Source : Bulletin SHAP, tome LV (1928) pp. 95-97.
MÉMOIRE DE LA
NOBLESSE DE PIERRE FAURE DE LA MOTHE
Entre 1583 et 1590. - (Orig. papier, communiqué par Mme de Montégut, née Faure de
Saint-Romain.)
Pour ses faitz, extraits, par devant tous, Monsieur le Commissaire, Guilhaume Faure, escuyer, seigneur de La Mothe et de Champaignac en toute justice, conseilher du Roy et guarde des sceaux
en lad. court présidialle de Perigeux, dit et maintient ce que s'ensuit, pour
en estre faict preuve et vérification, contre Monsieur le Procureur du Roy et
aultres parties qu'il appartiendra.
En premier lieu, qu'a esté vivant feu Pierre Faure, escuyer, seigneur de
Lussas, bisayeul aud. sr de Lamothe, estant gentilhomme vivant
noblement, receu au renc et nombre des nobles, ez honneurs et hautoritez deubtz
et appartenans à la noblesse.
Auquel succéda Jean Faure, escuyer, seigneur de
Lussas, Fontroubade, Beauvoys. Lamothe, son fils naturel et légitime, tenant
les susd. terres et seignuries noblement et en tout droit de justice haulte, moyene
et basse, mère et mixte, impere, à hommage du Roy de Navarre, compte de
Périgord, viscompte de Limouzin, à cause de sa baronnie de Nontron aud. pays de
Perigort, et à l'omage aussy du sr baron de Mareuil.
Et au respect de ce que se faizoit et traictoit en
leurs maizons pour festins, nopces, baptesmes, sépultures, honneurs, les
prinsipaulx appelles estoient nobles, leurs parans, amis et voisins, et ou a
esté observé ce qu'est receu et ordonné entre les gentilshommes de tous temps
et antienetté.
Estoient en oultre exemptz de toutes contributions
et tailhies, desquels les roturiers et non nobles sont obligés.
Au contrayre, lesd. Faures et leurs predeseseurs estoient employés au ban et
arrière ban de Perigort, fait le service lorsque les ocazions se sont présentées, s'il n'y a lieu empêchement de maladie, et a esté le tout continué par leurs sussesseurs.
Dudit feu Jehan Faure, escuyer, son decendus
noble Pierre Faure l’hayné, conseigneur de Lussas, Fontroubade, coneeilher et
procureur du Roy en Perigort.
Dauphin Faure, conseigneur de Lussas, Fontroubade, Savigniac et Augigniac,
lesd. parroisses de Savigniac et Auginiac par luy acquizes en justice, esleu
pour le Roy en Perigort.
Jehan Faure,
seigneur de Beauvoys, homme d'armes de la compagnie du feu Roy de Navarre.
Gerault Faure,
seigneur de Mensigniac,
official et grand vicaire de Monsieur de Perigeux, chanoyne des deux esglizes
cathedralle et colegialle dud. Perigeus.
Pierre Faure,
seigneur de Lamothe, conseilher
d[u Roy], juge magistrat criminel en lad. seneschausée de Perigort ; ses enfans
naturels et légitimes et de la damoizelle Jehane de Puysilhon, sa femme.
Dud. Pierre ayné, et de son loyal mariage avec damoyselle Bertrande de Prouilhac,
sont venus Francoys et Guy Faures, conseigneur de Lussas, Fontroubade, sr de la Ribeyrie,
gensdarmes de la compaignie du Roy de Navarre ; et led. Guy ayant esté fait
prisonnier par l’Espaniol, faisant service à Monsieur le dud d’Angou, frère du Roy, en son armée de
Flandres, alors que le sr de Thurene fust prins.
D'iceluy Dauphin et de damoyselle Jehanne de Prouliac,
sa femme, sont venus Jehan l'ayné, Gerault, aultre Jehan Faures, tous decedés.
Iceluy Jehan l’ayné, sr de la Rouderie.: Savigniac et Auginiac, conseilher
du Roy en sa court de Parlement de Bourdeaux, qui a heu charge d'une compaignie
de gens de pied au régiment de feu Monsieur le compte de Brissac, et despuys
commandement de Sa Majesté de gouverneur à Limoges, ayant fait plusieurs et
notables exploits de guerre pour son service, tant au siège de La Rouchelle que
armées royalles.
Led. Gerault,
seigneur de La Roche Pontisac, recepveur géneral en Perigort pour Sa Maiesté.
Ledict Jehan le jeune, seigneur de Savigniac,
gentilhomme ordinere de la maison du Roy de Navarre.
Quand à iceluy Jehan Faure, sieur de Reauvoys, est décédé sans hoirs et vescu longuement, porté les armes en plusieurs expéditions pour le service de
Sa Maiesté.
D'iceluy feu Pierre Faure, seigneur de Lamothe, juge magistral criminel, et de damoiselle Magdelene
de Lulier, filhe de feu Monsieur Me Jehan Lulier, escuyer sr de Lamothe des Grix, Quinquempoix et Frenaux,
conseilher du Roy en la Cour de Parlement à Paris.
Est provenu led. seigneur de Lamothe, [Guillaume Faure, escuier, sr de Lamothe, coseigneur de Champaigniac, conseiller magistrat pour le Roy et
garde des sceaux en la sénéchaussée de Perigort, qui a comparut à 1’assemblée
des Trois Etats de Périgord faite en la ville de Sarlat le 13 juin 1583],
demandeur, lequel, oultre sa charge et de debvoir en la justice; a fait profection
des harmes, ayant heu charge en chef d'une compaignie de gens de pied au
régiment de Monsieur de Puyferrat en l'armée du Roy en Guyenne, conduyte par
Monsieur le Mareschal de Biron, en l’année mil cinq centz quatre vingtz.
Commandé aussy heureusement en la ville et chasteau
de Nontron, par commandement de feu Monsieur de Bourdeilhe, seneschal et
gouverneur du Perigort.
La conversation des susd. et de leurs prédécesseurs
a este de tout temps noble, honeste, acommodée aux harmes, aulx chevaulx, oizeaux
de proye et aultre, chasse de chiens lévriers, courantz, et aultres, qu'ilz ont
entretenu, et les vivans continuent.
Ont officiers en leurs justices et ont heu sy
devant, comme juges, lieutenans, procureurs d’office, greffiers, prevostz et
sergents.
Aux esglizes de leurs justices, les sainctures (1)
dedans et dehors, avec leurs escuseaux et harmories, nobles et marquées de
signes de noblesse.
Aux sépultures, grandz theus (2) avec les draptz noirs, avec les escuseaulx et harmonies, et sepulchres et
harmories acoustumées entre nobles en Perigort, y sont et ont esté entierement
observés.
Eux et leurs predessesseurs tenus et réputés nobles,
et de noble et entieue ligniée, et don en est voix et fame publicque entre
toutes personnes de respect.
Les antiens l'ont veu, sceu, et entendu dire à leurs
pères et ayeuls, gens vieux et antiens.
Dict que pendant les troubles, le lieu de Nontron. où
il avoit sa maizon originere et ses tiltres, a esté prinze et pillée par l'armée de ceux de la
Religion pretandue et refformée, ses tiltres entiers rompus, brisés, mis au
feu, quoy que soit la plus grande partie et le semblable advenu aux aultres
catholiques faisant service au Roy.
Pour copie conforme : G. Lavergne.
(1). Ou Litres.
(2) Cercueils.
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