Source : Bulletin SHAP,
tome XLVIII (1921) pp. 77-86.
L'ENTRÉE ÉPISCOPALE D'HÉLIE SERVIEN en 1385
Une trouvaille faite récemment dans
le fonds Taillefer, aux Archives de la Dordogne, nous permet d'ajouter à celles
qui étaient déjà connues et publiées[1] une relation inédite d'entrée
d'évêque à Périgueux.
Il s'agit d'un
procès-verbal officiel de la prise de possession et intronisation en la
cathédrale Saint-Etienne, de l'évêque Hélie Servien, le jour de la Toussaint
1385. Il fut rédigé à l'issue de. la cérémonie par deux notaires de Périgueux,
Guillaume de Roche et Guillaume de Langlade, en présence de Me Guillaume
Galhon, licencié ès lois ; Archambaud de Barrière, chevalier; Jean de
Lasbordas, damoiseau ;'Guillaume de Botas, bourgeois, et Fortanier de Rey, clerc
de la ville de Périgueux[2].
Par sa date, ce
document est le plus ancien de tous ceux qui nous ont été conservés : il
présente donc un grand intérêt pour la connaissance du cérémonial usité à
Périgueux lors de l'entrée des évêques. Il y a plus. La Gallia Christiana avait signalé la présence de cet
acte, parmi des procès-verbaux analogues, dans un registre, perdu depuis, des
archives du chapitre de la cathédrale, intitulé Pater[3]. Or, c'est bien de ce registre
qu'en 1661, à l'occasion d'un procès et par ordonnance de la Cour de Parlement
de Bordeaux, fut extraite, vidimée et collationnée la copie que nous
reproduisons plus loin[4]. Pater était à cette époque, un grand livre de cent soixante
feuillets, tant écrits que blancs, couvert de basane rouge fort usée. Nous
voici fixés sur l'aspect d'un volume précieux pour l'histoire de la Cathédrale,
que nous ne pourrons plus désormais juger que par les extraits qui en furent
faits avant sa disparition[5].
Nous sommes
assez mal renseignés sur l'évêque Hélie Servien, qui fit son entrée en la
cathédrale le 1er novembre 1385. Il est fort à croire qu'il était périgourdin
de naissance et qu'il appartenait à cette famille des Servientis (qu'on traduit tantôt par Servien, tantôt par Sergent)
dont les
archives de Périgueux nous ont conservé les honorables services dans le
notariat ou les charges de judicature. On le donne généralement, en 1384, comme
successeur à Pierre Tizon, dont la querelle avec la ville de Périgueux est
restée célèbre. A n'en pas douter, Hélie Servien tenait le parti du pape
d'Avignon, Clément VII, qui s'opposait, depuis 1378, au pape de Rome, Urbain V.
S'il est vrai que son successeur, Pierre de Durfort entra à Périgueux à la fin
de 1389, son épiscopat fut de courte durée et s'écoula au milieu des plus
tristes événements[6]. D'une part, le Grand Schisme ; de
l'autre, la guerre franco-anglaise, qui se corse, à Périgueux même, de la
terrible mésintelligence entre la ville de Périgueux et le comte de Périgord,
Archambaud V. On verra plus loin qu'à cause de la guerre pressante et de la
malignité du temps, le nouvel évêque de Périgueux dut renoncer à l'honneur
d'être porté, le jour de son entrée à la cathédrale, par quatre des barons du
Périgord, comme c'était anciennement l'usage. Tous manquaient, les uns parce
qu'ils étaient morts sans hoirs, les autres parce qu'ils guerroyaient loin de
la province ou qu'ils avaient embrassé le parti de l'Angleterre. Faut-il
ajouter qu'au cours de la dispute entre l'évêque Tizon et Périgueux, une
dizaine d'années auparavant, les habitants avaient en partie brûlé et démoli le
palais qui, dans la Cité servait de résidence aux évêques ?[7]
Il paraît qu'Hélie Servien prit
courageusement son parti de toutes ces misères. Son premier désir d'évêque
semble d'avoir été de se concilier la Municipalité de Périgueux. Cinq jours
avant de faire son entrée en la cathédrale, le 25 octobre 1385, il se rendit à
cheval, prêter le serment que la ville de Périgueux exigeait de chaque nouvel
évêque, devant la porte du Pont de Taillefer, à l'entrée du Puy-Saint Front. La
main sur la poitrine, il jura aux consuls présents d'être loyal et bon pour la
ville, cité et communauté de Périgueux et d'en tenir et garder les libertés et
franchises, comme l'avaient fait ses prédécesseurs[8].
Le procès-verbal dont nous avons retrouvé
la copie ne relate exclusivement que les cérémonies qui marquèrent, à l'église
cathédrale Saint-Etienne, la prise de possession et l'intronisation d'Hélie
Servien.
On y voit que cet évêque, voulant
entrer en possession de son église, s'était rendu le 1er novembre 1385, à
l'heure de prime[9], dans la chapelle de
Saint-Jean-Baptiste où sont les fonts-baptismaux, au coin du bas-cloître de
l'église Saint-Etienne[10].
Le Chapitre
cathédral l'y attendait, en surplis et en aumusses. Son porte-parole, le
chanoine Guy La Cropte, archiprêtre de la Double, rappela alors au nouvel
évêque, qu'une des principales cérémonies en usage à l'occasion des entrées
épiscopales, était le portage de l'évêque, à partir de l'église
Saint-Pierre-Lanès, où le prélat se revêtait des habits pontificaux[11], jusqu'à la cathédrale, par les
soins de quatre barons ou nobles des diocèses de Périgueux et de Sarlat[12].
Cette année-là,
leur absence « propter urgentem guerram et
temporis malitiam », empêchait d'observer cette antique coutume; mais il
restait entendu que cette omission exceptionnelle d'un des honneurs dûs au
nouvel évêque n'engageait pas l'avenir, et que le prélat, le Chapitre et
l'église conservaient tous leurs droits à l'exiger, le cas échéant.
Hélie Servien ne
manqua pas d'acquiescer à cette solennelle revendication. En costume épiscopal,
accompagné de chanoines, de notaires, de nobles, prêtres, clercs et laïcs des
deux sexes, il se borna à traversera pied le cloître pour se rendre à la
cathédrale[13].
Comme il arrivait devant la porte de
communication, qui ouvre vers le fond de l'église, trois des chanoines qui se
trouvaient à l'intérieur sortirent au-devant de l'évêque.
L'un d'eux, Guy
Bernard, tenait le livre antique où est conservée la formule de serment exigée
de l'évêque à son entrée. A haute voix et en chantant, ad modum lectionis, le chanoine posa alors à Hélie
Servien les interrogations d'usage :
— « Vultis, domine Episcope, servare consuetudines in
Petragoriciensi ecclesia observatas et etiam approbatas ? »
— « Vultis etiam jura episcopalia et ecclesie
Petragoricensis defendere et servare et alienata pro posse revocare ? »
— « Vultis etiam personas dicte ecclesie et alias
personas ecclesiasticas vestre diœcesis servare et defendere ab injuriis et
violentas pro posse ? »
Ces trois questions sacramentelles
résumaient, pour ainsi dire, toutes les obligations du nouvel évêque comme chef
temporel du diocèse et lui dictaient la conduite à tenir à l'égard des coutumes
de l'église, de ses droits, de ses biens et des personnes soumises à sa juridiction
ordinaire. Ayant répondu successivement à chacune d'elles par l'affirmative (volo), l'évêque étendit sa main droite sur le livre des Evangiles,
que Guy La Cropte lui présentait ouvert à l'endroit de la formule écrite de
serment, et prononça :
« Haec omnia premissa promitto et
juro ad Sancta Dei Evangelia me facturum et servaturum pro posse. »
Hélie Servien,
cependant, restait toujours en dehors de la cathédrale, dont la porte était
close. Ici se place dans le cérémonial du jour une réminiscence de la fête de
la dédicace des églises et de la procession des Rameaux. Pour se faire ouvrir,
l'évêque frappe trois fois le vantail de sa crosse en disant : « Attollite portas, etc. » A quoi on lui répond, de
l'intérieur de l'église « Quis
es iste, etc ». A la troisième
injonction, la porte s'ouvre et l'évêque entre dans la cathédrale avec la foule
des assistants[14] .
La [cérémonie
désormais, allait se dérouler au pied du grand autel ou sur la chaire
épiscopale, qui se trouvait derrière. Les chanoines entonnèrent d'abord le
chant : « Sint lumbi vestri praecincti
» [15], puis, après une prière à saint
Etienne, patron de l'église, dite à genoux, il fut procédé, aux accents du Te Deum, à l'intronisation proprement dite du nouveau pasteur, qui
termina par la récitation de la prière à la Sainte Vierge : « Concede nos famulos tuos, etc ».
On voit tout
l'intérêt liturgique du procès-verbal rédigé à l'issue des cérémonies par les
notaires de Roche et de Langlade. Si l'on n'y trouve pas les autres détails que
nous signalent les récits d'entrées postérieurs[16], c'est que, comme on l'a vu que
les circonstances ne s'y prêtaient pas. En prélat ennemi du faste, Hélie
Servien avait désiré que sa prise de possession fut réduite à la simplicité que
commandait le meilleur des temps. Ses fidèles durent apprécier cette conduite
pleine de cœur et de dignité.
Géraud Lavergne.
1385, 1er novembre, Périgueux.
Procès-verbal
de l’entrée en possession et de l'intronisation d'Hélie Servien, évêque de
Périgueux.
(Copie authentique de 1611 sur
papier. Archives de la Dordogne. Série E. (Fonds de Taillefer).
Ia mensis novembris 1385.
In nomine Domini, amen. Serie
…….. et hujusmodi instrumenti publici tenore cunctis pateat evidenter quod die
nec non in festo Omnium Sanctorum, videlicet prima die mensis novembris, anno a
nativitate Domini millesimo trecentesimo octuagesimo quinto, indictione octava
secundum morem Curiee romanae, pontificatus sanctissimi in Christo patris et
domini nostri, domini Clementis, divina providentia papa; septimi anno octavo ;
in nostrorum notariorum publicorum et testium subscriptorum, ad haec vocatorum
specialiter et rogatorum, presentia ; reverendus in Christo pater et dominus
dominus Helias Servientis, Dei gratia episcopus modernus Petragoricensis,
volens intrare, capere et adipiscere corporalem, realem et actualem
possessionem eclesiae suae Petragorarum, intravit capellam beati Joannis
Baptistae, in cornu claustri inferioris dictae eclesiae situatam et fundatam,et
qua sunt fontes baptismales ; et ibidem, circa et ante horam primae, coram
prefato domino episcopo, ac in ipsius et mei notariorum publicorum ac testium
subscriptorum presentia, personaliter constituti venerabiles et discreti viri
dominus Geraldus La Cropta, archidiaconus de Dupla in ecclesia antedicta ;
Aimericus de Valle, Guillelmus Gandilh, Guido Bernardi, Archambaldus et
Bertrandus La Porta, Petrus de Buco, Laurentius Picardi, Geraldus Chassarelli
et Helias de Vaure, canonici ejusdem eclesiae, induti superpelliciis et
almutiis, pro se et capitulo ipsius eclesiae dixerunt et asseruerunt, seu
dictus dominus Geraldus La Cropta, verba profertus pro se et aliis dominis
canonicis superius nominatis et capitulo eclesiae nominatae, dixit et asseruit
quod cum in novo introitu domini episcopi Petragoricensis, seu quando dominus episcopus
Petragoricensis intrabat noviter eclesiam supradictam aliquae sollennitates
hactenus ab antiquo fuissent fieri consuetae et fieri debent ex antiqua
consuetudine et observantia eclesiae sepedictae, videlicet in cœtera quod idem
dominus episcopus deportari debebat ab eclesia sancti Petri Lanes, in qua indui
debebat pontificalibus indumentis, usque ad eclesiam Petragoricensem predictam
per quatuor barones seu nobiles, quorum aliqui sunt de diœcesi Petragoricensi
et aliqui de diœcesi Sarlatensi : dictique barones essent absentes et non essent ibidem pro
faciendo premissa propter urgentem guerram et temporis malitiam, et pro eo
etiam quia aliqui erant mortui haeredibus carentes et aliqui erant de
obedientia aliena, videlicet de obedientia Anglorum, et alii erant in partibus
remotis, propter quœ venire non potuerant pro premissis et aliis faciendis ; ea
propter ipsi domini canonici pro observatione honoris et juris domini episcopi
eclesiae et capituli predicti protestabantur et protestati fuerunt quod absentia
baronum predictorum in aliquo non noceat domino episcopo, eclesiae et capitulo
prelibatis, nec per absentiam ipsorum baronum, nec per obmissionem
sollennitatum predictarum aliorumque faciendiorum eisdem domino episcopo,
eclesiae et capitulo, nec alicui alteri, potissime servitoribus ejusdem eclesiae,
prejudicium aliquod generetur seu generari valeat in futurum, et quod dicta;
sollennitates et alia fiant et fieri valeant modo solito, tempore venienti,
prefato domino episcopo, pro conservatione honoris et juris suorum et eclesiae
ac capituli predicti, ut dixit, dictas protestationes laudante et satificante
ac etiam approbante, et de consimilibus protestationibus protestante...; idem
dominus episcopus sacris vestimentis episcopalibus indutus accessit una cum
dictis dominis Geraldo La Cropta, Aimerico de Valle et Laurentio Picardi,
canonicis, ac nobis notariis publicis et testibus infrascriptis et quampluribus
aliis tam nobilibus, presbiteris, clericis, quam laicis etiam utriusque sexus,
transeundo per claustrum supradictum versus eclesiam ante dictam et ante portam
per quam iutratur de dicto claustro in eclesiam predictam, quae quidem porta
est de versus fundum ipsius eclesiae, dicta porta clausa existente, cœterisque
dominis canonicis suprafatis in dicta eclesia jam existentibus et exinde primi
exeuntibus dictis dominis Guidone Bernardi, Archambaldo La Porta et Guillelmo
Gandilh, canonicis praefatus dominus Guido Bernardi, vice sua et dominorum
canonicorum ac capituli predictorum, tenens in manibus suis quendam librum
antiqum eclesiae predictae, in quo asseruit esse conscriptam formam juramenti
quod ibidem dictus dominus episcopus facere debebat, dixit eidem domino
episcopo ipsumque interrogavit, cantando alta voce ad modum lectionis, haec
verba quae sequntur, quae erant conscripta in libro supradicto : «
Vultis, domine Episcope servare consuetudines in Petragoricensi eclesia
observatas et etiam approbatas ? » Et statim dictus dominus episcopus respondit
: « Volo ». Item dixit secundo idem dominus Guido eidem domino episcopo,
ipsumque interrogans cantando, more consimili, haec alia verba : « Vultis etiam
jura episcopalia et eclesiae Petragoricensis deffendere et servare et alienata
pro posse revocare ? » Prefato domino episcopo respondente : «Volo». Item dixit
.... prefatus dominus Guido dicto domino episcopo modo consimili.... quae
sequntur : « Vultis etiam personas dictae eclesiae et alias personas
eclesiasticas vestrae diœcesis servare et deffendere ab injuriis et violentiis
pro posse ? ». Et dictus dominus episcopus respondens : « Volo ». Et tunc
dictus dominus Archambaldus porrexit eidem domino episcopo quendam librum
Evangeliorum appertum, supra quem librum prefatus dominus episcopus fecit et
prestitit cum manu sua dextra... tangendo juramentum in dicto libro antiquo
contentum... cujus forma talis est : « Haec omnia premissa promitto et
juro ad sancta Dei Evangelia me facturum et servaturum pro posse. » Quo quidem
juramento et aliis premissis sic factis, percussaque per dictum dominum
episcopum tribus vicibus porta supradicta eclesiae sepedictae cum baculo
pastorali, dicendo singulis vicibus « Attollite portas » ; illis autem qui
erant in predicta eclesia respondentibus eidem domino episcopo, sicut fit in
festo Ramis palmarum : illi qui erant infra dictam eclesiam apperuerunt dictam
portam, et tunc dictus dominus episcopus intravit eclesiam memoratam cum
multitudine gentium copiosa utriusque sexus, et prefati domini canonici eundem
dominum episcopum, cantando « Sint lumbi vestri praecincti », duxerunt ante majus
altare ipsius eclesise, ubi flexis genibus Deum exoraverunt ; et dicto quodam
versiculo ab assistentibus orationem beati protomartiris Stephani dixit ; et
deinde ipsi domini canonici eundem dominum episcopum per eclesiam duxerunt ad
sedem chatedralem, quae est retro majus altare ejusdem eclesiae ubi ipsum
dominum episcopum cathedraverunt et in eadem chatedra posuerunt, cantantes alta
voce « Te Deum laudamus » usque ad finem ; et dicto versiculo « A Domino factum
est istud », idem dominus episcopus dixit
orationem beatae Mariae, scilicet: « Concede nos famulos tuos » ; et super et
de quibus premissis omnibus et singulis petierunt tam praefatus dominus
episcopus quam praenominati domini canonici per nos notarios publicos
infrascriptos sibi fieri publicum instrumentum, unum vel plura unius ejusdemque
tenoris, tot quot habere voluerunt de prœmissis. Acta fuerunt haec die, mense,
anno, indictione et locis quibus supra, presentibus testibus venerabili et
discreto viro domino Guillelmo Calhonis, licenciato in legibus ; domino
Archambaldo Barrierra, milite ; Johanne de Las Bordas, domicello diœcesis
Petragoricensis ; Guillelmo de Botas, burgensis, et Fortanerio de Rege, clerico
ville Petragoricensis, et pluribus aliis ad praemissa vocatis et rogatis.
Et me,
Guillelmo de Rupe, villas Petragoricensis publico aucthoritate imperiali
notario, qui praemissis omnibus et singulis, dum agerentur in modum praedictum,
una cum magistro Guillelmo de Langlada, clerico, eadem aucthoritate publico
notario subscripto, et testibus praefatis, presens interfui, et de praemissis
hoc praesens instrumentum presens inquisivi quod manu mea propria scripsi
ipsumque signo meo publico et solito consignavi in formam publicam redigendo,
vocatus et requisitus.
Et me
Guillelmo de Langlada, clerico ville Petragoricensis praedictae habitatore,
publico aucthoritate imperiali notario, qui praemissis omnibus et singulis dum
in et per modum predictum agerentur et fierent, una cum prefato magistro
Guillelmo de Rupe, eadem aucthoritate notario publico, et testibus ante dictis,
prœsens fui ; et de eisdem hoc praesens intrumentum publicum, manu domini
magistri Guillelmi scriptum, inquisivi seu recepi, ipsumque signo meo publico
et solito consignavi, vocatus et requisitus, in testimonium omnium et
singulorum praemissorum.
[1] Ce sont chronologiquement : 1°
l'entrée de Gabriel Dumas, en 1498, dans les Annales de la Société d'Agriculture de la Dordogne, t. XXXV,
p. 130-144. — 2° Celle de Geoffroy de Pompadour, en 1503, dans les Annales agricoles et littéraires de la Dordogne, t. I, p.
243-250. — 3° Celle de Foucauld de Bonneval, en 1531, dans le Mémoire servant de supplément pour les citoyens de Périgueux, n° XIV, p. 74-79. — 4° Celle de
Jean de Lustrac, en 1550, dans le Chroniqueur du
Périgord, t. III, p. 135.
[2] La plupart de ces témoins ont
joué un rôle dans l'histoire locale. Guillaume Calhon fut, dès 1391, juge-mage
et lieutenant du sénéchal ; Guillaume de Botas, maire ; Fortanier de Rey,
plusieurs fois consul de Périgueux.
[3] Au f° 10. On y voyait aussi le
récit des entrées d'Hélie de Bourdeille de Gabriel Dumas, de Guy de Castelnau,
de Jean de Plas, etc.
[4] On lit in fine et d'une autre écriture : « La présent coppie, par
ordonnance de la Cour et requérant Anthoine Jay, Nicollas Dumazeau, Jehan
Picaard, Annet Dureclus, Pierre Dechamps, Anthoine Chalup, chanoine en
l'esglize cathédralle Saint-Etienne de Périgeulx, a esté extraicte, vidimée et
collationnée à son original, escript en la mesme forme que dessus, trouvé dans
ung grand livre, contenant plusieurs actes et contrats des affères de lad.
esglize Saint-Etienne dud. Périgeulx, et au dixiesme feuillet dud. livre, recto
et verso ; icelluy livre contenant huict vingtz feuilletz de papier, tant
écrits que en blanc, couvert de bazane rouge fort uzée ; au commencement duquel
susd. livre et premier feuillet d'icelluy sont escriptz... datum decima die... decembris... (Suivent seize lignes d'écriture
effacée sur papier troué et sali). Faict à Bordeaux... de mai mil six centz et
unze. De Pontac. »
[5] Surtout l’Extrait général des Archives du Chapitre de Périgueux, du xvie
siècle, signalé par notre vénéré collègue, M. Dujarric-Descombes, dans le Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, t. XLIII,
p. 223-228. Sur une obligeante indication de sa part, nous y avons relevé des
analyses en français de quelques-unes des entrées signalées plus haut, y
compris celle d'Hélie Servien, au f° 32. Qu'il trouve ici l'expression de notre
gratitude.
[6] Cf. Sur Hélie Servien, Dessalles
(L.) Histoire du Périgord, t. II, p.
387-388, qui renvoie aux divers auteurs qui ont parlé de cet évêque.
[7] Dessalles, op. cit., p. 311-312 et 386, n. 1
[8] Recueil de
titres sur la constitution politique de Périgueux, p.
400-402. Le procès-verbal de la cérémonie est signé des notaires de Langlade et
de Floche. C'est là la plus ancienne preuve donnée par les consuls, de leur
prétendu droit d'exiger du nouvel évêque entrant en ville, un serment de
loyauté. D'après la prestation de serment de Pierre de Durfort, en 1389,
imprimée dans le même Recueil, à la
suite, Pierre Tizon et ses prédécesseurs auraient, avant Hélie Servien,
accompli cette formalité, mais c'est là une simple affirmation. Il est vrai de
dire que le serment fut couramment prêté depuis, par les évêques aux consuls.
La cérémonie eut toujours lieu devant la porte Taillefer, sauf en 1498, où elle
se déroula devant la porte Romaine, à la Cité.
[9] Six heures du matin.
[10] Il n'y a aucun doute qu'il s'agit
là de la chapelle plus connue sous le nom de chapelle épiscopale, actuellement
dans l'enceinte du couvent de Sainte-Marthe. Le bâtiment, restauré et modifié
dans le goût de la Renaissance par l'évêque Guy de Castelnau, existait donc
déjà au XIVe siècle, comme l'avait indiqué W. de Taillefer dans les Antiquités de Vésone, t. II, p. 563-567.
[11] Cette église fondée, dit-on, par
saint Front lui-même, se trouvait hors de l'enceinte gallo-romaine de la Cité.
Sa haute antiquité lui valait l'honneur d'être la première visitée par tout
nouvel évêque de Périgueux faisant son entrée. Postérieurement on y voit le
prélat s'y habiller, dire des prières et acquitter au Chapitre ce qu'on a
appelé le droit de chape, qui
consistait pour l'évêque à faire don à l'église Saint-Pierre-Lanès, de la clocha ou manteau de satin ou de velours noir qu'il portait
en y arrivant (a). Quand la résidence épiscopale fut transférée de la Cité à
Périgueux (xve s.), l'usage s'établit que l'évêque se rendrait à
Saint-Pierre-Lanès, par la porte Taillefer, monté sur une mule menée à la main
par le seigneur de Barrière, à la Cité. Ce dernier, en échange de ce service de
fief, avait le droit de conserver en toute propriété, la mule épiscopale.
(a) Cf.
Carvès (L). Le droit de chape à Périgueux, dans le Bulletin de la
Société Historique et Archéologique du Périgord, t. XII,
p. 361-365. Pareil usage existait à Sarlat.
[12] Guy de La Cropte ne désigne pas
plus précisément ces barons, connus par des documents postérieurs, pour être
ceux de Bourdeille, Mareuil, Biron et Beynac. Il y aurait quelque intérêt à
rechercher la véritable origine de ce devoir de fief exclusif des quatre
baronnies du Périgord. On a, d'ailleurs, jusqu'ici trop considéré comme une
coutume propre à Périgueux, la cérémonie du portage de l'évêque à son entrée.
On la retrouve dès le XIe siècle, dans un grand nombre de diocèses : Auxerre,
Thérouanne, Paris, Nantes, Chartres, Tours. A Périgueux, par suite des
compétitions souvent tumultueuses que soulevait entre les quatre barons
l'exercice de ce devoir féodal, il devint tout théorique. A dater du XVe
siècle, on peut justement remarquer que devant les prétentions des barons pour
la prééminence, l'évêque qui craignait un scandale, se résignait à choisir
comme porteurs, quatre gentilshommes pris dans l'assistance, quitte à promettre
aux contendants d'examiner ultérieurement leurs titres respectifs à la première
place. Cf. Antiquités de Vésone, t. ii,
p. 584 n. 5.
[13] Pour le trajet épiscopal, se
reporter au plan du xviie siècle annexé à la présente étude , n° 6, 5, 3, 4. (non
reproduit ici – note C.R.)
[14] Les paroles de l'évêque et la
réponse du chœur sont empruntées au psaume 23. « Attollite portas principes vestras, et elevamini portai aeternales et
introibit rex gloriae. — Quis est iste rex gloriae ».
Souvenir des paroles du Prophète demandant aux portes de Sion de s'ouvrir pour
laisser passer l’arche sainte transportée d'Obededom.
[15] Evang. sec.
Lucam, xii, 35.
[16] C'étaient, en dehors de la «
prise d'habits » de Saint-Pierre-Lanès et du portage par les barons, la messe
solennelle à la cathédrale dite par l'évêque, suivie de fondation obituaire et
du don d'une « chapelle épiscopale ; enfin, le dîner d'apparat après la messe.
Ce festin pantagruélique était servi à l'évêque par le seigneur de Barrière,
qui, en échange de ce service, avait le privilège d'emporter, après le repas,
les nappes, les écuelles d'argent et les coupes, comme il faisait pour la mule.