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Source : Bulletin SHAP, tome XXXV (1908)

pp. 338-350.

LE CHATEAU DE LA TOUR-BLANCHE (extrait).

Le voyageur qui. suit la route de Lisle, en montant vers Saint-Just et La Tour-Blanche, ne peut s'empêcher d'être vivement frappé par la vue des ruines considérables de deux châteaux situés à quelques kilomètres de distance. L'un, à l'extrémité de la commune du Grand-Brassac, est le château de Maroite, ancienne demeure des Montagrier et des Rohan-Chabot; l'autre, celui de La Tour-Blanche, qui a joué dans l'histoire du Périgord un rôle beaucoup plus important. Grâce à la précieuse collaboration du baron J. de Verneilh, j'ai pu, en 1885, faire connaître le premier sous son double aspect historique et archéologique; il nous reste à parler du second.

Il a bien tenté parfois la plume ou le crayon de quelques écrivains ou artistes ; mais aucun travail complet d'ensemble ne lui avait été encore consacré[1].

Le château de La Tour-Blanche était le chef-lieu d'une châtellenie très ancienne, formée des paroisses de Cercles et La Chapelle-Montabourlet, en Angoumois, et de quelques parcelles des paroisses voisines, constituant des dépendances du Périgord. Elle était enclavée dans cette province, quoique dépendant de l'Angoumois, et relevait de l'évêché de Périgueux. Elle avait cependant autrefois fait partie du Périgord, ainsi qu'en font foi des lettres du roi Jean, où on lit

« Voulons que le ressort de la ville et châtellenie de La Tour-Blanche appartienne à la sénéchaussée de Périgueux et de Cahors, comme il en dépendait autrefois ».

Si ces lettres n'eurent point d'exécution, la cause en fut attribuée aux troubles occasionnés dans le royaume par la captivité du Roi en Angleterre.

Je laisserai de côté le bourg jadis fortifié auquel le château donna son nom et qui pourrait offrir aussi la matière d'une intéressante monographie. Devenu le chef-lieu .d'une paroisse, il suivit, d'ailleurs, la destinée du château qui, selon l'expression de M. du Chazaud, le « couvrit autrefois de son puissant patronage et l'embellit encore de ses majestueux débris ».

« Bien des générations, ajoute-t-il, se sont heurtées sur le sol qui les a englouties pour toujours depuis le guerrier gaulois qui arrondit en cône, dit-on, et jeta dans la plaine ce tertre gigantesque, jusqu'au soldat de Hugues Capet, qui dressa sur ce piédestal la vieille tour aux arcs-boutants massifs, jusqu'à l'architecte inconnu qui, plus tard, environna la tour isolée de bâtiments renversés comme elle, mais empreints encore, sous la ronce, du cachet d'une vieillesse moins caduque. Mais le temps est venu, le temps qui mine et détruit tout sur son passage, et il a frappé de mort l'œuvre d'hier et celle d'aujourd'hui ».

En 1821, le comte de Taillefer avait, avec plus de précision, résumé les impressions que fait naître le magique aspect de ces ruines, auxquelles de grands arbres servent de cadre et d'ornement pour leur rendre la vie :

« La butte qui soutient le château, observe l'auteur des Antiquités de Vésone, a l'apparence d'être faite de main d'homme. Placé sur le bord de la plaine, ce monticule est exactement circulaire et conserve encore 80 pieds d'élévation. Si vous voulez vous faire une idée de sa base et en connaître l'étendue, représentez-vous celle d'un cône tronqué, dont la cîme reçoit les constructions et les distributions d'un assez gros château quadrangulaire. Ces constructions remontent aux premières années du xie siècle, et ont, sans doute, succédé à d'autres progressivement plus anciennes, détruites d'âge en âge ».

Tenant compte des marques de vétusté et de la chute de divers ornements et de pans entiers de murailles qui avaient, changé l'aspect de l'ensemble de l'édifice du moyen âge et effacé les caractères distinctifs permettant de désigner l'époque de la construction de ce monument, M. de Chancel cherchait à se reporter aux époques antérieures au xie siècle. Son imagination le faisait remonter à travers les phases primitives de la civilisation, jusqu'à cet âge incertain et à peu près fabuleux, qui vit quelque peuplade celtique se reposer au bord du ruisseau qui serpente dans le vallon, lieu bien situé pour offrir un asile à quelque troupe fugitive à la recherche d'une nouvelle patrie.

L'écrivain charentais nous montre ce refuge mis en état de défense, les eaux du ruisseau reçues et retenues dans de larges fossés, les bases des édifices à venir posées en réunissant les terres de la vallée et les rochers extraits aux flancs des coteaux voisins, puis, l'ouvrage des âges celtiques faisant place à des édifices gallo-romains, occupés successivement par les Visigoths, les compagnons d'Eude et de Waifre soutenant la cause nationale de l'Aquitaine contre.les leudes d'Austrasie ou les Sarrazins, et devenant le théâtre dès combats livrés par les hommes d'armes des comtes de Périgord et d'Angoumois contre les Normands.

Les premières années du xie siècle, qui virent s'élever le château quadrangulaire dont les ruines sont encore debout, furent marquées, en Périgord, par la domination du comte Hélie II, et, en Angoumois, du comte Guillaume IL

« A eux, probablement, dit M. de Chancel, revient l'honneur de la construction de l'édifice désigné dès les premiers temps sous le nom de château de La Tour-Blanche, en raison de l'aspect que présentait aux regards éblouis des vassaux cet ensemble des belles pierres de tailles, dont les célèbres carrières du voisinage sont encore si abondamment pourvues : aujourd'hui brunies, les pierres demeurent comme le souvenir ineffaçable d'une antique splendeur ».

Il résulte bien des documents les plus anciens que la belle terre et châtellenie de La Tour-Blanche passa des rois de France dans la mouvance des vicomtes de Limoges et comtes du Périgord, et compta parmi ses suzerains les princes les plus illustres comme Jean-le-Bon, Charles V, Edouard d'Angleterre, prince de Galles, Alain d'Albret, Jean d'Orléans. Mais je ne pense pas qu'il faille attribuer à l'un de ces hauts personnages la construction du château, mais plutôt à la famille de La Tour, qui, d'ancienneté, le possédait, l'habitait, et lui imposa son nom.

M. du Chazaud n'entendait aucune voix lui répondre quand il interrogeait ainsi la masse imposante de ces deux tours que réunissait autrefois une vaste terrasse, seul reste de l'ancien manoir des premiers seigneurs de La Tour-Blanche.

« Quelles mains ont élevé ces tours massives qui semblent fléchir sous le poids de leurs souvenirs ? Quel architecte suspendit au front de ces remparts des créneaux qui s'inclinent sous leurs guirlandes de lierre ? Quel vaillant chevalier attacha le premier son écu à cette porte avancée, inutile défense aujourd'hui d'un pont croulant et d'un fossé tari ?... »

Ils sont rares les documents qui ont transmis les faits et gestes de la famille de La Tour. Elle possédait non seulement la châtellenie de La Tour-Blanche, mais encore celle du Chapdeuil comprenant les trois paroisses de Bourg-des-Maisons, Cercles et Verteillac, cette dernière devait en être plus tard détachée. Les La Tour participèrent au mouvement qui entraînait la riche aristocratie féodale; ils se firent bâtisseurs. Les donjons de La Tour-Blanche et du Chapdeuil attestent encore quel genre d'édifices succéda aux villas gallo-romaines. Il ne tarda pas à s'y former des centres de vie mondaine et intellectuelle qui rayonnèrent sur nos contrées.

Le premier de la maison de La Tour, qui apparaisse dans ce passé lointain, honore le clergé du Périgord. Adémar de La Tour, d'abord archidiacre, succéda à Pierre de Mimet sur le siège épiscopal de Périgueux (1190). On trouvera le récit de son épiscopat dans l’Estat de l'Eglise du Périgord par le Père Dupuy et les Notes critiques et historiques dont l'abbé Audierne a accompagné cet ouvrage. Une inscription, placée dans l'église de Limeuil, perpétue le nom de ce prélat, originaire de La Tour-Blanche.

Le second est un troubadour (1220-1255).

« Il porte l'épée du guerrier, dit M. de Chancel, mais son chef est orné du chaperon de l'homme de clergie ; les insignes d'amoureux servage enlacent son bras; c'est Guillaume de La Tour-Blanche. Formé à l'école de Bertran de Born, il possède le secret du rythme belliqueux qui ranime les ressentiments des fils de l'Aquitaine contre les Plantagenets et contre Philippe de France. Emule non moins heureux des Arnaut de Mareuil et de Ribérac, ses devanciers, il a su, par ses tensons harmonieux, exciter de tendres émotions dans les cours d'amour de la langue d'oc. »

Guilhem de La Tour, que l'histoire de la littérature provençale fait naître au « château de La Tour, en Périgord », était contemporain de Raymond VI, comte de Toulouse. Il quitta sa patrie pour la Lombardie, où il passa la plus grande partie de sa vie. Il se fit d'abord jongleur, chantant d'une manière agréable des chansons qu'il savait en grand nombre ; il en composa lui-même avec succès. On n'a conservé qu'une quinzaine de ses pièces lyriques. Mais il est plus célèbre par sa vie romanesque et ses malheurs que par ses poésies. Amoureux de la femme d'un barbier de Milan, jeune et belle, il l'enleva et l'emmena à Côme, où elle mourut bientôt après. Ce fut pour Guilhem un chagrin si accablant qu'il en perdit la raison. Il s'imagina qu'afin de se débarrasser de lui, sa maîtresse contrefaisait la morte. Pendant dix jours, il resta comme cloué sur son tombeau. Il l'ouvrait tous les soirs, il en retirait le cadavre, le regardait fixement et le serrait dans ses bras en l'embrassant, conjurant sa bien-aimée de lui dire si elle était morte ou vivante, de retourner avec lui si elle vivait, et, au cas qu'elle fût morte, de lui déclarer ce qu'elle souffrait en Purgatoire, parce qu'il ferait tant d'aumônes et ferait dire tant de messes qu'il la délivrerait. Enfin, les habitants de Côme, informés de cette folie, chassèrent l'infortuné troubadour de la ville et du pays. Il erra d'un lieu à un autre, cherchant partout des devins pour savoir si sa maîtresse pouvait revenir en vie. Il finit par mourir de désespoir.

Un acte, du mercredi après l'Ascension de 1264, révèle la puissance de la famille de La Tour, qui était représentée alors par Guy, Bertrand et Pierre, donzels. Afin de reconnaître les services rendus à eux-mêmes et à leur oncle Itier, seigneur de Villebois, les frères de La Tour anoblissent et affranchissent Pierre, Itier et Guillaume Roux, de La Chapelle-Montabourlet, eux et leurs héritiers, les exemptant de tailles et de corvées, à la charge par ces derniers de servir une rente de 10 sols, en deux termes, les jours du Jeudi-Saint et de la Nativité de Notre-Dame ; plus une autre rente de 5 sols dans l'un des cas où Guy de La Tour marierait ses enfants, serait fait prisonnier par l'ennemi, irait en pèlerinage en Terre-Sainte ou partirait pour la guerre, où les frères Roux seraient tenus de le suivre avec leurs armes. Ces lettres furent scellées du sceau d'Itier de Villebois et de Pierre, évêque de Périgueux.

Quatre ans plus tard, une contestation s'élève entre Pierre de La Tour, damoisel, et Itier de Villebois, chevalier, au sujet du domaine; elle est tranchée par un arrêt qui atteste l'importance du chef-lieu de la châtellenie de La Tour-Blanche, en y constatant l'existence, dès cette époque, d'un marché et d'un péage. Plus tard, plusieurs foires et marchés furent établis dans le bourg, que traversait une ancienne voie romaine (via per quam itur de Nontronio versus Turrem Albam).

Voici encore deux frères de la maison de La Tour qui ont laissé des souvenirs, Guillaume et Itier.

Le premier reçut en partage la seigneurie du Chapdeuil. Il fut archidiacre de l'église de Périgueux. Il assista à la donation que Marguerite Rudel, femme de Renaud de Pons, sire de Bergerac, fit, le 13 novembre 1286, à Fargaud d'Estissac, en récompense de ses services, du droit qu'elle avait dans la .seigneurie de Saussignac ; et fut désigné par cette dame comme l'un de ses exécuteurs testamentaires (1289). On le retrouve encore, en 1308, au mariage de Marquèse, sa nièce, avec Hélie de Saint-Astier, seigneur de Montréal, capitaine du château de Montravel ; il constitua à celle-ci une rente de 25 livres sur les terres de Chapdeuil, Léguillac, Montsec et Vieux-Mareuil. C'est par suite de ce mariage que les seigneurs de Montréal ont eu par succession les seigneuries du Chapdeuil et de Verteillac Une fille, issue de cette union, Sobi-rane de Saint-Astier, devait épouser Pierre de La Tour, co-seigneur de La Tour-Blanche, alors veuf de Marie Panet. A Itier de La Tour échut la seigneurie de La Tour Blanche.

En 1291, une vive contestation avait nécessité l'intervention du comte de la Marche. La sentence arbitrale rendue par celui-ci parut trop dure à Itier, qui fit appel au Parlement. Non seulement la peine prononcée ne fut pas atténuée ; mais encore cet écuyer se vit condamné à remettre ses biens et sa personne entre les mains du comte. La Cour, cependant, conseilla à ce dernier de faire grâce à Itier de sa personne, à la condition qu'il se croiserait et resterait un certain temps outre-mer, se réservant, si le comte ne procédait pas de la sorte, de régler elle-même ce que devrait faire Itier.

Quelques années après, deux membres de sa famille figurent dans un double hommage. Elie, abbé bénédictin de Saint-Eparche et de Saint-Cybard-lès-Angoulême, reçoit l'hommage de Pierre-Henri de La Tour, pour les tènements de la Coste et de la Reynerie, situés dans la paroisse de Bourg-des-Maisons, avec redevance d'une paire d'éperons d'étain (jeudi avant la Toussaint 1304); et Aimeric rend hommage au comte de Périgord pour Flayac et autres lieux, sous le devoir d'une paire de gants blancs de rachat (1312).

Par son testament, fait en 1311, Itier de La Tour désigna son frère l'archidiacre comme son exécuteur testamentaire. De son mariage avec Raimonde, il laissa trois enfants : Marquèse, dame de Montréal, Guy, seigneur du Chapdeuil, et Guillaume, qui fut, avec Pierre de La Tour, co-seigneur de La Tour-Blanche.

Quarante ans plus tard, la châtellenie était indivise entre le roi Jean, en qualité de comte d'Angoulême, à concurrence d'un tiers, et Pierre et Marie de La Tour, frère et sœur, pour les deux autres tiers. A la supplication de ces derniers, et pour les gratifier, le Roi, par ses lettres du 13 février 1354, décida que, dorénavant, les hommages de La Tour-Blanche seraient faits au roi de France.

Roger Bernard, comte de Périgord, avait fait saisir les bourg et paroisse de Verteillac, qu'il prétendait être de son domaine, au préjudice de Guy de La Tour. Par lettres, datées de Montignac le 7 mars 1357, le comte reconnut que lesdits bourg et paroisse étaient une dépendance de la châtellenie du Chapdeuil et en ordonna la restitution à leur véritable seigneur.

Pierre de La Tour paraît avoir été le dernier seigneur de sa famille. Il s'était rendu acquéreur d'une maison appartenant à Guillaume Espocat, sise au château de La Tour-Blanche. Le 2 juin 1347, il en rendit l'hommage à Eudes de Boutenay, sénéchal d'Angoulême, pour la reine de Navarre (Jeanne de France, fille de Louis X le Hutin).

Avec le sénéchal du Périgord, le sire d'Hautefort, Grimond de Fayolle et Bertrand d'Espagne, il fit partie de la députation chargée, au nom du roi de France, de garder et conserver au pays de Périgord la trêve conclue pour deux ans, en la ville de Bordeaux, le 23 mars 1356, entre le roi Jean et le roi d'Angleterre.

La matrice de son sceau particulier a été conservée. Elle est de forme orbiculaire (44 m/m), et porte cette légende : S : PETRI : DE : TURE : ALBA : DOMICELLI (Sigillum Petri de Turre Albâ domicelli) ; au centre, dans un quadrilobe gothique, orné de fleurons, se trouve l'écu aux armes des La Tour : A la porte donjonnée de 3 pièces et maçonnée. Le dessin de ce sceau remarquable figure dans la Sigillographie du Périgord (1880). Notre ancien confrère M. Boisserie de Masmontet s'en est inspiré pour placer le blason des La Tour dans sa récente carte postale de La Tour-Blanche (collection des châteaux de Guyenne).

La Sigillographie reproduit également le sceau de Guillaume de La Tour, troisième archidiacre de la famille. Il est appendu à une transaction de juin 1397 : ce dessin consiste en un personnage à robe longue tenant un livre et placé dans une niche d'architecture gothique, avec cette légende : S. Guill. de Turre... archid. Petgoricn. [2]

Après Pierre de La Tour, le château, avec toutes ses dépendances, passa dans la maison de Bourdeille.

Archambaud, seigneur de Bourdeille, devint, on ne sait de quelle manière, propriétaire des deux tiers de la terre de La Tour-Blanche ; car, on voit Edouard, prince d'Aquitaine, comte d'Angoulême, recevoir de lui, le 9 février 1369, l'hommage-lige et serment de fidélité pour les choses par lui tenues et qu'il avoue tenir de ce prince, à savoir : le chastel, ville, châtellenie et appartenances de La Tour-Blanche, en la sénéchaussée d'Angoumois.

Archambaud, qui, après la prise de son château de Bourdeille, avait été dépouillé par les Anglais de tous ses biens, y fut réintégré en 1375. Ce fut son fils, Arnaud, qui, le premier, porta le titre de seigneur de La Tour-Blanche. Raymond, abbé de Saint-Cybard, lui accorda un répit d'un an avant de lui rendre l'hommage qu'il lui devait, en raison de la haute et basse justice des mainements de la Coste et de la Raynerie (1er mai 1449). Le 2 mai de Tannée suivante, l'hommage fut rendu.

Cet Arnaud de Bourdeille fut le père du cardinal de Bourdeille et des auteurs des branches de Montagrier et de Montancey, issus de son mariage avec Jeanne de Chamberlhac.

Son fils aîné, Arnaud, premier baron du Périgord, époux de Catherine de Mareuil, continua la série des seigneurs de La Tour-Blanche. Il réunit sur sa tête l'intégralité du domaine par suite de la donation que Jean d'Orléans, comte d'Angoulême, lui fit, le 1" juin 1465, des « tours et hostel, assis au chastel de La Tour-Blanche, avec la tierce partie de ladite terre, à la charge de l'hommage d'une paire d'éperons d'or et d'une rente de 40 livres par an, payable à la recette d'Angoulême ».

Son fils François, né de son union avec Catherine de Mareuil, baron de Bourdeille, seigneur de Celles et de Coutures, fut échanson du duc d'Angoulême. On relate l'aveu et dénombrement qu'il rendit, en 1474, à Marguerite deRohan, comtesse d'Angoulême, de la châtellenie de La Tour-Blanche.

Par son testament du 2 novembre 1515, il institua son fils aîné, François, issu de son mariage avec Hilaire du Fou, comme héritier universel dans la baronnie de Bourdeille, avec les terres et seigneuries de La Tour-Blanche, Grésignac, Coutures, Celles et Bertric.

Au mois d'août 1526, le château de La Tour-Blanche fut témoin du mariage de Jeanne de Bourdeille, sœur de ce dernier, avec Pierre d'Abzac, baron de La Douze, seigneur de Vergt.

François de Bourdeille rendit hommage en 1543, au comte de Périgord, pour la baronnie de La Tour-Blanche. Il fut sénéchal de Périgord et le père de Pierre de Bourdeille, connu par la postérité sous le nom de l'abbaye de Brantôme, dont il était commendataire, et d'André, seigneur de La Tour-Blanche.

Notre chroniqueur vint se reposer dans ce château des fatigues de la guerre, accompagné de son fidèle serviteur Mataut, chargé de transcrire et mettre au net les écrits de son maître. Ce narrateur des faits et gestes de tant de hauts personnages et nobles dames de son temps, ne dédaigna pas de consigner dans ses mémoires les faits passés à La Tour-Blanche, ceux surtout de nature à donner du relief à la maison dont il était sorti.

Il faut l'entendre raconter les circonstances du mariage de son père avec Anne de Vivonne, « fort honneste et sage damoiselle d'une des bonnes et riches maisons de Guienne », en 1518 :

« Ces noces, écrit-il, furent fort somptueuses et magnifiques, et bien fort aussi les amenances[3], qui se firent à La Tour-Blanche et à Bourdeille, car, ainsy que j'ay ouy dire à ma tante de Grézignat[4], allèrent au-devant de la mariée jusqu'aux portes d'Angoulême trois cens gentilhommes en deux bandes ; l'une menée par M. de Bourdeille, et l'autre par M. de Grézignat, son frère. Ceux de M. de Bourdeille estoient vestus de grandes casaques de velours cramoisy à l'albanoise et les chevaux bardés de mesme; ceux de M. de Grézignat, de velours jaune, parce que c'estoient les couleurs de la mariée, jaune et rouge, le tout pourtant aux dépens de mon père. La mariée estoit montée sur une hacquenée blanche, harnachée de velours cramoisy et argent fort superbement ; et la faisoit très beau voir à cheval..., et six damoiselles après elle, toutes montées sur hacquenées que mon père avoit données, avecques harnois de velours noir. Elle avoit aussi trois pages, dont un de la maison de Lammary, parent de la maison de Bourdeille[5], qui estoient vestus de velours rouge pourpre, doublé de blanc, avecques des bandes de velours noir bordé d'argent, parce que c'estoient les couleurs de la maison de Bourdeille : blanc, rouge et noir. Bref, le convoy de ces nopces fut des plus pompeux et superbes qu'on avoit veu il y avoit longtemp en maison de Guienne ».

Brantôme rappelait ensuite son séjour, « estant fort petit garçon », à la Feuillade, maison de plaisance dépendant de La Tour-Blanche.

Il n'omet pas la contestation féodale que cette châtellenie suscita à François de Bourdeille, son père, « et la sentence par défaut rendue sur la poursuite des gens du Roi au siège d'Angoulême, prononçant saisie de la terre, faute de service dans l'arrière-ban, et la belle résolution qui porta feu le baron de Bourdeille à désavouer son procureur, parce qu'en exécution de ladite sentence, il avoit présenté un homme d'armes, et à comparoitre en personne pour offrir un simple archer, suivant le devoir de son fief ».

Brantôme fut loin d'être d'accord avec son neveu Henri de Bourdeille, issu du mariage du sénéchal, André, son frère, avec Jacquette de Montbron. Ils furent en procès et transigèrent après la mort de Mme de Bourdeille. « Je me contentai seulement, dit le chroniqueur, de la jouyssance de La Tour-Blanche, à mon regret pourtant. » Il se plaignait amèrement de son neveu, dont il raconte encore le trait suivant :

« Un jour, estant à La Tour-Blanche, dans la sale, il dit tout haut, devant force gentilhommes et autres, sur le subject qu'il n'avoit obligation à homme au monde qu'au sieur de Marouatte[6], qui lui avoit faict avoir la résignation à M. de Périgueux de son evesché[7], pour l'y avoir poussé et persuadé, dont je cuydoy partir de collère contre lui ; mais je me commanday et m'arrestay de peur d'escandale, lequel mondict evesque j'avois faict et créé tel par la nomination et brevet du Roy. Car ce fut moy qui la luy demanday pour mon frère et pour moi, ayant veu ledict évesque un chétif petit moyne de Sainct-Denys, et l'avoir ainsi créé tel contre l'opinion de Mme de Dampierre, ma tante, qui ne le vouloit, en me disant plusieurs fois que j'en maudiray l'heure de le colloquer en si haut lieu « ce vilain moyne », usant de ces propres mots, et que son père avoit foict souvent pleurer ma mère. Croyez que ceste honneste dame prophétisa bien ce coup, car il fut aussy ingrat en mon endroict que son cousin, ledict M. le vicomte, que ceste fois m'alla payer de ceste sorte, pour n'avoir obligation qu'au sieur de Marouatte, nullement, certes, comparable à moy en obligation ny en valeur et mérite, pour n'avoir esté jamais autre qu'un amasseur de deniers, et que j'ay veu parmy les bonnes compaignies qu'on nommoit que Petit brodequin, nom à luy donné par MM. de Coutures et La Borie Saunier... Et pour parler de ceste grande susdicte obligation de Marouatte, ne faut doupter que si j'eusse voulu m'opposer à la dicte résignation pour, après estre faicte, en demander la moictié de la dicte evesché, je l'eusse peu faire sûrement... »

Vers 1613, Brantôme, faisant son testament, n'oublia point de laisser un souvenir à ceux dont à La Tour-Blanche il avait employé les services : « Je lègue à tous mes serviteurs et servantes, demeurant tant à La Tour-Blanche, Richemond que Brantôme, qui se trouveront lors de mon trépas, la somme de 550 livres une fois payée », écrivait-il ; et il appelle comme témoin de ses dernières dispositions, les sieurs Domingue, prêtre; Girard, médecin, et Guillaume, apothicaire, habitants de La Tour-Blanche, désignés par lui ; « et c'est ainsi, remarque M. de Chancel, que par un simple acte de complaisance ils vont à la postérité en compagnie de l'un des écrivains lès plus féconds et les plus illustres du xvie siècle ».

Le château de La Tour-Blanche ne dut point souffrir du passage des Calvinistes, car Brantôme en aurait parlé. Vers 1569, les sieurs de Jarnac et de Chantérac vinrent avec leurs bandes mettre le siège devant la ville dont ils s'emparèrent, malgré la vive résistance de François Grand, seigneur voisin de Tenteilhac.

A. Dujarric-Descombes.

(A suivre.)

pp. 416-436 (extraits)

LE CHATEAU DE LA TOUR-BLANCHE

(Suite et fin)

On ne peut qu'être surpris du silence gardé par notre chroniqueur au sujet de divers événements dont le château de La Tour-Blanche fut le témoin. Il aurait pu notamment consigner dans ses mémoires le séjour qu'y fit, en 1544, Henri d'Albret, roi de Navarre, comte de Périgord.

Ce prince avait épousé, en 1527, Marguerite de Valois, sœur unique de François Ier, fille de Charles d'Orléans, duc d'Angoulême. La grand'mère de Brantôme, Louise de Daillon du Lude, veuve d'André de Vivonne, grand sénéchal du Poitou, était dame d'honneur, et sa mère, Anne de Vivonne, dame . du corps de cette princesse. On comprend dès lors combien la dame de La Tour-Blanche avait à cœur d'offrir à son suzerain une hospitalité digne de lui. Ce fut ce sentiment qui la poussa à envoyer un messager à Périgueux pour prier les maire et consuls de l'aider à recevoir magnifiquement le comte de Périgord. Ceux-ci décidèrent d'offrir « une bische des fossez de la ville ».

Brantôme, qui n'avait guère, à cette époque, qu'une dizaine d'années, n'assista probablement pas à cette réception, dont il aurait garde le souvenir. Il passait sa jeunesse en Navarre, où le dernier marquis de Bourdeille incline à le faire naître en 1534[8], et d'où il ne revint en France qu'après la mort de la Reine, en 1549, trois ans après la mort de son père.

Quoi qu'il en soit, le château de La Tour-Blanche était en état de recevoir un hôte royal et sa suite. La lettre de Pierre de Mareuil, abbé de Brantôme, publiée par M. le marquis de Cumond[9] y signale la présence, au mois de juillet 1554, de la douairière de Vivonne et de ses deux filles, Madame de Clermont, dame d'honneur de la reine Louise, et la mère de Brantôme.

Le frère aîné de ce dernier, André de Bourdeille, devenu baron de La Tour-Blanche, y séjourna quelque temps aussi. Ayant été fait prisonnier au siège de Hesdin, en 1553, il fut envoyé à Lille, où il resta jusqu'à la trêve en 1556. Le paiement de sa rançon, qui fut considérable, causa un dérangement dans ses affaires. Après avoir recouvré sa liberté, il se trouva chargé d'embarras de famille, ayant été fait héritier de sa mère, ce qui l'obligea d'habiter son château de La Tour-Blanche: Ce fut l'année suivante qu'il se maria avec Jacquette de Montbron, dame d'honneur de la Reine mère, qui lui porta les terres de Matha et d'Archiac.

Il continua sa résidence à La Tour-Blanche, où il fit un premier testament, le 24 mai 1562, donnant à sa femme la terre de La Tour-Blanche ou la baronnie de Bourdeille, avec la jouissance de tous ses biens. Ayant repris du service, en 1566, il fit un second testament en son château de La Tour-Blanche, confirmant à sa femme les avantages qu'il lui avait faits dans le premier.

François de Bourdeille, son père, lui avait laissé un conseiller éclairé dans la personne d'un des plus distingués enfants de La Tour-Blanche, Jean Bertaud. Dès l'âge de 19 ans, après avoir obtenu le grade de licencié en droit, celui-ci avait été pourvu de l'office de sénéchal de la châtellenie. Il professa dans la suite la littérature à Paris et le droit à Toulouse. Il doit figurer avec honneur parmi les érudits bibliophiles de la première moitié du XVIe siècle. Il est principalement connu par son Encomium de cultu trium Mariarum, livre si recherché pour ses gravures sur bois ; la découverte, signalée par moi en 1900, de son ex-libris, où il avait fait graver l'image de Saint-Jean-l'Evangéliste, son patron, a donné à son nom un regain de célébrité.

Ses bons rapports avec les seigneurs de sa ville natale lui inspirèrent cette épître du 5 décembre 1529, adressée au cordelier Nicolas Grand, qu'il publia à la suite de son ouvrage, et où il se complut à exposer tout au long la fabuleuse généalogie de la maison de Bourdeille, en remontant jusqu'à Anténor, roi des Francs.

« Notre auteur, fait observer M. Léopold Delisle dans la savante notice qu'il a consacrée au curieux ex-libris de Bertaud, avait des raisons toutes particulières pour s'intéressera cette généalogie. La Tour-Blanche, où il était né et où il exerçait les fonctions de sénéchal, était un des principaux domaines des Bourdeille. Ce fut à La Tour-Blanche que se célébrèrent les « noces somptueuses et magnifiques » des parents de Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme ; ce fut là aussi peut-être que naquît le célèbre « conteur ». La rédaction de Jean Bertaud est probablement la plus ancienne version qui subsiste des traditions fabuleuses se rapportant aux origines de la famille de Bourdeille »[10].

Les Bourdeille se montrèrent reconnaissants envers leur trop zélé panégyriste. Ils se prêtèrent, autant que possible, au désir de ce dernier de faire sienne toute la terre de la Bonnetie, sise dans la paroisse de Cercles. Déjà, le 29 octobre 1495, son père, Jacques Bertaud, clerc de l'officialité de La Tour-Blanche, avait acquis de Poncet de Laye, chapelain de Paussac, tous les droits que celui-ci y possédait, moyennant 35 livres tournois. Le 25 octobre 1567, André de Bourdeille vendit au sénéchal de sa châtellenie, moyennant 120 livres, une rente perpétuelle de 23 boisseaux de froment, 10 d'avoine et 28 sols, 6 deniers tournois, qu'il possédait sur ce mas et sur des maisons et jardins, situés en la ville de La Tour-Blanche. Enfin, après la mort de Jean Bertaud, le même seigneur vendit, le 7 mars 1580, à Pierre Bertaud, sr de Pouzol, son fils, pour la somme de 150 écus sol, d'autres rentes sur la Bonnetie, que Catherine Bertaud, sa fille, épouse de Jacques de Sanzillon, devait apporter dans la famille de son mari.

Les fonctions de sénéchal de Périgord, devenues très difficiles en ces temps critiques, obligèrent André de Bourdeille à établir sa résidence au chef-lieu du comté. On sait les services importants qu'il rendit à l'Etat et à la province durant les guerres de religion. Le château de La Tour-Blanche vit plus d'une fois passer des troupes sous ses tours. Vers 1569, les bandes de Jarnac et de Chantérac s'emparèrent de la ville, malgré la vive résistance de François Grand, seigneur voisin de Tenteilhac. Mais le château paraît avoir résisté à l'assaut des calvinistes. En 1570, il devint le quartier général du maréchal de Biron, commandant des armées royales. La ville de Périgueux envoya son procureur-syndic à La Tour-Blanche et au château de la Feuillade « appartenant au sr de Bordeille », afin de prier le maréchal de « destourner » ses compagnies, « les quelles ne vinssent en ceste ville ».

Au commencement de l'année suivante, au moment où le comte des Cars projetait une entreprise contre Angoulême tombé au pouvoir des religionnaires, La Tour-Blanche reçut les 300 soldats qu'amenait, pour coopérer à l'expédition, le vaillant maire de Périgueux, Bernard de Jay, seigneur de Beaufort. Ce dernier alla loger à Verteillac, où il fit dresser des barricades, ce qui lui permit de repousser l'attaque de l'ennemi ; il ne devait rentrer à Périgueux que sur les ordres de Des Cars.

André de Bourdeille mourut à Bourdeille en 1582. Deux ans plus tard, on trouve Jacquette de Montbron, sa veuve, au château d'Archiac en Saintonge, se qualifiant de dame de La Tour-Blanche dans le contrat de mariage de leur fille Jeanne avec Claude d'Epinay, comte de Duretal, ce n'était pas sans raison ; car elle avait fait avec son mari l'échange de sa terre de Doumeyrac en Agenais contre la châtellenie de La Tour-Blanche, les trois paroisses de Cercles, Cherval et Rossignol et leurs dépendances, la métairie de la Feuillade, les moulins d'Eixac et de l'Etang-des-Faures, avec le droit de haute, moyenne et basse justice (1er avril 1570).

Par son testament, en 1594, ladite dame ordonna de l'inhumer, sans pompe, en l'église de celle des quatre terres de Bourdeille, La Tour-Blanche, Archiac et Matha, où elle décéderait. L'année suivante, elle ajouta un codicille, dans lequel elle rappela l'échange de la châtellenie et des ventes ci-devant faites par son mari. Elle instituait comme héritier universel Henri, vicomte de Bourdeille, son fils aîné, qui, après sa mort, entra en possession de la baronnie de La Tour-Blanche, et de celle d'Archiac, érigée sur sa tête en marquisat.

Après la transaction intervenue entre lui et son oncle Pierre de Bourdeille, celui-ci était demeuré usufruitier du château de La Tour-Blanche. Il y fit de fréquentes apparitions, après qu'il eût pris, en 1582, sa retraite à Richemont, qu'il avait mis plus de trente ans à faire bâtir. Il y tomba même une fois assez sérieusement malade pour mander près de lui Pierre Petit, abbé de Brantôme. Il confia à ce religieux les clefs de ses chambres, cabinet et coffres, le chargeant de les remettre à sa nièce la comtesse de Duretal, clefs qu'il se fit rendre lors de sa convalescence. Il mourut à son château de Richemont le 5 juillet 1614. Peu de jours après, en présence de plusieurs gentilshommes de la famille, Henri de Bourdeille fit procéder par le juge de sa baronnie à l'inventaire des meubles délaissés à La Tour-Blanche par son oncle. C'est cet inventaire que M. Henri Omont, membre de l'Institut, a publié in-extenso. Ce procès-verbal est trop succinct pour offrir tout l'intérêt qu'on serait en droit d'y chercher. Il nous révèle que Brantôme y possédait le portrait peint d'Anne de Vivonne, sa mère, une partie de sa bibliothèque et plusieurs chambres ornées de tapisseries ; que dans la chapelle du château se trouvaient divers reliquaires et un chapeau de cardinal ; dans la « chambre de soldats », une arquebuse à rouet, etc. «Malgré sa brièveté, dit le docte éditeur, il donnera une idée suffisante de l'intérieur d'une maison seigneuriale française au début du XVIIe siècle »[11].

(…).

Les recherches faites à Pau dans le trésor de Navarre firent connaître les titres les plus importants de la châtellenie de La Tour-Blanche :

Août 1356. Donation par Jean, roi de France, à Roger Bernard, comte de Périgord, du château et châtellenie de La Tour-Blanche (Castellania de Turre alba, Petragoricensis diocesis), à perpétuité, pour lui et ses successeurs, avec l'hommage des seigneurs et le droit d'avoir un juge des premières appellations.

Du 25 janvier 1358. Ratification et confirmation du don de La Tour-Blanche fait au comte Roger, par Charles, fils aîné du roi Jean et régent du royaume.

Les titres fournis au cours du procès faisaient aussi allusion au rôle joué par La Tour-Blanche pendant la guerre de Cent ans.

1347. — Pendant qu'il était à Poitiers, le prince de Galles écrivit au sénéchal anglais du Périgord pour lui dire que, le comte réclamant La Tour-Blanche et autres places comme sa propriété, il fallait les restituer en vertu de la paix et faire évacuer la troupe qui les occupait militairement.

Neuf ans plus tard, les Anglais étaient encore maîtres de La Tour-Blanche. La ville de Périgueux y envoya ses engins de guerre pour aider Du Guesclin à en faire le siège. Le connétable s'empara de La Tour-Blanche le 9 mars 1356.

1360. — Le traité de Brétigny, si onéreux pour le Périgord, avait l'ait naître des doutes sur certaines donations faites au comte par les rois de France. On lui contestait notamment la possession de La Tour-Blanche.

1362. — Le comte de Périgord s'étant plaint de nouveau que cette place avait été occupée sur lui à l'occasion de la guerre entre les rois de France et d'Angleterre, laquelle était finie par la paix, le prince de Galles écrivit à son sénéchal, le 1er octobre de cette année, que les lieux occupés pendant la guerre devaient être restitués au comte, à la suite de la paix, sur une déclaration à lui faite portant que ces seigneuries lui appartenaient bien réellement.

De son côté, Hélie de Saint-Astier demandait à être rétabli dans son château de Montréal, occupé par le comte. Le prince de Galles s'engagea à faire faire les informations nécessaires sur l'objet de cette demande. Je mentionne ici ce seigneur de Montréal, parce qu'il était fils d'une La Tour, des premiers possesseurs de La Tour-Blanche et l'époux d'une descendante de la même famille, Sibille Flamenc, fille de Golfier, seigneur de Condat, et de Guye de La Tour.

1407. — Charles VI donna 6000 francs d'or à son frère Louis d'Orléans, comte d'Angoulême, pour la garde des forteresses de son comté durant cette année. Parmi les villes et châteaux désignés figurait l'enclave de La Tour-Blanche.

Vingt ans plus tard, La Tour-Blanche était occupé pour les Anglais par Jean de La Roche, dont les soldats venaient jusqu'aux portes de Périgueux enlever des dames de la ville, qui dût payer pour leur rançon. La municipalité emprunta de son comptable Perrot Brochard pour « lo fach » de La Tour-Blanche et d'Auberoche, que l'on reprit aux Anglais moyennant finance.

(…)

A. Dujarric-Descombes



[1] Je dois rappeler cependant qu'en 1838, M. A. Bertaud du Chazaud avait écrit, sur le château qui fait l'ornement de sa localité, une quinzaine de pages restées manuscrites, et avait même fait une peinture du monument ; qu'en 1850, M. Charles de Chancel avait, dans une notice d'une vingtaine de pages intitulées : Le Château de La Tour-Blanche, rendu compte d'un voyage de reconnaissance archéologique, et quo M. de Massougnes avait, en 1881, publié les titres concernant La Tour-Blanche, qui se trouvent dans le fonds de l'évêché d'Angoulême, aux Archives de la Charente. J'utiliserai, autant que possible, ces divers écrits et documents que je compléterai par mes recherches personnelles.

[2] On a conservé encore le sceau dont la châtellenie de La Tour-Blanche se servait, à la même époque, pour authentiquer ses actes ", il était aux armes de France unies à celles de Castille et de Léon.

[3] Conduite que l'on faisait aux jeunes mariés, quand l'époux amenait sa femme chez lui.

[4] Anne Joubert, mariée le 8 avril 1529 à Jean de Bourdeille, seigneur de Saint-Just et de Grézignac.

[5] Pierre de Beaupoil de Sainte-Aulaire, troisième fils de Jean et de Marguerite de Bourdeille, marié à Catherine de Laurière, fille du seigneur de Lanmary.

[6] Antoine de Montagrier, seigneur de Maroite

[7] François de Bourdeille, d'abord moine de Saint-Denis, puis évêque de Périgueux (1578-1600). Il était le second fils de Gabriel de Bourdeille, seigneur des Bernardières, frère cadet du père de Brantôme.

[8] Notice sur Pierre de Bourdeille, abbé et seigneur de Brantosme, Troyes, Legleu, 1893, p. 9.

[9] Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, tome XXXII, p. 312.

[10] A propos d'un ex-libris français du temps de François Ier, Paris, Leclerc, 1900, p. 18.

[11] Succession de Pierre de Bourdeille, sieur de Brantôme, inventaire et partage de ses biens (1614-1615), Nogent-le-Rotrou, 1901, pp. 12-15.

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