<<Retour

Source : Bulletin SHAP, tome XLVIII (1921) pp. 77-86.

L'ENTRÉE ÉPISCOPALE D'HÉLIE SERVIEN en 1385

Une trouvaille faite récemment dans le fonds Taillefer, aux Archives de la Dordogne, nous permet d'ajouter à celles qui étaient déjà connues et publiées[1] une relation inédite d'entrée d'évêque à Périgueux.

Il s'agit d'un procès-verbal officiel de la prise de possession et intronisation en la cathédrale Saint-Etienne, de l'évêque Hélie Servien, le jour de la Toussaint 1385. Il fut rédigé à l'issue de. la cérémonie par deux notaires de Périgueux, Guillaume de Roche et Guillaume de Langlade, en présence de Me Guillaume Galhon, licencié ès lois ; Archambaud de Barrière, chevalier; Jean de Lasbordas, damoiseau ;'Guillaume de Botas, bourgeois, et Fortanier de Rey, clerc de la ville de Périgueux[2].

Par sa date, ce document est le plus ancien de tous ceux qui nous ont été conservés : il présente donc un grand intérêt pour la connaissance du cérémonial usité à Périgueux lors de l'entrée des évêques. Il y a plus. La Gallia Christiana avait signalé la présence de cet acte, parmi des procès-verbaux analogues, dans un registre, perdu depuis, des archives du chapitre de la cathédrale, intitulé Pater[3]. Or, c'est bien de ce registre qu'en 1661, à l'occasion d'un procès et par ordonnance de la Cour de Parlement de Bordeaux, fut extraite, vidimée et collationnée la copie que nous reproduisons plus loin[4]. Pater était à cette époque, un grand livre de cent soixante feuillets, tant écrits que blancs, couvert de basane rouge fort usée. Nous voici fixés sur l'aspect d'un volume précieux pour l'histoire de la Cathédrale, que nous ne pourrons plus désormais juger que par les extraits qui en furent faits avant sa disparition[5].

Nous sommes assez mal renseignés sur l'évêque Hélie Servien, qui fit son entrée en la cathédrale le 1er novembre 1385. Il est fort à croire qu'il était périgourdin de naissance et qu'il appartenait à cette famille des Servientis (qu'on traduit tantôt par Servien, tantôt par Sergent) dont les archives de Périgueux nous ont conservé les honorables services dans le notariat ou les charges de judicature. On le donne généralement, en 1384, comme successeur à Pierre Tizon, dont la querelle avec la ville de Périgueux est restée célèbre. A n'en pas douter, Hélie Servien tenait le parti du pape d'Avignon, Clément VII, qui s'opposait, depuis 1378, au pape de Rome, Urbain V. S'il est vrai que son successeur, Pierre de Durfort entra à Périgueux à la fin de 1389, son épiscopat fut de courte durée et s'écoula au milieu des plus tristes événements[6]. D'une part, le Grand Schisme ; de l'autre, la guerre franco-anglaise, qui se corse, à Périgueux même, de la terrible mésintelligence entre la ville de Périgueux et le comte de Périgord, Archambaud V. On verra plus loin qu'à cause de la guerre pressante et de la malignité du temps, le nouvel évêque de Périgueux dut renoncer à l'honneur d'être porté, le jour de son entrée à la cathédrale, par quatre des barons du Périgord, comme c'était anciennement l'usage. Tous manquaient, les uns parce qu'ils étaient morts sans hoirs, les autres parce qu'ils guerroyaient loin de la province ou qu'ils avaient embrassé le parti de l'Angleterre. Faut-il ajouter qu'au cours de la dispute entre l'évêque Tizon et Périgueux, une dizaine d'années auparavant, les habitants avaient en partie brûlé et démoli le palais qui, dans la Cité servait de résidence aux évêques ?[7]

Il paraît qu'Hélie Servien prit courageusement son parti de toutes ces misères. Son premier désir d'évêque semble d'avoir été de se concilier la Municipalité de Périgueux. Cinq jours avant de faire son entrée en la cathédrale, le 25 octobre 1385, il se rendit à cheval, prêter le serment que la ville de Périgueux exigeait de chaque nouvel évêque, devant la porte du Pont de Taillefer, à l'entrée du Puy-Saint Front. La main sur la poitrine, il jura aux consuls présents d'être loyal et bon pour la ville, cité et communauté de Périgueux et d'en tenir et garder les libertés et franchises, comme l'avaient fait ses prédécesseurs[8].

Le procès-verbal dont nous avons retrouvé la copie ne relate exclusivement que les cérémonies qui marquèrent, à l'église cathédrale Saint-Etienne, la prise de possession et l'intronisation d'Hélie Servien.

On y voit que cet évêque, voulant entrer en possession de son église, s'était rendu le 1er novembre 1385, à l'heure de prime[9], dans la chapelle de Saint-Jean-Baptiste où sont les fonts-baptismaux, au coin du bas-cloître de l'église Saint-Etienne[10].

Le Chapitre cathédral l'y attendait, en surplis et en aumusses. Son porte-parole, le chanoine Guy La Cropte, archiprêtre de la Double, rappela alors au nouvel évêque, qu'une des principales cérémonies en usage à l'occasion des entrées épiscopales, était le portage de l'évêque, à partir de l'église Saint-Pierre-Lanès, où le prélat se revêtait des habits pontificaux[11], jusqu'à la cathédrale, par les soins de quatre barons ou nobles des diocèses de Périgueux et de Sarlat[12].

Cette année-là, leur absence « propter urgentem guerram et temporis malitiam », empêchait d'observer cette antique coutume; mais il restait entendu que cette omission exceptionnelle d'un des honneurs dûs au nouvel évêque n'engageait pas l'avenir, et que le prélat, le Chapitre et l'église conservaient tous leurs droits à l'exiger, le cas échéant.

Hélie Servien ne manqua pas d'acquiescer à cette solennelle revendication. En costume épiscopal, accompagné de chanoines, de notaires, de nobles, prêtres, clercs et laïcs des deux sexes, il se borna à traversera pied le cloître pour se rendre à la cathédrale[13].

Comme il arrivait devant la porte de communication, qui ouvre vers le fond de l'église, trois des chanoines qui se trouvaient à l'intérieur sortirent au-devant de l'évêque.

L'un d'eux, Guy Bernard, tenait le livre antique où est conservée la formule de serment exigée de l'évêque à son entrée. A haute voix et en chantant, ad modum lectionis, le chanoine posa alors à Hélie Servien les interrogations d'usage :

« Vultis, domine Episcope, servare consuetudines in Petragoriciensi ecclesia observatas et etiam approbatas ? »

« Vultis etiam jura episcopalia et ecclesie Petragoricensis defendere et servare et alienata pro posse revocare ? »

« Vultis etiam personas dicte ecclesie et alias personas ecclesiasticas vestre diœcesis servare et defendere ab injuriis et violentas pro posse ? »

Ces trois questions sacramentelles résumaient, pour ainsi dire, toutes les obligations du nouvel évêque comme chef temporel du diocèse et lui dictaient la conduite à tenir à l'égard des coutumes de l'église, de ses droits, de ses biens et des personnes soumises à sa juridiction ordinaire. Ayant répondu successivement à chacune d'elles par l'affirmative (volo), l'évêque étendit sa main droite sur le livre des Evangiles, que Guy La Cropte lui présentait ouvert à l'endroit de la formule écrite de serment, et prononça :

« Haec omnia premissa promitto et juro ad Sancta Dei Evangelia me facturum et servaturum pro posse. »

Hélie Servien, cependant, restait toujours en dehors de la cathédrale, dont la porte était close. Ici se place dans le cérémonial du jour une réminiscence de la fête de la dédicace des églises et de la procession des Rameaux. Pour se faire ouvrir, l'évêque frappe trois fois le vantail de sa crosse en disant : « Attollite portas, etc. » A quoi on lui répond, de l'intérieur de l'église « Quis es iste, etc ». A la troisième injonction, la porte s'ouvre et l'évêque entre dans la cathédrale avec la foule des assistants[14] .

La [cérémonie désormais, allait se dérouler au pied du grand autel ou sur la chaire épiscopale, qui se trouvait derrière. Les chanoines entonnèrent d'abord le chant : « Sint lumbi vestri praecincti » [15], puis, après une prière à saint Etienne, patron de l'église, dite à genoux, il fut procédé, aux accents du Te Deum, à l'intronisation proprement dite du nouveau pasteur, qui termina par la récitation de la prière à la Sainte Vierge : « Concede nos famulos tuos, etc ».

On voit tout l'intérêt liturgique du procès-verbal rédigé à l'issue des cérémonies par les notaires de Roche et de Langlade. Si l'on n'y trouve pas les autres détails que nous signalent les récits d'entrées postérieurs[16], c'est que, comme on l'a vu que les circonstances ne s'y prêtaient pas. En prélat ennemi du faste, Hélie Servien avait désiré que sa prise de possession fut réduite à la simplicité que commandait le meilleur des temps. Ses fidèles durent apprécier cette conduite pleine de cœur et de dignité.

Géraud Lavergne.

 

1385, 1er novembre, Périgueux.

Procès-verbal de l’entrée en possession et de l'intronisation d'Hélie Servien, évêque de Périgueux.

(Copie authentique de 1611 sur papier. Archives de la Dordogne. Série E. (Fonds de Taillefer).

Ia mensis novembris 1385.

In nomine Domini, amen. Serie …….. et hujusmodi instrumenti publici tenore cunctis pateat evidenter quod die nec non in festo Omnium Sanctorum, videlicet prima die mensis novembris, anno a nativitate Domini millesimo trecentesimo octuagesimo quinto, indictione octava secundum morem Curiee romanae, pontificatus sanctissimi in Christo patris et domini nostri, domini Clementis, divina providentia papa; septimi anno octavo ; in nostrorum notariorum publicorum et testium subscriptorum, ad haec vocatorum specialiter et rogatorum, presentia ; reverendus in Christo pater et dominus dominus Helias Servientis, Dei gratia episcopus modernus Petragoricensis, volens intrare, capere et adipiscere corporalem, realem et actualem possessionem eclesiae suae Petragorarum, intravit capellam beati Joannis Baptistae, in cornu claustri inferioris dictae eclesiae situatam et fundatam,et qua sunt fontes baptismales ; et ibidem, circa et ante horam primae, coram prefato domino episcopo, ac in ipsius et mei notariorum publicorum ac testium subscriptorum presentia, personaliter constituti venerabiles et discreti viri dominus Geraldus La Cropta, archidiaconus de Dupla in ecclesia antedicta ; Aimericus de Valle, Guillelmus Gandilh, Guido Bernardi, Archambaldus et Bertrandus La Porta, Petrus de Buco, Laurentius Picardi, Geraldus Chassarelli et Helias de Vaure, canonici ejusdem eclesiae, induti superpelliciis et almutiis, pro se et capitulo ipsius eclesiae dixerunt et asseruerunt, seu dictus dominus Geraldus La Cropta, verba profertus pro se et aliis dominis canonicis superius nominatis et capitulo eclesiae nominatae, dixit et asseruit quod cum in novo introitu domini episcopi Petragoricensis, seu quando dominus episcopus Petragoricensis intrabat noviter eclesiam supradictam aliquae sollennitates hactenus ab antiquo fuissent fieri consuetae et fieri debent ex antiqua consuetudine et observantia eclesiae sepedictae, videlicet in cœtera quod idem dominus episcopus deportari debebat ab eclesia sancti Petri Lanes, in qua indui debebat pontificalibus indumentis, usque ad eclesiam Petragoricensem predictam per quatuor barones seu nobiles, quorum aliqui sunt de diœcesi Petragoricensi et aliqui de diœcesi Sarlatensi : dictique barones  essent absentes et non essent ibidem pro faciendo premissa propter urgentem guerram et temporis malitiam, et pro eo etiam quia aliqui erant mortui haeredibus carentes et aliqui erant de obedientia aliena, videlicet de obedientia Anglorum, et alii erant in partibus remotis, propter quœ venire non potuerant pro premissis et aliis faciendis ; ea propter ipsi domini canonici pro observatione honoris et juris domini episcopi eclesiae et capituli predicti protestabantur et protestati fuerunt quod absentia baronum predictorum in aliquo non noceat domino episcopo, eclesiae et capitulo prelibatis, nec per absentiam ipsorum baronum, nec per obmissionem sollennitatum predictarum aliorumque faciendiorum eisdem domino episcopo, eclesiae et capitulo, nec alicui alteri, potissime servitoribus ejusdem eclesiae, prejudicium aliquod generetur seu generari valeat in futurum, et quod dicta; sollennitates et alia fiant et fieri valeant modo solito, tempore venienti, prefato domino episcopo, pro conservatione honoris et juris suorum et eclesiae ac capituli predicti, ut dixit, dictas protestationes laudante et satificante ac etiam approbante, et de consimilibus protestationibus protestante...; idem dominus episcopus sacris vestimentis episcopalibus indutus accessit una cum dictis dominis Geraldo La Cropta, Aimerico de Valle et Laurentio Picardi, canonicis, ac nobis notariis publicis et testibus infrascriptis et quampluribus aliis tam nobilibus, presbiteris, clericis, quam laicis etiam utriusque sexus, transeundo per claustrum supradictum versus eclesiam ante dictam et ante portam per quam iutratur de dicto claustro in eclesiam predictam, quae quidem porta est de versus fundum ipsius eclesiae, dicta porta clausa existente, cœterisque dominis canonicis suprafatis in dicta eclesia jam existentibus et exinde primi exeuntibus dictis dominis Guidone Bernardi, Archambaldo La Porta et Guillelmo Gandilh, canonicis praefatus dominus Guido Bernardi, vice sua et dominorum canonicorum ac capituli predictorum, tenens in manibus suis quendam librum antiqum eclesiae predictae, in quo asseruit esse conscriptam formam juramenti quod ibidem dictus dominus episcopus facere debebat, dixit eidem domino episcopo ipsumque interrogavit, cantando alta voce ad modum lectionis, haec verba quae sequntur, quae erant conscripta in libro supradicto : « Vultis, domine Episcope servare consuetudines in Petragoricensi eclesia observatas et etiam approbatas ? » Et statim dictus dominus episcopus respondit : « Volo ». Item dixit secundo idem dominus Guido eidem domino episcopo, ipsumque interrogans cantando, more consimili, haec alia verba : « Vultis etiam jura episcopalia et eclesiae Petragoricensis deffendere et servare et alienata pro posse revocare ? » Prefato domino episcopo respondente : «Volo». Item dixit .... prefatus dominus Guido dicto domino episcopo modo consimili.... quae sequntur : « Vultis etiam personas dictae eclesiae et alias personas eclesiasticas vestrae diœcesis servare et deffendere ab injuriis et violentiis pro posse ? ». Et dictus dominus episcopus respondens : « Volo ». Et tunc dictus dominus Archambaldus porrexit eidem domino episcopo quendam librum Evangeliorum appertum, supra quem librum prefatus dominus episcopus fecit et prestitit cum manu sua dextra... tangendo juramentum in dicto libro antiquo contentum... cujus forma talis est : « Haec omnia premissa promitto et juro ad sancta Dei Evangelia me facturum et servaturum pro posse. » Quo quidem juramento et aliis premissis sic factis, percussaque per dictum dominum episcopum tribus vicibus porta supradicta eclesiae sepedictae cum baculo pastorali, dicendo singulis vicibus « Attollite portas » ; illis autem qui erant in predicta eclesia respondentibus eidem domino episcopo, sicut fit in festo Ramis palmarum : illi qui erant infra dictam eclesiam apperuerunt dictam portam, et tunc dictus dominus episcopus intravit eclesiam memoratam cum multitudine gentium copiosa utriusque sexus, et prefati domini canonici eundem dominum episcopum, cantando « Sint lumbi vestri praecincti », duxerunt ante majus altare ipsius eclesise, ubi flexis genibus Deum exoraverunt ; et dicto quodam versiculo ab assistentibus orationem beati protomartiris Stephani dixit ; et deinde ipsi domini canonici eundem dominum episcopum per eclesiam duxerunt ad sedem chatedralem, quae est retro majus altare ejusdem eclesiae ubi ipsum dominum episcopum cathedraverunt et in eadem chatedra posuerunt, cantantes alta voce « Te Deum laudamus » usque ad finem ; et dicto versiculo « A Domino factum est istud », idem dominus  episcopus dixit orationem beatae Mariae, scilicet: « Concede nos famulos tuos » ; et super et de quibus premissis omnibus et singulis petierunt tam praefatus dominus episcopus quam praenominati domini canonici per nos notarios publicos infrascriptos sibi fieri publicum instrumentum, unum vel plura unius ejusdemque tenoris, tot quot habere voluerunt de prœmissis. Acta fuerunt haec die, mense, anno, indictione et locis quibus supra, presentibus testibus venerabili et discreto viro domino Guillelmo Calhonis, licenciato in legibus ; domino Archambaldo Barrierra, milite ; Johanne de Las Bordas, domicello diœcesis Petragoricensis ; Guillelmo de Botas, burgensis, et Fortanerio de Rege, clerico ville Petragoricensis, et pluribus aliis ad praemissa vocatis et rogatis.

Et me, Guillelmo de Rupe, villas Petragoricensis publico aucthoritate imperiali notario, qui praemissis omnibus et singulis, dum agerentur in modum praedictum, una cum magistro Guillelmo de Langlada, clerico, eadem aucthoritate publico notario subscripto, et testibus praefatis, presens interfui, et de praemissis hoc praesens instrumentum presens inquisivi quod manu mea propria scripsi ipsumque signo meo publico et solito consignavi in formam publicam redigendo, vocatus et requisitus.

Et me Guillelmo de Langlada, clerico ville Petragoricensis praedictae habitatore, publico aucthoritate imperiali notario, qui praemissis omnibus et singulis dum in et per modum predictum agerentur et fierent, una cum prefato magistro Guillelmo de Rupe, eadem aucthoritate notario publico, et testibus ante dictis, prœsens fui ; et de eisdem hoc praesens intrumentum publicum, manu domini magistri Guillelmi scriptum, inquisivi seu recepi, ipsumque signo meo publico et solito consignavi, vocatus et requisitus, in testimonium omnium et singulorum praemissorum.



[1] Ce sont chronologiquement : 1° l'entrée de Gabriel Dumas, en 1498, dans les Annales de la Société d'Agriculture de la Dordogne, t. XXXV, p. 130-144. — 2° Celle de Geoffroy de Pompadour, en 1503, dans les Annales agricoles et littéraires de la Dordogne, t. I, p. 243-250. — 3° Celle de Foucauld de Bonneval, en 1531, dans le Mémoire servant de supplément pour les citoyens de Périgueux, n° XIV, p. 74-79. — 4° Celle de Jean de Lustrac, en 1550, dans le Chroniqueur du Périgord, t. III, p. 135.

[2] La plupart de ces témoins ont joué un rôle dans l'histoire locale. Guillaume Calhon fut, dès 1391, juge-mage et lieutenant du sénéchal ; Guillaume de Botas, maire ; Fortanier de Rey, plusieurs fois consul de Périgueux.

[3] Au f° 10. On y voyait aussi le récit des entrées d'Hélie de Bourdeille de Gabriel Dumas, de Guy de Castelnau, de Jean de Plas, etc.

[4] On lit in fine et d'une autre écriture : « La présent coppie, par ordonnance de la Cour et requérant Anthoine Jay, Nicollas Dumazeau, Jehan Picaard, Annet Dureclus, Pierre Dechamps, Anthoine Chalup, chanoine en l'esglize cathédralle Saint-Etienne de Périgeulx, a esté extraicte, vidimée et collationnée à son original, escript en la mesme forme que dessus, trouvé dans ung grand livre, contenant plusieurs actes et contrats des affères de lad. esglize Saint-Etienne dud. Périgeulx, et au dixiesme feuillet dud. livre, recto et verso ; icelluy livre contenant huict vingtz feuilletz de papier, tant écrits que en blanc, couvert de bazane rouge fort uzée ; au commencement duquel susd. livre et premier feuillet d'icelluy sont escriptz... datum decima die... decembris... (Suivent seize lignes d'écriture effacée sur papier troué et sali). Faict à Bordeaux... de mai mil six centz et unze. De Pontac. »

[5] Surtout l’Extrait général des Archives du Chapitre de Périgueux, du xvie siècle, signalé par notre vénéré collègue, M. Dujarric-Descombes, dans le Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, t. XLIII, p. 223-228. Sur une obligeante indication de sa part, nous y avons relevé des analyses en français de quelques-unes des entrées signalées plus haut, y compris celle d'Hélie Servien, au f° 32. Qu'il trouve ici l'expression de notre gratitude.

[6] Cf. Sur Hélie Servien, Dessalles (L.) Histoire du Périgord, t. II, p. 387-388, qui renvoie aux divers auteurs qui ont parlé de cet évêque.

[7] Dessalles, op. cit., p. 311-312 et 386, n. 1

[8] Recueil de titres sur la constitution politique de Périgueux, p. 400-402. Le procès-verbal de la cérémonie est signé des notaires de Langlade et de Floche. C'est là la plus ancienne preuve donnée par les consuls, de leur prétendu droit d'exiger du nouvel évêque entrant en ville, un serment de loyauté. D'après la prestation de serment de Pierre de Durfort, en 1389, imprimée dans le même Recueil, à la suite, Pierre Tizon et ses prédécesseurs auraient, avant Hélie Servien, accompli cette formalité, mais c'est là une simple affirmation. Il est vrai de dire que le serment fut couramment prêté depuis, par les évêques aux consuls. La cérémonie eut toujours lieu devant la porte Taillefer, sauf en 1498, où elle se déroula devant la porte Romaine, à la Cité.

[9] Six heures du matin.

[10] Il n'y a aucun doute qu'il s'agit là de la chapelle plus connue sous le nom de chapelle épiscopale, actuellement dans l'enceinte du couvent de Sainte-Marthe. Le bâtiment, restauré et modifié dans le goût de la Renaissance par l'évêque Guy de Castelnau, existait donc déjà au XIVe siècle, comme l'avait indiqué W. de Taillefer dans les Antiquités de Vésone, t. II, p. 563-567.

[11] Cette église fondée, dit-on, par saint Front lui-même, se trouvait hors de l'enceinte gallo-romaine de la Cité. Sa haute antiquité lui valait l'honneur d'être la première visitée par tout nouvel évêque de Périgueux faisant son entrée. Postérieurement on y voit le prélat s'y habiller, dire des prières et acquitter au Chapitre ce qu'on a appelé le droit de chape, qui consistait pour l'évêque à faire don à l'église Saint-Pierre-Lanès, de la clocha ou manteau de satin ou de velours noir qu'il portait en y arrivant (a). Quand la résidence épiscopale fut transférée de la Cité à Périgueux (xve s.), l'usage s'établit que l'évêque se rendrait à Saint-Pierre-Lanès, par la porte Taillefer, monté sur une mule menée à la main par le seigneur de Barrière, à la Cité. Ce dernier, en échange de ce service de fief, avait le droit de conserver en toute propriété, la mule épiscopale.

(a) Cf. Carvès (L). Le droit de chape à Périgueux, dans le Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord, t. XII, p. 361-365. Pareil usage existait à Sarlat.

[12] Guy de La Cropte ne désigne pas plus précisément ces barons, connus par des documents postérieurs, pour être ceux de Bourdeille, Mareuil, Biron et Beynac. Il y aurait quelque intérêt à rechercher la véritable origine de ce devoir de fief exclusif des quatre baronnies du Périgord. On a, d'ailleurs, jusqu'ici trop considéré comme une coutume propre à Périgueux, la cérémonie du portage de l'évêque à son entrée. On la retrouve dès le XIe siècle, dans un grand nombre de diocèses : Auxerre, Thérouanne, Paris, Nantes, Chartres, Tours. A Périgueux, par suite des compétitions souvent tumultueuses que soulevait entre les quatre barons l'exercice de ce devoir féodal, il devint tout théorique. A dater du XVe siècle, on peut justement remarquer que devant les prétentions des barons pour la prééminence, l'évêque qui craignait un scandale, se résignait à choisir comme porteurs, quatre gentilshommes pris dans l'assistance, quitte à promettre aux contendants d'examiner ultérieurement leurs titres respectifs à la première place. Cf. Antiquités de Vésone, t. ii, p. 584 n. 5.

[13] Pour le trajet épiscopal, se reporter au plan du xviie siècle annexé à la présente étude , n° 6, 5, 3, 4. (non reproduit ici – note C.R.)

[14] Les paroles de l'évêque et la réponse du chœur sont empruntées au psaume 23. « Attollite portas principes vestras, et elevamini portai aeternales et introibit rex gloriae. — Quis est iste rex gloriae ». Souvenir des paroles du Prophète demandant aux portes de Sion de s'ouvrir pour laisser passer l’arche sainte transportée d'Obededom.

[15] Evang. sec. Lucam, xii, 35.

[16] C'étaient, en dehors de la « prise d'habits » de Saint-Pierre-Lanès et du portage par les barons, la messe solennelle à la cathédrale dite par l'évêque, suivie de fondation obituaire et du don d'une « chapelle épiscopale ; enfin, le dîner d'apparat après la messe. Ce festin pantagruélique était servi à l'évêque par le seigneur de Barrière, qui, en échange de ce service, avait le privilège d'emporter, après le repas, les nappes, les écuelles d'argent et les coupes, comme il faisait pour la mule.

<<Retour