<<Retour

Source : Bulletin SHAP, tome XXXVII (1910)

pp. 357-401

POSSESSIONS DES ARCHEVÊQUES DE BORDEAUX EN PÉRIGORD ET PRINCIPALEMENT DANS LE SARLADAIS[1] .

 

Les archevêques de Bordeaux ont possédé des domaines importants dans le Sarladais. On les a comptés parmi les seigneurs puissants de cette région, du XIVe siècle jusqu'à la Révolution ; nous voudrions, administrativement et géographiquement parlant, déterminer en quoi consistaient ces domaines.

Ces renseignements nous sont fournis, sur ce point, par de nombreux documents d'archives, provenant de l'archevêché de Bordeaux aujourd'hui déposés aux Archives départementales de la Gironde, série G[2], et aussi par le Cartulaire Philiparie, récemment entré à la Bibliothèque nationale et inscrit au calalogue, sous le n° 1922 des Nouvelles acquisitions latines [3].

Si trois notaires ont participé à la collation de ce manuscrit, le véritable et seul auteur fut l'un d'eux Guillaume Philiparie.

« Moi, Guillaume de Philiparie, prêtre, chapelain du Caillau[4] et de Doissac du diocèse de Sarlat, notaire public, investi par les autorités apostolique, royale et archiépiscopale de Bordeaux, commissaire juré de la Cour d'officialité de Sarlat, originaire du bourg de St-Antoine del Fauro, au diocèse de Limoges et habitant depuis plus de quarante ans le lieu de Belvès, atteste et certifie avoir été attaché au service de l'église métropolitaine de Bordeaux, dans ces temporalités, châtellenies et juridictions de Belvès, de Couze, de Milhac, de Bigaroque et de Saint-Cyprien, de la sénéchaussée du Périgord, et en plusieurs autres lieux... sous les épiscopats de Pierre Borland, de Blaise de Grêle, d'Artus de Montauban et d'André Despinay... et sous ces divers archevêques, remplissant tantôt le rôle de greffier, tantôt celui de sénéchal, tantôt celui de juge, et cela pendant un si long temps que je suis, grâce à la bonté de Dieu, parvenu à la vieillesse et suis dans l'impossibilité de continuer mes services...[5].

Et pour que l'on puisse tirer quelque profit de ce qu'il avait vu ou entendu, et poussé à cela par le dit cardinal Despinay (cardinal au titre de Saint-Martin in Montibus), et par les officiers, les vassaux et feudataires du même seigneur, Philiparie s'est décidé, dans sa vieillesse, à rédiger par écrit ce qu'il a vu, fait et rencontré.

En conséquence, au nom de Dieu, de la glorieuse Vierge Marie et de tous les saints supérieurs, il a rédigé par écrit, ou fait rédiger par des scribes ou notaires, ce qu'il a vu, fait ou rencontré dans les diverses temporalités, et ce terrier ou mémorial, il en a commencé la rédaction en l'année 1496[6].

L'ordre suivi pour chacun de ces terriers ou mémoriaux sera le même ; en premier lieu, description de la juridiction et châtellenie; en second lieu, énumération des églises et paroisses de chaque châtellenie ; en troisième lieu, détermination des confrontations et limites de chaque juridiction et châtellenie, transactions faites à leur occasion; en quatrième lieu, mises à ferme annuelles, produits et redevances de chaque châtellenie ; en cinquième lieu, droits annuels et fiefs que le seigneur a dans chacune des paroisses ; en sixième lieu, hommages dûs pour chaque châtellenie, et en septième lieu, énumération et rappel des procès et des usurpations relatifs à chaque châtellenie.

Ce programme, l'auteur le remplit exactement et, grâce aux renseignements qu'il nous donne, on peut présenter l'histoire des châtellenies de Belvès, de Bigaroque, de Couze et de Milhac, les seules dont il s'occupe.

A une époque où nous n'avions pas pu nous procurer le manuscrit de Philiparie, nous avons présenté l'histoire de la châtellenie de Belvès et, depuis, nous avons complété, au moyen des documents fournis par notre cartulaire, les lacunes de notre travail ; aussi, nous ne dirons rien de cette châtellenie de Belvès (de Bellovidere), la plus importante des quatre, et sur laquelle notre auteur fournit des renseignements très étendus. Nous nous bornerons, dans des notices successives et sommaires, et en suivant de très près le manuscrit de Philiparie, à utiliser les renseignements fournis sur les châtellenies de Bigaroque, de Couze et de Milhac.

§ I. - Châtellenie de Bigaroque

La châtellenie de Bigaroque, inférieure en valeur à celle de Belvés, est bien plus importante que les châtellenies de Milhac et de Couze ; elle a joué aussi un rôle historique plus intéressant que ces dernières, et, son histoire, si on voulait la suivre dans les détails, viendrait se mêler aux histoires du monastère de Cadouin et du prieuré de St-Cyprien, placés sur son territoire. Notre travail est surtout géographique et administratif, aussi nous occuperons-nous exclusivement de la châtellenie de Bigaroque. Nous n'aborderons l'histoire de Cadouin et de St-Cyprien, qu'en vue des rapports que ces établissements ont eus avec la châtellenie de Bigaroque.

(a) Description de la châtellenie de Bigaroque

Dans celle châtellenie, l'archevêque de Bordeaux, à titre de seigneur, a la juridiction d'une manière complète[7] ; le castrum remarquable de Bigaroque est situé tout près du fleuve de la Dordogne ; établi en un lieu élevé, ce castrum fut une place de guerre très forte ; on y remarquait deux tours et de nombreuses habitations, environ 160 feux[8], il y avait un puits, une unique porte barbacane et dans une autre barbacane du castrum une simple chapelle en l'honneur du bienheureux Blaise[9].

Le castrum de Bigaroque est bâti sur le plateau et a sous sa dépendance l'abbaye de Cadouin, le monastère de Saint-Cyprien, le lieu de Siorac, le castrum et lieu de Campagne ; ces localités relèvent du seigneur archevêque de Bordeaux, à titre de fief et comme dépendances du castrum de Bigaroque (folio 108, verso).

Mais les documents nous permettent de faire remarquer, dès maintenant, que ces fiefs ne sont pas de même condition juridique. Si le monastère de Cadouin et le prieuré de Saint-Cyprien sont des fiefs relevant de l'archevêque, comme seigneur de Bigaroque, ils n'en sont pas moins compris dans le territoire de la châtellenie de Bigaroque, dont ils font partie. Siorac, au contraire, forme une seigneurie, vassale de Bigaroque, mais distincte de la châtellenie ; car sa paroisse ne figure pas dans l’énumération des paroisses de la châtellenie, et on indiquera dans les confrontations de celle-ci, qu'elle est hors la châtellenie de Bigaroque, la Dordogne faisant division entr'elles[10]. Au contraire, Cadouin et Saint-Cyprien, fiefs jouissant d'une certaine indépendance, font partie du territoire de la châtellenie et figurent dans l'énumération des paroisses la composant.

La même situation est faite à la paroisse de Campagne mentionnée comme territoire de la châtellenie, mais ayant un seigneur particulier ; Campagne relève de l'archevêque comme seigneur de Bigaroque. Nous verrous dans la suite que les droits de l'archevêque, dans cette paroisse, furent contestés et furent réduits d'une manière fort sensible.

S'il fallait en croire Philiparie, le castrum de Bigaroque aurait été acquis par voie d'achat du seigneur de Beynac, par le pape Clément V, au profit et utilité de l'église métropolitaine de Bordeaux. Le même archevêque ou sou neveu Arnaud auraient acheté, vers la même époque, la châtellenie de Belvès, les châtellenies et juridictions de Couze de Milhac.

Cette affirmation, en ce qui touche la châtellenie de Belvés, a été examinée par nous[11]. Sans revenir sur cette question, pour laquelle les documents font défaut, constatons le vague des affirmations de Philiparie ; au moment où il écrivait, les faits antérieurs étaient mal connus, les titres avaient disparu ; dans tous les cas, il paraît certain, d'après les documents, qu'une même condition fut faite aux divers territoires qui allaient devenir et devaient rester si longtemps la propriété des archevêques de Bordeaux.

Les Anglais y avaient des droits puisque, en 1244, suivant un titre conservé aux Rôles Gascons, roi d'Angleterre charge Amanieu de la Marche d'assurer la garde, avec Bernard de Beteille, des castra de Bigarok et de Beauver[12] et qu'en 1305, le roi d'Angleterre, Edouard 1er donnait mandat à son sénéchal de Gascogne, Richard de Havering, et à ses fidèles Amanieu de Lebret et Me Richard de Havering et Arnaud de Calva Penna d'étudier un projet d'échange avec l'archevêque de Bordeaux des castra de Benner (Belvès de Bygarocke (Bigaroque), de Mylau (Milhac). de Cose (Couze), de Monterapto (Montravel et de la Mothe de Saint-Paxence (la Mothe-Montravel), contre des possessions seigneuriales de l'archevêque en Saintonge[13]. Cet échange serait donc la base des acquisitions de l'archevêque de Bordeaux en Périgord, ou, dans tous les cas, aurait servi de confirmation à des possessions plus anciennes des archevêques[14] sur ces points.

Suivant notre cartulaire, la châtellenie de Bigaroque aurait donc été acquise par voie d'achat du seigneur de Beynac, et cela au profit de l'église métropolitaine de Bordeaux (ad utilitatem ecclesie Burdegalensis) ; elle fut ainsi rattachée par les archevêques à leur mense épiscopale[15].

Bigaroque comprenait une villa sur laquelle le pape Clément V fit élever et construire l'église paroissiale; elle fut placée sous l'invocation du bienheureux Jean-Baptiste ; détachée de l'église du Coux dès sa fondation, elle fut unie à perpétuité à l'église paroissiale du bienheureux Pierre de Cabans. A cette église de Saint-Jean-Baptiste fut préposé un vicaire par l'église métropolitaine de Bordeaux et le seigneur archevêque ne touche présentement ni les dîmes réelles, ni les personnelles[16].

Le castrum de Bigaroque, en l'année 1415[17], par l'action concertée du seigneur de Limeuil, qui tenait pour les Anglais, et des habitants de Sarlat, qui étaient sous l'obéissance du roi de France, fut pris et démoli, et les papiers du seigneur archevêque de Bordeaux et ses autres biens y existant furent enlevés, perdus et dispersés; et présentement dans ce castrum personne n'habite, mais dans le village et depuis quelques années seulement, il y a 18 feux et très pauvres[18].

Ce seigneur avait au lieu de Bigaroque un four, auquel les habitants devaient faire cuire leurs provisions de pain, moyennant la rémunération des fourniers et le droit de tournage qui appartenaient au seigneur archevêque de Bordeaux[19].

Le seigneur archevêque avait ses prés dans la plaine entre la Dordogne et le ruisseau de Cabans. Ils étaient d'une contenance de quarante journaux de fauchaison. Le seigneur de Cunhac en avait usurpé une portion ; les autres, au temps de Pierre Berland, par les procureurs de cet archevêque, avaient été, pour la plus grande part, arrentés aux gens du Buisson ; une seule pièce de pré restait à arrenter, entre la Dordogne et le ruisseau de Cabans ; ce pré, jusqu'à l'arrivée du seigneur capitaine de Bigaroque ou de tout autre officier résidant dans le castrum, comme représentant de l'archevêque, fut arrenté à des habitants du Buisson, moyennant une certaine redevance annuelle à payer à l'archevêque en proportion du temps de leur jouissance[20].

De même et anciennement le dit castrum avait une grande vigne, au-dessus du castrum, du côté du soleil levant ; et tous les hommes habitants de la dite châtellenie étaient tenus, chaque année, les uns plus, les autres moins, à faire tous les travaux nécessaires à la vigne[21], et les femmes, qui n'étaient pas nobles, étaient tenues d'épamprer les vignes et de les vendanger[22].

Les hommes étaient tenus de faucher le pré du seigneur, les hommes et les femmes de faire sécher le foin, et de le rentrer, à leurs frais, au castrum.

Quelques-uns des habitants de la châtellenie étaient tenus, suivant une certaine proportion, à fournir l'une et l'autre nourriture (pictantiam) nécessaire aux faucheurs et aux travailleurs des vignes (folio 109, v°).

De même les habitants de ladite châtellenie, pour leur part, chaque année, devaient fournir au castrum trois grands couteaux nécessaires à couper le pain, dix tourtes de pain et certains pains d'autres formes et la boisson en vin (vinatam).

Et de plus, à certaines fêtes, les moutons nécessaires ; à certains jours, les oignons, et, à certains autres jours, les fèves fraîches ; ils étaient ainsi un certain nombre obligés à ces redevances et ils les payèrent pour la messe de l'archevêque de Bordeaux, pendant de nombreuses années, après l'acquisition du castrum et de la châtellenie, comme on le trouve rapporté dans les écrits et registres des prédécesseurs dudit seigneur ; toutes ces redevances, ils cessèrent de les payer par suite des guerres, car le castrum, une fois détruit et démoli, personne ne resta plus dans la châtellenie, si ce n'est quelques-uns, en petit nombre, au lieu de Saint-Cyprien et trois ou quatre feux vers le château de Cunhac[23] ; et tout le reste de la châtellenie fut inhabité pendant trente ans et plus (fol. 110, r°).

Le seigneur archevêque, comme ses prédécesseurs, levait le commune (commun de la paix), sur tous les habitants de la châtellenie, à l'exception des clercs, des nobles et bourgeois qui en étaient dispensés.

Taux du commun :

Il s'élevait pour chaque homme, à.................. 12 deniers ;

Pour chaque paire de bœufs, à.....................    12 deniers ;

Pour chaque cheval ou jument, ferré, en état de porter le bât, à                    6 deniers;

Pour chaque âne ou ânesse, à......................... 4 deniers ;

Pour chaque vache portant le joug et ayant plus d'une année, à                    6 deniers ;

Pour chaque porc (à moins qu'il ne tette), à...    1 denier ;

Pour quatre chèvres ou brebis, à...................    1 denier[24].

Dans l'Histoire de la châtellenie de Belvès [25], nous avons eu l'occasion d'étudier l'origine et le fonctionnement du droit du commun de la paix, nous n'y reviendrons pas, nous bornant à traduire, ce qu'en dit Philiparie, à propos de la châtellenie de Bigaroque.

Le commun de la paix fut payé et levé, après le repeuplement jusqu'à l'an du Seigneur 1470; mais alors comme les receveurs du seigneur, et le seigneur Pierre Dubois (Petrum de Bosco) son vicaire et son receveur général exploitaient les redevables; les habitants de la dite châtellenie en appelèrent au Parlement de Bordeaux ; à partir de ce moment, ils ne payèrent plus, et par là, les recettes du seigneur ont été diminuées de vingt livres et plus[26].

Rapprochons les renseignements donnés aux pages 190 et 191 du cartulaire; il faut remarquer que tous les fiefs de Bigaroque, après 1450, furent, pour le plus grand nombre, arrentés à nouveau à des gens venant de divers côtés, et alors, suivant l'ancienne coutume du pays, le commun était perçu, comme il a été dit plus haut, et, à cause de cette charge, plusieurs des fiefs du dit seigneur furent arrentés à un moindre prix, et maintenant les tenanciers ne paient plus le commun; car les officiers du Roi ne le permettent plus, au prétexte que le dit commun était payé en remplacement des tailles royales, tailles qu'ils paient aujourd'hui. Mais cet impôt avait été établi par les Rois au profit des seigneurs pour garder le royaume de ses ennemis, et par la suppression de ce commun, le dit seigneur se trouve fraudé et lésé, dans plusieurs de ses fiefs et dans ses droits annuels[27].

De même, le seigneur archevêque de Bordeaux a, dans toute la juridiction, sauf dans le lieu et la juridiction de St-Cyprien, cotum et gardacgium, droit de cot et de garde.

Ces droits étudiés à propos de la châtellenie de Belvés[28], consistaient : le cotus, en la réglementation du droit de pacage et en la perception d'une redevance sur les animaux ; le droit de garde est le droit de percevoir des amendes, en cas de contravention, sur les gardiens de troupeaux, et aussi de mettre en fourrière les animaux saisis en contravention de pacage [29].

Le droit de cotus ne paraît pas avoir eu une grande importance, car il ne faisait pas l'objet d'une mise à ferme spéciale, il était compris dans la ferme de la baylie de Bigaroque, dont il formait une branche de revenus « qui cotus de Bigarupe nunc comprehenditur sub assensa baylivie » (fol. 110, verso) ; peut-être, peut-on induire de là, qu'à une époque antérieure et plus prospère, le cotus faisait l'objet d'une mise à ferme particulière.

Ces droits avaient été cédés à St-Cyprien aux habitants, en vue de l'entretien des chemins et des murailles[30].

(b) Liste des paroisses dépendantes de la châtellenie de Bigaroque.

Au folio 111, r°, Philiparie nous donne la liste des églises paroissiales dépendantes de la châtellenie de Bigaroque[31].

« 1° Et, en premier lieu, l'église et la chapelle du castrum de Bigaroque » ; par les développements antérieurs, nous savons que l’église paroissiale de Bigaroque avait été fondée par Clément V, sous le vocable du bienheureux Jean-Baptiste et fut unie à l'église paroissiale du bienheureux Pierre de Cabans ; la chapelle du castrum est la chapelle qui était dans une barbacane et dédiée au bienheureux Biaise.

2° « L'église de la Salvetat, près Cadouin », église fort ancienne dans la Bessède, aujourd'hui ruinée ; elle est mentionnée en 1115, cartulaire de Cadouin.

3° « L'église de Cabans à laquelle est unie à l'église de Bigaroque ».

« L'église du Coux (del Cos) » ; al cos, sous le vocable. St-Martin, forme moderne Le Coux, réunie à Bigaroque, est une commune du canton de St-Cyprien.

5° « L'église de Mozens », actuellement Mouzens, commune du canton de St-Cyprien ;

6° « L'église de St-Cyprien », sous le patronage de Saint-Laurent et de Saint-Cyprien : c'était le siège d'un prieuré conventuel de l'ordre de St-Augustin.

7° « L'église de Castels (Castillo ou Castello) » ; en 1309, le pape Clément V[32] l'unit au monastère de St-Cyprien ; l'église était sous le vocable de Saint-Clair[33].

Castel forme une commune du canton de St-Cyprien.

8° « L'église de Reignac (de Renhaco) » ; forme Reyniacum (1333) ; église détruite, le territoire fait partie de la commune de St-Cyprien.

9° « L'église de Lussac (de Lussaco) » ; c'est une ancienne paroisse, son territoire fait partie de la commune de Campagne[34] .

10° « L'église de Campagne (de Campania) » ; Campagne forme une commune du canton du Bugue ; c'était le siège d'un prieuré de l'ordre de St-Augustin, qui dépendait de celui de St-Cyprien. L'église était dédiée à St-Jean-Baptiste et à St-Blaise; d'après notre cartulaire, la paroisse dépendait de la châtellenie de Bigaroque ; mais au XIVe siècle, elle avait rompu ces liens, elle formait une paroisse hors châtellenie, et une justice spéciale indépendante[35].

11° L'église de Cathena » ou de la Cadène St-Georges, au nord-ouest de la paroisse du Coux dont elle fait partie ; c'était un prieuré conventuel de l'ordre de St-Augustin dépendant du prieuré de St-Cyprien ; cette paroisse a été supprimée, et sou territoire forme aujourd'hui l'extrémité nord-ouest de la paroisse du Coux.

Nous aurons à revenir sur la constitution de la châtellenie de Bigaroque, en suivant la délimitation qu'en donne Philiparie; pour le moment, et nous en tenant à la simple énumération de ces paroisses, nous pouvons remarquer que ce territoire forme un territoire allongé, allant de l'est à l'ouest; il est resserré vers son centre et forme deux portions renflées; une, vers l'orient, est au nord de la Dordogne, ce fleuve lui sert de limite au sud et la sépare de Berbiguières et de Siorac; entre les paroisses du Coux et de Cabans, la châtellenie occupe, pendant une petite longueur, les deux rives de la Dordogne, et forme un renflement au sud du fleuve, au moyen des territoires qui entourent Cadouin.

Tenons-nous en à cette description sommaire, les détails seront donnés par nous en suivant les délimitations de la juridiction de Bigaroque, avec les juridictions voisines.

« Le seigneur archevêque, dans les paroisses susdites, levait de toute ancienneté, et continua à lever dans la suite le commun dans chacune des paroisses, et chaque année, suivant le taux fixe plus haut[36].

Et chacun des curés des dites paroisses était tenu, chaque année, de payer au seigneur archevêque une livre de cire et deux sous ; il devait les lever des habitants, les porter à l'archevêque de Bordeaux et les lui payer; ordinairement, le recteur pouvait retenir pour lui, pour peines et soins, une maison choisie par lui[37].

Le seigneur archevêque avait sur toutes les paroisses de la châtellenie la juridiction haute, basse et moyenne... ».

Sauf les exceptions résultant des aliénations de tout ou portion de la justice, comme nous le verrons bientôt pour le territoire de Cadouin et pour St-Cyprien et son territoire.

En dehors des paroisses de la châtellenie, le seigneur avait aussi les droits de justice sur les dépendances de la châtellenie, c'est ainsi

« qu'au nord de Bigaroque, le seigneur avait toute juridiction sur certains territoires de la paroisse de Saint-Chamassy qui avaient été rattachés à la juridiction de Bigaroque. ». Fol. 111, v°.

La paroisse de Saint-Chamassy forme aujourd'hui une commune du canton de St-Cyprien ; au moyen âge, elle faisait partie, au XIVe siècle, de la châtellenie de Limeuil et de sa juridiction, en ce qui touche son chef-lieu et la partie nord de la paroisse; mais la partie sud, longeant la paroisse de Bigaroque, faisait partie de la juridiction de Bigaroque, et le rédacteur de notre cartulaire attache une si grande importance à la délimitation de cette dépendance de Bigaroque qu'il y revient par deux fois[38].

Nous établirons bientôt, en étudiant les confrontations de la juridiction de Bigaroque, la part que celle-ci avait dans la paroisse de St-Chamassy[39].

(c) Délimitation de la châtellenie de Bigaroque.

Le cartulaire Philiparie donne, à partir du folio 112, r°, jusqu'au folio 116, v°, les confrontations de la juridiction de Bigaroque avec les juridictions voisines.

Confrontations avec la châtellenie de Belvès (de Bellovidere), les juridictions de Bouillac et de Montferrant.

La châtellenie de Bigaroque confrontait en plusieurs points à la châtellenie de Belvès.

« La juridiction de Bigaroque confronte avec la juridiction de la châtellenie de Belvès »[40], et ces châtellenies sont divisées, au moyen des paroisses du Coux et de Cabans, du côté de la juridiction de Bigaroque, et par les paroisses d'Urval et de Palayrac, de la juridiction de Belvès. La juridiction de Belvès s'avance par la paroisse d'Urval jusqu'à la paroisse du Coux et par la paroisse de Palayrac va rejoindre la paroisse de Cabans ; un chemin fait là la séparation entre les deux châtellenies et entre les paroisses en dépendant :

« jusqu'au chemin ancien qui va de Cabans vers la Salvetat de Cadouin jusqu'au chemin qui va du port de Sors vers Villefranche-du Périgord ;

La juridiction de Bigaroque confronte avec le bois commun de Belvès (La Bessède), formant division entre les juridictions de Belvès et de Bigaroque, et entre le bois lui-même des habitants de Boives et le bois des habitants du Buisson, relevant tous ces bois et forêts du seigneur archevêque de Bordeaux [41]  ».

La juridiction de Bigaroque comprenait dans son territoire la paroisse de la Salvetat de Cadouin; tous reviendrons sur ce point tout à l'heure « et cette paroisse confronte du côté de Belvès avec le bois commun de Belvès (la Bessède) et les dépendances du manse de Segurel ». Ce nom est porté aujourd'hui par un ruisseau affluent de gauche du ruisseau de la Salvetat affluent de la Couze, en amont de St-Avit-Rivière, « et avec la paroisse et juridiction de Bouillac (de Bolhaco) appartenant au seigneur de Cunhac et avec les dépendances du repaire de Régagnac (Reganhac) de la juridiction de Montferrant, et avec la paroisse de Salles de Cadouin », c'est une ancienne paroisse qui forme aujourd'hui une section de la commune de Cadouin, « et avec la paroisse de St-Avit-Sénieur », (commune du canton de Beaumont) et en comprenant dans la châtellenie et juridiction de Bigaroque, le bourg ancien dels Picars (au Picard, carte de l'état-major), jusqu'à la descente vers Cadouin ».

2° Confrontations de la châtellenie de Bigaroque avec la juridiction de Badefol (de Badaffollo, avec la paroisse d'Alles.

Un chemin qui, partant de Cadouin et par la porte del Seyc va vers Limeuil, divise et sépare les paroisses de Cussac et de Cabans et partant les juridictions de Cadouin nouvellement acquises, et de Bigaroque, et la juridiction de Badefol, ainsi la dite juridiction de Bigaroque confronte avec la juridiction de Badefol, au long et au moyen du chemin qui va de Cadouin à Limeuil, ce chemin entre les deux paroisses fait la séparation jusqu'à au-dessus et au droit de la Combe du Manse de FonBenryt.

La juridiction de Bigaroque confronte : avec la paroisse de Alles ide Alanis)et en descendant par le fond de cette même combe eu comprenant, du côté de la paroisse de Cabans, le dit manse de Fon-Beunjt avec ses dépendances jusqu'à une autre combe existant près la tour de Leyrac et avec les dépendances de Aleyrac et tendant droit et en descendant vers le fleuve de Dordogne; il faut remarquer que la juridiction de Bigaroque s'avance du côté de la paroisse d'Alles autant que la paroisse de Cabans s'avance du côté du castrum de Bigaroque  [42] ».

Cette observation est juste, car les limites extrêmes de là paroisse actuelle du Buisson de Cabans, sur les rives droite et gauche de la Dordogne, sont en face l'une de l'autre.

Confrontations de la châtellenie et juridiction de Bigaroque, pour la partie située sur la rive droite de la Dordogne et au nord du fleuve avec les châtellenies et juridictions voisines.

(a) Avec la juridiction de Limeuil :

Nous avons constaté antérieurement que la châtellenie de Bigaroque, en dehors des paroisses qui la constituaient, exerçait sa juridiction sur la partie au sud de la paroisse de Saint-Chamassy ; les confrontations entre notre châtellenie et celle de Limeuil, à laquelle se rattachait la paroisse de Saint-Chamassy, sont bien indiquées dans notre cartulaire; nous allons les reproduire et les déterminer en présence de l'état actuel des communes de Saint-Chamassy et de Bigaroque.

Le seigneur archevêque a la juridiction haute, basse et moyenne dans certains territoires manses de la paroisse de St-Chamassy, dans laquelle paroisse sont de la juridiction de Bigaroque : la rivière ou plaine de Bourlas et le territoire existant dans cette plaine entre le ruisseau ou lac de Bourlas et le manse de Falgueyrac (aujourd'hui Falgueyras suivant la carte d'état-major).

Et aussi se trouve dans la juridiction de Bigaroque le territoire de Bartenos[43] (pour Bertenos) ; dans ce territoire se trouvaient certaines terres arrentées par le seigneur Blaise de Grêle à Denys Bossel, marchand de Limeuil, duquel arrentement il existe un titre grossoyé par maître de Cuge, notaire à Limeuil[44] ; et se trouvent dans la même juridiction le dit manse de Falgueyrac, le manse de Vic[45] les manses de la Melonie (la carte d'état-major a par erreur la Melanie), les fourches patibulaires en pierre de Bigaroque, au Boy de Rodas, le manse de la Combe, le manse du Breuil (de Brolhio) le manse de Pechgaures (aujourd'hui forme vicieuse, état-major Pégaures) avec ses dépendances ; le territoire de Puech Breno ou Pech Breno[46] ; les manses de la Melonia et plusieurs autres manses et territoires... ».

Remarquons que, par cette mention finale, l'auteur du cartulaire nous prévient qu'il ne nomme pas tous les manses et territoires, mais seulement et probablement les plus importants. Mais, au temps où écrit l'auteur du cartulaire, le seigneur était seigneur de toutes les dépendances de la seigneurie, ce qui importait c'était de bien délimiter la juridiction en face de la paroisse de St-Chamassy dont la portion nord relevait de Limeuil, et dont la partie au sud relevait de Bigaroque et, un peu plus bas, l'auteur du cartulaire nous permet de bien déterminer les limites entre les deux juridictions de Limeuil et de Bigaroque dans la paroisse de Saint-Chamassy. Etablissons donc cette démarcation :

Et d'abord il faut remarquer qu'autant s'avance la juridiction de Bigaroque du côté de la paroisse d'Alles, autant « avance la paroisse de Cabans et du côté du castrum de Bigaroque au-delà de la Dordogne, la dite juridiction de Bigaroque comprend dans ses confronts une portion de la paroisse de St-Chamassy avec le lac de Bourlas, formant division entre les juridictions de Limeuil et de Bigaroque, lequel lac est commun entr'elles ....

Ce lac ou ruisseau de Bourlas, qui avait donné son nom à la plaine de Bourlas, où faut-il le placer et existe-t-il encore ?

Falgueyrac, dont la situation est connue, était de la juridiction de Bigaroque ; le lac ou ruisseau de Bourlas faisait la division entre les juridictions de Limeuil et de Bigaroque ; or, puisque, au sud de Falgueyrac, Vic et tout le pays est, sans contestation possible, de la juridiction de Bigaroque, il faut en conclure que le ruisseau ou lac de Bourlas, situé sur la rive droite de la Dordogne, se trouvait au nord de Falgueyrac, et une pièce de 1771, publiée au Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord[47], nous permet d'affirmer que le lac de Bourlas n'était autre que le lac de Bonnelle dont il est question dans cette pièce, qui n'existant plus à cette époque, n'existe pas davantage aujourd'hui. Et puisqu'il faisait division entre les possessions de Limeuil et de Bigaroque dans la paroisse de St-Chamassy les séparait l'une de l'autre, il était au nord de celles de Bigaroque et au sud de celles de Limeuil.

De là, au moyen de bornes anciennes on montait par la plaine elle-même vers le soleil levant et on englobait dans la juridiction de Bigaroque la Borie de Bertenos[48] jusqu'à des terres de tenanciers appelés Coderla et de Ysavet, en comprenant une partie de ces mêmes terres jusqu'à un fossé ou creux et en comprenant de même les prés appelés Beconcus existant dans la Combe appelée del Fraysse et que détiennent Petrus Las Combas et certains autres habitants de Limeuil.

Et de là en s'élevait par la Combe même del Fraysse jusqu'aux dépendances des Manses de Furchis (actuellement Fourques, carte d'état-major) qui sont de la juridiction de Limeuil et aux dépendances des manses de la Olmeda.

Forme moderne Laumède, forme vicieuse, car le nom provient ici de l'ormeau ou d'une ormière, comme tout à l'heure du frêne; dans tous les cas, la simple vue sur une carte de l'Etat-major permet de voir où passait la délimitation des juridictions entre le village actuel des Fourques, où étaient probablement les fourches patibulaires de St-Chamassy et le village de l'Olmède (l'Aumède).

Et en s'élevant par un certain chemin ou carriera existant dans le manse de la Combe (actuellement Basse-Combe, Etat-major) par lequel on va desdits manses vers l'église de Saint-Chamassy...

L'ancien chemin est remplacé par une route venant de St-Chamassy et débouchant sur Laumède.

En comprenant une partie du manse de las Combas, dans la juridiction de Bigaroque jusqu'aux divisions des biens et possessions du bourg de Saint-Chamassy, en comprenant dans la juridiction de Bigaroque le manse de la Braude ou Brande[49] (porté à la carte de la Dordogne éditée par le Conseil général) avec ses dépendances et aussi le manse del Bruelh aujourd'hui Petit Breuil (état-major) avec ses dépendances, la division est marquée par un chemin ancien existant près de Saint-Chamassy, traversant le chemin qui va de Bigaroque et du Breuil à Saint-Chamassy et descendant à la fontaine Fon Luques (la Combe de Fon Luques s'appelait aussi Combe de Roca autur, voir les inféodations).

Et delà s'élevant toujours entre le manse del Luc et de la Petita batut et comprenant dans la juridiction de Bigaroque le manse appelé del Luc avec ses dépendances ;

Le village du Luc encore existant nous permet de suivre la démarcation :

En comprenant et les manses del Bruelh et les manses de la Petita Abatut et le manse de Pechgaures (Pégaures forme moderne) et tout le territoire de Puech Breno jusqu'à une certaine place et aux pierres plantées, en certains confins au-dessus dudit ruisseau des territoires de Puech Breno, près du mance de la Granbatut (fol. 114, v°) et de là en descendant suivant les boules en pierre vers le soleil levant jusqu'au chemin qui va de Bigaroque vers les manses de la Melonie et en montant en suivant une combe existant entre le manse de la Melonie et le manse susdit de la Granbatut, de la longueur de deux jets de fronde ou environ, et en traversant le plateau vers le soleil levant, en suivant les bornes et les pierres frontières, jusqu'au-dessus des manses de la Melonie et jusqu'à un certain chemin par lequel on va du dit manse de la Melonie jusqu'au chemin ferré allant de Limeuil vers Sarlat, et en suivant le chemin plus moderne qui va jusqu'au chemin de Saint-Georges de la Cathène vers le lieu de Campagne (de Campants)...

Dans celle partie, la division nous paraît se confondre avec la délimitation de la paroisse d'Audrix ; ainsi la juridiction de Bigaroque comprenait cette bande territoriale au sud de la paroisse de St-Chamassy et tous les villages ou manses importants qui y existaient à celle époque et dont la plupart des noms se sont conservés jusqu'à la période moderne.

Nous sommes arrivés en un point, au nord de St-Georges de la Cathène, sur le chemin allant de ce lieu vers Campagne. Si les choses ne s'étaient pas modifiées, nous devrions comprendre dans la juridiction de Bigaroque l'entière paroisse de Campagne, puisque cette paroisse était comprise en entier dans la châtellenie ; mais à Campagne était un seigneur, vassal de l'archevêque, qui avait cherché à se rendre indépendant et y avait réussi en partie, d'où l'archevêque n'avait plus que quelques vassaux dans la paroisse de Campagne, et Philiparie, qui nous fait connaître la démarcation de la juridiction de Bigaroque, postérieurement à ces faits, doit en tenir compte. Voici la suite des données de la délimitation de la châtellenie de Bigaroque:

Et de là en droite ligne, en suivant les bois et les signes anciens des juridictions de Bigaroque et de Campagne jusqu'à la séparation des paroisses de Lussac et de Campagne, et de ce point en descendant les pentes d'une montagne, la la paroisse de Campagne jusqu'au chemin qui va de Campagne vers le lieu de Las Eysias (les Eysies), et en comprenant dans la châtellenie de Bigaroque le repaire de la Belsia, les manses de la Teulada, les manses de Nabinal et le repaire du moulin et de l'étang de Folquier...

Le livre des transactions et procès nous apprend que du temps du seigneur archevêque Blaise de Grêle, le manse ou repaire de Linars, situé dans la paroisse de Campagne, de même que le repaire de la Belesia, situé dans la paroisse de Campagne, les manses de la Teulade et de Nabinals avec leurs dépendances (lesquels manses sont dans ladite paroisse de Campagne et dans la juridiction de Bigaroque), étaient des fiefs de l'archevêque à cette époque ; mais à partir de ce moment, un certain Me Ademarus Laboria, co-seigneur de Campagne, troubla les vassaux de l'archevêque, au temps de Artus de Montauban et, à la suite de certaines promesses faites par ledit Laborie au seigneur archevêque de Bordeaux, le procès fut suspendu, qui était alors poursuivi devant la Cour du seigneur sénéchal de Périgueux et Sarlat, par la volonté du dit archevêque de Bordeaux, et ainsi furent dépossédés l'archevêque ses vassaux ; et les seigneurs de Campagne[50] prirent possession et de la seigneurie comme de la juridiction, dans les manses et repaires de la Bolesia et de Linars[51].

... Avec une certaine dépendance même au delà du chemin de las Eyzias et ainsi confronte la dite juridiction de Bigaroque avec la juridiction de Tayac, puis en remontant le long du ruisseau descendant des fontaines de Rinhac et de Falco (elle confronte là) avec la juridiction de la Roque des Peagiers, en comprenant le fait et la paroisse de Lissac, les manses del Puech et de la Roquette avec toutes leurs dépendances, en comprenant aussi le lieu et castrum de Rinhac, avec ses dépendances, les manses et territoires...

Il résulte des mentions portées à notre cartulaire que la délimitation de la juridiction et châtellenie de Bigaroque comprend une partie de la paroisse de Campagne, et sur ce point, l'indétermination des localités laisse quelque incertitude sur la véritable limite; mais celle-ci englobe certainement l'entière paroisse de Lussac qui faisait partie de la châtellenie de Bigaroque.

Dans tous les cas, il est des points de cette délimitation qui sont parfaitement déterminés et serviront de point de repère, et, notamment, le fait que la limite remontait le long du ruisseau descendant des fontaines de Rinhac et de Falcon.

A partir de là, voici les indications jusqu'à la Dordogne :

La châtellenie de Bigaroque confronte avec la juridiction de la Roque des Peagers, en montant de la fontaine de Falcon par un certain chemin qui va de celle fontaine vers le manse de la Capudie, en comprenant le manse entier de la Capudie et en suivant et remontant ce même chemin par le milieu du puy de las Ayas, en suivant le chemin jusqu'à la rencontre du chemin par lequel on va de la chapelle vers la vallée moyenne, dans lequel on entre et on s'avance par cet ancien chemin, en suivant le chemin de Meyral jusqu'à la rencontre du chemin public allant de St-Cyprien vers Tayac, en comprenant entre ce chemin le village de Tamsa Arayla avec ses dépendances, en suivant ce chemin jusqu'au village du Cayrel et de là en tournant entre le dit manse del Puech del Cayre et le manse del Fau, en comprenant dans la juridiction de Bigaroque le dit village del Cayrel et le village de la Paparotie avec ses dépendances.

La limite englobait ainsi tout le territoire que comprend aujourd'hui, au nord-est, la paroisse de St-Cyprien, sans empiéter sur la paroisse de Meyrals, ainsi les villages les plus rapprochés de la limite étaient : Falcon, Capudie, Faux ; Paparotie ou forme moderne, Blancharde, état-major.

La châtellenie de Bigaroque confronte

avec le chemin qui va de St-Cyprien vers Meyrals et le traversant (vers l'est) et de ce chemin descendant à un certain ruisseau découlant des fontaines de Canta-Rana et de la Gazalhana vers le Pontet, et suivant ce ruisseau lui-même jusqu'au Pontet près St-Cyprien, et de là, tirant vers Beynac, en un certain lieu où était plantée une borne en pierre, sur laquelle étaient portées les armes de l'archevêque de Bordeaux, sur la face tournée vers St Cyprien et les armes du seigneur de Beynac, sur la face tournée vers Beynac ; cette pierre, dit on, faisait la division entre les juridictions de Bigaroque et de Beynac ; il y a peu d'années de cela, cette pierre fut brisée.

La limite arrivait ainsi à un fossé nommé de Catre (aujourd'hui Quatre, suivant la carte d'état-major), et de là, vers le fleuve de la Dordogne (ici la frontière suivait la division actuelle entre les paroisses de St-Cyprien et de Bezenac.

Si telle était anciennement la délimitation de la châtellenie de Bigaroque, il ne faut pas oublier que les seigneurs de la Roque et de Beynac avaient occupé un certain territoire comprenant terres et prés, à partir d'une certaine borne haute dont la pierre était brisée, sur laquelle se trouvaient les armes de l'archevêque et du seigneur de Beynac et, cela du côté de Beynac jusqu'à la Dordogne et jusqu'au lieu et ruisseau del Pontet[52].

Et, par là, les juridiction et châtellenie de Bigaroque confrontaient

avec la juridiction de Berbiguières relevant, à titre de fief, de l'archevêque de Bordeaux, le fleuve de Dordogne formait dans son cours lu division entre les deux juridictions[53], jusqu'à la paroisse et juridiction de Siorac, relevant également de l'archevêque de Bordeaux; et (la juridiction de Bigaroque confrontait ainsi) avec la juridiction de Siorac, le dit fleuve de Dordogne formant division entre les deux.

Mais, (la juridiction de Bigaroque) comprenait bientôt l'une et l'autre rive du fleuve, à partir d'une boule ou borne se trouvant sur le bord du fleuve de Dordogne du côté de Siorac, et de la dite borne ou boule la limite s'élevant au moyen de petites bornes, fossés et termes jusqu'à la tête d'un certain abîme appelé de Paracol[54], lequel abîme est au-dessous de Castelréal et confronte au tertre de Castelréal, lequel tertre est de la juridiction de Belvès, et celle limite englobe dans la châtellenie de Bigaroque, entre les dites confrontations et le ruisseau sortant de l'abîme de Paracol, la plaine dite du Coux faisant partie de la paroisse du Coux[55].

Ainsi, le cercle est fermé, et nous avons parcouru la délimitation entière de la châtellenie de Bigaroque.

(d) Juridiction de Bigaroque dans les territoires de Cadouin et de St-Cyprien.

Nous avons vu antérieurement que la châtellenie de Bigaroque avait dans ses dépendances l'abbaye de Cadouin et le monastère de St-Cyprien. Sans avoir la prétention d'écrire l'histoire de ces deux établissements monastiques, établissons seulement tes relations qui existaient entre eux et Bigaroque, au point de vue de la juridiction, et dégageons les renseignements que contient, quant à eux, notre cartulaire de Philiparie.

Cadouin.

Il faut remarquer que le monastère de Cadouin très anciennement fut édifié dans la forêt et le bois du castrum de Bigaroque, dans une vallée qu'on appelait Laval Cadonha[56], entre les localités de Bigaroque, de Molières et de Belvés, et, pour la majeure partie sur la paroisse de Cabans et sur les confins des paroisses de Cabans, de la Salvelat et de Cussac ; ainsi, quelques-uns des habitants sont paroissiens de Cabans, pour la partie nord ; d'autres, vers le midi, sont paroissiens de la Salvetat, et les autres hors la porte del Seyc jusqu'au ruisseau dit de Cadouin, sont paroissiens de Cussac jusqu'au chemin qui va de Cadouin et de la dite porte del Seyc vers Limeuil ; ce chemin fait division entre les paroisses de Cussac et de Cabans et entre les juridictions de Cadouin nouvellement acquises et de Bigaroque d'une part et la juridiction de Badefol, d’autre part »[57].

Cadouin étant situé dans la châtellenie de Bigaroque, il devenait très difficile au seigneur archevêque de conserver sur cette partie du territoire les droits de juridiction que comportait son litre de seigneur; aussi les documents mentionnent-ils des abandons d'une portion de sa juridiction au profit des abbés de Cadouin.

A une époque ancienne, d'après notre cartulaire,

le seigneur archevêque avait dans la paroisse de la Salvetat de Cadouin la moitié de la juridiction haute et basse avec l’imperium merum et mixtum et indivisément, avec noble Pierre de Cunhac, seigneur du repaire de Cunhiac (comme tenant ses droits du seigneur de Badefol) et, de même, le seigneur archevêque de Bordeaux avait la moitié de la basse justice jusqu'à cinq sous et au-dessous et par indivis avec le seigneur abbé de Cadouin ; cette moitié de juridiction basse, comme l'a entendu raconter Philiparie, le dit Cunhac l'acquit par échange du seigneur abbé et des religieux de Cadouin ; et, en conséquence, présentement (1496) toute Juridiction haute, basse et moyenne avec l’imperium merum et mixtum de la paroisse de La Salvetat, appartient en commun et par indivis au dit seigneur archevêque de Bordeaux et au seigneur de Cunhac, mais, en respectant la juridiction récemment cédée aux moines de Cadouin du haut des collines en descendant vers Cadouin »[58].

Qu'était cette juridiction nouvelle cédée aux moines de Cadouin? Notre cartulaire nous en détermine le caractère et l'étendue territoriale, en nous rapportant le titre transactionnel intervenu sur ce point entre le seigneur archevêque et l'abbé de Cadouin.

Cette transaction fut faite le 8 août 1471 entre Philiparie, fondé de procuration de l'archevêque de Bordeaux, Artus de Montauban, agissant comme seigneur de Bigaroque et le seigneur Pierre de Ganh, par la grâce de Dieu abbé de Cadouin, et les religieux de l'abbaye de Cadouin, de l'ordre de Citeaux, au diocèse de Sarlat.

Voici les clauses et les accords intervenus :

La juridiction haute, basse et moyenne dans le territoire de Cadouin, dépendant tant de la paroisse de Cabans que de la paroisse de la Salvetat, à partir du haut des collines par où les eaux descendent vers Cadouin[59], appartiendra à l'abbé et aux religieux de Cadouin ;

Cette juridiction, le seigneur abbé et les religieux de Cadouin doivent reconnaître la tenir, à titre de fief, du seigneur archevêque de Bordeaux, en qualité de seigneur temporel de Bigaroque, sous obligation d'hommage et de serment de fidélité, et avec accapte de soixante sous de monnaie courante, à chaque changement de seigneur archevêque, et à chaque changement d'abbé, et à charge d'une rente de huit livres de monnaie courante avec autant d'accapte et, cela, avec toute la fondalité ;

3° Les dits abbé et religieux de Cadouin, en vue d'assurer l'exécution de leurs engagements, assignèrent et affectèrent, en conséquence, au profit du seigneur archevêque de Bordeaux, certains fiefs qu'ils avaient, soit dans la juridiction de Bigaroque, soit dans la juridiction de Belvés ;

Les huit livres de rente et autres droits le seigneur archevêque les lient d'une façon complète, excepté : en ce qui louche les droits de paccage, à l'occasion desquels un procès est engagé ; 2° à propos du bien détenu par les habitants du Buisson et relevant de l'archevêque de Bordeaux, et à la limite de la juridiction de Cadouin entre le bois commun de Belvés et le chemin ancien qui va de la croix de la Palme vers Cadouin du côté de la Salvetat[60].

Ainsi, à une époque où le fief s'était transformé, le seigneur ne conservait, grâce à lui, que des redevances pécuniaires, comme représentation de son domaine supérieur ; les droits de juridiction, conséquence du fief, prenaient une grande importance par les droits pécuniaires nombreux, dont ils devenaient l'occasion, et, en abandonnant à ses vassaux, une portion de ses droits de juridiction, le seigneur leur abandonnait une partie importante de sa seigneurie. Dans la pratique, les concessions de cette nature donnaient presque toujours lieu à des difficultés ; le vassal voulant en étendre la portée, le seigneur voulant, tout au moins, en maintenir la teneur, et même quelquefois en atténuer les conséquences, l'histoire de nos châtellenies nous fournit de ces faits de nombreux exemples.

Saint-Cyprien.

Et il faut noter que le lieu de Saint-Cyprien est une dépendance du castrum de Bigaroque, et le prieur et certains nobles plus bas nommés possèdent la basse justice limitée ; elle s'étend et s'exerce aux lieux et paroisses de St-Cyprien, de Capella (La Chapelle près St-Cyprien) de Rinhac; et, dans ces dits lieux et paroisses, le prieur et les nobles de Saint-Cyprien sont en possession de l'exercice d'une nasse justice limitée ; ils possèdent le droit de tenir des mesures particulières pour le blé et le vin ; celles-ci diffèrent des mesures de Bigaroque ; il en est de même de la paroisse de Mouzens[61].

Saint-Cyprien, aujourd'hui chef-lieu de canton de l'arrondissement de Sarlat, fut un prieuré conventuel de l'ordre de Saint-Augustin ; son église avait pour patrons Saint-Laurent et Saint-Cyprien. Autour du prieuré se forma une agglomération importante close de murs[62].

St-Cyprien était une dépendance de la châtellenie de Bigaroque et l'archevêque de Bordeaux, comme seigneur de Bigaroque, y exerçait les droits de juridiction ; mais la basse-justice, limitée d'une façon rigoureuse, appartenait au prieur et à certains nobles de Saint-Cyprien ou des environs.

Les conflits de juridiction furent fréquents entre le seigneur archevêque et les prieur et nobles du lieu ; ils furent apaisés pour un temps, sauf à recommencer bientôt par des transactions successives.

La première en date et la plus importante remonte au commencement du XIVe siècle ; notre cartulaire la mentionne et en résume les dispositions au fol. 117, v° et suivants ; elle fut constatée dans un acte dressé par Me Bernard Caprarii (sic), notaire impérial, et avait été approuvée par le souverain pontife Clément V (fol. 118, r°).

Le texte complet se retrouve dans les Regesta Clémentis V papae, année 4e, n° 3984 (cap. 324, fol. 63 a); d'après cette source, nous ferons connaître la transaction intervenue entre le cardinal archevêque et le prieur de Saint-Cyprien.

Un débat des difficultés s'étaient élevés[63] entre Bertrand, archevêque de Bordeaux, et Hugo (de Beynac), prieur de Saint-Cyprien, son vassal, dont voici l'objet : l'archevêque prétendait être investi de la juridiction haute et basse et de l’imperium mixtum et merum, dans les localités de Capella (la Chapelle) et de Rinhaco (Rignac), près Saint-Cyprien, et dans leurs dépendances ; au nom de son église métropolitaine de Bordeaux, il affirmait être en possession ou quasi-possession de l'exercice de toute juridiction et cela depuis un temps ancien (et se esse in possessione vel quasi ibidem exercendi omnimodam jurisdictionem et ab antiquo fuisse.)

Il prétendait aussi, au nom de son église métropolitaine, à la juridiction haute à l’imperium merum du lieu et paroisse de St-Cyprien; qu'en conséquence de ses droits, on devait porter l'appel à sa Cour de Bigaroque, de tout jugement susceptible d'appel rendu au nom des prieur, chevaliers et nobles de Saint-Cyprien.

Et enfin que le prieur devait reconnaître tenir à titre de fiefs dudit archevêque les localités de Capella et de Rinhaco et toutes ses possessions dans les paroisses de Mouzens et du Coux.

Et le prieur, de son côté, affirmait être investi de la juridiction haute et basse dans les paroisses de Capella et de Rinhaco et dans le monastère, le cloître, le marché de Saint-Cyprien et dans les fours et moulins que le prieur avait présentement à Saint-Cyprien.

Et pour faire cesser sur ces points toutes difficultés, une transaction amiable fut arrêtée, entre les parties, dont voici les principales clauses :

1° La juridiction haute en son entier et l’imperium merum et mixtum des localités de Capella et de Rinhaco et de leurs dépendances appartiendront, en leur entier et à perpétuité, à l'archevêque et à ses successeurs.

2° De même que la haute juridiction, l’imperium merum et mixtum du lieu et paroisse de Saint-Cyprien, appartiendra, à perpétuité, à l'archevêque et à ses successeurs « quia inventum est quod fuit ab antiquo sic », car il a été constaté qu'il en a été ainsi, anciennement.

3° Mais la basse justice, dont l'émolument, au dire du prieur, s'élève à sept sous et au-dessous, pour les localités de Capella et Rinhac, appartiendra audit prieur.

De même, la basse justice, jusqu'à la même somme, du lieu de St-Cyprien et de la paroisse, appartiendra en commun au prieur et aux chevaliers et seigneurs du dit lieu ; et, comme il a été d'usage jusqu'ici, les droits de ban et de règlements, en ce qui touche la basse justice, seront faits au nom du prieur, des chevaliers et des nobles.

4° De même, la haute justice seulement jusqu'à soixante sous, pour faits qui se produiraient dans le cloître et dans le monastère de St-Cyprien et dans la clôture du cloître, comme il en est d'usage, et quels que soient les délinquants, appartient au prieur.

De même, la juridiction pour faits dont la réparation ou la peine ne s'élève qu'à soixante sous, par la coutume et le droit, si ces faits sont à la charge de gens relevant du prieur, (familia ipsius prioris) et non d'autres personnes, et ont été commis dans les fours et moulins que le prieur possède présentement à St-Cyprien, la juridiction en appartiendra au prieur à l'avenir.

Mais, au cas où les délits et crimes commis ou qui viendraient à être commis à l'avenir dans le cloître, monastère et clôture déterminée plus haut, et dans les fours et moulins, donnaient lieu d'appliquer la mort, la mutilation, le bannissement ou la rélégation ou toute autre peine supérieure à soixante sous, suivant la coutume et le droit. La poursuite, la condamnation et l'exécution appartiendraient au seigneur archevêque, même pour les délinquants faisant partie de la familia prioris.

5° Le dit prieur et ses successeurs s'engagent et promettent l'exécution de bonne foi, que toutes les fois qu'il y aura lieu d'appeler d'une décision judiciaire rendue par le prieur, les chevaliers et nobles ou par leurs juges, l'appel sera porté à l'audience de la Cour de Bigaroque du seigneur archevêque.

6° Le dit prieur tient et reconnaît tenir à fief du seigneur archevêque, tous les droits qu'il a dans les paroisses de Mouzens et del Cos (du Coux, et, de même, pour les localités de Capella et de Rinhac et de leurs dépendances, salvo jure quolibet alieno.

7° L'archevêque, en acceptant cet arrangement ou transaction, se défendait de porter aucun préjudice à la situation juridique des chevaliers et nobles de St-Cyprien, dans leurs relations avec le prieur, situation sur laquelle l'archevêque et le prieur avaient des vues différentes, et par cet arrangement transactionnel le dit seigneur archevêque entendait expressément ne porter aucune atteinte aux droits des chevaliers et nobles et viguiers de St-Cyprien, ni vouloir les mettre hors de sa seigneurie, ni donner au dit prieur par cela aucun droit nouveau[64].

Cette transaction fut approuvée par les membres du prieuré de St-Cyprien, comme par l'église métropolitaine de Bordeaux ; elle fut dressée à Bigaroque dans le palais de l'archevêque, l'an du seigneur MCCCIIII indictione II, Sede romana vacante, le 8 du mois d'août, c'est-à-dire le samedi avant la fête du bienheureux Laurent martyr, en présence de grands personnages représentant l'archevêque et le prieur, de nombreux seigneurs de la région, et retenue par Bernardus Caprarii[65], prêtre du diocèse de Bordeaux et notarius seu tabellio publicus auctoritate imperiali.

Elle fut confirmée par le pape Clément V, à Villandrault, diocèse de Bordeaux le 12 des kalendes de décembre l'année 4e de son pontificat, soit le 21 novembre 1308.

Ainsi, ce document nous montre le seigneur archevêque de Bordeaux, en tant que seigneur de Bigaroque, investi de la haute justice sur St-Cyprien et son territoire, et ayant consenti à l'abandon de la basse justice, limitée généralement à 7 sous, au profit des prieur et de certains nobles de la localité ou des environs.

Ceux-ci, nobles et prieur, exerçaient cette basse justice en paréage; ils avaient donné à la localité une administration municipale rudimentaire ; mais la communauté voulut former un corps municipal et s'organiser en consulat. Or, ces modifications intéressaient l'archevêque de Bordeaux, le chapitre de St-Cyprien et les seigneurs investis de la basse justice; de là, des contestations, à cette occasion, entre ces autorités rivales[66].

L'étude de ce point intéressant pour l'histoire de St-Cyprien sort un peu de notre sujet et nous entraînerait trop loin.

Le débat élevé en 1304, entre Bertrand de Goth, archevêque de Bordeaux, seigneur de Bigaroque, et Hugues de Beynac, prieur, et terminé par la transaction ci-dessus analysée, se reproduisit à d'autres époques, et se termina entre lesdits archevêques et prieur par des transactions nouvelles ; les unes, comme celle qui intervint, en 1533[67], entre l'archevêque et François de la Cassanhe, prieur de Saint-Cyprien, et Jean de Fages, seigneur dudit lieu, co-seigneur avec le prieur de la basse justice, ne firent que rappeler les dispositions de la transaction de 1308, et d'autres y apportèrent sur des points peu importants, quelques modifications.

Cette situation ne paraît avoir subi de modifications jusqu' à la Révolution.

Cependant, de documents conservés aux Archives de la Gironde, on peut affirmer que, tout au moins, au commencement du XVIIe siècle, l'archevêque chercha à aliéner les droits de suzeraineté qu'il avait, à St-Cyprien, probablement pour se mettre en mesure de payer les sommes que l'Etat avait mis à sa charge, sur son temporel : cette aliénation fut consentie par M. le cardinal de Sourdis, archevêque de Bordeaux, le 27 juin 1613, au profit de messire Jean-Jacques de Montesquiou de Sainte-Colombe[68].

Bien que cette aliénation eût été exécutée, M. Henry d'Escoubleau de Sourdis, frère du dit cardinal, et son successeur à l'archevêché, obtint le 19 novembre 1741, un arrêt du Grand Conseil qui le rétablit dans la propriété de cette terre et juridiction, à la charge de rembourser à l'acquéreur, M. de Montesquiou, la somme de neuf mille livres.

Et, comme ni le seigneur archevêque de Sourdis, ni M. de Béthune, son successeur, ne furent en situation d'opérer ce remboursement, M. de Montesquiou garda la jouissance de la terre, qu'il détenait encore en 1660.

Et, le 19 mai 1660, les habitants de la dite terre et seigneurie de St-Cyprien offrirent à de Béthune d'exercer le rachat pour réunir inséparablement la dite terre au domaine de l'archevêque ; et, celui-ci promit de rembourser à la communauté la somme de 4.900 livres, somme jugée suffisante pour opérer le rachat, et, pour assurer l'exécution de son obligation, M. de Béthune engagea les droits utiles et profitables de la seigneurie jusqu'au remboursement effectif.

La communauté jouit des droits engagés; elle aliéna tous les offices de judicature, aliénations qui lui permirent de rentrer dans une très grande partie de la somme prêtée.

L'archevêque sentait la nécessité de faire cesser cet état de choses, et de rembourser les 4.900 livres à lui prêtées ; dans ces conditions, Joseph Prunis, prêtre, docteur en théologie, prieur royal du prieuré de St-Cyprien, tant en son nom qu'au nom de son chapitre, promit de fournir la somme de 4.900 livres pour en faire l'offre et exhibition à la communauté de St-Cyprien en la personne de son syndic.

Et, en considération de ce que cette opération était à l'avantage de son siège, l’archevêque de Bordeaux Champion de Cicé, seigneur haut justicier da St-Cyprien, etc., affecta et hypothéqua tous ses biens à la sûreté du dit prêt, consentant que le dit sieur prieur et son chapitre prissent et perçussent annuellement sur les fermiers ou régisseurs de la terre de Bigaroque la somme de 240 livres, pour leur tenir lieu d'intérêt du dit capital jusqu'au remboursement du capital, non exigible par le prieur et chapitre, mais dont l'archevêque pouvait opérer le remboursement à sa volonté[69].

Cet acte démontre qu'à la veille de la Révolution, l'archevêque de Bordeaux était encore en possession de ses droits sur St-Cyprien, dans les conditions des transactions antérieures.

La seule chose importante à constater est la seigneurie et supériorité de l'archevêque de Bordeaux, en qualité de seigneur de Bigaroque sur le prieuré de St-Cyprien et son territoire ; ce qui entraînait pour le prieur l'obligation de faire hommage et serment de fidélité. Notre cartulaire contient, sur ce point, des renseignements intéressants, et on nous excusera, à cause de leur pittoresque, de les rapporter.

Au temps de l'acquisition de Bigaroque, faite du seigneur de Baynaco (Beynac), le pape Clément V transporta l’hommage que faisait jusque là le prieur de Saint-Cyprien à l'évêque de Périgueux, à l'archevêque de Bordeaux, Arnaud, seigneur de Bigaroque. Le seigneur de Bigaroque était le seigneur supérieur des fiefs du seigneur prieur, et celui-ci tenait encore à fief une partie de la basse justice en commun avec les chevaliers et nobles de St-Cyprien. Le premier hommage ou reconnaissance fut fait par Hugo, prieur de St-Cyprien en 1307 ; les chevaliers et nobles de St-Cyprien font hommage lige et prêtent serment de fidélité au seigneur archevêque pour la partie de la basse justice de St-Cyprien qu'ils tiennent par indivis avec le prieur de St Cyprien[70].

Le prieur de St-Cyprien tenait à fief de l’archevêque de Bordeaux, en tant que seigneur de Bigaroque, son suzerain, toute la temporalité qu'il avait dans les localités et paroisses de Saint-Cyprien, de Chapelle, de Rinhac, de Mouzens et ailleurs, dans les domaines de l'archevêque de Bordeaux.

En signe d'hommage et de la donation faite, le seigneur archevêque recevait, en entrant au prieuré, la clé de la tour la plus haute de la fortification du prieuré, que le prieur avait déposée, sur l'autel le plus élevé de l'église de St-Cyprien[71].

L'archevêque la livrait à ses gens; ceux-ci ouvraient la porte de la grande tour et montaient au haut de la tour, d'où ils criaient par trois fois Bordeux, Bordeux et par trois fois Bigarupe, Bigarupe. Et les autres serviteurs de l'archevêque pouvaient escalader les murailles formant fortification dudit prieuré et crier de la même manière et, à sa sortie du prieuré, le seigneur archevêque devait restituer et confier la clé au prieur[72].

(e) Revenus et impôts : leur mise à ferme.

Suivant un usage ancien, la perception directe des revenus et des impôts n'était guère pratiquée, le seigneur affermait le droit de les percevoir, moyennant un prix, soit débattu de gré à gré, soit déterminé à suite d'adjudication[73].

Ces adjudications étaient généralement faites à Bigaroque vers la fête de la Nativité de Saint-Jean-Baptiste.

Le seigneur se faisait représenter dans la châtellenie par un bayle auquel était confié, moyennant un prix de ferme, le droit de percevoir les droits de justice, les amendes jusqu'à 60 sous, le droit de cotus, les droits perçus à l'occasion des actions en justice et des défauts ; la baylie était affermée, en une seule fois, pour Bigaroque et pour St-Cyprien ; en général, le prix de ferme s'élevait à quarante livres de monnaie courante, quelquefois plus, quelquefois moins.

En conséquence de cette ferme, le bayle devait supporter les dépenses des officiers du seigneur, dans les cours de justice, dans les assises et en vue du commun [74], payer un receveur ou greffier ou expéditionnaire et le jour des assises le dîner des jurés suivant l'usage ancien.

Le greffe des juridictions du seigneur était affermé, en général, pour 16 livres, quelquefois plus, quelquefois moins.

Le port de Bigaroque avec les péages de terre et d'eau, pour toute la juridiction, était affermé pour 200 livres de monnaie courante, quelquefois plus, quelquefois moins[75].

Les péages et leudes étaient perçus suivant le tarif inséré au chapitre des hommages[76] .

La moitié du port de Siorac, relevant du seigneur archevêque était affermé 10 livres, quelquefois plus, quelquefois moins.

Les poissons des pêcheries et le droit de pêche était affermé pour 5 livres, quelquefois plus, quelquefois moins[77] .

Les épaves de la juridiction étaient affermées généralement trente sous, quelquefois plus, quelquefois moins; et ce prix de ferme diminue chaque année, à la suite de la dépopulation du pays.

On affermait le produit des blasphèmes contre le nom de Dieu; l'amende se divisait en trois parts; probablement, comme à Belvès, une des parts appartenait au seigneur, une autre à l'église paroissiale où avait eu lieu le blasphème et la troisième part au dénonciateur[78], la part du seigneur s'élevait à 20 sous en général.

Un des impôts les plus importants de l'époque consistait en la dime qu'on percevait dans les paroisses ; notre cartulaire contient sur cette perception des renseignements intéressants.

Sans avoir à aborder l'histoire des dîmes, nous savons qu'à l'époque de notre cartulaire elles étaient admises dans toutes les paroisses et qu'elles présentaient la plus grande variété, soit pour l'étendue des produits frappés, soit pour leur fonctionnement ; la coutume, à défaut de titre, servait à fixer le fonctionnement.

En outre, à cette époque, elles étaient souvent inféodées, soit en totalité, soit en partie; des titres ou l'usage servent de base pour déterminer l'étendue de l'inféodation.

Notre cartulaire contient sur cette matière des renseignements intéressants pour les paroisses du Coux et de Mouzens.

(a)     Paroisse du Coux.

Celle paroisse était l'une des plus importantes de la châtellenie, une des plus fertiles.

La dîme[79] portait sur une foule de produits du sol et se divisait en gran et petit devers pour les habitants astreints, ce qui correspondait à une division des dîmes en grosses et petites dîmes.

La dîme des blés et légumes de la paroisse du Coux était affermée par la Cour du seigneur, au plus offrant et à l'extinction des feux.

Le curé du Coux avait droit à la moitié du prix de ferme.

Le décimateur adjudicataire opérait les perceptions qui s'élevaient, en général, à deux cents charges de blé, soit froment, seigle, baillargue et avoine.

Mais le recteur du Coux n'était pas obligé de se contenter de la moitié du prix de ferme, et il était le maître de renoncer à sa pari du prix de ferme et de réclamer sa moitié et en nature, auquel cas il en assurait à ses frais la perception sur les redevables. Il y avait une dîme du vin, du lin, du chanvre, des chevreaux et agneaux vivants, et de la laine et de quelques autres produits, ce qui constituait le petit dever ; cette dime était, en général, affermée à prix d'argent pour 60 livres de monnaie courante, quelquefois plus, quelquefois moins.

Le recteur avait la moitié de cette dime, laquelle moitié, la ferme consentie, il peut réclamer en nature et lever pour lui.

(b)     Paroisse de Mouzens.

Dans la paroisse de Mouzens, la dîme ne paraît porter que sur les blés; et, de cette dime, le prieur de St-Cyprien en prenait la moitié, le recteur de Mouzens, un quart, et le seigneur archevêque avait l'autre quart.

En général, elle rapportait cent charges de blé, quelquefois plus, quelquefois moins.   .

La ferme faite, le prix s'en partageait, suivant les proportions ci-dessus, entre les ayants droit ; et le décimateur, auprès des habitants, assurait la perception en nature des dîmes, à ses périls et risques. Mais le prieur de St-Cyprien, comme le recteur de Mouzens, peuvent réclamer et recevoir leur part en nature s'ils le veulent, et le décimateur fermier sera libéré, vis-à-vis d'eux, de la part du prix de ferme leur revenant et ils assureront pour leurs parts la perception en nature.

Nous ne savons rien pour les dîmes des autres paroisses de la châtellenie, dans lesquelles la perception directe ou la mise à ferme pouvaient être pratiquées à la volonté des intéressés[80].

Grâce à un document inséré aux Reqesta de Clément V, nous pouvons donner pour Mayral (Meyrals forme moderne) des renseignements sur la dime perçue dans cette paroisse.

A la demande de Raymond, évêque de Périgueux, et pour augmenter les ressources très faibles du monastère de St-Cyprien, le pape approuva l'union de cette paroisse avec le monastère de St-Cyprien, sur laquelle celui-ci avait le droit de patronage.

Cette union était faite sous la condition que le monastère entretiendrait à Meyrals un vicaire perpétuel compétent, avec droit de présentation on cas de vacance.

Le vicaire aura et gardera les vignes, prés, jardins et maisons dont avait la jouissance, au moment de l'union, l'église de Meyrals; en outre, le prieur de St-Cyprien, ses successeurs ou le collecteur des dîmes de la dite paroisse, doivent au vicaire toute la dime de la laine, du lin, du chanvre et du carnelage de la paroisse et de l'église ; la moitié de la dîme du vin et un setier de froment et quatre setiers de méteil, et cela chaque année ; le vicaire jouira, en outre, des offrandes et autres émoluments sous quelque nom qu'ils se présentent,-et il supportera toutes les charges d'entretien de l'église, et le monastère de St-Cyprien aura pour lui toute la dîme du blé de la paroisse, à l'exception des setiers réservés au vicaire (un de blé et quatre de méteil).

Enfin une autre ressource appartenait au seigneur.

Le castrum formait une enceinte fortifiée, protection puissante pour le pays, les habitants devaient, avec le seigneur, en assurer la défense ; ils étaient tenus-à en assurer la garde et d'y faire le guet.

« Le roi de France, Charles VII, par une ordonnance royale vers l'année 1450, année de la pacification de son royaume, décida entre autres choses, qu'en cas de guerre, tous les sujets dépendant des châtellenies feraient les guets et gardes au castrum ; mais, qu'en temps de paix, ils n'y seraient plus tenus, les seigneurs du castrum avec leurs serviteurs en assureraient la garde, et les sujets paieraient au seigneur, à titre de droit de garde, par an 5 sous tournois.

Et les habitants de Bigaroque et les sujets obligés à assurer la garde, payèrent, en remplacement deux sous et demi au temps du seigneur Blaise de Grêle, archevêque, et, aujourd'hui, ils ne paient plus rien de ce chef [81] ».

(f) Hommages, procès et occupations

Notre cartulaire contient, sur les hommages ou concessions à cens pour chacune des paroisses de la châtellenie, des renseignements très nombreux ; comme aussi il relève avec soin les procès qu'avait à soutenir le seigneur archevêque pour la défense de ses droits, et les occupations à son préjudice du fait des seigneurs voisins et qui avaient entraîné des diminutions de sa seigneurie.

Nous n'avons pas l'intention d'étudier, d'une manière complète, cette partie de notre sujet; nous l'avons fait pour la châtellenie de Belvès, chap. I, IV et V, pages 33 à 55 du tirage à part. Nous n'avons, après un nouvel examen du sujet, rien à modifier à nos conclusions.

Cependant, en laissant bien des renseignements de côté, il nous est impossible de ne pas indiquer les renseignements que fournit sur ces points divers notre cartulaire.

(g) Hommages ou concessions à cens.

Nous trouvons dans notre cartulaire plusieurs listes des vassaux et des hommages faits, en 1337, pour les paroisses de Cabans, Bigaroque, Le Coux, Lussac (fol. 179 à 182, ; en 1459 (fol. 182 et suiv.) ; les hommages furent reçus, à Saint-Cyprien, le 10 février 1489 (fol. 160 et suiv. ) pour les paroisses de St-Cyprien et de Mouzens; pour les paroisses du Coux et Bigaroque, les hommages furent reçus à Belvés le 20 septembre 1493 (fol. 146 et suiv.) et le 12 septembre 1493, au même lieu, par Jean Joly, prêtre, pour les mêmes paroisses. Ces actes d'hommages ne décrivent dans leurs déclarations que l'objet même donné en inféodation, avec les tenants et aboutissants ; mais, grâce à ces indications très succinctes, nous obtenons cependant des renseignements sur la topographie, les fontaines, ruisseaux, chemins et autres particularités du pays. .

Ainsi, nous constatons l'existence d'une pêcherie aux Hégor, paroisse de Cabans, (fol. 128); d'une autre à Vic (fol. 130). Dans la paroisse de Cabans, nous constatons l'existence d'un ruisseau appelé Rivus de Roanel ou Raunel, d'un canal del Viguier, et d'un autre ruisseau appelé de Carbonieyras, paroisse de Cabans ; dans la paroisse du Coux, la Combe d'Aurival[82], formée par le ruisseau d'Aurival, descendant-des plateaux de St-Georges la Catène, coulant du nord au sud, et se jetant dans la Dordogne ; il est parallèle à la limite de la paroisse de Mouzens.

J'emprunte à notre cartulaire deux hommages qui y sont relatés, pour que l'on puisse se rendre compte des renseignements qu'ils peuvent fournir.

Déclaration de Guillaume de Puymouste, habitant du lieu de Saint-Cyprien qui tient à St-Cyprien du seigneur archevêque de Bordeaux ….. quoddam hospicium vocatum de Lossa, situm in loco Sancti Cipriani, infra murum noviter constructum, confrontans cum fossato dicti locicum hospicio nobilis Bertrandi de Virazel, vanella media, et cum hospicio Ademari La Myanna et cum portali de Lossa et cum carriera publica qua itur de dicto portali versus monasterium Sancti Cipriani (fol. 160).

Déclaration de Pierre de Vars et ses frères... partem territorii vocati La Besseda, siti in parochiis de Paleyraco et de Cabans, confrontans cum itinere antiquo quo itur de loco ubi erat posita Crux de La Palme versus Cadunum et cum nemore de Bellovidere et cum pertinenciis de la Rocgia (La Rougie, état-major, commune de Paleyrac) et cum quadam cruce vocata La Crosilha, et cum juridictione domini abbatis Caduni quam idem dominus sibi transportavit (fol. 128).

Toutes les déclarations mentionnent les charges en argent, en céréales ou en corvées dues par les tenanciers; elles n'étaient pas très élevées, quelquefois elles présentaient une certaine indétermination ; c'est ainsi que pour des cessions de terres et de prés, nous trouvons cette clause, après avoir indiqué que la redevance serait de dix deniers tournois, et autant d'acapte,

« Cum pacto augmentandi predictum redditum et accaptamentum ad ordinationem duorum proborum virorum, si predictum pratum non sit bene arrenduatum cum predictis decem denariis T. de redditu et accaptamento ».

Cette clause est exceptionnelle, nous ne l'avons rencontrée que deux fois (fol. 137) et il est remarquable que les tenanciers trouvaient là une garantie contre l'arbitraire seigneurial, dans l'intervention de deux prud'hommes pour la justification de l'augmentation eu égard aux produits du pré.

On peut induire de l'ensemble de notre cartulaire : que la dépopulation, conséquence des ravages de la guerre de Cent Ans, était réparée; que les tenanciers accouraient de toutes parts pour obtenir des concessions de l'archevêque ; 2° que le pays présentait à peu près la même situation, que nous lui voyons aujourd'hui ; on peut suivre très facilement (ce travail, je l'ai fait complètement pour la paroisse du Coux) et identifier les manses, villages et propriétés, mentionnés dans notre cartulaire avec les indications de la carte d'état-major, et, à l'exception de quelques localités dont le nom se modifiait à cette époque ou s'est modifié dans la période moderne, on peut affirmer que la condition de nos paroisses fut à l'époque de notre cartulaire ce qu'elle est encore aujourd'hui[83].

Il semblerait, si l'on en croyait certains passages du cartulaire de Philiparie, que les archevêques furent peu soucieux de leurs intérêts matériels et que, par négligence de leurs officiers ou représentants, leurs droits furent compromis ; des faits de ce genre ont pu se produire à certaines époques ; mais il ressort des documents, provenant des archives de l'archevêché, qu'à toutes les époques, les archevêques et leurs agents apportèrent tous leurs soins à assurer la conservation de leurs droits, fiefs, cens et rentes leur appartenant ; on en sera convaincu, si l'on parcourt les renseignements cités en note pour la châtellenie de Bigaroque et les paroisses la constituant[84].

(A suivre)                                                 A. Vigié.

 

pp. 444-456.

 

POSSESSIONS DES ARCHEVEQUES DE BORDEAUX EN PERIGORD

ET PRINCIPALEMENT DANS LE SARLADAIS (Suite et fin).

§ 2. - Castrum et Châtellenie de Couze.

Suit le mémorial et livre terrier du château et juridiction de Couze du diocèse de Sarlat[85].

« Et tout d'abord, il faut rappeler que le castrum de Couze fut très fort, situé eu un lieu élevé ; dans lequel château se trouvaient une tour haute et forte, beaucoup de demeures nobles et autres habitations. Tout près de la tour se trouvait une convenable chapelle, et, entre la tour et les autres habitations, un puits très profond et une place. Dans sa plus grande partie, le château était entouré de fossés et du côté du bourg de Couze étaient beaucoup de belles habitations à l'entrée du castrum [86].

Ce château fut détruit et démoli au temps de Charles VII, roi de France, pendant la guerre entre ce roi et Henri, roi d'Angleterre, vers l'année du Seigneur 1448, par noble Jean de La Crose, seigneur de Lenquays (alors avec beaucoup d'autres seigneurs voisins dans le parti des Anglais), avec ses compagnons, et, cela grâce à la mauvaise garde du château.

Et la grande tour et toutes les antres habitations du dit castrum furent détruites, la chapelle démolie, et les gens du seigneur archevêque de Bordeaux en furent chassés; les archives du seigneur archevêque furent prises, détruites et dispersées, et tous les biens dudit château, meubles et immeubles, furent aliénés et le château lui-même fut occupé par les plus proches voisins, au point que personne ne reconnut plus tenir aucun bien du dit archevêque, et cela jusqu'en l'année 1454.

Alors, noble Bozon La Brande, majordome et attaché au seigneur Pierre Berland, archevêque de Bordeaux, de bonne mémoire, avec l'aide de l'autorité royale, prit possession du château démoli et des autres châteaux du seigneur archevêque de Bordeaux, existants dans la sénéchaussée de Périgueux ; et, à ce moment, personne n'habitait dans le castrum, ni dans la châtellenie de Couze[87] .

Dans la châtellenie de Couze, il n'y a que trois églises :

D'abord, la chapelle du château de Couze, l'église paroissiale administrée par un prieur de l'ordre de St-Benoit, qui en est vicaire perpétuel, et l'église de Bayac.

La châtellenie de Couze confronte du côté de Badefol, à une borne en pierre se trouvant près du chemin qui va de Belvès vers Couze, du côté du nord au-delà d'une certaine combe, se trouvant entre la dite borne et la colline ou puy le plus élevé de Couze et descendant au-delà de la même combe de vers Badefol, au moyen de boules et signes anciens, droit au fleuve de Dordogne et comprenant une pêcherie ancienne appelée lo Pesqueyro sur le fleuve lui-même dépendant très anciennement du castrum de Couze ; la limite descend le long de la Dordogne et sur l'autre rive et comprend le fleuve en entier avec toutes les pêcheries, le port de Couze et jusqu'au port de Lenaco, port qui appartient au seigneur de Lenquays[88] .

Et, du dit port, s'élevant vers le midi et comprenant dans la juridiction de Couze le manse de Levalop avec toutes ses dépendances, en suivant les bornes terminales entre les juridictions de Couze et de Lencays, d'après les marques faites aux arbres, par l'ordre du seigneur Pierre Du Boys, vicaire de l'archevêque de Bordeaux Artus de Montauban, de bonne mémoire, jusqu'au sommet de la montagne du Couze de vers Lencays et jusqu'au chemin qui va de Couze vers Monsac.

Et la juridiction de Couze comprend seulement la paroisse de Bayac, laquelle paroisse confronte avec la paroisse de Monsac (à l’ouest et au sud) avec la paroisse de Burniquel (à l'est) et avec la pnroisoe de Couze (au nord):

Les paroisses de Couze et de Bayac étaient tenues à fief de l'archevêque de Bordeaux ; le seigneur le plus anciennement mentionné est Bertrand des Marques, seigneur de Couze ; son tombeau fut trouvé dans une chapelle dite de Bayac en l'église de Couze ; sa fille Raymonde avait épousé un Serval et avait apporté la seigneurie de Couze dans cette famille ; la famille de Serval, famille riche et puissante du pays, dont nous trouvons les membres à Belvés, à Monpazier, à Siorac, garda longtemps la seigneurie de Couze dans ses possessions ; son église porte un cerf à la clef de voûte, rappelant la possession de cette famille. Dans tous les cas, un acte d'hommage de Belvès, en 1459, est fait à l'archevêque par noble Margarita de Servallo, fille légitime et héritière universelle de noble Bernard de Serval, fils lui-même de Jean de Serval (Johannes de Servallo de Coza)[89] ; Marguerite de Serval avait épousé un Bosredon, ses enfants Pierre de Bosredon et Arnaldus de Bosredon sont mentionnés dans notre cartulaire.

Voici les faits que relate notre cartulaire :

Du temps du seigneur Artus de Montauban, archevêque de Bordeaux, une transaction fut faite par l'intervention de Philiparie, qui en retint l'instrument, entre l'archevêque, d'une part, et Marguerite de Serval et ses enfants, d'autre part.

Comme les dits de Bosredon (Pierre et Arnaud) avaient prêté la main à la séparation de la paroisse de Bayac de la juridiction de Couze, ils s'engagèrent et promirent de la recouvrer et de la rattacher à nouveau, mais ils n’en firent rien; c'était là la principale cause de la transaction; d'un autre côté, les consuls de Beaumont s'étaient emparé et détenaient encore la justice jusqu'aux lieu et église de Couze.

En outre, comme l'archevêque avait concédé la basse justice aux Bosredon, jusqu'au chemin qui allait de Monsac vers Couze, et du côté de Belvès jusqu'au chemin de Belvès vers Couze, ces chemins laissaient du côté de Couze une certaine colline, un bois et quelque territoire ; mais Arnaud de Bosredon déplaça le chemin, prit possession du Puy et du territoire, éleva des difficultés et fit des procès et ne tint aucune de ses promesses.

Ainsi les droits de l'archevêque furent diminués, ils le furent encore par d'autres occupations ; ainsi, le seigneur de Badefol et les habitants de La Linde occupèrent le territoire entre la première boule en pierre et le sommet de la colline de Couze jusqu'au fleuve de la Dordogne; en outre, le seigneur de Badefol occupa sur le fleuve lo peschayro ; laquelle pêcherie a une grande valeur et valait beaucoup anciennement pour le castrum de Couze, comme Philiparie l'a entendu dire par d'anciens témoins. Ainsi les fiefs de l'archevêque diminuaient tous les jours, et notre cartulaire constate que le seul hommage subsistant est celui d'Arnaud de Bosredon, qui doit hommage pour ce qu'il détient au lieu et paroisse de Couze, et pour la basse juridiction de la paroisse de Bayac et pour les autres biens qu'il détient dans cette paroisse[90] .

Parmi les anciens vassaux du seigneur, il y en avait trois qui portaient le nom de Coza ; à tous, succéda Fina de Coza qui abandonna le lieu de Couze pour se transporter à Bigaroque, où elle mourut, laissant pour son héritier universel l'archevêque de Bordeaux.

Les revenus de l'archevêque dans, la juridiction de Couze se trouvaient très diminués au moment de la rédaction de notre cartulaire; le port de Couze n'était plus affermé; il avait été abandonné, à titre de ferme perpétuelle, par l'archevêque Blaise de Grêle à Jacques La Borie de la Linde ; on avait compris dans la concession le moulin situé au Port.

Le péage et la baillie étaient affermés chaque année pour une somme de soixante sous tournois, quelquefois moins, à charge de supporter les frais des officiers du seigneur et pour les audiences.

Cette ferme comprenait les blasphèmes.

De même le greffe était affermé jusqu'à 10 sous, quelquefois pour moindre somme.

Tels sont les renseignements de notre cartulaire sur cette possession peu importante de l'archevêque de Bordeaux[91] .

§ 3. - CHATELLENIE ET JURIDICTION DE MlLHAC.

« Suit le mémorial ou terrier du castrum, lieu et juridiction de Milhac[92], du diocèse et de la sénéchaussée du Périgord (fol. 214 v° à 217).

Le château de Milhac est situé sur un rocher de forme arrondie ; là, étaient une grande tour, palais et habitations, une convenable chapelle et un puits d'eau abondante et très agréable à boire, et, près du castrum se trouvait une source d'eau vive.

Ce château, la juridiction en dépendant, et la châtellenie dont il était le chef-lieu, appartenaient à l'église métropolitaine de Bordeaux ; l'acquisition en avait été faite au profit de celle-ci par le pape Clément V ; ce château fut pris, détruit de fond en comble vers l'année du Seigneur 1412, par les seigneurs de Limeuil, de Sainte Alvère, de Longa et autres nobles, voisins du dit castrum ; et, par cet événement, les documents relatifs au castrum, et les biens, meubles, en furent tirés et aliénés, et le castrum fut dévasté suivant les récits anciens.

Le castrum avait, dans ses dépendances et très près de lui, une grande garenne clôturée, où se trouvaient des prairies et des bois ; dans cette garenne se rencontraient anciennement des animaux sauvages, et, avant l'acquisition faite par le pape Clément V, on avait l'habitude de les y chasser. Deux nobles personnages portaient le surnom de Milhaco, c'est à eux que le dit pape avait acheté la juridiction ; ils y vécurent et leurs héritiers continuèrent à porter le nom de Milhac, et ils perçurent dans la juridiction de Milhac quelques cens; pendant de nombreuses années, après l'aliénation de la juridiction ; à tous leurs droits succéda le seigneur archevêque de Bordeaux.

Dans la dite juridiction sont comprises en entier, trois églises paroissiales, savoir :

1° L'église et paroisse de Mausac ; (Mauzac Et. maj. réuni à Sainte Mayme de Rosens (canton de Lalinde) ;

2° L'église de Drayau, jusqu'au ruisseau de Drayau, dans son entier ;

3° L'église et paroisse Sancti Maximi de Rousaco en son entier (St-Mayme de Rosens, forme moderne, commune du canton de Lalinde).

Et cinq paroisses, en partie seulement, savoir :

l° La paroisse de Tremolato in parte; (Trémolac, commune du canton de Sainte Alvère) ;

2° Parochia de Pesul in parte; (Pezul, commune du canton de Sainte-Alvère) ;

3° Parochia de Sancta-Alvera in parte, (Sainte-Alvère, canton, arrondissement de Bergerac) ;

4° Parochia Grande Castanee in parte ; (Grand Castang, commune du canton de Sainte Alvère) ;

Et parochia de Vico in parte (Vicq, Vic, commune du canton de Lalinde).

Et la juridiction de cette châtellenie s'étend jusque et le long du fleuve de Dordogne en s'élevant vers Trémolac jusqu'au droit d'une fontaine appelée Lalbar ; cette fontaine est dans te coteau tout près de Trémolac et de là en s'élevant par un chemin ancien jusqu'au ruisseau de Pezul (de Pesuli) et englobant dans la juridiction de Milhac le manse de la Dreyerie (mansum de la Ladraria) et de là, s'élevant à travers une certaine combe et au moyen de bornes terminales anciennes vers le soleil levant jusqu'au lieu de Sainte-Alvère, et comprenant dans la juridiction de Milhac l'aire ou sol de la Martinia, existant près du lieu de Ste-Alvère.

Et, de là, en descendant, en suivant la ligne d'antiques bornes en pierre (qu'on dit aujourd'hui arrendicata) jusqu'au ruisseau de La Loyra (aujourd'hui La Louyre) ruisseau qui descend des sources de Ste Alvère et s'écoule vers Longa ; on comprend ainsi dans la juridiction de Milhac tout le territoire et même le repaire de Ratavolp (Etat maj. Rateboul au sud-ouest de Ste -Alvère), de Gourgues Dict. top. Ratebouil), le moulin de la Maugorsia et les manses de Costa Rausta (Et. maj. Costeraste, commune de Sainte-Alvère), de Gourgues Dict. top. Coste-rauste?) jusqu'à la combe del Conduch et le chemin qui va du castrum de Longa vers le castrum de Milhac.

C'est dans cette partie que se trouve le bois ou forêt ancienne du castrum de Milhac, appelée forêt de Las Bitas[93] ; elle contient 10 sesterées et plus ; là, sont de grands arbres vieux, elle est en partie dans la paroisse de Ste-Alvère de la juridiction de Milhac et est entourée, dans sa plus grande partie, de fossés, de bornes et de chaussées.

Le chemin public qui va de Ste-Alvère vers Bergerac traverse le bois lui-même. Ce bois ou forêt confronte avec les possessions d'un certain Raymond de Milhac, vers le midi, avec le tenement de Lesparra et avec le tenement des fiefs du seigneur archevêque de Costeraste et avec les domaines d'un certain Pierre Neger, et avec les terres de Gerald Cupens, qui sont dans le tenement de la Esperta, du côté de Ste-Alvère ; et ces confrontations sont rapportées dans les terriers anciens du seigneur archevêque de Bordeaux.

Et de là la juridiction de Milhac confronte, en comprenant le manse de la Sparra, et vers le soleil couchant, avec les terres des gens de Grand Castang, suivant les bornes anciennes, avec la fontaine del Buc, fontaine qui est sur le plateau, près le lieu de Vicq ; et, en descendant, suivant les boules anciennes en comprenant la paroisse de St-Maximin et une certaine combe jusqu'au ruisseau de Draynud, elle comprend le repaire de la Rue et l'église de Drayaud et va jusqu'à la Dordogne, elle confronte avec le fleuve en comprenant la moitié du fleuve, avec la moitié du port de Badefol et des ports anciens de Mauzac et avec le port de Milhac en son entier.

Cette confrontation est confirmée par la voix publique et les traditions des anciens, et en certains points, par les documents anciens »[94].

Ainsi, d'après la description que Philiparie en fait, la châtellenie de Milhac ne laissait pas que d'avoir quelque importance; elle venait après les châtellenies de Belvès et de Bigaroque, était en valeur très supérieure à -celle de Couze.

Mais les droits de l'archevêque paraissent avoir subi pendant les XIVe et XVe siècles un grave contrecoup des événements malheureux du pays.

Philiparie, après avoir constaté qu'à l'origine, l'archevêque avait de nombreux fiefs dont il recevait l'hommage, déclare que, de son temps, personne ne faisait d'hommage pour fiefs de la dite châtellenie ; aussi, en 1489, tous les fiefs nobles furent déclarés en état de commise pour défaut d'exécution des devoirs dûs par les vassaux « pro deveriis non factis eidem domino », comme on le voit dans les registres et papiers de Philiparie[95].

Aussi ne faut-il pas s'étonner de trouver de nombreuses mentions de procès entamés entre le seigneur et ses vassaux, et de nombreuses usurpations faites à son préjudice par les vassaux eux-mêmes ou par les seigneurs voisins.

1° Le seigneur de Badefol et ses gens prirent possession du port de Badefol appartenant au seigneur archevêque, d'après la coutume et l'usage du fleuve de Dordogne[96].

Un débat s'engagea sur ce point, et une transaction fut faite entre le seigneur abbé de Cadouin, propriétaire du castrum de Badefol et Philiparie, procureur de l'archevêque de Bordeaux ; les pièces du procès sont dans les archives de l'archevêque de Bordeaux[97].

2° Un procès a été engagé, relativement au port de Mauzac, entre le procureur du seigneur Artus de Montauban, archevêque de Bordeaux, et Richard de Gontaut, chevalier, alors seigneur de Badefol[98] .

Le seigneur archevêque de Bordeaux avait, en sa possession, paisiblement le port de Mauzac; en 1497 il l'affermait pour l'une et l'autre rive ; le dit de Gontaut[99], par violence, le dépossédait, l'en dépouillait et un certain nombre de personnes, en défendant les droits de l'archevêque, furent blessés ; le procureur de l'archevêque sollicita des lettres à la chancellerie royale; l'exécution en fut faite par Bertrand Tustal[100] , bachelier en droit, lieutenant subrogé du sénéchal du Périgord (et aujourd'hui président à la Cour royale du Parlement de Bordeaux), et l'archevêque réintégré dans ses droits. Mais le dit chevalier en appela et porta l'affaire au Parlement de Bordeaux.

Le procès ne fut pas suivi, et l'archevêque fut frustré dans ses droits et sa possession ex negligencia suorum officiariorum, par la négligence de ses officiers. Les pièces du procès ont été confiées à Me Ludovic Ravelin, procureur au Parlement pour l'archevêque de Bordeaux[101].

3° Le seigneur abbé de Cadouin met obstacle à la possession de l'archevêque sur le port ancien de Milhac[102].

4° Le seigneur préposé de Trémolac cherche à s'emparer du territoire de Milhac, jusqu'au bord de la garenne et de la juridiction entre la fontaine de Lalbar et le chemin qui va de Trémolac vers Pezul et la dite garenne.

Le procès est pendant au Parlement de Bordeaux entre le procureur du seigneur archevêque et le dit préposé de Trémolac et petie sunt in sacco tradito dicto Ravelin longe diu et nullus recitat [103].

5° Un procès est pendant devant le Parlement entre le procureur du seigneur archevêque de Bordeaux, demandeur et exerçant des poursuites contre les gens du tenement de La Ladraria (Et. major La Dreyerie), par. de Pezul, en vue du paiement du commun et le seigneur de Turenne, seigneur de Limeuil, appelant; les pièces du procès ont été livrées à Me Ravelin.

Le seigneur Blaise de Grêle, archevêque de Bordeaux, affirmait avoir juridiction sur le manse de la Dreyerie, et maintenant le procès est en suspens. Et comme il y a environ dix ans, les officiers du seigneur de Limeuil et de Clarens (forme moderne Clérans) avaient tenu, à nouveau pour la deuxième fois, leur Cour de justice à Milhac, à l'occasion de la garenne dépendante du castrum, le débat fut engagé; les seigneurs de Limeuil et de Clérans furent ajournés au Parlement ; les pièces sont entre les mains de Ravelin, on ne suit pas l'affaire, et le seigneur de Clérans espère justifier sa prise de possession de Clérans, en même temps que celle de la terre de Milhac.

6° Il y a un autre procès depuis fort longtemps commencé entre le dit seigneur archevêque de Bordeaux et noble Adhémar de Lostange, seigneur de Sainte-Alvère et ses gens, sur la juridiction d'un certain territoire, existant entre le bois ou forêt de Las Bitas et l'aire ou place de la Martinie, située près de l'église de Sainte-Alvère; et aussi à l'occasion du bois ou forêt de Las Bitas et sur la juridiction ou fondalité et utilité des manses de Costa et Rausta, du moulin de la Maugorsia et sur la juridiction et le fief de Ratavop (Et maj. Ratebout).

Le procès est en suspens au Parlement ; les parties furent appointées et admises à faire des enquêtes ; celles-ci devaient être faites et par le seigneur de Sainte-Alvère et par le seigneur archevêque de Bordeaux.

Le seigneur archevêque peut prouver son droit sur la forêt de Las Bitas, au moyen de ses livres terriers anciens, par l'usage et par les dires des anciens ; il peut établir son droit au moulin de La Maugorsia et aux manses de Coste Raste, au moyen de douze actes anciens, livrés en un sac par Philiparie au procureur de l'archevêque de Bordeaux et son représentant au Parlement ; il peut baser son droit sur ses anciens livres terriers et sur quatre actes anciens, relatés dans un protocole ancien de notaire, extraits qui sont dans les mains de Me Jehan de Valminiot de Plazac, et sur les actes relatifs à Ratebout et par les enquêtes et par les dires des anciens.

Le seigneur de Turenne occupe la juridiction dans les manses de la Raulia et de la Saghia, au-delà de la fontaine del Buc, prés du lieu de St-Maximin (St-Maime de Rozens), comme dépendances de la juridiction de Clérans ; cette occupation a duré longtemps, sans contestation, sans que personne élevât de protestation.

Et il faut bien remarquer que ce même seigneur de Limeuil et de Clérans, après avoir pris le dit castrum de Milhac et l'avoir détruit, ce même seigneur, qui s'intitulait seigneur de Limeuil, ajouta à son nom celui de ses autres châteaux, et s'intitula seigneur de Milhac.

Et j'ai souvenir qu'en l'an du Seigneur mil quatre cent cinquante deux, moi Guilhem de Philiparia, prêtre, alors substitué à M[104] Jean de Trilheries, procureur des seigneurs Annet de la Tour[105] et Pierre[106] de Beaufort[107], cousins, alors comtes de Beaufort et vicomtes de Turenne, et aussi seigneurs de Limeuil, de Miremont et de Clérans s'intitulaient aussi seigneurs de Milhac ; alors, ils occupaient le castrum et la châtellenie de Milhac, et ils les avaient occupés longtemps au temps des guerres et, après l'année 1454, ils restituèrent le castrum de Milhac au seigneur archevêque de Bordeaux, Pierre Berland[108] .

Mais cette restitution ne lut pas complète[109] .

Le seigneur de Longa occupait, dans la juridiction de Milhac, plusieurs fiefs, sans juste cause.

9° Les officiers royaux, comme consuls de Lalinde, occupent la juridiction dans le repaire de La Rue et près de l'église de Drayaud et dans le repaire de Drayaud entre le ruisseau de Drayaud, et le fleuve de Dordogne, le port de Badefol et les terres dépendantes de Mauzac ; et cependant la terre, près de l'église de Drayaud, est pour partie du fief du dit archevêque de Bordeaux, en dessous du chemin de Lalinde et près le ruisseau, le procès, à leur occasion, est pendant au Parlement entre le procureur du dit archevêque de Bordeaux et les officiers royaux et consuls de Lalinde, défendeurs ; les pièces sont dans le sac remis à Me Ravelin, procureur en Parlement du dit seigneur archevêque[110] .

Il semble devoir résulter de là que les droits de l'archevêque dans les châtellenies de Milhac et de Couze furent considérablement diminués; ils n'étaient plus, au moment de la rédaction du cartulaire, ce qu'ils auraient dû être et ce qu'ils avaient été antérieurement; cependant les documents des archives de l'archevêché permettent d'affirmer que la situation des archevêques de Bordeaux, en tant que seigneurs, s'était bien améliorée dans la suite, et nous les trouvons en possession dans ces châtellenies de droits importants en fiefs, censives, rentes et autres droits ; nous indiquons, en note, les principaux documents concernant nos châtellenies de Couze et de Milhac[111].

Tels sont les renseignements que notre cartulaire de Philiparie fournit sur les possessions des archevêques de Bordeaux en Sarladais. Il nous a paru intéressant de les présenter méthodiquement, et quelles que soient les lacunes de notre travail, il nous semble que celui-ci ne sera pas  à fait inutile.

A. Vigié.

Carte jointe :

Alvere_Bigarroque.jpg



[1] Nous laissons de côté les possessions des évêques à Montravel : notre cartulaire n'en dit rien, mais de très nombreux documents se rencontrent sur cette localité et dépendances aux Archives départementales de la Gironde, série G.

[2] Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1792. Gironde, série G, numéros cités au cours du travail.

[3] Ce manuscrit faisait autrefois partie des archives de l'archevêché de Bordeaux, d'où il avait été détourné, à une époque indéterminée ; il était rentré dans la bibliothèque de Cheltenham, manuscrits de sir Phillips, n° 86. On lit à la fin de ce cartulaire « livre appelé Philiparie du nom d'un notaire, signé au précédent feuillet, qui était un des trois (a) qui collationna et ramassa les titres et actes différents contenus dans le dit livre », il est cotté + et placé cab. 6, étagère 5, n° 1 (b).

(a) Les trois notaires qui ont collationné le cartulaire étaient G. Philiparie, Barrière et Molceone, notaires à Belvés, au XVe siècle.

(b) C'étaient les notations employées pour le classement des archives à l'archevêché de Bordeaux ; comparez les pièces provenant de ce fonds, série G (Arch. dép. Gironde).

[4] Chapellenie rattachée à l'église de Moncuc de Belvès, voir Histoire de la châtellenie de Belvès, par M. A. Vigié, Société historique et archéologique du Périgord, 1901, et tirage à part.

[5] Folio 6, la traduction du texte latin est littérale, il me paraît inutile de reproduire le texte original latin.

[6] Fol. 7.

[7] Folio 108, v°, Philiparie se borne à dire que l'archevêque de Bordeaux, comme seigneur de Bigaroque, avait la juridiction dans la châtellenie ; mais à quel titre tenait-il celle possession, serait-ce à titre d'alleu, sans en rendre hommage à personne, serait-ce à titre de fief? Et de qui comme seigneur de Bigaroque, les archevêques étaient-ils les vassaux? Philiparie, dans la partie générale du cartulaire (fol. 9, V), après, avoir rappelé les acquisitions de Clément V, lorsqu'il était archevêque de Bordeaux, affirme que les archevêques tenaient en franc-alleu leurs temporalités, et qu'il en fut ainsi jusqu'au temps de Blaise de Grêle, qui en fit hommage au roi de France ; celle situation cadre avec d'autres documents dans lesquels les archevêques de Bordeaux proclamèrent leur indépendance (comp. Arch. départ. Gironde. Série G, n° 261, page 154 (col. 1re in fine, col. 2 in fine, actes de 1302, 1308, 1324), indépendance qui fut reconnue par le roi de France par lettres d'août 1396 (Arch. nat. J. J. 150, XXIV).

Mais cette situation ne pouvait pas cadrer avec la théorie féodale, qui faisait du Roi le seigneur fieffeux du royaume ; aussi les archevêques lui durent et lui firent hommage, comp. G. n° 204; les archevêques en 1609 firent au roi de France hommage pour les seigneuries de Belvès, Bigaroque, Couze, Mauzac, Milhac, en rappelant qu'à partir de 1356 jusqu'à la suppression du comté de Périgord, les archevêques ne relevèrent plus pour ces domaines directement du roi de France, mais furent obligés de faire hommage de leurs possessions au comte de Périgord. (Comp. O. R. F., tome IV, p, 276 p. 351. (Reg. du Trésor des Charles R. 82, pièce 67).

[8] Castrum egregium de Bigarupe... forte multum et in ipso erant due turres et multe habitationes, scilicet octo viginti focorum seu circa (fol. 108, v°).

[9] Le castrum était sur le plateau, entre le village actuel et le ruisseau au nord ; le plateau n'était pas abordable du côté du village, il se termine par des escarpements rocheux très abrupts rendus très forts par des murailles dont il reste quelques débris. Mais par le nord par le côté du ruisseau au nord, on s'élevait par des lacets cl on abordait le plateau où était le castrum.

Il ne reste plus que quelques pans de murailles très épaisses; la plus grande partie a complètement disparu ; c'était vers le nord que se trouvait probablement la chapelle dont il ne reste aucun fragment, ni débris; mais ce coté du plateau porte le nom de Saint-Blaise. Le puits du castrum a été comblé et le souvenir de son emplacement n'est pas conservé.

Au château de Limeuil, où on a retrouvé l'emplacement du puits qu'on a vidé et qu'une source puissante alimente, on verra par analogie, ce que devaient être les puits de Bigaroque, de Couze de Milhac.

[10] Il s'agit bien ici de Siorac-de-Belvès et ce développement rectifie ce qu'avait d'inexact une note insérée par nous dans la publication du Péage de Bigaroque. Société historique et archéologique du Périgord, 1909.

[11] Histoire de la Châtellenie de Belvès, pages 56 et suivantes : tirage à part Société historique archéologique du Périgord 1901, pages 189 et suiv.

[12] Rôles Gascons. (Documents inédits), t. 1, n° 907.

[13] Comp. Rymer, t. I, p. 971 et Châtellenie de Belvés, p. 62.

[14] Comp. Histoire de la Châtellenie de Belvés, p. 65 à 63

[15] Notre cartulaire ne dit rien de Bigaroque pour l'époque antérieure. Sans chercher à combler cette lacune, constatons qu'au moment de la Guerre des Albigeois, Bigaroque appartenait à la famille de Biron; Martin Algais, espagnol, avait épousa une fille d'Henri de Gontaut, seigneur de Bigaroque et de Biron : il fut pris et écartelé à Biron en 1212 (voir Recueil des Historiens des Gaules t. XIX, p. G5. Les Chroniques de Tarde, p. 7071 et L. Dessalles, Histoire du Périgord, t. I, p. 289), et, s'il faut en croire Tarde, Simon de Montfort rendit leurs domaines aux Gontaut de Biron parlant Bigaroque fut un fief relevant de celle famille ; et, au moment de l'acquisition par l'archevêque de Bordeaux, Bigaroque était une dépendance de Baynac (Beynac forme moderne).

[16] Fol. 109, r° ; l'église construite par l'archevêque est placée à l'est du village de Bigaroque sur la route allant vers le Coux ; le clocher seul et la façade ancienne subsistent ; la voûte et le chœur de l'église ont été reconstruits, il y a une trentaine d'années.

[17] Bigaroque, pendant la Guerre de Cent Ans, comme les autres forteresses de la région, fut tantôt française, tantôt anglaise ; avant 1377, dit Tarde, elle avait toujours tenu pour les Anglais, sans être ni attaquée, ni assiégée, à cause qu'on l'estimait imprenable ; on traita avec la garnison, le prix fut payé par le pays de Périgord.

Bientôt les Anglais y commandent de nouveau, et en 1392, leurs garnisons ravageaient le Sarladais ; en 1393, les trois Etats du Périgord, rasemblés à à Sarlat, rachètent Bigaroque qui fut remise en l'obéissance du roi de France, et Bigaroque fut mise hors de défense; elle fut reconquise par les Anglais en 1407, Guiraud del Peyrounenq était capitaine pour les Anglais et ses expéditions s'étendaient jusqu'au Limousin. En 1409 Bigaroque assiégée par le connétable de France fut prise fut abattue et mise hors de défense. A quelque temps de là, l'évêque de Sarlat, le sieur de Beynac autres nobles, assemblés à Sarlat, font une ligue entr'eux, offensive et défensive, contre les Anglais et tous autres qui voudraient leur faire déplaisir. A son instigation et par crainte que les Anglais se fortifiassent dans ses ruines, il fut décidé que cette place serait rasée, ce qui fut exécuté par les communautés du pays. C'est à ces événements que fait allusion notre manuscrit.

On s'explique mal la participation du sieur de Limeuil, à moins qu'au moment de la destruction, il ne fut pour les Français.

En présence de ces destructions, faut-il croire à la réalité d'une démolition nouvelle en 1625, mentionnée dans les documents (a), nous ne le pensons pas.

Bigaroque fut à la fin du XIVe siècle un poste important pour les capitaines anglais ou compagnons, d'où ceux-ci organisaient des excursions et pillages dans le Haut-Quercy. Comp. G. Lacoste, Histoire du Quercy, t. III (éd. L. Combarieu et F. Cangardel, Cahors, 1885), p. 309. 310, 338 et 340, négociations avec les garnisons anglaises de Castelnaud de Berbiguières, Bigaroque et Lavaur, petites villes ou châteaux du Périgord, en 1409. Nouveaux traités en 1410 avec les garnisons de Castelnaud de Berbiguières, Bigaroque, Biron, Lavaur par la médiation de Géraud de Porquier, abbé de l'abbaye nouvelle ou Notre-Dame de Gourdon, comp. p. 343 , 351, 357 , 365, 367.

[18] La guerre de Cent Ans entraina, dans beaucoup de parties de la France, et dons le Périgord et le Quercy une dépopulation très grande ; ainsi Bigaroque passa de 1307 à 1415, en un siècle de 160 feux à 18 et perdit les 9/10 de sa population. Comp. sur ce point les renseignements fournis par le Père II. Denifle, des Frères Prêcheurs, dans son livre La Désolation des églises, monastères et hôpitaux en France pendant la guerre de Cent Ans. (3 volumes, Paris 1899, librairie Picard.)

[19] Folio 109, r°. Le régime suivi à Bigaroque élail moins libéral que celui des bastides (comp. les Bastides du Périgord, par M. A. Vigie, page 186 et suiv.) ; mais un système analogue s'est maintenu jusqu'aux temps modernes, dans beaucoup de localités.

[20] Folio 109, recto in fine, il est question de ce pré au folio 132, v°, des hommages ; quoddam pratum castri de Bigarupe (paroisse de Cabans) subtus ecclesiam,confrontant cum flumine Dordonee, cum rivo de Carboneyras cum pertinentiis de Lancepleine, guorga media, sous un cens de 12 sous pour la totalité, avec cette clause quod totiens quotiens dominus archiepiscopus aut ejus capitaneus faceret residenciam in castro de Bigarupe poterunt recipere dictum pratum ad eorum manus.

[21] Folio 109, v°. On faisait habituellement les travaux suivants : la taille (podare), la culture comprenant : piocher (fodere), biner (binare) et la troisième façon tersare).

[22] Et mulieres non existentes de paratgio tenebantur ipsam vineam eysermentare et vindemmiare, fol. 109, v°.

[23] Le château de Cugnac ou Cunhac, dont il s'agit ici, était le château, sur l'emplacement duquel au village du Roussel (commune du Buisson de Cabans), a. été élevée une grosse construction, qu'on appelle encore le Château.

[24] Fol. 110, , où se trouve le tarif, en latin, traduit ici.

[25] Châtellenie de Belvès, son histoire, ses coutumes, Périgueux, 1902) (tirage à part de la SHAP 1901, pages 131 à 136.

[26] Fol. 110, v°.

[27] Le commun était une imposition perçue dans toutes les paroisses de la châtellenie : des renseignements nous sont fournis pour quelques-unes dans les documents de l'archevêché. (Arch. dép., Gironde, G. n° 180) : transaction entre l'archevêque et les habitants de la paroisse de Cabans, par laquelle ceux-ci promettent de payer le commun (année 1463) ; sentence du juge de Bigaroque, au nom d'Arnaud de Canteloup, archevêque de Bordeaux, en faveur des habitants des manses du Luc, du Breuil, de La Brande, de la Brosse, et de Puygarret déclarés exempts du droit de commun et péage, comme étant du fief d'Hélie de Sucques, donzel (an. 1334).

G., n° 182, taux du commun pour Cabans (1463), comp. G. 190.

G., n° 225, les habitants de St-Cyprien avaient un procès sur le fait du commun de la paix pour lequel ils avaient obtenu des lettres du roi de France qui paraissaient les en exempter.

[28] P., 125 : Châtellenie de Belvès, etc.

[29] Comp. art. 27 de la transaction du 10 février 1470, relative à Belvès.

[30] Comp. Soc. hist. et arch. du Périgord, tome XXII, p. 426 et suiv. et Archives de la Gironde, G. 184.

[31] La liste est en latin, nous la traduisons littéralement (lettres italiques).

[32] Regesta de Clément V (édition de Rome), n° 6199.

[33] Castel avait une population de 72 feux en 1365.

[34] La paroisse de Lussac n'avait, en 1365, que 10 feux 1/2.

[35] La paroisse de Campagne, en 1365, avait 86 feux

[36] Folio 111, r°.

[37] Folio 111, v°.

[38] Comp. fol. 111, v° et folio 113, v° et 114 r°.

[39] Cette ancienne paroisse portait le nom du saint qui était son patron Sanctus Eumachius ; dans le catalogue des paroisses pour le fouage de 1305 on voit paraître Sanc Amachii et au XVIe siècle, par séparation du ‘c’ final de Sancson rattachement à Amachii, San ou Sen Chamaci, d'où le vocable moderne Saint Chamassy pour la paroisse et la commune.

[40] Fol. 112, r°.

[41] Fol. 112, r°, traduction littérale.

[42] Fol. 119, et v°.

[43] Cette rectification est certaine, la leçon du folio 113, v°, que nous citerons bientôt, doit être préférée à celle du folio 111, v°, puisque Bertenos est le nom d'une famille du pays, dont Grimoard Bertenos avait, en 1317, fondé à Bigaroque l'hôpital des Pauvres.

[44] Des difficultés s'étaient élevées à l'occasion de ces engagements; le tenancier Denys Bossel, après avoir payé une première fois la redevance, cessa de la payer pendant quelques années, et ce fut Philiparie qui fut assez, heureux pour obtenir un nouvel engagement dressé par Jean de Cuge ou Cuyge, notaire à Limeuil, comp. 188, v°.

[45] Vic est tout près de la Dordogne; là, se trouvait une paxeria, qui avait été concédée à G. de Saintours le 25 avril 1470; et probablement sur l'emplacement d'une plus ancienne pêcherie, construite par Mercader, dite pêcherie de Bigaroque mentionnée dans un acte de 1190, dont la dîme avait été concédée par ce seigneur à l'abbaye de Cadouin (comp. de Gourgues, Dict. topog., Vic.)

[46] Le folio 187 relatif à un procès pendant au Parlement de Bordeaux, détermine très exactement la situation de Pech Breno .. ad causam territorii et podii de Pech breno, siti in parrochia Sancti Eumarchii, intra mansum de la Gran Batut, et mansum de la Melonia et rivum fontis de Bosredon et mansum de Pech Gaures.

[47] T. XVII, p. 220, transaction relative à la délimitation des justices de Limeuil et de Bigaroque ; à d'autres époques, des contestations avaient dû naître, et périodiquement pour la délimitation de ces juridictions voisines; comp. Arch. dep. de la Gironde, Série G, n° 184, où il est question de contestations sur les limites des juridictions de Bigaroque et de Limeuil, en 1514, entre l'archevêque de Bordeaux F. de Sourdis et le vicomte de Turenne, seigneur de Limeuil.

[48] On l'appelait aussi à celle époque Boria dicta Sancta Alvere, fol. 188 v° et qu'on retrouve à la carte de l'état-major sous le vocable de Laborie, au nord-ouest de Falgueyrac.

[49] Tout près de la Brande du Breuil se trouvait un tènement de Peyra Levada, d'une pierre levée, mentionnée dans les inféodations.

[50] Campagne appartenait aux archevêques de Bordeaux. Le seigneur de Limeuil s'en empara à leur préjudice, et s'étant déclaré pour l'Anglais, il livra Campagne à Arnaudou de Mussidan. Campagne fut rasé et confisqué en 1432 et Charles VII le donna à Brandelis bâtard de Limeuil, fils de Jean de Beaufort. — Brandelis vendit Campagne à Jean de Ronald et Adhémar de la Borie (de Sarlat) beau-frère. (Comp Chroniques de Tarde, p. 172, 173 et 183. Comp. L. Dessalles, Histoire du Périgord, t. II, p. 357 et passim.

[51] Folio 189, r° : dans les hommages, nous trouvons en 1489 (fol 177, v°), que les seigneurs de Campagne doivent l'hommage lige et le serment de fidélité au seigneur archevêque de Bordeaux, pour les fiefs qu'ils ont dans le lieu et juridiction de Campagne et pour les autres fiefs qu'ils ont dans la temporalité du dit seigneur de Bigaroque ; les héritiers de Hugo Folquier, prêtre à Lussac, pour le repaire de Folquier avec ses dépendances... en 1367, Hugo Folquerius domicellus pour l'église de Lussac, et au nom de Raymond Folquier, prêtre, pour le repaire de Folquier de ladite paroisse de Lussac et pour les autres biens dans la même paroisse

Nahelias Bolelans, de la paroisse de Campagne, déclare tenir à fief, du même seigneur, les (…)  vocatum de Linars situés dans la même paroisse de Campagne.

Geraldus del Mercat, filia quondam Guilhelmi del Mercat et Maria Folquera heres universalis Hugonis Folquier, pour le repaire appartenant autrefois à Raymond Folquier, situé dans la paroisse de Lussac, pour tous les autres biens (folio 180, v°), nous n'avons pu identifier aucune de ces localités.

[52] Comp. folio 189, r°, in fine « usque ad flumen Dordonee et ad locum et rivum vocatum del Pontet ».

[53] Sur ce point encore, les droits de l'archevêque furent contestés et compromis ; c'est ainsi que le seigneur de Berbiguières, vassal de l'archevêque de Bordeaux, s'efforça de s'emparer, au préjudice de ce dernier, du péage existant sur le fleuve et le long de sa terre de Berbiguières, de s'emparer de l'usage et de l'utilité du fleuve : « tam in piscatione piscium, quam in paxeriis et etiam in portibus de Furchis et de Picamilh  ».

Tout au moins pour le port de Fourques, sur la rive droite du fleuve, il intervient une transaction entre Philiparie (agissant comme procureur fondé de l'archevêque) et le seigneur de Caumont, à cette époque, seigneur de Berbiguières ; l'acte, qui fixait les droits respectifs des parties, fut retenu par Me Bossac, notaire à Belvès.

[54] C'est le Bout de Siorac probablement ancien lit de la Dordogne.

[55] Siorac formait une juridiction distincte de celle de Bigaroque; le fleuve de Dordogne faisait division entr'elles ; mais, là encore, l'archevêque devait se défendre contre les contestations et les usurpations des seigneurs de Siorac, au préjudice de ses droits. Ainsi le folio 189, v°, de notre cartulaire nous apprend que les seigneurs de Siorac refusaient de faire hommage au seigneur archevêque pour le lieu et la juridiction de Siorac, s'efforcant ainsi d'usurper la juridiction haute, basse et moyenne. De même, le curé de Siorac, dans une plaine appelée del Cos (du Coux), située dans la paroisse du Coux, et dépendant de la juridiction de Bigaroque, tendait à usurper la partie qui va d'une borne existant sur le fleuve jusqu'au haut du lac ou abîme de Paracol, et, entre cette borne et les signes de délimitation, l'île appelée la yla negra loci de Paleyraco. De même, les gens de Siorac, en vue de la pèche, tendaient à usurper le bout ou abime de Siorac qui, cependant, depuis son origine, appartient pour la plus grande partie au seigneur archevêque (folio, 189 v°).

[56] D'après le cartulaire de Cadouin, le monastère de Cadouin aurait été construit eu 1115 dans une vallée appelée : Vallis Seguinis et Bassa Calderia, au lieu appelé Salvitas, parr. Sti Petri de Cabans in sylva Cadunii in territorio Marmontensi. Sur les deux questions que soulèvent les indications de notre texte et sur la fondation du monastère de Cadouin, comp. Léon Dessalles, Histoire du Périgord, t. I, p. 265 et 266.

[57] Folio 112, v° et 113, r°.

[58] Fol. 112, r° et v°.

[59] Et cela, suivant les indications, confrontations et limites données plus complètement dans l'acte d'échange reçu, grossoyé et signé par M. Jean de Castanet, notaire public de Sarlat (fol. 117, r°).

[60] Fol. 117, r°. Comparez sur ces difficultés : Histoire de la châtellenie de Belvès ; un procès avait été entamé sur ce point, voir p. 195 et suiv.

[61] Folio 116, r° et v°.

[62] En 1365, la paroisse de St-Cyprien comprenait 233 feux 1/2 ; c'était à cette époque la localité la plus importante de la châtellenie de Bigaroque.

[63] ) Il y est fait allusion dans un titre de 1700, inséré au Gallia Christian, t. II, page 296, instrum.

[64] « Nec per hanc compositionem intendebat dictus dominus archiepiscopus militibus ac domicellis ac vigeriis Sancti Cipriani nec juri eorumdem in aliquo derogare, nec ipsos extra manum suam ponere, nec dicto priori propter hoc jus aliquod novum dare » .

[65] Le cartulaire Philiparie donne celle transaction en résumé, exact mais fort abrégé; il désigne le notaire sous le nom de Caprarii tandis que l'édition du Vatican des regesta de Clément V donne Caprani.

[66] Comparez les pièces formant le n° G 184 des Archives départementales de la Gironde, « droit pour la ville de St-Cyprien, de se donner annuellement des consuls portant chaperons et livrées consulaires, et d'avoir halle, foires et marchés, contesté entre l'archevêque de Bordeaux et la communauté de St-Cyprien d'une part, dame Thérèse d'Hautefort, épouse du comte de Laroque de Fages, et le chapitre de St-Cyprien (religieux Augustins de Chancelade), d'autre part. »

[67] Cart. Philiparie, fol. 175, r°, le juge de Bigaroque qui a rendu la sentence est un Anthoine de La Boëtie.

[68] Arch. dép. Gironde, série G n° 209 et comp. l'étude d'aliénations analogues faites par l'archevêque à Belvès, vers la même époque, Histoire de la châtellenie, p. 188 et suiv.

[69] Voir acte notarié des notaires Séjourné et Collignon, notaires à Bordeaux, le 3 mai 1788, Bibl. nat. manus. Périgord, t. 17, fol. 164 et 165.

[70] Pro parte basse justicie Sancti Cipriani quam tenent pro indiviso cum priore Sancti Cipriani. Fol. 177, r°.

[71] Suivant document inséré in Gallia Christiana, le prieur en 1300) montra à l'archevêque une clé déposée sur l'autel, quod altare est in capite ejusdem loci (monasterii) ; quam clavem dixit esse clavem cujusdam turris ejusdem monasterii, quae turris est ante aulam seu domum dicti prioris ; le seigneur la prit : in signum dominii », il la confia à Bertrando de Bosco, son sénéchal de Bigaroque et de Saint-Cyprien ; celui-ci fit monter au haut de la tour un serviteur Guillaume Delbez, etc.

[72] , Comp. fol. 176, r° et v°, au Gallia Christiana, t. II, inst. p. 293 et reproduit le titre primitif qui avait fixé ce cérémonial d'hommage, contre lequel le prieur Hugues de Beynac avait élevé quelques objections de fond et qui, fut accepté par la suite ; la publicité de ce titre, avec notification aux intéressés, fut faite en 1333.

Il faut remarquer quelques fautes de transcription, p. 297 c «  in parrochiis de Mozens et Daltos pour del Cos ; dans le cérémonial de prise de possession Bosdel pour Bourdeux. «dictus serviens (G. Ceboterii), de mandato dicti domicelli clamavit pluries in signum dominii alta voce : Bosdel, Bosdel, Bigaroqua, Bigaroqua ; deinde tubicinavit longa pauza cum quadam trogua et iterum clamavit ut supra...

[73] En 1336, la ferme de la baylie de Bigaroque et de Saint-Cyprien s'était faite, au prix de 77 livres, 13 sous, 4 deniers ; le prix était donc beaucoup plus élevé qu'il ne le fut dès l'époque de notre cartulaire.

[74] En 1338, le commun de la paix et le cotus à Bigaroque fut affermé 140 livres. (Arch. dép. Gironde, G. 018).

Paiement des compositions pour dégâts en 1337.

[75] Péage de Bigaroque en 1337, prix 47 livres et deux setiers de sel ; en 1338, péage du dit lieu 45 livres et 2 setiers de sel. (Arch. dép. Gir. n°918).

[76] Voir fol. 183 à 187 et Arch. dép. de la Gironde, G. 1901. Ce tarif a été publié par nous dans la Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, année 1909.

[77] Les pêcheries furent établies dans toutes les possessions de l'archevêque sur le fleuve de la Dordogne ; des droits pécuniaires étaient perçus à leur occasion de même que sur les droits de gravier et de jouissance des îles : les concessions étaient faites à ces occasions à titre de fief ou de censives ou simplement à titre de fermages. Comp. Pêcherie de Mauzac (1634, 1635, 1691). Arch. dép. Gir., G. n° 211. Pêcherie en Dordogne, près St Cyprien (G. 225). Pêcherie de Cunhac (G. 234). Pêcherie de Bigaroque (G. 181). Pêcherie de Cabans : droits de pêche, Iles et Graviers (G. 181), à Cabans (1491 à 1606), à Paleyrac (a. 1539), à Siorac (1566). Droit du Gravier sur la Dordogne. (1733), G. 182.

[78] Folio 29.

[79] Comp. fol. 119, r°.

[80] Folio 119, v°, un registre de l'archevêché de Bordeaux (Arch. départ., Gironde, G. n° 918), donne quelques renseignements sur la dîme et autres impôts ou revenus de Bigaroque.

En 1336, la dîme du blé à Bigaroque s'éleva à 400 setiers, mesure du lieu, savoir, 200 setiers d'avoine, 70 de seigle, 35 de froment, 30 de fèves, 65 d'orge ; en 1337, la dime du blé à Bigaroque s'éleva à 430 setiers, soit 38 de froment; 76 de seigle, 33 de fèves, 68 d'orge et 215 d'avoine.

[81] Folio 190, v°.

[82] Il en est question dans le péage de Bigaroque.

[83] En jetant un coup d'œil sur la carte d'Etat-major, on constate de nombreux villages consistant en plusieurs exploitations ; notre cartulaire permettrait d'en identifier un grand nombre, mais il nous suffit de constater que les noms des villages portés à l'Etat-major se trouvent (avec beaucoup d'autres) dans notre cartulaire : nous mentionnerons les Constancies (Etat-major) manse des Constancias (fol. 133 et passim) ; Ladières (Etat-major) manse de Lediéras (fol. 155). Dans la Combe d'Aurival Meynard (Etat-major), manses de Maynart (fol. 145) ; Tissanderies (Etat-major), manses de la Teyssandaria et de la Baffaria contigues (fol. 145) ; Combes (Etat-major), manse del Combet (fol. 145) ; Carrière (Etat-major), mansum de la Carriera Vielha (fol. 142) (Lacombe (Etat-major), mansum de la Cumba (fol. 142) ; Le Clapier (Etat-major), mansum del Clapier (fol. 143); La Geneste (Etat-major), manse de la Genesta (fol. 134) ; La Pomarède (Etat-major), repayrium de la Pomareda (cartulaire de 1463) ; le Suquet (Etat-major) nobilis Johannes de la Trella, alias del Suquet (fol. 186); Salibourne (Etat-major), terre à la Salborna, sur le chemin du Port de Fourques à St-Cyprien (fol. 151) ; Les Valades (Etat-major), mansi de las Valadas. supérieur et inférieur (fol. 155, 156) et tout près les manses de Pomier-Guiral et del Cros, alias Balestier, Baleitier (Etat-major), manse du Pradal (fol. 149), au sud des précédents (Etat-major : Le Pradel) ; La Grave (Etat-major), manse de La Grava (fol. 137) ; Castang (Etat-major), manse del Castanh (fol. 137 et passim) ; l'Angle (Etat-major), manses de Langleis, alias de Lacrosa (fol. 140,141 et passim) ; Braguel, (Etat-major), vilagium del Braguels (fol. 134) ; La Brunie (Etat-major), manse de la Brunia (fol. 143) et tout près se trouvait le manse de la Rosseba (non porté à l'Etat-major) et le repaire de la Turcaria, dont Belleyme gardait le souvenir par le vocable (les Truqueries) ; Eybral (Etat-major), à notre cartulaire, manse de Hebrard ; Lanceplaine (Etat-major), sous la forme les manses de Lanceplene (en nombreux endroit, et prin. fol. 149); La Croze (Etat-major) mansus de la Crosa (fol. 147) et tout près le manse de la Vigueyria. Cazenat, repaire noble (Etat-major), est rappelé par son propriétaire, les héritiers de noble Aymar deCasenac (fol. 178, v°), qui faisaient hommage pour les fiefs qu'ils avaient en Bigaroque et dont quelques-uns étaient occupés par le seigneur de Cunhac.

[84] Arch. dép. de la Gironde, série G., 179, recettes des rentes de l'archevêque dans la paroisse de Cabans (an. 1314, 1336 à 1339) ; G. n° 182, reconnaissances pour la paroisse de Cabans (tènements de Nauquet et de Carbonnières) (an. 1464 à 1686) ; — G. 182, reconnaissances au cardinal du Bellay, pour les paroisses de Bigaroque et St-Cyprien (an. 1545) ; G. n° 206, pour Bigaroque, Mouzens, St-Pierre-de-Cabans, le Coux et St-Chamassy (an. 1707), registre in-folio du notaire Massias, 375 feuillets. — G. n° 207, cahiers de reconnaissances pour Cabans, St-Jean de Bigaroque, le Coux, St-Chamassy (an. 1727-1728), 19 cahiers, 920 feuillets papier. — G. n° 208, quelques hommages pour Bigaroque (an. 1778-1789). — G. 179, hommages pour fiefs des paroisses du Coux, Mouzens et autres (an. 1672). — G. 182, pour le Coux (an. 1627). Comp. G. 182 et G. n° 206, pour certains tènements de la paroisse du Coux, dans lesquels on relate des baux emphytéotiques de 1463 et de 1485.

Consulter encore G. n° 230, 234, 246.

Pour Cadouin, n° 235 procuration par Henry de Béthune, abbé de Cadouin, pour faire exporter les tenanciers de son abbaye.

Pour St-Cyprien G. 177 (registre in-4°, 160 feuillets, in fine, titres relatifs à Saint-Cyprien (an. 1407, 1412, 1427, 1444. — G. 240, 246 et autres

[85] (Fol. 192 r° à 191 v°) ; cens et reconnaissances (fol. 194 à 212) ; hommages (fol. 213 v° à 214 r°).

[86] Ce château était devenu la propriété des archevêques de Bordeaux, en même temps que ceux-ci acquéraient Belvés, Bigaroque, Milhac et Montravel, (voir les documents cités plus haut, à propos de Bigaroque). Cette châtellenie de Couze n'avait pas une grande valeur ; ce fut cependant un château fort important qui joua un rôle secondaire, mais considérable pendant la guerre de Cent Ans; tantôt français, tantôt anglais, suivant les époques, il fut, au XIVe siècle, occupé par un capitaine de Routiers Jean de la Salle, chef semi indépendant, mais se disant capitaine de Nicolas de Beaufort, seigneur de Limeuil ; l'histoire de ses déprédations a été faite par M. Emile Labroue dans son Livre de vie (Bordeaux, 1891, 1ere partie, chap. III, p. 190 à 815 et passim).

[87] Sur cette première partie de l'histoire de Couze, nous ne connaissons que très peu de chose; ici, comme dans tout le restant du Périgord, les effets de la guerre de Cent Ans avaient été désastreux, la dépopulation était complète; et, Couze, redevenue propriété des archevêques, formera un domaine de peu d'importance et ne retrouvera que fort tard sa prospérité première.

[88] Le portus de Lenaco (commune de Varennes, forme moderne Lena) était en aval de Couze, un peu au-dessous de la division du territoire de Couze avec Lencays.

[89] Voir E. Labroue, le Livre de vie, p. 192 not. 1, il serait mort vers la fin du XIVe siècle, son testament est du 10 novembre 1370.

[90] Fol. 194, cartulaire Philiparie.

[91] Comparez note finale relative aux châtellenies de Couze et Milhac.

[92] Milhac, suivant notre cartulaire, est, suivant la forme moderne, Millac, et appartient â la commune de Mauzac.

[93] Cette forêt a été en partie déboisée ; le souvenir en est conservé par le nom du village des Vignes (de la paroisse de Sainte-Foy de-Longas) forme, moderne de las Bitas.

[94] fol. 216 v°.

[95] Fol. 240 r°.

[96] Fol. 240 r°.

[97] Le château de Badefol a changé plusieurs fois de maître ; Badefol avait appartenu, au XIVe siècle, à la famille des Gontaut ; en 1431, Jean de Cugnac renonce à toutes ses prétentions sur Badefol et sa châtellenie, et, comme celle terre avait été confisquée au profil de la couronne, Richard de Gontaut obtint de Charles VII des lettres de restitution (Courcelles, Hist. gén. et hérald. des pairs de France, t. IX, art. Gontaut, p. 69). Cette terre, confisquée à nouveau, fut donnée, en 1483, par Louis XI à l'abbaye de Cadouin, qui obtint, à titre de don gracieux, la baronnie, terre et seigneurie de Badefol sur Dordogne. (Arch. nat. reg. Trésor des chartes n° 207, page 373 et reg. 216, p. 19 reg. 208, p. 231 et reg. 207, p. 287 et 288); c'est à partir de cette époque qu'il faut placer la transaction mentionnée.

[98] Comp. note précédente en contradiction avec cette qualité, au moins à partir de 1483; mais il pouvait avoir cette qualité sous l'épiscopal d'Artus de Montauban (1463-1478). Sur ce personnage, qui a joué un certain rôle dans notre histoire locale, voir principalement de Tarde les Chroniques, principalement la note 3, p. 172, où est un résumé des événements le concernant; fils naturel de Pierre IV de Gontaut, seigneur de Badefol, légitimé par lettres du Roi au mois d'août 1445, il vivait encore fort âgé, en 1482, et L. Dessalles Histoire du Périgord, t. II, passim et principalement p. 416 note 2.

[99] Si Richard de Gontaut était fort âgé en 1482, il doit s'agir ici de l'héritier de Richard.

[100] Sur Bertrand Tustal, voir la note a, à la page 196 des Chroniques de Tarde.

[101] Fol. 241.

[102] Fol. 241.

[103] Fol. 241.

 

[105] Il s'agit ici d'Annet de la Tour IV, vicomte de Turenne. Comp. sur ce personnage, L. Dessalles, passim, principalement p. 413.

[106] Le prénom que donne le cartulaire est difficile à lire; il doit s'agir de Pierre de Beaufort. Voir L. Dessalles, passim, p. 434.

[107] Le vicomte de Turenne qui fut un des premiers à rendre hommage à Charles VII, le 5 août 1452, fait figurer dans ses fiefs Limeuil, Miremont, Clarens, Paunat, Trémolac, Lalinde, Grand Castang, St-Exupéry, Chambon, Roziers et Molières. L. Dessalles, t. II, Histoire du Périgord, p. 454. (Arch. nat. rect. dom. Chambre des comptes Languedoc, p. 92.

[108] Archev. de Bordeaux de 1450 à 1457, désigné sous le vocable Pey Berland.

[109] Fol, 242, restituerant... sed non in toto.

[110] Fol. 243.

[111] Archiv. Départ. de la Gironde, série G., n° 210. Baux à fiefs nouveaux pour le bourg de Mauzac (an. 1463) ; — n° 214, hommages à l'archevêque par Marguerite de Serval et Arnaud de Bosredon (an. 1179) ; reconnaissances par les tenanciers en faveur de Bosredon, seigneur de Bayac, de 1472 jusqu'en 1709 ; n° 211, reconnaissancee et lièves pour les paroisses de Couze. Mauzac et Milhac (an. 1472 à 1566); G. n° 192, reconnaissances en faveur des archevêques seigneurs des paroisses de Milhac et Mauzac (an 1530 à 1571) G. n° 210, arpentement général de la seigneurie de Couze (an. 1506 ; baux a ferme de châtellenies de Mauzac. Milhac, Couze (an. 1568 à 1572) ; extraits des baillettes pour Mauzac et Couze depuis le xve siècle (an. 1568) ; bail à ferme du prieuré de Couze (an. 1588) ; n° 211, moulins de Couze (an 1568) ; 3 moulins à blé 2 à papier, 1 à drap, une pêcherie, un four, un colombier, reconnus à l'archevêque par la famille de Ponteries sous certaines redevances et devoirs : 1er Saumon, 1re Colac (alose) 1re Lamproie (an. 1566) ; n° 213, livre terrier de la châtellenie de Milhac et seigneurie de Mauzac fait, en an 1666, en faveur de M. de Béthune, archevêque de Bordeaux par les soins et vigilances de Me Pierre Vivien, juge de la terre et châtellenie de Bigaroque, comme procureur constitué par mon dit seigneur (Geneste, notaire) ; n° 205, hommages en 1672, par Jean de Bosredon, écuyer, seigneur de Bayac, pour le château de Bayac; n° 214, reconnaissances, aveux et dénombrement par noble Jean de Losse, écuyer, seigneur de Bayac (an. 1672); confront. de Bayac et plan général du tenement (an. 1708);

paroisse de Couze, par Ch. Pourquery (an. 1709), par Pierre de La Palisse (an. 1709 à 1756); transaction entre l'archevêque de Bordeaux et Jean de Losse, chevalier, seigneur de Bayac (an. 1754) ; G. 206, inventaire des titres de l'archevêque pour Mauzac, Milhac et Couze ,an 1732 et 1733 , n° 212, reconnaissances en faveur de l'archevêque, seigneur de Couze, par Jean de Losse, seigneur de Bayac, Cabans, Laborie (an. 1754); et par Pierre de La Palisse, écuyer, conseiller à la Cour des Aides pour les moulins à papier de la Boutique, Merle et du port de Couze (an. 1755) ; n° 215 mémoires, lettres, etc. pour les tenanciers et les occupations faites à Couze, Milhac, Mauzac (XVIIIe siècle)passim.

<<Retour