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Source : Bulletin SHAP, tome XXVI (1899)

VARIA

 

·           Hommage de fidélité rendu à Guy de Pons (1500)

·           Jeanne d’Albret et Montgomery

·           Supplique exposant la misère de l’église collégiale St Front de Périgueux (1427)

·           Attribution de la bible de Bertrand d’Abzac après son exécution (1438)

·           Lettres à M. des Bories (1572-1577).

 

pp. 219-222.

 

HOMMAGE DE FIDÉLITÉ RENDU A MESSIRE GUY DE PONS, VICOMTE DE TURENNE, PAR MESSIRE BERNARD TUSTAL (1).

Léonard de Prouhot, licencié ez droictz, seigneur d'Affeyrac, lieuctenant géneral de monseigneur le Seneschal de Perigort, commis et procureur géneral et spécial de hault et puissant seigneur Guy seigneur de Pons, vicomte de Turenne, à recevoir tous et chacuns les hommaiges et serement de feaulté, droictz et deuoirs deuz et appartenons a mondit seigneur ledit viscomte en ladite viscomté de Turenne, comme de mondit pouvoir peult apparoir par les lectres patentes de mondit seigneur viscomte marchees (sic) de la main et scellées de son scel desquelles la teneur sensuyt. Guy seigneur de Pons viscomte de Turenne, a tous ceulx qui ces présentes lectres verront et orront (sic) salut. Comme par le présent nous soyons occupez en certains noz affaires et ne soit possible nous transpourter ne aller ez pars de nosdites seigneurie et viscomté de Turenne pour receuoir les hommaiges et serement de feaulté que a cause de nostredite viscomté nous sont deuz par les vassaulx dicelle, pour ce est il que auiourduy date de ces présentes ez présence des notaire et tesmoins cy dessoubz escriptz, Nous auons faict, commis, constitue, ordonne et etabli et par la teneur de ces présentes faisons, constituons et établissons noz procureurs generaulx et messagiers speciaulx, assauoir est nostre très cher et amé filz François de Pons, chevalier et honnorable homme maistre Léonard Prouhet, licencié, lieuctenant de Perigort, ausquelz et chacun deulx auons donne et octroye, donnons et octroyons plain pouuoir, auctorité, mandement et commission spéciale de iceulx hommaiges faire assigner par toutes noz terres et chascunes seigneuries de nostredite viscomté et la ou chacun deulx verront estre a faire et iceulx hommaiges recevoir pour et en nostre nom et a ce contraindre noz vassaulx de notredite viscomté par toutes voyes deues et raisonnables et leur faire poyer le deuoir et deuoirs a nous deuz pour raison des chastellanies, terres et seigneuries et autres fieufz et choses teneus noblement et mouuantes de nous et soy faire rendre et bailler les doubles des denombremens et a diceuz en bailler bonne et souffisante quictance et mesmement des seigneuries et chastellanies de Commarque, Sainct Génies, de Condat, de La Chapelle, Nabirac, Paluoisin, Jayac, Gauleiac, Belcastel, Roges, Marueil et de toutes autres terres et seigneuries mouuantes de nous, lesquelz hommaiges et réceptions faictz a nosdits procureurs et par eulx et ung chascun d'iceulx receuz nous voulons estre duntel effect et valeur que silz estoient faictz a nostre et nous mesmes les auions recuz et generallement de faire procurer et exercer tout ce que bons et loyaulx procureurs peuvent et doyuent faire et comme si y estions en personne promectant auoir agréable et tenir ferme et stable tout ce qui par nos dicts procureurs sera faict, procuré et négocié soubz lobligation de tous noz biens ; et en tesmoing de ce, nous en auons faict faire et passer ces présentes noz lectres de procuration et signées de nostre main et faict signer du seing manuel du notaire cy dessoubz escript juré et auditeur de la court de nostre scel par nous stably aux contraictz en nostre ville et seigneurie de Pons et par nostre commandement et ledit scel faict mectre et opposer. Ce fut faict et passé en nostre chastel de Pons, presens tesmoings a ce nobles personnes Bertrand de Culmont et Jehan de Clereunult, escuyers, le premier jour de septembre, mil cinq cens. Ainsi signé Guy de Pons. Par commendement de mon dit seigneur.

P. Chenu.

Et soit ainsi que ensuyuant les proclamations faictes ez courtz et assisiages (sic) de ladite viscomté que ung chascun qui tiendroit en fief ou arriefief dudit seigneur et que luy deuoient aucuns deuoirs sen vinssent devers nous pour en faire déclaration, recognoissance et poyer (sic) le deuoir. Scauoir faisons à tous quil appartiendra que auiourdhuy, date de ces présentes, cest compareu et présenté par deuant nouz en nostre maison, en la cite de Sarlat, discret et saige homme Bernard Tustal, bourgeois de Sarlat, lequel nous a dict, supplié et remontré que son feu pere Raymond Tustal comme ayant droict de feue noble Heleine de Massault, fist avec feuz Raymond et Geraud Tustals, ses oncles, avec mondit seigneur le viscomté, mectre lhommaige et serement de féaulté questoient tenuz de faire a mondit seigneur le viscomté pour raison des biens quilz tenoient de ladicte feue Heleine en ladicte viscomté en accapte dans espérons dores (sic) ce que mondit seigneur le viscomte leur accorde faire, ainsi que dict apparoir par instrument auctenticque signé de la main de maistre Jehan de Quercu de la date du unzième jour d'octobre an mil quatre cens soixante trois. Et nous a aussi remonstré que lesdits biens que furent de ladite feue Heleine ont este partis et divisez entre sondit feu père et les susdits feus Raymond et Guiral Tustal et aussi la part de son dict feu père a esté partie et diuisée entre luy et Raymond Tustal son frère, par quoy se voulant acquiter de son serement, cest tire deuers nous pour faire et prester le deuoir quest tenu de faire a mondict seigneur le viscomté pour raison de sadite viscomté, et la requeste dudict Tustal ouye et veu ledit instrument, auons trouvé que dudit accapte led. Bernard eu devoit la quarte part, par quoy luy auons enioint de nombrer ce qu'il tient de ladite succession, lequel a dénombré sadicte part en la fourme et manière que sensuyt: Toute la borie de Massault, assise en la parroisse de Saincte Nathalaine avec ses appartenances comme ediffices, maisons, ortz, vignes, près, bois, terres cultes et incultes, et la moitié du mas de Lalbussenie et de Laborderie et de Lablaynesque, auec leurs appartenances toutelles et son moulin assiz en ladite parroisse sur le ruisseau de Nee, joignant de toutes partz aux possessions du villaige de Massault, vulgarement appelle le moulin de Roudes et de tout ce que luy pouuoit appartenir à cause de la succession de feue Heleine de Massault et de feu Raymond Tustal, son feu père, en toute ladite viscomté. Laquelle déclaration et dénombrement faictz par ledict Tustal nous a requis et supplies le receuoir par quoy nous procureur et commis susdit considerans les bons et loyaux services faictz par ledit Tustal et les siens a la maison de Pons de entremete (sic), aussi voulans user de quite et de raison après ce que dud Tustal auons exhigé et receu le serment de fidélité en tel cas requis et receu ledict deuoir quil deuoit acause dudit accapte, icelluy Tustal auons receu et receuons audit accapte et en tant que besoing seroit lauons investi et inuestissons desdites choses par luy dénombrées et de leurs appartenences et deppendences quelconques quelque part quelles soient, en toullant (sic) et ostant toutes mains mises et empeschemens que leur pouvoient avoir este faictz ou donnez èsdites choses parcy deuant le temps passé, et auons impose et impausons silence au procureur et autres clercs dudit seigneur viscomté ausquelz auons enioinct et eniognons par ces présentes ne molester en aucune manière ledit Tustal ez choses dessus dénombrées pour raison de deuoir non faict, lesquelles choses luy auons mis et mettons en tant que besoing seroit et lauons quicte et quictons et les siens desdictz deuoirs pour ceste foiz et tous autres. En tesmoing desquelles choses et de vérité et affin de perpetuelle mémoire nous auons signé ces presentes de nostre main et commandé a maistre Jehan du Castanet, greffier de mon dit seigneur viscomté, luy on bailler lettres en fourme auctenticque, scellées du scel royal de ladicte sénéchaussée de Perigort stabli au siège presidial de Sarlat.

Faict et donné en nostre dicte maison de Sarlat ez présence de Raymond Leigue, licencié et Estienne de Maignenac, bourgeois de Sarlat et autres, le dixneufième iour du moys de décembre l’an mil cinq cens. Ainsin signe au pied de l'original. Léo de Prouhet procureur susdit.

Extraict des papiers, registres et protocolles de feu maistre Jehan Ducastanet, mon pere, quy a receu le susdict homage (2).

Ducastanet, notaire.

Pour copie conforme : Louis CARVÈS.

 

(1)          Archives de Paluel-Montfort n° 275. Au sac collé les hommages rendus à monseigneur le viscomte de Turene pour Paluel. Copie en parchemin de 55 millimètres de long sur 35 de large.

(2)          Il y avait un sceau qui a disparu.

 

 pp. 353-356

 

JEANNE D'ALBRET ET MONTGOMERY.

Il n'est pas besoin de refaire la biographie de Gabriel, comte de Montgomery. La vie de ce capitaine est suffisamment connue, ainsi que la campagne qui fit rentrer, par son énergique valeur, le Béarn entre les mains de Jeanne d'Albret. Ce que tous les historiens semblent ignorer toutefois, c'est qu'alors que le Parlement de Paris condamnait Montgomery et qu'on l'exécutait par effigie sur la place de Grève, pour sa révolte contre le roi Charles IX, Jeanne d'Albret récompensait son vaillant capitaine par un don de 12.000 livres tournois et lui assurai t pour le paiement de ladite somme le revenu et la possession de la terre de Génis en Périgord.

Ce don paraît d'ailleurs, au moins en ce qui concerne la terre, avoir été de pure forme- Car les savants confrères du Périgord que j'ai consultés, notamment MM. Villepelet et le comte de Saint Saud n'ont trouvé aucune trace de la possession de la terre de Génis par Montgomery.

Il nous a donc paru intéressant de faire connaître les deux pièces inédites qui rappellent le don de Jeanne d'Albret.

I

Sachent tous, présens et advenir, que, en droit, en la cour du seel pour le Roy ordonné et estably en la ville de La Rochelle, pardevant Vincent Naudin et Gilles Pavy, notaires et tabellions royaulx en la ville et gouvernement de La Rochelle.

A esté présente et personnellement establye, très haulte et très puissante princesse, Jehanne, par la grâce de Dieu, reyne de Navarre, dame souveraine de Béarn et de la terre de Donesan, duchesse d'Albret, comtesse de Foix, l'Armagnac, le Rodez, de Bégorre et de Périgort, vicomtesse de Limoges, de Marsan, Tursan, Gavaudan, Neboirsan, de Lautrec et Villemur ; laquelle considérant les grandz et recommandables services que puissant seigneur messire Gabriel, comte de Montgoumery, chevalier, seigneur de Lorges, des Roches, Trenchelion, Ducé et du Bourg-Barré, luy a faictz, ayant, par la force des armes, réduict soubz son obéissance ses villes, terres et seigneuries de Basse-Navarre et de son pais souverain de Béarn, et ses subjectz desd. pays qui s'estoient révoltez et rebellez contre lad. dame ; voulant aulcunement le gratiffier, luy a donné et octroyé, donne et octroye, par ces présentes, pour récompense et rémunération de ce que dessus, par donation pure, simple et irrévocable, la somme de douze mille livres tournois ; et pour l'assurance d'icelle somme, la dicte dame a vendu, ceddé et transporté, vend, cedde et transporte, par ces mesmes présentes, audict sieur comte de Montgoumery, présent et acceptant, les parroisses et villages de sa terre et chastellenye de Genys, deppendant dudict conté de Périgort, que les sieurs de Moncins gouverneur pour ladicte dame esdict conté de Périgort et viconté de Lymoges, de Planeaulx, conseiller et maistre des requestes d'icelled. dame et Debetue, aussy conseiller et son secrétaire d'Estat des finances, ou les deux d'entre eulx, appelés les officiers de lad. terre et seigneurie de Genis, et aultres qui, sur ce, feront appeller et adviseront, estans de la valeur de huict centz livres tournois de rente ou revenu annuel, sellon la réduction et extimation qui en sera par eulx faicte, à raison des six dernières années, une commune ou aultrement, comme ilz trouveront raisonnables ; et ce, avecq tout droict de justice et aultres, appartenant à lad. dame, esd. villages et parroisse, pour en jouir et user et les posséder, par led. sieur conte, ses hoirs et successeurs et ayans cause, comme de leur propre bien et héritage, sans aulcune chose réserver hors mis les bois et forestz que lad. dame ne veult et n'entend estre comprinses en lad. vendition. Et en oultre a réservé, lad. dame, le droict de rachapt perpétuel de cent ans, dans lequel temps led. sieur comte a promis et promet rendre et restituer à lad. dame, présante et acceptante, et à ses hoirs, successeurs et ayant cause, lesd. paroisses et villages, en luy baillant, payant et remboursant lad. somme de douze mille livres, à ung seul ou à troys payemens, dont le moindre sera de quatre mille livres ; auquel cas le rachapt desd. parroisses et villages se fera au feur et à la raison des deniers remboursez. Et pour plus grande fermeté des choses susdictes, lad. dame faict, crée, commect et députe, par ces présentes, lesd. sieurs de Moneyns, de Planeaulx et Debetue, ou les deux d'iceulx, comme dict est, ses procureurs généraulx et spéciaulx, expressément, pour faire la réduction et estimation du revenu desd. parroisses et villages, et pour passer, au nom de lad. dame, avecq led. sieur conte, ou ses procureurs et ayans charge de luy, telz contractz qu'ilz verront bon estre, tant pour la seureté dud. sieur conte que du droict de rachapt et aultres conditions susdictes et qui seront nécessaires, et ce faict, le rendre possesseur et jouissant desd. parroisses et villages, o la charge, aud. sieur conte, du droict d'hommage, à faulte de rachapter lesd. lieux dans lesd. cent ans; lequel droict d'hommage, lad. dame a retenu à elle et à ses successeurs ; promectre aud. sieur conte toute éviction et garentie, jusques à concurrence de lad. somme de douze mille livres tournoys.

Ce que, et tout ce que dessus, a promis et promet, par ces présentes, aud. sieur conte, les foys, soubzmissions, promesses, et obligations par lad. dame accordées, et de n'aller jamais ne venir directement ou indirectement au contraire, et de ce que sera sur ce faict, gréé et accordé et négotié par lesd. sieurs commissaires, dont lad. dame en a voullu estre jugée et condempnée par lesd. notaires, de son consentement et vollonté.

A La Rochelle, le dix neuviesme jour d'octobre l'an mil cinq cens soixante dix.

Signé : Jehanne, de Montgoumery, Pavy, notaire, et Naudin, notaire.

II

Sachent tous que pardevant Vincent Naudin et Gilles Pavy, notaires et tabellions royaulx en la ville et gouvernement de La Rochelle, a esté présent et personnellement estably et deuement soubzmis, hault et puissant seigneur, messire Gabriel, comte de Montgoumery, chevallier, sieur de Lorge, des Roches, Tranche Lyon, Ducé et du Bourg-Barré, de présent estant en cested. ville de La Rochelle, lequel, de son bon gré et vollonté, a faict, nommé, constitué et ordonné et estably, par ces présentes, ses procureurs généraulx et spéciaulx Noë du Parc (un blanc) ; ausquelz et à chacun d'eulx seul et pour le tout, led. sieur conte a donné et donne plain pouvoir, puissance, auctorité et mandement spécial de représenter sa personne pardevant les sieurs de Moneyns, gouverneur pour tres haulte et très puissante princesse Jehanne, par la grâce de Dieu, royne de Navarre, au conté de Perigort et viconté de Limoges, de Planeaulx, conseiller de sad. Majesté et maistre des requestes d'icelle, et de Betue, aussy conseiller de lad. dame et son secrétaire d'Estat des finances, commissaires et procureurs spéciaulx de lad. dame, par contract ce jourd'huy faict entre la dicte dame et led. sieur cente, par mesme notaire que ces présentes ; et avecques lesd. sieurs commissaires ou deux d'iceulx, faire réduction du revenu des parroisses et villages de la chastellenie de Genys, deppendant dud. comté de Perigort, ce jourd'huy venduz et allienez aud. sieur conte par lad. dame pour la somme de douze mille livres tournois, o faculté de rachapt perpétuel de cent ans, et pour les causes contenues aud. contract ; faire et passer, au nom dud. constituant, avecq lesd. sieurs commissaires, contract ou contractz pardevant notaires royaulx, en bonne forme, et accorder pour icelle le rachapt de cent ans, en payant, par lad. dame, aud. sieur conte, lad. somme de douze mille livres tournois, à une ou à trois foiz, au fur et à la raison des deniers remboursez ; prendre et appréhender la possession réelle desd. lieux et villages, sur lesquelz led. sieur conte prandra annuellement la somme de huit centz livres tournois de rente ou revenu annuel, pour laquelle sera passé led. contract avecq lesd. sieurs commissaires; en requérir du tout actes requis et nécessaires ; affermer en oultre tous et chascuns les villages et biens, pour cedict regard, qui appartiendront aud. sieur constituant, et ce, pour tel temps, pris et son me de deniers et à telles personnes qu'il advisera, o telles conditions et seuretez que sesd. procureurs ou l'ung d'eulx adviseront ; en passer aussy contractz qu'il sera besoing ; en recevoir les deniers par advance ou aultrement, et faire, par lesd. procureurs ou l'ung d'eulx, en tout ce que dessus et ce qui en deppend, au nom dud. compte, ce qu'il feroit pour raison dud. contrat, sy présent en sa personne y estoit, jaçoit que le cas requis mandement plus spécial, promectant, par son serment preste, et soubz l'obligation de tous et chacuns ses biens présens et advenir, avoir agréable tout ce qui sera sur ce faict et négotié par sesd. procureurs ; dont il a esté jugé et condemphé, par lesd. notaires, de son consentement et vollonté.

A La Rochelle, par nous lesd. notaires, le dix neufviesme jour d'octobre mil vc soixante-dix.

Signé : Montgoumery, Naudin, Pavy.

Georges MUSSET.

 

p. 490.

 

SUPPLIQUE EXPOSANT LA MISERE DE L'EGLISE COLLEGIALE DE SAINT-FRONT DE PERIGUEUX (1427).

Beatissime Pater. Cum propter guerras dudum (proch dolor), inter Francie et Anglie reges in ducatu Acquitanie, maxime in diocesi Petragoricensi exortas, et mortalitates postmodum subsecutas, monasterium [Ordinis Sancti Augustini] sancti Frontonis, Christi discipuli, predicte diocesis [de quo sancto in eadem diocesi, apostolica sede concedente, ut de apostolo dicitur officium, et in eodem monasterio una cum beati Memorii corpus dignissime tumulatur] adeo in suis redditibus et edificiis collapsum et diminutum existat, quod ejusdem singule prebende, que ducentas libras turonensium parvorum illo tunc summam excedebant, nunc quindecim non ascendunt, ex quibus ejus fabrica, nisi dominus aliter provideret, attenta edificiorum ponderositate in esse suo minime posset conservari, sed potius ruine cum ejus jocalibus subici, nisi per Sanctitatem Vestram, cui pro canone seu censu annuo pro temporali dominio duo marbotini aurei singulis annis redduntur, provisum fuerit... Cum autem, Pater Sanctissime, populus partium illarum propter miracula, que inibi per eosdem sanctos precipue per beatum Memorium cotidie fiunt, maxime super furiosis, mente captis, dolorem capitis patientibus, incarceratis, ab inimicis captis et quamplurimis aliis infirmitatibus et malis, singularem gerat devotionem. [De indulgentiis cum eleemosynis.] Datum Rome apud Sanctos Apostolos quinto die kalendas julii anno decimo (1). [1427, 27 juin.]

(1) Arch. Vatic. Supplicationes Martini V, n° 206, f° L 216.

 

pp. 151-152

Attribution par le roi Charles VII de la Bible de Bertrand d’Abzac après l’exécution de ce dernier (1438)

Le livre qui, dans ce XVe siècle, fit le plus de bruit fut la Bible de Bertrand d'Abzac, lieutenant-général du roi d'Angleterre en Guyenne. Fait prisonnier à Domme, siège de son gouvernement, ce seigneur de Montastruc fut conduit à Montignac, puis à Limoges où il eut la tête tranchée le 11 mars 1438. Charles VII, qui se trouvait en cette ville le; jour même de l'exécution fit don à Marguerite, comtesse de Penthièvre et de Périgord, vicomtesse de Limoges, femme d'un esprit cultivé, de la bible qui avait été confisquée sur Bertrand d'Abzac ainsi que tous ses biens.

Les lettres royales confirmant ce don sont conservées aux Archives des Basses-Pyrénées. Elles sont conçues en ces termes :

« Charles, par la grâce de Dieu, roi de France. A nos amez et féaulx les generaulx par nous ordonnez sur le fait et gouvernement de noz finances, et au seneschal de Limosin ou son lieutenant, salut et dilection. Comme nous ayons entendu que Bertrand d'Abzac, en son vivant chevalier, lequel cejourd'huy en ceste nostre ville de Limoges a été corporellement exécuté en sa personne pour plusieurs caz et deliz par lui commis et perpétrez à rencontre de nous et de nostre royal majesté, avoit en la ville de Sarlat une belle Bible, laquelle à cause de forfaiture et de confiscation nous appartient, et dicelle povons faire et disposer à nostre plaisir et voulente. Scavoir vous faisons que en faveur de nostre très chier et ame cousin le conte de Penthièvre, et pour considération de plusieurs services, qu'ils nous a faits, Nous à nostre très chiere et amée cousine Marguerite, comtesse de Penthièvre, avons donné et donnons de grâce especial par ces présentes la dicte Bible pour dicelle faire et disposer à son plaisir et voulente. Si vous mandons et a chascuns de vous si comme à lui appartenant que ou dict cas la dicte Bible quelque part que trouver la pourrez, faictes la bailler et délivrer realment et de faict à nostre dicte cousine ou à son certain mandement, en contraignant à ce faire tous ceulx que pour ce seront a contraindre par toutes voyes et manières deues et raisonnables... ». (1).

 

(1)   Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, 1890, XII, 423.

 

Source : Bulletin SHAP, tome XXVI (1899), pp. 62-67 (extraits).

 

LETTRES A MONSIEUR DES BORIES. (1572-1577).

 

Les quatre lettres que nous publions ci-après pour la première fois proviennent du Fonds Saint-Astier de la bibliothèque de Périgueux.

Elles sont adressées à Jacques de Saint-Astier, seigneur des Bories, Antonne, Sarliac et Savignac-les-deux-Eglises, chevalier de l'ordre du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre et capitaine de cinquante hommes d'armes.

Pendant l'absence du roi de Navarre, il reçut de Melchior des Prés, seigneur de Montpezat, lieutenant général pour le roi en Guvenne, une commission, datée de Poitiers, le 1er septembre 1572, pour commander lui-même à Périgueux et dans toute la province, afin de pourvoir au soulagement du peuple et à la sûreté des places, y établir des commandants, empêcher les attroupements des mal-intentionnés, etc.

Ayant fait part aux maire et consuls de Bergerac de la commission qui lui était donnée, M. des Bories reçut des consuls de Belriou et Cacaud la lettre suivante, que ceux-ci lui écrivirent pour l'assurer du dévouement de la municipalité :

« Monseigneur,

Monseigneur des Bories, chevalier de l'ordre du roy et gouverneur pour Sa Majesté au pays de Périguort.

Monseigneur, nous avons receu la lettre qu'il vous a pleu nous escripre, ensemble la coppie de votre commission de laquelle nous avons esté très ayses pour l'assurance que nous avons de votre bonté et faveur, Résoluz de vivre soubs l'obéissance du Roy et votre et entretenement des éditz de Sa Majesté, vous suppliant très humblement, Monseigneur, qu'il vous plaise nous maintenir et conserver en paix et sûreté comme en avès le moyen, et, en récompense, nous vous demeurerons très humbles et perpétuels serviteurs. Au surplus, tous les habitans de ceste ville et des envyrons vivent paisiblement la grâce à Dieu ; et, si survient quelque chose qui mérite de vous advenir, nous le ferons à toute dilligence, comme aussi feront de leur part Messieurs de La Baulme et Dubarry (1), ausquels Monseigneur de Montpezat a commis la garde de ceste ville. Ce pendant, Monseigneur, nous prions Dieu vous donner en santé heureuze et longue vie. De Bergerat, ce mardy 23septembre 1572.

Vos très obeyssans serviteurs,

Les officiers du roy et consuls de la ville de Bergerat,

De Belriou, Cacaud consul. »

Deux mois plus tard, M. des Bories recevait la lettre suivante de Léonard de Cueilhe, seigneur de la Verniolle, qui commandait une garnison de cent arquebusiers dans la place de Domme en Sarladais :

 

« A Monsieur, Monsieur des Bories, chevalier de l'ordre du roy et gouverneur pour Sa Majesté du pays de Périgort.

» Monsieur, j'ay tout presantement receu vos lettres et par icelles entendu que cy devant vous m'aviez escript. Je vous supplie très humblement croire que jamais je n'en ay rien plus sceu, car ne me feusse oblié jusques à là tant pour le debvoir que je doibz au servisse du roy que a vous que je ne vous eusse adverty commant toutes choses se passoient par dessà. J'ay receu dès le dixhuitiesme de ce moys les lettres de Monsr l'admiral par un gentilhomme de sa maison qu'il avoit envoyé expressément en ceste ville pour scavoir tout ce qui cstoyt advenu, l’estat et importance de la ville, lequel se print a garde du tout par le menu pour luy en faire fidelle rapport, comme je crois qu'il a faict. Dès le dix septiesme du moys dernier, Joffre Vivant et leurs complices entreprindrent de surprendre ceste ville ; mais, grâces à Dieu, ils furent repoussés à leur grand honte. Ils sont encores en volunté, s'ils peuvent, d'y revenyr, et nous en pareille et plus grande volunté de nous deffandre. Vous puys assurer que je amploieray ma vye pour le servisse du roy, comme de mesme fairont tous les habitans de ceste ville. Je suys desproveu de moyens pour l'entretenement tant de moy que des souldatz, et j'ay attendant tousjours que Monsr l'admiral y pourvoye si est ce que je ne demeureray jamais que je me m'employe fidellement pour le servisse de mon prince, comme le debvoir me commande, mais d'aussy bon cœur je salue vos bonnes grâces de mes affectionnés recommandations, priant notre Sgr, Monsieur, vous donner bonne et longue vye.

De Domme, ce vingt troisiesme novembre mil cinq cent septante deux.

Vostre très humble serviteur, Laverniolle. »

 

Cette seconde lettre est intéressante en ce qu'elle nous fait connaître la situation de Domme au moment où le capitaine huguenot Geoffroy de Vivant songea à réaliser ses projets contre cette place sarladaise.

Il nous apprend lui-même dans ses Mémoires (2) qu'il y avait longtemps qu'il désirait occuper cet important point stratégique. « De longue main le sr de Vivant avoit désir de surprendre la ville et chasteau de Domme sur Dordogne, plus pour la forteresse que son assiette (pour la plus part inaccessible) luy donne que pour ses commodités ni recherches ».

Voici en quels termes Vivant parle de son premier échec, auquel fait allusion la lettre de La Verniolle ; il y a entre eux désaccord d'un jour pour la date de son infructueuse tentative contre Domme :

«Dès le 18 octobre 1572, y ayant dressé des eschelles par la porte del Bosc, le matin après que les sentinelles eurent abandonné la muraille, furent descouverts et repoussés, luy blessé, et plusieurs des siens, d'harquebuzades et coups de pierres ».

Vivant ne devait pas être plus heureux les 4 février et 5 juin suivants. La vigilance de La Verniolle sauva deux fois encore la ville, qui, seize ans plus tard, finit par tomber au pouvoir des calvinistes (25 octobre 1588). Vivant a donné les détails de cette prise dans un récit, dont Tarde s'est visiblement inspiré.

La troisième lettre est un avis donné par André de Bourdeille, sénéchal du Périgord, à M. des Bories, pour qu'il se tienne prêt au premier appel : car Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, alors à Bergerac, songeait à ravitailler Périgueux occupé par les protestants, ou à aller assiéger Lanquais.

« Monsieur mon cousin, Monsieur des Boryes,

Monsieur mon cousin, je sceu presantement par Monsieur de La Batu et autres que le viscomte de Thurenne est à Bergerac avec ses huict pièces et se prépare pour reassiéger Lenquaiz ou venir avitailher Périgueux ou autre entreprinze. A quoy je suyg rezollut de noz oppozer, que me faict vous prier incontinant la presante receue vous tenir prest d'armes et chevaulx et [amen]er le plus de vos amis et voisins que vous pourras pour prendre la part que je vous manderè et m'assurant de votre bonne vollonté et espérant vous voir pour conférer toutes choses ne en escripre plus avant sinon que me recommande bien fort à voz bonnes grâces ; prye Dieu, Monsieur mon cousin, vous donner l'heur et contentement que désirés.

De Bourdelhe, ce xiije avril 1577.

« Je vous suplye, randes vous à Saint-Astier lundy au soir ou mardy matin avecque le plus de vos amis que vous pourrez. Monsieur de Monpansier m'a escript touchant Prathebault. Il est requis que vous y pensiez.

Vre bien obeyssant cousin, Bourdeilhe. »

La derniere lettre émane vraisemblablement de Pierre Arnault, seigneur de La Borie, qui se rendit très recommandable auprès des rois François II, Charles IX et Henri III et fut chargé par eux de commissions importantes. Quant à la date de cette lettre, on ne saurait la fixer d'une manière précise. De même que les précédentes, elle fut écrite sous le gouvernement d'Honorat de Savoie, marquis de Villars, qui avait succédé, en 1570, à Blaise de Montluc dans le commandement de la Guyenne, et, en 1572, à Coligny dans la charge de grand amiral. Armand de Gontaut, baron de Biron, grand'maître de l'artillerie, ayant succédé à l'amiral de Villars dans le gouvernement de la Guyenne en 1577, la lettre suivante ne peut être postérieure à cette date.

Le sieur de La Borie dicte à M. des Bories la conduite qu'il doit tenir s'il veut obtenir 1'advancement qu'il parait désirer.

« A Monsieur Monsieur des Bories,

» Monsieur, avant recepvoir vos lettres, j'avoys fait entendre à Monseigneur l'Admiral la prinse de Caussade faicte par le sr Montardit (3), comme on m'avoyt escript et de fait que led. Sr admiral lui a escript n'a (4) M. de Bourdeilhe que j'ay faict depescher des avant hier aud. sr de Bourdeilhe ; despuys recepvant votre lettre, il a sceu que vous y aviez la melheure part. Comme mandez, il vous escript aux Bories et m'a chargé vous dire particulièrement que le plus grand plaizir que luy puissiez faire et pour vostre advancement que vous continuez à mesme en l'entreprinse que me mandez, que je luy ay faict mieulx entendre que ne m'escrivez. A quoi vous debvez lascher sur tout, vous pouvant asseurer que c'est le seul but de votre advancement qu'il vous fera remarquer à la venue du Roy qu'il attend bientost. Et quand à la recompense on est d'advis que vous ne voua deppartiez de la maison, et bien que je soyes content tant y a que comme il a adverty le roy de l'importance d'un tel personnaige que vous avez. Il vous commande de ne vous deppartir de sa personne, tant s'en fault qu'il desireroyt l'avoir ici pour scavoir chose qui importe grandement au service du Roy et à la patrie. Le Roy en est adverty, voila pourquoi je vous conseille ne vous en deppattyr ny ceulx qui y ont part. Quand aux commissions, il fault qu'il vous renvoyé à Monsr le Seneschal auquel le roy a donné pouvoir d'y pourvoir ; et cependant si vous suys bon à quelque chose, je vous prye commander et serez obey d'aussi bonne affection que saluant vos bonnes grâces par mes humbles recommandations, je prieray Dieu, Monsieur, vous donner avec santé ce que désirez.

De Bourdeaux, ce premier may.

Votre obeyssant et assuré serviteur, De La Borie ».

Jacques de Saint-Astier ne devait guère suivre les conseils qui lui étaient donnés de demeurer fidèle au service du roi et à la patrie. Car en 1586, il se jeta dans le parti protestant, où il espérait sans doute être mieux servi. On le vit l'année suivante commander un régiment à la bataille de Coutras, et quelques mois après il mourait assassiné à Angers.

A. Dujarric-Descombes.

(1) Bertrand de La Baume et Pierre Ariral dit de La Faye, seigneur du Barry.

(2) Faits d'armes de Geoffroy de Vivant, publiés d'après le manuscrit original, par Adolphe Magen, Agen, 1887, page 50.

(3) Jean de Montardit, seigneur de Lascoux et de La Beylie, enseigne de la compagnie du sénéchal André de Bourdeille.

(4) Et.

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