roy de Navarre, a escript et envoyé exprès, par deça, le sieur de Pierrefite, pour fère entendre aux esglises de la religion, du pays et aultres, qu'ils ayent à tenir prests, les deniers offertz et cothisés, pour la subvention des reistres, et pour advertir les dictes esglises, de s'esforcer, et

 

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cothiser encore, le double des dictes sommes, le plustost que fère se pourra, si fère se peult; et faire porter toutes les dictes sommes, par les depputés de chascune des dictes esglises, en tel lieu qu'il sera avisé par le dict sieur roy de Navarre; sur quoy, a requis l'assemblée d'aviser et délibérer là dessus.

Sur quoy, après avoir invoqué le nom de Dieu, a esté oppiné et arresté, que les sus nommés, présens, pour les sus dictes esglises, assembleront les habitans de leur sus dictes esglises, et les advertyront de tenyr prestes les sommes cothisées et levées, pour la dicte subvention des reistres, et de s'esforcer de cothiser le double d'icelles sommes, ou ce qu'ilz pourront, pour icelle subvention, suyvant la volonté du dict sieur roy de Navarre, et, de leurs dilligences, advertiront la présante assemblée, dans dimanche prochain, pour ne retarder le voyage du dict sieur de Pierrefite, et que toutes les sommes d'icelle subvention, seront portées, par les depputés des dictes esglises, en la ville de Saincte Foy, entre les mains des dicts sieurs de Lagrange, Gismont et Fynet, ministres de la parolle de Dieu, qui les prendront, recepvront, et icelles sommes mectront, seurement, dans ung coffre, duquel chascun d'eulx aura une clef, en une maison assurée, qu'ils aviseront, pour, après, bailher icelles sommes,

 

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par les dicts Lagrange, Gismont et Fynet, à celluy, ou ceulx, que le roy de Navarre députera, pour les prandre, sans que les depputés des dictes esglises, ailhent plus loin que en la dicte ville de Saincte Foy, pour éviter fraix.

Dont a esté faict acte, par moy notaire royal et clerc de la dicte ville, soubz signé, pour servir comme il appartiendra.

Signé: Valeton, notaire royal et clerc de la ville.

 

18 Mai

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, qu'il fust arresté, par la jurade précédente, qu'il sera cothisé la somme de cinq cens escuz pour la subvention des reistres, oultre les mile escuz cothisés, au moyen de quoy, ont requis la jurade, d'aviser sur qui la dite somme sera cothisée, et nommer les cothisateurs, et eslire ceulx qui la lèveront. Le dict Pynet, consul, pour les habitans du bourg, a remonstré que iceulx habitans sont pauvres, et ne peulvent s'esforcer d'avancer aultres sommes pour la dicte subvention, que celle qu'ils ont cothisé et levée; toutesfoys, iceulx habitans donnent libéralement à la ville, trente escuz sol., de la somme de cinquante escuz, que la ville d'Issigeac leur

 

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doibt, pour les causes contenues en ung mandement, qu'ils ont monstré, signé de M. de Turenne, et consentent, que la dicte ville s'en face payer, aux habitans de la dicte ville d'Issigeac, en ce que les habitans du dict bourg demeurent deschargés, pour leur regard, de la présente cothisation.

Sur lesquelles remonstrances, a esté oppiné et arresté, par la plus grand partye, que, oultre les sus dicts mile escuz, sera encore cothisé la somme de cinq cens escuz, pour la dicte subvention des reistres, scavoir: sur les habitans de la ville, quatre cens quatre vingtz escuz, et sur les habitans du dict bourg, vingt escuz sol., sauf, que si la ville peult recepvoir les dicts trente escuz, les habitans du dict bourg ne payeront rien, de la présente augmentation, auquel cas, la ville sera deschargée de pareilhe somme, et ne payera que quatre cens cinquante escuz; laquelle somme, de quatre cens quatre vingtz escuz, sera cothisée et levée, par ceulx que les dicts sieurs consuls aviseront, lesquels colecteurs seront assistés, chascun jour, d'ung des dicts sieurs consulz, pour lever iceulx deniers; et, contre les refuzans à payer, procéderont par exécution et emprisonnement de leurs personnes, en vertu de la commission du sr de Turenne; et les scindicz des paroisses seront mandés, pour scavoir avecques eulx, qu'elles sommes

 

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ilz pourront payer et cothizer, sur eulx; et, quant au bled de la charité, l'aulsmone générale sera faite, suyvant la coustume ancienne, et s'il reste du bled, en sera bailhé aulx diacres, pour distribuer du pain, et bailher la passade, aux pauvres estrangiers, qui viennent en ceste ville.

 

26 Juin

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, que le roy de Navarre leur a escript, d'apporter en la ville de Saincte Foy, les mile escuz, cothisés, l'année passée, sur les habitans de la présant ville et jurisdiction, pour la subvention de reistres; ensemble, les aultres sommes, cothisées, encore, sur les habitans de la dicte ville et bourg, pour la dicte subvention, laquelle somme, de mile escuz, le scindic a dit avoir devers luy; parquoy, a prié la jurade d'aviser et nommer ceulx qui porteront icelles sommes en la ville de Saincte Foy; aussy, ont remonstré qu'il a esté promis à M. Chauveton, ministre de la parolle de Dieu, quatre cens livres de gaiges, tous les ans, ensemble lougé et entretenu, comme a esté promis à M. Baduel; ont aussy requis la jurade, d'allouer et ratifier la dicte promesse; pareilhement, les dicts sieurs Hugues Planteau, Bernard de Nugon, et Pierre Palier, collecteurs de la

 

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dernière tailhe de la dicte subvention, ont remonstré qu'ils ont levé la somme contenue en leur rolle, montant quatre cens quatre vingtz escuz, comprins quatre cens livres de liardz, qu'ils ont prins à faulte d'aultre monnoye; ont aussy pryé la jurade, d'aviser à qui ils bailheront la dicte somme, pour la fère tenir au dict lieu de Saincte Foy; Aussy le dict Jéhan Eyma, a remonstré qu'il luy es deu, par la communaulté de la dicte ville, la somme de cent dix huict livres dix sols, pour certains fraix, par luy faitz, pour les affères de la ville, en l'année mil cinq cens quatre vingtz quatre, suyvant la jurade du XVIIme octobre, au dict an, comme apert par la closture de l'addition des dicts fraix, à laquelle cause, a aussy pryé la dicte jurade, luy fère payer la dicte somme.

Sur lesquelles remonstrances, la plus grand voix des sus nommés, ont oppiné et arresté, que les sieurs Planteau, Palier et de Nugon, bailheront et délivreront, au dict scindic, du premier jour, la dicte somme de quatre cens quatre vingtz escuz, cothisée en leur rolle, pour la dicte dernière subvention, laquelle somme, ensemble, les mile escuz cothisés sur les habitans de la dicte ville et jurisdiction, levés par le dict scindic, le consul Poumeau, accompagné des sieurs Jehan Eyma, et Francoys de Nugon, porteront en la dicte ville de Saincte Foy, le

 

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plustost que fère se pourra; et, icelles sommes bailheront, à ceulx qui ont charge de les recepvoir, et prandront acquist deulx.

Quant aux gaiges promis à M. de Chauveton, ministre de la parolle de Dieu, la jurade ratifie tout ce qui luy a esté promis; et, d'aultant qu'il n'y a assés de sommes cothisées, pour payer les gaiges du sieur Chauveton, et de maistre Baduel, comme a esté proposé par le dict Pierre Fourneau, diacre, a esté arresté que, pour le présant, pour y satisfaire, il sera prins de l'argent, du vingtièsme qui est entre les mains des recepveurs de ceste ville; à quoy les diacres de l'esglise tiendront la main, lesquels diacres ne seront exemptz de leurs tailhes, cothisées pour les gaiges des dicts ministres, soubz prétexte qu'ils lèvent les dictes tailhes, mais les payeront entièrement, comme ont fait tous les diacres auparavent; et que le dict Eyma avisera, s'il trouvera moyen de recouvrer argent, de quelque lieu, pour se payer.

 

(Dans le courant de cette année, treize habitants furent reçus bourgeois; ils payèrent à la communauté, comme droits d'entrée, la somme de 110 livres. Il est bon de dire que ces droits étaient taxés par les consuls, suivant la fortune des candidats à la bourgeoisie.)

 

Parmi les dépenses portées au budget, on trouve:

 

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Le XVIme juing, M. Baduel est party, pour aller à Saincte Foy, pour se trouver à l'assemblée, auquel ay bailhé, par le commandement de M. le scindic, la somme de quarante et six soubs et demy, qu'il a despendu.

Le XVIIme juing, j'ay bailhé à Jacques Peyrot, cinq escutz, pour cinq pippes de chaux, qu'il a porté au fort de Cleyrac, comme apert par mandement et certificat en dacte du XVII juing 1588.

Item. - J'ay bailhé à Jehanne de Vézian, pour la disnée de M. de Chauveton (1) lorsqu'il arriva en ceste ville, que fust le huitièsme de juing, ensemble de son cheval, la somme de quinze soubs.

Item. - Le XXVme juing, j'ay bailhé à M. Dumaine, la somme de sept escuz, que M. le scindic et moy avons fait compte avec luy, tant de l'achat d'un cheval que despence de M. Chauveton, que six escutz qu'il luy avoit bailhé à la Rochelle, montant le tout à la somme de vingt et sept escutz, laquelle somme luy ay bailhé par le commandement de M. le sindic.

Item. - Fust, en ceste ville, M. de Pédesclau, trésorier général du roy de Navarre, qui

 

(1) M. Chauveton venait à Bergerac, comme ministre de la parole de Dieu.

 

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aporta une lettre du dit sieur roy, pour faire tenir l'argent de la contribution, à Saincte Foy, et de travailler aux fortifications, auquel a esté envoyé ung pot de vin, par Arnaud Gros, serviteur de la ville, auquel a esté payé la somme de deux soubs.

Item. - Ay payé au consul Poumeau, qu'il avoit sy devant fourny, pour faire ung joug à la cloche du collège, et aultres frays faitz par luy, comme apert par ses mémoires, et par quitance, signée de sa main, la somme de trente quatre soubs et neuf deniers.

Item. - Ay payé à Bertrand Bounilhaud, dix soubs, pour avoys pozé la girouette, à la guarite du fort de Cleyrac, du cousté de la rivière, et pour avoir garny de plomb, le fret de la dicte guarite.

Le dict jour (21 juillet), fust besoin envoyer ung messager au capitaine Malbernat, pour luy pourter une lettre, de la part de M. le gouverneur, pour le venir trouver, pour aller à Grignolz, auquel messager ay payé la somme de dix soubs.

Item. - A esté achapté deux tabouretz, qui furent mys au logis de M. le gouverneur, que Arnauld les luy aporta, desquels ay payé la somme de quarante soubs.

Je, soubz signé, ay receu du sieur Jehan

 

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Brugiére, tiers consul, boursier, la somme de quatre vingtz sept livres, qu'il me restoit des médicamens bailhés pour les pouvres pestiférés, comme il appert, par les comptes, menus et receus, que le dict Brugière a retiré, ce quy le quicte; et, en foy de ce, ay signé la présente, le XXVI juillet 1588.

Signé: Tarneau.

 

Item. - Et le XXIIme de novembre 1587, j'ay bailhé à M. de Belrieu, la somme de mile livres, qu'il avoit prestées, pour estre employées en pouldre, et pour les despens et intérêtz, la somme de vingt et sept escutz, dix et neuf soubs et dix deniers; les dix deniers pour le sac, comme apert, par quitance receu par Valeton.

Item. - Ay employé, en mitrailhe, comme apert, par menuz escriptz de ma main, au buletin du poix, la somme de huit cent quinze livres, ung soub et neuf deniers.

Item. - Ay bailhé au cappitaine Verrouilh, pour l'entretenement de sa compagnye, des moys aoust, septembre, octobre, novembre et décembre, la somme de mil vingt et ung escutz, comme apert, par deux quitances.

Item. - Dit le dit Brugiére, qu'il fust achapté une table, de Francoys Planteau, pour mettre à la cuisine du logis de M. le gouverneur, de

 

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laquelle a esté payé la somme de quarante soubs.

 

Budget

Recettes: Treize mille neuf cent quarante-deux livres.

Dépenses: Treize mille quatre cent quarante-cinq livres et deux sols.

 

Durant le cours de cette année, les syndics et consuls de la ville adressèrent la requête suivante au roi de Navarre:

 

« Au roy de Navarre.

Sire,

Vous remonstrent très humblement, les scindics, consuls et habitans de la ville de Bergerac, qu'il a, cy-devant, pleu à vostre majesté, ordonner, une chambre de justice souveraine, estre establye en la dite ville; lequel establissement n'a encore esté faict, et néantmoings, vostre majesté a renvoyé plusieurs affaires et négoces, qui se sont présentés à icelle chambre.

Considérés, Sire, ce que, par faulte de juges et commissaires, pour juger souverainement et en dernier ressort, les parties sont grandement fatiguées et molestées. Plage à vostre majesté, de rechef ordonner, que la dite chambre souveraine sera establie au dit Bergerac, etc. »

 

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Le 23 juin 1588, le roi de Navarre pris l'arrêté suivant:

 

« Nous Henry par la grace de Dieu, Roy de Navarre, premier prince du sang et premier pair de France, gouverneur et lieutenant général, pour le Roy Monseigneur, en Guienne, après avoir leue la présente requeste, en nostre conseil, avons, de l'advis d'icelluy, et suivant la réquisition faicte en icelle, par les suppliants, Ordonné et Ordonnons, que la dite chambre de justice souveraine sera establye, au plustost, en la dite ville de Bergerac.

Fait, ce jourd'huy, en conseil, tenu à la Rochelle, le vingtroisièsme jour de juin, l'an mil VC quatre vingt huict.

Henry.

Par le roi de Navarre, premier prince du sang, et premier pair de France, gouverneur et lieutenant général, en son conseil.

Allier. »

 

(Les jurades de l'année consulaire 1588-1589 n'existent plus; nous donnons ci-dessous la copie de quelques lettres, adressées, durant cette époque, aux consuls de Bergerac.)

(Bte 7. Lse 30, n° 3.)

 

p. 201

« De Jonzac (1) ce lundy 7 novembre 1588.

Messieurs,

Dieu nous ayant conduict en ce lieu de Jonzac, où nous avons séjourné despuys vendredy, à mydi, attandant nouvelles du roy de Navarre, hier matin, M. de Fontenilhes et M. de Feydeau (2) ont receu lettres, de sa Maiesté, et mande que, ilz, avec les depputés, s'achemynent à Sainct Jehan (3), où les Estatz seront tenus; et, hier, au soir, des gentilzhommes arrivèrent, de sa part, en ce lieu, qui assurroient, que sa dite Maiesté vient à Pons (4), pour y tenir les dits Estatz; et, tout présentement, nous partons, pour aller à Pons, et là, attandre la résolution de sa vollonté, par l'homme que les dits sieurs de Fontenilhes et de Feydeau y ont envoyé exprès. Je désirerois fort que les dits Estatz se tinssent au dit Pons, car cela abrégeroit nostre voyage, de plus d'un moys; estant réunys

 

(1) Sous-préfecture de la Charente-Inférieure.

(2) Feydeau conseiller du roi en la cour du parlement de Bordeaux, et Baduel, ministre à Bergerac, furent députés, par les églises du Périgord, aux Etats tenus à La Rochelle en 1588.

(3) Sous-préfecture de la Charente-Inférieure.

(4) Chef-lieu de canton Charente-Inférieure.

 

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au dit Pons, tous les depputés s'assembleront et conférerons tous les articles généraulx, pour les mettre en ung cahyer; et, après, chascun remettra ses articles particuliers. Nous devons tous prier Dieu, qu'il préside par son Sainct Esprit, en l'assemblée, afin que tout ce qui y sera délibéré, réussisse à son honneur, à sa gloire et à l'édiffication de son esglize. Je vous advertiré de tout ce qui se passera, si plaict à Dieu, que je prie,

Messieurs, vous donner en santé, bonne, heureuze et longue vie.

Vostre humble serviteur,

Cacaud. » (1)

 

(Bte Q, Lse 33, n° 19.)

« De Sainct Jehan d'Angély, ce IXme novembre 1588.

Messieurs,

Suyvant ce que je vous escripvis, de Jonzac, lundi dernier, et le commandement du roy de Navarre, nous sommes venus trouver sa Maiesté, en ceste ville de Sainct Jehan, ce jourd'hui,

 

(1) François Cacaud procureur en cour royale, en la ville de Bergerac, fut désigné par acte du 27 octobre 1588, pour « comparoir, pour la communaulté de la dicte ville, aux Estatz assemblés par le roy de Navarre ».

 

p. 203

IXme du dit moys de novembre, laquelle nous a commandé de le suyvre, à la Roschelle, demain matin. Voila que cuydant que les Estatz se tinssent à Pons, ou en ceste ville de Sainct Jehan, il nous fault aller à la Roschelle, dont je suys bien marry, d'aller si loing, non pas seulement pour le voiaige, mais pour la longue demeure que je prévoys que nous ferons, à cause que sa dicte Maiesté, ayant esté à la Roschelle, s'en va avitallier Fontenay (1) et fortiffier la garnison de cinq cens arcabuziers, pour ce que l'armée conduicte par Monsieur de Norres, est preste à passer Loire, pour venir faire la guerre en Poitou, et attaquer le dict Fontenay. La résolution des Estatz de Blois, tand à faire une cruelle guerre aulx provinces de la religion, mais ils proposent et Dieu disposera. Si j'eusse penser le dict voaige si long, je n'eusse pas entreprins de le faire; si quelcun vient de par deçà, qui soit asseuré, je vous prye m'envoyer de l'argent, car celluy que j'ay porté ne durera pas si longtemps, veu la cherté qui est en ce pays, comme pourres entendre par M. de la Vigeyrie. Je ne me suis pas voullu présenter à sa Maiesté pour ce qu'il estoit tard, et attandre qu'elle soit à la Roschelle, pour luy présenter la vostre, et à M. de Turenne, celle que luy escripves, qui est

 

(1) Fontenay-le-Comte (Vendée) probablement.

 

p. 204

aussi à la Roschelle, et vous advertirés, par tous les moyens que je pourois, de tout ce que se passera, et que j'auré peu faire, de ce dont m'aves donné charge. Je ne m'espargneré poinct à poursuyvre les expéditions des mémoires que m'aves bailhé (1), les articles généraulx desquelles j'ay mis en ung cahyer à part, qu'il fault que je communique aulx depputés, comme j'ay commancé desja de faire, et avons arresté, qu'estans arrivés à la Roschelle, nous nous assemblerons tous, et nous communiquerons les cahyers les ung des aultres, pour, après, les mettre en ung cahyer général; quant aulx articles particuliers, je les présenteré au roy de Navarre, et son conseil, auquel assistera M. Feydeau, lequel m'a promis de si employer affectionnement; M. Baduel et moy, sommes tousjours esté logés avec luy, dond nous en recepvons ung grand bien, car fussions souvent demeurés sur le pavé, et ne cessés jamais de luy en rendre grace, et vous supplie, si quelcun

 

(1) Un peu plus loin, nous donnons quelques extraits des mémoires qui avaient été confiés à MM. de Feydeau et Baduel, pour être représentés aux Etats, tenus par le roi de Navarre, aux noms des consuls et des églises du pays. Nous regrettons vivement que notre cadre trop restreint nous empêche de les publier en entier.

 

p. 205

vient de par deça, luy escripre et le remercier, de la faveur qu'il nous faict.

Messieurs, je prie Dieu, vous donner en santé, bonne, heureuse et longue vie. Vostre humble serviteur,

Cacaud. »

 

« De la Roschelle, ce lundi au soir XIV novembre 1588.

Messieurs,

Vendredi dernier, au soir, le roy de Navarre arriva en ceste ville, de la Roschelle, et M. Feydeau, M. Baduel et moy aussi, et le lendemain, matin, je presenté la vostre à sa Maiesté, et l'ayant assurée de la dévotion qu'aves à son service, elle me dit qu'il ne seroit jamais oultré à vostre endroict, qu'il vous avoit faict démonstration cy devant, et qu'il employeroit tous ses moyens, pour vostre conservation; et, après, je présenté à M. de Turenne, celle que luy escripves, lequel vous remercia; et, à l'après disnée, je l'allé trouver à son logis, et le prié, en vostre nom, de nous ayder de ses faveurs; il me dict qu'il si employeroit, et que je misse par escript, ce que, particulièrement, nous avons à demander, ce que j'ay faict; mais, ce matin, le luy ayant pourté, il m'a remis à demain, pour ce qu'il ne pouvoit laisser sa Maiesté, estant fort fâché de l'assassinat de M. le viscomte de

 

p. 206

Meilhe; et, à l'aprés disnée, sa dicte Majesté, ayant mandé tous les depputés, de se trouver en la maison de la ville, elle y est allée, à une heure, après mydy; et, ayant faict son harangue, on a commancé de voir les procurations des depputés; et, demain, matin, à sept heures, ils se doibvent assembler, pour arrester l'ordre qui se doibt tenir en la dicte assemblée. Je crains fort, que nos articles particuliers ne soient poinct veuz, que tous les généraulx ne soient despéchés, mais j'en sollicitoit M. de Turenne, de me les faire expédier; et croy, que sa Maiesté me ranvoyera à luy, pour faire raison sur les dicts articles; lesquels, luy ayant monstrés, je cognoistroi bien, au plus prés, son intention. Il y a quelcun du pays, ycy, qui nous est contraire, et nous nuyra de ce qu'il pourra, non pas en ma présence, mais à cachettes; toutesfoys, si je vois qu'il y aye quelque resfu, j'en parleroi au roy de Navarre, et croys qu'il accordera, ce que sera de raison. Je prie Dieu, que je puisse faire quelque chose, qui soit profit de nostre ville, car je ne suis pas ycy à aultres fins, et vous donne,

Messieurs, en santé, bonne, heureuze et longue vie.

Vostre humble serviteur,

Cacaud. »

(Bte 7, Lse 32.)

 

p. 207

M. Feydeau qui, comme MM. Cacaud et Baduel, avait été délégué vers le roi de Navarre, écrit à son tour la lettre qui suit:

 

« A la Rochelle ce XXme décembre 1588.

Messieurs,

Je feroy tort à la fidélité et suffizance de M. Baduel, si je vous faisoy ceste cy plus longue, sur le discourt de nostre voyage, lequel il vous scaura trop mieux représenter en toutes ses particularités; seulement vous supplie-je m'excuser, si je n'ay entièrement fait obtenir toutes vos particulières requestes, lesquelles M. Cacault a sollicitées fort diligemment; il scai si je m'y suis espargné, et de quelle dévotion je les ay procurées, vous suppliant l'en interroger, et vous asseurer que j'affectionneray, toute ma vie, vos affaires généraux et particuliers, aultant que les miens propres, et qu'en tout ce où il vous plaira m'enploier, vous me trouverés aussi affectionné que très humblement je salue vos bonnes graces, et prie Dieu vous donner,

Messieurs, an sa saincte grace, longue vie.

Vostre humble serviteur,

Feydeau. »

 

Au dos de cette lettre est écrit:

« A messieurs, messieurs les consuls, pasteurs et anciens de la ville et églize de Bergerac. »

 

p. 208

Deux jours ayant, le roi de Navarre écrivait aussi aux consuls la lettre suivante:

« A la Roschelle ce XVIIIme jour de décembre 1588.

Messieurs,

Par ce que vous entendrez, par le sieur Baduel, ce qui s'est passé en ceste assemblée généralle des esglizes de ce royaulme, et les résolutions qui ont esté pryse, et réglemens arrestés unanimement en icelle, et m'en remettray sur sa suffisance et fidélité, et vous prieray de faire, le plustost que vous pourrez, tenir l'assemblée provinciale, tant pour l'exécution et observation de ce qui a esté arresté par deça, pour délibérer sur les particularités qui y ont esté remises, vous employés diligence et à l'un et à l'aultre, pour m'en donner advis, comme aussy, pour vous prier de continuer le soing et diligence, qu'avez eu, de la fortification de vostre ville, et par faire le payement de la somme de mil cinq cens escus, à laquelle vous avez estés tatxer et cottisés, pour la subvention des pasteurs, ainsy que vous avez bien commencé, comme m'a asseuré le sieur de Feydeau, ayant eu grand contentement de l'élection que vous avez faicte de luy, et du dict sieur Baduel, vos desputés, lesquels se sont fort fidellement et dignement acquittés de leur charge, et m'ont clairement

 

p. 209

adverty de l'estat des affaires de vostre province. J'ay donné charge au dict sieur Baduel, vous faire entendre de mes nouvelles, et vous asseuré entièrement de ma bonne volonté, tant en général qu'en particulier, pour vous en faire sentir les effects, partout où l'occasion se présentera; sur ce, je prieray le créateur vous tenir,

Messieurs, en sa saincte et digne garde.

Vostre meylleur et plus asseuré amy,

Henry. »

 

Le n° 7 de la liasse 32, boîte Q, nous fournit l'état des sommes payées par les diverses communes, pour subvenir aux frais, faits par les députés, aux Etats tenus à La Rochelle, et que nous copions textuellement ci-dessous:

 

« Despartement des sommes fornyes par Bergerac et Saincte Foy, pour le voyage faict par M. de Feydeau et Baduel, à la Rochelle, aulx Estatz tenus en la dicte ville, par le roy; desquelles sommes en est deu au dict Bergerac, oultre sa part payée, la somme de cinquante escus sol.

 

Le colloque de Périgort

 

Bragerac                                               XXX livres.

Laforce                                                 V id.

Eymet                                                   V id.

Saulcignac                                           III id.

 

p. 210   

Issigeac                                                 IV livres.

Mussidan                                             III id.

Beynac et Castelnau                         IV id.

Salaignac                                             IV id.

Montpazier                                          IV id.

Lalinde                                                 II id.

Les Mirande et Domme                    VIII id.

Ciourac                                                 V id.

Pilles                                                      II id.

Sigoulés                                                II id.

 

Le colloque du bas Agenoys

Saincte Foy                                          XXI livres.

Montravel                                            IV id.

Castilhon                                              II id.

Genssac                                                VI id.

Duras                                                    III id.

Saint Aulaye                                        II id.

 

Le colloque du haut Agenoys

Montflanquin                                      XV livres.

Montault                                              II id.

Puymyrol                                             VI id.

Thouneins                                            V id.

 

Turenne VIII livres. Miremont et ses annexes III livres.

 

Les consuls de Bergerac ne pouvant recouvrer, des diverses églises ci-dessus nommées,

 

p. 211

la somme avancée par la communauté, adressèrent une supplique à M. de Turenne, lieutenant général en Guienne, pour le roi de Navarre, qui, faisant droit à leur juste requête, prit l'arrêté suivant:

 

« Nous, Henry de la Tour, visconte de Turenne, conte de Montfort, baron de Mongascon, Oliergues et Fay, gouverneur et lieutenant général, pour le roy de Navarre, en Guyenne, ayant veu la présente requeste, en notre conseil, Nous avons, sur icelle, enjoinct au premier sergent, sur ce, requis, à peyne de cent escutz et suspention de son office, contraindre par corps et saysie de biens, les redebvables à la dicte cotisation, suyvant le despartement qui en a esté faict cy-devant, dans quinzaine; toutesfoys, après la sommation qui leur sera faicte, de payer leur part et portion, à eulx escheue, par le dict despartement.

Faict et arresté, au conseilh tenu à Cleyrac, le vingtiesme juing, mil cinq cens quatre vingtz neuf.

Signé : Turenne. »

Et plus bas,

« par mon dict seigneur,

Certon.

Et scellé du sceau du dict seigneur en cire rouge. »

 

p. 212

« A Turenne ce dernier de janvier 1589.

Messieurs,

Ayant receu celle que m'escrivites, par M. Dupuy, incontinant, je m'enquis à M. Certon, s'il avoit faict aulcune despèche, touchant l'argent du bateau, lequel m'asseura, que M. de Turenne vous avoit envoyé ung mandement (1); et quant à l'argent du collège (2), on est après à sercher pour scavoir combien vous aves receu, et ce que reste, j'espère en porter le mandement; et, si je puis, je passeray à Montfort (3), pour prandre le dict argent, pour le vous porter à mon retour. Si voules scavoir nouvelles de M. de Turenne, il se porte de mieulx en mieulx, duquel espérons la guerison, dans ung moys ou

 

(1) Par un acte de Delpeuch notaire royal, du 19 janvier 1589, il est dit: « qu'il sera bailhé à Fougeyrou et Pierre Lespinasse, la somme de 266 escutz deux tiers, pour le payement d'ung bapteau, qui fust prins par le commandement du dict seigr (Turenne), pour faire brusler et rompre le pont faict par l'ennemy sur la rivière de Dordoigne, lors du siège de Castilhon. »

(2) Nous avons déjà vu que le 25 août 1576, M. de Turenne avait constitué une rente annuelle de 100 livres en faveur du collège.

(3) Commune de Vitrac, canton de Sarlat, dépendait de la vicomté de Turenne.

 

p. 213

six sepmaines, ou peu s'en fauldra, Dieu aydant, lequel je prie,

Messieurs, vous donner en bonne santé, très heureuse et longue vie, saluant toutes vos bonnes graces.

Vostre très humble et affectionné serviteur,

G. Loysseau. »

 

Lettre écrite à M. de Turenne, par les consuls de Bergerac et par ceux de Ste-Foy:

 

« Monseigneur,

Nous avons entendu, par quelque bruict, que Dieu vous a faict tant de bien et à nous, qu'on vous a tiré la balle qu'aviez en la cuysse; et d'aultant que ce nous est ung extrême contentement, pour le zelle que nous avons à vostre service, nous avons volu despécher ce porteur, exprès, pour en estre bien certains, affin que nous, avec les esglizes qui sont de par deça, en rendions grace à Dieu, le suppliant accroistre bientost vostre bonté.

Nous avons aussi avizé, tous ensembles, que les catholicques, ayant ouvert le commerce de la rivière, on trouve que le subcide du vin est si grand, que presque ilz desdaignent en achapter, tellement que le pays est fort nécessiteulx d'argent,

 

p. 214

et est contrainct de le laisser à sept escuz ou sept escuz et demy, le thonneau, ce qui nous faict vous supplier, vouloir mectre l'impozition du dict vin, à ung escu et demy, qui nous semble encore beaucoup, attandu le peu d'argent qu'il vault; et, par mesme moyen, nous vous supplions, aussi, vouloir permectre la descente des bledz, car tout ce que le seigle vault ycy, c'est troys escuz et demy la pippe, au plus hault; et vouloir imposer quinze solz, pour pippe de toute nature des bleds; par ce moyen, le pays pourroit faire quelque peu d'argent, qui ayderoit à subvenir aux nécessités que la misère de ce temps nous amené. Nous n'avons heu de sel, monté par la rivière, longtemps y a, pour les grandes impositions que sont dessus, tellement que le commerce, qui debvoit estre faict en noz villes, est faict par des cotaux catholicques, qui le portant par terre, nous frustant, par ce moyen, du proffict qui nous est une grand perte; s'il vous plaizoict, aussi, Monseigneur, vouloir mectre l'imposition du dict sel, à cinq escuz, pour muy, cella pourroit faire que noz merchants traficquarroient, le pays soulagé, et la recepte des dicts droictz augmentée.

Nous vous avons cogneu tousjours fort zellé à nostre bien et conservation, ce que nous a faict vous supplier humblement, vouloir intimer ceste nostre requeste, et, par mesme moyen, vouloir croire que ceste obligation, avec une

 

p. 215

infinité d'aultres, que nous vous debvons, nous faict estre,

Monseigneur,

vos très humbles serviteurs.

De Mathieu, consul de la ville de Bergerac.

De Vydal, consul de la ville de Saincte Foy.

 

Monseigneur, s'il vous plaizoit volloir escripre à M. de Sainct Thonyns, que, suyvant l'ordonnance, par vous faicte, à Saincte Foy, le second d'octobre dernier, les merchans, soubz la clauze portée par la dicte ordonnance, heussent libre acès de traffiquer, vous obligerés de plus en plus le pays, ce que nous vous supplions très humblement voulloir faire. »

 

Démolition des Églises de lembras et de queyssac

(Bte Q, Lse 30, n° 26.)

 

« A Monseigneur de la Force, gouverneur et lieutenant général, pour le roy de Navarre, au païs de Périgort, et messieurs du conseil.

Supplie humblement Bertholmieu Gillet, merchand de ceste ville, disant que, suyvant vostre commandement, il y a trois mois passés, qu'il fust employé à faire abatre et charrier, la piarre des temples de Lembras et Queyssac, comme il faict encores, duquel debvoir, vous, messeigneurs, estes bien certains, et où il employe tout son temps, sans recevoir aucun sélaire;

 

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ce considéré, il vous plaira luy ordonner tels gaiges que verries estre à faire, tant du travail faict par le passé, que à l'advenir, et l'exempter des gardes de la dicte ville, tant qu'il vacquera au dict travail. »

 

Par une ordonnance du 24 mars, signée de Caumont, Gillet fut exempté de garde, et il lui fut assuré deux écus sol., pendant la durée de son travail.

 

Lettre de Turenne.

« Messieurs,

J'ai receu celle que vous m'avez escripte par ce porteur; je vous prye de croyre que je désire, aultant que vous, Messieurs, que la chambre de justice soit establye, au plustost, en vostre ville, sachant assez combien il est nécessaire, pour arrester le cours de maulx, excès et crimes qui se commettent tous les jours, et rendre le droict à ung chascung, que la dicte chambre ait lieu. Mais, ce retardement n'est procédé que à cause de quelques obmissions, qu'il y auroit aux lettres dérection, et establissement de la dicte chambre, à l'occasion de quoy, j'ay envoyé, exprès, vers le roy de Navarre, pour le luy remonstrer, afin que sa Majesté y pourvoye, dont j'attends, d'heure à aultre, des nouvelles; et aussytost que j'auroy receu, sur ce, son intention, il sera procédé à l'exécution du

 

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dict establissement; et sur ce, n'estant la présente à aultres fins, je me recommanderay à vos bonnes graces, et vous priant de faire tousjours estat de moy, priant Dieu qu'il vous ait,

Messieurs, en sa très saincte garde.

Vostre meilleur et plus affectionné amy,

Turenne.

A Turenne ce VIIme avril 1589. »

 

Lettre du roi de Navarre.

« Messieurs les consuls, par ce que je mande à M. de la Force, de me venir trouver, et qu'il est nécessaire que quelcun demeure en sa place, pour avoir l'oeil à la conservation de vostre ville, comme je luy escript, je vous prie de recevoir celuy qu'il y enverra, de l'obeyr comme à lui même, à ce que rien ne s'altère pendant son absence; je m'asseure qu'il ny mettra personne qui ne me soit affectionné, et à bone agréable; mais servira, sellon le soing ordinaire, que vous avez à vostre conservation; désire-je que vous fassiez en sortes, que tout y demeure en l'estat qu'il est, jusques à son retour. Rochecombe vous dira de mes nouvelles, et vous asseurera de mon amytié, mais encore vous veut-il dire, que je n'ai jamais tant de désir de vous le tesmoigner, par effet, que j'ay à présent, que Dieu m'a faict la grace d'estre bien remys en celle de

 

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mon roy; cela servira pour vous, et pour mes aultres amys. Aimez moi donc, et croyez,

Messieurs les consuls, que je serai tousjours vostre bon et plus asseuré amy.

Henry.

A Montrichar le XVIme may 1589. »

(Bte Q. Lse 33, n° 19.)

 

Copie de quelques-uns des articles des « mémoires de la ville de Bergerac, pour estre baillées à Messieurs les depputez, pour estre présentées au roy de Navarre en ses Estatz » tenus à la Rochelle:

 

« Ptolomes, roi d'Egipte, ayant receu, en mesme temps, plusieurs ambassadeurs de divers pays, les festoyant ung jour, volust scavoir avecques eulx, surquoy leurs nations jugeoient les moyens meilheurs et plus assurez, pour conserver longuement l'estat d'une reppublicque. L'ambassadeur des Romains, entre aultres, respondit qu'ils tenoyent les temples en grand respect et réverrance, obéyssoyent grandement à leurs supérieurs, et punissoyent grandement les meschans et malvenans.

Monstrant, par là, que les pilliers plus fermes et colonnes plus solides, pour affermir et assurer une reppublicque, sont la religion, l'obéyssance aux supérieurs, et la justice, combien que, les deux observés, qu'est la religion et la

 

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justice, on demeurera tousjours bien apris, et l'on ne fauldra jamais de bien obéyr à ses suppérieurs.

 

De la Religion,

Nous louons Dieu, de ce que, soubz l'autorité du roy de Navarre, sa prudence, vigillence et protection, nous vivons en la puretté de la doctrine de Dieu, et le servons et le louons, selon la vraye religion, estant manifeste, que Dieu l'a choysy, pour la conduite et restauration de son esglise.

Si, est ce que toutes les choses éclésiastiques ne sont encores remises à leur droit usage, ny ramenées à la droite fin, à laquelle elles ont esté destynées, comme les biens éclésiastiques, lesquelz noz prédécesseurs ont délaissez, aux fins que party fust employée à la nourriture et entretenement des pasteurs, l'aultre partye aux hospitaulx, et l'aultre partye à l'instruction de la jeunesse et entretenement des collèges.

Toutesfoys, pour la nécessité des affaires ou pour aultre abus, tant s'en fault que nous voyons que la sus dicte intention soye observée, en partye seullement, qu'au contraire, les pasteurs, hospitaulx et collèges ne s'en prévallent d'aulcune chose des dicts biens, mais l'usage d'iceulx, perverty et employé à d'aultres affaires, du tout contraire.

 

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Par ainsi, sa majesté sera suppliée d'octroyer partye des dixmes et aultres revenus des biens éclésiastiques pour la sus dicte nourriture et entretenement des dicts pasteurs, collèges et hospitaulx.

Estant les dicts revenus, et dixmes, si grandz et immenses, que ce qui sera desparty aus dicts ministres, hospitaulx et collèges, ne fera presque poinct de diminution, à ce qu'à esté acoustume d'estre prins et levé par les recepveurs généraulx, establys, par sa magesté, par les provinces, pourveu que les dicts revenus et dixmes, soyent fidellement affermés, sans exception d'aulcun éclésiastique, et les favoriser en façon que ce soyt.

 

De la justice,

La justice est ung aultre assuré lien, pour conserver tout estat ou république. C'est pourquoy Jétro (1), parlant à Moyse, luy disoyt: Pourvoy tout le peupple d'homes vertueux, craignans Dieu, vos tables, et hayssans avarice, et les constitue sur eulx, pour juger le peuple en tout temps.

 

(1) Jéthro, prince ou prêtre du pays de Madian, accueillit Moïse qui fuyait après avoir tué un Egyptien, et lui fit épouser sa fille Séphora. (Bouillet).

 

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A la vérité, s'il ne y avoit de magistratz et juges, pour punyr, par la rigueur de la loy, les meschans et malvivans, non seulement on verroit la submertion d'ung estat, mais le service de Dieu anéanty, et la religion mesprisée; c'est pourquoy Solon disoyt, que la grandeur et conservation de toutes reppublicques, conciste en deux choses: la rémunération des bons et la punition des maulvais, lesquelles ostées, toute société humaine est disipée et mise à néant.

Par expérience, nous avons essayé, depuis le commencement de ses troubles, l'audace des voleurs, brigans et asasyneurs, s'estans licentiés à toutes sortes de crimes, pour l'impunité d'iceulx, qu'ils voyaient, pour ne y avoir poinct de magistratz, entre nous, quy les poussent réprimer et punyr.

......

 

Sera donques supplyée sa Magesté, de ériger en chascune province ou généralité, mesmes en ceste ville de Bergerac, une chambre de justice pour le Périgort, Lymosin, Aulvergne, Bourdalloys, Agenoys et tout ce qui est deça la Garonne.

Laquelle chambre soyt composée de gens ayans la pietté et crainte de Dieu, devant leurs yeulx, gens doctes et de longue expérience, lesquels soyent gagés de gages honestes et suffisans, afin qu'ayans moyen de s'entretenir, ilz

 

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puissent plus fidellement et plus librement s'aquitter de la justice.

 

......

 

Et pour ce que Messieurs de Tustal, St Genies et Feydeau, conseilliers en sa court de parlement de Bourdeaux, personnages doués de grandz dons et vertus, consommés par ung singulier scavoir et expérience, au faict de la justice, sont, à présent, au milieu de nous, sans exercer leurs estatz, qu'il plaise à sa Magesté de les colloquer aux pouvoirs, degrés et honneur en la dite chambre, et gages suffizans, pour leur entretenement.

 

De la guerre,

Combien qu'en apparance la guerre ne porte, avec soy, que malheurs, misères et calamités, si est ce que, lorsque l'on voit ung Estat troublé par des perturbateurs du repos public, s'attaquant au service de Dieu, violant les loix, la justice et la socciété, il est très nécessaire avoir recours aux armes, pour, soubz la protection d'icelles, comme soubz ung bouclier puissant, mectre l'estat en suretté.

Toutes foys, il est bon d'aviser que la guerre qui se fera, ne soyt poinct pour ruyner, mais pour conserver; pour prandre les biens d'aultruy, mais pour les restituer s'il luy est prins, non pour oppresser, mais pour solager, lequel

 

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mal, néalmoingtz, nous voyons pratiquer entre les gens de guerre de nostre party, lesquelz laschent tellement la bride à leur convoytise et insatiable désir, qu'ilz ne pardonnent à personne de quelque religion qu'ilz soyent, et sexe ny age qu'ilz ne rançonnent, exercant sur leur corps infinies cruaultés, descouvrent et rompent les thuiles des maisons, rompent les meubles d'icelles, bref pilhent et emportent ce qu'ilz trouvent, n'estant si simple soldat qui n'aye troys ou quatre valetz, au moyen desquelz ravages, les pleurs et gémissemens du pauvre peuple s'entendent de tous coustés, la désolation de tout le pays se void, et de là, descend l'impossibilité de pouvoir survenir aux fraix de la guerre, n'ayant le peupple foullé, moyen de survenir aux impositions mises sur luy.

Au moyen de quoy, sa magesté sera, aussy, supplyée, de faire des loix et ordonnances millitaires, saintes et justes, seurres et rigoreuses, à l'exemple du bon empereur Marc Aurelhe, lequel escripvant au tribun ou collonel général de son armée, luy mande, s'il vouloit estre tribun, ou s'il vouloit vaincre, qu'il contint la main des soldatz, qu'aulcun ne robit la poule d'aultruy, ny touchast la brebis ny les motons, que les soldatz s'enrichissent de la proye de ses ennemys, et non des larmes de ses subjectz; lesquelles loix et ordonnances, une foys par sa

 

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Magesté faites, comme son conseil et sa prudance avisera estre nécessaire, qu'il plaise à sa Magesté de les faire rédiger, par escript, et icelles faire jurer à tous seigneurs, gentilshommes, généraulx d'armées, gouverneurs et capitaines, qui seront près de sa personne, de les garder et observer, inviolablement, et n'endurer qu'elles soyent enfrinctes, sur l'exécration de leur honneur.

Pareilhement, qu'elles soyent envoyées par toutes les villes du party, pour y estre publyées, et icelles faire jurer par tous les capitaines, lieutenans, enseignes, sergens, caporalz et aultres gens de guerre, entre les mains des sieurs gouverneurs des villes et pays, sur peyne d'estre punys exemplèrement.

 

......

 

Des finances,

Reste à parler des finances, lesquelles, comme disoyt ung grand orateur, sont les nerfs des reppublicques, estant très certain que les affaires ne se peulvent conduyre, sans moyens, mesmement une guerre, laquelle, comme disoyt ung antien capitaine, ne se peult entretenir par diète.

Or, nous voyons qu'il y a troys moyens seuls, desquels la cause peult faire fondz aux finances. Le premier, du domaine du roy, comme des tailhes, tailhons et aultres subcides, que le

 

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peuple a acoustume de payer, en temps de paix, avec les rentes et aultres revenus du domaine du roy.

Le second, sur la traficque et marchans qui apportent ou exportent les marchandises.

Le troysiesme, des biens et revenus éclésiastiques.

Quant au premier, c'est le plus assuré, et qui ne manquera aucunement, si, comme il est cy-devant dit, la dicipline millitaire est exaptement observée, et que le pauvre peupple ne soye plus foullé, des gens de guerre, qu'il ne soye rençonné, baptu, pillé et saccagé, comme il est; qu'il puisse librement vaquer au labourage de ses terres, et prande garde, soigneusement, au mesnagement de ses biens; car lors, il ne se lassera jamais de payer les tailhes et impositions, qu'on mectra sur eulx, pourvue qu'ils les puissent porter, ensemble payer les rentes et aultres debvoirs deuhz au roy, pour raison de leurs biens.

Le second est ung aultre moyen pour, amasser ung grand fons à la cause, par le moyen du commerce et transport des marchandises, qui se fait, tant par terre, que par les rivières; mais que l'on prenne bien garde, que les impositions, que l'on mect sur icelles, ne soyent excèssives, comme elles sont sur la rivière de Dordogne, de laquelle surcharge, tous les marchans

 

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se plégnent; car celluy qui a cent escuz, pour mectre en marchandise, fault qu'il en aye aultres cent, pour acquiter les divers péages, ou pour la voiture, ou affret des batteaux.

Et, par exemple, ne fault mectre en avant que les deux premières, et plus importantes marchandises, desquelles il se fait traficque sur la dicte rivière, scavoir, le vin et le sel. Touchant le vin, il se vend, de sept à huict escuz, le thoneau, et le recepveur général y prend sept livres, sur chascun thoneau; puis, fault payer ung soub, pour livre, pour le droit du recepveur et contrerolle; davantage, ung aultre soub, pour livre, pour les villes, plus fault payer les péages des seigneurs, qui sont de lieu en lieu; finalement, fault payer l'affret du bapteau, qui est grand, en ce temps de guerre, somme que, tout compté, les impositions et les fraix excèdent le pris et valeur du vin; ainsi en est-il faict du sel, sur lequel le recepveur prent une livre pour muy, oultre les droitz.

De là vient que, pensant aulgmenter les finances par d'excessives impositions, elles, au contraire, en sont diminuées; car, le marchant ne peult traficquer qu'en sa perte; et de là, vient que l'on void les batteaux attachez aux ports et demeurer inutiles et se consumer.

Davantage, et qui pis est, voyant, le plat pays, que les bonnes villes sont sans marchandises,

 

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ou qu'elles y sont chèrement débitées, sont contraintz se pourvoir ailheurs, mesmes ez lieulx du contraire party, les ungs à Périgueulx, Monpaon, Muyssidan, et les aultres à Tonens, Marmande et Duras; et, ce qui jamais ne s'est plus veu, le sel vient, à la ville de Bergerac, à charges, par terre, du cousté de Thonens et Marmande.

 

......

 

L'aultre troysiesme moyen est grand et ample, si les éclésiastiques ne sont favorisez, comme ilz ne doibvent; car il est certain qu'il n'en y a nul qui n'aye juré, avec tout le reste du clergé, nostre ruyne, et qu'il ne contribue aux frais des armées dressées contre nous.

 

......

 

Or, ce n'est rien d'amasser et faire ung fondz, s'il n'est soigneusement et fldellement conservé et employé, ainsi que dit le poète, que la vertu n'est moindre de conserver que d'aquérir; mais, tant s'en fault que le fondz de nos finances soit bien conservé et employé, qu'il semble que les armes soyent prises pour enrichir cinq ou six personnes seulement, de la substance du pauvre peupple.

N'est ce pas ung abus signalé, qu'il y aye ung général intendant des finances, ung aultre à Bergerac, ung aultre à Montauban, ung aultre à Nérac, et, en tous les mesmes lieux, ung

 

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recepveur général, ung particulier et ung contrerolle; plus, en chascune des aultres villes du party, ung recepveur particulier et ung contrerolle.

Au lieu qu'anciennement, toutes les finances de la France estoyent gouvernées et administrées par quatre recepveurs généraulx, qui suffizent, ce que fust remonstré en l'année mil cinq cens cinquante six, au feu roy Henry, par Martin Durant, scindic esleu sur les trois Estatz du pays de Languedoc, auquel les communaultés de laquelle province, fisrent offrir de s'obliger, pour la levée de tous les deniers, acoustumés d'estre levés, pour le roy, et les rendre, en la recepte générale, à Paris, s'en en rien prandre.

Laquelle remonstrance fust escoutée et receu, en bonne part, du roy Henry, et après avoir entendu que le nombre des officiers des finances, qui sont en nombres excessifs, emportent presque les deux tiers de ses finances, estoit résolu de suprimer entièrement tous les offices des recepveurs, dans les provinces, et bailher la recepte des dictes finances aus dictes communaultés; mais sa résolution et sainte délibération fust empeschée par le M. des finances, ou plustost des finesses.

Et toutesfoys, despuys, en l'année mil cinq cens soixante, aux Estatz qui furent tenus en la ville de Bloix, généralement toute la France fist

 

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mesme plainte et mesmes remonstrances au feu roy Charles, lequel suprima tous les offices des généraulx super intendans, contrerolles des deniers communs et patrimoniaux, et les laissa en la libre administration des comunaultés, lequel article est demeuré sans éxecution, au grand préjudice du peuple.

 

......

 

Sera sa Majesté suppliée, de suprimer tels estatz de super intendans généraulx, recepveurs généraulx particuliers, et ordonner que les consulz des villes ou telz aultres bourgeoys, qu'ils présenteront, feront la recepte de tous les dicts deniers, de quelque nature qu'ils soyent, offrant la dicte ville de Bergerac, de s'oblyger, en général, et en particulier, de fère rendre bon et loyal compte, en lieu, et devant tel qu'il plaira à sa Magesté ordonner, ensemble n'employer les dicts deniers, que ainsi qu'il sera mandé par ses mandemens et rescriptions, ou, du général super intendant, et recepveur général, qui sont près de sa personne, et, en oultre, faire la dicte recepte, soubz le contrerolle qu'il plaira à sa dicte Majesté bailher, et ce, seulement, pour deux liardz, pour livre, sans aultres gaiges.

J. Marteihe, syndic. »

 

Dans les mémoires particuliers, qui furent donnés à Cacaud, pour être représentés à sa

 

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majesté le roi de Navarre, au nom de la ville de Bergerac, on trouve:

Que les impositions, frappant les diverses denrées, sont trop élevées; que les consuls et membres du consistoire, demandent que la jouissance des revenus des trois couvents de la ville, leur soit continuée; que la somme de 500 écus, qui, par don du roi de Navarre, du 10 mai 1586, devait se prélever sur les biens des catholiques du « contre party », soit continuée de lever, parce que, sur cette somme, ils n'ont encore touché que 195 écus et 40 sols; qu'il plaise à sa Majesté leur donner 500 écus, pris sur le vingtième, prélevé sur les bénéfices et biens eclésiastiques, pour être employés à l'entretien de l'hôpital et du collège.

Sera remonstré à sa Magesté, qu'il y a quatre officiers dans la ville de Bergerac, qui ont la charge des finances de la cause, scaveoir: le surintendant général, ung recepveur général, ung recepveur particulier et ung contrerolle, et ung recepveur du maguezin (1), tous lesquelz officiers sont superflus, et plus préjudiciables que profitables au public, les gages desquels, ou le soub, pour livre, qu'ils retirent, sans la

 

(1) Pour les besoins de la cause, il y avait à Bergerac un magasin ou s'emmagasinaient toutes les munitions nécessaires au parti.

 

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despance des corvées et journées qu'ils font, absorbe une grande partye des dictes finances, lesquels gages, ou soub, pour livre, seroient sufizans pour entretenir une compagnie de gensdarmes, ou pour faire les fortifications de la ville de Bergerac.

M. Cacaud sera adverty d'estre soigneulx d'aviser si ceulx de Ste Foy poursuyvent l'establissemeut de la chambre dans leur ville, et remonstrer que seroit fermée aux parties poursuyvantes, d'aultant que la ville de Ste Foy est sur les lymites des villes qui tiennent pour nostre party, joint que la ville de Bergerac est une ville capitalle du pays de Périgort, en laquelle y a ung siège de séneschal, et naguères y avoit ung siège présidial, voire le premier stabli en la Guyenne, qui a esté suprimé en hayne que la dicte ville est de la religion; et, pour cest effect, y a ung auditoire très beau, garny de sièges, barreaux pour les advocatz, aussy une chambre de conseil, et à Ste-Foy seroient en peyne d'en bastir ung.

Aussy, dans la dicte ville de Bergerac, y a ung bon nombre d'advocatz, scavans et fameux, qui sont requis en une chambre, pour playder les causes.

Et pour l'exécution de la dicte chambre, sera suppliée sa Magesté, de commander au seigneur de Tustal, de Sainct Genies, de Feydeau

 

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d'y exercer leur estatz de consélier, estans obligés à ce faire, tant par leur serment, que pour le debvoir de leur religion.

Les consuls demandent, aussy, d'être remboursés de la valeur des boulets, qu'ils ont fondu, pour les canons et les couleuvrines, « lesquelles balles, ou plus grande partye d'icelles, furent employées au siège de Sarlat, et, despuys, par monsgr de la Force, à batre quelques petits fortz, qui estoyent ez environs de Montflanquin. »

Les consuls demandent, encore, la supression du grade de sergent major, dont est investi le capitaine Jaure, et dont les appointements sont de 1200 livres par an, comme étant complètement inutile, attendu qu'eux, consuls, assistent tous les jours à l'ouverture et à la fermeture des portes de la ville, et s'engagent, en outre, à faire tout ce que fait le capitaine Jaure, à la condition que cette somme de 1200 livres « sera employée en achapt de pouldres, pour demeurer au maguesin de la dicte ville. »

 

......

 

Ces mémoires sont signés par J. Martelhe, syndic, Tavers, consul et boursier, B. Gros, consul et Bousquet, consul.

Les dépenses de l'année 1589-1590, s'élevèrent à la somme de 3522 livres, 17 sols et 6 deniers.

 

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Pendant cette année, les consuls ne cessèrent de faire travailler aux fortifications diverses de la ville.

 

Recettes et dépenses diverses relevées dans le livre de comptes de l'année 1589-1590

 

De mesme a reçu le dict de Fonmartin (1) la somme de sept escuz et demy, paiés et receus de Jehan Peyrarède, dict Dangounet, faisans pour le curé de Sainct Jacques, et ce, pour l'entreténement des ministres de la dicte ville, en la dicte année mil VC IVXX IX (1589).

Aussi faict estat le dict de Fonmartin, en la présente recepte, de la somme de trante trois escuz ung tiers, par luy receue, de Arnaud Conseil, par les mains de Bernard, sergent, son frère, comme fermier du prieuré Sainct Martin, en la dicte ville, et ce, pour l'entretenement des ministres.

Et, pareilhement, d'une somme de quinze escuz, par luy receue, de M. Paulin, de Montflanquin, par les mains de Moyse Martin, pour la part de l'esglize de Montflanquin, du voiaige qui fut faict par messieurs de Feydeau et Baduel,

 

(1) Fonmartin était consul et boursier de la ville.

 

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aux Estatz tenus par le roy à la Rochelle, en l'année mil VC IVXX IX.

Et, de mesme, de la somme de trois escuz, ung tiers, six solz, huict deniers, tournois, par luy receue, de Giron Poumeau, de reste de l'afferme du poisson des fossés de la présent ville.

Plus, de la somme de cent trante cinq escuz, ung tiers, par le dict Fontmartin, receue de M. Pierre de Belriou, receue, suyvant le don, faict par monseigneur de Turenne, pour l'entretènement de la garnison de la présent ville, pour le moys de septembre dernier.

Item. - Et de l'advis et conseil de messieurs les officiers du roy de la présent ville, et anciens notables et personnaiges d'icelle, messieurs les consuls Conseil et Vayre, furent depputés pour aller trouver monseigneur de Turenne, à Nérac, et, de la part de la dicte ville, luy faire révérance, luy baiser bien humblement les mains, et luy offrir tous les moïens d'icelle, pour son service; à quoy faire, les dicts consuls, avec ung homme qui leur portait leurs hardes, trois chevaux en nombre, exposèrent quatre journées, et despendirent XXX livres III sols III deniers.

Le quatrièsme jour des dict mois et an, (4 août 1589), le dict Fontmartin paia au consul Conseil, la somme de trois livres, quinze solz, qu'il avoit fournie, en l'achapt d'une carppe, qui

 

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fut donnée à M. le marquis de Pizany, anbassade du roy, passant par ceste ville, et à Forthon Queilhe, cinq sols, qu'il avoit fournis, en l'achapt des melons qui furent envoiés au dict sieur, et à Arnaud Gros, dix huict sols, pour quatre potz de vin clairet, et trois de vin blanc, envoiés au dict seigneur, et deux de clairet, envoiés à M. de Bourdeille, et huict sols, pour quatre potz de vin, apportés à M. d'Anin de la Roche, chevalier de l'ordre du roy, passant par ceste ville, et pour ce, V livres, VI sols.

Le dix huictièsme des dicts mois et an, le dict de Fontmartin a paié à madamoizelle de la Fourtonnie, pour dix pippes de chaufs, emploiées aux réparations de la dicte ville, la somme de XXXII livres X sols.

Le vingtième des dicts mois et an, le dict de Fontmartin a paié au consul Conseil, vingt sols, qu'il avoit fournis, en l'achapt de deux cens latte feuilles, pour la dicte ville, quatre sols huict deniers, pour deux potz de vin envoiés à Madame de Ribeyrac, et aultres quatre sols, huict deniers, pour aultres deux potz de vin envoiés à M. de la Fillolié, et pour ce, XXIX sols IV deniers.

Plus, à ung messaiger, qui fust envoié le dict jour (14 septembre) à Longua de Barrière, pour voir quel chemin tenoient les ligueurs, et nous en advertir, quatorze sols, six deniers; et à

 

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Bernard Lacarde, pour nostre part d'avoir gardé l'eau du ruisseau à Pontbounon, durant la grand sécheresse du mois d'aoust dernier, dix sols; et à l'homme de M. de Mazières, nostre gouverneur, pour avoir apporté une lettre du dict seigneur, et nouvelles de l'armée du roy, aultres dix sols, et pour ce, XXIV sols VI deniers.

Le dix neufiesme des dicts mois et an, le dict Fontmartin a paié à Mathurin Peyrarède, marchant de la présant ville, pour la robbe et chausses de Lespinasse et Gros, sergents et serviteurs de la ville, la somme de vingt huict livres deux sols six deniers.

Le vingt uniesme des dicts mois et an, le dict de Fontmartin a paié, à sire Jehan Eyma, pour l'enseigne blanche, qui est dans la maison de consulat, la somme de XV livres.

Le second jour d'octobre, an sus dict, le dict Fontmartin a paié, au dict Arnaud Gros, pour quatre potz de vin, apportés au dict sieur de Mazières, estant logés aux Trois Conils, la somme de XII sols.

Le cinquiesme jour des dicts mois et an, le dict Fontmartin a paié, à Jéhanne de Beauregard, hostesse des Trois Conils, la somme de sept livres tournoises, pour la despence, faicte par le dict sieur de Mazières, au dict logis, avec ses deux hommes et trois chevaux, durant deux jours, d'autant que, comme dict est, nous

 

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l'avions envoyé quérir, pour raison de la dicte garnison.

Plus, à Jéhan Rizan, et deux hommes avecques luy, qui descendirent, accoustrairent et remontèrent le batail de la cloche de Sainct Jacques, XII sols VI deniers,

Le sixièsme jour des dicts mois et an, le dict de Fontmartin a bailhé, à Forthon Queilhe et Bertrand Aymond, la somme de cinquante sols, pour faire la despence, tant à eux que aux soldatz qu'ilz menaient avecques eux, pour fère descendre les bapteaux de Moledier et Creyse en ceste ville, affin de empescher le passaige de la rivière aux ligueurs.

Les dixièsme des dicts mois et an, le dict Fontmartin a paié à M. Baduel, ministre, la somme de dix escuz, pour tous despens et fraiz, faitz par sa femme, à venir et se conduire, avec son train, despuis Collonges en ceste ville.

Le vingt septiesme des dicts mois et an, le dict Fontmartin bailha à M. Jehan Eyma, receveur du tailhon, ung escu sol., vallant trois livres deux sols, pour bailher au secrettaire de M. le mareschal de Matignon, pour les expédictions des assignations, que nous avions donné charge, au dict Eyma, d'obtenir de mon dict seigr le mareschal, pour l'entretenement de nostre garnison.

Le huictiesme du dict mois (novembre), le

 

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dict de Fontmartin paia, à MM. Nycollas Montanus, Pierre Brossot et Bernard Maraval, régents au collège de la présent ville, pour tous arrérages de leurs gaiges, la somme de cent vingt six livres.

Le vingt troisiesme des dicts mois et an, le dict de Fontmartin a paié au Tort, messaiger, pour avoir porté une lettre de M. de Mazières, à monsieur de Limeuilh, pour faire retirer les bapteaux, aux fins que l'ennemy ne passa de deça, pour aller secourir ceux d'Aubeterre, vingt sols; et à Forthon Queilhe, cent sols tournois, par luy fournis, et despendus, à nourir et paier douze gabarriers, envoiés, avec luy, et deux soldatz, pour fère retirer et descendre en ceste ville, tous les bapteaux, depuis Sainct Caprazi (1) jusques icy, afin d'empescher le passaige aux dicts ennemys.

Le quatorzièsme du dict mois, (décembre), le dict Fontmartin paia, à M. Pierre Pottier, fondeur, pour dix livres de poudre, qu'il fournit pour fère tirer l'artilherie, pour la bienvenue de M. de la Force, ou pour deux chevilles et deux petites chaynes de fer, qu'il falut mettre à l'une des dictes pièces, la somme de VII livres XVI sols.

 

(1) Saint-Capraise-de-la-Linde, commune du canton de la Linde.

 

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Janvier 1590. - Le second jour du dict mois de janvier, mil cinq cens quatre vingtz dix, le dict de Fontmartin a paié, à Arnaud Gros, serviteur de la ville, neuf sols neuf deniers, pour une livre et demie huille de noix, et trois mains de grands papiers à garnir les dicts chassis (1).

Le cinquièsme des dicts mois et an, le dict de Fontmartin a paié, à Arnaud Conseil, à présent consul, la somme de trante trois escuz, ung tiers, pour le banquet, faict à M. de la Force, madame, messieurs leurs enfans, et noblesse qui vint avecques eux, suivant l'advis de Messieurs les officiers du roy, consuls et anciens, notables, de la présent ville.

Item. - A le dict de Fontmartin, paié à messieurs Paul Baduel, et Urbain Chauveton, ministres de la parolle de Dieu en l'esglize de la présent ville, pour leurs gaiges des quartiers de Juilhet, aoust et septembre, octobre, novembre et décembre mil VC quatre vingtz neuf; janvier, février et mars, mil VC quatre vingtz dix, la somme de six cens soixante quinze livres.

Le quinzièsme des dicts mois (mars) et an, paié à Tavers, Giron Poumeau et aultres fermiers du poisson des fossés de la ville, la somme de

 

(1) Châssis ou fenêtres que les consuls venaient de faire faire, pour la salle haute de l'hôtel de ville.

 

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deux escuz, pour ung grand plain panier de poisson, carppeaux, brochetz et perches, donné à M. de la Force, nostre gouverneur, ung peu auparavant son dernier voiaige en Gascounie, et, trois livres, cinq sols, pour deux grosses carppes, envoiées à madame de la Force, pendant l'absence du dict seigneur.

Le dix neufiesme des dicts mois et an, le dict de Fontmartin a paié, à Giraud Planteau, pour douze barricques de sardines, employées aux envhartemens (échafaudages) de Sainct Jacques, trois livres.

Le tiers jour du dict mois d'avril, an sus dict, mil VC IVXX dix, le dict de Fontmartin a paié, à Giron Poumeau, pour deux quintaux quatre livres, et demye, bandes de fer, mises au pont levis de la porte Logadoyre, la somme de six escuz sol., neuf sols tournois, et pour ce, XVIII livres IX sols.

Plus, pour deux potz de vin envoiés à M. Lambert, ministre de Saincte Foy, VI sols.

Le sixiesme du dict mois, le dict Fontmartin a paié, à M. de Montbaron, ministre, pour ses gaiges du quartier d'avril, may et juing, trante sept escuz et demy.

Le dix neufiesme du dict mois, le dict de Fontmartin a paié, à M. Jéhan de Mathieu, antien de l'esglize de la présent ville, la somme de cinq livres, six sols, six deniers, emploiés à la

 

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conduite de M. de Montbaron, et ses hardes, de Boisse en ceste ville.

Plus, au dict de Mathieu, pour les fraiz faictz par messieurs Baduel, Chauveton, Jéhan Faugiron et le dict de Mathieu, pour aller au collocque, à Saincte Foy, tenu au dict mois d'avril, la somme de vingt une livre, douze sols, six deniers.

Plus, à M. Pierre d'Entraigues, antien de la dicte esglize, la somme de trois livres deux sols, pour la despense, par luy faicte, d'aller quérir M. Finet, à Saincte Foy, et y mener M. Baduel, à la cène de Pasques dernier.

Le vingt uniesrne du dict mois, le dict de Fontmartin a paié à Samuel Borimo, orphèvre, la somme de quatre escuz, pour les peynes, journées et vaccations par luy exposées à peindre dans la maison de consullat, les armoiries de la ville, fère deux cachetz, l'ung d'argent et l'aultre de fer et aultres besognes pour la ville.

Le vingt septiesme du dict mois, le dict de Fontmartin a paié à M. Baduel, la somme de dix escuz sol., a luy ordonnée, pour le voiaige du retour de ses enfans.

Mai. - Plus, à Guilhaume Meynot, hoste de la présent ville, la somme de vingt trois escuz, pour la despense faicte en son logis, par messieurs les ministres et antiens, des collocques du Périgort et Agenois.

 

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Plus, à M. Bernard Maraval et Pierre Lavergne, advertiseur et lecteur, la somme de deux escuz sol, pour leurs gaiges, despuis le premier janvier dernier, jusques à la fin de juing prochain.

Plus, à Pierre Poumeau, cinquante solz, pour deux grandes tables de noier, emploiées à fère la couverture du dict grand coffre de consulat.

Plus, à Cathelin Vadazot, la somme de douze livres, dix sols, pour ung chappeau, ung nouveau Testament grec et latin, et unze escriptoires, qu'avions achapté de luy, et bailhé aux escolliers de la première classe, que avoict mieux composé, suyvant le testament de feu M. Helies Dupuy, régent.

Plus, à Estienne et Hadouel, faisant pour Guilhaume Meynard, marchant de Bourdeaux, la somme de quarante neuf escuz, quarante cinq sols, paié par Chemynard, pour huict milliers et demy d'ardoise, pour le clocher Sainct Jacques.

Plus, à André Seurin, appoticaire, vingt cinq sols, pour ung flambleau de cire, pour allumer le feu de joye, de la victoire du roy.

Plus, à Jéhan Armand, maistre charpentier, pour avoir faict tailher et levé toute la charpente du dict clocher Sainct Jacques, la somme de huict vingtz livres tournoises (160 l.), comme

 

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appert par le contract du prix faict de la dicte besoigne.

Le second du dict mois de juing, au consul Conseil, pour les fraiz par luy faictz, à aller au collocque, tenu à Saincte Foy, en may dernier, avec M. Chassaing, depputés de la part de la ville, pour la répétition de M. Chauveton, la somme de IX livres, XVII sols, II deniers.

Le dixièsme jour du dict mois de juing, jour de la Pantecoste, y heust si grand nombre de paovres à la Charité, que quatre mil deux cens pains, que, pour raison de ce, avoient esté faictz, n'y peurent suffire, de sorte qu'il fallut encores bailher, en deniers, au défault de pain, la somme de quinze livres, quatorze sols, qui furent distribués, à deux liards, chascung, en présence de Messieurs les scindic, et aultres consuls; et fut paié, à Bardot Séguy, Peyrot Bien Assis, et aultres quatre hommes, tant pour avoir apporté le blé de la dicte Charité, en la maison de la ville, et rapporté le pain, tenu les barres pour empescher la foullée du peuple, que aultres service, qu'il convinct, pour ce fère, la somme de XVII livres, XI sols, VI deniers.

Le trézièsme jour du dict mois, le dict de Fontmartin, paia, à Jehanne de Beauregard, hostesse des Trois Conilz, pour le soupper que nous prismes le jour de la Pantecoste, comme est de coustume et antiennetté, en la maison de la ville, ou estoient Messieurs Finet, Montbaron

 

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et Chauveton ministres, le cappitaine Jaure, sergent Majour, les clercs, procureurs et sergens de la ville, et aultres serviteurs ordinaires d'icelle, estans, en tout, vingt deux, en nombre, la somme de XXII livres.

Plus, à Moïse Martin, quatre livres pour la despence de M. Finet, ministre de Saincte Foy, à ceste Cène de la Pantecoste dernière, IV livres.

Le vingt cinquièsme jour du dict mois, le dict de Fontmartin a paié à Pierre Poumeau, marchand de ceste ville, trois livres dix huict sols, pour trois douzaines tables de chastaigner, prinses de luy, pour le clocher Sainct Jacques.

Le douzièsme jour du dict mois de juilhet, à Arnaud Gros, serviteur de la ville, la somme de sept livres, six deniers, pour la despense faicte par Messieurs les consuls, Messieurs Charon, lieutenant général, Belriou, lieutenant particulier, avec Belriou, baily, et aultres bourgeois de la présent ville, allant à Issigeac, fère la révérence à Monsieur de Turenne.

Plus, à M. Pierre Pothier, fondeur, et Pierre Vergnol, le jeune, quarante livres de poudre, pour fère tirer les pièces, et soldatz de la garnison de la dicte ville, pour la victoire de la batailhe du roy, gagnée au mois de mars dernier, et ce, par commandement de Monsieur de la Force.

Le vingt sixièsme du dict mois, le dict de

 

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Fontmartin a bailhé et délivré, à M. Jacques Lambert, ministre en l'esglize de Saincte Foy, suivant l'arrest de Monsieur de la Force, ministres et depputtés des esglizes des collocques de Périgort, Agenois, Bordalois, et Bazadois, assemblés, le jour précédent, en la présent ville, pour les affaires des dicts collocques et esglizes, la somme de quatre vingtz escuz sol., pour la part de l'esglize de la présent ville, du voiaige que le dict Lambert et M. François de la Noailhe, depputés des dicts collocques, doivent faire au premier jour en court, par devers le roy, pour les affaires, tant des dictes esglizes, que politicques, comprins en icelle somme, cent livres tournoises, que le dict de la Noailhe, comme fermier de sa magesté en la terre de Gensac, doit, du pacte de la sainct Jéhan dernier, pour l'entreténement de nostre collège, comme appert par l'arresté du dict seigneur de la Force.

Le trantiesme jour du dict mois de juilhet, le dict de Fontmartin a paié à M. Pierre Pothier, fondeur, la somme de deux escuz, cinquante cinq sols, six deniers, pour le paiement de certain canaux de plomb, mis aux lucarnes du clocher Sainct Jacques, avec certaines fleurs de lys, cinq canelles de métailh en façon de meuffles de lions, mises à la Font Piarre, mastic, feuilles de fer blanc, et aultres fournitures, par le dict Pothier faictes, au dict clocher et fontaines.

 

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Le total des recettes et le total des dépenses, ne sont pas indiqués.

 

 

1590

 

24 Juillet

En présance desquelz (jurats et conseilliers) les dicts sieurs consulz, après la prière et invocation du nom de Dieu, ont remonstré, que est de coustume, de toute ancienetté, suyvant les privilhèges de la dicte ville, de eslire ung sindic et ung bourcier de la dicte ville, pour recepvoir les deniers communs d'icelle, et, aussy, de nommer ung clerc, pour escrire et recepvoir les jurades, et aultres actes concernant la communaulté de la dicte ville. A ceste cause, ont requis la jurade de procéder à la nomination, et d'advizer sy Arnaud Gros, et Jehan de Lepinasse, sergents et trompettes de la ville, seront continués en leurs charges aulx gaiges acoustumés.

 

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Furent nommés, Etienne Treilher, pour boursier, Lacombe, pour clerc de la ville, Jean de Lespinasse pour trompette de la ville, aux gages de quinze écus sol. et ses habillements, en considération qu'il prend grande peine, pour les affaires de la ville.

Aussy a esté arresté, que les dicts sieurs consulz continueront les repparations de la ville, rebastiment du derrière de la maison commune d'icelle, bastiment du clocher Sainct Jacques et aultres réparations et commodités, que les consulz précédans ont commencées, et que, tous pris faitz, achaptz de chaulx, thuyle, boys, et aultres choses nécessaires, par eulx payées, pour les affaires de la dicte ville, leur seroient allouées.

Ont aussy remonstré, que le collège de la ville est en pauvre estat, tant pour n'estre pourveu de bons régens, que pour n'estre basty comme il fault, et ont demandé advis et conseil, qu'il fault faire là dessus. Il fut arrêté que « le consul Planteau y pourvoirra, auquel a esté donné toute charge, et pour ce faire, sera prins des deniers communs de la ville, comme il sera advizé. »

Il fut arrêté aussi, « que les estrangiers venant en ceste ville, à la célébration des Cènes, seront exemptz de pontonnage. »

Que le droit du revenu du poidz, sera affermé et délivré, aulx plus offrantz, et derniers

 

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encherisseurs, en quallité que les fermiers seront tenus se fournyr de poidz, balances et boutiques.

Aussy, a esté arresté, que l'herbe des foussés et ravellains de la présent ville, ne seront point affermés, ny pareillement le poisson des foussés.

Le pont fut affermé à Pierre de Supco, pour la somme de 400 livres.

Le droit qui se prent sur ceux qui roullent du vin, et aultres espèces de marchandises, de la pezanteur de barrique, sur le pont de Dordoigne, à quatre deniers, pour barrique, et douze deniers, pour charrette vuyde, a esté délivré à Anthoine de Lorthe, pour sept livres quinze solz.

 

Mardi 7 Août

Après l'invocation du nom de Dieu, les dicts consulz ont remonstré, que Bertholomé de Fonmartin, consul et bourcier de ceste ville l'année passée, par advis de l'assemblée, dernièrement faicte, des églises et communaultés du gouvernement du seigr de la Force, a baillé quatre vingtz escutz à M. Lambert, pour aller en court, en ce, comprins cent livres, que le dict La Novailhe debvoit, pour le collège. L'assemblée a rattifié le bail des quatre vingtz escutz, bailhés par le consul Fonmartin, à M. Lambert, ministre de l'esglize de Sainte Foy, pour aller en

 

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court, pour les affaires des esglizes, suyvant l'advis de l'assemblée tenue en ceste ville par M. de la Force.

Et bailher advis, sur le payement de M. de Monbaron, ministre, qui demande son quartier; ensemble bailher advis, sur une requeste de M. Chauveton, qui demande payement, pour les quatre mois derniers, durant lesquels il a esté retenu. Il fut arrêté que « quand au payement des gaiges du dict sieur de Monbaron, ministre, la plus grand voix de l'assemblée, a oppiné et arresté, que le dict sieur de Monbaron sera payé de ses gaiges, jusques à la fin de ce mois d'aoust. Et, sur la requeste présantée par le dict sieur de Chauveton, Jehan Brugière, l'aisné, Mathurin Peyrarède, Jehan Augeard, le vieulx, et Hugues Pauly, oppinans à leur ranc, ont dict que se n'est point eulx, ny la communaulté de la ville, qui ont arresté, en icelle, le dict Chauveton; par ainsy, que la ville ne luy doibt point payer sa demeure; que s'il y a des particuliers, qui l'ayent faict, qu'ilz le payent, si bon leur semble, et ont protesté et déclairé, aus dicts sieurs consulz, que, quand à eulx, ilz n'en payeront aulcune chose. Aussy, M. Pierre d'Entraigues, oppinant en son ranc, a dict qu'il ne donnera point d'advis, touchant le dict Chauveton, d'aultant qu'à ceste assemblée, sont receuz quelques ungs qui ne sont point bourgeois de la ville, mais comme antiens en l'esglize de ceste

 

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ville, a sommé messieurs les consulz et magistratz, de pourvoir de ministres l'esglize de la dicte ville; aultrement, a protesté contre eulx, de la dissipation d'icellle, si elle advient. Sur ce, M. l'advocat du roy a demandé, au dict d'Entraigues, s'il avoit charge du consistoire, pour faire la dicte sommation; le dict d'Entraigues a respondu, que se faira advouher. Apprès lesquelz dires, des dicts d'Entraigues et advocat du roy, et après lecture faicte, de la requeste du dict Chauveton, la plus grand voix de l'assemblée a oppiné et arresté, que le dict sieur de Chauveton sera payé, du temps qu'il a demeuré en ceste ville, qu'est puys la suspention jusques à présant, comme les dicts sieurs consulz advizeront, et que, cepandant, les dicts sieurs consulz fairont dilligence de recouvrer des ministres, pour prescher en ceste ville, jusques que, par ung synode, l'appellation des sentences, données contre la ville et le dict Chauveton, sera vuydée, le jugement de laquelle appellation sera poursuyvie, par les dicts sieurs consulz, au premier synode national, ou provincial, qui se tiendra, suyvant les précédantes jurades.

Qu'il y a tout plain d'habitans, qui ne font point la garde la nuyt ny le jour, s'ilz la fairont, et sy sera achapté ung reloge, pour estre mis à la cloche du temple de Sainct Jacques, et sy le pont de la Mérilhe, qui s'en va par terre, sera acoustré. Il fut arrêté, « qu'il sera achapté ung

 

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relloge, tout neuf, pour mettre à la cloche du temple de Sainct Jacques; que, doresnavant, tous habitans de la présant ville, fairont la garde jour et nuyt; que les dicts sieurs consulz fairont acoustrer le pont de la Mérilhe, du premier jour, et fairont acoustrer la maison de Miquel, maistre des haultes oeuvres.

Pareilhement, que les dicts sieurs consulz achapteront la maison de M. Guilhaume Maphaud, s'il la veult vendre, et en faire la raison, pour la faire servir à la comodité du collège de la dicte ville.

Ce faict, les dicts Jehan Brugière, l'aisné, Mathurin Peyrarède, Jehan Augeard, le vieux, et le dict Huguet Pauly, se sont oppozés à l'arrest du dict Chauveton, et ont dict, comme dessus, qu'ilz, ne payeront aulcune chose à icelluy Chauveton, et ont protesté de débattre le payement que luy sera faict, à la reddition du compte du bourcier.

 

10 Août

Les consuls seuls se réunissent, et arrêtent, « de bailher à M. de Chauveton, la somme de quarante escutz, et qu'il demeure en liberté de s'en aller ou demeurer, sans toutesfois desroger à ce que fust arresté à la dernière jurade, de faire juger l'appellation intergettée, tant pour

 

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son reguard, que pour le reguard de l'esglize de ceste ville. »

 

8 Septembre

Les dicts sieurs consulz ont remonstré, si la ville trouvera bon, que les dicts sieurs consulz ayent dressé une peschière, au dessus du grand pont de Dordoigne, suyvant l'advis et consentement de plusieurs bourgeoys et habitans de la dicte ville, et si la dicte ville prandra la cause, pour les dicts sieurs consulz, en l'assignation, que les habitans de la ville de la Linde leur ont fait bailher, en la court de parlement de Bourdeaulx, aulx fins de desmolyr la dicte peschière, et si on passera oultre, nonobstant les inhibitions.

Pareilhement, si la principalité du collège de la dicte ville sera bailhée à M. de Chauveton, à deux cens livres de gaiges, qu'il demande pour an.

Et si la ville trouvera bon, que les dicts sieurs consulz ayent continués M. de Monbaron, jusques qu'il aura parachever son quartier, et si les dicts sieurs consuls envoyeront, à Nérac, pour avoir des pasteurs.

Sur lesquelles remonstrances, la plus grand voix de l'assemblée a oppiné et arresté, que les peschiéres, que les dicts sieurs consulz ont commencé de faire, au dessus du grand pont de

 

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Dordoigne, de la dicte ville, seront parachevées de faire, aux despens de la ville, et que la ville, pour raison d'icelles, prandra la cause pour les dicts sieurs consulz, lesquelz sieurs consuls, envoyeront se présenter en la court de parlement de Bourdeaulx, à l'assignation à eulx bailhée, à la requeste des consulz, manans et habitans de la Linde, sans approuver aultrement la dicte court, mais pour demander, seullement, le renvoy de la cause, devant Messieurs du grand conseil, et les juges, saisys tant de ceste matière que d'aultres causes, touchant le fait de la navigation, et qu'il sera envoyé homme exprès, au dict grand conseil, avec amples mémoyres, pour obtenyr letres, pour faire évoquer la cause, au dict grand conseil, le plustost que faire se pourra; et que, cepandant, les dicts sieurs consulz passeront oultre, à bastyr les dictes peschières, d'aultant qu'elles ne porteront empeschement à la navigation. Que M. de Chauveton sera receu principal au collège de ceste ville, aux gaiges de deux cens livres, pour an, prinses sur les dons faitz au dict collège si ilz y sufizent, et s'ils ne y sufizent, la ville payera ce qui défauldra. Et que M. de Monbaron continuera de prescher, pour ce quartier, qui tombera en octobre prochain; et que, cepandant, les dicts sieurs consuls feront dilligence de recouvrer ung ministre de Nérac, la Roschelle ou d'ailheurs, le plustost que fère ce pourra.

 

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17 Novembre

Les dicts sieurs consulz ont remonstré, si l'afferme des peschères de la présant ville se doict fère avec les qualités qui s'ensuyvent: Premièrement, que le fermier, ou fermiers, ne joyront d'icelles, que jusques à la fin de juillet, prochènement venant, et payeront la moytié de l'afferme, comptant, et l'autre moytié, à la feste de Pasques prochaine.

Item. - Que les dicts fermiers seront tenus de fère toutes les réparations nécessaires es dictes peschères, jusques à la somme de trante escuz sol.; et si, au bout de l'afferme, se trouve à dire, es dictes peschères, au dessoubz de cinquante paulx (1), les dicts fermiers seront tenus de les y remetre; prendront les dicts fermiers, deulx manches neufves, qui y sont à présant, et en randront aultres deulx, au bout de l'afferme, de pareilhe valeur et estimation; de mesme, prendront ung gabarrot neuf, qui y est à présant, et en randront ung aultre, de pareilhe extimation; seront tenuz, les dicts sieurs consulz, fère jouyr les dicts fermiers, sans aultrement leur estre tenuz d'aulcun cas

 

(1) Paulx ou pieus qu'on plantait dans la rivière, pour former le pertuis où se trouvait placé la manche ou filet, dans lequel se prenait le poisson.

 

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fortuyt, sinon que la peschère, ou partye d'icelle s'en allast, à vaul'eau, par inondation ou autrement, et bailheront, les dicts fermiers, cautions pour l'assurance du payement, qui s'en obligeront, comme pour les propres deniers du roy.

Aussy ont remonstré, s'il fault envoyer au colloque, qui se tiendra en la ville de Saincte Foy, le vingtiesme du présent moys, pour requérir que messieurs Chauveton et Baduel, soyent remys pasteurs en l'esglise de ceste ville, et qui sera depputé pour y aller.

Sur lesquelles remonstrances, a esté oppiné et aresté, par la plus grand voix, des sus nommés, que l'afferme des peschères, apartenans à la dicte ville, se feront jusques à la fin de juillet prochain, aux qualités que cy après.

Premièrement, que les fermiers d'icelles joyront, jusques à la fin du dict moys de juillet, et payeront la dicte afferme, scavoir: la moytié, à Noël prochain, et l'autre moytyé, à Pasques suyvant.

Que, ce qui reste à clisser, empierrer et empalés et rasteaulx, le tout se faira à la diligence du fermier, ou fermiers, et aulx frais de la ville, que le dict fermier avancera, et luy seront desduictz sur l'afferme.

Que, si pandant la dicte afferme, il fault faire des réparations, le dict fermier les faira, jusques à la somme de cent livres, et s'il n'en fault

 

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poinct faire, demeurera quite de la dicte somme de cent livres, sans rien diminuer de l'afferme.

Si les peschères ou partye d'icelles s'en vont par inondation d'eau, ou aultrement, tellement qu'elles ne peulssent pescher, le dict fermier sera quite de la dicte afferme, en payant, prorata, qu'il aura jouy, et payant la dicte sommme de cent livres, pour toute réparation; prandra, le dict fermier, deulx manches neufves qui y sont aprésant et en randra autres deulx, à la fin de l'afferme, de pareilhe estimation, ensemble le gabarot neuf, qui y est aprésant, lesquelles manches et bapteau seront estimés, et bailhera, le dict fermier, cautions solvables, pour l'assurance du payement de la dicte afferme, qui s'en obligeront, comme pour les propres deniers du roy.

Pareilhement, a esté oppiné et arresté, par la dicte plus grand voix des sus nommés, que la ville n'envoyera personne au dict colloque, en la dicte ville de Saincte Foy, d'autant que la dicte ville a requis le surcoyement du dict colloque, jusques au retour de M. de la Force, ce que les maistres du dict colloque n'ont voulu faire, mais ont passé oultre, et qu'il est question, au dict colloque, de randre compte du voyage des depputez, allés en court, pour les afaires des esglises, qui ne se poult fère, sans l'autorité et présance du dict sieur de la Force.

Aussy, a esté arresté que le dict Francoys de

 

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Peyrebrune, marchand cogneu, homme de bien, de bonne vie et honneste conversation, sera receu bourgeoys de la présant ville, en payant, par luy, pour sa bourgeoisie, ce qui sera avisé par les dicts sieurs consulz; et pour l'avenir, ne pourront, les dicts sieurs consulz, faire ne recepvoir, pour bourgeoys de la ville, aulcungs estrangiers, sans advis et consentement de jurade, sur peine de nullité des letres de leur bourgeoysie, et de ne joyr, par les dicts bourgeoys, ainsi recuz, des imunités, prérogatisves, privillèges, franchises et libertés de la dicte ville.

Et, sur ce que le dict Jehan Saturnye, a remonstré que la maison des héritiers de feu Francoys Rebeyrol, ses nepveux, fust rompue et gastée en plusieurs endroictz, en montant et levant la charpante du clochier Sainct Jacques, de la dicte ville, et qu'il a heu pryé la jurade de la fère réparer, a esté aussy oppiné et arresté, que ce que la dicte charpante aura ronpu en la dicte maison, sera réparé aulx despens de la ville, du premier jour.

Le nommé Arnaud Conseil, consul de la ville, prend à l'afferme les pêcheries établies sous le pont, pour la somme de sept vingtz onze escuz (453 francs), aux conditions énoncées à la jurade précédente.

 

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7 Décembre

Les dicts sieurs consulz ont remonstré, si le bled qu'est au grenier de la maison de la ville, doict estre vandu, pour achapter des meules, pour le molin de la dicte ville; et, s'il y reste de bled, s'il sera vandu, pour payer les régens et principal du collège de la dicte ville, ausquelz est deu ung quartier, que monte, cinquante escuz.

Sur laquelle remonstrance, a esté oppiné et arresté par la plus grand voix de l'assemblée, qu'il sera vandu du bled de la ville, pour achapter des meules, pour le molin de la ville, et pour payer le quartier des dicts régens.

 

25 Décembre

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, que le bourssier a envoyé, au siège de Mossidan, du pain qu'il trouva faict en ceste ville, lequel il prinst, des pangossières, et, despuis, a faict faire quatre mile pains, d'ung soub, suyvant deux letres de M. de la Force, qui a promis de les payer, ou faire payer; aussy, a payé et avanssé, à quatre charpentiers, qui sont allés au dict siège, troys escuz et demy, et achapté des tabourés (?), pour cent solz, pour y metre le dict pain, et a bailhé cinq solz, pour envoyer quérir

 

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des moulliers, à Monbazalla, et ont requis que, cas advenant, que le dict sieur de Laforce ne les paye, ou face payer, de tout ce que dessus, que la ville en relève le dict bourssier; ont aussy requis la jurade, les advouher de ce qu'ilz ont envoyé, au dict siège de Mossidan, deux pièces de campagne, une coulouvrine, avec des balles de leur calibre, qui estoient dans la maison de la ville, suyvant le commandement du dict seigneur de la Force.

Sur lesquelles remonstrances, l'assemblée présante, d'une mesme voix, a oppiné et arresté, que les fraix, faictz par les dicts sieurs consulz, à l'achapt des pains des monitions, envoyés au dict sieur de la Force, et autres fraictz sus dicts, et qu'ilz fairont, par cy après, par son commandement, pour les affaires du dict siège de Mussidan seront alloués aus dicts sieurs consulz, desquelz fraix, les dicts sieurs consulz obtiendront commission du dict sieur de la Force, le plustost qu'ilz pourront, pour s'en fère ramborsser, si fère se peut, et si le bourssier n'en est ramboursé, la ville l'en relèvera; aussy la jurade a alloué, aus dicts sieurs consulz, le bail des pièces de campagne, coulovryne et balles, par eux envoyés au dict sieur de la Force, suyvant ses letres, lesquelles pièces, les dicts sieurs consulz retireront le plutôt qu'ilz pourront.

 

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Reçu trouvé dans la Bte 3, Lse 18:

« Nous soubsignés, anciens et diacres de l'esglize de la présant ville de Bergerac, confessons avoir prins et receu, de Jéhan Lacombe, consul et boursier de la dicte ville, la somme de trante troys escutz, ung tiers d'escu sol., que le prieur de Sainct Martin d'icelle, a accoustume bailler, annuellement, pour estre employée au paiement des gaiges de Messieurs les ministres et pasteurs de la dicte esglize, laquelle somme de trante troys escutz, ung tiers d'escu, avons receu, pour la présente année, mil cinq cens quatre vingtz dix, pour la bailler et délivrer aux pasteurs et ministres, servant, présentement, en la dicte esglise, et d'icelle somme de trante troys escutz et tiers, promettons acquitter le dict Lacombe, envers et contre tous, en foy de quoy avons signé ces présentes. »

A Bergerac le XXVIIme de novembre, mil V cens quatre vingt dix.

Signé: « Gros, ancien de l'esglise et Entraigues, ancien de l'esglise, Fougerou, ancien ».

 

p. 261

1591

 

12 Février

Ont remonstré que M. Bernard Martial et M. Pierre Lavergne, régens au collège de la présant ville, demendent augmentation de leurs gaiges; si les dicts gaiges seront augmentés. Il fut arrêté « que les dicts Marcial et Lavergne seront priés de se contenter de dix escuz sol., que leur sont esté ordonnés, à chascung, pour an, en considération des exemptions des gardes et des rondes de la ville, dont ilz joyssent. »

 

28 Février

Les dicts sieurs consulz ont remonstré, s'il sera bon de retrancher les gaiges de messieurs les ministres, qui sont de quatre cens cinquante livres, et les réduire à quatre cens livres, pour an.

Plus, s'il sera bon de faire ung syndic perpétuel des paovres, et bailher la charge à M. Jéhan de Mathieu, qui offre la prandre, en l'exemptant

 

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de garde, ronde et cloche, sans aultres gages.

Et s'il sera bon de ramener le petit reloge de la maison de la ville, au clochier du temple du Chasteau.

Sur lesquelles remonstrances, a esté arresté et oppiné, quant aulx gages de messieurs les ministres, leurs dicts gages leur seront payés, suyvant les jurades précédentes; que la jurade a présentement esleu, pour scindic perpétuel des paovres, M. Jehan Mathieu, procureur, la charge duquel sera, de poursuyvre le payement des légatz faictz aus dicts paovres, et tous leurs procès, moyenant qu'il sera exempt de garde, ronde et cloche, sans prandre aulcuns gaiges de la ville, ne qu'il fera recepte d'iceulx légatz, mais faire payer iceulx légatz, au bourssier du consistoire de l'esglise de ceste ville, à la charge, aussy, que le dict de Mathieu et le dict bourssier du consistoire, rendront compte de moys en moys, des poursuites et receptes des deniers, qu'ilz auront faictz, par devant les dicts sieurs consulz, ou devant ceux qui, par eulx, seront depputés; et la plus grand voix de la jurade, a oppiné et arresté, que le reloge de la maison de la ville, sera porté et remené à la cloche du temple du Chasteau (1).

 

(1) Ancienne église de Notre-Dame-du-Chateau, aujourd'hui temple protestant.

 

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17 Mars

Les dicts sieurs consulz ont remonstré, s'il sera bon d'envoyer sercher des ministres, et ung régent, au synode de Béar, qui se tiendra au premier jour d'apvril prochain. L'assemblée a oppiné et arresté que, pour le présant, ne sera poinct envoyé personne de qualité au dict synode, qui se doibt tenir en Béar, au premier jour d'avril prochain, pour demander ministres ne regens, attendu les grandz dangers des chemins, en ce temps de guerre; bien, sera escript aulx ministres du dict synode, s'il y aura moyen d'en recepvoir.

 

2 Avril

Ont remonstré qu'il est tombé auprès du fort de Mynard, douze ou quinze braces de la murailhe de la ville, de sorte qu'il y apert une grand brèche, qui a besoing d'estre réparée, en diligence.

Ont aussy remonstré, que Pierre de Labatut, filz de feu M. Jehan de Labatut, veut estre receu bourgeois, de la ville, ont prié aussy la jurade d'aviser, sy les dicts sieurs consulz le recepvront.

Sur lesquelles remonstrances, a esté oppiné et arresté, que le dict Pierre Labatut sera receu bourgeoys de la ville, pour ce qu'il est homme de bien, tel tenu et réputé, aux qualités que s'il

 

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demeure absant de la ville, ung an, sans porter les charges d'icelle, ses letres ne luy serviront de rien.

 

28 Mai

Les dicts sieurs consulz ont remonstré, si le bled, qu'est au grenier de la maison de la ville, sera vandu, et s'il en sera prins, oultre celluy qui a esté levé, des molins et des particuliers, qui en doibvent, de rante annuelle, pour faire le pain de la Charité, et faire en tout jusques à dix pipes.

A este arresté que, oultre le bled, deu, de rante à la dicte Charité, par les particuliers de la ville et autres, il en sera prins du grenier de la ville, et en tout, y sera employé dix pipes, pour faire le pain de la Charité, et que le surplus du bled de la dicte ville, sera vandu, par le bourcier, à son de trompe, et délivré aux plus offrans et derniers encharisseurs.

Et sur une requête, présantée par les régens du colège de la dicte ville, aus dicts sieurs consulz et à la jurade, naratifve qu'il y a neuf moys qu'ilz n'ont receu aulcuns deniers de leurs guages, et qu'ilz n'ont nulz moyens de continuer, s'ilz ne sont payés, la dicte jurade a oppiné et arresté, que les dicts sieurs consulz payeront, aus dicts régens, leurs gaiges, sur les deniers les plus liquides, s'il y en a.

 

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17 Juin

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, que Monseigneur de Matignon, mareschal de France, arrivera, ce jourdhuy, en ceste ville, acompagné de plusieurs gentilshommes et capitaines, qui viennent avecque luy; ont pryé l'assemblée d'aviser qu'est ce que fauldra faire, à son entrée, et s'il luy sera fait aulcung présen; pareilhement, ont remonstré, que le dict sieur mareschal leur commande de faire des traitz, pour conduyre l'artillerie, ce qu'ils ont fait; ont, aussy, pryé la jurade, de ratifier les dicts commandemens, et de allouer ce qu'ilz payeront, pour les dicts traitz, au cas que le dict sieur mareschal ne les paye.

Sur lesquelles remonstrances, a esté arresté que les dicts sieurs consuls, ayant leurs chaperons, avecques messieurs les magistrats, avocatz et gens de robe longue, de la présant ville, yront au devant du dict sieur mareschal, jusques au bout du bourg de la Magdalène, luy fère la révérance, et hoffrir la ville soubz l'obéyssance du roy; qu'à son arrivée les canons tyreront, et que la ville luy fera ung honeste présent, ensemble à M. d'Aubeterre, s'il vient avecques luy, comme il sera avisé par les dicts sieurs consuls; et que, oultre ce, sera achapté une barrique de vin blanc, et une barrique de vin

 

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cléret, pour donner à Monsieur le président baron de Beynac, baron de St Léger, M. de Vivans, et aultres seigneurs et capitaines, quy viennent avecques luy, et que les sus dicts traitz, seront faitz et payés par les dicts sieurs consuls, si le dict sieur mareschal ne les paye.

 

Quelques recettes et quelques dépenses prises dans le livre de compte de l'année 1590-1591:

 

Recettes diverses

Faict estat le dict Lacombe (1) de cinq mil huict cenz quinze livres, dix et sept soubz et huict deniers, provenant de ung sol, pour cartière de sel, et six deniers pour livre, de toutes marchandises sourtant de la présant ville et bourg de la Magdalène, depuis le vingt et quatriesme du dict mois de juilhet, après midy, l'an mil cinq cens quatre vingtz et dix, jusques au vingt uniesme juillet, an présant, mil VC quatre vingtz et onze.

Pareilhement, faict estat, le dict Lacombe, de la somme de cinquante livres, qu'il a receu de Jehan Gouffre, et Thony Moureau, syndics du bourg de la Magdalène, en quoy ils estoient cottizés, par le payement des ministres.

Aussy, faict estat le dict Lacombe, de la

 

(1) Lacombe était le boursier de cette année.

 

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somme de vingt et deux livres, dix sols, qu'il a receu, de Jéhan de la Peyrarède, dict Dangounet, pour l'entretenement des ministres, à la descharge du curé de Sainct Jacques.

Aussy, faict estat, le dict Lacombe, de la somme de cent livres, qu'il a receu de la Nouallec de Gensac, en déduction du don que le roy nous a faict, pour nostre collège.

Pareliement, de la somme de huict cents septente deux livres, dix et sept sols, qu'il a receu du consul Conseilh, de l'argent des balles qui furent vendues à M. le mareschal de Matignion.

Aussy, faict estat, le dict Lacombe, d'une cloche qui fut vendue au capithaine Peyrelevade, pezant ung quintal quarante et sept livres, pour la somme de vingtz escuz.

Faict recepte de la somme de deux centz vingtz et cinq livres, que le dict Lacombe a receu, de ceux qui sont esté nouvellement receus en la bourgeoysie de la présant ville.

Parelliement, tiens pour receu, pour l'afferme de l'herbe des revelins, fossés et arrière fossés, la somme de sept livres dix sols, sauf de me faire droict de ce que l'herbe, estant preste à faucher, lorsque allarent à Sourzac, le capithaine Jaure fit mettre, toute la nuict, dans les dicts revelins, dix paires de boeufz, avec trois ou quatre chevaulx, pour conduyre quelques pièces ou munitions de guère au dict Sourzac, tellement quils mengèrent, ou mirent soubz le pied

 

p. 268

toute la dicte herbe, que depuis je n'en ay peu faire faucher, qu'est la cause que je requiers que m'en soit faict rezoun.

Parelliement, faict recepte le dict contable, de la somme de cent livres, qu'il a receues du prieur de Sainct Martin de Bergerac, par les mains de Arnauld Conseilh, fermier, laquelle somme il a acoustume ballier annuellement, pour estre employée au payement des gaiges de Messieurs les ministres de l'eglize de Bergerac.

 

Dépenses diverses

Le trentiesme du dict mois (juillet), ay payé, à Verrois, serrurier, la somme de sept livres, deux soubs, trois deniers, à cause de clous qu'il avoict donné, par cy-devant, pour clouer l'ardoize de la tour de Sainct Jaques.

 

Août

Plus, a esté payé à Lespinasse, pour faire désendre la cloche, du bout du pont et la pourter au collège, III sols.

Plus, le dict jour, a esté payé aux adventuriers, qui ont mezuré le blé, dans la maizon de la ville, IV sols.

Plus, le IVme du dict mois, a esté payé, à cinq manouvres, ou trasseurs, qui ont travallié à

 

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tirer de la brique, au Prézicadoux (1), sept soubz à chescun pour jour, montant XXXV sols.

Plus, a esté ballié, à priffaict, à Jehan Serre, et Jéhan Valletoun, massons, à faire la murallie de la maison, où se tient Miquel, maistre de hautes oeuvres, à raison de vingt et cinq solz, la brasse, que monte le tout XIX livres, VII sols, VI deniers.

Plus, le Xme du dict mois, a este payé à deux messagiers, qui sont allés à Badefou, pour cercher ung homme, pour envoyer à Hortès, pour recouvrer ung pasteur XXV sols.

Plus, le XIme du dict mois, a esté payé à François Valletoun, ancien de l'églize, pour demy quartier des gages de M. de Monbaroun, ministre de l'églize en la présant ville, LVI livres, V sols.

Plus, le dict jour, a esté payé, à cinq maneuvres, qui ont travaillé à tirer de la brique, des ruines du couvent des Jacopins, XXXV sols.

Plus, le dict jour, a esté payé, à Jéhan et Pierre Tamarelles, frères, en déduction du priffaict, que lui a esté ballié, pour réparer les murallies de la dicte ville, depuis le fort de Bellegarde, jusques à la porte Lougadoire, VIIIXX livres, (160 livres).

Plus, le XVIme du dict mois, a esté payé, à

 

(1) Couvent des Frères Prêcheurs.

 

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Siméon Frescarode, pour trois quintaulx cinquente et deux livres plomp, pour mettre au clochier de Saint Jacques, la somme de XXIV livres, XIII sols.

Plus, le XVIIIme jour du dict mois, a esté payé à Jéhan Cheyssac, pour dix journées de son chariot, qu'il a exposées à charier du sable de Rouzette (1) au fort de Bellegarde, et thuiles et briques, au collège et à la maison de Miquel, la somme de XII livres X sols.

Plus, le XXIIme jour du dict mois, a esté payé à Jehan Doustre, dict Pastre, bathelier, pour le port de quatre milliers neufz centz de ardoize, qu'il a pourté, de Bourdeaulx icy, pour achever de recouvrir le cluchier de Sainct Jacques, et la tour de Cleyrac, la somme de X livres X sols.

Le XXIIIme du dict moys, a esté payé à Guilliou Ribiére, messager de Badeffou, pour estre allé pourter des lettres à M. de Sainct Genies, et à M. Daneau, professeur en théologie à Hortès, pour recouvrer ung ministre, pour ceste ville, ou pour despens qu'il fist, la somme de XIII livres X sols.

Plus, le XXIXme du dict mois, a esté payé à Jaques, gendre de Moyse, et à maistre Jéhan Bouyssavy, pour la dépense qu'ils ont faict, pour aller à Eymet, pour cercher M. de Baliban,

 

(1) Hameau, commune de Bergerac.

 

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ministre, pour ayder à célébrer la Cène, la somme de V livres, IX sols, II deniers.

 

Septembre

Le troizièsme du dict moys, a esté baillié à Moyze Martin, pour trois escriptoires, qui manquaient aux prix que M. Peyrarède dona au collège, XX sols.

Plus, le dict jour a esté payé, à dix aventuriers (1) qui ont porté et rappourté les bancs du consulat à la place de St Jacques, et la chère du collège, VI sols (2).

Plus, le dizièsme du dict mois, a esté payé au consul Planteau, pour trois cents clous de trois oungles, que le consul Conseilh a prins, pour mettre au temple, XXX sols

Plus, le dict jour, a esté payé au consul Planteau, pour une barre de fer carrée, pour tirer la pière des ruines des Jacoupins, XVII sols XI deniers.

Le dix septiesme jour du dict mois, a esté

 

(1) On appelait aventurier, les gens qui allaient par les rues, à l'aventure, pour chercher du travail. Le montage du bois, le port des fardeaux, et autres gros travaux, étaient dans leurs attributions; les sacquiers ou porte-faix étaient recrutés parmi les plus méritant d'entre eux.

(2) Les prix avaient été cette année, distribués sous la halle St-Jacques.

 

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payé à Miquel, maistre des oeuvres, pour avoir outé une chèvre et ung chien, qui estoient mortz dans le foussé de la porte Lougadoyre, et menoit grand puenteur, XVII sols X deniers.

Le vingtiesme du dict mois, a esté payé à Isac Brachet, pour avoir coppié les lettres du don, faict par le roy, à la communauté de la présent ville, d'ung sol, pour quartière de sel, et six deniers, pour livre de toutes marchandises, sortens de la ville, et pour avoir coppié l'arrest de Messieurs les généraulx, establys à Bourdeaulx, V sols.

Plus, a esté baillié, à prisfaict, à Jehan Faurie, dict Pitaud, charpentier, à batir sur les murailles de la maizon, où souloit demeurer Miquel, maistre des hautes oeuvres, la charpente d'icelle maizon, et la rendre toute preste à later, moyenant la somme de vingt et six escuz sol.

Plus, le dict jour, a esté payé, à Jéhan Mouret, dict Bourdilion, pour estre allé à Badefou, pourter une lettre à madame, de nostre part, aux fins de savoir nouvelles de l'armée du roy, et de celle du duc de Parme, et nous avoir porté responce, la somme de XV sols.

 

Octobre

Le premier du dict mois, a esté payé, à Thony Guyon, pour quatre journées de son mulet, qu'il exposa à pourter de la farine, à Ver,

 

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lorsque l'on menassoit d'assiéger le fort, XX sols.

Plus, le second du dict mois, a esté payé au consul Planteau, pour deux cents clous, employés à plencher la tour de la Lougadoyre, et cent, pour achever de recouvrir le temple, quarente et deux livres de fer, pour mettre entre les deux bois, qu'on veut mettre les gyrouettes du cluchier de Sainct Jacques, vingt cinq clous, pour coudre des tables sur le pont de Dourdougnie, la somme de V livres, VI sols, III deniers.

Plus, le troiziesme du dict mois, a esté payé à Arnauld Gros, pour payer trois sergens, qui s'estoient apprétés, ce jourd'huy, à ballier la question à ung prisonnier, acuzé de trahizon, et pour avoir achepté les courdils destinés à cest uzage, la somme de XX sols.

Plus, le dict jour, a esté payé au consul Planteau, pour estre allé au colloque, à Castilion, pour requérir qu'il fut pourveu à la nécessité de nostre esglize, la sommt de III livres, VI sols, VII deniers.

Plus, le XXIIIme du dict mois, a esté payé à Berthomieu de la Rivière, consul, pour cinq milliers d'ardoize, qu'il nous avoit achepté et payé, à Bourdeaulx, pour couvrir le cluchier de Sainct Jacques, la somme de IVXX livres.

 

Novembre

Le trézièsme du dict mois, a esté payé à Guillim

 

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du Verdie, pour estre allé à la Force, pourter une anguile à madame, IV soubz.

Le quatorziesme du dict mois, a esté payé, à six manuvres, qui ont porté les balles du canoun, dans le bateau de Jouncas, pour les envoyer, à Bourdeaulx, à Monsieur le mareschal de Matignon, XV soubz.

Plus, le seziesme du dict mois, a esté payé à maistre Urbain Chauveton, principal du collège, pour le payement de la closture de la maison où il se tient, LV soubz.

Plus, le vingt troizièsme du dict mois, a esté payé, à Benjamin Le Compte, fondeur, pour la facoun d'une cloche, pezent ung quintal quarante et sept livres, montent à la raizon de vingt livres, le quintal, suyvant le marché faict, la somme de XXIX livres, VIII soubz.

Plus, le dict jour, a esté payé à Arnauld Vergniaut, Jamme del Bousquet, et à Thony Venent, messagiers, qui ont pourté une carpe à madame la mareschale, à Biron, et une aultre carpe à madame de la Force, et deux anguyles, l'une, à Monsieur Dupont, à Lenbrat, et l'aultre à madamoizelle de la Scignie, à la Rebeyrie, la somme de XXX soubz.

Plus, le vingt cinquièsme du dict moys, a esté payé à damoizelle Anne de la Rivière, damoizelle de la Scignie, pour trente arbres chatagniers, à employer à faire paulx pour la peschère, XLV livres.

 

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Plus, le vingt et septiesme du dict mois, ay payé aux anciens et diacres de l'églize de la présent ville, la somme de cent livres tournoises, pour partye du payement des gaiges, de messieurs les ministres.

 

Décembre

Plus, le cinquièsme du dict mois, a esté payé à Hélies Cathiou, serrurier, pour la facoun des girouettes du cluchier Sainct Jacques, ou pour avoir fourny du fer, à parfaire la dicte besougne, la somme de IX livres.

Plus, le septièsme du dict mois, a esté payé à Jhanot Sargentoun, et Hélies Tilliet, pour avoir charié avec leurs charettes et boeufs, du boys de la Cone, au port de Clautres, pour faire boutons de charettes, pour les canons, et aultres boys pour la ville, V livres, V sols.

Plus, le quinzièsme du dict mois, a esté payé suyvent les jurades précédentes, à M. Urbain de Chauveton, principal au collège de la ville, et ce, pour ung cartier de ses gaiges de principal, qui a commencé le premier jour d'octobre dernier, la somme de cinquante livres; et paréliement, a esté payé à M. Nicoulas Moutanus, Pierre Boursat, et Pierre Lavergne et Bernard Marval, régens au dict collège, la somme de cent livres, pour le cartier de juillet, aoust et novembre

 

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dernier, montent le tout à la somme de cent cinquante livres.

Plus, le dixhuictièsme du dict moia, a esté payé à Huguet Thavers, merchent, pour le areloge, qu'il nous a vendu, qui a esté pozé au clucher de Sainct Jacques de ceste ville, la somme de cinquante et ung escu, trente sols (154 livres 10 sous).

Plus, le vingt et quatrièsme du dict mois, a esté payé à Miquel Barranbon, exécuteur de la haute justice, pour le quartier de janvier, febvrier et mars, la somme de cinquante sols.

 

Janvier

Le vingt et sizièsme du dict mois, le consul, Planteau, paya à Esthiène Ladonel, merchant à Bourdeaulx, pour moy, la somme de dix huict livres tournoises, à cauze de ung quintal neuf livres de mestailh, achetées de luy, pour faire la cloche du collège de ceste ville, laquelle somme, depuis, luy a esté rendue par moy.

Plus, le dernier du dict mois, a esté payé à Jehan Deslanes, pour quarante livres de chandeles, qui a esté prinse de luy, pour la garde de la ville, la somme de douze livres.

 

Février

Le huictièsme du dict mois, a esté payé à

 

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Anthoine de Combes, serrurier, pour avoir gouverné le areloge, sonner le prêche et prières, et la retraite, et ce, pour le quartier de febvrier, mars et avril,, la somme de V livres.

Plus, le seziesme du dict mois, a esté payé à M. Pierre Lavergne, lecteur, pour le cartier de janvier, febvrier et mars, la somme de VII livres X sols.

 

Mars

Le huictiesme du dict mois, a esté payé à Jehan Brugière, l'ayné, ancien de l'églize, la somme de six vingt deux livres (122), dix sols, et ce, pour le payement des gaiges d'un cartier et huict jours, dheuz à M. de Monbaroun, ministre.

Le vingtièsme du dict mois, a esté payé au consul Planteau, la somme de trente et deux livres, pour pareille somme, qu'il avoit payé à Meynot, pour la despence que les ministres du colloque avoint faict ches lui, le mardy, cinquiesme du présent mois, comme il a esté arresté par jurade.

Plus, le trentiesme du dict mois, a esté payé à Jehan Tamarelle, masson, pour avoir baty la troizièsme classe du collège, de la dicte ville, à pris faict, et la facoun des aultres deux classes, du dict collège, qu'il avoit baty auparavant,

 

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moyenant la somme de sept escutz et ung tiers, que le dict Tamarelle a receue, cy XXII livres.

 

Avril

Le seziesme du dict mois, a esté payé à Jehan Estay dict Lhéritier, merchent de Limeuilh, la somme de vingt et trois escutz cinquante cinq sols, pour payement d'un quintal et quatre livres de poudre, achetée du dict Estay, et pourtée, aujourd'huy, dans la maison commune de la dicte ville.

Plus, le vingt et deuzièsme du dict mois, a esté payé à Arnauld Gros, nostre serviteur, la somme de six sols, tant pour une demye livre de graisse vieillie, que pour ung pot de terre, pour oindre les thourilions des ponts levis de la porte Lougadoire, ou goufs de la dicte porte, ou pour ung demy quart d'huile d'olif, pour engraisser les serrures des portes de la ville, VI sols.

Plus, le vingt troizièsme du dict mois, a esté payé à Jehan Daniel, forbisseur, pour dix et neuf feuilles d'or, qui sont estées employées à paindre les armories de M. de Sainct Giniés, la somme de LIV sols.

Plus, le dict jour, a esté payé à Jacques Poieze, maistre orfèvre, la somme de trois livres, pour avoir trassé les armouryes de Messieurs de Turenne, et de Badefou, au collège,

 

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et painct, d'or et d'azeur, celles de M. de Badefou.

Plus, le vingt et cinquièsme du dict mois, a esté payé à Saurin, pour du vermillion, et serruse, qui a esté prinse de luy, pour estre employée aux armories de M. de Badefou, au collège, la somme de dix sols.

Plus, le dernier jour du dict mois, a esté payé au consul Planteau, pour achepter les prix du collège, qui doivent estre distribuées demain, qui sont: ung nouveau testement grec et latin, et ung chapeau, et des escriptoires, la somme de X livres.

 

Mai

Plus, le second du dict mois, a esté payé à maistre David Gerauld, dict Maintenon, régent de la cinquiesme classe, en déduction de ses gaiges, la somme de quinze livres, deux sols, six deniers.

Plus, le dict jour, a esté payé à M. Cacaud, pour la moitié d'un lard, qu'il nous a vendu, et au syndyc de la bourse commune des merchens pour envoyer à Bourdeaulx, suyvent ce que a esté arresté entre nous, le cinquièsme de ce mois, la somme de IX livres IV sols. (1)

 

(1) A chaque procès, que la ville avait à soutenir, les consuls envoyaient au président, ou aux juges, du Parlement de Bordeaux, un lard, c'est-à-dire, tout ou partie d'un cochon gras. L'expression graisser la patte, ne viendrait-elle pas de cet usage?

 

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Le trezièsme du dict mois, a esté payé à Mathieu Pinot, ancien de l'églize, pour estre allé cercher M. Lambert, ministre de la parolle de Dieu, à Ste Foy, pour la despence qui a esté faicte, la somme de IV livres XV sols.

Plus, le quinzièsme du dict mois, a esté payé au consul Conseilh, pour aller au colloque à Monravel, pour les despens qu'il a faictz, tant pour luy que messieurs de Moulin et Penot, ministres de la parolle de Dieu, et Moyse Martin, ancien de l'églize, la somme de XXIV livres V sols IX deniers.

 

Juin

Le sizièsme du dict mois, a esté payé à M. Peynot, ministre, la somme de soixente et quinze livres, pour avoir servy, deux mois, l'églize d'este ville, avec M. de Molin.

Plus, le Xme du dict mois, a esté payé à Pierre Poutye, fondeur, à cauze de dix et sept boullets d'artilerie, pezens quatre quintaulx, soixante livres et demyes, pour le pris de trente et quatre livres, dix sols, neuf deniers; lesquels boulets sont estés pourtés à la maison de la ville.

 

p. 281

Plus, le dict jour, a esté payé à M. Moulin, ministre de la parolle de Dieu, pour ses gaiges de deux mois, mars et apvril, qu'il nous a prêché la parolle de Dieu en ceste ville, la somme de soixente et quinze livres.

Plus, le dict jour, a esté payé à Gény Breu, pour estre allé en Limouzin, pourter de nos lettres a M. de Lafaye, ministre de la parolle de Dieu, pour voir si nous le pourrions retirer à nostre églize, la somme de trois escuz.

Plus, le douzièsme du dict mois, a esté payé au consul Planteau, la somme de trèze escuz deux tiers, trèze sols, neuf deniers, à cauze de vendition de huict grosses balles, et moyenes, d'artilerie, et cinquente, de petites, pezent trois cent trente et trois livres et demye, lesquelles sont esté pourtées à la maison de la ville.

Plus, le trézièsme du dict mois, a esté payé au sire Jéhan Eyma et Duclos, la somme de cinq livres quinze sols, pour trente et deux livres de métailh, qui sont esté acheptées, pour faire une petite cloche, pour le collège.

Plus, le quinzièsme du dict mois, Messieurs de Belrieu, lieutenant particulier, de Peyrarède, advocat du roy, Trellys, syndyc, Dupuis, consul et Arnauld Gros, serviteur de la ville, avecques trois laquès, sont partis pour parler à monseigneur le mareschal (1), à Saincte Foy; auquel

 

(1) Maréchal de Matignon.

 

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voyage, a esté despendu la somme de XVII livres, VIII sols, II deniers.

Plus, le sézièsme du dict mois, a esté payé à Pierre Pastourel, la somme de quinze sols, pour avoir batu le tambour, pour assembler les souldats, pour aller audevent de M. le mareschal de Matignon.

Plus, le dix et septièsme du dict mois, a esté payé à Mounet Loche, pour dix pots de vin et quatre sols de pain, qu'il bailla, pour la collation de messieurs les officiers et consuls, ensemble plusieurs notables habitens, qui estoient sortis pour aller audevent de M. le mareschal, la somme de XXIV sols.

Plus, le dict jour, suyvent les mendemens de M. le syndyc, a esté ballié à Anthoyne Delort, et Pierre Vidal, dict Tatau, courdiers, pour faire des traictz, pour monseigneur le mareschal, pour mener les canons, la somme de vingt escuz, comme appert par quitance de la F... commissaire de l'artilerie, et que je ne peu recouvrer les dicts vingt escuz, du dict commissaire, synon douze escuz seulement, en présence du consul Dupuy.

Plus, le dix et neufvièsme du dict moys, a esté payé à Françoise Duclau, pour ung panier de sirizes, qui a esté donné à la collation des souldatz, qui se sont trouvés à l'arrivée de M. le mareschal, la somme de VI sois.

Plus, le vingt et unièsme du dict moys, a esté

 

p. 283

payé au consul Conseilh, la somme de cinq sols, pour l'achapt de une aune de passeflour, pour attacher les clefs de la ville, lors qu'elles furent présentées à M. le mareschal.

Plus, le vingt et quatrièsme du dict mois, par commandement de M. le mareschal, avons achepté huict pales de boys, quatre hachescoulx, trois fausets à couper bois, six bigots, pour ballier aux pioniers, qui alloint audevent du canoun, pour accomoder les chemins, la somme de VIII livres, XVI sols, VI deniers.

Plus, le dict jour, a esté payé à Jehan Cheyssac, pour avoir mené du port en la maison de la ville, six barricques de poudre, de M. le mareschal, la somme de XVI sols.

Plus, le vingt et sixiesme du dict mois, a esté payé à Petit Chausidou, Pierre Lenglade, Hélies Teysendié et Jéhan Vincens, pour avoir monté, par eau, ung canon, pour le commendement de M. le mareschal, jusques à St Grapazy, (St-Capraise) la somme de XXIV sols.

Plus, le vingt et neufvièsme du dict mois, a esté ballié à Fourton Queillie, pour conduire les martinets de M. le mareschal, jusques à Lalinde, la somme de XII livres.

Plus, le dict jour, a esté payé à Jéhan Bouyer, pour demy barricque de vin, qui a esté balliée aux batelliers, qui ont appourté, dans ung bateau, de l'atelage de l'artillerie de M. le mareschal,

 

p. 284

depuis la présent ville, jusques au lieu de Mauzac, la somme de V livres VIII sols.

 

Juillet

Plus, le second du dict mois, a esté payé au consul Dupuy, pour quatre barricques de vin, qu'il a ballié, la somme de quarente livres, et à Hélies Fonmartin, pour une barricque de vin clairet, dix livres, et à Jéhan Fourmis, pour une barricque de vin blanc, dix livres, et à Jéhannot Gros, pour une aultre barricque de vin blanc, dix livres; tout le dict vin employa pour messieurs le mareschal de Matignon, séneschal de Périgord, et aultres de leur suyte, montent le tout à la somme de soixente et dix livres.

Plus, le huictiesme du dict mois, a esté payé à Berthomieu Lespine, Jéhan Labonne, Jéhan Simounet, Jéhan Vertalot et Jéhan Lessalloir, bateliers, la somme de dix livres, pour avoir employé onze journées, à conduyre les martinets de M. le mareschal de Matignon, jusques au port de Ciurac (1), X livres.

Plus, le dizièsme du dict mois, a esté payé à M. Lambert, ministre de la parolle de Dieu,

 

(1) Siorac, commune, petit port sur la Dordogne.

 

p. 285

pour ung quartier qu'il a servy, en l'églize d'este ville, la somme de CXII livres X sols.

 

Budget

Recettes: Douze mille sept cent quatre livres, six sols et cinq deniers.

Dépenses: Onze mille six cent dix-sept livres, deux sols et trois deniers.

 

La lecture de ce livre de comptes, montre que les consuls activaient, autant qu'ils le pouvaient, la démolition des couvents de la ville, dont les matériaux étaient employés à diverses réparations: mur d'enceinte, collège, fort de Bellegarde, brèche de Minard, fort de Bourbaraud, pont, clocher de Saint-Jacques, maison du bourreau, etc. Ils achetèrent aussi durant le cours de cette année une assez forte provision de salpêtre.

 

Cahier jaune n° 1, p. 17:

Dans un article de M. Michel Dupuy, on trouve:

 

« Les villes de Périgueux, Bergerac et Sarlat, avaient le privilège d'envoyer, chacune à leur tour, un syndic, qui, pendant trois ans, présidait et dirigeait les travaux des trois Etats du Périgord. Ce privilège fut enlevé en 1590 à la ville de Bergerac, par la ville de Périgueux. Voici ce que nous trouvons dans nos archives:

 

p. 286

Aussy vous remonstrent, que, par la coustume de tout temps observée, par les trois Estats du pays de Périgord, qui se tiennent de neuf ans en neuf ans, pour les affaires du dict pays, ils font ung syndicq général pour les trois Estats, dont l'ung est prins de la ville de Périgueux, l'autre de Sarlat et l'autre de Bergerac, lesquels, chacun d'eulx, l'ung après l'autre, durant troys ans, exercent et font la charge et fonctions de syndicq général, pour les trois Estats, durant les dicts trois ans. Et combien qu'à présent, celluy de Périgueux et celui de Sarlat, ayant chacun d'eulx exercé et faict leur charge, durant les dicts trois ans, et que celui de Bergerac soit en son rang, néantmoings, on ne lui veult permettre de faire la dicte charge, ains au contraire, en a esté esleu ung nouveau de la ville de Périgueux. »

Périgueux profita de sa position aux Etats du Périgord pour surcharger d'impôts la ville de Bergerac; nous trouvons, dans la même remontrance:

 

« Semblablement, remonstrent, que le siège de l'élection de tout le pays de Périgord, est estably en la ville de Périgueux, et en laquelle les esleus font la résidence, par le moyen de quoy, et par la hayne qu'ils portent à ceux de la ville de Bargerac, et ressort d'icelle, à cause qu'ils sont de la religion réformée, les cottizent et

 

p. 287

imposent de troys deniers ung, combien que, de toute ancienneté, le ressort d'icelle ne soulloit porter que de neuf deniers ung. »

 

Lettre du maréchal de Matignon (Bte 6. Lse 32, 2me paquet.)

 

« Messieurs,

J'ay receu vostre lettre, et vous remercye bien fort, de vostre bonne affection. J'envoye ce porteur exprez, pour recevoir et faire payer comptant, les deux cens balles (1) que me mandez, lesquelles je vous prie luy faire délivrer promptement, et l'assister de ce que pourrez, en ce qu'il les puisse seurement conduyre, jusques à Castillon; et, si vous vouliez tant faire, pour le service du roy, que d'en fournyr encore une centayne, vous accomoderiez nos affaires, et ce présent porteur satisfera au tout. Je vous en prie donc, et de croyre, qu'en ce que j'aurai moyen de m'employer pour vous, ce sera avec aultant d'affection, que je me recommande à vos bonnes graces, et prie Dieu vous donner,

Messieurs, en santé, ce que désirez,

De Bordeaux ce IX novembre 1590.

Vostre entièrement bon et affectueux amy,

Matignon. »

 

(1) Boulets de canon, que le maréchal de Matignon avait fait demander aux consuls.

 

p. 288

« A cause de la difficulté des chemins, ce présent porteur ne s'est peu charger de l'argent, mais le sieur Martin vous escript, pour le faire bailler de della, surquoy je vous prie vous asseurer. »

 

(Bte Q. Lse 7.)

Lettre de madame de la Force, avec les nouvelles qu'elle a receu de M. de la Force estant à Thiviers, (Sans date.)

 

« Messieurs,

Je vous ay voulu faire part des nouvelles, que j'ay aprins, de Monsieur de la Force, que ce présant pourteur m'a portées. Il me mande que leurs affaires ne scauroyent aller mieux, Dieu mercy, pour leurs moyens; qu'ilz ont prins beaucoup de bons lieux, et fort heureusement. La dernière place a esté la maison de la Martonnye, et le prieuré de Sainct Jéhan Lescole (1), qui est à l'évesque de Lymoges, le tout a esté remys en l'obéissance du roy, et, pour l'entretenement des troupes, bailhiés quatre mille escutz, de quoy ils ont bailhé de bonnes cautions; que le lieu de Thiviers, où ils sont, est aussy bien asseuré; monsieur d'Aubeterre

 

(1) St-Jean-de-Cole, commune du canton de Thiviers. Prieuré conventuel de l'ordre de Saint-Augustin.

 

p. 289

y a laissé une bonne garnison, il s'en alla devant à Sainct Pardou la Rivière (1), qui s'est aussy randu. Monsieur de la Force partoit pour s'y acheminer, et ne me peult résouldre de ce qu'il abviendroit, car ils sont fort pressés de soliciter, de Messieurs de Lymoges, d'attaquer Chalus (2) avec offre de nous assister de force moyens. Monsieur de Vauguyon, et Monsieur de Chambret, s'y employent fort. Voila tout ce que j'apprends. Je vous envoyé, aussy, ung discours, des nouvelles qu'il a prinses de France; sy vous voules escrire, j'y renvoye ce messager, demeurant,

Messieurs,

Vostre plus affectionnée à vous servir,

Ch. de Biron  »

 

« Nouvelles de France,

Monsieur de la Force a aprins, par monsieur de Sainct Mathieu, qui a veu une lettre, que Monsieur d'Espernon venoit de recepvoir, de l'armée du roy, dactée du neufviesme may, qui porte que le duc de Palme (3) est malade à la mort; que sa maiesté le tient comme assiégé

 

(1) Chef-lieu de canton, arrondissement de Nontron.

(2) Ville du département de la Haute-Vienne.

(3) Alexandre Farnèze, duc de Parme, blessé mortellement devant Caudebec en 1592.

 

p. 290

auprès de Codebec, que le dict duc print par composition; le roy a combattu et desfaict son avant garde, conduite par messieurs de Vinsi et d'Aumale, où le baron de la Chatre a esté prins, et troys ou quatre cens de thués, et le huictiesme de ce moys, sa majesté fit attaquer troys mille Espagnolz, qu'ilz avoient logés dans Amiens, à la teste de leur armée; ilz furent forcés dans leur retranchemens, et y en demeura huict cens sur la place. L'armée des ennemys est en très grand nécessité de vivres, de sorte que le roy a résolu de ne les combattre point, et a prins ung lieu, fort d'assiette, pour les temporiser, estant fort difficille qu'ilz puissent eschapper, et font tous leurs effortz, pour faire ung pont à batteaux, devant Caudebec; mais il leur est impossible. Voyla ce que j'ay aprins de ceste part là. J'ay veu ung petit livre, imprimé à Tours, en dacte du huictiesme de ce moys, qui porte mesmes mots; nous attendons, en bonne dévotion, la nouvelle du gaing de la batailhe, sur le duc de Palme, qui est sy pressé par le roy, qu'il ne s'en peult desdire; il luy a faict quicter troys champs de batailhe, et troys logis, et a mis sont avant garde en desroute, prins le baron de la Chatre et le gouverneur de Dreux, ung cappitaine Espaignol et plusieurs aultres, ce na pas esté qu'il n'en soit demeuré plusieurs sur la place; ilz ont fuy demy lien, et jusques au retranchement du gros de leur armée,

 

p. 291

qui est dans ung village et ung boys. Le roy est résolu de le forcer, il est plus fort que le duc de Palme, et, tous les jours, son armée se renforce. Ce qui a esté mis sy dessus, a esté escript à Monsieur d'Espernon, et est venu, despuis, mais l'ung confirme l'autre» »

 

 

1591-1592

Les jurades de cette année n'existent plus; seul le litre de compte s'est conservé; nous y relevons ce qui suit :

 

Recettes diverses

Faict recette le dict Dupuy, consul et bourcier, sus dict, présant comptable, à la charge de reprinse cy-après, de la somme de mil trèze livres, ung sol, à laquelle monte les affermes faites des doumaines et revenus, appartenans à la communauté de la dicte ville, de Bergerac, à

 

p. 292

plusieurs et diverses personnes, ainsi qu'appert, par le procès verbal, fait des dictes affermes, en dacte du vingt sixiesme jour du dict moys de jullet, mil cinq centz quatre vingt unze, signé Valeton, notaire royal et clerc de la dicte ville.

Parmi ces affermes, nous trouvons, que l'afferme du péage de la Mérilhe, fut affermé 7 livres 5 sols, le droit de la marque du vin, 36 livres; le droit des pougézes, 240 livres; le droit de boucle ou attache des bateaux étrangers, 33 livres; le droit de pontonage, 396 livres; l'imposition sur les chairs, 93 livres; le droit prélevé sur ceux qui roulent, sur le pont, le vin ou autres sortes de marchandises, du poids d'une barrique, 7 livres 11 sols, etc. etc.

Aussi, faict le dict comptable, recepte de deux centz livres, qu'il a receu du trézorier d'Albret, ou recepveur de Gensac, en déduction du don, que le roy a fait au collège de la présant ville.

Aussi, fait recepte, le dict comptable, de la somme de cent livres, qu'il a receu du seigr de Badefoul.

Aussi, fait, le dict comptable, recepte, de quinze escutz deux tiers, qu'il a receuz de la vendition du cheval que M. Boust, ministre, en ceste esglize, mena lorsqu'il vint, comme appert par le procès verbal fait par Lespinasse.

Aussy, fait le dict comptable, recepte de la somme de sept mil cent quarante cinq livres,

 

p. 293

huict solz, unze deniers, qu'il a receu du droit, qu'on leve sur le sel et sur toutes autres marchandises, qui sortent de la présent ville, durant l'année de son consulat, qui commença, comme dit est, le vingt deuxiesme jullet, mil cinq centz quatre vingtz unze, et finit au vingt uniesme jullet, mil cinq centz quatre vingt douze, comme apert, par le livre journalier, fait à la recepte des dicts droitz, suyvant les patantes du roy.

Plus, fait recepte, ce comptable, de la somme de mil six escutz, unze solz, revenant à troys mil dix huit livres trois solz tournois, qu'il a recue des habitants de la présent ville de Bragerac, à raison de la tailhe ou imposition, sur eulx faite, suyvant l'acte de jurade du second de novembre, mil cinq centz quatre vingtz unze, pour estre employé aulx affaires nécessaires au siège de Castilhonnès.

Plus, fait, le dict comptable, recepte de trente troys escutz ung tiers, revenant à cent livres, qu'il a reçue du prieur de Sainct Martin, de la présent ville de Bragerac, pour icelle estre employée au payement des pasteurs et ministres de la dicte ville.

Plus, fait, le dict comptable, recepte, de vingt deux livres dix sols tournois, qu'il a aussi reçue du curé de Sainct Jacques de la dicte ville, pour estre employée à l'entretenement des dicts sieurs ministres.

 

p. 294

Dépenses diverses

Plus, le mesme jour (26 juillet), à Bertrand Eymond et Pierre Nouzilles, pour avoir porté à M. de Poyane qu'estoit logé à Lamongie de Moncuq, douze pains blancs, deux levrauds et six potz de vin, ou pour leur despens et salaire, III livres VI sols.

Et le vingt huitiesme du dict moys, à Bertrand Bounilhaud, pour avoir couvert le dict clocher Sainct Jacques, VIII livres.

Et le second aoust, pour ung trébuchet, pour pezer l'argent de la cause, XV sols.

Et le cinquièsme du dict moys, à M. Claude de Ville, comme diacre de ceste église, dix livres deux sols et six deniers, pour la despence que Messieurs Lambert et Sainct Loubès, ministres, et luy, ont faite pour se trouver au colloque, à Saincte Foy.

Et le sixiesme aoust, à Jehan Chassagne, pour avoir conduyt dans ung petit bapteau, Messieurs les ministres et antiens, au colloque de Saincte Foy, cent sols.

Et le septiesme du dit moys d'aoust, à M. Bernard Marval, pour ses gages d'advertisseur du consistoire, et faire les prières publicques du matin, VII livres X sols.

Et le quatorziesme du dict moys d'aoust, à Francoys Bourdailhac, et Jéhan Chassaing, quatre livres, pour avoir monté une gabarre, et

 

p. 295

passer la troupe de M. de la Force à Moledier, et pour en avoir descendu une aultre, aux Matagotz, passer des arquebuziers de Saincte Foy, qui nous venoient assister, contre les ennemis, qu'avoient entreprinse sur ceste ville, IV livres.

Et le vingt troysièsme du dict moys, à Estienne Vergnole, maistre maçon, troys centz troys livres, en déduction du pris fait, de faire le pas de Villac de Dourdougne, en arceau de piarre, comme apert par contract du dict jour.

Et le vingt huictièsme du dict moys, seze livres dix sols, à Arnaud Vergnault, messager, pour porter une lettre à madame, soeur du roy, à Pau, et d'aultres lettres, en Béarn, à M. Boust, ministre, comme appert par mandement.

Plus, le mesme jour, septiesme septembre, sept livres dix sols, à M. Pierre Lavergne, lecteur, pour un cartier de ses gages.

Plus, à Peyrichon Laurent, cent livres seze sols, pour vingt quatre pipes chaulx, employé à la réfection de la murailhe, despuis la Lougadoyre, à Bourbarraud.

Et le neufvièsme septembre, cinquante sols, pour douze potz et demy de vin, envoyés à M. d'Aubeterre, qui estoit en ceste ville.

Plus, vingt six sols, neuf deniers, à Jehan Fougeyrou, Bernard Gros, Anthoyne, le sonneur, et un messager, scavoir: au dict Fougeyrou, neuf sols, pour cinq picotins avoyne, à

 

p. 296

Bernard Gros, huit sols pour deux potz de vin, donnés au baron de Merville; au dict Lescombes, six sols, pour avoir de l'olif, et pour avoir sonné deux jurades, et au dict messager, troys sols, neuf deniers, pour avoir esté cercher le capitaine Barrière, pour conduyre M. Loyseau, à Biron, pour penser M. de la Force.

Plus, le mesme jour, dix huictièsme septembre, à David Faulchier, et Jéhan Batifoul, pour porter une lettre à M. de Panissaud, pour une mesure avoyne, ou pour foncer deux barriques de pouldre, vingt huit sols, quatre deniers.

Plus, le mesme jour, vingt quatrièsme septembre, vingt deux livres dix sols, à Guilhem Cousy, Ferriol de Lespinasse, Jehan Meymé, baptelliers, et à Jehan Batifol, pour avoir conduyt M. le mareschal, arquebuziers de ses gardes, lansquenetz et meubles du dict sieur mareschal, et de M. le présidant Nesmont, ou pour deux grands pains, bailhés aus dicts baptelliers, jusques à Saincte Foy, dans ung bapteau.

Plus, quatre livres, quinze sols, neuf deniers, à Jéhan Lacombe, l'ayné, pour douze potz de vin, bailhés au dict sieur mareschal, ou pour luy dresser une tante, dans le dict bapteau.

Le second du mois d'octobre, sept sols six deniers, à Miquel (1) pour avoir nettoyé les tours et murailhes de ladicte ville.

 

(1) Miquel était le bourreau de la ville.

 

p. 297

Et le dixièsme du dict mois, à Guilhem Rousy, pour estre allé avec sa gabarre, à Prigondrieu, passer madame la mareschalle de Biron, XX sols.

Et le dix huitièsme du dict mois, troys livres troys sols huit deniers, au consul Pauly, pour avoir frayé aux manouvres et gabarriers, qui passoient le canon de M. d'Aubeterre.

Et le vingtièsme du dict moys, cinquante cinq sols, six deniers, aulx consuls Castanet et Fonmartin, pour la despance, par eulx faite, aux boyers et manouvres, qui conduyrent le canon de M. d'Aubeterre, despuis le grand port à la place Sainct Jacques.

Et le vingt huitièsme du dict mois, soixante quinze livres à M. Lambert (1), pour le service qu'il fit en ceste église, durant deux moys.

Plus, à M. de Sainct Loubès, ministre, cent douze livres et demi, pour ung cartier de ses gages.

Et le second du dict mois de novembre, unze livres dix sols, à Pierre Bordes, pour dix sept cents tuylles platz, employés à couvrir le pont de Dordoigne.

Et, le dixièsme du mesme moys, au dict Queilhe troys livres, pour certains voyages, à

 

(1) Lambert était ministre de Ste-Foy.

 

p. 298

conduyre la pouldre et pain de munition, à Castilhonès.

Et la quatorzième du dict moys, vingt cinq escutz, à Jéhan Simon, baptelier, pour l'afferme de son bapteau, pour conduyre l'attelage, balles et munition du canon, de M. le mareschal, jusques à Libourne.

Plus, trente escutz, à Jéhan Couderc, pour conduyre l'artillerie de M. le mareschal, jusques à Libourne.

Et, le septièsme du moys de décembre, cent escutz à Jéhan Tamarelle, maistre maçon, pour avoir réparé la murailhe de la présent ville, de la Lougadoyre jusques à Bourbarraud, et fait le contenu du contrat de prix fait, receu par Valeton, notaire, le trentièsme jullet dernier.

Et le premier de janvier, mil cinq centz quatre vingtz douze, six livres dix sols, à Jéhan Desplas, pour la despence, faite par M. Lambert, durant sept jours, qu'il demeura en ceste ville, pour prescher, durant la semaine, avant célébrer la Cenne.

Et le sixième du dict moys de février, à Pierre Poumeau, quatre livres quinze sols, pour quarante sept livres et demi fer, pour faire un cercle à la meule courante, mestural, du molin, qui s'estoit rompue.

Et le premier du moys de mars, dix escutz à Imbert Deschamps, pour la despance que M. de

 

p. 299

Saint Loubés, ministre et luy, firent pour aller au synode, à Cleyrac (Lot-et-Garonne).

Et le cinquième du dict moys, sept livres dix sols, à M. Bernard Marval, pour ung cartier de ses gaiges, de dire la prière publicque, du matin, et d'advertisseur du consistoyre.

Et le vingt neufièsme de mars, vingt neuf livres à Henry de la Blétonnière, paintre, pour la painture de la monstre de l'orloge de Saint Jacques.

Et le vingt troisièsme du dict moys d'avril, à MM. les régens de la présent ville, pour leurs gaiges de la présent année, troys centz livres.

Plus, le trézièsme de may, ay distribué aux mosniers, onze pipes mesture, pour les mouldre, pour faire des pains, et les distribuer aux pauvres le jour de la Peantecouste, suyvant l'ancienne coustume.

Et, le sezièsme du dict moys, vingt huit sols, à sept hommes, qui ont travaillé à porter boys, et faire les pontz, pour faire sortir les pauvres, et porter des pipes, et aultres boys, à fermer les advenues, et rues, pour faire plus aysément passer les pauvres à la distribution du blé sus dict.

Et, le dix septièsme du dict moys de may, vingt six livres, pour le festin, fait, suyvant la coustume, en la maison de ville, à MM. les magistratz et consulz, qui ont vacqué, tout le jour, à distribuer les pains de la charité aux pauvres.

 

p. 300

Plus, le premier du moys de juin, à Jéhan Eyma, antien en l'esglise de ceste ville, unze escutz à quoy monthe la cotité d'este ville, pour payer à M. Lambert, pour le voyage que son fils a fait en court, à poursuyvre l'entretenement des pasteurs de ceste province.

Et, l'onzièsme du dict moys de juin, à Jéhan Eyma, antien de l'esglise de la présent ville, pour la despance faite par MM. les ministres, au colloque de Saincte Foy.

Et, le vingtièsme du dict moys, à Meric Morteau, et Andrieu Valete, trente deux sols, pour deux journées chascun qu'ils ont exposées à tirer de la bricque du Saint-Esprit, pour la ville (1).

 

(1) La commanderie ou hôpital du Saint-Esprit, se trouvait en dehors des murs d'enceinte, au Nord-Est de la ville, et un peu en arrière de l'angle, formé par le cours du Caudeau, et la dérivation, qui, actuellement, longe le fond du Jardin Public.

Le 20 janvier 1416, Peyre Donzel, donna, par contrat, au commandeur du Saint-Esprit, une maison, sise dans la ville, près la Font-Balquine, pour en faire un hôpital, pour les pauvres, moyennant qu'il lui ferait dire une messe tous les vendredis. (Elie de Biran.)

Quelques années après, l'hôpital du Saint-Esprit fut transféré dans cette maison, et y resta, jusqu'au jour où le représentant du peuple Lakanal, en mission à Bergerac, en ordonna le transfert, pour cause d'insalubrité, dans la maison des Dames de la Foi où il est encore aujourd'hui, rue Neuve d'Argenson.

 

p. 301

Et, le vingt quatrième du dict moys de juin, à M. Daix, pour le louage de sa maison occupée par M. de la Force, dix neuf livres, neuf sols, neuf deniers.

Et, le septièsme du dict moys de juillet, à Jéhan de Lespinasse, sergent royal et trompete de la dicte ville, pour ses gages de la présent année, soixante quatorze livres, scavoir: quinze escutz en argent, et cinq aulnes d'estamet bleu et rouge, vallant vingt sept livres dix sols, pour la robe et chausses, et trente sols pour un paire de soliers, le tout revenant à la dicte somme.

Et, le sezième du dict moys, à Mousqueterou, maistre sarurier de la Linde, qui est venu, exprès, en ceste ville, pour poser la monstre à l'orloge Sainct Jacques, et forger la verge de fer qui fait tourner la main, que marque les heures, sept livres douze deniers.

 

Budget

Recettes: Doute mille huit cent soixante-cinq livres, dix-sept sols et quatre deniers.

Dépenses: Onze mille cinquante et une livres, quatre sols et neuf deniers.

 

Ce présent compte a esté ouy, examiné, et,

 

p. 302

despuis, cloz et arresté, par Nous Jéhan Eyma, receveur du taillon, pour le roy, en Périgord et greffier de la ville de Bragerac, et baillage d'icelle, François Gillet et Jéhan de Mathieu, procureur et sièges royaulx de la dicte ville, Mathurin Peyrarède, François Valleton, Jéhanot Gros, Bertholmieu de Fonmartin, Bernard Conseil et Jéhan Augeard, bourgeois de la dicte ville, commissaires, à ce, depputtez, par Messieurs les maire et consulz d'icelle ville, en vertu du pouvoir, à eulx, sur ce, donné, par acte de jurade, du vingt cinquiesme juillet dernier, mil VC quatre vingt douze.

(Suivent les signatures de ces commissaires.)

 

Les fonds promis par le roi de Navarre en faveur du collège se faisaient, quelquefois, attendre; nos consuls, aussitôt, s'empressaient d'écrire à tous ceux, qui, d'après eux, pouvaient avoir une certaine influence, sur le Béarnais. Voici la réponse faite à une de leurs lettres:

 

« Letre de madame, seur du roy, touchant la dotation du collège.

(Bte Q. Lse 29.)

 

« Messieurs les consulz,

Encores que j'aye escript, il ny a guères, aux gens de mon conseil, estably à Nérac, de vous faire paié les arréraiges dont vous me parlez,

 

p. 303

par vostre lettre, et que je sois assurée que ny feront faulte; si est ce, que je ne laisse à leur faire, encores, une recharge, et leur mande bien, aussy, qu'ilz vous facent paier, ce qui vous est deu, de l'année courante. Je suis aultant marrie des peines et traverses qu'on vous y donne, que de chose du monde, car, non seullement en cela, mais en toute aultre chose, où je pourré, vous cognoistrez que je suis,

Vostre bien bonne amye,

Catherine.

De Pau le 6me jour d'octobre 1591. »

 

Siège de Castillonnès

 

Nous avons vu ci-dessus, que Bergerac avait fourni certains subcides, des vivres et des munitions, au seigneur de la Force, pour faire le siège de Castillonnès; car les jurats et les habitants de cette ville, avaient, par jurade, tenue le 1er avril 1591, décidé de soutenir la Ligue.

Voici comment ce siège est raconté par J. J. Oscar Boussy, dans sa brochure intitulée « Notice historique sur la ville de Castillonnès », imprimée à Villeneuve-sur-Lot, en 1875.

 

« La mort d'Henri III, assassiné à Saint-Cloud par Jacques Clément, le 1er août 1589, fut le signal de nouveaux désastres. L'Agenais se partagea en deux camps, les uns reconnaissant

 

p. 304

Henri de Navarre pour leur souverain, tandis que les autres embrassaient le parti de la Ligue ou union catholique. La ville de Castillonnés fut violemment agitée. Le peuple et une partie des bourgeois voulaient faire cause commune avec les villes qui s'étaient déclarées pour la ligue; les magistrats et les notables penchaient vers le roi légitime. Les consuls convoquèrent une jurade où furent admis les principaux habitants. C'était le 7 janvier 1590. On ne se prononça pour aucun parti, et l'on résolut de garder une stricte neutralité; il fut arrêté, en outre, qu'on ne laisserait entrer dans la ville aucune troupe de gens d'armes, qu'elle que fut leur bannière, et qu'on attendrait les événements (1).

Mais le maréchal de Matignon, gouverneur de la province pour Henri de Navarre, voulut forcer Castillonnés à se prononcer. Il ordonna à Antoine de la Moissie, seigneur de Veyries, d'aller en prendre le gouvernement. Les consuls lui refusèrent l'entrée. Matignon, furieux, lança de Bordeaux (12 mars) une ordonnance par laquelle il cassait et révoquait les privilèges de la ville, ordonnant qu'à l'avenir on nommerait, chaque année, trois consuls au lieu de six, et qu'ils resteraient deux ans en fonctions.

Dès que la nouvelle en parvint à Castillonnès,

 

(1) Papiers de la famille de Carbonnié.

 

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les habitants se soulevèrent. Jaloux de maintenir leurs privilèges, ils résolurent d'embrasser la cause de la Ligue. Une jurade fut tenue le 1er avril. On y décida, aux acclamations du peuple, qu'on se joindrait aux autres villes de l'Agenais qui combattaient pour la cause catholique. Honorat de Savoie, marquis de Villars, commandant de la province pour l'union, instruit des dispositions de la ville de Castillonnès, lui envoya, aussitôt, en qualité de gouverneur, Christophe de Montalembert, seigneur de Roger, avec deux enseignes d'infanterie, et un cornette de cavalerie, pour conserver à sa cause, cette forte position militaire.

Mais, l'étendard catholique ne flotta pas longtemps sur les tours de la ville. Roger, ligueur fanatique, signala son zèle, pour la cause qu'il soutenait, en jetant les protestants hors de leurs maisons et affermant leurs biens. Il s'empara des châteaux de Cahusac et de Montaut, et en chassa les réformés. Ses violences soulevèrent contre lui, tous les partisans du roi de Navarre, qui appelèrent à leur secours Nompar de Caumont, marquis de la Force, gouverneur de Bergerac, ami dévoué d'Henri, et l'un des plus fermes soutiens de sa cause dans le Périgord.

La Force partit de Bergerac, avec toutes les troupes qu'il put réunir, sous les ordres des capitaines Vivant et Panissaux et arriva devant

 

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le château de Cahusac, le 20 octobre 1591. Il le reprit et y établit son quartier-général. Tous les gentilshommes protestants du pays vinrent l'y rejoindre, avec leurs vassaux, de sorte qu'en très peu de temps, il eut, sous ses ordres, deux mille hommes d'infanterie, cinq cents chevaux et six pièces de canon.

A la tête de ces forces imposantes, il s'approcha de la ville, le 26 du même mois, et, après avoir reconnu la position de la place, et la force de ses remparts, il se décida à faire un siège régulier. Le camp fut placé sur le chemin des justices, à cinq cents pas environ des remparts, au lieu appelé le Roc de Banne. Un fossé, dont il est encore facile de suivre le tracé, défendait le camp et le mettait à l'abri des entreprises des assiégés, du seul côté qui fut accessible, les autres se trouvant défendus par l'escarpement du terrain. L'artillerie, placée derrière le fossé, ouvrit son feu contre la ligne des remparts du côté du couchant. M. de Roger se défendit vaillamment; il tira du fort de la Mouthe deux couleuvrines qu'il établit en batterie en avant de la tour de Reilhac, en dedans de l'arrière fossé du faubourg, et riposta contre les assiégeants, et s'empara d'un de leurs canons.

Le feu durait depuis huit jours, lorsque le fort de la Mouthe tomba au pouvoir des protestants, qui tournèrent les canons contre le

 

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rempart et réussirent à ouvrir deux larges brèches, l'une au nord du fort, l'autre près de la tour. Les habitants, menacés d'un assaut, insistèrent auprès du gouverneur, pour qu'il rendit la place. Celui-ci, voyant bien que la défense ne pouvait se prolonger, capitula le 10 novembre suivant. La garnison eut la vie et les bagues sauves. On sortit, les officiers avec leurs épées, les soldats un bâton blanc à la main, et les protestants occupèrent la ville, qu'ils traitèrent avec rigueur. La Force, voulant conserver au roi cette conquête, frappa la ville et la juridiction d'une imposition de trois mille écus, qui devait servir à réparer, augmenter même les fortifications, et à solder une forte garnison, qu'il y laissa sous les ordres de M. de Brugnac de la Force.

Par lettres patentes données à Saint-Denis, le 29 octobre 1592, Henri approuva en ces termes l'imposition mise sur la ville et chatellenie de Castillonnés.

 

« Henri, Roi etc.;

Le sieur de la Force, etc., a fait remonstrer que la ville de Castillonnès, en Agenois, et les habitants d'icelle, s'étant distraits de l'obéissance du feu roi, et de nous, tenant garnison en ladite ville, et fesant la guerre à nos bons et loyaux sujets, le dit sieur de la Force se serait résolu de la remettre en même obéissance, et

 

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pour ce faire, aurait mis, sus, une armée, et assemblé les gentilhommes et forces du pays, laquelle ville il aurait, enfin, après l'avoir battue à coups de canon, prise et réduite en notre obéissance, le 10 novembre 1591; et, pour l'entretènement des gens de guerre, qui furent mis en garnison en ladite ville, réparer la brèche, et icelle fortifier, d'autant qu'elle fait front et villes de Villeneuve d'Agenois, Agen, Marmande et autres lieux, occupés par nos ennemis, ligueurs et rebelles, le sieur de la Force n'ayant argent ni moyens, aurait été contraint de faire imposer, et lever, la somme de trois mille écus, sur les habitants de la châtellenie, paroisse, et lieux circonvoisins de la dite ville, et affermé les biens et revenus des ligueurs, imposition que le Roi approuve, comme si c'était lui-même qui l'eût faite.

Donné à Saint-Denis le 29 octobre 1592.

Pour le roi, Potier.

Ainsi signé et scellé de cire jaune à simple queue. » (1)

 

Copie de trois lettres concernant le siège de de Castillonnès, écrites aux consuls de Bergerac.

« Messieurs,

Tout présentement, monsieur de la Force

 

(1) Bibliothèque Nationale, Archives de la Force, 1er recueil, page 14.

 

p. 309

m'a envoyé, en toute diligence, en ce lieu de Issigeac, pour entendre de vos nouvelles, et si series arrivé, et m'a commandé, que, si n'esties arrivé, que de vous faire ceste ci, pour vous prier luy envoyer ce que scaves, parce qu'on ne peult jouir des lansquenetz, que premièrement on ne leur aye baillé douze cens escus, qu'on leur a promis, et le dict sieur vous prie fort user de diligence, et, aussi, d'envoyer des pioniers et du pain; je m'asseure que Dieu vous bénira, lequel je prie,

Messieurs, vous donner, en santé, longue et heureuse vie.

Vostre humble et obéissant serviteur. »

Signature illisible.

« Dyssiégac ce 5me novembre. »

 

Lettre écrite en entier par Caumont de la Force:

(Même liasse.)

« Messieurs,

« La pluspart de nos soldatz ne font qu'amener boeufs en vos cartiers, qu'ilz desrobent par deça, si bien qu'au lieu d'estre issy à leur besougne, ilz s'occupent à cela. Je vous prie y avoyr l'oeuil, pour en faire prandre et que nous en puissions fayre chatiement; car, autremant, nous nous trouverons seulz issy. Je vous supplie me fayre tenir, prontemant, l'argent duquel il

 

p. 310

vous plaict m'ayder. Nous avons tousiours des traverses en nos affayres, mesmes que la plus-part des capitenes n'ont point d'afection à ce siège, et ne veulent s'asujetyr à leur debvoir; cela me donne bien de la peine. Nostre artillerie doit arriver ceste nuit; j'espère que toute la diligence que ce pourra, y sera aportée. Je vous prie nous ayder de tout ce que vous pourres, mesme de pain et maneuvres.

Je suis tousiours vostre plus affectionné ami à vous servir,

J. de Caumont.

Du siège de Castillonnès ce mardy matin. »

 

Lettre du même: (Même liasse.)

« Messieurs,

« J'envoye vers vous monsieur de Signac, pour vous faire entendre la résolution, que monsieur d'Aubeterre et moy, avons prinse, pour Castillonnès, sur laquelle je vous prie de considérer l'importance, et combien nous debvons tascher de ne perdre une si belle occasion, laquelle, estant escoulée, ne se pourra recouvrer de longtemps; c'est chose à quoy vous avez, pareillement, intérest; et, outre ce, je  m'assure tant de vostre bonne volonté et affection, quand au service du roy, que ne manquerez d'apporter

 

p. 311

tout ce qui sera en vostre pouvoir; et me remetant au sieur de Signac, je ne vous en diray davantage, que pour vous assurer, que, de ma part, j'y apporteray, en cela, et en tout ce qui vous concernera, toute l'affection, que pourrez espérer, de celuy qui désire vous tesmoigner, en toutes occasions, que je suis entièrement,

Messieurs, vostre plus affectionné amy à vous servir.

J. de Caumont.

A Essigeac ce Xme novembre. »

 

Nous avons déjà vu que Castillonnès capitula le 10 novembre, donc, la lettre qui précède, fut écrite le jour même du la capitulation.

 

Copie de quelques lettres écrites aux consuls de Bergerac par divers.

(Bte Q, Lse 7.)

 

Lettre de Turenne:

« Messieurs,

En continuant la bonne et singulière affection que j'ay tousjours porté à vostre ville, je vous l'ay voullu renouveler et confirmer par la présente, et vous asseurés que j'ay autant de désir de vous aymer et servir, en tout ce que despendra de moy, que vous le scauriez désirer vous mesmes, et ne sera jamais que je ne pourchasse vostre bien et advancement, autant que

 

p. 312

le mien propre, faictes en doncques estat certain, je vous prie, et en asseuré vos concitoyens. Vous me feriez ung singullier plaisir de me mander de vos nouvelles, et seray très aise, quand je scauray que vos affaires iront bien, sy je vous y puis servir en quelque chose, estant près de sa maiesté, où j'espère me rendre bientost, je vous prie croire que je le feray, de toute mon affection, et, sur ceste asseurance, je prieray Dieu qu'il vous ayt,

Messieurs, en sa saincte et digne garde,

A Sedan ce VIIIme novembre 1591.

Vostre bien bon et asseuré amy,

Turenne. »

 

Lettre de M. de la Force escripte du Vigan, en Quercy, avec la coppie de celle qu'il a escript à madame sa femme.

 

« Messieurs,

Vous aurez sceu ce qui s'est passé, par deça, qui est de très grands importance, pour le service du roy, et bien de tout le pays. Je ne vous en escriptz poinct les particularitez; mais vous en scaurez toutes nouvelles, par celle que j'escris à ma femme, vous priant me tenir adverty, de tout ce qui se passera en vos quartiers, et faire tousiours estat de l'affection et bonne volonté, de celuy qui est,

 

p. 313

Messieurs, vostre plus affectionné amy à vous servir,

J. Caumont,

Au Vigan ce 2 décembre. »

 

Copie de la lettre envoyée par ce seigneur à madame de Caumont:

 

« Je vous escrivis, judy au soir, bien particulièrement, ce qui se passoit icy, par messager exprès, je vous envoyé cestuy-cy, craignant que n'ayez receu mes lettres. Il n'est pas croyable le grand effect et l'utilité, qui en pouvoit revenir, si les choses y eussen esté conduicte, comme il failloit; car, sans doubté, il y avoit à nostre mercy, plus de trois cents chevaulx, parmy lesquelz y en avoit bien cent cinquante de service. Il a esté faict roolle de plus de cinquante gentilzhommes, et de trante ou quarante autres portant cuyrasse, et force valletz et équipages, qui s'estoient retirez, là où il y a un chasteau, un bourg et une eglize; ilz se sont tous rendus prisonniers de guerre. J'avois fort incisté, que l'on les obligéatz à ne porter les armes, de certain temps, que le service du roy allast devant toutes choses, car il y avoit un bon nombre des principaulx de leur party, qui les heust fort afféblys, mais toutes choses ont esté fort mal mesnagées.

Il s'est trouvé, icy, tant de personnes désireux

 

p. 314

de leur faire plaisir, contre plusieurs que l'on a faict desrober; tous les principaulx sont esté demandez par les ungs ou les autres de leurs amys, de sorte qu'ilz sont exemptz de rançon, et mis en liberté, pour le moingtz dix ou douze des principaulx. J'en ay dict ce qu'il m'en sembloit, mais je n'a y voallu beaulcoup oppiniastrés, accause que nous ny estions pas dès le commencement; ilz ont voullu incister que M. d'Aubeterre et moy, ny pouvons prétendre aulcun droit, mais enfin ilz y ont acquiessé; toutesfois, nous ny en avont point voullu, et c'est contenté, M. d'Aubeterre, de son frère M. de Sainct Cybart, et moy, de M. de Piedeugès et son frère, desquelz M. de Sainct Maurice m'avoit prié. Tous disent qu'ilz ne se fussent poinct renduz, sans l'appréhention qu'ilz heurent de M. d'Aubeterre et de moy, nous voyant arrivez. Il y a force disputes, et force brouilleries, pour ces buttins; enfin on en est sorty, mais le pis est, que l'on y a perdu quatre ou cinq jours de temps, que je heusse bien désiré, que l'on heust employé à attaquer Roquemodou (1), car je crains que, ce pendant, ilz se seront fort préparés. Nous avons arresté, que l'on yra recognoistre, passe demain, avant que de s'y engager. Tous ces messieurs les prisonniers,

 

(1) Rocamadour, commune de l'arrondissement de Gourdon (Lot).

 

p. 315

se plaignent fort le leurs chefz, et en sont fort desgoutéz, jusques à dire que, si l'on leur eust faict la caurtoisie, entendre qu'ilz n'eussent plus porter les armes pour eulx, enquorre que la plus part ne payent de rançon, si est ce que, de longtemps, ilz ne pourront remettre leurs esquippages. Nous avons de très belles force ensemble, estant plus de cinq cens hommes, armés, et de deux mille cinq cens harquebuziers. Nous sommes, après, à mettre quatre canons en campagne, et ne doubte point quand cella, nous n'emportions Roquemadou, pourvu que l'on y apporte de la dilligence, et surtout de la prévoyance, à faire trouver des vivres, à ce que les pains de munition ne manquent poinct, car c'est un pays fort paouvre. Tous ont promis de ne bouger d'ensembles, que ceste exécution ne fust faicte; quand à moy, j'ay offert de ne me retirer de quatre nuys s'il est besoing, et ay quatre vingts maistres, avec M. de Sainct Légier, et neuf cens arquebusiers. Les ennemys menassent fort d'estre, bien tost, sur pied, pour nous combattre, mais je croy qu'ils ne ny feroient pas, à ceste heure, leurs affaires. Le marquis de Villardz est à Clairmont, et M. de Mompezat, à Carlux. Je vous donneray advis de tout ce qui se passera, nous approchons demain, vers Rocquemadou, en faisant un logis plus avant; l'on m'a baillé cartier à Sainct Germain, qui est à madame de Boissières. J'ay fort

 

p. 316

inçisté, pour n'y aller point, mais ilz ont dit qu'il failloit, donc, qu'une autre trouppe y allast. J'ay un messager vers vous, et désire scavoir de vos nouvelles, et l'estact d'Armand. Vous scaurez à toutes occasions des nouvelles. Sans doubte, si ce qui est icy se maintient ensemble, il y a de quoy faire teste à toute la Guienne. Baisez les mains de ma part à madame de Peyre. Adieu.

Au Vigean (1) ce dimanche au soir. »

 

Lettre du maréchal de Matignon (Bte Q, Lse 7me).

« Messieurs,

Il a pleu au roy, pour subvenir aux frais de la guère, fère ung emprunt, de la somme de quarante mil escus, sur les villes et plat pays de ceste généralité, plus riches et commodes que se pourront trouver. Je vous envoye la commission, pour cotiser, ce qui est advenu à vostre part, et vous prié, ne faillir de le fère payer, promptement, suyvant icelle, priant Dieu vous avoir,

Messieurs, en sa saincte garde.

De Bourdaux ce IVme décembre 1591.

Vostre entyèrement bon et affectionné amy,

Matignon. »

 

(1) Le Vigan, commune de l'arrondissement de Gourdon (Lot).

 

p. 317

Lettre de M. de Biron

(Bte Q, Lse 7.)

 

« A Messieurs les officiers du roy, consuls et habitans de la ville de Bergerac.

Messieurs,

Le désir que j'ay tousjours eu, de vous fère paroistre avec combien d'affection, je me voulois emploier pour vous, m'avoit faict fère ouverture au roy, de transférer le siège présidial de Périgueulx, partie en vostre ville, et partie en celle de Sarlat, sy les habitans s'en fussent renduz dignes; et, pour c'est effect, j'avois donné charge, au sieur le Grenier secrétaire de sa majesté, de communiquer, de cest affère, avec des personnes, propres d'en traitter, et vous en avois particulièrement escript; mais, à ce que j'ay entendu, le dict de Grenier a esté tué; et, par ce moien, l'affère retardée. Vous adviserez, sy est chose, qui vous soit commode, utille et profitable, et vous assurerez que je my emploieray, à la fère réussir, à vostre contentement, d'aussy bonne volonté que je prie le créateur,

Messieurs, vous avoir en sa sainte garde.

Au camp, devant Rouan, ce II janvier de l'an 1592.

Vostre bien affectionné à vous servir,

Biron. »

 

p. 318

Lettre du même:

(Même liasse.)

 

« Messieurs,

Je vous escripvis, il y a quelques jours, comme je vous avois, au précédent, fait aultre despèche, par le sieur le Grenier; et, par icelle, vous donnois advis, de la volonté, que le roy avoit, de transfférer le siège présidial de Périgueulx, en vostre ville de Bragerac, mais que ayant sceu, que le dict le Grenier avoit esté tué, et que les lettres ne vous auroient esté rendues, je vous en donnois encores advis, comme je fay encores, à présent, affin que l'une ou l'aultre de mes despeches, vous estant rendue, vous advisiez ce que vous estimerez estre utile, au bien et augmentation de vostre ville, et que, sy vous estes en volonté, qu'elle soit décorée du dict siège, vous pourvoies d'envoier quelque personnage entendu, de par deçà, pour en fère les poursuittes et diligences, et vous serez toujours assurés que, ce qui deppendra de mon crédit et faveur, ne vous sera espargné, ne en cest affère, ne en aultre, qui vous concerne, pour vous servir, d'aussy bonne volonté, que je me recommande bien affectueusement à vostre bonne grace, et prie le créateur vous donner,

Messieurs, en santé, bonne et longue vye.

 

p. 319

Au camp devant Rouen, ce XIIme de l'an 1592.

Vostre bien affectionné à vous servir,

Biron. »

 

Lettre du maréchal de Matignon:

(Même liasse.)

 

« Messieurs,

J'envoye ce porteur, exprès, vers vous, pour le recouvrement de ce que est advenu à vostre part, de l'imposition de XLm escus (40 mille écus); vous ne fauldres, la présente veue, d'assembler les dicts deniers en toute diligence, et les remetre ez mains du receveur, ou commis, afin que nous en puissions estre, promptement, secourus; et, iceulx, fère employer aux affères, survenuz de nouveau, concernant grandement le service du roy; et, m'assurant, que pour le bon zèlle et affection, que vous portez à l'avancement des affères de sa maiesté, et que ne vouldriez estre cause du retardement d'iceulx, ne vous en diray aultre chose, priant Dieu,

Messieurs, vous donner, en santé, bonne et longue vye.

A Bordeaux ce 1er mars 1592.

Vostre entièrement bon amy,

Matignon. »

 

p. 320

Lettre du même:

(Même liasse.)

 

« Messieurs,

J'envoye le sergent Bertrand, présent porteur, à Lymeuil, pour retyrer les balles à canon, que je y fais fère; je vous prie de l'assister, à la conduyte d'ycelles, en tout ce que sera besoing, priant Dieu vous avoyr,

Messieurs, en sa saincte garde.

De Bordeaux ce dernyer jour de may 1592.

Matignon. »

 

Lettre du même

(Même liasse.)

 

« Messieurs,

J'envoye le sergent Bertrand, pour faire conduire les balles qui sont à Limeil, auquel je vous prie faire bailler des batteaux, pour la conduitte d'icelles, et faire tenir en diligence, les lettres qu'il vous baillera, à Messieurs de la Force et d'Aubeterre, là par où ils seront, priant Dieu vous donner,

Messieurs, bonne et longue vye.

De Bordeaulx ce premier de juing 1592.

Vostre entièrement bon amy,

Matignon. »

 

p. 321

Lettre de Caumont de la Force:

(Même liasse.)

 

« Messieurs,

J'ay esté fort aize de la nomination, qui a esté faicte, de vous aultres, à la nouvelle eslection des consulz, et encores que je soye fort certain, du soin et affection, qu'apporterez au devoir de vostre charge, je ne le ay (lasserai) de vous prier, par ceste cy, de l'avoir en recommandation, et me tenyr averty, souvent, de ce qui se passera, par delà. Quand à l'estat de noz affaires, je vous diray comme monseigr le mareschal est à Domme, et a ses canons logés, prestz à faire batterye. Mais, sur les aviz qu'il a eu, de l'extrême nécessité, en laquelle sont ceulx de dedans le château, n'aiant aucuns vivres, il a différé, pour esparnié autant de munitions; et, aussy, qu'il attant messieurs d'Aubeterre et de Themines (1), qui sont allés au devant de M. de Ponpadour (2), qui ce venoit joindre à l'armée des ennemis, espérant de le combattre; et,

 

(1) Pons de Lausières de Thémines de Cardaillac, chevalier des ordres du roi, sénéchal et gouverneur du Quercy, maréchal de France en 1616, mort en 1627. (Chroniques de Tarde.)

(2) Louis, seigneur de Pompadour, après la mort de son frère aîné Jean, tué devant Mussidan en 1569. (Chroniques de Tarde.)

 

p. 322

à ce qu'ilz ont mandé, ilz l'ont contrainct de se retirer dans ung village, où ilz délibèrent de le forcer; nous saurons, bientost, qu'elle en sera lissue. Ceulx de Gourdon sont esté vers M. le mareschal, et sont en bons termes d'accord. Je suis logé en ce lieu de Salviac avec ma compaignie et mes gens de pied, et d'autant que je suis fort esloigné de Domme, et que la pluspart de nostre armée est passée de délà la Dordoigne, les ennemis ont résolu de me venir attaquer, avec trois pièces de canon, et sont logés à une lieu d'icy; je les attans avec résolution, de nous y bien deffandre, et espère que ny feront leurs affaires. Quant à la lettre que Valleton (1) m'escript, des ransonnemens que font ceulx de Beauregard (2) aulx coutaulx (rouliers) qui viennent à vostre ville, j'en parleray à M. d'Aubeterre, et le prieray de leur escripre, de faire cesser tout cela, affin que les marchans puissent continuer leur trafiq, et je vous prie me donner adviz, de tout ce qui surviendra; et, en me continuant vostre bonne vollonté, vous assurés, tousiours, de la mienne, et de mon entière affection, en tout ce qui vous concernera, et que je vous pourray tesmoigner combien je suis,

 

(1) Valleton était notaire et clerc de la ville.

(2) Petite commune de la Dordogne, à quelques lieues de Bergerac.

 

p. 323

Messieurs, vostre plus affectionné amy à vous servir,

J. Caumont. »

 

M. de Caumont ajoute, lui-même, les quelques lignes qui suivent:

 

« Messyeurs, j'usse bien désiré que nous ussions, un peu plus, dilligentés nos affayres, par deça; à la vérité, un chaqun ny a pas apporté tout ce qu'il debvoyt. J'espère que l'on viendra, bientost, à bout de ce siège, issy, et seray fort soigneux, de solissiter, pour nos quartiers, au partir d'issy, comme monsieur le mareschal m'a promis divenir. Vous aurez, à toutes occasions, de nos nouvelles, comme je vous prie que je sache, aussy, des vostres, sur tout ce qui surviendra. »

 

Le secrétaire ajoute encore:

« Despuis la présente escripte, M. d'Aubeterre est revenu, et n'a rien fait, seulement a attrapé quelques bagages. Présentement M. le mareschal me vient de mander, que les principaulx du chateau sont sortis, pour capituler, et qu'ils l'alleye trouver, n'aiant rien vouleu arrester sans noz avis.

De Salviac ce XXV julliet. »

 

p. 324

Lettre du même:

(Même liasse.)

 

« Messieurs,

« Je ne vous ferez, pour ceste heure, que ce mot, pour vous faire entendre ce qui c'est passé, icy, despuis ma dernière. Lundy au soir, l'on avoit capitulé, avec ceulx du chatenu, qui devoient sortir le lendemain; mais, parce qu'il y entra, ceste nuyt là, quelques hommes de secours, cela les empescha de tenir ce qui avoit esté arresté; que fust cause, que Monsieur le mareschal fist tirer le canon, de sorte qu'aujourd'huy, ilz ont demandé à parler; ce qui leur a esté acordé, et leur fait on la capitulation beaucoup moindre, que l'aultre, et à leur désavantage. Ilz doivent sortir présentement. Je ne say, encore, ce que Monsieur le mareschal décidera, au partir d'icy, mais je le solliciteray fort, de continuer la roulte de deça, pour faire quelque chose pour nous; Latour qui s'en va par delà, vous fera entendre plus particulièrement, ce qui ce passe, et les nouvelles, que j'ay receu de la court, qui me gardera de vous faire ceste cy plus longue, que, pour prier Dieu,

Messieurs, vous donner, en santé, longue vye.

De Domme, ce XXXI juillet.

 

p. 325

« Je vous envoye un discours, qui est de grande importance, et lequel je m'assure vous contentera.

Vostre plus affectionné amy à vous servir,

J. Caumont. »

 

Dans ces dernières lettres, l'année n'est pas indiquée; mais on peut surement dire, qu'elles furent écrites en 1591 (vieux style). En effet, le maréchal de Matignon partit de Bordeaux, au mois de juin de la même année, avec une armée de quatre mille hommes, et quatre pièces du canon, pour venir en Périgord, prendre les forts qui tenaient pour la ligue (Tarde). Le 20 du même mois, ainsi que le prouve le livre de compte de l'année 1590 à 1591, dont nous avons donné, ci-dessus, quelques extraits, nous dit qu'à cette date, le maréchal de Matignon étant à Bergerac, il fut acheté une aune de ruban passeflour, pour attacher les clefs de la ville, qui lui furent présentées.

On y trouve, aussi, les dépenses, faites, pour diverses fournitures de vivres, et de matériel, ou, pour le transport par eau, jusques à Mauzac (1), de son artillerie, qui se rendait au siège de Domme.

 

(1) Commune du canton de Lalinde; lieu où commence le canal latéral de la Dordogne, qui s'étend jusqu'à Tuilière.

 

p. 326

A la page 317 des Chroniques de Tarde, à l'année 1591, on lit:

 

Etant de retour à Dome (1), ses quatre canons sont placés sur le cavailler, faict de nouveau, et les deux du sieur d'Aubeterre, sont logés entre le couvent des Augustins, et le chasteau, pour batre une petite tour, qui estoit à la porte du chasteau, et servoit de flanc à toute la courtine du chasteau, qui regarde la ville. La canon tire de toutes partz, le siège dure trois sepmaines, au bout desquelles les assiégés, frustrés du secours par eux expéré, pressés de faim et faute de munitions de guerre, capitulent et se rendent le dernier de juillet, à condition qu'ilz laissent toute l'artillerie, munitions, enseignes et tambours, et sortent avec l'arquebuse, la mesche esteinte. Et ainsi sont conduitz à Sarlat, par les sieurs de Témines et Aubeterre. »

 

Nous voyons que la date indiquée par Tarde, est exactement la même que celle indiquée par Caumont de la Force, dans la dernière lettre publiée ci-dessus.

En 1593, la ville de Villefranche (2) fut prise

 

(1) Tarde parle ici du maréchal de Matignon, qui pendant que ses troupes travaillaient aux travaux d'approche de la place, était allé attaquer et prendre la tour de Lentis, située entre Salviac et la Vercantière.

(2) Villefranche-de-Belvès, chef-lieu de canton arrondissement de Sarlat; bastide fondée en 1260 par Alphonse, comte de Poitiers.

 

p. 327

par les ligueurs; on lit en effet à la page 320 des Chroniques de Tarde:

 

« Au mois de mars 1593, le capitaine Calvayrac, avec quelques companies de la Ligue, prind Villefranche de Périgord par l'intelligence de quelques habitants. Le sieur de Liobard (2), qui y commandoit depuys que le mareschal de Matignon l'y avoit mis gouverneur, voyant la ville prinse, se sauva dans la citadèle avec quelques habitans. La ville fut pillée et la citadelle vivement assalie. Deux ou trois jours après, le sieur de Mompezat y arriva avec deux mille hommes et une pièce d'artillerie. En mesme temps, les royaux s'assemblent à Montpazier pour venir assister la citadelle, mais ne s'estans pas accordés d'un chef pour commender, se séparent et mandent au sieur de Liobard de quitter, ce qu'il fit, s'en allant à la faveur de la nuit, après avoir tenu bon onze jours. »

 

Nous possédons dans nos archives deux lettres se rapportant à ce siège et dont nous donnons la copie ci-dessous.

La première adressée par les consuls de Montpazier à M. de Boisse, porte la date du 6 mars 1593; elle ainsi conçue:

 

(1) Jacques de Durfort, seigneur de Léobard et de Pestillac.

 

p. 328

« Monsieur,

Nous venons de recepvoir advis tout présentement, que la ville de Villefranche a esté surprinse ceste nuict par les ennemis; une des citadelles tient encores, là où le capitaine Clissac est dedans, la où il est requis de le secourir prontement; de quoy nous vous avons bien vouleu donner advis, pour vous suplier de n'espargner rien pour la conservation de ceste place; vous çavez de quelle importance elle est. Nous vous suplions encores ung coup d'advertir tous vos amys de par delà, et nous obliger de vous en venir tout droict ycy. Nous en avons donné advis à monsieur de Beynac; nous avons toute notre espérance en vous, d'autant que c'est du gouvernement de monsieur de la Force, et ce sera nous obliger particulièrement à nous qui demeurerons,

Monsieur, vos très humbles serviteurs.

Les consulz de Montpazier.

A Montpazier le VIme mars 1593. »

 

La seconde est adressée à M. de la Roque, par M. Escodéca de Boisse; en voici la copie:

 

« Monsieur,

Il nous a fallu quitter la cytadelle de Villefranche, à faulte d'estre secoureus; je mende à monsieur d'Aubeterre de prendre son chemin

 

p. 329

droit à Badeffou. Je vous suplie, au nom de Dieu, de fère tenir ceste lettre à Mussidan, ou fère bailher un cheval frais au Grand Pierre, car cecy requiert diligence, car les ennemis sont forts et viennent droit à nous; croyes moy,

Monsieur, vostre plus assuré amy et serviteur.

Boisse. »

 

De ce jour à l'an 1595, nos archives ne possèdent ni livres de jurades, ni livres de comptes; pour atténuer autant que possible leur perte, nous donnerons diverses copies des lettres écrites aux consuls durant cette période.

Dans la répartition des deniers, que le roy accordait pour les pensions des ministres de la Guyenne, datée du 5 avril 1592, étaient compris les sieurs Feuclas et Bourgadie, ministres de Bergerac, chacun, pour deux cents livres.

Il y avait sans doute quatre pasteurs pour cette année; nos archives ne possèdent pourtant aucun reçu, signé de ces derniers noms.

Désirant obtenir un nouveau pasteur, messieurs de Charon, lieutenant général et Cacaud, sindic et consul de Bergerac, adressent une demande au synode de Clérac. M. Antoine Mermet, modérateur de ce synode, leur répond par la lettre suivante:

 

« Messieurs,

La lettre, qu'il vous a pleu nous écrire, a

 

p. 330

esté leue, et diligemment examinée, en ceste assemblée, laquelle désireroit, de tout son coeur, de pouvoir satisfère à vostre désir, s'il se pouvoit fère, selon Dieu. Mais, nous espérons que, selon la dextérité d'esprit, que Dieu vous a donné, que ayant pesé les raisons apposées à nostre jugement, que vous le prendrez en bonne part; et, comme Dieu vous a constitué en autorité, pour couper chemin à tout ce qui peut altérer la paix et repos, de vostre ville, que vous ne voudriez, pour quelque affection particulière, donner occasion à personne vivante, de penser le contraire, qui nous fait vous prier affectueusement, juger de nous en charité, et vous joindre à nous, en nostre jugement, qui n'est procédé d'aucune passion, comme vous pouvez apercevoir, par ce qu'en ordonne l'église à nostre cher frère, en acquiessant à quoy, pour son bien, vous pouvez beaucoup à l'induire; ce qu'espérant de vous, nous vous supplions croire que nous demeurons,

Messieurs, voz bien humbles frères et serviteurs,

Antoine Mermet,

Adjoint à conduire l'action, en ce synode, et au nom d'iceluy.

A Clérac, en synode, ce 6 mars 1592. »

 

Ne pouvant obtenir gain de cause, au synode de Clairac, les consuls s'adressèrent à M. Dupeyrou,

 

p. 331

de Bordeaux, qui répondit la lettre qui suit:

 

« Messieurs,

Incontinant que j'eu receu celle qu'il vous a pleu m'escripre, je commençay à rechercher tous ceux, que je cognoy estre propres, pour la charge à laquelle les voulez employer. Je n'ay encore peu tirer promesse de personne. J'ay, d'ailleurs, employé plusieurs honestes hommes, pour me faire trouver quelqu'un; il est malaysé d'en trouver de par deça, qui fassent profession de la vraye pitié, et je say que vous n'en voulez pas d'aultres. Dans peu de jour, je vous feray scavoir ce que j'auray peu faire; vous suppliant croire que je ne désire rien plus, que de faire service à vostre république, et à vous; à quoy je seray toute ma vie prest, en disposer d'aussy bon coeur, que je vous suis,

Messieurs, vostre très humble et obéissant serviteur.

S. Dupeyrou,

Bourdeaux ce 9 avril 1592. »

 

Lettre de M. de Caumont: (Bte B. N° 20.)

« Messieurs,

Encores que je sois fort assuré de vos fidellités

 

p. 332

et affections, et du devoir que désires aporter, en la charge en laquelle estes maintenant apellés, je ne layray (laisserai), pour vous tesmoigner le soing que, de ma part, je veulx rendre en celle, qu'il a pleu au roy my donner, d'y apporter ma recommandation, et vous suplier de tenir la main, à ce que toutes choses se maintiennent, tousiours, en bon estat. J'ay veu, par celle, que m'ont escrit ceulx qui sont sortis de charge, ce qui c'est passé, de dela, despuis mon parlement, et comme ceulx du Tiers Estat, continuent leurs assemblées; vous pouvez savoyr leur desseing, et m'en donner advis, affin que, s'il se passoyt chose d'importance, et, où vous jugies ma présence estre nécessaire, vous facies estat, que je me dispozeray tousiours, à vous tesmoigner le soing et affection, que j'aporte au bien du païs.

Sy les affères de deça, m'eussent peu permectre, de me trouver à l'assemblée de Saincte Foy, je l'eusse fort désiré, estant bien mary, que M. de Longua n'aye vouleu sy trouver, comme l'on m'a mande; je crains que l'on ny a pas aporté la procédure, quy estoit nécessaire; et, cela retournera à blasme à tout le païs. Vous savez la presse que j'ay eu à m'en venir de deça, qui ne me permis vous assister, comme jeusse désiré, et n'ay esté sitôt arrivé, qu'il m'a falleu assembler les forces du païs, pour aller en Bigorre d'où je ne fay que venir, ayant mis

 

p. 333

Tarbe, et tous les forts des environs, en l'obéyssance du roy, et suis sur le point de tenir icy les Estats, pour pourvoyr à beaucoup de chose, qui importent. J'escrits à M. de La Roque, que le gôllier, que j'avois mis au château, soyt remis en sa charge, à quoy je vous prie tenir la main, sy vous ne trouves juste empeschement, pour l'en priver, vous supliant me fère savoir, à toutes occasions, de vos nouvelles, et de tout ce que vous jugeres le mériter, vous assurant, que je ne manqueray jamais à l'afection que deves croyre de moy, et, qu'en tout ce que j'auray moyen, de vous fère paroistre ma bonne volonté, et de vous servir, vous cognoistrés combien je veulx chérir tout ce qui vous touche, que j'embrasseray, tousiours, de pareil coeur; que je veulx demeurer,

Messieurs, vostre plus affectionné amy à vous fayre service.

Caumont.

A Paris XXV juillet. » (1594.)

 

Lettre de M. de Rignac, à propos de la somme, due par M. de Bouillon, pour l'entretien du collège:

(Bte B. N° 20.)

 

« Messieurs,

J'ay donné advis à M. Lavergne, qu'il ny

 

p. 334

avoit lieu d'aller à Monfort, pour ce qu'il m'a faict entendre, de vostre part, par ce qu'il ny a fermiers, ny aucung, qui luy peut donner quelque contentement, en cella; il y a quelque temps que M. Broussot m'en parla, auquel ie dis: J'en escripré à monseigr de Bouillon et que ie luy ferois tenyr la lettre et me semble qu'on ny debvoyt avoir tant différé. Vous scavez que c'est une chose qui dépend de sa seulle volonté, sans laquelle, ie ne scay aucung qui y puisse satisfaire, veu le long temps que y a, du contract de la fondation, sans qu'il en aye esté faict, despuis, aucune poursuite, pour avoir paiement de la somme, qui esté donnée par mon dict seigr, pour l'érection du collège; cela tesmoigne bien y avoir heu de la négligence; et, si vous trouvez bon de luy en escripre, m'envoyant les lettres, les luy fera y tenir très fidellement, et sachant son intention, ne manqueray, de tout mon pouvoir, d'y satisfaire, comme chose deue et raisonnable, et qui est bien instituée, et sur cette asseurance, je vous baiseray humblement les mains, avec prière à Dieu, vous donner,

Messieurs, très parfaite santé, heureuse et longue vie.

A Lymeuil ce XI août. » (1594.)

 

Lettre de M. de Beynac, auquel les consuls de Bergerac, demandaient le payement de la rente,

 

p. 335

consentie, eu faveur du collège, par feu, son père:

(Bte B. N° 20.)

 

« Monsieur le maire de Bragerac.

Monsieur,

Le sieur de Lavergne; présent porteur, m'a prié de luy faire ma response, par escript, sur les propos qu'il m'a tenu, pour monstrer qu'il a parlé à moy, ce que je luy ay accordé, combien que ie n'aye veu lettre de vostre part. J'ay doncques à vous dire, que ie ne suys point tenu aulx debtes de feu monsieur de Beynac, mon père, ce que i'ay, desia, respondu à beaucoup d'aultres, qui prétendoient de grandes sommes, lesquelles il avoit faict, pour subvenir à ces guerres. Dailheurs j'ay fait fortiffier cette ville, et taché de la décorer, en tout ce qu'il m'est possible, et de faire instruire la jeunesse, tellement que je suys plus tenu de faire pour eulx, que pour aultruy, et seroit plus raisonnable que messieurs de Bragerac, estans riches et oppulans, et comme le chef des aultres lieux de la religion, leur aydassent, et encores vous diray-je, que, sans ce lieu, auquel feu mon père ne faisoit sa demeure, je ne refuseroys d'apporter ce que je pourroys, du mien, pour faire instruire vostre jeunesse, et lors que i'en auroys plus

 

p. 336

de commodité, que maintenant, vous me trouveres disposé à vous tesmoigner que je suys,

Monsieur, vostre bien humble, pour vous servyr.

Beynac. »

(Août 1594.)

 

Lettre de M. de Caumont:

(Bte B. N° 20.)

 

« Messieurs,

J'avois, avans mon partement de voz quartiers, parlé à quelques ungs des chefs du Tiers Estat, qui m'avoient donné assurance, qu'ilz ne requéreroient de vous, aucune chose, contre vostre gré; estant bien mary d'estre si souvent esloigné de vous; je suis présentement occupé, pour la tenue des Estatz de ce pays, mais j'espère, dans la fin du mois prochain, estre devers vous. Pour le regard de Castillonneys, vous me proposez ung expédient de le faire razer; vous jugez bien que c'est une chose que je ne puis, sans l'autorisation du roy; quant à la conservation, je trouve tout le monde de bonne volonté; mais l'on se contente de cela. Vous scavez que je ny ay intérest, que celuy du pays, auquel il importe tant, que cela méritoit que j'en feusse secouru. Cependant, je n'en ay sceu retirer nul moien, bien que je me sois tousiours voulu obliger,

 

p. 337

 

de satisfaire à ce que l'on m'advanceroit, et en ay baillé obligation, pour cinq cens escus, à M. de Panyssault, despuis mon partement; mais nonobstant tout, il me mande, qu'il ne peult plus demeurer chargé de la dite place, de sorte que j'y envoyé le capitaine Lentillac, pour en avoir la garde, et la conserver jusques à mon arrivée, par dela. Cependant, je vous supplie luy départir vostre assistance, en tout ce qu'il en aura besoing, et me donner advis, de tout ce qui surviendra, et comme j'espère le mériter, prenant tousiours assurance de la parfaite volonté de celuy qui est entièrement,

Messieurs, vostre plus affectionné amy à vous fayre service.

Caumont.

A Pau le XX aoust. » (1594.)

 

Autre lettre du même (Bte B. N° 20.)

 

« Messieurs,

Vostre lettre m'a trouvé sur mon partement, pour m'en aller en Navarre, tenir les Estatz, mais j'espère que ce ne sera que pour douze ou quinze jours, pour, estant de retour, m'achemine, bien tost après, en vos quartiers, et vous apporter toute, l'assistance qu'il me sera possible. Je suis bien d'opinion, que n'aiez nullement

 

p. 338

occasion, de craindre ce que me mandez de monsieur le Mareschal; au reste, vous jugez bien que c'est ung desseing, qui ne s'entreprendra, qu'avec ung exprès commandement du Roy, lequel je scay bien n'estre point tel; car mon dict sieur le Mareschal, n'a poinct veu le Roy depuis moy; et, d'ailleurs, il fault croire que l'on n'entreprendra pas de remuer ceste pierre, que bien à propos. Quant au faict de Castillonneys, vous avez veu, par ma dernière, comme j'y ay pourveu, et suis fort ayse, qu'en ayez contentement. Je vous prie de croyre, que j'ay en telle affection, tout ce qui vous touche, et importe au bien de vos affaires, que j'en ay plus de jalousie, que vous mesmes, et debvez vous assurer, que je n'ay rien de plus cher, que de le vous pouvoir tesmoigner, en toutes occasions. Pour le regard de M. de Bourdeille, que me mandez debvoir venir en vostre ville, vous vous y estes si bien conduitz, jusques icy, que je m'assure, que vous disposerez toutes choses, sy bien, qu'il ne sy passera rien, que bien à propos; et, sur ce, je prie Dieu,

Messieurs, vous avoyr en sa saincte garde.

A Pau le premier jour de septembre 1594.

Vostre plus affectionné amy à vous fayre service,

Caumont. »

 

p. 339

Lettre écrite de Montaut par M. Bessoti:

(Bte B. N° 20.)

 

« Messieurs,

Suivant l'élection, faicte à nostre dernier colloque, je me rendis à Clérac le XIIIme de ce mois avec beaucoup de difficultés, pensant y trouver Messieurs de Longua et Frégiguel, mais au lieu d'eux, j'ai trouvé des letres d'excuse, qui n'ont esté receues, et à leur défaut il m'a falu fère pour toutes les églises de Périgort. Plusieurs autres y ont manqué, de divers lieux, qu'est cause que nous sommes trouvés fort petite compagnie, ayant esgard à ce que nous pensions estre. Toutesfoys, par la grace de Dieu, nous avons remédié aux affaires plus nécessaires, et avons remis les autres, en autre temps et occasion, et assemblée plus grande. Nous avons trouvé fort estrange, quand nous avons sceu que nos députés, en court, ne sont encores partis, pour faire entendre nos plainctes à Sa Magesté. C'est cause que quelques uns de la compaignie, prendront charge de leur escrire, pour les faire haster, daultant que le retardement en ces choses est préjudiciable. Et pour ce qu'on a fait peu de devoir, à lever les deniers, cotisés pour ce voyage, qui est volontiers la cause de ce retardement, on a escrit aux églises les lever,

 

p. 340

en toute diligence, comme j'ay escri à messieurs du consistoire de vostre église. L'assemblée vous prie d'approuver l'union des églises, telle que Messieurs les pasteurs de vostre église ont, et la faire approuver et jurer en maison de ville, si desia ne l'aves fait. Nous avons aprins là, par M. de Cazes, qui vient de Béarn, que les Béarnois, principalement la noblesse, les deux tiers papiste, ont présenté requeste au roy, pour y establir la messe partout. Sa Majesté les a envoyés à Monseigneur de la Force, son lieutenant; Dieu a si heureusement conduit cest affaire, par son moyen, que plusieurs de ceux qui avoient signé la requeste, s'en sont destournés, les autres n'ont voulu signer, et ceste matière ayant passé par les Estats, a esté résolu que les affaires demeureraient comme ils sont à présent, qu'est comme la feu reyne de Navarre les laissa, ce que a esté approuvé de tous. Je vous ay escrit ceste nouvelle, pour ce que ie m'asseure qu'elle vous sera agréable. N'ayant autre chose à vous escrire, pour ceste heure, je vous prie fère estat de moy, comme de celuy qui, après vous avoir saluer très humblement, désire demeurer à jamais,

Messieurs, vostre bien humble et obéissant serviteur.

Bessoti.

A Montaut le 15 septembre 1594. »

 

p. 341

Le 31 octobre, les consuls reçoivent une lettre des consuls de Montflanquin, les avertissant qu'une entreprise doit être tentée sur Bergerac, et qu'ils aient à se tenir sur leur garde. Les consuls de Castillonnès, à leur tour, font parvenir le même avis, et disent que l'entreprise doit être faite par MM. de Calveyrac et de Giversac et autres de nos voisins, qui doivent se déguiser en paysans et en coutaux (rouliers, trafiquants), et par des gentilshommes, qui doivent entrer dans la ville, sous prétexte d'acheter des étoffes.

 

Lettre de M. de Caumont, annonçant aux consuls la tentative d'assassinat faite par Jean Chatel, contre le roi:

(Bte B. N° 20.)

 

« Messieurs,

J'ai esté fort aize de trouver ceste commodité, sy à propos, pour vous fère entendre le malheureux accident, qui cuida arriver hier au soyr, à six heures, à la personne du roy, affin que sy le bruit couroit au contraire, vous n'en soies point en alarme. Sa Majesté, arrivant de Picardie, et s'en allant au Louvre, passa chez Madame de Liencourt, et estant dans sa chambre, avec, tous les princes et seigneurs de la court advint que voulant recepvoir M. de Montigny, gouverneur de Blois, qui luy vint fère la

 

p. 342

révérence, ung jeune Jésuite, de l'aage de dix neuf ans, luy vouleust donner d'un couteau dans le corps; mais, Dieu permis, qu'en rellevant le bras, il détourna le coup, et ne le toucha qu'à la lèvre de dessus, et luy offansa ung peu une dan; toutesfois ce ne sera rien, et ne reste, pour cela, à se lever et monter à cheval, de quoy je vous puis asurer. Le galan feust saysy sur le champ, auquel on travaille à fere son procès, et à descouvrir ses complices. Sa majesté ayant fait les chevaliers du Sainct Sprit, fait estat de fère son voiage de Lion. Je seray, de là, retenu en ceste ville, pour la poursuitte de mon procès, duquel j'espére avoir yssue entière à Pasques, Dieu aydant, à présent que ma cousine sollicite de son costé. S'il se passe quelque chose par delà, je vous prie de m'en donner advis, et vous assurer tousiours que je suis,

Messieurs, vostre plus affectionné amy à vous fayre servyce.

Caumont.

De Paris ce XXVIII décembre. »

 

Lettre de M. de Bourdeilles:

« Messieurs,

A la vérité, on m'avoit faict plusieurs rapportz de vous autres; toutesfoy, c'est chose que je n'ay jamais peu croire. J'ay esté fort aize d'avoir entendu, par le sieur Pérarède, et par

 

p. 343

escript, le contrère de ce qu'on m'avoit vollu persuader, et que me continues vos bonnes vollontés et affection; estimés que la myenne ne vous manquera pas, à toutes occasions de vous servir, et me seauray sy dignement acquitter de la charge qu'il a pleu au roy m'onorer que vous en ressentirez tout contentement, comme j'ay prié le dict sieur Pérarède, vous fère entendre plus particulièrement mon intention, et comme je désire, faire au plutôt, mon entrée dans les villes de mon gouvernement, et la tenue des Estatz, à cette fin, quy ayant mys l'ordre nécessère, je m'en ailhe trouver le roy, comme il a pleu a sa majesté me commander; je donneray lieu à la suffizance du dict sieur Pérarède, et vous prieray, pour fin, de me croire,

Messieurs, vostre plus obéyssant et affectioné à vous fère service.

Bourdeille.

A Bourdeilhe. »

 

Le samedi suivant, M. de Bourdeilles, écrit de Limeuil, qu'il arrivera à Bergerac le lendemain:

 

« Messieurs,

Pour asseurer le peuple soubz l'obéyssance du roy. de quoy je me veux acquitter avant l'aller trouver, suivant sa vollonté, je commenceray dimanche prochain, huictiesme du présent moys

 

p. 344

à fère mes entrées ez villes cappitalles de mon gouvernement, affin d'y fère prester le serment de fidéllité. En celle de vostre ville de Bergerac, sera dans cinq ou six jours, aprés le dict dimanche, pour y fère prester le mesme serment; dequoy je vous ay bien vollu advertir, pour ne vous prandre au despourveu, et vous prie de vous préparer, tant pour cest estat, que pour envoyer, de vostre part, aux Estatz du païs, que j'iray tenir au partir de vostre ville, vous supplyant de me croire tousiours,

Messieurs, vostre plus obéissant et affectioné, à vous fère service.

Bourdeille.

De Bourdeilhe ce premier de janvier. » (1595.)

 

« Messieurs,

Ayant receu pouvoir de Sa magesté, de convoquer et assembler les Estatz de ce pays, je les ay assignés, au quinzièsme du mois de febvrier prochain, et vous prie vous y trouver, afin de pourvoir aux afaires du dict pays, avec vostre bon advis et conseilh, desquels estes dheuement informé, par mes letres d'attache, qu'ay délivré en vertu des letres patentes du roy, au scindic des Estatz; cependant, prie Dieu,

Messieurs, vous maintenyr en sancté, longue et heureuze vie.

 

p. 345

« De Périgueux ce XXIme janvier 1595.

Vostre affectionné pour vous servir,

Bourdeille. »

 

Lettre du consul de la Rivière, envoyé à Bordeaux, par ses collègues, pour activer divers procès, soutenus par la ville, devant la cour du parlement:

 

« Messieurs,

J'ay receu la vostre, ensemble celle qu'avés envoyée à Monsieur le mareschal (1), laquelle M. de Belriou et moy, avons présentée, et l'ayant veue, nous a dict, que, dès le onzièsme du mois passé, il avoict envoyé le sieur de Vissonze, devers le roy, pour luy fère entendre, ce que le dict sieur mareschal doibt fère, de par deça, et a dict, qu'il n'avoict oublié, dans ses mémoyres, la ville de Bergerac, pour estre rembourcée de la somme de deux mil escutz (2), et qu'il fault attendre la venue du dict sieur de Vissonze, qu'il attant, de jour à autre; et estant arrivé, fauldra solliciter le dict sieur mareschal; le bruict est, qu'il s'en va assiéger, Montpezat et doict partir dans demain ou pardemain. Il y

 

(1) Le maréchal de Matignon.

(2) Pareille somme avait été avancée, par la communauté, pour soutenir le parti du roi de Navarre, et les consuls en poursuivaient activement le remboursement intégral.

 

p. 346

a quatre canons chargés, despuys vendredy, qui sont encores sur la rivière, etc., etc. »

 

Le reste de la lettre ne parle que de divers procès, que le consul de la Rivière était chargé de poursuivre. Cette lettre est datée de Bordeaux, 23 janvier 1595.

En 1594 et 1595, eut lieu en Périgord et en Agenais, le soulèvement des Croquants ou Tard-Avisés, sur lesquels le sieur Porquery (de Pourquery), député de Montpazier, eut une grande influence. La ville et le château de Montpezat, appartenant aux deux frères Villars, Honorat et Emmanuel de Savoie, résistaient à la monarchie, en soutenant le parti des révoltés. Dans les premiers jours de mars 1595, Balthasar de Thieuras, sieur de Cauzac, capitaine du château de Montpezat et l'un des plus ardents ligueurs, au service du marquis de Villars obtint une très honorable capitulation; elle fut signée à Agen par le maréchal de Matignon. Voir le Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, tome III, page 388.

 

Lettre de M. Caumont de La Force:

 

« Messieurs,

Despuis mes dernières, il ne cest rien passé de nouveau, M. de Guize est, à présent, avec le roy, qui est à Fontainebleau, despuis sept ou huit jours, et doit estre icy, de retour, ceste

 

p. 347

sepmaine, et fait estat de partir, pour son voiage de Lion, dans le dix ou douziesme du mois prochain. Les députés des esglises sont tousiours icy; la court de parlement travaille à la vérification des ecditz, lesquels on espère qui seront receuz. Je suis tousiours après mon procès, duquel j'espère avoy yssue en bref, et vous aller voir bientôt après. Cependant je renvoye le capitaine Balthazar, présent porteur, par delà, par lequel je vous ay vouleu faire ceste sy, pour vous assurer tousiours de mon affection et bonne vollonté, et que je veulx demeurer,

Messieurs, vostre plus affectionné amy à vous fayre servyce.

Caumont. »

 

Lettre de Madame de la Force:

 

« Messieurs, ie vous mertie humblement des letres qu'il vous a pleu m'envoyer; vous aves aprins par le sire Fonmartin (1), les nouvelles générales; pour les particuliers de Monsyeur de la Force, ses affaires prennent plus de longueur qu'il ne pensoit; ils sont en quelque traité d'accort; si les offres sont résonnables, il se pourra faire. Je vous supplie de me croire tousiours,

Messieurs, vostre plus affectionnée à vous faire service.

C. de Biron.

De Brégerac ce dimanche. » (1595.)

 

(1) Fontmartin était consul en 1595.

 

Lettre de Henri de la Tour:

 

« Messieurs,

Je vous fay ce mot, pour vous confirmer les asseurances de mon amitié et affection, et vous prier de me continuer vos bienveillances, comme je feray toute ma vie; mon désir à vous servir et chose où j'estimeray vous pouvoir estre utile. Le roy envoye quelques cappitaines, faire des levées de gens de pied, en Guyenne, lesquels Sa majesté a destinés pour servir auprès de moy, en l'armée estrangère, que je commande pour son service; qui me faict vous prier, de tout mon coeur, vouloir assister, en ma considération, ceux des dicts cappitaines qui lèveront es environs de vostre ville, afin qu'ils puissent, avecq autant plus de facilité, advancer les dictes levées; et me voulant promectre que vous apporterez ce qui sera requis, de vostre part, je ne vous feray plus longue lettre, me recommandant à vos bonnes graces, je priray Dieu,

Messieurs, qu'il vous aye en sa saincte garde.

A Paris ce XXIII apvril 1595.

Vostre plus affectionné et meilleur amy à vous servir,

Henri de la Tour. »

 

D'après les comptes remis le 20 août 1596, par le receveur Fonmartin, les recettes de l'année

 

p. 349

1595-1596, s'élevèrent à 6679 livres, 11 sols, et les dépenses à 6479 livres, 15 sols et 10 deniers.

 

 

1596

 

Vers trouvés à la première page du livre de jurades, et que nous reproduisons à titre de curiosité:

 

Ung moyne ung jour ala ches ung libraire,

Pour demander la véritée cachée,

On luy refuse, et mon asne de brayre:

« Sus sus, dit-il, qu'elle me soit serchée

Incontinant. » La femme fust fâchée

Car le cagot parloit en conestable.

Elle vous prent au froq ce vénéré abbé

Et le bat tant qu'il avoit mérité,

En luy disant: « Va, va, meschant abominable,

C'est ton habit qui cache vérité. »

 

p. 350

24 Juillet

A esté arresté par le plus grand voix de l'assemblée, que, dorénavant, aux jurades qui se tiendront en la maison commune de la dicte ville, ne seront appelés que les quarante juratz, présentement esleus et nommés, à la charge, toutesfois, que, si les dicts quarante ne se peulvent assembler, les dicts sieurs maire et consuls en pourront appeller du dehors, pour faire, en tout, le nombre de quarante, auquel nombre de quarante, la jurade présente a donné plain pouvoir et puissance de décider, et donner advis aus dicts sieurs maire et consuls, sur les affaires qu'ils proposeront.

Aussy a esté arresté, qu'il sera payé à Messieurs les ministres, principal et régents du collège de la présent ville, mesmes gaiges qui leur sont esté payés l'année passée, de l'argent et revenu de la communaulté de la présent ville, à la charge que les dicts sieurs maire et consuls feront dilligence de recouvrer les sommes, qui sont esté données au dict collège, par les gentilhomes qui restent à payer.

 

26 Juillet

Le droit du pontonage fut affermé à Etienne Régnier, pour la somme de sep vingtz escus sols

 

p. 351

(720 livres), sous la réserve « que les estrangiers, qui viendront en ceste ville, à la cellébration des Cènes, et à l'aulmosne de la charité, le jour de la Pentecouste, seront exemptz du dict pontonage. »

Le louage des tables, appartenant à la communaulté de la présent ville, au joignant du palais, délivré à Pierre Bornazel, pour quatre livres dix sols (1).

Ont arresté, que monsieur Dyserotes sera pryé faire ung voyage en Béarn, pour se trouver au synode, quy doibt estre convoqué le vingt unièsme jour d'aoust prochain, en la ville de Pau, acompagné de sire Jéhan Eyma, dit Frigiguel, et d'un aultre home à cheval, ausquelz sera donné charge expresse, pour supplier, très humblement, le dict synode, de nous donner absolument le dict sieur Dyserottes, et de nous pourvoir d'ung aultre pasteur; et, au cas que le dict sieur Dyserottes ne nous soit accordé, de recouvrer deulx aultres pasteurs, s'il est possible; et que les fraix, qu'ils feront au dict voyage, seront alloués aus dicts sieurs maire et consuls.

 

2 Août

En présence desquels, les dicts sieurs ont

 

(1) Ces tables furent installées en 1592; on y vendait du pain.

 

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remonstré, que monsieur Dyserottes, ministre de la parolle de Dieu, a, de gages, de son esglize d'Oloron, en Béarn, la somme de quatre cens cinquante livres; demandent advis, si la jurade trouvera bon de luy payer ses gages pour le temps qu'il a servy en ceste ville, à la raison de cinq cens livres, et sy, pour l'advenyr, il sera besoin de luy augmenter ses dicts gages, et, jusques à qu'elle somme, attendu qu'il a sa femme et six enfans. Sur lesquelles remonstrances, l'assemblée présente a oppiné et arresté, qu'il sera payé à M. de Lyseroles (1), ministre de la parole de Dieu, ses gages, du temps qu'il a servy, en ceste ville, à la raison de cinq cens livres tournoises; et, pour l'avenir, si le dict sieur Lyserottes nous est accordé pour pasteur, en ceste esglize, luy sera payé deux cens escuz, de gages, tous les ans, attendu le nombre des enfans qu'il a, et sans tirer à conséquence.

Quant à la réparation du pont de Dordoigne de ceste ville, a esté aussy arresté, que six des habitants de ceste ville, tels que Messieurs les maire et consuls adviseront, visiteront le dict pont, le plustost que faire se pourra, pour, la visite faicte et leur raport ouy, suyvant l'avis de ceulx qui l'auront visité, le dict pont estre

 

(1) Il est à remarquer que le nom de ce pasteur est tantôt écrit Dyserottes et tantôt Lyserotes ou Lyserottes.

 

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réparé, aulx despens de la communaulté de la ville.

Que les bourgeoys de ceste ville, qui sont absans, se retyreront en la dicte ville, et porteront, doresnavant, les charges d'icelle, aultrement seront privez de leur bourgeoysie. Pareilhement, a esté arresté, que tous les habitans de la dicte ville, indiferament, et sans exemption de personnes, feront les gardes de la dicte ville, les jours qu'ils en seront, aultrement les défaillans seront exécutez, jusques à trante sols.

 

17 Août

A esté oppiné et arresté, qu'il sera cothisé sur les dicts habitans, pour les gages de Messieurs les ministres, la somme de cinq cens escutz.

Aussy, a esté arresté, que les deniers du revenu du grand pont de Dordoigne, de ceste ville, ensemble les deniers de l'otroy de Sa magesté, donnés à la communaulté de ceste ville, seront emploiés à faire l'arceau de pierre, du premier pas du pont, du cousté du bourg de la Magdalene, et que les habitans dudict bourg de la Magdalene, qui achapteront, doresnavant, marchandises, en ceste ville, pour les revendre, au dict bourg, ou ailheurs, payeront les droits donnés à la communaulté de la dicte ville.

 

p. 354

Aussy, a esté remonstré que sera donné par la communaulté de ceste ville cinquante escutz à sieur Guilhaume Geneste, secretaire du seigneur de la Force, s'il obtient letres et mandement du roy, au nom de la communaulté, pour estre remboursés de la somme de deux mil escutz, sur le recepveur du domaine du roy, en Périgort, icelle somme de deux mil escutz, employée à bastyr la murailhe du chasteau du roy, en ceste ville.

 

20 Août

Après la demande faite par les députés, que la jurade envoyait au synode de Pau pour réclamer M. Disserotte comme pasteur de l'église de Bergerac, les ministres et anciens de notre église reçurent la lettre qui suit:

 

« Messieurs, et très honorés frères, nous louons Dieu du zèle qu'il lui à pleu vous donner, pour advancer sa gloire et l'édification de son église, et eussions bien désiré de satifaire à vostre désir, et vous ottroier du tout M. de Diserottes; mais il s'y est présenté de telles difficultés, que nous n'avons peu les surmonter, tant pour le regard de son église, que aussy, dautant que nous avons les mains liées, ne pouvans donner, mais seulement prester les ministres qui ont étudié aux despens du païs. Cependant,

 

p. 355

nous vous envoions pour deux ans M. Majendier, ministre qualifié et doué de grandes graces, propre pour enseigner et édifier l'église de Dieu, lequel nous vous prions recevoir comme tel, et luy faire le traittement et recueil, comme vous aves acoustume de faire aux serviteurs de Dieu qui vous annoncent l'évangile; et n'estant la présente à autres fins, nous prions le seigneur qu'il vous bénisse, et demeurons,

Messieurs, vos bien humbles frères et obéissans serviteurs, les ministres et anciens des Eglises de Béarn, et en leur nom.

J. Martel,

conduisant l'action.

De Pau, au synode, ce XX d'aoust 1596. »

 

1er Septembre

Lettre écrite par le pasteur Majendier, désigné par le synode de Pau, pour venir servir l'église de Bergerac:

 

« Messieurs,

J'ay receu vostre lettre, et veu par icelle, le désir qu'aves que ie me transporte devers vous, ce que je feray au plustost qu'il me sera possible, puisque tel a esté l'arrest du synode. Il est vray qu'il faut que je soy encore icy quelque jour, comme j'avoy fait entendre à monsieur

 

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d'Eyma, vostre député, par ce qu'ayant esté à trois églises, qui sont un peu esloignées l'une de l'autre, je ne puis m'en partir que ie n'aye honnestement prins congé d'icelles. Ayant fait cela, ie ne delayeray plus, et vous supplie, très humblement, ne vous donner point de peyne de mon voyage, d'autant que ie trouveray quelque moyen et expédient, pour le parachever, sans autres incommodités, avec l'ayde de Dieu, lequel ie prie et prieray tousiours,

Messieurs, vous donner très longue et heureuse vie. Vostre très humble et très affectionné serviteur,

Majendier.

Au Mont de Marsan, le premier de septembre 1596. »

 

26 Septembre

Ont arresté, qu'il sera envoyé ung ou deux habitans, du corps de ceste ville, tels que seront avisés par les dicts sieurs maire et consuls, en la ville de Thonains, avec amples memoyres, charge et pouvoir, pour résouldre, arrester et jurer, si besoing est, ce qui sera arresté en l'assemblée qui se doibt tenyr bientost en la ville de Thonains, pour le bien des esglises; et plus, nommer ung depputé, pour estre joinct avec les aultres depputtés des esglises de France,

 

p. 357

en l'assemblée qui se tient en la ville de Loudun, et convenablement négotier, aus dictes affaires, comme ils verront estre à faire, pour le bien des dictes esglises.

 

12 Octobre

Remonstrent que Jehan Eyma, dict Frigiguel, est allé au synode de Béarn, mener M. Disérottes, et pour demander M. de Magendier, pour ministre en l'esglise de ceste ville, et au dict voyage a fait aussi des fraix; demandent iceulx fraix leur estre alloués. Accordé.

Remonstrent aussy, que suyvant la jurade précédante, ils ont bailhé à faire à prix fait, l'arceau de pierre du pont de Dordoigne de ceste ville, du costé du bourg de la Magdalene, à maistre Pierre Boisson (1), architecte, moyennant

 

(1) Huit ans plus tard, ce même architecte fut chargé d'édifier le château de la Force, ainsi que le constate l'inscription suivante, gravée sur une pierre, qui, pendant de longues années, resta dans un des coins de la cour de l'un des établissements John Bost, dit la Famille Evangélique.

Cette pierre fut transportée au Musée de Périgueux, en 1887, en même temps qu'une pierre tombale d'un des seigneurs de Caumont la Force, trouvée dans les démolitions, faites pour la construction d'une gendarmerie. Cette inscription dont nous respectons la forme, est ainsi libellée:

 

CETTE MAISON FVT ÉDIFIÉE

L'AN 1604, PAR MESSIRE JAQVES

NONPAR DE CAVMONT SEIG

NEVR ET BARON DE LAFORCE

CONSEILLER DV ROY EN SES

CONSEILS D'ESTAT ET PRIVÉS

CAPITAINE DES GARDES DV

CORPS DE SA MAIESTÉ. GOV

VERNEVR ET SON LIEVTEN

ANT GÉNÉRAL EN SON ROY

AVME DE NAVARRE ET PAYS

SOVVERAIN DE BEARN.

F. BOISSON architecte.

 

p. 358

la somme de troys cens escuz, et aux mesmes pactes et conditions, portées par le pris fait, de l'autre arceau du dict pont, le plus près de la ville. Plaira à la jurade d'allouer et ratifier le dict prix fait. Approuvé.

Pareilhement, la plus grand voix de l'assemblée a oppiné et arresté, que les bourgeoys de ceste ville, pourront fère entrer, en icelle ville, leurs vins de leur cru seulement, et sans fraulde et non dailheurs, et sans pouvoir achapter le droit de leurs mestayers, sur peyne de confiscation et d'expédition d'iceulx vins; et, à seulle fin, qu'à l'avenir on puisse empescher les frauldes qui se font aus dicts vins, a esté arresté, que les dicts sieurs maire et consuls, commectront tels personnages qu'ils aviseront, pour se prendre garde qu'il n'entre dans la dicte ville et fauls bourgs d'icelle, aulcuns vins que ceulx de l'entrée ou du cru des dicts bourgeois, et

 

p. 359

qu'il sera donné aux dénonciateurs, le tiers du vin, le tiers à l'ospital et l'aultre tiers à la ville. Pareilhement, a esté arresté que le consul Aubier, comme syndic des marchans fréquentant la rivière de Dordoigne, et le consul Tenant, se trouveront lundy prochain en la ville de Ste Foy, avec pouvoir de résouldre ce qui sera avisé, pour empescher la rétention des bapteaux, que le sieur de Sainct Houyn, prétend arrester devant la ville de Castillon; et, pour procéder au département de ce qui sera avisé, pour le payement de la garnison de la dicte ville, pendant deux moys, et de la somme qui eschéra à la communaulté de la dicte ville, en prometre le payement, sans tyrer à conséquence.

 

19 Novembre

A esté arresté par la plus grand voix de l'assemblée, que Messieurs les ministres de ceste ville, seront payés de leurs gaiges, des deniers communs de la ville, s'il y en a ez mains du recepveur; et, à faulte, en sera fait cotisation, sur les manans et habitans de ceste ville et faulx bourgs d'icelle; et que, pour en faire lever les inhibitions sur ce intervenues, tant à la court de la sénéchaulcée au siège de ceste ville, qu'en la court de parlement de Bourdeaulx, les dicts sieurs maire et consuls se dresseront

 

p. 360

au roy, pour obtenir la permission de cothiser.

Remonstrent aussy, qu'ils ont receu une letre de créance, des consuls de la ville de Sarlat, laquelle créance contient, entre aultres choses, que les dicts consuls de Sarlat, prient les maire et consuls de ceste ville, de leur bailher ung double de certains articles des privilèges de ceste ville; prient aussy la jurade, leur donner avis qu'elle responce ils doibvent fère là dessus. L'assemblée a oppiné et arresté, que les dicts sieurs maire et consuls ne leur bailheront aulcun article des privilèges de ceste ville.

Pareilhement, la dicte assemblée a oppiné et arresté, que la descente des bledz de ceste ville, tant par la rivière de Dordoigne, que par terre, ne sera point empeschée, ains permise aulx bourgeois et marchans de ceste ville.

 

22 Novembre

La jurade de ce jour commence ainsi: En la ville de Bergerac, et dans le temple de Sainct Jacques, le vingt deuxiesme du moys de novembre, mil cinq cens quatre vingt seze, et à l'yssue du presche du matin etc., etc.

Les dicts sieurs consuls ont remonstré que, suyvant la jurade dernière, ils ont envoyé, au sieur de Cazes, les sommes, payées par aulcuns habitans de certaines esglises des colloques,

 

p. 361

cothisées sur eulx, ensemble la somme eschéue à l'esglise de ceste ville, ainsi qu'il apert par quitance signée de la main du dict sieur de Cazes; et, d'autant que le dict sieur de Cazes, escript aus dicts sieurs consuls, et aux pasteurs, et antiens de l'esglise de ceste ville, qu'il attant les restes des sommes eschuees à la part des aultres esglises, que montent à la somme de vingt troys escus seulement, et nous prye d'avancer icelle somme de vingt troys escus, aultrement qu'il protexte contre nous, du retardement de son voyage, que luy a esté mandé de fère en poste, et de tous despens dommages et intérêtz. Sur quoy ont pryé l'assemblée, leur donner advis de ce qu'ils doibvent respondre là dessus. A esté arresté, que les sieurs consuls advanceront la dicte somme de vingt troys escus pour les esglises de ce colloque, comme nous prye, et les envoyeront au dict sieur de Cazes, sauf de reporter icelle somme sur icelles esglises qui n'ont payé.

 

30 Novembre

Le dict sieur maire a remonstré, que M. de Magendier, ministre de la parole de Dieu en ceste ville, ne se contente point de la somme de quatre cens cinquante livres, qui luy sont esté promises, pour ses gaiges, annuellement, par la

 

p. 362

dernière jurade, parce que Jehan Eyma, dit Frégiguel, luy promist, estant en Béarn, la somme de cinq cens livres. Plaira à la jurade, leur donner advis si elle trouvera bon de luy payer la dicte somme de cinq cens livres, pour le retenyr. Oppiné et arresté, qu'il sera payé à M. de Magendier, pour ses gaiges, annuellement, la somme de cinq cens livres tournoises, et que si les habitans de la jurisdiction de Cours, veullent donner, annuellement, cinquante escus, pour l'entreténement des ministres de ceste ville, suyvant les offres et conditions, par eulx, cy devant, faites, l'un des pasteurs de ceste ville, sera pryé d'aller prescher au dit lieu de Cours toutes les sepmaines une foys. (Les habitants de Cours offraient cinquante écus.)

 

(Bte 3. Lse 18.)

« 30 mars 1596. Quittance de Benjamin Lecompte, de 18 livres à luy payées, par les maire et consuls, pour les armoiries de cuivre, qui sont à la cheminée de la maison de ville.

Dans cet acte, le travail nécessaire pour la reproduction de nos armoiries, est décrit de la manière qui suit:

 

« Les armoiries du roy, et de la ville, en cuyvre, en ung tableau de cuyvre, enlevées en bosse, de la longueur de troys pieds, et de la largeur de deux pieds, suyvant portrait, qui en

 

p. 363

a esté faic, en crayon, par le dict Lecompte, et au pied d'icelles, escripre les noms qui luy seront bailhés, et la millésimo, en luy fornissant le cuyvre, par les dict sieurs maire et consuls, ce qu'ils ont promis faire; lequel cuyvre, le dict Lecompte prendra au poix, et le rendra aussi au poix sauf du deschept, duquel en sera fait rabaix à la raison de dix livres pour quintal, et pour la façon d'icelles armoiries, les dicts sieurs maire et consuls, ont promis payer au dict Benjamin Lecompte, la somme de six sols, pour livre, etc., etc. »

 

D'après le prix payé, ce tableau pesait juste soixante livres. Ce même B. Lecompte fondit une cloche pour la communauté en 1590.

 

 

1597

 

20 Janvier

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, qu'ils ont reçu letre de Bourdeaux, par laquelle leur est mandé, que M. Eyma, advocat du roy au

 

p. 364

siège de ceste ville, a présenté requeste, en la court du parlement, contre les dicts maire et consuls, tandante aux fins qu'il leur soit inhibé d'assembler, doresnavant, aulcune jurade, sans appeller icelluy Eyma, comme advocat du roy, à peine de nullité des dictes jurades; et, pour ce que cela semble desroger aux privilèges de la ville, et qu'il pourroit avenir, par succession de temps, que tel qui auroit l'estat du dict Eyma, après luy, pourroit estre ennemy du corps de la ville, demandent avis à la jurade, s'ils envoyeront, à M. Chambauld, advocat et conseil de la ville, en la dicte court, mémoires et instrument pour empescher la teneur de la dicte requeste. Oppiné et arresté, qu'il sera envoyé mémoires à M. Chambauld, advocat et conseil de la ville, en la dicte court, pour scavoir comme il fauldra se gouverner en ceste affaire.

 

24 Janvier

Les dicts sieurs consuls ont remonstré que pour faire l'arceau du pont de Dordoigne du cousté du bourg de la Magdalène, suyvant les jurades précédentes, ils ont visité, ce matin, les deux pilles du premier pas, du pont de Dordoigne, du cousté du bourg de la Magdalène, avec les fondemens d'icelles, acompagnés de M. Jéhan Dupuy, contrerolle pour le roy, Francoys

 

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Valeton, Mathurin Peyrarède, Arnauld Pynet, et aultre Pynet, et aultres notables habitans de ceste ville, lesquelz avec M. Pierre Boysson, architecte, ont trouvé qu'ils craignoient que le pilon le plus près du dict bourg, auquel il fault joindre le dict arceau, fust foible; et à la dicte cause, ont avisé qu'il falloit commencer le fondement du dict arceau, au pied du dict pillon, du cousté du dict bourg, et y fère une murailhe de deux pieds d'épesseur, pour y planter le dict arceau, ce que le dict Boisson a promis fère, pourveu, que s'il falloit fondre plus bas, icelle murailhe, que le pied du dict pillon, que les maire et consuls, faisant pour la communaulté de la ville, seront tenus luy payer le surplus, au dire dexperts. Prière à la jurade d'aviser, s'ils passeront le contract du prix fait du dict arceau, en la dicte condition. Cette proposition fut acceptée et approuvée par la jurade.

 

10 Mars

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, que l'an mil cinq cens quatre vingt quinze, M. de la Force obtint des pattantes du roy, pour fère cothiser sur les lieulx contribuables de son gouvernement, certaines sommes. Lors du despartement desquelles, et lors qu'on voulust cothiser ceste ville, il y eust opposition, ce qui empescha

 

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que les habitans de la dicte ville, ne furent cothisés, et que, en l'an mil cinq cens quatre vingt seze, procédant à mesme despartement, nul ne se trouvant au dict despartement, et ne sy opposant, les habitans de ceste ville furent cothisez, à la somme de trente escuz, comme le sieur de Fourchevent a raporté, en demandant la dicte somme, combien que les dicts sieurs maire et consuls n'ayent veu aulcun commissaires; et, en ceste année, mil VC quatre vingt dix sept, messieurs les esleuz de la ville de Périgueulx, nous y ont comprins comme contribuables, et nous ont cothisé à la somme de six escus.

Et en ceste mesme année, mil cinq cens quatre vingt dix sept, les dicts sieurs esleus, procédant au despartement des deniers, nous ont cothisé, pour les pertes et siège de la ville de Sarlat, pour l'an mil cinq cens quatre vingt neuf, quatre vingt dix et quatre vingt unze, pour chascune des dictes années, à la somme de quarante escus.

Et, despuis le despartement, fait par les dicts sieurs esleus, Messieurs les généraulx et trésoriers de France, leur ont envoyé coppie des pattantes du roy, par lesquelles leur est mandé comprendre et cothiser, au despartement des tailhes, pour certain temps, les villes franches, sauf les grandes; ausquelz sieurs généraulx, les dicts sieurs esleuz ont fait responce, qu'ils ont procédé entièrement au despartement, et envoyé

 

p. 367

desja les commissaires, et attendant, sur ce, ordonnance de Messieurs les trésoriers. Oppiné et arresté, qu'il sera intergecté appellations, des cothisations, qui sont esté faites cy devant; et que, les dicts sieurs maire et consuls, releveront icelles appellations, et à ces fins, obtiendront letres de la chancellarie de la cour de parlement de Bourdeaulx, pour éviter fraix, et feront bailher assignation à Messieurs les esleuz de Périgort, et à aultres y prétandant intérest, au privé conseilh du roy; d'aultant qu'il s'agist, en ceste cause, de la conservation des privillèges de ceste ville.

Remonstrent aussy, que pour avoir recouvrement d'ung pasteur, ils ont envoyé à la Rochelle, pour avoir M. Renauld, ministre de la parole de Dieu, en l'esglise francoyse d'Allemagne, lequel, suyvant la letre envoyée aus dicts sieurs maire et consuls, par M. de Laplace, ministre de la Rochelle, ceulx de Nérac l'ont obtenu, en la place de M. Chascolde; toutesfoys, mande qu'il y a ung beau frère du dict sieur Renauld, nommé M. Carron, qui est vaccant à Francfort, pour des occasions portées par la letre du dict sieur Laplace, signée Mazures. Il fut arrétté: que les dicts sieurs consuls envoyeront, devers M. de Recolie, ministre de la parole de Dieu, à Clérac, pour s'enquérir de la suffizance de M. Carron, et que de mesme, il sera enquis, de la suffizance de celluy que M. le duc de Bouilhon

 

p. 368

a offert à la communaulté de ceste ville, et que, au cas qu'on aye attestation suffizante, de leur capassité, tous deux seront poursuyvis, et les frais, que sy feront, seront alloués ausdicts sieurs maire et consuls.

Remonstrent aussy, qu'en l'absance du sieur Marc, principal du collège de ceste ville, il s'est présenté ung Escoussoys, qui se proposa, mercredy dernier; demandent advis s'il doibt estre receu, et sy l'aultre Escoussoys, qu'il y a en ceste ville, sera mys en la place d'ung aultre régent. La jurade arrêta: que les régens, qui se présentent, seront oys par Messieurs les officiers du roy, et Messieurs les maire et consuls et advocatz, pour voir qui doibt estre retenu, et que cependant, celluy qui a esté envoyé quérir en Béar, sera desfrayé de son voyage, s'il n'est retenu.

Remonstrent, aussy, que M. Jéhan Rolhas (1), soy disant prieur de ceste ville, a arranté à Bertrand Eymond, certaine partye de la maison du prieuré, et de l'esglise, de Saincte Catherine, lequel Eymond en a tyré grand quantité de pierre, et en tyre encore tous les jours, mesmes sur le grand chemin, tyrant de la porte Logadoyre de ceste ville, au pont de pierre des Carmes.

 

(1) Jean de Rollas ou Roulhas, prieur de Saint Martin, de Bergerac, de 1596 à 1597.

 

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A esté arresté, qu'on laissera fère la poursuyte au procureur du roy, aus fins que le dict cymetière et place de l'esglise soit réservé, pour servir à ensepvelir les morts, et que, neanlmoings, où le dict Eymond, en tyrant la piarre des fondemens de la dicte esglise, incommoderoit le grand chemin, il en sera poursuyvi au nom de la communaulté de la dicte ville, pour le remettre en bon estat,

Remonstrent aussy, qu'ils ont fait couvrir la tour du bout du pont, de ceste ville, et que les fraix montent dix huict escus ou environ, et ont pryé la jurade d'allouer les dicts fraix. Accordé.

Remonstrent, aussy, que la tour de la porte de Bourbarraud, a aussi besoing d'estre couverte, s'ils la feront couvrir. Arresté, que la tour de la porte de Bourbarraud sera couverte, aux moindres fraix que fère se pourra.

Remonstrent, aussi, qu'il fault envoyer quérir, du premier jour, la femme et familhe de M. Magendier, ministre de la parole de Dieu, en ceste ville, sy les fraix qui se feront au dict voyage seront alloués aus dicts sieurs maire et consuls. Accordé.

Acte passé entre les consuls et le nommé Thobye:

En la maison de consulat le XXVIme de febvrier, mil V cens quatre vingt dix sept, Messieurs les maire et consuls ont promis à Samuel Thobye,

 

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pour avoir l'oeil sur les pauvres mandians estrangiers qui sont et seront en ceste ville et pour les mectre hors icelle, la somme de troys livres pour moys, lequel Thobye a promis fère son debvoir. Dont a esté fait acte par moy notaire royal soubz signé; présents Jehan Beysselance et P. Leycheyrie tesmoings.

Valeton, notaire royal.

 

5 Mai

Afferme de l'herbe des foussés et ravelins de ceste ville:

En la ville de Bergerac, et dans la maison commune de consulat, le cinquièsme jour de may, mil cinq cens quatre vingt et dix sept, se sont assemblés honorables hommes Jéhan de Barriac, consul et receveur des deniers communs de la dite ville, Gabriel de Cabanac, et M. Pierre de Barriac, aussi consuls: lesquels ont dit, que les maire et consuls d'icelle avoient fait crier, à son de trompe, par les quantons et carrefours de la dicte ville, et par divers jours, qui vouldroit affermer l'herbe des foussés et ravelins de la dicte ville, jusques à Noël prochain; elles se délivreraient ce jourd'huy, heure de midy, en la dite maison de consulat, aulx conditions que cy après; scavoir est: que les fermiers ny aultres ne mettent dans iceulx foussés,

 

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ou ravelins, aulcung bestail sur poyne de payer ung sol, pour chascun moton ou brebis, deux sols pour chevres ou chevreaux, troys sols pour chascun porceau, truye, cheval, asne, anesse, boeuf ou vache, desquelles peynes la ville aura la moytié, et les fermiers l'aultre moytié, laquelle moytié les dicts fermiers seront tenus fère payer au recepvuur des deniers communs de la dicte ville; l'herbe desquelz foussés et ravelins les dicts fermiers pourront fère faucher, si bon leur semble, et seront tenus, iceulx fermiers, payer icelle afferme dans la fin du moys de may. Mathurin Peyrarède, marchand de la ville, fut déclaré adjudicataire, moyennant la somme de dix livres et demi.

 

15 Mai

Remonstrent aussi qu'il a esté levé quatre pipes, quatorze poignères et demy de bled, deues à la Charité, qui est fort peu, pour les aulmosnes générales, attendu que, l'année dernière, il en fut donné dix pipes; demandent s'ils en prendront du grenier de la ville et combien. Arresté que l'aulmosne de la Charité, qui se fait en ceste ville le jour de la Pentecoste, se fera du blé deu par les particuliers, habitans de la dicte ville seullement, et que icelle aulmosne sera distribuée par Messieurs les maire et consuls, hors

 

p. 372

de la ville, à divers jours, pour éviter les dangiers et inconvénians, qui s'en peulvent ensuyvre.

Aussi, a esté arresté, que les régens du collège de ceste ville, seront payés de leurs gaiges, et que, à ces fins, s'il ny a d'argent ez mains du bourssier, le bled du molin de la ville sera vendu, à son de trompe, pour l'employer au dict payement et aux aultres affaires de la dicte ville, à la charge qu'il sera fait dilligence de recouvrer les reyrages des dons et sommes, promises par les gentilshommes, au dict collège, aussy par toutes voyes de justice, et les fraix, qui seront faitz, aus dictes poursuytes, seront alloués aus dicts sieurs maire et consuls.

 

19 Mai

En la ville de Bergerac, dans la maison commune de consulat de la dicte ville, le dix neufièsme de may, mil cinq cens quatre vingt dix sept, pour traiter et délibéré des affaires de la dicte ville, se sont assemblés honorables hommes, Jéhan de Barriac, consul et recepveur des deniers communs de la dicte ville, Gabriel de Cabanac et maistre Pierre de Barriac, aussy consuls, monsieur Jéhan de Belriou, lieutenant particulier au siège de ceste ville, M. Jacques de Belriou, bailly, M. Pierre Mathieu, avocat,

 

p. 373

Mathurin Peyrarède, Hugue Planteau, Symond Frescarode, Francoys de Nugon, Jéhan Lacombe, fils de Hélie Lacombe, Hélie Lacombe, B. de Fonmartin, Arnaud Pynet, Jéhan Brugière l'ainé, Hélie de Fonmartin, Estienne Boygue, Jéhan Pinet, fils de Anthoine Pynet, Giron Poumeau, Jacques Planteau, Etienne Reynier et Pierre Marteilhe, tous bourgeois et habitans de ceste ville, lesquels, après lecture faite d'une letre escripte aus dicts sieurs consuls, par monseigneur le mareschal de Bouilhon (1) dattée du dix huictiesme de ce moys, ont oppiné et donné avis aus dicts consuls, que, suyvant la dicte letre, il sera fait response verbale au seigr de Boysse (2) que les habitans de la présent ville, sont prestz d'assister de tout leur pouvoir, soyt d'hommes ou de canons, en ce qui concerne le service du roy, et particulier à M. le duc de Bouilhon; toutesfoys, pour la délivrance des dicts canons, le dict sieur de Boysse sera pryé

 

(1) Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, duc de Bouillon, né en 1555, mort en 1623, embrassa le Calvinisme, s'attacha au roi de Navarre, contribua au gain de la bataille de Coutras, fut créé maréchal en 1592 par Henri IV.

(2) Pierre d'Escodéca de Boisse, et par son mariage avec Marie de Ségur, baron de Pardaillan, d'Allemans et autres lieux, fut un des plus illustres compagnons d'armes d'Henri IV; fut assassiné en 1621 à Gensac. Gouverneur de Sainte-Foy et de Monheurt.

 

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de bailher cautions suffisantes, de ramener et rendre, en ceste ville, les dicts canons, suyvant les offres par luy faites, et qu'il sera escript à Monsieur le Maire (1) qui est en la ville de Saincte Foy, de supplier le dict sieur mareschal de Bouilhon, de passer en ceste ville, à son retour de la dicte ville de Saincte Foy, et lui offrir le disner en la maison commune de ceste ville.

Le même jour, les consuls firent vendre le blé appartenant à la communauté; les prix furent les suivants: La pipe, ou six sacs de quatre poignères, méture, se vendit 31 livres 13 sols; la pipe froment, 41 livres 10 sols.

Le 22 mai, les consuls prêtent leurs canons et couleuvrines à Pierre Escodéca de Boisse, écuyer, maître de camp du roi de Navarre; ce seigneur les fit remettre le 26 du même moys; il ne les gardât donc que quatre jours. D'après la jurade du 20 mai, ces canons étaient destinés à « remectre la prévosté de Trémolat, entre les mains du seigr de Boysse, suyvant le commandement du roy. » Le seigr de Panissaut, Mathurin Peyrarède, Jehan de la Peyrarède dit Dangounet et Jacques Hugues, marchands de la ville de Bergerac, servirent de cautions au seigr de Boisse.

 

(1) Pierre de Belrieu.

 

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Le même jour, la jurade arrête « qu'il sera fait entrée au dict, sieur mareschal de Bouilhon, la plus honorable que fère se pourra, et que le disner luy sera présenté, en la maison commune de la ville, s'il le veult acepter. Pareilhement a esté arresté, que les fraix, qui se feront pour les dictes afferes, seront alloués aus dicts sieurs consuls. Le maréchal de Bouilhon ne vint sans doute pas à Bergerac, puisque nous ne trouvons nulle trace de son passage.

 

Du 20 mai au 2 juillet il n'y eut pas de jurade.

 

20 Mai

Remonstrent que par l'assemblée, tenue à Saincte Foy, il fut arresté que chacun des quatre colloques de Guyenne, doivent cinquante escuz pour l'entreténement du seigr de Cazes, depputté, pour se trouver en la ville de Chastelleraud, de laquelle somme de cinquante escuz, est escheu à la part de ceste ville, douze escuz; demandent avis à la jurade, si les dicts douze escuz seront envoyés au dict sieur de Cazes. A esté arresté qu'il sera envoyé au seigr de Cazes pour son entretènement, les douze escuz escheus à la part de la communauté de ceste ville.

 

2 Juillet

Aussi a esté arresté, qu'il sera escript du premier jour a M. Tenant, ministre de la parolle de Dieu, et à M. D'Alies, qui sont à présent en la ville de Paris, pour voir s'il y auroit moyen de fère venir le dict Tenant en la présant ville, et que si le dict Tenant est en ceste volonté, les dicts sieurs maire et consuls feront les fraix nécessaires pour l'envoyer chercher.

 

 

1597-1598

 

Parmi les quarante jurats de cette année, nous trouvons: Jean Eyma, avocat du roi, autre Jean Eyma, Mathurin Peyrarède, avocat, Etienne Trelier, qui le premier traduisit nos coutumes du latin en français, durant le cours de l'année 1598, et dont nous donnons ci-aprés la lettre de dédicace, Giron Poumeau, Jean de Lespinasse, André Pinet etc, etc.

 

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Puisque le nom d'Etienne Trelier se trouve sous notre plume, nous croyons devoir rappeler qu'à l'heure actuelle, nous connaissons trois éditions de sa traduction. La première porte la date de 1598; elle vient d'être offerte à nos archives municipales par l'honorable M. Dussumier, ancien banquier de notre ville, qui avec un louable désintéressement, n'a pas hésité, de se dessaisir, en notre faveur, d'une édition aussi précieuse; elle fut imprimée à Bergerac par de Courtaneuve.

La seconde édition fut celle que nous donna Antoine Vernoy, imprimeur Bergeracois, en 1627; nos archives en possèdent un magnifique exemplaire, imprimé sur parchemin, et dont la reliure est un véritable objet d'art (1).

La troisième s'imprima en 1779 chez J.B. Puynesge, imprimeur-libraire, Grand'Rue, près la fontaine des Cinq Canelles; elle fait aussi partie de nos archives; Cette édition est commentée par MM. de Lamothe, (2) avocats au parlement de Bordeaux.

Enfin M. Reclus, contrôleur d'armes, trouva à Lille, chez un brocanteur, les coutumes de

 

(1) Dans un rapport fait au conseil municipal le 6 janvier 1860, par M. Richard, avocat, il est dit que l'édition de 1627, fut la première; il est facile de voir que l'honorable M. Richard ne connaissait pas celle de 1598.

(2) Natifs des Goulards, près Sainte-Foy.

 

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Bergerac réunies à celles de Toulouse et s'empressa d'en faire don à nos archives. Elles faisaient partie d'un volume d'une certaine importance dont le titre a disparu.

 

Voici la lettre adressée par Etienne Trelier, syndic de la ville de Bergerac, à MM. les maire et consuls en 1598.

 

« Messieurs,

Il y a plus de trente ans, ie mis en françois nos statuts et privilèges, qui ont esté composez en latin rude et grossier, selon le temps auquel ils furent faicts, qui estoit plongé en une fondrière d'ignorance. Il y auroit moyen de les réduire en autre latin mieux poly, comme a faict Monsieur Ferron, ceux de Bordeaux, Pyrrus ceux d'Orléans et de nostre sage Pierre Nannius, docte professeur de bonnes lettres à Louvain, ceux de Malines en Braban. Mais il n'en est besoin, veu que, par l'ordonnance du roy François premier, tous actes doivent estre mis en langage françois. Néanmois, on a trouvé bon, que ces statuts ayent esté adjoustés à la fin des confirmations de nos roys, afin que nul ne doute de la validité d'iceux.

Cest Edouard, qui parle icy, fust fils d'autre Edouard roy d'Angleterre, qui fit mourir Aimon prince de Galles, et bailla la

 

p. 379

principauté à cestuy-ci. Charles roy de France et de Navarre, fust le roy Charles-le-Bel, quatrième de ce nom, auquel succéda Philippe de Valois. La paix de laquelle parle Edouard, fust faicte à Brétigny, prés Chartres, le huitiesme jour de may, mil trois cent soixante. Il n'y a pas autre chose icy qui mérite aucun advertissement. Cependant Messieurs, je prieray Dieu qu'il vous tienne en sa garde.

De Bragerac ce jour d'août, mil cinq cens quatre vingts dix huict.

Vostre très humble et affectionné serviteur.

E. Trelier. »

 

25 Juillet

Maistre Françoys Gauchier, consul, a bailhé ung dire, escript et signé de sa main, qu'il a requis estre leu présentement, ayant oppiné sur les sus dicts articles (nomination du maire), ce qui a esté fait par le clerc de la dicte ville, en présence de toute l'assemblée; icelluy dire de ceste teneur: Maistre Françoys Gaulchier vous remonstre, qu'il a sceu et entendu, comme plusieurs de ceste ville, par brigues, se sont assemblés pour le nommer maire de ceste ville; à ceste cause, il déclare à la présente assemblée,

 

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qu'il est incapable d'exercer la dicte charge, et que, quant il seroit nommé tel, il n'exercera jamais telle charge, pour les raisons sus dictes, d'aultant qu'il est pauvre, et n'a aulcung moyen pour vivre, en sorte qu'il travailhe pour gagner vye, pour sa femme et enfans. Et ou il seroit procédé au contraire, qu'il vuydera la ville, et de son dire a requis acte.

Les consuls et les jurats tinrent compte de la requête, faite par François Gauchier, est après bien des discussions nommèrent Arnaud Vayres, l'un de leurs collègues, pour exercer les fonctions de maire, pendant un an.

Aussi a esté arresté, qu'il sera payé à Monsieur de Magendier, ministre de la parolle de Dieu, principal, et régent du collège de ceste ville, mesmes gaiges que leur sont esté payez, l'année passée, de l'argent et revenu de la communaulté de la dicte ville, à la charge que les dicts sieurs maire et consuls, feront dilligence de recouvrer les sommes qui sont esté données au dict collège, par le roy et seigneurs, qui restent à payer.

 

9 Septembre

Remonstrent qu'ils ont envoyé quérir ung pasteur à la Rochelle, et qu'ils ont obtenu Monsieur Pyneau, qui est à présent en ceste ville. Demandent avis à la jurade, s'il sera reçu et

 

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arresté pasteur en ceste ville, à mesmes gaiges que Monsieur Magendier, et que les fraix, faitz pour l'envoyer quérir, leur soient alloués. - Accordé.

 

13 Novembre

Remonstrent que puys certain temps, en ça, il s'est retiré en la présent ville plusieurs bordiers estrangiers, de lieux suspectz; si la jurade trouvera bon qu'il en soyt fait reserche, et qu'ils soyent mis hors de la dicte ville, et que si les habitans qui tienent des bordiers, qui mandient, seront contraintz de les nourir avec leurs familhes, ou les envoyer. Arresté, que les dicts sieurs consuls feront reserché les bordiers estrangiers et suspects, qui se sont retirés en ceste ville, pour leur fère vyder la ville, et que les habitans de la dicte ville et faulxbourgs d'icelle, qui tiennent bordiers estrangiers, en ceste ville, paroisse et juridiction, ayans enfens qui mandient, seront contraintz de les nourrir, avecques leur familhes, si mieulz ils n'ayment les expellir de leurs maisons.

Le droit de bourgeoisie sera bailhé à M. Brossot, jadis régent du collège, sans argent, à cause de sa vieilhesse, et des services qu'il a faits à la ville.

Aussi arresté, que les dicts sieurs consuls

 

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continueront la réparation du pont de Dordoigne de ceste ville, et le feront mectre en estat, que les charettes chargées, y puissent passer; et, à ces fins, feront recherche des habitans de la présent ville, qui vouldront prester argent à la communaulté de la dicte ville, à la charge de se remborseser sur l'esmolument et revenu du dict pont, lorsqu'il sera en estat.

 

 

1598

 

2 Janvier

Les dicts sieurs consuls ont remonstré, que la ville est toute plaine de pauvres, tant de la dicte ville, que estrangiers, qui meusrent de fain; sur quoy ont demandé avis à l'assemblée, qu'est ce qu'il fault fère là dessus. Sur laquelle remonstrance, la plus grand voix de l'assemblée a

 

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oppiné et arresté, qu'il sera esleu sept définiteurs, pour pourvoir aulx affères et nécessité des pauvres, lesquelz feront reserche de tous ceulx qui se trouveront vrayiement pauvres, en ceste ville, desquelz ils feront une description, pour iceulx pauvres estre nouris des revenus, à ce, destynés; et, où les revenus ne se trouveront suffizans, il sera imposé sur les habitans de ceste ville, tous les moys, telles sommes que les dicts définiteurs estimeront estre nécessaires, suyvant le nombre des dicts pauvres qu'on debvra nourir; et, pour le regard des pauvres estrangiers, ils seront empeschés d'entrer en la présant ville, par des personnes qu'on tiendra exprès aux portes de la ville, payées aux despens des habitans d'icelle; toutesfoys, sera donné aux dicts pauvres étrangiers, la passade, des dicts revenus et deniers qui seront imposés, et seront contraints, les habitans de la ville, par exécution, partant que besoing sera, à payer ce à quoy ils seront cottisez, et que, où il surviendra quelque chose de nouveau, il y sera pourveu par les dicts définiteurs, comme ils verront estre à faire.

Furent nommés définiteurs des pauvres: MM. Charon, lieutenant général en la sénéchaussée de Périgord, au siège de cette ville, Arnaud Vayres et François Cabrol, consuls, Mathurin Peyrarède et Pierre Poumeau, diacres du consistoire, Jean Eyma, dit Frigiguel, et

 

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Gabriel de Cabanat, bourgeois de la ville. Ces définiteurs devaient se changer tous les trois mois.

 

26 Février

Remonstrent, s'il sera imposé sur les habitans de ceste ville et bourg de la Magdalene, certaine somme de deniers, pour donner et distribuer aulx pauvres estrangiers, paysans, et pour nourir les malades valétudinaires, qui seront à l'hopital de la dicte ville. Il fut arrêté qu'on prélèverait, tous les mois, sur les habitants, la somme de cinquante écus, et que les définiteurs des pauvres auraient le droit d'augmenter, ou de diminuer, cette imposition, suivant les besoins des pauvres.

 

28 Mars

Remontrent aussy, que M. Pineau, ministre de la parole de Dieu, a esté bailhé, pour pasteur en l'esglise de ceste ville, pour deux ans seulement, et que, pour l'arrester en ceste ville, Baillechon, orphevre, de la dicte ville, a promis aux dicts sieurs consuls, d'apporter, par escript, promesse du père du dict sieur Pyneau, qu'il consentiroit que le dict sieur Pineau, son fils, soyt et demeure perpétuellement ministre, en

 

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ceste ville; auquel Baillechon, à ses fins, les dicts sieurs consuls ont avancé vingt escuz sol, ex qualité; toutes foys, que s'il n'obtient la dicte promesse absolue, il rendra les dicts vingt escuz aux dicts sieurs consuls; qu'il plaise à la jurade allouer les dicts vingt escuz. Accordé.

Remonstrent aussy que les habitans de Saincte Foy ont obtenu letres du roy, pour prendre et lever vingt sols, pour chacun thouneau de vin, et de toutes autres marchandises, passans par la rivière de Dordoigne, devant leur ville. Demandent avis à la jurade, s'ils se doibvent opposer à la dicte levée, ou sommer le syndic des marchans de prandre la cause en main. Il fut arrêté que le sindic des marchands, d'accord avec les consuls, s'opposerait à la dicte levée, et que requête serait présentée à la cour du parlement de Bordeaux.

Remonstrent aussy, qu'un fils de feu maistre Pierre Xans, s'en est allé, puis naguères, estudier au ministère au pays de Béar, et, par ce qu'il a peu de moyens, pour s'entretenir aux estudes, supplie la jurade luy assister de quelque chose, pour poursuivre ses estudes, et fait offre que, où il sera quelque jour promu au ministère, qu'il servira ceste esglise. A esté avisé, qu'il sera enquis de sa capacité au ministère, par des gens doctes, et l'ayant trouvé tel, par attestation faite sur les lieux, par Monsieur Magendier, ou aultre, il sera secouru. (La jurade

 

p. 386

du 30 mai lui alloua annuellement la somme de dix écus.) pour « l'ayder à parachever ses estudes. »

Et, quant à l'imprimeur, qui demande estre receu en ceste ville, et que les dicts sieurs consuls luy bailhent une maison meublée, avec honeste gaiges; a esté arresté qu'il luy sera baillé une maison et une boutique, et, ce qui se pourra lever des volontaires, sans s'abstraindre aucunement à aultre chose, que de l'exempter des charges de la ville.

 

30 Mai

Remonstrent, que Jehan Deslanes, demande douze escus du louage de sa maison, louhée à l'imprimeur, qui se tient en ceste ville, et veult argent comptant. La jurade arrêta: qu'il seroit donné vingt escus à l'imprimeur (1) pour luy donner moyen de pouvoir imprimer les privilèges de ceste ville, en latin et en francoys, une foys payés; comme aussy le louage de la maison et boutique, où il se tient, sera payé par demyes années, et au commencement de chascunes d'icelles, au propriétaire de la dicte maison et boutique, par les dicts sieurs maire et consuls.

 

(1) Cet imprimeur se nommait de Courtaneuve.

 

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Aussy, a esté arresté que la paix (1) sera publyée solempnellement en la présant ville, les dicts sieurs officiers et consuls en corps, ensemble les principaulx habitans, avecques feu de joye.

 

Copie de quelques reçus:

« Consul Pinet, receveur des deniers communs de la présant ville, payes à M. Pierre Lavergne, lecteur, la somme de cinq escus et demy, pour les deux premiers quartiers de ses gages, pour lire, tous les jours, la bible, aux prêches et prières; qui sera, pour la demie année, et pour les mois d'aoust, septembre, octobre, novembre, décembre et janvier; et en apportant certificat, vous sera aloué en la reddition de vos comptes. Fait ce 2 octobre 1597.

Cabrol, consul. »

 

« Je soubsigné, pasteur de l'église de Bergerac, confesse avoir receu des mains de Monsieur Pinet, consul et boursier de la présent ville, la somme de cent vingt cinq livres; et ce, pour le payemement de mes gages, pour le quartier d'octobre, novembre et décembre; de laquelle sus dicte somme, me tien bien content et satisfait. En foy de quoy, ay fait et

 

(1) Cette paix dite de Vervins, fut signée le 2 mai 1598 entre Henri IV et Philippe II.

 

p. 388

signé la présent quittance, au dict Bergarac, le dix septiesme novembre 1597.

Magendier. »

 

« Je soussigné, confesse avoir receu de Monsieur Pinet, receveur des deniers communs en la présent ville, la somme de cinquante escuz sol, savoir: cent vingt et cinq livres pour le premier quartier de mes gages, commençant, le dict quartier, le 17 d'aoust et finissant le 17 novembre, et les vingt et cinq, tant pour ma despence, depuis la Rochelle jusques en ceste ville, que pour celle d'un cheval, en ce lieu. En foy de quoy, j'ay ainsi signé la présente.

A Bergerac ce XIme de septembre 1597.

Pineau.

Ministre de la parolle de Dieu en la dicte église. »

 

« Consul Pinet, recepveur des deniers communs de la présent ville, paies à Thony Berbos, recouvreur, la somme de six soubz, pour a avoir recouvert, au temple, par dessus le ban de messieurs les consulz de la présent ville.

Le XXIIIme de février 1597.

J. Augeard, Consul. »

 

Frais faits en la maison commune de la présente ville, pour bailhier la colassion à M. de Caumont:

 

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Premièrement, en confytures, à maistre Baptiste Tarneau, comme apert par estat et quytance du dict Tarneau, du XXIIme Avril 1598 (1)                                                                                                                                    V livres XV sols

Plus, en pain blanc                                                                                                   XXIV sols

Plus, en vin, neuf potz, à raison de cinq souhz le pot, monte.                         XLV sols

Plus, en bois et chastaines                                                                                      IV sols, IX deniers

Plus, en tourtheau de heuf ou farine pour faire des gaufres et

crespagoulz                                                                                                               XII sols

Plus, à Pierre Mosnier, Coussinier pour avoir apresté la coulasion,

et avoir fourni an heuf et en gresse fine, la somme de                                     XV sols

Total                                                                                                        10 livres 15 sols 9 deniers.

 

Au dessous de ce compte, on trouve:

 

« Consul Pinet, recepveur des deniers communs de la présente ville, paies aux sus nommés escritz, la somme de dix livres et quinze soubz, neuf deniers, pour les fournytures sy-dessus escriptes, que nous avontz amplouiés pour donner la coulassion à M. de Caumont, au vouiage qu'il a faict à ceste ville, pour les

 

(1) Le détail des confitures fournies par Tarneau, apothicaire se trouve tout au long aux archives.

 

p. 390

reconssiliations de messieurs de Charon et Belrieu, et M. le baylif (1).

Augeard, consul. »

 

Délibération du consistoire.

« Le consistoire, délibérant sur la réquisition faicte par M. Bernard Maraval, advertisseur d'icelluy, de luy acister, veu la misère du temps, et son notoire besoing; ayant esgard à ce dessus, et au service qu'il faict journellement, à ceste églize, supplient Messieurs les maire et consuls de la présent ville, d'acister le dict Maraval, de la somme de deux escutz, affin qu'il ait moyen de continuer le dict service, et qu'il puisse sortir de la présente calamité.

Faict à Bergerac le Vme juing 1598.

Majendier, pasteur, Pineau, pasteur, Augeard, ancien. »

 

Voici maintenant le menu du dîner que s'offrirent MM. les consuls, à la fin de leur année consulaire, le jour où ils dressèrent la liste sur laquelle on devait choisir leurs successeurs:

 

(1) Ces messieurs avaient ou quelques démêlés à propos de l'élection du maire.

 

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Premièrement, en pain                                                                         XXX sols

Plus, en vin, X potz et choupine, savoir:                                          

3 potz 3 choupines à 1 sols le pot, et le reste à 5 sols monte        XLVI sols, III deniers

Plus, en mouthon                                                                                  XXIV sols, VI deniers

Plus, en lart                                                                                             XI sols, VIII deniers

Plus, en gresse                                                                                        II sols

Plus, ung levreau                                                                                   XIV sols, VI deniers

Quatre pères pigontz                                                                            XX sols

Quatre pères poulles                                                                             XX sols

Plus, 2 paires fois                                                                                  III sols

Plus, en heuf                                                                                          IX deniers

Plus, en (illisible)                                                                                    VII sols

Plus, en tourlhel retourtillionné                                                           II sols

Plus, eu brisquot (biscuits)                                                                   XIV deniers

Plus, en paumes de Datil.                                                                    XII deniers

Plus, eu nouzilles (noisettes)                                                                XIV deniers

Plus, en huille d'olif, demycart                                                            XV deniers

Plus, en poyres                                                                                       XII deniers

Plus, en bassely (basilic)                                                                      VI deniers

Plus, en pépolle (pourpier)                                                                   III deniers

Plus, en rafes (radis)                                                                             III deniers

Plus, en houniontz (oignons)                                                               III deniers

Plus, en concombres                                                                             XII deniers

 

p. 392

 

Plus, en sucre                                                                                         XII deniers

Plus en espisse                                                                                       II deniers

Plus, en safra (safran)                                                                          II deniers

Demy choupine sel                                                                               II sols, III deniers

Deux ventres de mouton                                                                     VI sols

Plus, pour le pastissier                                                                          VIII sols

Plus en verjeu                                                                                        IX deniers

 

Somme totale de ce festin, onze livres, onze sols et sept deniers.

 

Budget

Dépenses: Cinq mille quatre cent soixante-six livres, six sols, onze deniers.

Recettes: Cinq mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit livres, sept sols, huit deniers.

 

FIN DU QUATRIÈME VOLUME

 

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